1. Anthony Stark ou du bourreau des cœurs
-« Non,
Je ne puis subir cette lâche méthode,
Qu'affecte la plus pars de vos gens à la mode.
Et je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations.
Ces affables donneurs d'embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d'inutiles paroles… »
Balayant la salle de classe d'un œil averti, Jane Armington se fit la réflexion que pour une classe d'adolescent d'entre quinze et seize ans, celle ci était particulièrement attentive à cette leçon sur Molière. Peut être était-ce là un don que le ciel avait déposé sur l'école en ce jour, ou plus vraisemblablement la peur de l'examen de littérature qui aurait lieux en fin de semaine. Déplaçant sa silhouette élancée dans la classe, Jane laissa dériver son regard sur les rangs immobiles et silencieux et reprit :
-«… Qui de civilités avec tous font combat,
Et traitent du même air l'honnête homme et le fat.
Quel avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge épatant
Lorsqu'au premier faquin il court en faire autant ?... »
Elle laissa ses yeux bleus dériver le long des rangées comme un bateau le long des côtes. Aucun stylo ne bougeait, aucun sifflement ne retentissait et même les mouches semblaient s'être tu. C'était calme. Trop calme. Elle tourna la tête vers le fond de la classe et trouva comme elle s'y attendait un groupe formé par quatre élèves qui pouffaient sous leurs tables, imaginant qu'elle ne les verrait pas :
-Anthony ! Hurla elle.
Pour une fois qu'elle parvenait à donner un cours dans un calme parfait, il fallait que ce quatuor l'interrompe. Une élève du premier rang, haussant un sourcil, demanda :
-Madame, c'est dans le texte ?
-Absolument pas ! Monsieur Rhodes ! Monsieur Stark ! Retournez vous je vous prie !
Les deux garçons du fond de la classe poussèrent un soupir entendu avant d'obéir à leur professeur et de planter leurs yeux sur son corps un peu trop maigre. Jane détailla les trais du premier appelé, un adolescent de seize ans à la peau foncés dont les trais amusés ne laissaient aucun doute sur le sérieux de la conversation qu'il avait eu avec les demoiselles Nerd, deux jumelles aux cheveux aussi long qu'à l'intelligence réduite mais que les poitrines généreuses rattrapaient auprès des garçons de leur âge. A côté de celui ci se tenait un jeune homme plus jeune de quelques mois à la tignasse brune et bouclée et dont les yeux bleus dégageaient une force ahurissante. Bien qu'elle lui donne des cours de littérature durant quatre heures par semaine, Jane était toujours surprise lorsque les yeux d'Anthony Stark se posaient sur elle. Ils dégageaient une puissance et une intelligence à peine imaginable. Bien que ces expressions correspondaient tout à fait au génie excentrique qu'il était, lorsque pour la première fois elle avait croisé le professeur de mathématique de la classe Monsieur Ferbert, un homme plus large que grand qui abordait une épaisse moustache grise, elle lui avait parlé du chahut incessant qu'Anthony provoquait en cour, en fabriquant des télécommandes qui allumaient la télévision à distance grâce à un téléphone portable, ou bien tout simplement par son bavardage intempestif. A cela monsieur Ferbert avait répondu qu'il ne pouvait rien et qu'il aurait bien aimer pouvoir se plaindre de cet élève mais, ayant une moyenne de vingt cinq sur vingt et corrigeant les copies de certain élève de terminale, il ne voyait rien à lui reprocher.
Revenant à sa classe, Jane affronta les yeux pleins d'insouciance de son élève et s'exclama :
-Monsieur Stark, vous ne semblez pas très intéressé par le théâtre de Molière…
-Ce n'est même pas que je ne suis pas intéressé, répondit le jeune homme avec sa nonchalance habituelle, C'est que j'en ai rien à cirer !
La classe éclata bruillamment de rire, particulièrement les jumelles Nerd. Posant ses poings sur ses hanches, Jane fusilla le duo du regard et s'exclama :
-Il ne me semble pas que vos résultats en littérature soient brillant monsieur Stark…
-En effet, c'est la seule matière que je juge trop inintéressante pour écouter.
-… Dans ce cas peut être pourriez vous essayer ? Ainsi aurez vous une note convenable au test de Vendredi.
-Navré madame, fit il avec un sourire qui fit chavirer les cœurs de toutes les jeunes filles présentes, mais ça me fatiguerai.
Les rires redoublèrent, mais le regard de son élève avait toujours troublé Jane qui décida qu'il était plus sage dans son intérêt de s'en prendre à son compagnon de délit plutôt que de chercher à faire taire les rires. Tournant ses yeux presque translucides vers James Rhodes qui riait à gorges déployée, elle s'exclama :
-Monsieur Rhodes, peut on savoir pourquoi vous n'avez pas prêter l'oreille à mon explication ?
-Euh… Murmura le jeune homme reprenant son sérieux car il avait toujours été plus timide que son camarade… C'est que… Et bien… Je suis désolé madame.
