Rating: 18/ M / NC-17

Disclaimer: Tous les personnages de Stargate Atlantis sont la propriété de la MGM.

Notes de moi: je me suis inspirée de l'épisode « Duet », mais sans en respecter tous les détails. Cette fanfic contient des scènes imagées décrivant une relation entre deux hommes qui peut choquer certaines personnes.
Mon but n'était pas de faire une simple histoire de sexe, mais d'imaginer comment une relation entre deux hommes qui s'aimeraient pourrait évoluer. Si vous avez des critiques ou des suggestions pour améliorer cette histoire, n'hésitez pas à m'en faire part.

Attention ! 1er chapitre LEMON


« Note du 15/ 11 »
« ... La forme de possession physique dont était victime le docteur McKay semble être finie. Le docteur est physiquement en bonne santé et ne semble souffrir d'aucun traumatisme quelconque. J'ignore les tenants et les aboutissants de cette histoire, mais les faits sont là: le comportement du docteur McKay était anormal, puis s'est amélioré soudainement. Ceci dit, il serait étonnant qu'il accepte de nous éclairer sur ce qui s'est passé, vu les conséquences imprévues et troublantes de cette possession pour lui-même et pour les autres... »

Carson s'arrêta et regarda le curseur noir clignoter sur l'écran de son ordinateur de travail. Qu'est-ce qu'il pourrait bien mettre après ça ? Toutes ses constatations médicales, il les avait déjà reporté. Alors pourquoi est-ce qu'il écrivait encore ?
Peut-être pour exorciser un souvenir. Le souvenir de l'homme qui l'avait embrassé. Oui, c'était ça. Parce que ça le rongeait intérieurement, ce sentiment qui s'était emparé de son esprit. Alors écrire lui révélerait peut-être que ce n'était rien, un moment d'égarement, l'erreur d'une âme en perdition.
Il savait que Rodney ne lui dirait rien. Primo ce n'était pas son genre de parler d'une histoire aussi troublante. Secundo, son individualisme devait en avoir pris un sacré coup, lui qui était habitué à tout contrôler. Pourtant il aurait aimé savoir; savoir ce qu'il avait ressenti, comment il l'avait vécu, cette perte de contrôle de son être. Avait-ce été un combat ou une connivence ? Avait-il lutté ou s'étaient-ils accordés ? Et, bon sang, qui l'avait embrassé ?!

Il soupira, le visage dans les mains, cherchant une réponse qui ne venait pas. Le froissement des draps d'un des lits le sortit de ses pensées pendant quelques secondes. Mais non. C'était juste Rodney qui s'était retourné dans son sommeil. Il observa son ami un instant, puis passa une main dans ses cheveux ébouriffés, indécis. Qu'allait-il faire ?
Soudain, profitant de l'arrivée d'un des infirmiers, Beckett boucla son dossier, éteignit l'écran et, ôtant sa blouse, il partit prendre l'air.

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L'air du large le frappa de plein fouet lorsqu'il sortit. Pour parvenir à être seul, même dans cette immense cité, il fallait maintenant s'éloigner des tours, s'éloigner du centre. Alors Beckett s'était trouvé un passage qui donnait sur l'extérieur, à l'extrémité de la ville, au niveau de la mer.
Assis à la pointe ouest, Carson pouvait parfois sentir l'écume des vagues qui s'écrasaient contre les parois de métal, tomber sur sa peau. Les mains croisées, il observait l'horizon, tranquille. Il pensait à l'Écosse. L'Écosse ! Maintenant qu'il était à l'autre bout de l'univers, ces hautes terres perdues, les ''Highlands'' comme on les appelaient, lui manquaient. Et avec, le vent froid des hauteurs, les nuages noirs de l'hiver, la plénitude des Lochs. Là-bas il était chez lui ! Ici il était perdu.
« Ah vous voilà Carson ! La voix le fit se retourner.
- Comment avez-vous su que j'étais ici ? Demanda-t-il au major Sheppard.
- Je vous ai appelé dans les coursives, mais vous ne m'avez pas entendu. J'ai mis du temps à trouver la bonne sortie, mais finalement.
Le médecin devait le regarder d'une manière étrange, car John haussa un sourcil en demandant:
- Quoi ? Je vous cherchais juste pour vous donner une leçon de vol.
- Qu'est... ? Oh non ! Pas encore.
- Merci bien.
- Ce n'est pas contre vous colonel, mais je déteste ces engins-là. Les sensations fortes c'est pas pour moi.
- Fallait pas venir ici alors.
Beckett faillit répliquer « Je sais », mais il se contint.
- Allez venez. Ça vous changera les idées.
- Il y a mieux comme argument.
- Bah à voir votre tête, vous en avez plutôt besoin. »
Renonçant à pouvoir échapper à cette obligation, Carson se leva en jetant un regard de regret à la tranquillité de la mer. Quelques dizaines de minutes plus tard, il était assis à bord d'un des vaisseaux, dans le hangar de la cité.
« Vous n'ouvrez pas le sas supérieur ?
- Pas cette fois. Aujourd'hui, nous allons faire un petit tour dans l'espace.
- Vous ne comptez quand même pas me faire traverser la porte avec cet engin ?
- Eh si !
- Je ne l'ai jamais fait !
- Il y a un début à tout ! Descendez doucement. Voilà !
Ils étaient face au vortex bleuté.
- Et maintenant ?
- Donnez une légère accélération. Légère j'ai dit !
- Désolé... »
Mais sa réponse se perdit dans le sifflement de la traversée.

