Les personnages de Saint Seiya ne m'appartiennent que dans mes rêves malheureusement. Cependant, Luna est un personnage qui sort tout droit de mon imagination.

Chap 1 : Le Choix de Milo

-Il me manque, dit une voix féminine résonnant dans la toute petite pièce à moitié sombre.

Dans cette pièce, se trouvaient deux femmes. Une assez jeune, au teint mâte et aux longs cheveux noirs. Dans son regard marron, se trouvait de la peine et également une certaine satisfaction. Ses lèvres rouges laissaient échapper des soupires entre chaque phrase qu'elle prononçait. Ses mains, jointes sur ses genoux tremblaient encore un peu, à cause de la décision qu'elle était en train de prendre. Assise en face d'elle, se trouvait une femme un peu plus âgée, à l'air strict et insondable. Elle écoutait. Doucement, elle s'adossa sur sa chaise et croisa les bras.

-Alors, pourquoi ? questionna cette dernière.

La jeune femme releva les yeux.

-Pourquoi ? Parce que je ne veux plus vivre dans ces conditions. Vous comprenez ? Quand je suis avec lui, je ne me sens plus en sécurité. Je ne reconnais plus mon… mari.

-Parlez moi un peu de lui.

-Nous sommes mariés depuis deux ans. Au début, tout semblait si bien, si agréable. Mais Milo a changé… Enormément changé. Disons que…

Le téléphone de la jeune femme sonna. Posé sur la table, Luna se mit à le regarder. Cette photo qu'elle avait depuis si longtemps, apparaissait sur son écran chaque fois qu'il l'appelait. Une photo qu'elle avait prise de son époux par surprise, alors qu'il était dans son bureau en plein travail. Souvent, elle s'était posé des questions sur cette dernière. Ce visage ne semblait pas seulement concentré sur ses papiers, mais aussi contrarié par quelque chose. Milo était quelqu'un de brutal dans ses mots, mais de doux dans ses gestes, il était drôle, sérieux, engagé dans tout ce qu'il faisait, elle le connaissait par cœur, du moins, c'est ce qu'elle croyait. Mais un jour, Luna s'était rendue compte que ce Milo, qui lui avait promis amour, sincérité et consolation pour la vie était quelqu'un de mystérieux qui commençait sérieusement à l'effrayer. Non, il n'était pas violent, ni menaçant, loin de là. Il s'éloignait juste des promesses qu'il avait faites il y'a deux ans, ce jour où il lui avait mit la bague au doigt en jurant de l'aimer jusqu'à la mort. Il était… Absent. Tout le temps absent. Même quand il était là, au final, il semblait ailleurs. Des fois, il disparaissait comme ça, du jour au lendemain. Puis un beau jour, revenait d'un soi disant voyage d'affaire ou autres choses du genre. Une fois, il s'était volatilisé pendant trois mois.

Trois mois sans nouvelles…

Et c'était cette fois là, qui fut celle de trop. C'était pour cette fois là, que Luna se trouvait face à cette avocate, le visage inondé par les larmes, en voyant cette photo sur cet écran de portable. Ce visage qu'elle n'avait plus revu depuis trois mois, et qui rejaillissait de nulle part. Mais cela ne l'empêcherait en rien de continuer sa démarche. Elle ne voulait pas répondre. Par peur, par mépris, par dégout. Elle ne pourrait plus jamais revoir Milo comme avant.

Une fois le rendez-vous terminé, Luna récupéra les documents et les rangea soigneusement dans une chemise. Elle salua l'avocate, puis quitta le bâtiment. Il faisait encore jour, le soleil était à son zénith. Que faire, maintenant ? Impossible de rentrer à la maison. Maintenant que son cher et tendre époux avait enfin décidé à repointer le bout de son nez, c'était impossible pour elle d'y remettre les pieds. Et puis, pourquoi devrait-elle être surprise de cet appel si soudain, après trois mois à jouer à faire le mort ? Tout simplement parce qu'elle avait été habituée à ce genre d'attitude. Où était-il ? Que faisait-il ? Avec qui était-il ? Pourquoi disparaitre pendant si longtemps ? C'étaient des questions qu'elle avait décidé d'arrêter de se poser. Il n'y répondait qu'à moitié, et parfois même, pas du tout. Qui était-il pour la faire supporter un tel supplice ?

