Titre : Curses Feigned
Titre traduit : Les Enchantements feints
Auteur : Splitpea

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Traductrice : Cécilinou

Beta : miamdetout

Rating : M (pour langage et lime)

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Note de l'auteur : La fic est découpée en trois parties parce que le site l'a fait ainsi. Je ne pense pas que ce soient des coupures appropriées. Pensez juste que cela devrait être une trèèèèès longue page. La fic devait faire sept parties, mais… hum… Je ne suis pas douée pour écrire des histoires à chapitres et mes parties ne semblaient jamais avoir de ruptures logiques.

Note de la traductrice : Bonjour ! Je reviens avec cette fanfiction que j'ai nettoyée, corrigée et fractionnée. Elle comportait pas mal de fautes et quelques lourdeurs qui gâchaient mon plaisir d'avoir traduit ce texte, et cela ne me plaisait pas tellement. Bref, peu de changements réellement notables, bien que j'ai mieux proportionné les chapitres – l'auteur avait déjà eu du mal avec ceux-ci.

J'espère que vous apprécierez.

Bonne lecture !

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Curses Feigned


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« Seulement six semaines. Nous pensions que tu resterais inconscient bien plus longtemps, en fait. » répondit Albus à la première question de Harry, alors qu'il s'occupait de lui à la manière de Madame Pomfresh. Le jeune homme fut légèrement gêné par ses oreillers trop durs, et fit un sourire désolé quand le directeur s'excusa pour son manque de délicatesse.

Au pied du lit, Harry aperçut un journal. Pourtant, dès qu'il se focalisa sur celui-ci, une main pleine de tâches de rousseur l'écarta de sa vue. Les yeux verts scrutèrent les environs avant de remarquer des robes pourpres, et Harry capta le regard de Ron Weasley. « Ah, salut mec. » salua faiblement Harry. Le sourire de Ron était nerveux et seulement à demi sincère.

Un élégant bruit de velours fit son entrée dans la pièce, « Chaque page relate sa glorieuse victoire, Monsieur Weasley. Voulez-vous vraiment priver monsieur Potter de ces éloges ? »

Ron fit de son mieux pour défier leur ex-professeur d'un regard furieux, mais échoua misérablement une fois que Severus le lui rendit au triple. Albus interrompit la dispute muette d'un faible toussotement. « Je crois que nous allons épargner à Harry l'effort de lire jusqu'à ce qu'il se soit mieux reposé. »

Là-dessus, les trois hommes laissèrent seul le garçon de vingt ans. Il essaya à plusieurs reprises de s'asseoir, mais sa tête hurlait de douleur. Il avait dû être frappé à la tête. Cela expliquerait la souffrance et le fait qu'il ne se souvienne absolument pas de la bataille finale. Un sentiment de fierté et de soulagement lui prouvait que tout ceci avait bien eu lieu, mais il n'avait pas de souvenirs des évènements eux-mêmes.

… Et pourquoi Snape était-il si intéressé par le fait qu'il lise un journal consacré entièrement à lui-même. Cela ne présageait rien de bon. Après tout, l'homme n'avait jamais été un de ceux qui nourrissaient l'ego de Harry. Peut-être qu'il avait reçu ce coup à la tête de façon embarrassante, comme un sort raté ou quelque chose d'aussi simple et dégradant qu'un faux-pas ou une glissade.

Ne serait-ce pas incroyable ? Qu'il invoque le sort final, ultime, se retourne et trébuche sur une baguette magique indésirable.

Il ferma les yeux et soupira, puis d'un coup s'énerva contre lui-même pour ne pas savoir ce qui s'était passé ou quoi faire. Y avait-il encore des mangemorts à combattre ? N'essaieraient-ils pas de trouver un moyen pour faire revenir le Seigneur des Ténèbres à la vie ? Allaient-ils le remplacer ? Harry fut soudainement convaincu qu'il n'avait plus besoin de rester au lit. « Professeur Dumbledore ! » appela-t-il d'une voix rauque et peu séduisante.