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Beckett eut le souffle coupé en découvrant l'immensité sidéral qui s'étendait tout autour de lui. Émerveillé par le spectacle, il en oublia les commandes du Jumper, et l'appareil fit une brusque embardée.
« Carson !
Le médecin rattrapa les commandes.
- Désolé !
- Essayez de vous maintenir en ligne droite.
Il s'appliqua, mais ne put empêcher son regard de vagabonder. - C'est vraiment magnifique, murmura-t-il. Que faisons-nous là ?
- J'ai une visite à rendre, à une amie. »
Beckett regarda le colonel sans comprendre. Celui-ci lui fit signe de descendre vers la planète qui se trouvait à leur gauche. Ils posèrent l'appareil dans une zone déboisée, déserte. John sortit le premier. Carson le suivit, ébloui par le soleil. Il demanda:
« Le Dr Weir sait que nous sommes là ?
- Bien sûr ! Sinon comment aurais-je eu le droit d'ouvrir le vortex ?
- Logique. »
Il observa l'environnement. Jusqu'ici, il n'avait quasiment jamais quitté la base d'Atlantis. Tout en suivant Sheppard, il détailla la végétation luxuriante, le ciel légèrement violet, les ruines apparaissantes.
John pénétra dans ces ruines sans aucune hésitation. Il savait manifestement où aller. Au bout de quelques minutes à marcher dans un dédale de pierres et de verdure, ils s'arrêtèrent face à une jeune femme que Carson reconnut.
C'était Chaya, une Ancienne. Lorsqu'elle avait voulu protéger le peuple de cette planète des Wraiths, ses condisciples l'avaient condamnée à rester ici-bas éternellement pour veiller sur eux, et uniquement sur eux. La pauvre se trouvait bloquée à jamais ici, forcée de contempler les événements sans jamais pouvoir intervenir.
John détailla sa silhouette avec nostalgie. Pourquoi avait-il fallut que cette beauté se révèle être une Ancienne ? Pourquoi avait-il fallut qu'elle soit condamnée à rester sur cette planète ? Elle qui l'avait tant séduit!
« Bonjour John. Docteur.
Beckett répondit à son salut, toujours étonné. Sheppard comprit et lui expliqua:
- Je rends régulièrement visite à Chaya. Vu que je n'ai pas encore été foudroyé sur place, j'en conclus qu'ils voient ça d'un bon œil, là-haut. »
Carson sourit et se détendit. Sans un bruit, il flâna dans les ruines tandis que John et la jeune femme discutaient pendant un bon moment. Il finit par s'asseoir près d'une fontaine, et ferma les yeux en écoutant le bruit de l'eau. Pendant plusieurs minutes, il apprécia le calme infini des lieux. « Que faites-vous ? Vous ne vous joignez pas à nous ?
Beckett sursauta et rouvrit les yeux. L'Ancienne marchait vers lui. Il se redressa et se passa la main dans les cheveux.
- Je ne voulais pas vous ennuyer. Vous étiez en grande discussion. Et puis cet endroit me plaît.
La jeune femme contempla les ruines. Elle vint s'asseoir près du médecin, un doux sourire aux lèvres.
- Il est magnifique c'est vrai. Paisible et isolé. Mais la solitude est parfois pesante.
Ils se turent tous deux. Chaya observait en silence le visage soucieux de Carson.
- Quelque chose ne va pas, docteur Beckett ?
- Quoi ? Heu, non rien.
Comme elle regardait d'un air dubitatif, il sourit.
- J'ai juste... Je pensais.
Qu'est-ce qu'il racontait !
- Votre esprit est si encombré. Pourquoi tant de soucis ?
- Ce n'est jamais facile de s'apercevoir qu'il y a des failles dans une vie, de se rendre compte qu'on ne se connaît pas.
- Parfois l'évidence est sous notre nez, fit-elle en souriant. Mais l'on ne sait pas l'accepter. Et puis, se poser des question est le propre des hommes sages. C'est ainsi que l'on s'élève.
- Peu m'importe ce genre d'élévation. C'est égoïste, mais tout ce qui nous importe dans cette vie c'est d'être.
Il s'arrêta, craignant d'en avoir trop dit.
- Heureux ? En général, vous les humains l'êtes lorsque vous aimez.
Il hocha la tête.
- Mais comment peut-on l'être en n'ayant que des doutes ? Des doutes si puissants qu'ils vont à l'encontre de la normale ?
- Les doutes peuvent se transformer en certitudes. Le plus dur est finalement de ne pas confondre amour et affection.
Carson se rendait compte que la jeune femme savait pertinemment de quoi il voulait parler. Mais cela le soulageait. Jamais elle ne le jugerait pour ses pensées ou ses confidences. Son regard n'était ni apitoyé ni condamnatoire.
- C'est une tâche impossible. Comment savoir ce qu'il y a dans son cœur et dans le mien ?
- Les questions que vous voudriez lui poser, posez-les vous d'abord. Puis, en fonction de vos propres réponses, vous saurez quoi faire.

- Je ne suis sûr de rien, pas même de ses propres actes ni de ses propres pensées. Qui a agit ? Lui ou cette âme qui le possédait ?
Il se tut soudain en s'apercevant de ce qu'il venait de dire. Mais l'Ancienne ne semblait pas choquée. D'ailleurs, pensa-t-il, qu'est-ce qui pourrait choquer un être âgé de plusieurs milliers d'années ?
- Il n'y a qu'une personne qui puisse répondre à votre question.
- Lui demander en face ? Je n'en aurai jamais le courage. Les sentiments humains sont complexes. Il n'y a guère que dans les histoires que tout est simple.
- Vous seul savez quelles émotions siègent dans votre coeur. Il ne tient qu'à vous de les dévoiler... ou pas. »
Le regard de Carson s'éclaira. Elle venait de lui donner une clé.

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Quelques jours plus tard, Beckett travaillait à l'infirmerie lorsque Zelenka, le scientifique Tchèque, arriva, poussant presque Rodney. Ce dernier avait les traits tirés.
« Qu'est-ce qui se passe ?
- Il se passe que le Dr. McKay s'est encore évanoui.
- Vous ne pourriez pas définitivement employer un autre mot ? Ça fait vraiment fillette ! Répliqua ce dernier. Et puis je me suis relevé. C'était pas la peine de m'emmener ici.
Carson secoua la tête avec désespoir.
- Je vous ai déjà dit de ne pas jouer avec l'hypoglycémie, Rodney. Vous travailliez sur quoi cette fois-ci ?
- Le Dédale avait des problèmes de propulsion. Qui vouliez-vous qui s'en occupe ? Les Asgards ?
- Je ne sais pas si vous vous en rappelez, fit le médecin en remplissant une seringue, mais l'hypoglycémie peut être mortelle. - Qu'est-ce que c'est ?
Un petit cocktail d'énergie.
- Je déteste les piqûres.
- Arrêtez de faire l'enfant. Soit vous me donnez votre bras soit je demande au major Sheppard de venir m'aider, et c'est ailleurs que vous sentirez cette piqûre !
Zelenka ne put étouffer un petit rire. McKay écarquilla les yeux.
- Vous n'oseriez pas !
- Vous voulez essayer ? Répondit-il, toujours armé de la seringue.
- Je préfère ne pas voir ça ! Fit le Tchèque en sortant de la pièce, toujours pouffant.
- C'est ça, moquez-vous ! D'accord, d'accord ! » Fit le scientifique en tendant son bras à Beckett.
Après avoir injecté le produit, Carson remballa son matériel. Ce faisant, il ne put s'empêcher de remarquer:
« Faites quand même attention, Rodney. Ça fait plusieurs fois que vous tombez dans les pommes depuis que nous sommes sur Atlantis.
- D'habitude je pense à manger ! Protesta-t-il. Mais là j'étais trop occupé.
- N'empêche que de tous les occupants de cette base, c'est vous qui êtes les plus souvent passé à l'infirmerie. Si vous cherchez à battre des records, c'est réussi.
- La dernière fois c'était pas de ma faute. J'étais pris en otage par quelqu'un d'autre.
- Oui, une autre âme dans votre propre corps. Vous avez eu beaucoup de chance que ce ne se soit pas mal terminé.
- Dans un sens, oui.
Le médecin se tut, respectant le silence de son ami. Mais bizarrement, ce fut Rodney qui continua.
- C'était étrange comme sensation. Je savais qu'elle ne me voulait pas de mal. Je pouvais agir à travers elle comme elle pouvait agir à travers moi.
Il eut un silence.
- J'aurais peut-être dû en profiter davantage, conclut-il.
- Vous n'avez pourtant rien fait de spécial lorsque vous étiez vous-même.
- Si, deux ou trois petits trucs. Mais comme d'habitude lorsqu'il ne s'agit pas de travail, j'ai encore fait les choses à moitié. »
Comme s'il en avait trop dit, il descendit brusquement du lit et, après avoir salué Beckett, sortit de l'infirmerie.