Alors que Luna commença à marcher sans but, le cœur battant, serrant sa chemise contre sa poitrine, son téléphone sonna à nouveau. Automatiquement, elle stoppa sa marche, mais ne daigna même pas sortir son portable pour savoir de qui il s'agissait, elle le savait très bien. Et elle ne répondrait pas. Elle continua doucement, puis passa devant une boutique de fleurs. Les fleurs. Elle aimait ça. Disons que c'était ce qu'elle avait aimé le plus, juste après Milo. Des couleurs, des formes, du dynamisme, et surtout, une vie cachée dans chacune d'elle. Toutes différentes, avec des besoins différents, des chemins différents… Les plantes étaient fascinantes à ses yeux.

-Oh, Luna ! s'écria une fleuriste en sortant de la boutique.

S'efforçant de sourire, la jeune femme la salua.

-Ca fait un moment qu'on ne te vois plus par ici ! continua la vendeuse, que t'arrive t'il ?

-Oh, tout va bien, ne t'en fais pas. Et toi ? J'ai entendu dire que la boutique a gagné un prix ?

-Oui, pas plus tard que la semaine dernière, nous avons les plus belles fleurs de la ville. J'étais déçue que tu ne sois pas là !

-Oh, je suis navrée…

-Mais ce n'est rien ! Dis moi… J'ai entendu des rumeurs. Tu as vraiment quitté ton travail ?

Luna fit la grimace. A vrai dire, elle n'avait pas très envie d'en parler, la dose d'émotion était assez forte comme ça pour aujourd'hui.

-… Est-ce que Milo est revenu ?

-… Je dois y'aller.

Alors qu'elle s'apprêta à continuer son chemin, son amie l'arrêta en lui attrapant le bras :

-Attends ! Luna… Écoute-moi. Je ne veux surtout pas être horrible, mais… Tu le connais n'est-ce pas ? C'est vrai, il a énormément changé et est devenu un peu bizarre. Mais les yeux ne trahissent pas, Luna. Mon instinct me dit qu'il faut que tu lui fasses confiance. Je ne sais pas pourquoi, mais…

-Tu n'en sais rien ! cria la jeune femme.

La fleuriste sursauta tout en lâchant le bras de son amie. La même sonnerie se mit à retentir comme un écho. Luna baissa la tête et continua son chemin d'un pas pressé.

-Où est-ce que tu vas ? s'exclama la vendeuse, il ne les nourrira pas !

-Je ne les laisserai pas tomber, répondit l'égyptienne en continuant son chemin.

Elle ne voulait pas entendre parler de lui, alors pourquoi ? Elle savait bien que les personnes qu'elles croiseraient dans cette ville lui poseraient cette fameuse question. Tout ce qu'elle désirait à ce moment précis, c'était être seule. Mais peu importe où elle pouvait se rendre, chaque lieu lui rappelait un souvenir avec lui. Le parc. Là où ils s'étaient rencontrés, là où tout avait commencé. Son chien, un énorme molosse poilu, qui s'était jeté sur Milo pour jouer et l'avait fait tombé dans une bonne flaque de boue. Luna avait été dans tous ses états et ne savait pas comment s'excuser correctement. Lui… Il avait gueulé, s'était énervé très fort, mais elle n'avait pas put s'empêcher de rire. Sur le coup, il avait été marrant. Mais quelques jours plus tard, à son entretien d'embauche, la jeune femme avait rit jaune. Elle ne s'attendait pas que le type que son chien avait embrassé sans pitié était en fait son futur patron. Et telle fut sa surprise quand quelques jours plus tard, elle fut malgré tout embauchée.

Ensuite, le cinéma de cette ville. Son chien n'était pas immortel, il avait finit par mourir de vieillesse. Ayant sympathisé avec son patron, ce dernier n'eut aucune difficulté à voir que son employée était un peu morose. Quand elle lui avoua la mort de son molosse, il lui proposa d'aller regarder un film et de la ramener chez elle. C'était gentil de sa part, elle avait accepté avec un demi-sourire.

