NB : Bonjour tout le monde, j'écris ceci mais je ne suis même pas certaine d'être lue. Je n'ai jamais arrêté de lire des fictions TP, surtout en anglais désormais (car il n'y presque plus que ça à "se mettre sous la dent" merci pretendercentre/missingpieces d'être encore là !) et j'espère que les inconditionnels du Caméléon sont encore là. D'ailleurs, j'en profite pour passer un petit message : si des anciennes de Inthemoonlight passent par là, si vous avez toujours vos fics sur vos ordinateurs, par pitié publiez-les ici ! Pour ma part, je n'ai plus rien de cette époque, mais j'aimerais tellement pouvoir relire toutes les fics avec lesquelles j'ai pris goût aux fanfictions et à l'écriture. Même, j'aimerais juste voir ce fandom (et MPJ particulièrement) continuer à vivre grâce aux fictions, car je pense qu'aujourd'hui c'est bien trop tard et complètement fichu pour un troisième téléfilm ! Sur ce, bonne lecture.

Musique à écouter pour ce chapitre : Nightbook de Ludovico Einaudi

AJP


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FIRE

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Elle était là, sous la lumière ardente du feu crépitant se reflétant sur les meubles d'acajou et sur sa peau diaphane d'avoir trop souvent passé sa vie sous terre. Elle était là, sans aucun masque quelconque sur le visage, sa chevelure indomptée, emmitouflée dans un large chandail clair duquel elle entourait son corps tremblant. Elle était là, assise en tailleur à même le sol, une bouteille de cristal de son alcool fétiche en prolongement de sa main droite, et ses yeux rougis fixés sur l'éventail de photographies éparpillées autour d'elle. Elle était là, anéantie, encore.

Le cœur meurtri, ses paupières se fermèrent comme un soupir douloureux se libérait de sa cage thoracique. La lumière revint quelques secondes plus tard et le tableau devant elle changea.

Il était là, vêtu de noir de ce qu'elle pouvait distinguer par le seul éclairage du feu dans la cheminée. Il avait coupé ses cheveux, mais il lui restait encore quelques mèches rebelles dont des gouttes de pluie dégoulinaient sur son front. Il était là, avec ce regard que lui seul était capable de transmettre, cette chaleur que lui seul pouvait lui apporter.

Plus que le feu.

Même à deux mètres de distance. Sa simple présence réchauffait son cœur. Il la connaissait mieux que quiconque, mieux qu'elle-même.

Elle se sentit minable qu'il la voie dans cet état lamentable. La pauvre petite Parker qui venait d'enterrer son père, qui n'était même pas son vrai père. Un mensonge de plus, un mort de plus. La vérité sur ses origines qui lui étaient inacceptable, inconcevable. Ses croyances et ses espoirs qui s'envolaient plus les années passaient. Ses sentiments qu'elle ne savait plus comprendre. Ce soir elle craquait, la carapace se fêlait, et Jarod était là.

Il s'avança prudemment, sans la quitter du regard, puis s'installa sur le tapis baroque juste en face d'elle, seul un mur de photos au sol les séparaient de quelques centimètres. Il retira doucement sa veste en cuir et la posa près de lui. Ses yeux chocolats restaient ancrés dans ceux océans de Parker. Après un moment, cette dernière dévia doucement les siens vers les photographies devant elle. Jarod en profita et esquissa un geste vers sa veste, qui n'échappa pas à Parker. Elle cru qu'il allait déjà la laisser et s'en aller, et sa gorge se serra à cette pensée. Elle le vit glisser la main dans la veste en cuir, puis il en ressortit ce qui semblait visiblement être une autre photo.

Son cœur loupa un battement lorsqu'il la lui tendit. Elle ne l'avait jamais vu. Les photos de son père se comptaient sur les doigts d'une main. Les photos de son père, sa mère, et elle bébé, étaient inexistantes. Du moins c'était ce qu'elle croyait. Une fois de plus, Jarod avait réussi à la surprendre, il savait toujours quoi dire, quoi faire, et lui donner un morceau du puzzle de sa vie quand elle en avait besoin.

Il était un pro du timing.

Une fois la surprise et l'émotion un peu apaisées, elle approcha sa main pour s'emparer de la précieuse photo. Elle évita soigneusement de toucher ou ne serait-ce qu'effleurer la main du petit génie.

On devinait que Catherine Parker tenait l'appareil, son mari lui entourant la taille d'un bras et portant leur petite fille encore bébé dans l'autre. La réalité de cette photo la frappa de plein fouet. Se pourrait-il qu'ils aient vraiment été heureux un jour ? Ne serait-ce qu'un instant ? Se pourrait-il que son père l'ait vraiment aimé un jour ? Se pourrait-il même qu'il l'ait toujours aimé, à sa façon ? Bien qu'il ait toujours su qu'il n'était pas son véritable père ?

"Il t'aimait," prononça doucement Jarod. "N'en doutes pas."

Les yeux océans s'embuèrent, et des gouttes salées dévalèrent le visage de la jeune femme.

Jarod.