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La nuit était tombée. Assit à l'extrémité de la cité, les mains croisées sur ses genoux, Carson contemplait les deux lunes qui se levaient sur l'océan. Quoiqu'en réalité, son regard était perdu bien au-delà de ce paysage.
Il n'y avait que dans les films que quelqu'un arrivait toujours au bon moment et trouvait les mots justes, ceux qui font accomplir des miracles. Mais dans la réalité, il en était tout autrement. Carson ne savait pas quoi faire.
Il prenait lentement conscience de ce qu'étaient ses véritables désirs. Mais entre savoir où se trouvait son bonheur et pouvoir être heureux, il y avait un fossé que son esprit se refusait à franchir. Le terme de gouffre était peut-être même mieux adapté.
Quelle certitude pouvait assurer que ce n'était pas une passade ? Pouvait-il aimer un homme sans aimer les hommes ? Qui plus est, son empathie naturelle avait une nette tendance à lui faire mélanger tous ses sentiments entre eux. Secouant la tête, Beckett reprit tout à zéro.
De quoi était-il sûr ? Il était sûr que le baiser de Rodney l'avait troublé. L'aurait-il autant été si ç'avait été un autre ? Difficile à dire, mais il croyait que non.
Il était sûr que ce n'était pas une histoire de sexe. Jamais il n'avait été attiré par un homme pour son physique. Par une femme non plus, d'ailleurs.
Non, il fallait essayer ailleurs. Mais aucune pensée ne lui apportait de réponse satisfaisante. Il avait beau chercher.
Dieu que c'était compliqué !

Les deux lunes étaient maintenant hautes dans le ciel et Carson n'avait toujours pas envie de rentrer. Il laissa pendre ses jambes dans le vide, à quelques mètres au-dessus de l'eau, et s'allongea pour admirer les étoiles de la galaxie Pégase.
Perdu dans ses pensées, il n'entendit même pas les pas qui résonnaient sur la paroi métallique. Ce fut seulement lorsque quelqu'un se pencha au-dessus de lui qu'il sursauta.
« On peut savoir ce que vous faites là ?
- Rodney ?
- Je vous retourne la question. Comment avez-vous su que j'étais ici ?
- Kowashi a fait une fausse manipulation; le détecteur biométrique s'est chargé et a détecté une forme de vie juste au bord de la cité. On se demandait pourquoi quelqu'un s'était rendu là quand Sheppard nous a dit que vous y alliez souvent.
Beckett se mit sur son séant, lui tournant le dos.
- J'ai pas besoin de nounou.
- D'accord, d'accord. Quelle humeur !
Le médecin soupira.
- Désolé.
Il regarda le blouson posé à côté de lui, peu pressé de rentrer.
- Pourquoi êtes-vous venu me chercher ? Je risque de casser quelque chose ici ?
- A priori non, mais allez savoir. Doué comme vous êtes.
En entendant cette allusion à sa mésaventure avec le drone de combat des Anciens, Beckett fit la grimace.
- Je vous avais dit de ne pas me mettre sur ce truc.
- C'est assez sadique de ma part, mais je dois dire que j'adore voir votre tête quand vous approchez ce siège. On dirait que vous avez peur qu'il vous explose à la figure.
- Un peu je dois dire.
- Et vous croyez que je le laisserai exploser avec vous dessus ?
Le médecin leva les yeux au ciel.
- Si c'est encore un truc pour que je vous dise que c'est vous le meilleur.
- Non. C'est juste la vérité. »
Il s'était accroupi à côté de lui. Beckett le regarda.
Il pouvait. Là, maintenant, il pouvait lui demander pourquoi. Il pouvait le crier. Pourquoi ? Pourquoi l'avoir embrassé ? Était-ce bien lui qui l'avait fait ?
Mais ses entrailles restaient nouées. Aucun son ne s'échapperait de ses lèvres. Pourquoi ? Parce qu'au fond, Beckett avait peur de la réponse à sa question. Il avait peur parce qu'il savait qu'une réponse négative le briserait.
Il sursauta à cette pensée.
Il avait peur de la réponse de Rodney parce qu'il l'aimait.
Carson baissa la tête et poussa un soupir. Ce n'était pas ça qui allait lui simplifier la vie.
McKay se méprit sur le pourquoi de cet abattement.
« Ça ne va pas ?
- Si si. Je pensais juste que.
- Que quoi ?
- Que la vie est bien compliqué.
- A qui le dites-vous. Nous sommes perdus sur une cité inconnue, à des milliers d'années-lumière de notre galaxie, avec des Wraiths mangeurs d'hommes qui rêvent de faire de nous leur petit- déjeuner.
Carson se rallongea, les mains croisées sur sa poitrine.
- Vous devriez vous détendre Rodney, sinon un jour vous nous ferez une attaque.
McKay secoua la tête.
- Facile à dire.
Mais son ami n'écoutait plus. Il contemplait la nuit. Pris d'une crampe, le scientifique finit par s'asseoir lui aussi.
- Je me demande si on pourrait voir notre galaxie d'ici, fit soudain Beckett.
- Avec le bon matériel, oui.
- On ne sait même pas où elle est.
Rodney leva la tête vers le ciel étoilé.
- Si. La Voie Lactée est quelque part par là.
- Où ?
- Dans la zone à votre droite.
- Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
- On est bien d'accord.
Le silence se fit. Soudain, l'on entendit la voix de McKay.
- J'aurais pas dû la laisser partir.
- De quoi ?

