Je n'avais pas prévu de poster cette fic maintenant, mais comme je suis en train d'écrire une mini fic et que je ne pourrai la poster qu'une fois finie, je puise dans mes réserves pour vous livrer ce nouveau post, vous me manquiez trop !

Bonne lecture

Christina


À qui

Chapitre 1 : dois-je mes rêves ?

À ma mère.

J'avais une pause de trois heures avant mon service du soir. Comme à chaque fois, l'appréhension me crispait le ventre à l'idée de ce que je trouverais à l'appartement.

Je décidais de m'accorder une petite promenade et de faire un détour pour rentrer. Je passais donc dans le centre des affaires de Seattle. Je contemplais ces hommes en costard, ces femmes en tailleur et dire qu'il y a trois ans j'aurais pu encore rêver à cette vie-là.

Je vis un type très élégant tenir la porte d'une brasserie à une dame, tous les deux avaient une sacoche, allaient-ils parler business, sont-ils de vieux amis ?

Je regardais l'enseigne, bien plus reluisante que là où je travaillais.

Le même combat à chaque fois que je passais par là se jouait en moi. Pourquoi ne postulerais-je pas dans ce type d'établissement ? J'aurais sûrement des pourboires plus importants, sans me faire pincer les fesses régulièrement chose dont j'avais horreur. Je n'aimais pas qu'on me touche, encore moins cette partie de mon anatomie.

Supporterais-je de constater ces businessmans et businesswomans me parler dédaigneusement ? Supporterais-je de voir défiler la vie des autres telle qu'aurait dû être la mienne ?

Pouvais-je être aussi près de ce rêve tout en étant aussi éloignée ?

Je soupirais pour rentrer à l'appartement.

Le nœud dans mon ventre se crispa. Comment allais-je trouver Charlie ? Endormi, saoul, shooté ou encore absent ? La peur de le découvrir mort sous un pont me tordait d'angoisse jusqu'à ce que je le trouve.

J'arrivais à notre logement des voix me parvinrent. Je soufflais de soulagement, il devait être assoupi sur le canapé.

J'entrouvris la porte et je saisis de suite qu'il ne s'agissait pas de la télévision, des hommes étaient là, ils criaient sur lui. Je ne comprenais rien, et puis plus rien, sauf les suppliques de Charlie :

-S'il vous plaît, laissez-moi un peu de temps.

Je franchis les derniers mètres qui me bouchaient la vue en courant et je restais choquée par ce qui se déroulait devant moi.

Mon père salement amoché, couché sur le sol, essayait de se relever sur un coude. Face à lui, dos à moi, deux costauds le menaçaient, je vis un homme prendre quelques choses dans sa veste et mes membres reprirent vie.

Je me jetais sur Charlie face aux gorilles, le protégeant avec mon corps, ils sursautèrent avant de me dévisager. Une des armoires à glace remit dans son vêtement ce qu'il était sur le point de sortir, ils se regardèrent en haussant les épaules.

J'entendis faiblement l'épave derrière moi :

-Bella va-t'en, c'est dangereux.

-Non, soufflais-je tendant mes bras pour le sauvegarder au mieux.

-Que se passe-t-il ? Tentais-je d'une voix que j'essayais calme.

-Juste un différend, répliqua un des deux gars.

-Combien vous doit-il ? Crachais-je.

Putain, me lamentais-je intérieurement, il avait dû faire des siennes encore au poker. Chaque semaine il retournait l'appartement pour trouver l'argent de mes pourboires qui servait à payer l'épicerie. J'avais plusieurs cachettes, comme ça s'il en découvrait une cela limitait les dégâts.

-Il doit pas mal d'argent à notre patron et il perd patience, m'apprirent les deux guignols.

Je soufflais d'exaspération.

-Ok, amenez-moi à lui, laissez-moi deux minutes le temps d'aller chercher le liquide que j'ai.

Je ne leur laissais pas le loisir de répondre que je partis en hâte.

Dans ma chambre dans des soutiens-gorge rembourrés, à la salle de bain caché dans des tampons fictifs, à la cuisine dans une boîte de lentille, dans le couloir derrière une plainte, toutes mes bien heureuses cachettes que l'homme qui me servait de paternel n'avait pas encore trouvées.

J'avais réussi au cours des derniers mois à mettre 2000$ de côté, un vrai miracle, étant donné les circonstances. Résultat certes de beaucoup de privation, mais qui je l'avais cru, représentait une petite perspective d'avenir.

J'avais espéré avec cette somme soit changer de logement, soit inscrire Charlie en cure de désintoxication, il fallait bien que j'admette que je n'étais plus capable et qu'il lui fallait l'aide de spécialistes.