Puis le restaurant… C'était un dîner avec toute l'entreprise. Mais le cœur de Luna battait déjà assez fort pour son patron. Elle ne voyait que lui, ses beaux yeux bleus, son regard, son sourire, son côté insaisissable. Elle avait oublié son porte monnaie et avait donc été la poire de la soirée. Milo lui avait alors payé le repas, en lui disant qu'en échange, elle l'inviterait à son tour. Quand ce jour arriva, ils se rapprochèrent et ne tardèrent plus au fil du temps à remarquer les sentiments de l'autre. Ils se mirent ensemble assez rapidement sous la pression de Milo, par rapport à la crainte de Luna qui était hésitante de se lancer dans une relation amoureuse et professionnelle. Sortir avec son patron… Mais au final, tout s'était bien passé puisqu'ils allèrent jusqu'au mariage. C'était en pleine nuit, dans un froid polaire en plein milieu du centre ville, que Milo avait fait sa demande. Dans un coup de tête, simplement par amour, grâce à son côté fonceur et audacieux. Luna avait bien évidemment accepté de l'épouser…

Etais-ce réellement une erreur, toute cette histoire ? Le fruit d'une immaturité ? D'une décision hâtive ? Elle ne savait pas vraiment. Tout ce dont elle pouvait être sûre, c'est qu'elle avait aimé Milo comme elle n'avait jamais aimé personne.

Alors que la jeune femme était assise sur un banc, à observer la fontaine à quelques mètres d'elle, quelques gouttes de pluie commencèrent à tomber. Elle leva les yeux au ciel. De toute façon, il fallait bien qu'elle trouve un endroit où aller. Un logement d'urgence ? Tss, ils verraient sa situation comme un caprice, à coup sûr. Vivre chez une amie pendant quelques temps ? Non, elle avait horreur de dépendre des autres, elle l'avait déjà été dans le passé, maintenant c'était terminé.

19h07. Il fait déjà sombre, et il pleut à torrents. Parcourir la ville, se changer les idées, croiser des regards, faire des sourires pendant toute la journée… A quoi ça menait au final, elle revenait au même point, non ? Elle levait la tête pour regarder cet immeuble, grand et presque luxueux. Quand Milo avait acheté cet endroit, Luna était ravie. L'appartement était grand, les meubles étaient très esthétiques, il y'avait tout pour la satisfaire. C'était leur nid d'amour. Mais aujourd'hui, elle avait peur d'y mettre les pieds. Quel contraste ! Tout était si différent… Sous la pluie, elle se balançait doucement sur la balançoire dans la cour en face de l'immeuble. Sa chemise remplie de documents était cachée sous ses vêtements, afin de la protéger de la pluie. Ses cheveux trempés, talons presque abimés, Luna restait de marbre. Pourquoi l'appartement était-il éteint ? Etait-il réellement de retour, au moins ? Milo endormi à cette heure ci, c'était juste inconcevable. Alors quoi ? Ou bien, peut-être était-il tout simplement reparti. Pour cette fois, deux semaines de plus d'absence, ou pourquoi pas un mois tiens.

-Madame ?

Luna sursauta, quitta sa balançoire et se retourna vivement. Ah… Ce n'était que le gardien de l'immeuble.

-Vous m'avez fait une de ses peurs, gémit-elle la main sur le cœur.

-Que faites vous dehors sous une telle pluie ? Vous allez attraper froid, dit-il avec son parapluie.

-Oh, ne vous inquiétez pas pour moi.

-Vous semblez bien triste aujourd'hui.

-Dites moi… Est-ce que par hasard, vous auriez vu… Mon mari aujourd'hui ?

-… Votre mari ? Non pas du tout, il semblerait qu'il ne soit pas encore de retour. J'étais là toute la journée.

-Ah… , répondit l'égyptienne en fronçant légèrement les sourcils, je vous remercie.

-Voulez vous que je vous accompagne jusqu'à l'entrée ? Vous pouvez vous abriter sous mon parapluie si vous le souhaitez.

Luna perplexe, acquiesça et fut menée jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Le gardien la salua, puis elle l'observa s'en aller, avec un air surpris sur le visage.

-… Il n'est pas rentré… ? murmura t'elle.

Alors que signifiait tous ses appels ? Elle pénétra l'immeuble, prit l'ascenseur jusqu'au 17ième et inséra les clés dans la porte. Allumant la lumière du salon, elle constata en effet, que l'appartement était vide.

-…Milo ? appela t'elle à l'entrée.