- Le lieutenant, l'esprit qui me possédait.
- Posséder. Signification: détenir quelque chose. Mais ça veut aussi dire dominer, manipuler, avoir à sa disposition. Et vous n'êtes pas du genre à supporter ce type de situation.
- C'est vrai, mais des avantages auraient été subséquents.
- Quels avantages ?
- J'aurais pu faire un tas de trucs fous sans me soucier des conséquences.
- Assumer ses actes est primordial. C'est ce qui fait de nous des adultes. J'aurais cru que vous adhériez à ça plus que n'importe qui d'autre.
- Oui. Mais c'est parfois pesant d'être enfermé dans un rôle de savant sage.
- Si c'est un rôle pour vous, vous le jouez drôlement bien.
- Mais j'aimerai bien pouvoir rejeter tous les carcans, juste une fois de plus.
- Une fois de plus ?
- Comme l'autre jour, et... Oups !
Rodney se mordit les lèvres. Voilà pourquoi il ne parlait presque jamais de lui. Quand il le faisait, il laissait toujours échapper ce qu'il ne fallait pas.
- L'autre jour ?
Beckett le regardait d'un air déconcerté sur lequel il se méprit. Croyant qu'il en voulait d'avoir menti, il craqua.
- Ça va. J'ai menti sur le moment où elle m'a rendu le contrôle de moi-même. Je voulais en profiter.
Carson écarquilla les yeux. Il commençait à comprendre.
- Tout le monde a cru que c'était elle qui me commandait. Si je n'avais pas dit ça, vous m'auriez sans doute cassé la figure.
- Alors c'était vous qui... ?
McKay le coupa sans le vouloir.
- Ça y est, j'ai avoué que j'étais complètement fou. Maintenant si vous le voulez bien, je vais aller m'enterrer à l'autre bout de cette ville, voire même de l'autre côté de cette planète. »
Et il partit, laissant sur place un Beckett écrasé par la surprise.

o0o0o0o0o0o

« Qu'est-ce qui vous arrive Rodney ? A vous voir on dirait que la fin du monde est proche.
Le menton posé sur ses bras croisés, McKay leva un regard sinistre vers le Tchèque. - A ce point ?
- Sur une échelle de démoralisation de un à dix, je vous mettrai douze.
Il termina d'écrire une note, puis continua.
- Qu'est-ce qui n'a pas marché comme vous vouliez ?
- Pourquoi serait-ce ça ?
- Parce que ce sont les échecs qui vous rendent fou. »
« Tout faux ! » Pensa le scientifique, le regard à nouveau perdu dans le vide. Absorbé par ses pensées, il n'entendit pas Zelenka lui souhaiter bonne nuit, pas plus qu'il ne vit toutes les lumières du bureau s'éteindre. Il restait là, les yeux plongé dans le noir, seulement éclairé par l'écran de veille d'un des ordinateurs.
Il allait mourir de honte. En agissant comme il l'avait fait, il avait libéré le passage à un torrent d'émotions étranges et contradictoires. La sensation qui l'habitait depuis qu'il savait aimer Beckett était paradoxale: un indéfinissable mélange de bonheur et de souffrance. Toute sa joie et sa douleur provenait de la même chose: la présence de cette personne chérie.
Comment pourrait-il jamais affronter son regard maintenant ? Quelle condamnation l'attendrait s'il restait ? Le mépris ou le dégoût ? Jusqu'ici seul le mensonge l'avait tiré d'affaire. Mais au final, la réalité l'avait rattrapé. Pour la première fois de sa vie, Rodney se détestait.

Il n'y avait plus de café. McKay regarda un instant sa tasse vide avec désespoir. Puis comme il n'était pas fana des nuits blanches sans caféine, il se décida à regagner lentement sa chambre.
Une fois arrivé, le scientifique jeta sa veste sur le lit. Il regarda un instant le matelas blanc, les draps toujours rabattus avec la même maniaquerie... Soupirant, McKay sortit sur le balcon. Il voulait oublier cette pièce qui lui apparaissait soudain comme étant la preuve éclatante de sa propre futilité. Rien que du vide, des apparences.
Accoudé à la rambarde de métal, il se mit à siffler un air que sa mère leur avait appris, à lui et à sa petite sœur. C'était un air de ses lointaines racines, un air d'Irlande.

When the dark wood fell before me And all the paths were overgrown,
When the priests of pride say there is no other way,
I tilled the sorrow of stars

I did not believe because I could not see Though you came to me in the night.
When the dawn seemed forever lost,
You show me your love in the light of the stars.

Cast your eyes on the ocean.
Cast your soul to the sea.
When the dark night seems endless,
Please remember me.

Ça n'avait pas de sens, mais ça faisait du bien. En faisant ce qu'il avait fait, il avait choisi de s'engager dans une voie où tout ce qu'il savait ne lui serait d'aucun secours. Ses souvenirs étaient la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher sans craintes.
Peut-être devrait-il se mettre un peu au vert. Partir loin, loin de cette cité, et essayer de se pardonner ce qu'il avait fait à Carson. Sans trop réfléchir, McKay s'empara d'un bagage qu'il remplit de ses affaires. Et pour partir ? Un Jumper. Le problème était qu'il ne pourrait pas renvoyer le vaisseau à Atlantis une fois sa destination atteinte. Mais le nouveau vaisseau, le Dédale, parviendrait sans doute à repérer l'appareil s'il se débrouillait pour qu'il soit détectable.
Tout en réfléchissant, Rodney avait fermé son sac, quitté sa chambre et parcouru la distance qui le séparait du hangar à Jumpers. Il contempla l'un des appareils avec une once d'hésitation.
Puis brusquement, il ouvrit la porte à l'arrière du vaisseau. Après être entré, il déposa ses affaires dans un des filets, puis se rendit à l'avant pour mettre le Jumper en marche.
Le cockpit s'éclaira à son arrivée. Tout absorbé par ses manipulations, il n'entendit pas le métal résonner derrière lui.
« Rodney ! »