Un long moment s'écoula avant que la porte ne s'ouvre finalement. « Le directeur vous a laissé à mes soins jusqu'à son retour. Pourquoi ne retournez-vous pas simplement vous coucher, Potter ? »

Harry fronça ses sourcils devant son ancien professeur. « Où est Lucius Malefoy ? »

« Cela ne vous concerne pas. »

« Bellatrix ? »

« Cela ne vous concerne toujours pas. »

« … Drago ? »

« Potter, pourquoi vous intéressez-vous au club de bridge de Voldemort ? »

« S'ils essaient de faire de quelqu'un d'autre leur leader, je dois… »

« Vous devez quoi ? Les arrêter ? »

« … Oui… » répondit Harry, se sentant soudain idiot et tout petit.

« Laissez-moi vous demander quelque chose, Potter. Pouvez-vous bouger sans ressentir une douleur atroce, ou simplement vous souvenir exactement de ce qu'il vous est arrivé avant d'entrer dans cette pièce ? »

« Non. »

« Je vois, la potion fonctionne et vous devriez savoir que les affaires de l'Ordre ne vous concernent désormais plus. »

« La potion ! »

Harry ne pouvait en être sûr, parce qu'il était sur le point de s'endormir quand cela se produisit, mais le maître des potions eut l'air de sourire d'une oreille à l'autre avant de fermer la porte derrière lui.

Quand Harry se réveilla à nouveau, c'était Hermione qui veillait sur lui à la place d'Albus. « Ah, je suis contente que tu sois réveillé, Harry. La potion devrait disparaitre dans quelques jours et Ron va rester là pour prendre soin de toi. J'ai des choses à faire. Je te dirais quoi exactement, plus tard. » Elle continua de parler, mais ne dit rien qui aurait pu répondre à ses interrogations.

Quelles étaient les questions qu'il se posait ? Savoir pourquoi ils l'avaient drogué, ce que l'Ordre faisait, pourquoi Snape voulait qu'il lise le journal, et pourquoi Ron et Albus ne le voulaient pas.

Hermione ne semblait pas méfiante comme Albus et Ron l'étaient. « Heu, Hermione… Est-ce que je peux te demander quelque chose ? »

« Bien sûr, Harry. Demande-moi ce que tu veux. »

« Qu'est-ce que la Gazette du sorcier a écrit sur moi ces derniers temps ? »

« Rien que tu n'ais besoin de savoir. »

« Tu as dit que je pouvais te demander ce que je voulais savoir ! »

« Et je l'ai fait. »

Elle sourit et lui donna une petite tape sur l'épaule, « Tu sortiras de l'infirmerie dans peu de temps et ensuite nous pourrons te laisser sortir de l'école et peut-être que tu seras mis au courant de certaines choses, mais pour l'instant, essaie de te reposer. »

Il n'y avait pas matière à discuter avec elle, alors il ferma les yeux encore une fois, pour être réveillé cette fois par Snape. « Vous avez de merveilleux amis qui vous laissent aux soins d'une personne qu'ils savent de mauvaise compagnie, à la moindre allusion de Quidditch. » grommela-t-il quand il vit les yeux ouverts de Harry.

« Quoi ? »

Severus décroisa ses jambes et mit son livre de côté. Il était assis sur une chaise de l'autre côté du lit de Harry, à lire. Il jeta seulement un coup d'œil quand le garçon fit un bruit. « Olivier Dubois est arrivé et Weasley a accouru pour l'accueillir. Un accueil qui dure deux heures implique quelque chose de plus qu'un simple 'Bonjour'. Par soucis de conserver mon déjeuner dans mon estomac, je préfère penser qu'ils sont en train de jouer au Quidditch. »

Harry rougit très fortement et ne remarqua pas la manière dont les épaules de Severus se contractèrent ni ses yeux se détournant de l'innocente réaction.