Une fois mon butin réuni, je retournais au salon.

Les hommes m'attendaient devant la porte de l'appartement. J'installais mon père sur le canapé avec la télécommande dans la main.

-Tu ne bouges pas lui, assenais-je en l'embrassant sur le crâne.

Il était déjà à moitié dans les vapes, il tenta de protester sans succès.

Une fois arrivée à leur voiture, ils me bandèrent les yeux, « sécurité oblige » m'avaient-ils dit. Comme si j'avais le pouvoir de les inquiéter.

Nous roulâmes un petit moment, nous devions être en périphérie de la ville.

Ils m'aidèrent à sortir du véhicule et me dirigèrent chacun me tenant un bras.

Je ne pouvais blâmer que moi-même de ma stupidité. J'étais celle qui avait demandé à venir, qui aurait cru à ce moment-là que j'avais un quotient intellectuel bien au-delà de la moyenne. Mon petit génie m'appelait-elle.

C'était bien ça mon problème, j'avais toujours eu un rapport aux autres faussé. J'étais étrangère aux relations sociales, j'avais beaucoup de mal à éprouver de l'empathie. Ce concept me fascinait comment pouvions-nous prendre les émotions des autres à notre propre compte, c'était ahurissant.

Si seulement je me caractérisais seulement par mon manque d'empathie, non en plus, il fallait que je sois dépourvue d'instinct de conservation. J'étais incapable d'évaluer de manière cohérente le danger.

C'est seulement là, alors qu'ils me touchaient et que je n'aimais pas ça que je me rendis compte que ma situation était peut-être périlleuse.

Enfin il était trop tard maintenant, j'allais faire comme d'habitude assurer ou assumer. Je me perdis alors dans mes pensées.

Flash-back

5 ans plutôt

-Bella, il faut sortir un peu avec des jeunes de ton âge. Tu ne peux pas rester cloîtré avec tes livres.

-Oui maman, mais les jeunes de mon âge sont inintéressants.

Ma mère soupira une nouvelle fois.

-Je n'en reviens pas de dire ça, essaie alors de rencontrer des jeunes un peu plus âgés.

Je n'ai pas eu le temps de répondre que mon père cria :

-Non mais ça ne va pas, Bella pourrait se faire… ses mots moururent dans sa bouche, elle est trop jeune et les autres trop intéressés pour son bien.

Ma mère leva les yeux au ciel comme d'habitude.

La semaine d'après, j'avais fait la connaissance d'un garçon à l'épicerie, il était chargé d'emballer les courses.

Il engagea directement la conversation, il était plus âgé que moi et était ce qu'on appelle des plus joviales. L'avantage c'est que je pouvais me contenter de hocher la tête.

Il me proposa d'aller au cinéma le samedi suivant. J'avais accepté plus pour faire plaisir à ma mère que par réelle envie.

Au 3ème rendez-vous, Mike me sortit le grand jeu et m'emmena dans une chambre d'hôtel.

Je n'avais pas particulièrement de désir pour lui, mais si j'étais là c'est que j'avais dû lui envoyer des signaux dans ce sens.

C'est alors que je décidais d'aller jusqu'au bout, pour voir ce que c'était, je perdis ce soir-là ma virginité.

Fin du flash-back

Après quelques minutes de marche dans ce qui me semblait des couloirs, je compris que nous pénétrions dans une pièce.

J'entendis un des gardes s'excuser :

-Désolé patron, la fille Swan souhaitait vous rencontrer.

Ils m'assirent sur une chaise.

Après de longues secondes, ils m'enlevèrent le bandeau, je clignais des yeux pour me réhabituer à la lumière.

Dès que j'ai recouvert la vue, je fus saisie par des prunelles bleu acier. Je clignais une nouvelle fois des paupières.

L'homme en face de moi se tourna vers son écran d'ordinateur et me dit d'une voix impassible :

-Ton nom au complet ?

-Isabella Mary Swan, répondis-je tout en le fixant.

Il ne m'accorda aucune autre attention pendant les minutes qui suivirent, pianotant sur son clavier, il était absorbé par son activité.

J'en profitais pour visualiser où j'étais. Dans une grande pièce très lumineuse, je ne pouvais voir de l'extérieur que de la verdure, ne m'aidant pas du tout à me situer. À ma gauche des baies vitrées, derrière le bureau et son occupant, régnait une multitude d'étagères, je regardais légèrement vers la droite où trônait un canapé et des fauteuils et deux portes doubles fermées.

Je n'osais pas me retourner, je supposais qu'il y avait une autre sortie également derrière moi, ayant l'impression d'avoir juste fait quelques pas avant d'être mise assise.

Après ma petite inspection, je recentrais mes yeux sur le maître des lieux.