Ses pensées, ses émotions et ses sentiments n'avaient pas de secret pour lui. Il n'avait pas besoin de savoir lire dans ses pensées. Elle ne savait pas si ce 'don' était simplement dû à ses capacités de caméléon, ou bien simplement au fait qu'il avait toujours été la personne qui la comprenait et la connaissait le mieux au monde.

"Malgré tout ce qu'il a pu faire, ou dire, il t'aimait Parker. Et sa dernière action a peut-être été la plus belle preuve d'amour qu'il ne t'a jamais faite."

Ces quelques mots étaient tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. Et il le savait.

Elle avait envie de lui dire 'merci' mais ces simples lettres lui parurent trop difficiles à formuler sur le moment. Elle sentait qu'elle était sur le poids de vraiment craquer. Et elle ne souhaitait pas qu'il assiste à ça. Elle ne voulait qu'il la voie encore plus faible qu'elle ne l'était actuellement. Alors elle se tût, car au moindre mot prononcé, elle ne pourrait plus se contrôler.

Elle releva les yeux vers lui et il comprit.

Les secondes passèrent, Parker ne quittait désormais plus du regard la photo de famille, ancrant chaque détail dans sa mémoire. Les motifs du bandeau entourant les cheveux de sa mère, le rayon de soleil atterrissant dans l'œil vif de son père, la poigne protectrice dont il semblait l'entourer.

Le cœur plus léger, elle décida que lorsqu'elle penserait à son père, elle visualiserait cette image et aucune autre, car il s'agissait certainement là du plus beau souvenir qu'elle avait de lui.

Un faible courant d'air la fit soudain frissonner.

Sa respiration se bloqua lorsqu'elle vit sa porte d'entrée doucement se refermer sur Jarod.

Elle savait qu'il ne l'abandonnait pas. Il ne voulait pas être invasif et souhaitait simplement la laisser profiter de ce moment intime.

Pour autant, son premier réflexe fut de se lever, non sans difficulté, et de se hâter vers la porte de bois massif. Elle l'ouvrit à la volée, au moment même où un éclair foudroya le ciel de nuit noire.

Jarod avait déjà descendu les marches de son perron, les épaules rentrées et les mains dans les poches de sa veste en cuir qui le protégeait à peine de la pluie violente.

Il avait perçu le bruit de la porte derrière lui et se retourna pour observer Parker sur le seuil de l'entrée. Il lui lança un regard interrogateur, fronçant les sourcils pour mieux aviser son regard à travers le nuage de pluie les séparant.

En un élan, elle franchit finalement le seuil, descendit à son tour les quelques marches, et arriva prestement devant lui.

"Parker, il pleut des cordes," fut la seule chose que Jarod sut dire, sa soudaine inquiétude l'aida à poser délicatement ses mains au-dessus des coudes de la jeune femme, non sans avoir eu une once d'hésitation. Ce genre de geste brisant les règles tacites instaurées entre eux depuis des années.

Elle ne lui répondit pas.

Son regard le transperçait et le troublait plus qu'il n'était capable de l'expliquer.

"Parker ?" tenta-t-il comme elle ne réagissait pas.

Il la vit s'avancer doucement vers lui.

Elle tendit les deux mains et les posa de chaque coté de son visage pour retrouver la douceur des lèvres de celui qui avait été son meilleur ami à une période lointaine.

Pourtant, le goût de ce baiser raviva le souvenir de leur tout premier comme s'ils s'étaient embrassés hier, à la différence près qu'ils n'étaient plus des enfants.

Et ce baiser là était bien différent.

Ardent.

Bouleversant.

Parker avait posé fébrilement ses lèvres sur celles de Jarod qui sentit un feu bouillonnant exploser en lui.

L'effet de surprise passé, Jarod répondit avec engouement au baiser. Leurs lèvres s'écrasaient l'une contre l'autre avec une telle passion qu'ils ne formaient presque plus qu'un. Leurs corps enchevêtrés, collés l'un à l'autre, tremblaient de désir. La main droite de Parker voyageait entre son visage et ses cheveux courts, tandis que sa main gauche se cramponnait à son tee-shirt gris, comme si sa vie en dépendait. Jarod l'enlaçait fermement, une main sur sa nuque, son pouce caressant sa joue.

Ni la pluie tombant à torrent, ni le manque d'oxygène ne les fit s'interrompre.

Leurs langues se cherchèrent, puis se frôlèrent, approfondissant ainsi le baiser. Jarod, une main désormais sous le pull trempé de Parker, la sentit frissonner.

Ce subtil mouvement le réveilla subitement de son rêve éveillé et il brisa brusquement leur étreinte.

Essoufflé par leur échange brûlant et reprenant peu à peu le contrôle de lui-même, il se détacha totalement d'elle et recula d'un pas. Parker, toute aussi essoufflée, lui lança un regard incompréhensif.

Jarod déglutit comme il reprenait progressivement son souffle. "Parker," commença-t-il, la respiration haletante. "Je… je ne peux pas."

L'orage gronda abruptement, et la pluie redoubla alors d'intensité.

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À suivre...