Après un long silence, le professeur réalisa que le diplômé de Poudlard n'allait pas se rendormir. L'homme s'éclaircit la gorge. « La potion que je vous ai donné se dissipera dans quelques heures. Monsieur Weasley était tenu de vous donner une rapide explication de ce qu'il s'était déroulé il y a six semaines et de ce que fait l'Ordre en ce moment. Comme je doute qu'il revienne de si tôt, je vais vous épargner la terreur de vous rappeler ces souvenirs sans avertissement. »

Harry acquiesça, ses doigts tordant la couverture. « Merci, monsieur. » dit-il calmement, tout en essayant de combattre son impatience gryffondoresque pour éviter de poser un millions de questions et de contraindre le Serpentard à lui répondre par n'importe quel moyen. Peut-être qu'une vue d'ensemble sera suffisante pour satisfaire son besoin de connaissances.

« Je vous ai donné une potion pour empêcher votre esprit de se concentrer et pour maintenir votre corps immobile. Les nombreuses rafales de douleur que vous ressentez n'endommagent pas votre système nerveux de quelque manière que se soit ; ce sont simplement des alarmes personnelles qui vous forcent à rester au lit. Certains souvenirs dont vous allez vous rappeler vous causeront une grande souffrance, c'est pourquoi nous voulions que vous vous reposiez et que vous récupériez totalement avant de penser à vous battre. Nous vous avons gardé au lit, principalement pour vous empêcher de lire le journal ou de quitter cette pièce qui a été magiquement scellée pour les personnes qui ne connaissent pas son emplacement. »

Severus se leva et s'étira. Il tourna le dos à Harry pour lui confier cette partie. « Voldemort est en effet mort. Les mangemorts, soulagés d'être libéré de leur chef obsessionnel, ont l'intention de se regrouper. Je peux rester un espion. Seul Voldemort savait pour ma trahison. Bellatrix a été vaincue par Neville Londubat. Drago a plaidé non-coupable en témoignant qu'il était sous l'Impérium et restera à Azkaban. Le procès est suspendu. Lucius a, d'une manière ou d'une autre, disparu. »

Le jeune homme hocha la tête pour lui-même, s'efforçant de tout se remémorer. La seule chose que son esprit avait vraiment retenue était son premier souvenir lors de son réveil à l'infirmerie. Il regarda Severus, déterminé à découvrir la signification de la prudence de Ron et de Dumbledore. « Le journal… ? »

« Je vous le donnerai plus tard. Maintenant, à propos de l'Ordre… »

« Pourquoi tout le monde veut m'empêcher de voir ce journal ? »

« Je vous le passerais volontiers si Albus ne l'avait pas enchanté. Il ne peut pas entrer dans cette pièce avant que je ne vous dise certaines choses ou que votre mémoire revienne. Plus tôt vous m'écouterez, plus vite vous pourrez le voir. »

« Oui, monsieur. »

« L'Ordre a perdu quelques membres, je suis sûr que votre mémoire vous fournira les noms suffisamment tôt. Ce qui est important est que nous avons travaillé dur pour aider le Ministère à restaurer l'ordre dans le monde Moldu et à traquer Lucius Malefoy. »

Severus se tourna vers Harry et ferma ses yeux. Ses sourcils se fronçant un peu, comme d'habitude. Il semblait se concentrer. Une fois qu'il ouvrit les yeux, il ne dit toujours rien tout de suite. Il commença à parler, puis s'arrêta, puis recommença encore, uniquement dans le but de gagner un peu de temps. Harry était bouche bée. Il n'avait jamais vu l'homme si hésitant sur ce qu'il allait dire. Finalement, l'expression du visage de Severus indiqua qu'il savait exactement quoi dire.

« Avez-vous idée de comment le Sort de Mort fonctionne, monsieur Potter ? »

Les yeux de Harry s'ouvrirent en grand et il pâlit un peu. Il avait utilisé un impardonnable pour tuer Voldemort ? C'était évident… terrible, mais évident. Severus, encore une fois, détourna ses yeux de l'expression de garçon choqué qu'arborait Harry et ne le regarda plus quand il continua de parler.