Bien qu'elle n'ait jamais demandé cette excuse, Jane ne s'étonnait pas de sa provenance. Elle connaissait bien ses élèves, aussi n'essaya elle même pas de faire s'excuser Anthony durant la demi heure qui suivie. Malgré ses efforts, Jane ne parvint pas à le faire taire ni à faire cesser de rire les jumelles. Lorsque la cloche retentit et la classe quitta le lycée, les images étaient floues. Il avait plus la dégaine d'un enfant que d'un homme, mais il s'en fichait bien. Il revoyait simplement James s'approcher de lui et lui donner un grand coup dans le dos :
-Chapeau Tony! Mais la prochaine fois évite de lui répondre
-Promis Rhodey. Mais il faudra que tu sois un peu moins soumis.
-Moi ? Soumis ?
-Biens sure !
-N'importe quoi ! S'emporta le jeune homme.
-Exemple typique : tu en pinces pour Anna depuis des mois et tu n'as même pas osé l'embrasser !
-C'est de la timidité !
-Tu parles ! Tu es un soumis !
-Ah vraiment ? Tu vas voir !
Sans attendre il se dirigea vers Anna, une des deux jumelles blondes, la saisit par la main et l'embrassa sans demander son reste. Le génie éclata de rire alors qu'Ania, la seconde sœur, regardait sa jumelle avec envie. Tournant la tête elle trouva Anthony que les yeux bleus avaient toujours fasciné. S'approchant de lui, un étrange plan germa dans son esprit. Depuis leur plus tendre enfance, les jumelles étaient en compétition pour savoir laquelle des deux feraient le plus de conquête, et elle ne tolérerait pas que sa petite sœur la dépasse. Se plaçant face au génie elle passa ses mains sous son tee shirt et laissa courir son nez le long de sa joue avant de murmurer :
-Ça te gêne ?
-Quoi ?
-Que je te touche en publique ?
-Si ça me gênai je te l'aurai dis.
A nouveau les choses devenaient floues. Il se voyait à côté de Rhodey qui avait une tête de plus que lui, ils riaient. Etait-ce à propos des jumelles ? Ou des cours ? Ou bien était-ce seulement à cause de sa nouvelle invention ? Il ne savait plus… Si sa mémoire était bonne il fabriquait alors une sphère projetant une carte en trois dimensions de la galaxie. Rien de vraiment exceptionnelle qui ne lui avait demandé que quelques heures de travail. Il était rentré, avait trouvé Stane chez lui et il le lui avait dit. Sans autre mot que ceux là « Ils sont morts. » Il n'avait jamais accordé d'importance aux mots, aussi avait il été surprit que ces trois là puissent lui faire autant de mal. Puis il y avait eu la maison vide, les cartons qu'il avait fait avec JARVIS et le voyage que Stane l'avait amené faire en Afghanistan pour lui changer les idées. Et pour le faire penser à autre chose, il avait réussi... Il avait envoyé un message à Rhodey, fermé la porte à clef et était aller la déposée à Stark Industrie. Il avait arpenté la Toure avec mélancolie puis s'était reprit : il était Anthony Stark génie, milliardaire, dragueur et il ne devait pas se laisser abattre par ce qu'il avait perdu ses parents.
Il était monté dans le jet avec Obadiah, l'avait suivit à la réunion en plein désert puis c'était à nouveau très flou. Il avait vu les corps tomber, les hommes crier et les armes être chargé. Puis il y avait eu les balles qui lui étaient rentré dans la poitrine, puis le noir. Lorsqu'il avait ouvert les yeux, il était dans une grotte glauque qui sentait la poussière et le sang moisi. Il était allongé sur un lit de fortune. Il avait mal. Quand il avait immergé de la torpeur dans laquelle la fièvre l'avait plongé, on lui avait dit qu'il allait mourir. Il n'avait pas comprit sur le moment, puis on lui avait montré l'électro-aimant qu'on lui avait implanté dans la poitrine. Il avait commencer à réfléchir sur comment survivre, mais il n'avait pas trouvé grand chose, jusqu'à ce qu'il pense à son père. Puis il y avait eu le mini générateur ARK et il avait eu mal, encore. Ensuite il avait à nouveau eu de la fièvre, et mal à nouveau, puis il avait pensé à s'enfuir. Quand enfin il avait put se concentrer assez longtemps pour fabriquer, il avait créer une armure de métal qui, combiné à son esprit, lui permit de partir. Il était arrivé dans une base militaire où on l'avait soigné, les plans de son invention serré dans sa veste, mais on ne l'avait pas regardé normalement. Maudit générateur. Il était rentré aux Etats Unis fourbu, et Obadiah Stane l'avait pris sous son aile. Le générateur n'était pas au point, alors il avait à nouveau eu mal.
Mais à nouveau il avait dus se battre, contre Stane cette fois ci, il y avait eu l'arsenic et Fury était arrivé. Heureusement que Fury était arrivé. Et…