Quand d'autres auraient tenté de dire quelque chose, moi je restais sagement assise en attendant.

Je savais qu'il n'avait pas oublié ma présence, ça faisait peut-être partie de leur intimidation d'ignorer leur victime, pour ma part, ça me laissait un peu froide.

Il finit par relever son nez de son écran et me dévisagea.

-Alors Isabella que veux-tu ?

-Rembourser la dette de mon père, répondis-je avec assurance.

-Mmm, sais-tu combien il me doit ? M'interrogea-t-il.

-Non.

-De combien disposes-tu ?

-Combien doit-il ? Rétorquais-je.

Je jouais un jeu dangereux il y avait peu de chance qu'ils doivent seulement 2000$ qui tuerait pour une aussi petite somme.

Il sourit amusé :

-60 000$ … il laissa un temps pour que j'enregistre l'information avant d'ajouter, sans les intérêts.

Je ne pus retenir un soupir, c'était encore pire que ce que j'avais pu imaginer.

-Il a perdu à un quitte ou double, m'apprit mon interlocuteur, comprenant sans mal ma surprise et mon désarroi.

J'avais le visage baissé, je cherchais déjà des solutions. Comment allais-je y arriver ?

Alors que je ne disais rien, le créancier se rappela à mon bon souvenir :

-Alors comptes-tu toujours rembourser sa dette ?

J'acquiesçais de la tête, je lui tendis l'enveloppe en lui expliquant :

-Voici 2000$ pourriez-vous m'accorder, pour le reste, un peu de temps ?

Il prit l'enveloppe et regarda son contenu.

-Tu sais que ça ne couvre à peine les intérêts qu'il me doit déjà.

Je soufflais.

-Oui, je m'en doute.

-Et comment comptes-tu faire pour me rembourser ? M'interrogea-t-il.

-Faire un prêt à la banque, trouver un second travail, déblatérais-je sans grande conviction, n'ayant eu que peu de temps pour élaborer une stratégie de recouvrement de dettes.

Il me dévisagea un instant.

-Tu pourrais également vendre ton corps, j'ai en tête 2 ou 3 noms de personnes, qui j'en suis sûr, payeraient très cher pour te posséder, me dit-il sur le ton de la conversation.

Alors que d'autres auraient été outrés par cette proposition. Je me contentais de soupirer. À quoi sert de faire ma jeune effarouchée, j'avais déjà sérieusement envisagé cette solution, si je n'avais pas autant de dégoût quand on me touche, j'aurais sûrement testé.

-Non, merci, répondis-je tout simplement.

-Quel dommage, je crois que j'aurais été le premier de la liste à vouloir profiter de tes charmes.

Comme ce n'était pas une question, je me contentais de me taire.

Après quelques secondes de silence, il m'interrogea :

-Pourquoi avoir arrêté tes études si près de la fin ? Tu aurais un travail bien mieux payé, non ?

Je tressaillis, je ne devais pas être surprise qu'il sache déjà tout de ma vie.

Je haussais les épaules.

-Tu avais un avenir si prometteur, soupira-t-il.

Penser à l'arrêt de mes études me ramenait inexorablement à elle, la douleur alors dans mon cœur se fit plus présente.

-Qu'allons-nous faire de toi douce Isabella, une fille si intelligente.

Il laissa traîner sa voix en suspens. Il savait très bien qu'il détenait tout le pouvoir à cet instant, j'allais assumer quoiqu'il se passe par la suite.

Il prit un papier, un crayon et écrivit quelques minutes. Prenant une calculatrice, il fit quelques calculs. Il soupira.

-Tu me plais alors je vais te donner une vraie chance de t'en sortir. Je te propose de me rembourser 1000$ par mois sur 6 ans. Chaque année deux mois pour les intérêts. Qu'en penses-tu ?

-Que ce sera difficile, mais que je vous remercie de nous offrir une alternative.

-Bien, dit-il en me tendant la main comme pour sceller notre accord.

J'en fis de même et je me levai pour lui serrer, puis je me tournais en direction de la porte qui était effectivement située derrière moi.

J'avais fait à peine quelques pas qu'il m'interpella. Je n'eu pas le temps de me retourner qu'il énonça déjà :

-Isabella, si tu n'arrives pas à payer nous devrons nous revoir pour envisager les choses autrement, en attendant soit tranquille ton père est sous ta protection, m'apprit-il avant que je ne franchisse la porte pour de bon.

Les prochains mois s'annonçaient difficiles et Charlie allait devoir prendre sur lui, je n'avais aucune intention de revenir dans ce bureau dans un avenir proche.

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Alors vous en pensez quoi ?

À la semaine prochaine ?