Mais aucune réponse. La jeune femme soupira, puis referma la porte derrière elle. Bien. Au moins elle pourrait dormir là pour la nuit. Cependant son cœur commençait à battre d'inquiétude. La situation était étrange. Il l'avait appelé sans cesse dans la journée, et à présent, aucune trace de lui… Elle s'assied dans le salon, commençant à chercher la télécommande du regard. Il lui semblait qu'elle l'avait laissé sur la table en partant… Mais elle n'y était pas. Automatiquement elle leva les yeux sur la télé. La télécommande se trouvait sur le meuble. Ok. Milo était passé par là. Ce qui signifiait qu'il ne tarderait pas à revenir. Vite, faire ses affaires, nourrir les plantes, et partir.

La jeune femme alla vers la chambre d'un pas pressé, mais quand elle ouvrit la porte elle ne put s'empêcher de pousser un cri. Le lit était défait, et le jeune homme était allongé dedans, les yeux mi ouverts, avec le souffle court. Son visage était blessé, et dans sa main droite il serrait fort son téléphone, comme à l'attente d'un appel. Quand il vit sa femme, il se redressa doucement.

-Luna… ? appela t'il d'une voix fatiguée.

Pourquoi avait-il ces pansements sur son visage. Pourquoi ces vêtements étaient sales. Elle ne voulait pas savoir. Tremblotante, elle quitta la chambre en direction du salon, saisit ses deux pots de fleurs, son sac à main, mit sa chemise dedans, mais fonça sur son époux en faisant tomber ses pots qui se cassèrent sur les carreaux. Choquée par ce faux geste, elle se baissa puis s'agenouilla devant la terre éparpillée sur le sol ainsi que les fleurs déracinées. Milo, avait les yeux baissés sur elle et sur les morceaux brisés par terre.

-… Où tu vas ? demanda t'il d'un murmure.

Elle ne répondit pas et ramassa les plantes de ses mains de façon minutieuse. Milo ferma les yeux et soupira. On pouvait sentir une extrême fatigue en lui, comme s'il lui restait à peine quelques forces pour rester debout. Son cœur battait la chamade et ses pensées étaient confuses. Il ne savait pas par où commencer. L'émotion de la revoir, la difficulté de tout lui expliquer, de trouver une excuse, en mentant à nouveau, comme il l'avait fait les autres fois. Luna se leva, commença son chemin vers la porte mais il se plaça en travers et la tint par les épaules. Son regard cherchait le sien, mais celui de sa femme étaient totalement baissé. Elle était pâle, trempée, plus fragile que jamais. Ou plutôt, elle semblait comme épuisée moralement. Doucement, craignant un rejet, le chevalier d'or posa une main sur la longue chevelure de sa femme. Il caressa son visage, voulut redresser sa tête, mais elle détourna son regard. Il se mordit la lèvre.

-… Je suis là maintenant, dit-il d'une voix qui se voulait rassurante.

Mais elle ne l'était plus depuis longtemps. Elle n'y croyait plus.

-Luna… ? appela t'il de nouveau.

C'était inutile de déclencher une moindre conversation avec elle à cet instant précis le chevalier d'or le savait. Et cela le blessait profondément. Il ne pouvait pas lui en vouloir. S'excuser ne rimerait à rien, ce serait même carrément pathétique face à la situation. Et depuis le temps, sa femme devait être assez fatiguée de ses excuses. Voilà que maintenant, quand il revenait après une longue absence, elle ne lui posait plus de questions, ne se jetait plus sur lui en pleurant, ne le quémandait plus, ne répondait plus à ses appels, ne s'inquiétait plus pour ses blessures, elle ne le regardait même plus. Cette fois… Cette fois de trop, le jeune homme était conscient que son couple avait touché le fond. Et il savait pertinemment que c'était de sa faute. La seule et unique chose qu'il trouva à faire, c'était de poser son doigt sur un point fragile du cou de sa femme, afin de la plonger dans un profond sommeil.

Flashback

Milo et Camus trainaient tout deux dans le temple du Grand Pope. Il faisait nuit et ils regardaient le ciel étoilés depuis la terrasse. Camus semblait interloqué par la nouvelle que son ami venait de lui annoncer.

-Quoi… ? s'écria t'il, tu es marié ?!

-Chut…, répondit le scorpion, je ne tiens pas à ce que ça s'ébruite. Ca reste entre nous d'accord ?

-Mais pourquoi ne pas en parler aux autres, c'est une bonne nouvelle non ?

-Le Sanctuaire n'a pas besoin de le savoir. C'est ma vie privée.

Le chevalier du Verseau s'était mis à rire.

-Ce sont quand même tes frères d'armes, il n'y a pas que moi tu sais. Et… Depuis combien de temps ?