« Je sais que vous connaissez l'incantation et l'effet, mais vous ne savez pas quipeut exécuter ce sort. » le visage de l'homme se crispa comme s'il avait un mauvais goût dans la bouche, « Une personne qui est à la fois puissante et totalement pure peut éviter le sort, mais le prix pour une chance de sécurité est une faiblesse. Une… une personne vierge ne peut pas accomplir le Sort de Mort. »

Le haut du corps de Harry vira entièrement au rouge. Même ses doigts avaient rosi. Severus leva son regard vers le jeune homme et eut seulement un aperçu du corps rougissant avant de reporter son attention sur le carrelage au sol, à nouveau. « Qu'est-ce que cela signifie pour moi, professeur ? »

« Vous avez essayé de vaincre Voldemort avec une série de potions et de sorts que nous vous avions enseignés en classe et à l'entrainement, mais quand tout cela manqua de le détruire définitivement, vous avez sommé le plus impardonnable des sorts. »

« … Et… cela n'a pas fonctionné… n'est-ce pas ? » demanda Harry, d'une petite voix embarrassée. Son esprit se souvint doucement d'un jet de lumière bleue qui s'était échappé de sa baguette et qui avait mis en place un bouclier autour de lui. Il se rappela de la confusion qu'il avait ressentie. Avait-il dit Avada Kedavra finalement ?

Il regardait Voldemort rire, attendant que le bouclier s'évanouisse. Il essayait, en vain, de lancer un sort à travers le bouclier pour tuer l'homme. « Encore à vingt ans ? Un si joli garçon ! » Le Seigneur des Ténèbres se moquait de lui. Ils se retournèrent tous les deux vers la porte du cimetière quand un escadron de sorciers et sorcières – l'Ordre – arriva. Voldemort gloussa fortement alors que tout le monde s'arrêtait pour observer momentanément l'orbe bleu de lumière protectrice qui gardait Harry captif.

Il reprit son rire démentiel pendant que les autres magiciens essayaient de le blesser. Leurs sorts coupaient et calcinaient, et chaque Sortilège de Mort lancé était détourné et tuait le lanceur. Harry se remémora de la lumière bleue disparaissant dans un bruit sec. Il se rappela de la rage insoutenable qui le fit courir vers l'homme. Il se souvint comment les os se cassèrent d'un coup sec sous ses mains. Il se souvint comment, dans une dernière tentative de survie, Tom Marvolo Riddle avait placé sa baguette dans le cou de Harry « Avada- » mais le sort restait inachevé, le dernier mot noyé dans le sang de sa propre gorge.

Harry essuya quelques larmes alors qu'il se rappelait le corps crispé et maculé de sang duquel on l'avait éloigné. Il avait mutiléson ennemi. Il releva seulement ses yeux quand une main large et rassurante lui prit le menton. « Vous avez fait ce que vous aviez à faire, et le monde vous en est reconnaissant. »

Un long silence s'éleva entre les deux hommes. Et Harry finit de faire le tri dans ses horribles souvenirs.

Des semaines plus tard, Harry était au square Grimmaurd et dépoussiérait les étagères et passant le balai. Dobby et plusieurs autres elfes de maison étaient prêtés par Poudlard, mais Harry ne pouvait se résoudre à les faire travailler plus. D'ailleurs, il était presque devenu fou à rester dans un lit d'hôpital pendant plus de deux mois et indubitablement obnubilé par la possibilité que Lucius Malefoy s'attaque à des moldus, nés-moldus ou n'importe qui d'autre, peu importait.

Jusqu'ici le fugitif avait réussit à faire profil bas, mais ce n'était qu'une question de temps avant que Harry ne soit confronté à lui. Ce serait vraiment trop beau d'espérer que Drago soit vraiment innocent et que Lucius tenterait l'impossible pour le sauver ou, mieux encore, le tuer.

Sur une note beaucoup moins importante, ou plutôt une note que Harry estimait ne pas devoir être aussi importante pour lui, il y avait les récents articles parus dans La Gazette du Sorcier. Finalement, ils pouvaient vraiment faire l'éloge d'un seul homme pendant tellement longtemps avant que les gens ne s'en lassent. Deux jours sans article sur Harry Potter s'étaient révélés préjudiciables pour leurs ventes. Ainsi, du salut à la calomnie, la Gazette avait plongé ses plumes dans la vie privée de Harry Potter, dont elle ne savaient absolument rien.

