Hors de portée.
Comme peut l'être l'objet de nos désir, de nos regards en coin et de nos rêves inavoués.
Comme ce que l'on croit avoir pour toujours, et qui s'envole du jour en lendemain.
Comme ce qui parait si près, et qui se trouve en même temps si loin.
Parce que quelque part, on est tous hors de portée de quelqu'un, même sans le savoir.
Pairing: Principalement Axel/Roxas et Zexion/Namine. Je vous laisse découvrir le reste par vous même.
Disclaimer standard. Rien à moi, sauf l'intrigue.
Note: Ruby n'est pas un personnage original mais bel et bien un membre des Tantalas dans Final Fantasy IX. Elle n'est malheureusement pas très connue, c'est pour quoi je souhaitais le préciser.
Remerciement:
Ma Lawy, pour son aide et son soutien. Même si tu n'as pas beaucoup le temps de lire ces temps ci, sache que ton soutien me suffit amplement
Tinu, pour la Beta de fond. Merci beaucoup d'avoir pris sur ton temps, et de m'avoir fait un commentaire aussi complet. Ca m'a vraiment aidé et conforté dans mon envie de faire cette fics. J'ai beaucoup apprécié que ta vision des choses rencontre la mienne. Milles merci
Duncan, pour la Beta de forme. Merci pour la correction! Je sais que tu es impatiente d'avoir les autres chapitres, mais il faudra malheureusement suivre mon rythme de parution :) J'espère que la suite te plaira
N'hésitez pas à laissez vos impressions, commentaires et critiques!
Bonne lecture
EDIT DU 10 AVRIL 2010: Je vous informe que j'ai apporté quelques modification au premier chapitre de Hors de Portée.
J'ai supprimé les passages et expression qui ne correspondaient plus vraiment au caractère final des personnages, et rajouté quelques passages donnant plus d'informations sur Roxas...
Je détestais vraiment ce chapitre qui pour moi ne correspondait plus du tout à la suite de l'histoire, j'espère que vous apprécierez également ces modifications.
Chapitre I : Fixation
C'est quelque chose que j'ai su dès le premier regard que nous avons échangé, si du moins on peut considérer qu'il y ait eu un échange.
J'ai eu mal, sans trop savoir pourquoi à ce moment.
Quand je l'ai vu arriver, ce professionnel entouré de son « équipe », cet air détaché, convaincu, inaccessible.
Quand il a embrassé la main de la réceptionniste avant de lui laisser sa carte de visite.
Quand j'ai appris que ce n'était que l'une de ses premières visites avant beaucoup d'autres, dans la société où je travaillais.
J'ai tout de suite compris que je n'avais pas fini d'avoir mal.
Parfois, la vie n'est pas telle que l'on l'aurait souhaitée.
Souvent, il arrive que l'on doive faire des choix pour continuer à avancer.
Et Roxas se demandait souvent si les décisions qu'il avait prises le mèneraient quelque part.
Cela faisait six mois environ qu'il avait mis fin brutalement à sa dernière relation. La dernière d'une série d'histoires plus catastrophiques et pathétiques les unes que les autres…
Il était juste fatigué de tout ça, et souhaitait trouver une relation stable et vivre une vie simple et tranquille…
Roxas travaillait à la Shinra depuis sa sortie de l'école, il y avait environ cinq ans.
Grâce à son amie Naminé qui travaillait elle même à la réception de la multinationale, le poste lui avait été accordé presque immédiatement, et le jeune homme avait toujours fait son possible pour le garder.
Comme chaque jour, Roxas préparait les salles de réunions. Il installait les rétroprojecteurs, préparait le café, s'assurait que tout était à sa place et que l'entreprise se présentait sous son meilleur jour.
La suite de son travail consistait à accueillir les clients, les installer et les faire patienter en attendant que son patron, Rufus Shinra, daigne se montrer et prenne la relève, pendant qu'il retournerait à son travail d'assistant de réception, aux côtés de Naminé.
Il était justement entrain de régler les derniers éclairages de la « Sapphire Room » quand il se rendit compte qu'il avait oublié les catalogues destinés aux visiteurs dans son bureau.
D'un pas pressé, il s'y rendit pour les récupérer avant le début de la réunion qui devait accueillir un nouveau client très important, d'après les bruits de couloir.
Son travail n'était pas des plus intéressants, mais il payait bien et lui permettait de rencontrer pas mal de gens, ce qui était déjà bien au vu de la crise économique dont souffrait le pays.
Et les jours se succédaient, les uns après les autres, sans réel changement.
Jusqu'au jour où il le vit.
Bien habillé, distingué, très jeune, et constamment accompagné de deux charmantes jeunes femmes qui devaient plus faire office de gardes du corps que de secrétaires.
La première, longs cheveux bruns, jambes interminables, jupe courte et décolleté pigeonnant, se nommait Tifa.
La seconde, cheveux clairs et ondulés assortis de rubans turquoise, chemisier blanc impeccable et peau de porcelaine, se nommait Ruby.
Son cœur s'arrêta l'espace d'une seconde lorsqu'il le vit. Tout en lui semblait tellement parfait, sa carrure, son élégance, ses longs cheveux couleur feu qui coulaient agréablement de sa nuque, ses yeux vert perçant… Il se maudit intérieurement lorsqu'il se rendit compte de la vitesse et de la profondeur avec laquelle il était tombé sur le charme du jeune homme.