-A peu près deux ans.

-Deux ans sans rien me dire, waw, bonjour l'amitié.

Camus qui était habituellement sans la moindre quelconque expression semblait bien ravi de voir que le scorpion avait épousé quelqu'un. Il y'en avait au moins un dans ce sanctuaire qui était parvenu à couper le gâteau en deux. Et à ce propos, il perdit vite son sourire et reprit la parole :

-Elle sait ?

Milo soupira et baissa la tête.

-Non, répondit-il.

Ah, c'était donc pour ça qu'il n'avait eu aucune once de bonheur en lui annonçant la nouvelle. Camus se tourna vers lui et croisa les bras.

-Et ça te convient, comme ça ? demanda t'il.

-… Je ne sais pas trop. Mais c'est pas comme si j'avais le choix.

-Choisir de se marier tout en servant Athéna… Je suppose que si aucun chevalier ne l'a fait avant toi, c'est parce que cela semble beaucoup trop improbable… Voire impossible ?

Milo se passa les mains dans les cheveux. Oui, il avait osé, lui. Parce qu'il l'aimait réellement, et aussi parce qu'il voulait vivre comme une personne normale. Se marier, avoir des enfants, une famille… Il leva de nouveau les yeux au ciel. Que faisait-elle, maintenant ? Cela faisait déjà deux mois qu'il était parti sans aucune nouvelles. Que pensait-elle de lui.

-On en a eu, des soucis au Sanctuaire en deux ans. Comment est-ce que tu lui as expliqué ça ?

Milo s'étira puis retourna dans le Temple. Ah. Camus fit une grimace. Peut-être n'aurait-il pas dut parler du côté négatif de son mariage. Il avait dut dire une bêtise quelque part… Ou l'enfoncer au lieu de lui redonner du poil de la bête.

-Merci pour Athéna ! s'écria la Verseau.

Milo s'arrêta et se retourna.

-Quoi ?

-Elle ne le saura probablement jamais, alors je te remercie à sa place. Malgré le fait que tu sois marié, tu n'as jamais manqué à l'appel au Sanctuaire, mettant ton couple en danger. Prenant même le risque de ne plus jamais revenir à ta femme… Athéna t'en serais vraiment reconnaissante.

-Je lui ai juré fidélité alors c'est normal.

-Et ta femme dans tout ça ? demanda Camus en s'avançant, ne lui as-tu pas juré amour, fidélité, présence et tout ce genre de choses ?

Milo resta interdit quelques secondes.

-La vérité, que ce soit pour toi, ou nous autres chevaliers d'or… C'est qu'Athéna est plus importante. N'est-ce pas ?

Le scorpion resta un instant les yeux plongés dans ceux de son ami, puis s'en alla sans demander son reste. La vérité ? Bien sûr qu'Athéna était importante. Mais Luna aussi l'était. Et c'était bien ça le problème. Quand Milo quitta la terrasse, telle fut sa surprise quand il aperçut Shion, qui faisait une bien drôle de tête. Avait-il tout entendu ?

-Tu… es marié ? questionna t'il comme pour être sûr d'avoir bien entendu.

-… Oui, répondit l'époux après un soupir.

Le Grand Pope haussa les sourcils. C'était bien la première fois qu'il entendait ce genre de choses dans ce Sanctuaire. Un chevalier d'or marié. C'était presque irréaliste d'entendre ça… Enfin. Milo était assez grand pour savoir à quoi il ferait face avec un tel choix… Shion n'avait pas son mot à dire, il ne pouvait qu'observer et constater.

-Eh bien… Félicitations…, rajouta t'il.

-Merci.

Le scorpion s'en alla. Camus quant à lui, s'approcha du Grand Pope.

-Vous avez tout entendu à ce que je vois, dit-il.

-Je passais simplement par là innocemment…

-Innocemment hein ?

-… Quoi ? Il valait mieux que ce soit moi plutôt que Kanon ou Angelo, non ?

-Vu comme ça…

-Je reconnais bien là le caractère de Milo. Un vrai sanglier… Il fonce tout droit sans regarder ce qu'il y'a autour. Mais pour cette fois, je suis prêt à parier qu'il va se casser la figure…

-Pourquoi dites-vous ça ?