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« Rodney ! »
La voix lui était familière.
Il se retourna pour regarder Carson qui venait de pénétrer dans le vaisseau. A sa vue son coeur fit un saut périlleux, son cerveau se mit à hurler, ses lèvres réprimèrent un tremblement. Il se hâta de retourner au poste de pilotage.
« Qu'est-ce que vous faites dans ce truc à minuit ?
- Et vous ?
- Je vous ai appelé dans un des couloir, mais vous ne m'avez pas entendu. Qu'est-ce que vous allez faire ?
- Je vais travailler.
- Vous allez travailler ?
La voix de Beckett reflétait son incrédulité. Ses yeux tombèrent sur les bagages du scientifique.
- Avec votre brosse à dents ?
Comme McKay ne répondait pas, il se rapprocha.
- Vous ne seriez pas en train de nous fausser compagnie par hasard ?
Rodney se mordit les lèvres.
- Carson, c'est assez délicat comme manipulations. Alors sortez de ce truc ou vous allez me faire faire une erreur.
A ces mots, le médecin se précipita et bloqua la console de contrôle du vaisseau avec sa main.
- Prenez-moi pour un imbécile si vous voulez, mais il est hors de question que vous partiez d'ici.
McKay prit les commandes du vaisseau et tenta de mettre mentalement les moteurs en marche. Mais Beckett le bloqua.
- Laissez-moi faire. - Aucune chance. J'ai plus l'habitude de ces vaisseaux que vous, vous ne m'aurez pas.
- Oh que si !
Les deux hommes se lancèrent dans une lutte mentale acharnée pour parvenir à prendre le contrôle de l'appareil. Les ordres qu'ils envoyaient à l'ordinateur ne cessaient de se contredire. L'affrontement durait depuis déjà plusieurs minutes quand soudain, la porte arrière du vaisseau se referma.
Les deux amis se regardèrent.
- C'est de vous ça ?
- Non.
McKay se précipita pour regarder l'ordinateur.
La seule issue de l'appareil s'était verrouillée.
Le scientifique se retourna.
- Bravo ! Et comment allons-nous faire pour sortir d'ici ?
- Ne me regardez pas comme ça, je n'y suis pour rien. C'est vous qui avez donné un mauvais ordre.
Au même moment, tout le cockpit fut plongé dans l'obscurité. Seules restaient les faibles lumières à l'arrière du vaisseau.
- Bah voilà autre chose.
Rodney observa l'intérieur du Jumper.
- L'ordinateur s'est déconnecté lui-même.
- Comment ça se fait ?
- Il a dû considérer que nos ordres étaient trop contradictoires pour être respectés.
- Ce machin est plus intelligent que je ne l'aurais cru, fit Beckett. Et combien de temps cela va-t-il durer ?
- J'en sais rien. »
Ils s'assirent chacun de leur côté et se turent. Au bout de quelques minutes, Beckett ne put s'empêcher de demander:
« Rodney ?
- Oui ?
- Les lumières de ce truc ont beaucoup d'autonomie ?
- J'en sais strictement rien. Pourquoi ?
- J'ai horreur du noir.
McKay ne put s'empêcher de pouffer.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.
- Ne vous plaignez pas. Si ça dure trop longtemps, c'est moi qui aurait des problèmes.
- Vous n'aviez pas prévu des réserves de sucres dans vos bagages ? Demanda le médecin d'un ton sarcastique.
- Oh ça va !
- Enfin c'est quand même dingue. Qu'est-ce qui a bien pu vous passer par la tête ? Vous comptiez disparaître avec un Jumper comme ça ?
- Ça aurait très bien marché si vous n'étiez pas arrivé.
- Mais pourquoi vouliez-vous que ça marche ?
- Oh pitié ! Je voulais juste... Partir... Vous ficher la paix.
- Rodney, laissez-moi vous dire que si vous êtes un roi dans le domaine de l'interprétation de la relativité restreinte, il vous reste un sacré chemin à parcourir dans celui du déchiffrement du comportement humain.
Le scientifique se tourna pour regarder ailleurs. Fatigué, Carson se leva et fit pivoter son siège vers lui avant de poser les mains sur les accoudoirs.
- Qu'est-ce qui vous a laissé croire que je voulais être en paix ?
- Mais j'ai.
Le malheureux Rodney n'eut pas le temps de finir sa phrase. Il fut délicieusement interrompu par les lèvres de Carson qui étaient venues se poser sur les siennes.
Le médecin se releva. La petite flamme qui brillait dans ses yeux démentait l'apparente chasteté de son baiser.
- Je n'ai pas du tout envie d'être en paix, seul.
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Je vous montre ce que j'en pense, puisque vous ne me l'avez pas demandé tout à l'heure.
- J'en avais pas le courage.
- Je sais.
Ils se turent. Rodney se leva et tenta de reconnecter l'ordinateur. Il était à deux doigts de réussir lorsque la main de Beckett se posa sur la sienne.
- Laisse tomber.
- Mais.
- Je ne sais pas ce que tu en penses, mais je trouve que nous sommes très bien ici. »
Rodney se retourna pour le regarder. Une fois encore il eut envie de l'embrasser, de l'embrasser comme un fou. Sauf que cette fois, il en avait le droit.
Ses lèvres vinrent effleurer celles de son compagnon qui retint son souffle. Quelques secondes passèrent, puis leurs bouches se rejoignirent avec fièvre.
Ils découvraient un nouveau monde.