Comme avec toutes les histoires de célébrités, il y avait 99% de spéculation et 1% d'encre. Pendant des jours, ils avaient palabré sur le pourquoi il était encore vierge à vingt ans. Ils avaient exploité le récit d'une fille qui disait avoir fait un essai avec lui, pour rapidement se faire rejeter parce qu'il prétendait être amoureux de quelqu'un d'autre. Une personne avait dit que sa famille moldue avait été sauvage dans ses activités sexuelles et l'avait marqué. Un numéro entier était consacré aux histoires de ses soi-disant ex-petites amies. La Gazette était passée d'un papier qui présentait les faits, impartial avec des informations utiles en un… tabloïd plutôt bien organisé. Pourtant, c'était finalement quand les gros titres insistèrent sur quiallait le déflorer qu'il commença à se sentir vraiment mal à l'aise.

Ils l'avaient associé à tout le monde, d'Angelina Jolie à Charlotte Church. Ils avaient réalisé magiquement des photos qui montraient à quoi ressemblerait un bébé de lui et de Hermione Granger. Ils avaient mis dans le mille quand ils avaient supposé qu'il était gay, un dimanche, mais la rubrique entière était une blague sur lui et Albus Dumbledore. Pire encore, le mardi suivant à une réunion de l'Ordre, l'homme aux cheveux gris avait dit en gloussant que Harry n'était pas son type quand l'article fut mentionné par une Tonks étonnamment joviale. Bien sûr, elle n'avait pas goûté la plaisanterie la semaine suivante quand son nom fut mentionné dans un couple à trois avec lui et Drago Malefoy. Severus n'avait pas eu l'air content de cet article, évidemment, mais Harry supposait que c'était parce que Drago avait été un de ses élèves favoris et qu'il ne voulait pas qu'il soit impliqué de manière si dégradante avec un tel « Gryffondor imprudent ».

La Gazette avait finalement fait le tour des célébrités, camarades de classe, collègues ou toute personne ayant une pensée pour ce qui se passait sous la ceinture du jeune homme. Les femmes répandaient avec fougue leurs fantasmes à des journalistes pas très nets et les rédacteurs n'avaient aucun scrupule à imprimer tous les détails salaces. C'en était vite arrivé à un point où Harry ne voulait même plus lire les citations à côté des petites photographies de jeunes filles souriantes. Il craignait même un jour que les photos d'enfants dans la section Service à la Communauté puissent mêler Potter et des « attouchements licencieux ». Il se sentait harcelé, mais se résigna à faire avec jusqu'à ce que sa popularité faiblisse… Si cela arrivait un jour.

Molly Weasley n'était pas très enthousiaste à l'idée de les laisser faire. « Ceci doit être arrêté, immédiatement ! Nous devons nos vies à ce cher garçon et nous le remercions en le traitant comme un objet ? C'est absolument inacceptable ! » Elle avait été citée à la une de la Gazette, dans un article sur son fils Ronald qui serait l'amant secret de Harry Potter depuis plusieurs mois. Elle avait ensuite passé plusieurs appels furieux à Harry, en insistant pour qu'il se plaigne, poursuive en justice ou fasse simplement un scandale dans le bureau du rédacteur. Tous ces conseils étaient rapidement garnis et généreusement assaisonnés d'injures. Il ne l'avait jamais entendue si ravagée. Il était vrai qu'il n'avait jamais reçu de beuglante de sa part, du moins jusqu'à ce qu'elle ne lui en envoie une à sa maison quand un article concernant les jumeaux, ayant essayé de le violer et lui créant ainsi une peur du sexe, était paru.

Étant le héros, Harry pouvait traiter avec les gens qui parlaient de lui, mais si ses amis étaient impliqués, alors quelque chose devait changer. Après avoir accepté d'être interviewé, une journaliste le rencontra dans un café à Pré-au-Lard.

« Ah, Monsieur Potter. Comment allez-vous ? »

« Je vais bien. » dit-il d'un air absent, incapable de masquer son dédain pour la femme en face de lui, dont les joues roses étaient grosses et pleines de graisse comme le reste de sa personne. Ses yeux semblaient fatigués et son nez aquilin lui rappelait un peu celui de Drago Malefoy. Elle n'était pas tellement désagréable à regarder, mais elle n'était pas aidée non plus et une brosse à cheveux lui aurait été utile. Ou peut-être porter des vêtements et du vernis à ongles qui n'étaient pas orange fluo. Il y avait également une odeur familière sur elle. Quelque chose sur lequel Harry n'arrivait pas à mettre le doigt. Elle n'était pas Rita Skeeter, mais elle avait quand même une de ces fichus plumes à papote.