-Haha, n'est-ce pas évident ? Deux ans de mariage et déjà une tête comme ça. Il est impossible pour un chevalier d'or de se marier, pour la simple et bonne raison qu'il ne peut se partager en deux, pour sa femme et pour Athéna. Un moment donné, il finira par trahir la personne qu'il aime, ou pire, trahir Athéna. En tout cas, si une telle chose arrive… Je ne le tolérerai en aucun cas. Pas une fois de plus, et encore moins par Milo. Passe-lui le message…

Fin Flashback

Les jours sont passés depuis le retour de Milo, et ce dernier se trouvait dans son entreprise, plus précisément seul dans son bureau, au téléphone, à trier ses papiers.

-Comment peut-il avoir de telles pensées sur moi. Il est impossible pour moi de trahir Athéna, je refuse d'être confondu avec les traitres du Sanctuaire d'accord ? Je sers Athéna depuis des années et je me suis toujours battu pour sa cause, contrairement à certains.

-Toujours aussi franc, répondit Camus à l'autre bout du fil, tu veux bien laisser les autres tranquilles ? Je te rappelle qu'ils ont été acquittés depuis un sacré moment.

-Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé directement ?

-Parce que je ne voulais pas que tu fasses un scandale au Sanctuaire. Cette guerre était déjà assez rude, tu ne crois pas ? Et comment va ta femme ? Vous vous êtes disputés ?

-… Non.

-Non ?

-Je l'ai endormie. Ca doit faire une bonne semaine, maintenant. Quand je suis revenu, elle était… assez indifférente.

-Indifférente. Ce n'est pas bon signe ça, tu ne crois pas ?

-J'ai appris qu'elle a démissionné. Elle a quitté l'entreprise pendant mon absence.

-Oh…, constata le Verseau.

Oui, ça se sentait, par ce pauvre petit oh, que Camus ne sut pas quoi répondre à cette nouvelle. Il n'osait pas dire à son ami que vu la situation, c'était peine perdue et qu'il ne valait mieux pas espérer quoi que ce soit de la part de sa femme. Ce qui se comprenait tout à fait. Mais il allait le blesser plus qu'il ne l'était déjà, alors… Milo préféra prendre les devants et le salua avant de raccrocher, de peur d'entendre des choses assez décourageantes. Il poussa un long soupir en s'affalant sur son bureau.

Après cette rude journée de travail, il quitta le bâtiment, monta dans sa voiture anxieux. Luna ne tarderait plus à se réveiller à présent. Il prit une bonne grosse bouffée d'air et démarra le véhicule, regardant le paysage autour de lui. C'était étrange, comment ces trois mois d'absence lui avaient parus comme une éternité. Il avait le sentiment de redécouvrir la ville après des années. Hors c'était bien ici qu'il faisait sa vie, depuis tout ce temps. Le parc, le bon vieux cinéma, le restaurant où il avait emmené Luna des dizaines de fois parce qu'elle se plaignait de ne pas savoir cuisiner et d'un jour l'empoisonner. Et puis, il y'avait aussi cette fameuse boutique de fleurs qu'elle aimait tellement. Cette femme avait un amour pour les plantes assez inexplicable. Elle les traitait comme s'il s'agissait d'êtres humains. Et enfin, cet immeuble, ce parking, cet ascenseur qui marchait une fois sur deux et ces escaliers qu'il montait dix par dix.

Il inséra la clé dans la serrure puis entra dans l'appartement. Après avoir jeté vulgairement sa veste sur le canapé du salon, il se rendit dans la cuisine question de concocter de quoi manger pour sa dulcinée. Endormie depuis une semaine, à son réveil, elle serait très faible à coup sûr. Mais quand il la vit, assise à table, les cheveux attachés et humides avec un peignoir sur elle, son cœur fit un gros boum dans sa poitrine. Premièrement, parce qu'elle était toujours aussi belle, et deuxièmement, parce que le moment M était finalement arrivé plus tôt que prévu. Le visage de la jeune femme était fatigué, et elle buvait un chocolat chaud. Certainement qu'elle n'avait pas trouvé la force de se faire à manger. Elle leva les yeux sur lui. Milo lui fit simplement un sourire, mais elle l'ignora en replongeant dans son bol.

Le chevalier d'or ne se laissa pas abattre pour autant. Il entra dans la cuisine, se mit derrière elle et posa ses lèvres sur sa joue.

-Je vais te faire à manger, dit-il.

Il ôta sa cravate, déboutonna les premiers boutons de sa chemise, ouvrit le frigo et en sortit des légumes.