Immédiatement la fièvre s'empara d'eux. Leurs langues se cherchèrent, se trouvèrent et jouèrent ensemble. Le scientifique savait exciter ses sens, alternant succions et frôlements, le rendant complètement fou. Carson passa sa main dans les cheveux coupés court de son amant pour intensifier le contact de leurs lèvres.
En même temps, les mains de Rodney se perdirent sous ses vêtements. Il les sentit chaudes, inquisitrices, parcourir son torse, son ventre, son dos. Toujours fébrile, le scientifique glissa ses doigts sous le jean de son compagnon, caressant son sexe à travers le tissu qui le recouvrait. L'effet fut immédiat. Carson sentit l'excitation monter à vitesse grand V, et Rodney le sentit se raidir sous ses doigts. Souriant à cette sensation, il défit lentement la ceinture puis les boutons du vêtement avant de le faire glisser le long de ses jambes. En même temps Carson lui avait déjà ôté son tee-shirt, et ses lèvres embrassaient sa poitrine musclée, enveloppant les pointes de ses pectoraux, les suçant comme il l'aurait fait d'une friandise. A ce contact, il ferma les yeux, essayant de ne pas perdre sa concentration. Il sentait sa langue jouer avec les pointes de ses tétons durcies par le plaisir. Dieu que c'était bon !
Tandis que Carson se redressait pour reprendre son souffle, il en profita pour s'agenouiller devant lui. C'était la première fois qu'il faisait ça, mais l'assurance ne lui manqua pas. Il fit glisser le boxer noir, dégageant son sexe engorgé de sang. La vision de son membre fièrement dressé ne fit qu'attiser son envie, et il commença à l'embrasser lentement. Ce premier contact fit tourner la tête de Carson. Passant sa main dans ses cheveux noirs, il attendait que Rodney soit prêt.
Soudain il sentit une langue chaude l'envelopper. Posant ses mains sur ses fesses, Rodney engloutit son sexe dans sa bouche sans hésitations. Le contact des chairs brûlantes était terriblement excitant, et Carson dut se retenir pour ne pas jouir immédiatement. Il voulait faire durer le plaisir.
Rodney commença alors à faire de lents va-et-vient. Son amant sentit ses mains serrer la chair de son fessier, la pinçant parfois. Mais la légère douleur ne fit que renforcer son plaisir. Caressant la tête de son ami, il l'incita à continuer, à accélérer. Il ne se fit pas prier et le suça plus vite, plus profondément. L'excitation fut bientôt à son paroxysme, et il ne fallut que quelques secondes avant que Carson ne jouisse.
Le médecin tomba lui aussi à genoux pour continuer le jeu de leurs langues qui l'émoustillait tant. Rodney prit son visage à deux mains pour l'embrasser plus profondément, les yeux toujours fermés sous l'effet de la fièvre. Leurs corps se serrèrent, et Carson sentit avec satisfaction une bosse se former sous les habits de son amant, contre son propre bas-ventre. Il faufila alors sa main contre sa peau, derrière l'élastique de son boxer, et enserra son pénis entre ses doigts. Le souffle de Rodney s'accéléra tandis qu'il caressait son sexe avec une douceur qui relevait de la torture.
Finalement, Rodney se releva et l'invita à en faire de même, tout en se débarrassant de ce qui lui restait de vêtements. Leurs corps se serrèrent. Ils étaient torse contre torse, verge contre verge. Chacun pouvait sentir sa propre palpitation et celle de l'autre. Au contact de leurs muqueuses, le désir de Rodney se fit plus violent. Il posa ses mains sur les fesses de son amant, les serrant avec force. Puis, lentement, il introduisit un doigt, puis deux en lui. Il le sentit frémir lorsque ses doigts s'emparèrent de son intimité;. Ses muscles étaient tendus, mais les lents va-et-vient de Rodney, les caresses de ses lèvres sur sa peau le détendirent peu à peu. Le désir augmenta à nouveau. Il voulait Rodney; il voulait le sentir en lui. Prenant sa main, il l'amena à l'arrière de l'appareil, près des couchettes. Soudain le jeu devint plus sauvage. Sachant que son amant n'attendait que ça, Carson l'embrassa encore, mais cette fois plus violemment. Il voulait de la force, de la passion, des sensations. Il mordit légèrement ses lèvres, le sentant répondre à son invitation. Effectivement, il le serra avec plus de vigueur, sa langue suçant la sienne presque sans interruption. Puis Carson se retourna, serrant toujours ses doigts entre les siens. Rodney comprit ce qu'il désirait. Ce serait plus douloureux, mais aussi bien plus intense. Le jeu allait devenir intéressant.
Sans cesser ses caresses, il le pénétra brusquement. La vive douleur qui s'éveilla en lui fut presque immédiatement remplacée par le plaisir, un plaisir nouveau, intensifié par les mouvements rapides de son partenaire. Il le sentait vibrer en lui, heurtant sa prostate dans d'âpres va-et-vient, ses mains posées sur ses hanches. Ses sens étaient perdus. Jamais il n'aurait cru y prendre tant de plaisir.
Mais soudain Rodney se retira. Il ne comprit pas, jusqu'à ce que son amant vienne s'allonger sur la banquette, la tête calée par leurs vestes. L'idée de varier les positions lui plut.