« Mon nom est Diana Dionysus. C'est un immense plaisir de vous rencontrer enfin, Harry. Puis-je vous appeler Harry ? »

« Non. »

« Ah… bien… Pouvons-nous commencer ? »

« Oui. »

« J'espère vraiment que vos réponses aux questions de l'interview seront plus développées. » dit-elle alors que ses ongles orange tapotaient un bloc de parchemin. Diana indiqua à sa plume de prendre des notes, lui dictant la date, son nom, celui de l'interviewé, le lieu de leur rencontre et le temps qu'il faisait.

Harry ne dit rien ; il écoutait seulement la respiration sifflante et bruyante de la femme alors qu'elle attendait que la plume ait fini son premier paragraphe. « Très bien, nous y sommes. » murmura-t-elle, jetant un coup d'œil à ses feuilles de note qu'elle avait délibérément placées hors de la vue de Harry, « Monsieur Potter. Comment ressentez-vous toutes les choses que les gens ont dites ces derniers temps ? »

« Quelles choses ? »

« À propos de votre virginité. »

« Qu'y a-t-il avec ça ? »

« Vous ne rendez pas les choses faciles, monsieur Potter. »

« Ce n'est pas pour cela que je suis là. »

« Alors pourquoi êtes-vous ici ? Qu'est-ce que vous pensiez accomplir en me contactant pour une interview ? » Diana l'ignora alors.

« Je veux que vous arrêtiez d'écrire sur mes amis. » dit-il brusquement. Il n'était pas d'humeur diplomate.

« Donnez-moi quelque chose de mieux sur lequel écrire. »

« Le danger que nous courons encore ! Les mangemorts se cachent partout ! Il n'y a aucun moyen de savoir ce qu'ils prévoient de faire ou quand ils décideront de faire quelque chose d'extrême. »

« Vous êtes notre héros, monsieur Potter. Peut-être que nous détournons l'attention du public loin des mauvaises choses du monde. »

« Et parler de sexe tous les jours est quelque chose de bien ? Vous êtes un journal ! … Les enfants peuvent lire ces choses. »

« Et cela, évidemment, est de la responsabilité des parents. Nous n'avons jamais vendu autant de journaux en cent ans. Vous devriez être content d'aider à calmer les tensions dans le pays et de soutenir une telle prestigieuse source d'informations.

« Les rumeurs ne sont pas des informations. »

« Pourquoi le sujet est-il si sensible cette semaine ? Pourquoi avoir appelé cettesemaine ? Peut-être que Aveeno Trumphette avait raison à propos de vos rencontres avec les garçons Weasley ? »

« Tout ce que vous avez imprimé à mon propos n'a jamais été vrai. »

« Donc vous n'êtes pas le survivant ? »

« Je suis Harry Potter. »

« Et vous n'êtes pas l'homme qui a vaincu Lord Voldemort ? »

« Des armées étaient présentes, nous avons tous travaillé ensemble pour le détruire. »

« Vous étiez le dernier à le toucher ! Personne n'a donné de détail à ce sujet, mais c'est sûr que vous avez porté le coup final ! »

Harry bondit franchement, regarda ses mains et, pendant une fraction de seconde, put revoir toute l'horreur liée à la bataille. Dans un premier temps, il pensa que Dionysus lui avait fait quelque chose, mais quand elle le regarda lui demandant s'il allait bien, il comprit qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il venait juste de voir.

