Un combat personnel


Olala, j'ai écrit cette histoire il y a un bon bout de temps maintenant.. je voulais aller encore plus loin, mais il s'est avéré que la suite à laquelle je pense est tellement longue qu'une autre histoire serait mieux, celle-ci serait la première étape. En soi-même, elle peut exister seule, mais j'aimerai vraiment écrire l'après, alors si cela vous intéresse, il faudra la demander :)

Cette histoire commence après le désastreux repas au restaurant du 1x11.


Chapitre 1


Laurel n'avait jamais l'habitude d'être effrayée avant un procès. Stressée, oui, inquiète, certainement, mais en rien effrayée. Elle ne se rendait jamais dans la salle d'audience sans être parfaitement certaine de défendre la cause juste et de posséder tous les éléments en sa faveur.

Le cas qui se présentait devant elle en cet instant était complètement différent.

Ce cas s'appelait Merlyn.

Le nom en lui-même suffisait à lui donner mal à la tête.

Comment résumer une telle relation ?

Des années de coups bas et cynisme avait détruit la relation père-fils. Laurel avait assisté en direct à l'un des échanges.

Elle-même avait l'habitude d'entretenir une relation pour le moins … compliquée avec son paternel, mais celle entre Tommy et Malcom dépassait tout entendement.

Depuis l'affrontement au restaurant, la jeune femme s'était montrée incapable de penser à autre chose, son esprit tourmenté par ce qu'elle y avait vu et appris et la souffrance qui avait émané de Tommy.

Amertume. Déception. Blessure. Un enfant trahi par son père. Encore.

Elle avait tourné en rond des heures, pensant encore et encore à ce moment avant de prendre finalement sa décision.

Tommy allait sans aucun doute la tuer, mais Laurel ne supportait pas de demeurer sans rien faire. Une fois qu'elle prenait une décision, elle s'y tenait, peu importait les conséquences.


Le cerveau de Tommy cessa de fonctionner pendant une seconde lorsqu'il ouvrit la porte de l'appartement de Laurel pour découvrir rien d'autre que son père, le visage inhabituellement pâle de ce dernier perdant un peu plus de couleur en l'apercevant.

La seconde suivante, il repoussait le battant, l'énorme main de Malcom venant le stopper.

-Tommy..

-Dégage !

-Tommy..

-Venir ici, carrément ? Il ne te reste plus aucune once de dignité ? Tu viens me poursuivre jusque chez moi?siffla-t-il, hargneux.

L'intéressé n'eut pas le temps de répondre, car une voix sèche le coupa :

-Je l'ai invité.

Tommy se retourna, incrédule : Laurel le fixait de son regard noir, les bras croisés. La stature de la jeune femme s'était faite encore plus droite, la sévérité de son visage contrastant avec la chaleur habituelle qui habitait d'ordinaire son regard quand elle le regardait.

Pour être tout à fait honnête, Tommy avait déjà subi ce regard: ce serait souvent après avoir agi comme un con, ou dit quelque chose de particulièrement stupide; de manière générale, à chaque fois qu'il irritait Laurel.

En temps normal, le jeune homme détestait ce genre de moment : Laurel possédait déjà un caractère suffisant pour effrayer un bataillon entier de soldats aguerris, mais l'affronter quand elle était en colère.. Dieu vous aide.

En cet instant, néanmoins, Tommy se moquait complètement de la réaction de la jeune femme : il ne pouvait penser qu'à une chose.

Comment a-t-elle osé ?

L'expression trahie qui déforma le visage du brun indiqua à sa petite-amie que l'initiative était comme prévu mal accueillie.

-Laurel !

-Ne me 'Laurel' pas, je ne suis pas une enfant de cinq ans à qui tu peux dicter tes désirs. Ton père et toi avaient besoin d'une très longue conversation et elle aura lieu, quoique tu dises. Le jeune homme ouvrit la bouche, des mots certainement très rudes prêts à en sortir, mais Laurel le coupa en levant le doigt. Deux choix à présent, Merlyn : tu la fermes et me laisses faire, ou bien je t'assomme, t'attache à une chaise, et te force à écouter. Elle haussa un sourcil. Et tu sais mieux que personne que je n'aurai aucune difficulté à le faire.

