La voiture roulait au travers du bois, et Chihiro était dans ses pensées, se demandant si elle reverrait jamais Haku et le monde des Esprits. Quand, enfin, la voiture s'arrêta, le soleil n'était plus aussi haut dans le ciel.
La petite famille descendit de l'automobile, puis s'avança vers la petite maison bleue au sommet de la colline. Comme Chihiro restait en retrait, sa mère l'interpella :
« -Chihiro, qu'y a-t-il…tu n'aimes pas ta nouvelle maison ?
-Si Maman, j'arrive ! répondit-elle, et, courant, elle s'accrocha au bras de sa mère, comme dans le tunnel menant à l'Autre monde.
-Nous serons bien ici. reprit son père.
-Tout à fait, mais je sens que Chihiro est fatiguée de ce long voyage. Dépêchons-nous de rentrer ! » plaida la mère.
Les parents et la petite fille pénétrèrent dans la demeure, dont les murs étaient baignés de la lumière du crépuscule. Quelques temps plus tard, le père était aux fourneaux, et Chihiro et sa mère s'occupaient de préparer les lits pour la nuit.
A la fin du repas, Chihiro monta se coucher après s'être débarbouillé la figure. Elle s'allongea sur son lit, et repensa à ces trois étranges jours. Puis vint la question fatidique : tout cela avait-il réellement existé ? N'était-ce pas plutôt dans sa tête ? Ses parents n'avaient aucun souvenir apparemment ! Alors que son esprit entrait en ébullition, elle commença à ressentir le besoin de dormir. Ses yeux se fermèrent, sa respiration se fit plus lente, elle serra contre elle un vieux mouchoir qu'elle avait gardé dans sa poche pendant le voyage : l'odeur était celle du monde des Esprits. Chihiro sourit elle n'avait donc pas rêvé !
Chihiro fit un rêve étrange :
Elle marchait dans la plaine menant à l'Autre monde, quand elle vit se dessiner une silhouette : « Haku, Kohaku. » Elle courut vers lui, mais ses jambes n'avançaient plus, ne la portaient plus. Elle tomba à genoux dans l'herbe, et étendit son regard vers le garçon. « -Viens ! Chihiro viens à moi !
-Je voudrais bien, répondit-elle, mais mes jambes ne peuvent plus bouger !
-Chihiro, tu peux te lever : tu vois cette touffe d'herbe ? Elle est bleue, mange-la et tu pourras marcher à nouveau. »
Chihiro fit ce qu'il fallait faire, et une seconde plus tard elle retrouvait l'usage de ses jambes. Elle courut, courut le plus vite possible vers Haku quand soudain de futiles ombres noires l'encerclèrent. Elle ne pouvait faire un pas sans passer au travers de ces Esprits. « Chihiro, viens ! Viens je t'en supplie ! » criait Haku. Chihiro commençait à avoir peur, le cercle des Esprits se resserrait de plus en plus !
« Viens ! Chihiro ! Viens ! »
Chihiro se réveilla en sueur, s'interrogeant sur la signification de ce rêve. Elle se tourna vers son réveil : 4 heures 16 du matin. Se levant, elle s'habilla, puis descendit dans la cuisine. Là, elle attrapa un sac de toile légère et le remplit de nourriture griffonnant un mot à la hâte pour ses parents, elle sortit et referma la porte derrière elle. L'air frais lui caressa le visage. Les ombres nocturnes ondulaient dans la nuit. Une chouette hulula au loin. Un chat la contemplait de ses yeux jaune soleil dans l'obscurité. La petite fille s'avança, puis se mit à marcher le long du chemin descendant au bas de la colline. Arrivée à son pied, elle se retourna vers la petite maison, noire dans la épaisse couche nocturne. « Je ne sais pas ce qui m'attend, mais je dois le faire. » Et, poursuivant son chemin, elle entra dans l'épaisse forêt conduisant au tunnel.
Une heure après, elle s'arrêtait devant l'entrée du couloir sombre. Quand elle y pénétra, un sentiment de doute la saisit : était-ce la bonne voie ? Ne valait-il pas mieux rentrer ? D'ici quelques heures, ses parents se réveilleraient…verraient-ils le mot, ou bien Chihiro serait-elle rentrée avant ? Toutes ces questions l'assaillaient. Elle les repoussa et s'enfonça un peu plus loin dans ce tunnel terrifiant, passage du monde des Humains à celui des Esprits.
Chihiro marchait, marchait encore et toujours, puis enfin arriva à l'autre bout du couloir. Devant ses yeux, une immense plaine se dressait, dont l'herbe étincelait aux premières lueurs de l'aube. Comme l'air était pur ! Elle avait la sensation de flotter, légère, si légère…tel un oiseau prenant son envol ! Ca y est, elle y était arrivée ! Elle courut, son petit sac tressautant sur son épaule. Elle monta les marches de pierre, traversa les rues innombrables de ce vieux parc à thèmes. Elle se rappelait tout, ses parents s'arrêtant devant la nourriture et la mangeant, les transformant en porcs sous les yeux horrifiés de leur petite fille sa rencontre avec Haku, la rassurant et la guidant sur le pont, où elle n'avait malheureusement pas pu retenir sa respiration assez longtemps, surprise par le crapaud parlant. Oui, c'était bien le même endroit. Arrivée devant le pont, elle buta et contempla l'accès aux bains de la sorcière Yubaba. « Haku…Haku où es-tu ? » demanda-t-elle. Personne ne répondit. L'endroit semblait endormi, rien ne ressemblait à son rêve. Soudain, une petite grenouille s'avança et lui dit : « Qui es-tu ? Pourquoi es-tu là petite Humaine ? Personne ne doit entrer ici sans y être invité ou domestique !
-Je m'apelle Chi…Sen. Je m'appelle Sen et j'ai travaillé pendant trois jours ici. J'ai même laissé entrer un Sans-visage dans mon ignorance, mais je l'ai également chassé des bains. Je sais faire beaucoup de choses à présent !
-Mmh, ton visage ne me dit rien. Mais peut-être le vieux Kamadji pourra-t-il te trouver du travail. Suis-moi ! »
Chihiro suivit la petite grenouille jusqu'au four à charbon servant à chauffer l'eau thermale des bains. Là, un monsieur vieux comme le monde s'affairait dans une petite cabine de bois : Kamadji. Chihiro se précipita vers lui : «- Monsieur Kamadji ! C'est moi Sen ! Chihiro !
-Hempf ! Encore une sottise ! Tu me prends pour qui ? Le bébé de Yubaba ? Sen est partie, rentrée chez elle hier…elle reviendra pas !
-Monsieur Kamadji, si vous daigniez me regarder, vous verriez que je suis Sen ! » répliqua Chihiro.
Alors lentement, le vieux monsieur aux multiples bras se retourna. « Sen ! Tu es revenue ! » Et un sourire plein de tendresse se dessina sur le visage ridé de l'homme