« Je dois partir. »

« Vous n'avez pas fini l'interview ! Vous m'avez donné votre parole que vous resteriez jusqu'à ce que j'aie terminé ! »

« Je ne suis plus vierge, mentit-il. Écrivez à propos de ça. »

« Mais, cela ne nous avance pas plus… »

« Et je suis gay. Gay gay gay. Maintenant arrêtez l'interview. »

Madame Dionysus le fixa comme si elle allait protester encore une fois, mais Harry déposa plusieurs gallions sur la table pour régler leur thé et sortit précipitamment du café. Après avoir couru tête baissée dans la rue, il franchit la colline jusqu'à la cour de la Cabane Hurlante et heurta une autre personne. Ils s'étalèrent tous deux sur le sol.

« C'est bien ma chance. Je décide finalement de prendre l'air et vous m'emboutissez dans ma cour. »

Harry reconnaissait cette voix, toujours, même s'il s'étonnait que l'endroit où il comptait se réfugier appartienne déjà à quelqu'un d'autre. « Vo-Votrecour, monsieur ? »

« Oui, monsieur Potter. Macour. » Il réalisa ensuite qu'il était toujours assis dans la neige et s'emporta contre le jeune homme qui était déjà debout et se dépoussiérait. « ALLEZ-VOUS M'AIDER OU NON À ME RELEVER, IMBÉCILE MALADROIT ? »

« Oh ! » s'exclama Harry, s'accroupissant pour relever Severus du sol. Il commença instinctivement à épousseter les robes de l'homme, jusqu'à ce qu'un regard commence à bruler le haut de sa tête.

« Je suis parfaitement capable de me nettoyer. S'il vous plait, mettez au moins un mètre d'espace entre nous, immédiatement. »

« Oui, Monsieur. » Harry se tenait nerveusement, ses mains s'agrippaient l'une à l'autre derrière son dos et son corps frissonnait des pieds à la tête. Severus détourna les yeux vers une rangée d'arbres derrière Harry et pinça ses lèvres de dépit.

Le silence fut finalement rompu par Severus qui grogna, « Pourquoi êtes-vous ici ? » et par Harry qui demanda, « Pourquoi est-ce votre maison maintenant ? » en même temps. Harry pâlit et Severus le fixa.

« Euh… Je voulais rester ici, un petit moment. Les gens vont et viennent toujours au Square Grimmaurd… comme Madame Weasley. Et toutes les réunions inopinées de l'Ordre où je ne suis pas invité sont agaçantes. »

« Ma maison a été détruite pendant la guerre quand vos stupides amis pensaient que j'étais un traitre et ont fait sauter mon quartier. J'espère vraiment qu'ils ont réalisé qu'ils avaient blessé plusieurs moldus dans la manœuvre… et abandonneront toutes actions militaires à l'avenir. »

« Oh. » Harry rougit. Ron avait finalement eut la 'preuve' que Severus était un traître quand l'homme avait immobilisé Harry pendant un affrontement dans le Londres moldu, et s'était vengé à l'aide d'une bombe plutôt énorme lancée sur le quartier de Severus, qu'il avait bêtement cru regorgeant d'une colonie de mangemorts.

Le silence était à nouveau présent entre les deux hommes lorsque Severus se détourna de Harry et avança de quelques pas. « Vous réalisez que si vous demeurez ici, vous devrez rester absolument tranquille tout le temps et faire votre part de corvées. »

« Vous voulez dire que je peux rester ? »

« C'est le souhait d'Albus. Si je refuse, il me forcera à vous laisser entrer. »

« Oh… d'accord, je vais chercher quelques affaires et je reviendrai demain. »

« Je pensais que votre complexe du héros se mettrait en marche et que vous ne vous imposeriez pas hôte indésirable » grommela Severus alors qu'il se retournait pour faire face à Harry encore une fois.

« J'évite au Professeur Dumbledore d'avoir à m'imposer à vous. »

« Logique. » fut la seule réponse du plus âgé alors qu'il marchait péniblement vers sa demeure. Il n'était là que depuis quelques mois, mais il savait qu'un jour, certaines âmes en peine seraient placées dans ses bras froids et durs. Bien sûr, les rougissements de Harry créaient constamment une petite chaleur dans ses extrémités et il ne savait toujours pas s'il devait remercier sa bonne étoile… ou se jeter le pire impardonnable devant un miroir.

