Titre : Ce qu'a laissé le gare-loup
Auteur : ylg/malurette
Base : Les Compagnons du Crépuscule, Le dernier chant des Malaterre
Personnages/Couple : Anaïs & Mariotte
Genre : drama
Gradation : PG-13 / T
Légalité : propriété de François Bourgeon, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.
Thème : « werewolves » pour Ladies Bingo
Prompt : honnêtement, je ne sais pas si ça peut compter ou non pour la WOCtoberfest ? comme personne ne sait quelle est l'ethnie de naissance d'Anaïs, juive ou Roma...
Continuité/Spoil éventuel : tome 3, 1er quart
Notes : une version plus longue, plus étoffée des mini-fics du recueil "arrangements" ( /s/4406896/ ) ; à suivre d'un 2nd volet bientôt
Nombre de mots : 950
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La troupe de Luce n'a pas de nom pour quoi faire ? Ils ne sont personne, un assemblage étrange d'étrangers qui passent les routes. Selon son public, Anaïs parlent d'eux soit comme de loups soit des moutons blancs mêlés aux moutons noirs. Seul l'ours reste égal à lui-même. Mais loups, moutons ou ours, peuvent-ils prendre dans leurs rangs et dans leur vie d'errance une petite renarde ? Et pour en faire quoi ?
Gerson prend ce qui se présente, payé ou volé. Luce trop sage a renoncé à ces jeux depuis bien longtemps. Anaïs culbute indifféremment filles et garçons elle connaît les herbes pour ses prémunir de ceux-là, et si elles échouent pour se débarrasser des traces. Les garçons sont plus faciles à accrocher, plus risqués aussi pour ce qu'ils peuvent faire de son corps. Elle préfèrerait les filles malheureusement moins évidentes à allonger sur l'herbe. Au moins, aucune ne l'a encore accusée de sorcellerie pour cela…
Le plaisir qu'ils se donnent, les uns et les autres, ne les engage jamais. Ils n'ont d'attache nulle part.
Pour Anaïs, c'était jusqu'à cette fille aux cheveux rouges, qui a envie de faire la route ensemble. Elle n'est pas la première à exprimer une telle idée, de fuir une vie enchaînée pour suivre le miroitement d'un rêve mais celle-là est sérieuse. La Mariotte connaît l'errance et la vie en marge et ne craint donc pas la désillusion.
Ça n'est pas pour elle, en tout cas pas dans le sens qu'Anaïs voudrait, que Mariotte s'attache ainsi à elle. Elle le sait bien : dès leur prime encontre elle l'a perdue tout aussitôt pour un garçon. Elle ne désespère pas de la retourner si avec le moinillon ça n'est pas sérieux et puis si non, he bien tant pis. Anaïs n'est pas du genre à se morfondre inutilement. Elle profite de ce lui offre la vie et oublie promptement le reste.
Mariotte pourtant ne se laisse pas oublier. Elle ne roulera pas dans le foin avec elle, mais c'est à peu près la seule chose qu'elle ne fera pas. Pour la première fois, Anaïs se fait presque une amie. Oh, elle en a connu du monde avant, à rester plus ou moins longtemps dans telle ou telle ville selon les saisons, mais jamais avec qui elle s'entende autant, jamais d'avec qui elle savait déjà qu'elle regretterait la séparation.
Parce qu'elle ne sait pas faire autrement, elle la taquine toujours et ne renonce pas complètement : elle aimerait toujours s'en faire un jeu.
Tout devient tout à coup très sérieux la nuit où elles affrontent le gare-loup.
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Mariotte a convaincu Anaïs de participer à la chasse pour sauver leur réputation peut-être bien leur peau. Anaïs connaît Gerson : ce type est une raclure qui force les jeunes filles, mais ne les tue pas. La bête qu'ils traquent là force les petites filles et les dépêce. Elle est d'accord pour prouver que c'est quelqu'un d'autre. Pour rassurer Mariotte. Et parce que si elle ne croit pas qu'il soit un gare-loup qui puisse l'attaquer, l'imagination des gens de la ville est une toute autre affaire, autrement plus dangereuse. Comme elle ne croit pas qu'il y ait réellement un gare-loup dans la campagne environnante, elle craint plus ce qui arrivera si la chasse ne ramène rien : en y aura-t-il un pour prétendre qu'ils en sont les complices et ont averti la malebête de se tenir à l'écart et retourner la populace contre eux…
Une longue nuit d'attente se profile. La brune venue, l'automne qui fraîchit se fait plus durement sentir qu'en plein jour. La nuit est claire : la pleine lune brille dans un ciel sans nuages. Anaïs ne sait pas lire les étoiles aussi bien que les lignes de main si son avenir y est écrit, elle ne le voit pas. Elle le confie plus volontiers à cette terre sous elle, sur laquelle Mariotte attend aussi. Quelle idée, de s'être séparées… Auraient-elle eu plus de chance d'appâter un gare-loup à l'attendre plutôt à deux sous la même mante ? Elles auraient eu moins froid. En une seule nuit l'hiver s'en vient…
Cette nuit-là, les gens en chasse voient perde un loup jamais dressé que personne ne regrettera, et ce monstre, le gare-loup redouté, pire qu'un chien enragé, qui laisse derrière lui une méchante vague d'incompréhension. Anaïs et Mariotte sauvent leurs vies de justesse, et leur réputation pas aussi bien qu'espéré. Anaïs y gagne définitivement une amie.
En remerciement du mensonge qu'elle n'a pas longtemps hésité à proférer et de la confiance définitive qu'elle lui fait, Anaïs veille sur Mariotte avec tendresse. Elle sait les herbes qui soignent, elle sait aussi ce qui ne se soigne pas et qui doit attendre simplement de passer.
Dans son délire, Mariotte parle de son Aymon, d'une Yuna, d'une une Dame Blanche elle fait des rêves qu'Anaïs ne comprend pas. Elle tient sa main, sans songer à la lire juste la caresser, juste pour la réconforter. Trois jours et trois nuits, Mariotte git, abandonnée au monde. Anaïs n'est pas une bête : elle ne touche Mariotte que pour la soigner. Elle ne fera pas d'elle le festin évoqué quelques jours plus tôt… deux vies avant. Gerson n'était pas le gare-loup, mais un monstre quand même, et Anaïs ne prendra plus jamais sa suite.
Un nouveau sentiment s'allume en elle : un amour profond. Un peu comme pour Luce, sans la reconnaissance : gratuit. Indépendant du désir qui ne s'éteindra jamais entièrement, Mariotte est son amie, la sœur qu'elle espère garder à ses côtés ici, maintenan, et plus tard sur la route. Anaïs devra remercier le gare-loup pour ce qu'il leur a offert…