Tommy la fusilla du regard : un échange silencieux s'installa entre eux, la discussion venimeuse alors qu'ils se défiaient. Malcom suivit l'échange avec intérêt, notant une nouvelle fois la force de la jeune femme et à quel point elle semblait influencer son fils.

Son fils, ou plutôt ce qu'il en restait, qui finit par lâcher un sifflement hargneux – Malcom manqua tressaillir – avant de reculer et lui tourner le dos pour mieux se diriger vers la cuisine, ignorant Laurel se faisant. La jeune femme lui lança un regard inquiet, avant de se tourner vers le plus âgé, son expression s'adoucissant très légèrement lorsqu'elle nota son regard perdu.

Malcom Merlyn était habitué à contrôler la situation, quelle qu'elle soit. Peu importait le moment ou la personne en face de lui, il posséderait toujours toutes les informations nécessaires pour savoir agir en conséquence. Cette capacité d'adaptation et sa mémoire exceptionnelle lui avait permis de constamment s'en sortir, et mettre à terre tous ses adversaires, l' Homme à la capuche compris.

Quand il s'agissait de Tommy, cependant, toute cette intelligence et cette finesse d'esprit semblait le déserter.

Pourquoi fallait-il que tout soit si difficile avec lui ?

Il fallait que sa petite-amie joue les médiatrices entre eux pour qu'ils se voient. À quel degré cela était-il humiliant ?

L'expression de la jeune femme se voulait indéchiffrable lorsqu'elle lui fit signe d'entrer, mais Malcom n'était pas n'importe qui : il avait appris à lire les émotions de ceux l'entourant, et celles qui émanaient de Laurel étaient loin d'être positives.

Inquiétude, regret, rancœur, espoir, chagrin. Ce même visage qui quelques heures plus tôt s'était montré tour à tout doux, amusé puis furieux et blessé.

Tant de loyauté à l'égard de son fils. Malcom devait reconnaître que cette fois, Tommy avait bien choisi.

Peut-être aurait-il mieux choisi auparavant si son père avait été présent.

Malcom tressaillit à cette pensée, la repoussant alors qu'il remontait le couloir, détaillant avec rapidité mais intérêt l'appartement l'entourant. C'était donc ici qu'avait vécu son fils ce dernier mois. L'ensemble était simple mais chaleureux, relayant une sensation de douceur et bien-être.

Le ressenti fut quelque peu détruit lorsqu'il aperçut de loin Tommy en train de boire au goulot. Le juron sonore qui s'échappa de la bouche de Laurel lui fit hausser un sourcil.

-Merlyn ! Que penses-tu faire? tonna la jeune femme en remontant à grands pas le chemin la séparant de son compagnon pour mieux lui arracher la bouteille.

-Ma petite-amie vient de me trahir, j'ai le droit de me bourrer !

La bouche de celle-ci s'ouvrit en un rond silencieux, le choc et la blessure déformant ses jolis traits. Malcom se sentit soudainement atrocement de trop. Un autre sentiment inhabituel et désagréable, et cette fois impossible à repousser.

Comment avait-il pu être assez naïf pour croire qu'il existait toujours quelque chose à sauver ? Il était évident que Tommy ne voulait plus de lui dans sa vie, et il ne pouvait guère l'en blâmer.-

-Il est inutile de vous disputer à cause de moi. Je pars, murmura-t-il en pivotant sur ses pieds, son regard déjà rivé sur la porte.

-Oui, disparais, c'est ce que tu sais le mieux faire! siffla son fils, la hargne dans ses yeux enfonçant un énième pique dans le cœur de son père.

-Oh, non, je ne crois pas !

Laurel venait de tonner, le masque doux et poli déjà fracturé disparaissant cette fois complètement pour laisser place à une colère noire. Les deux hommes frémirent en même temps, l'ironie de la situation n'échappant pas à la jeune femme qui ajouta, sa voix toujours aussi élevée :

-Ton père est mon invité ! Il s'agit de mon appartement, et on y applique mes règles ! Il est le bienvenue sous mon toit tout autant que toi, et tu as intérêt à respecter cela si tu ne veux pas déménager sur le canapé ! Compris ? Tommy la fusilla du regard, mais ne répliqua pas. Je n'ai pas entendu, compris ?