La deuxième option était le choix évident, ou du moins ce fut ce que Severus décida le matin suivant quand Harry arriva dans des baggys, vêtements moldus, le regard complètement perdu, transportant une malle, un hibou et un balai.

« Bonjour, Professeur. »

Severus ne pouvait pas croire que ce visage halé et innocent était en train de le regarder avec de grands yeux et un sourire nerveux. Il venait juste de lire un article explicite sur la rencontre la plus faussement probable entre le héros devant lui et un autre homme. Oh oui, un homme. Les images étaient en marche, ou plutôt affluaient dans sa tête. Comment un journal osait-il être si scandaleux ! Comment un homme osait-il être si mignon ! Comment la star de ses derniers fantasmes osait-elle lui rappeler qu'il avait été son professeur !

« Seve… Docteur Snape fera l'affaire. Je ne suis pas désireux d'être appelé 'Professeur' chez moi. » répliqua l'homme tandis qu'il tenait la porte ouverte à Harry. Il toussota quand Harry essaya d'entrer à grandes enjambées. « J'ai un paillasson, monsieur Potter. » Il n'était pas question d'éponger la neige fondue parce que Potter n'avait aucune éducation. Le sex-appeal n'exemptait pas une personne de savoir-vivre.

« Docteur ? »

« Plus ou moins. Dans le monde moldu, les hommes deviennent des chimistes de renom grâce à une éducation scolaire de qualité, et vous avez sûrement réalisé que j'ai dû passer la plus grande partie de ma vie dans une salle de classe pour devenir un Maître des Potions… Ou peut-être que vous n'avez pas remarqué. Penser ne vous ressemblerait absolument pas. »

« Je ne suis pas stupide ! » argua immédiatement Harry. S'il laissait le vieux désagréable commencer à le rabaisser si tôt, l'homme n'arrêterait plus les frais. Déjà furieux et semblant prêt à écraser les orteils du plus âgé, il fut surpris quand les lèvres de Severus formèrent le plus léger des sourires.

« Je n'ai pas dit que vous étiez stupide, monsieur Potter. Vous êtes parfaitement capable de réfléchir, mais vous choisissez souvent de ne pas le faire. » Il récupéra la cage d'Hedwige de la main droite du garçon et se retourna brusquement. « Cela vous rend incroyablement ignorant. »

Harry suivit Severus sans un mot. L'homme avait son hibou, après tout. Pour être honnête, Harry l'aurait suivit de toute façon. Il marchait dans ses pas jusqu'à ce que l'homme tourne à un angle, ses cheveux formant un rideau d'acier noir. Il le maudit et continua sa route. Il était heureux. Il venait juste de recevoir un sourire et un compliment. Bon, une ombre de sourire et un peu moins qu'une insulte.

Quant à Hedwige ; elle avait l'air absolument horrifiée. Ses yeux scrutant frénétiquement Severus qui agrippait sa maison et Harry qui marchait derrière lui. Elle ébouriffa ses plumes plusieurs fois et secoua une aile avec colère alors que Severus la transportait dans une chambre inconnue et la déposait sur une commode étrangère.

Severus parla rapidement, indiquant à Harry l'emplacement des serviettes et des produits de nettoyage. Il expliqua aussi quelles parties de la maison étaient interdites et quelles activités ne seraient pas autorisées. Repartant aussi rapidement qu'il était venu, Severus quitta la nouvelle chambre de Harry.

« Tout va bien, ma belle. Oublie juste tout ce que j'ai pu dire sur lui. » dit joyeusement Harry à une Hedwige toujours mécontente, « Il n'est pas si méchant… ni si vieux ou grincheux ou laid. »

Les yeux de Severus s'élargirent et il s'immobilisa au milieu de son couloir. « Grincheux ? » répéta-t-il pour lui-même, ayant l'envie de frapper Harry au visage. Évidemment, ce ne serait absolument pas convenable et il avait une réputation à conserver… et une vie à garder. Albus le tuerait s'il faisait du mal au garçon. Homme. Harry était enfin un homme. « Enfin ? » se dit-il. Il n'avait jamais réalisé qu'il faisait le décompte des jours jusqu'à l'entrée de Harry dans l'âge adulte.

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Curses feigned - Chapitre 1