-Je sais que tu n'aimes pas ça, mais tu dois reprendre des forces. Je passerai à la pâtisserie pour te prendre une tarte aux fruits comme dessert, ça te va ?

Il ne s'attendait pas vraiment à une réponse. Il commença sa recette en coupant les légumes, les mit en pagaille dans une casserole remplie d'eau, les mélangea avec toute sortes d'épices et mit le tout au feu. Vingt minutes de cuisson, mais surtout de silence pesant. Une fois la soupe prête, il versa le tout dans un plat, prit une assiette qu'il posa devant Luna et la servit. Il s'assied ensuite près d'elle, plongea une cuillère dans la soupe et la tendit à la jeune femme. Mais elle n'ouvrit pas la bouche pour autant. Milo se doutait bien que ce n'était pas parce qu'elle avait horreur des légumes, cette fois ci… Il reposa la cuillère dans l'assiette, saisit la jeune femme par la taille pour la mettre sur ses genoux et la prendre dans ses bras.

Luna, encore à moitié endormie ne sut comment réagir. Ses sourcils se froncèrent, mais à cause de son épuisement, elle ne trouva en aucun cas la force de le repousser.

-Tu es toujours aussi gonflé…, avait-elle gémis.

Milo en sourit.

-Disparaitre du jour au lendemain, sans donner de nouvelles, et me prendre dans tes bras comme ça, comme si de rien n'était.

Mais c'était aussi cette attitude qui caractérisait le scorpion. Se comporter ainsi faisait partie de sa nature. C'était un sacré défaut dans la vie quotidienne, mais une excellente qualité en tant que chevalier.

-Je le fais parce que je suis heureux de te revoir, répondit-il.

Luna manquait de courage. Elle ne trouvait pas l'audace de lui dire que plus rien n'était réciproque, qu'elle n'était pas du tout heureuse de le revoir, qu'elle voulait quitter cet appartement comme elle avait quitté cette entreprise, et recommencer une nouvelle vie loin de lui. Elle le pensait bien fort, mais ne parvenait pas à le dire, à le montrer. Mais elle avait déjà demandé le divorce. Elle savait bien qu'un jour ou l'autre, elle devrait le confronter et le lui dire clairement, et elle savait que ce ne serait pas de tout repos.

-Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? continua le scorpion.

-Hein ?

-Pour me faire pardonner. Qu'est-ce que je dois faire ?

-Je veux savoir d'où viennent les plaies sur ton visage.

Un silence s'écroula sur la pièce.

-Mais comme d'habitude, continua l'égyptienne, tu me mentiras, ou changera de sujet, ou ira t'enfermer dans ton bureau en prétextant avoir du travail. Que tu disparaisses pendant des jours est déjà si curieux, alors quand en plus de ça, il faut que tu reviennes blessé…

Elle quitta ses bras pour regarder le visage de son époux.

-Milo… Je te le demande pour la dernière fois. Où est-ce que tu vas comme ça ?

Le chevalier d'or soupira. Il détestait entendre cette question, il ne pouvait pas lui dire la vérité. C'était interdit. De plus, pour qui est-ce qu'elle le prendrait, s'il lui avouait tout. Pour un fou ? Un homme bizarre ? Une sorte d'entité malfaisante aux pouvoirs inhumains ?

-Tu as une autre famille ailleurs, n'est-ce pas ?

-Quoi ? Non, pas du tout !

-Tu es un hors la loi ?

-Non Luna…

-Alors quoi ?!

-Ecoute moi… Tout ce que je peux te dire, c'est que je t'aime réellement… Je t'en prie, fais moi confiance.

-Tu ne m'aimes pas.

Elle avait prononcé cette phrase avec une certaine évidence, comme si elle y avait réfléchit depuis longtemps.

-Si tu m'aimais, tu ne partirais pas comme ça, pendant des mois, sans rien me dire, sans me dire où tu vas, tu ne me laisserai pas toute seule. Et pourtant, depuis que nous sommes mariés… C'est ce que tu fais. Tu me mens, tu me caches des choses… Laisse tomber.

Luna se leva et quitta la cuisine, pour se rendre dans la chambre. Elle saisit son sac, en sortit une chemise et saisit tous les papiers que l'avocate lui avait donné. Elle revint ensuite dans la cuisine, posa les documents en face du chevalier d'or.

-Je demande le divorce. Je ne veux plus jamais te revoir.