Carson s'agenouilla au-dessus de son compagnon, plaçant son sexe à l'entrée de sa propre intimité. Puis Rodney le pénétra encore, sous un angle nouveau. Mais cette fois c'était lui qui fixait le rythme. Les gestes lui venaient naturellement. Il venait s'empaler sur la verge de son amant, toujours avec la même force. Ce simulacre de violence décuplait ses sensations. Rodney ferma les yeux, se mordant les lèvres pour ne pas céder tout de suite. Mais Carson avait une façon de se mouvoir, de bouger son bassin qui le rendait complètement fou. Pour déboussoler son amant et faire durer le plaisir, il se remit alors à caresser le pénis qu'il sentait vibrer contre son bas-ventre. Sa manœuvre eut l'effet escompté. Surpris, Carson ralentit le rythme pour ne pas s'abandonner trop vite. Rodney sentit le membre se raidir à nouveau entre ses doigts. Excité par ce contact supplémentaire, Carson reprit involontairement ses mouvements rapides, et la tension augmenta dans leurs corps. Cette fois ils ne pourraient plus se retenir. Il fit durer le plaisir de la pénétration jusqu'au bout, jusqu'au moment où Rodney, à bout de forces, s'abandonna à l'orgasme. La perception de sa jouissance entraîna celle de Carson qui souilla le bas-ventre de son amant avant de retomber contre sa poitrine, épuisé, à bout de souffle. Les yeux fermés, il cala sa tête dans le creux de l'épaule de Rodney tandis que leurs corps s'apaisaient.
o0o0o0o0o0o Allongés l'un contre l'autre à l'arrière du vaisseau, les deux hommes goûtaient ces instants de calme. Adossé à l'une des parois, Carson promenait distraitement ses doigts sur le tee-shirt de son compagnon qui s'était endormi, la tête posée sur sa poitrine. Quelques heures seulement s'étaient écoulées depuis qu'ils étaient enfermés dans cet appareil. Ils devaient être au milieu de la nuit, mais lui-même n'était pas pressé que le jour arrive. Ce Jumper était soudain comme un nouveau refuge. C'était ici qu'il avait commencé une nouvelle partie de sa vie, et le quitter, même si ce n'était qu'un symbole... Eh bien, cela l'attristait. Il appuya sa tête contre le métal, détendu. Il sentait la poitrine de Rodney se soulever sous sa main, et ce contact l'émut à nouveau. Ses yeux se fermèrent.
Tout à coup Carson sursauta. Il venait de sentir le corps de son amant trembler contre lui. Un tremblement qui ne paraissait pas naturel. Ses réflexes de médecin reprirent le dessus et, soudain inquiet, il posa ses doigts sur la tempe de Rodney. Son coeur battait en accéléré et sa peau se recouvrait d'une sueur importante. Carson ferma les yeux en se maudissant. Rodney faisait une crise d'hypoglycémie aiguë.
Il l'allongea et se jeta sur la trousse d'urgence du vaisseau. Mais rien ne pouvait l'aider. Carson était bon médecin, mais il ne pouvait pas accomplir de miracles. Rodney avait besoin de soins. Ce qu'il avait pris pour du sommeil était en fait un évanouissement progressif et dangereux. Il y avait urgence.
Pestant contre lui-même, il chercha une solution. Aucun d'entre eux n'avait emporté de radio et la porte du Jumper était toujours verrouillée par sa faute, puisqu'il avait arrêté son compagnon alors qu'il allait la rouvrir.
Le souffle court, il regarda Rodney, puis la console de contrôle du vaisseau. Il avait toujours été nul pour commander ces engins, mais l'urgence lui donnait une motivation supplémentaire. Fermant les yeux, il se concentra sur la réactivation de l'ordinateur de bord. Son visage se crispa sous l'effort et la tension. Il fallait que cette chose réagisse, qu'elle lui obéisse !
Au bout de quelques secondes qui lui parurent quelques siècles, le cockpit s'éclaira à nouveau. Carson faillit crier de soulagement. Il se jeta sur la commande d'ouverture de la porte, et celle-ci s'abaissa dans un léger crissement. Maintenant il lui restait à porter Rodney jusqu'à l'infirmerie.
Glissant son bras sous ses aisselles, il souleva le scientifique et agrippa sa main après l'avoir passé sur ses propres épaules. Ainsi chargé, et priant pour que ses forces ne le trahissent pas, il porta le corps de son ami jusqu'à l'escalier. Il y avait deux niveaux entre le hangar et l'infirmerie. En temps normal Carson aurait cédé avant le second escalier. Mais la pression, la peur de voir Rodney sombrer dans un coma profond déclencha une décharge d'adrénaline telle qu'il parvint à l'infirmerie presque sans difficulté. Pénétrant dans la pièce à peine éclairée, la chance voulut qu'il tomba sur l'une de ses infirmières qui travaillait. Celle-ci se précipita pour l'aider à allonger son compagnon sur un des lits.
« Il fait une crise d'hypoglycémie aiguë. Passez-moi le cocktail que j'injecte habituellement.
- Depuis quand est-il comme ça ?
Pris au dépourvu, Carson se mordit les lèvres. Il se rattrapa avec un demi-mensonge.
- C'est arrivé tandis qu'il dormait. Mais ça dure depuis plus d'un quart d'heure je pense. Difficile à dire.
- Il faut augmenter sa glycémie.
- Je sais. Mais est-ce que vous avez du glucagon pur ?
- Bien sûr que non.
- Donc ce truc est sa meilleure chance. Donnez-moi la seringue.
Il introduit l'aiguille dans la pliure de son bras en essayant de trembler le moins possible. Une fois le liquide injecté, Carson posa ses doigts sur son cou, suivant son pouls. Quelques secondes s'écoulèrent. Puis le rythme cardiaque commença à s'apaiser. Les tremblements s'atténuèrent puis disparurent. Le souffle se fit plus régulier.
L'infirmière le regarda.
- Vous croyez qu'il s'en sortira sans séquelles ?
- J'espère. De toute façon on ne peut pas faire grand-chose de plus. Merci Cécilia. »
Après l'avoir aidé à mieux installer le malade, la jeune femme lui demanda la permission de se retirer. Carson la lui accorda d'autant plus volontiers qu'il préférait veiller seul. Une fois qu'elle fut partie, il éteignit toutes les lumières, ne laissant que celle d'une lampe de bureau. Les aiguilles de sa montre indiquaient qu'il était presque trois heures du matin.
Beckett regarda le visage de son compagnon. Il ne pouvait plus rien faire d'autre qu'attendre son réveil, en priant pour que la crise n'ait pas été trop grave.

