Titre : Légitimité (Prélude)
Fandom : One Piece
Personnage/Couple : Ace/Barbe Blanche
Rating : R / T
Disclaimer : Eichiro Oda
Avertissement : Arc Marineford et vague extension sur l'arc du passé de Luffy (autour des tomes 54 à 60 environ)
Note : j'aurais bien considéré que tous les tomes parus à ce jour, en dehors bien sûr des deux ou trois derniers, me permettent de passer outre la notion de spoiler. Ceci dit, ce texte se réfère à des passages appris pendant un arc pour le moins stratégique (en regard de ce qui s'y passe et de ce qu'on peut y apprendre) et je me doute bien qu'en regard du nombre de fics qui en fait état, je n'ai pas tellement besoin de préciser le niveau de spoil mais tout de même, beaucoup de lecteurs se jettent encore dans l'aventure One Piece même après la parution de plus de 70 tomes et, ayant moi-même été spoilée malgré moi, je refuse de le leur faire subir. Cela dit, en dépit du fait que lesdits événements sont sûrement maintenant considérés comme acquis par la 'conscience publique' (ou quelque chose dans le genre), je décline toute responsabilité dans le cas où certains lecteurs aventureux se considèreraient lésés par mon texte.
J'estime que j'ai prévenu. (Oui, tout ça… pour ça. J'avais juste envie d'en parler).
L'homme, qui sans être un géant n'a pourtant rien à leur envier en terme de stature, le regarde droit dans les yeux, sans la moindre trace d'animosité. Il avance doucement sa main vers Ace en train de gargouiller dans son propre sang.
« Deviens mon fils ! »
Hein ?
La phrase résonne dans tout son être, fait vibrer ses os rompus, transperce sa chair déjà lacérée de part en part.
Il commence par ne pas comprendre, essaie d'analyser la situation, de décrypter la proposition mot à mot.
Son…
Puis vient le déclic.
« … mon fils ! »
Enfoiré ! Comment peut-il oser ? Lui demander ça à lui ? Son ennemi ! Il a beau être à terre, il lui reste encore sa dignité ! S'il croit qu'il est prêt à accepter la charité d'un adversaire, aussi puissant soit-il et sous prétexte qu'il est en train d'agoniser, le vieux se fourre le doigt dans l'œil. Il a sa fierté, merde !
Vraiment ? De la fierté ? Lui qui se considère comme un déchet ? Après avoir entendu cette appellation dans la bouche de tant de gens, ignares, haineux ou simplement terrifiés, il a fini par l'assimiler complètement. Et son récent statut de capitaine n'a pas suffi à adoucir son amertume. Ou sa rancœur, peu importe. Les deux se sont toujours plus ou moins mêlées en lui, liées à son enflure de père, et ne parvenaient, par extension, à s'exprimer que sous forme de violence.
Alors comment accepter de devenir le fils d'un autre quand la seule image paternelle que la vie vous ait montrée soit celle d'un pirate sanguinaire haï de tous ? Comment réagir à ça, lui qui n'a jamais été élevé par personne et pour qui le père n'a pour déplorable destin que celui d'abandonner les siens ? Et au-delà de ça, accepter ? Sérieusement : comment peut-il seulement l'envisager quand l'homme qui le lui propose est à la fois le rival de son géniteur et celui qui s'en approche le plus ?
Ace voudrait crier sa rage, sa haine et son désespoir, tandis qu'un torrent d'injures lui traverse l'esprit sans pour autant qu'il réussisse à aligner deux syllabes. Mais tout ce qu'il arrive à faire, c'est esquisser un vague mouvement pour se redresser... avant de renoncer dans un gémissement.
Raclure… si tu pouvais crever !
L'immense paume, innocemment tendue vers lui comme si elle ne venait pas de l'éclater quelques instants plus tôt, l'offense. Il n'a qu'une envie : y planter les dents si profondément que l'homme en perdrait des doigts.
Pourtant, à loucher dessus comme ça, Ace sent presque des larmes lui monter aux yeux. C'est la douleur, rien de plus… Le sel lui pique les paupières tandis qu'il essaie de se convaincre que c'est simplement dû à ces foutus os brisés par le combat. Non, ça n'a définitivement rien à voir avec le fait que c'est uniquement la deuxième fois que quelqu'un se permet de lui tendre la main.
La proposition danse une nouvelle fois dans son esprit :
« Deviens mon fils ! »
Un flot d'émotions contradictoires l'assaillent, incontrôlable. Son cerveau craque, incapable de l'endiguer. Ace rejette tout en bloc et crache sa réponse sur un ton qu'il a si souvent employé plus jeune. La hargne est encore ce qu'il maîtrise le mieux :
« Te fous pas de moi ! »
Derniers mots avant la douleur, une nouvelle, plus forte. Puis l'obscurité.
Il ne s'agissait, tout compte fait, pas vraiment d'une réponse. D'ailleurs, il aurait beau dire, ça n'avait définitivement pas l'allure d'un refus.
Voici un « prélude » à ce que je veux réellement écrire sur Ace et qui devrait venir plus tard. Ce texte ne révèle pas grand-chose de plus que ce que l'on sait déjà, mais c'est très difficile de trouver quelque chose à exploiter sur la relation déjà très complète que ce personnage a eu avec son père biologique et l'homme qui l'a reconnu. Lorsque j'ai eu mon idée, il m'a paru essentiel de retracer certains passages. Les idées fondamentales que je voulais partager sont plus ou moins écrites mais nécessitent un certain travail « d'agencement » afin de rendre l'ensemble cohérent mais surtout lisible. (Pas que ça soit un gros bordel mais disons que c'est pas hyper rangé pour autant).
En dehors de ça, ce texte et le one-shot qui est censé arriver n'ont pas pour vocation de constituer une vraie fic. Ca sera plutôt un recueil avec des passages de la vie d'Ace, pas forcément organisés de manière chronologique, mais en gardant tout de même une certaine cohérence (du moins je l'espère).
Donc voilà. J'écrirai selon mon inspiration.