Dieu, qu'est-ce qu'elle pouvait être avocate, parfois !

-Compris, bougonna le jeune homme, avant de se tourner vers le frigo, s'attirant un nouveau regard noir.

-Reste éloigné de l'alcool, Merlyn !

-Si tu comptes me faire rester dans la même pièce que cette ordure, je vais avoir besoin de quelque chose de plus fort que du jus de fruits ! Ne t'inquiète pas, je promets de ne pas terminer ivre mot sur ton plancher, ironisa ce dernier..

-Baisse d'un ton avec moi, Merlyn! Et comme il détestait quand elle employait ce nom, elle ne le prononçait que lorsqu'elle était particulièrement en colère contre lui. Je ne suis pas ton père ! Regarde-le ! Regarde-le, bordel ! Tommy la fusilla du regard, refusant de ne jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil vers la vermine qui possédait ce titre officiel. Pour l'amour de Dieu, Tommy ! Regarde-le vraiment!

-Il n'y a rien à voir, gronda-t-il.

-Tommy

La voix fatiguée de son père venait de s'élever, le faisant tressaillir. Comment, après tout ce qu'il lui avait fait endurer, réussissait-il toujours à faire naitre cette même réaction chez lui ? Lentement, très lentement, parce que lui possédait toujours un semblant de dignité, Tommy se tourna vers celui-ci, son corps convoyant tout le rejet possible.

Il ne s'attendait pas à ce qu'il découvrit. Il n''y avait prêté aucune attention jusqu'à présent, mais il ne pouvait plus y échapper à présent.

Son père le fixait, l'épuisement irradiant de chaque pore de son corps. Son si beau visage prématurément vieilli par les épreuves était recouvert de traces humides séchées, le coin de ses yeux rougis.

Son père avait pleuré.

Le monde l'entourant commença à tournoyer. La main de Laurel sur son épaule le retint alors qu'il vacillait, le toucher distant sur sa peau tandis que son cerveau tentait d'analyser cette information.

Son père avait pleuré.

Malcom ne pleurait pas.

Pleurer était une marque de faiblesse. Toute faiblesse était interdite dans le monde de Malcom Merlyn. Tommy l'avait appris avec cruauté.

Celui-ci avait assisté à l'échange du couple en silence, l'impression de se trouver dans un terrain totalement inconnu augmentant de seconde en seconde. Il était évident que ces deux-là partageaient bien davantage qu'une petite romance : leur histoire s'était construite sur la durée, passant par des étapes tout aussi variées que douloureuses avant qu'ils n'en arrivent là où ils se tenaient aujourd'hui.

Face à face dans la cuisine, un pack de bières entre eux, à se disputer à cause de lui.

Laurel ne le connaissait quasiment pas, mais elle remettait en cause tout son potentiel avenir avec Tommy pour lui donner une chance de se réconcilier avec son fils.

Malcom goûtait ce cadeau avec toute la reconnaissance qu'il pouvait posséder.

Cela ne l'empêchait pas de détester cordialement la situation actuelle.

Le prénom de son fils avait jailli de ses lèvres sans qu'il n'ait le temps de l'arrêter. Celui-ci s'était figé, avant de se tourner très – trop – lentement vers lui, ses muscles tendus à l'extrême. Son expression se tordit quelques instants, alors qu'il découvrait la fragilité inhabituelle de son père. Celui-ci souffla très doucement, en une demande humble plutôt qu'un ordre comme d'ordinaire :

-Pour Laurel.

Tommy plissa les lèvres, avant d'aller s'assoir sur le canapé, repliant automatiquement ses jambes contre lui avant de poser son visage sur ses genoux. Un enfant pris au milieu de disputes d'adultes, forcé d'écouter lorsqu'il voulait clairement fuir. Attendant le prochain coup avec résignation.

Un homme terrifié qui n'avait pas pu grandir et dont l'apparente immaturité dissimulait assez de peurs et démons pour permettre plusieurs thèses à des étudiants en psychologie.

Et c'était à Laurel de tenter de ramasser les morceaux à présent, si tant est qu'ils pouvaient toujours être recollés.