o0o0o0o0o0o

Il était huit heures du matin. Alors que le soleil venait à peine de se levait, Sheppard entra dans l'infirmerie. Il s'arrêta net.
Carson s'était endormi. A force de veiller son compagnon, il avait cédé au sommeil. Sa tête était allongée sur ses bras, au bord du lit. Rodney, lui, ne s'était pas encore réveillé.
Sans faire du bruit, John s'approcha du médecin et le secoua doucement. Il finit par relever la tête, les yeux à moitié ouverts, les cheveux en bataille. Croyant tout d'abord qu'il avait rêvé toute cette nuit, qu'il s'était endormi ici, il se détrompa en voyant son malade puis le colonel. « Ça va docteur ?
- Oui, fit-il en clignant des yeux. Quelle heure est-il ?
- Huit heures.
Beckett poussa un soupir en passant une main dans ses cheveux. La nuit avait été courte, trop courte. Il n'était pas habitué.
- Qu'est-ce qui est arrivé à Rodney ?
- Une crise d'hypoglycémie. Eh oui ! Encore une ! Dit-il en réponse au regard du jeune homme.
- Sérieuse ?
- Plutôt.
La conversation glissait sur une pente qu'il jugeait encore dangereuse. Aussi changea-t-il de sujet.
- Au fait, vous vouliez quelque chose ?
- De l'aspirine. J'ai un mal de crâne qui ne veut pas passer.
Il prit un tube qu'il lui donna. En même temps il regardait Rodney, espérant que celui-ci allait se réveiller.
- Ça ne va pas ? Fit John en croquant un comprimé.
- Si. C'est juste que... Je n'ai pas beaucoup dormi.
- Vous l'avez veillé toute la nuit ?
- Je n'avais rien d'autre à faire.
- Si, dormir par exemple.
Carson se mordit les lèvres. Il s'était fait piégé.
- Mon royaume pour du café chaud, fit-il en préparant la cafetière. Vous en voulez ?
- Oui, merci. »
Tout en dégustant sa boisson, Sheppard continuait d'observer le scientifique toujours endormi.
« Comment a-t-il pu avoir ce problème ? En général il se jette sur la nourriture dès qu'il se sent fatigué.
Carson but une gorgée de café. Il se sentait mal à l'aise. Primo par ce que le malaise de McKay était de sa faute, secundo parce qu'il devait maintenant composer avec une situation nouvelle et s'aventurer sur une pente plutôt glissante. Mais le major était quelqu'un d'extrêmement intelligent. S'il n'avait pas déjà deviné ce qui s'était passé, cela ne tarderait pas.
« McKay travaillait dans un des Jumpers et avait besoin de moi. Sauf qu'on a fait une fausse manipulation et que la porte du sas s'est fermée et verrouillée. Nous sommes restés bloqués presque trois heures.
Il termina sa tasse de café.
- C'est de ma faute, conclut-il. J'aurais jamais dû manipuler ce vaisseau à la noix. Quand je vous disais que je n'étais pas doué.
John sourit.
- Vous avez raison, c'est sûrement ça.
Carson ne fut pas dupe. Il haussa les sourcils.
- Je connais Rodney, expliqua le militaire. Il ne tombe pas dans les pommes pour si peu. A mon avis il y a eu un autre incident, quelque chose d'assez éreintant.
Beckett se préoccupa soudainement de sa tasse. Malheureusement, elle était vide. John rapprocha son siège du sien.
- Je ne vous juge pas. Personne ne le fera. Pas ici, pas sur Atlantis.
- En êtes-vous sûr ?
- On vous connaît suffisamment, vous et Rodney, pour savoir que ce n'est pas une passade. - Certains ont un jugement plus sommaire.
- C'est votre vie privé, à tous les deux. Il ne tient qu'à vous qu'elle le reste.
Il se renversa en arrière.
- En tout cas, moi je ne dirai rien. »
Carson se leva et alla poser la blouse blanche qu'il avait enfilé après être arrivé à l'infirmerie. Il s'étira pour essayer de se réveiller davantage. Au même moment John vit le scientifique qui commençait à émerger des bras de Morphée.
« Beckett ! »
Il revint vers le lit. Effectivement, son compagnon se réveillait lentement. Il vérifia son pouls et sa perfusion avant de se pencher sur lui.
« Eh ! Fit-il en souriant lorsqu'il ouvrit les yeux.
Rodney cligna des yeux, ébloui par la lumière.
- Salut, dit-il. Qu'est-ce que j'ai manqué ?
- Rien. Je t'expliquerai plus tard.
- Ah si, vous avez manqué le spectacle de Beckett au saut du lit. Ça valait son pesant d'or ! Plaisanta John.
- Bonjour colonel.
- Salut McKay. Bon je file moi. Je vais faire passer mon mal de crâne ailleurs. »
Amusé, Carson le suivit du regard lorsqu'il sortit de l'infirmerie. Puis son attention se reporta sur Rodney.
« Ça va ?
- Oui, fit ce dernier en se redressant. Tu n'aurais pas du café par hasard ?
- Du café ? C'est pas vraiment conseillé.
- Pitié ! C'est le seul truc qui me réveille.
Touché, il remplit une tasse qu'il lui tendit.
- Vas-y. De toute façon je te garde en observation pendant quelques temps.
- Ça va jaser.
- Non, tu crois ? Fit-il, sarcastique.
Il remonta un oreiller.
- Plus sérieusement, c'était une sacré crise. Tu m'as vraiment fait peur.
- C'est toi qui m'a amené ici ? Tu as réussi à débloquer la porte seul ? Chapeau !
- C'est ça moque-toi. N'empêche que c'est de ma faute tout ça.
- Mais non, fit le scientifique en avalant une gorgée de café.
Il reposa la tasse.
- Bon c'est pas tout ça mais j'ai une cité qui m'attend, moi.
Carson se retourna.
- Tu comptes aller où comme ça ?
- Bah, travailler.
- Même pas en rêve, fit-il en le rallongea brusquement.
- Et moi je te dis que si ! Répondit Rodney en se redressant.
Ce faisant, ils se retrouvèrent visage contre visage. Ils se regardèrent.
- Si quelqu'un entre.
- Peu importe. »
Leur baiser fut léger, aérien. Ils restèrent ainsi, front contre front durant quelques secondes, puis Carson se releva.
« D'accord, tu as le droit de filer. Mais à une condition.
- Laquelle ?
- Aujourd'hui tu ne bosses que dans ton bureau. Et tu vas te coucher tôt. Pas de physique quantique et pas de nuits blanches, d'accord ?
- Oui chef. »

o0o0o0o0o0o

« Rodney ?
- Oui ?
- On peut savoir pourquoi vous sifflez ?
- Je ne siffle pas.
- Si, vous avez sifflé.
- Même pas vrai !
- Je vous dis que si. Je ne suis pas encore sourd.
Devant tant de mauvaise foi, Zelenka préféra continuer ses calculs. Mais il l'observa encore une fois.
- C'est bizarre. Hier on vous aurai donné une envie suicidaire à dix contre un, et ce matin vous sifflez dans le laboratoire.
- Au cas où vous n'auriez pas remarqué, je suis quelqu'un d'assez lunatique.
- Le mot est faible. »
McKay se retint de lui tirer la langue.
C'était vrai: il avait sifflé. Quand même, un jour il faudrait qu'il pense à ne pas être tout le temps stressé ou grognon; les moments de joie intense passeraient ainsi plus inaperçus. En attendant, il devait rester toute la journée cloué là, Beckett ayant interdit à Sheppard de l'emmener avec lui.
Mais il allait se venger.

o0o0o0o0o0o

Après une journée bien remplie, Beckett salua ses collègues et quitta l'infirmerie. La nuit était tombée depuis peu de temps, et il en profita pour se rendre dans sa retraite favorite: l'extrémité de la cité. Mais fatigué par sa précédente nuit blanche, il écourta sa balade pour rentrer dans sa chambre. Sans prendre la peine d'allumer la lumière, il se débarrassa de sa veste et se laissa tomber sur son lit. Ses pensées vagabondèrent. Plongé dans l'obscurité, épuisé, il commença à s'endormir lentement. C'était un de ces demi-sommeil, où l'on perçoit tout sans rien voir, où les voix des autres et celles de l'âme se superposent dans l'inconnu. « Je ne te promets pas que ce sera facile »
« Je sais »
« Ce n'est jamais simple de prendre une décision qui va à contre-courant. Mais risques et bonheur ne sont que trop compatibles. »
« Qu'est-ce qu'on risque ? »
« Le dégoût. Le rejet. Être différent n'est gratifiant que si l'on est assez fort pour le vivre, seul ou à plusieurs. Le seras-tu ? »
« A ton avis ? »
« Ce n'est pas une question-piège. Il faut que tu comprennes que le chemin que nous allons emprunter est un aller-simple. »
« Je n'ai pas peur. »
« Moi non plus. »
Carson se releva. Il tendit son bras dans le noir.
« Alors viens.»
Une main saisit la sienne, et Rodney se détacha de l'obscurité. Il vint s'allonger aux côtés de son ami et le regarda, appuyé sur un coude.
« C'est loin d'être la voie la plus facile.
- Mais je n'ai plus peur de m'y engager. »