Et ce fut pire quand il se rendit compte à quel point il lui était inaccessible.
Il eut l'impression de se fondre dans le décor, tellement sa présence passa inaperçue, quoique cela ne l'étonna guère au vu de la compagnie dont bénéficiait le jeune homme…
Néanmoins, il ne désespérait pas d'avoir un jour l'occasion de lui parler, d'échanger juste quelques mots avec lui.
Il aurait ainsi le loisir d'entendre le son de sa voix, d'apprendre son nom peut-être ? De détailler un peu plus ses magnifiques yeux…
L'inconnu était de plus en plus présent à la Shinra, et Naminé ne manquait pas de l'avertir quand Rufus lui signalait l'arrivée prochaine d'un visiteur.
Et la salle qu'il préparait en ce moment allait accueillir d'un instant à l'autre l'inconnu de ses rêves.
Un sourire coupable s'étira sur son visage. Il savait qu'il se faisait des idées… Que cet homme ne le verrait probablement pas au milieu des autres employés, qu'il n'arriverait jamais à attirer son regard ou même à lui parler.
Espérer dans le vide de cette façon n'était sûrement pas la meilleure façon de se remettre de ses ruptures à répétition.
Roxas secoua vivement la tête pour se sortir de ses rêveries. Il avait du travail urgent et ne pouvait pas se permettre de faire attendre les arrivants.
Il prit la documentation qui gisait sur le bureau, et fit marche arrière pour rejoindre son poste au plus vite.
Arrivé aux dernières marches de l'escalier menant au hall d'entrée, les bras chargés de prospectus, il se fit brutalement accosté par une jeune femme blonde, débordante d'énergie.
-« Roxas ! Il est là, il est là ! » Scanda Naminé, en s'accrochant à ses épaules, manquant de faire tomber son ami.
Naminé était sa collègue, et s'occupait de la réception à plein temps, alors que lui n'y passait que de temps en temps pour lui donner un coup de main, quand son travail ne l'occupait pas ailleurs. Elle était jolie, blonde, des yeux à tomber par terre, et… incroyablement gentille.
Si Roxas avait été un jour capable d'aimer une femme, sans aucun doute, ça aurait été elle.
-« Na... Na… Naminé ! Du calme ! De qui parles-tu ? » Bredouilla Roxas en essayant de la faire tenir en place.
Elle se calma l'espace d'une seconde, le temps de se placer à ses côtés, lui indiquant où regarder, et de commencer à glousser.
Sous la pression insistante de la main de son amie sur son avant bras, il consentit à regarder en direction de la grande porte vitrée qui donnait sur la cour.
Evidemment…
Entouré de sa brigade féminine, habillé d'un costume noir, chemise légèrement entrouverte, des cheveux rouge feu retombant gracieusement sur ses épaules, il était difficile de ne pas le remarquer…
Les jacassements des employés se faisaient entendre dans les couloirs, sous cette arrivée pour le moins… fracassante.
Absorbé par la vision semi-onirique qu'il venait d'avoir, il sentit à peine le souffle de Naminé qui lui chuchota à l'oreille.
-« Alors, pas mal hein ? » Susurra-t-elle.
Roxas la dévisagea, un sourire moqueur collé aux lèvres. Voir son amie dans un pareil état d'excitation était plutôt rare, même s'il savait que l'intérêt que cet homme éveillait chez elle était uniquement motivé par une seule et même chose...
- « Je suis sûre que tu penses la même chose que moi, Roxas. Tu crois que je n'ai pas remarqué ? Tes yeux vont finir par sortir de leurs orbites à force de le déshabiller du regard comme tu le fais. »
Roxas roula des yeux sans prendre la peine de relever la remarque de son amie.
-« Si tu veux mon avis, les filles qui l'accompagnent doivent aussi penser la même chose » Soupira Roxas, puis désignant du menton l'attroupement d'employées au premier étage, « Et nos collègues aussi d'ailleurs. »
Un claquement de langue sec marqua l'indignation de Naminé. Elle se plaça en face de Roxas, une marche plus basse et lui remit son col de chemise en place, avant d'ajuster sa cravate.
- « Fais bonne impression ! » Rajouta-t-elle, suivi d'un clin d'œil, avant de rejoindre son poste.
« Facile à dire »
Naminé avait beau lui chanter dans toutes les langues qu'il pourrait avoir sa chance, qu'il était beau et gentil, et que n'importe quelle femme ou homme lui tomberait facilement dans les bras. Il savait très bien comment les choses allaient se passer.
Exactement comme elles s'étaient passées la fois précédente.
Roxas installa les convives, tenant les chaises des deux secrétaires du rouquin, où quoiqu'elles puissent être pour avoir la chance de l'accompagner, leur présenta les catalogues informatifs et leur proposa du café.
Tifa hocha vigoureusement la tête et leva trois doigts pour lui indiquer le nombre de cafés qu'ils désiraient, tout en s'entretenant de façon agitée avec quelqu'un du bout de son téléphone portable.
Roxas ne put s'empêcher de détailler le nouveau venu tout en versant le liquide chaud dans des gobelets en plastique.
Ses grands yeux verts en amande qui parcouraient attentivement le catalogue, ses fines mains blanches qui tournaient délicatement les pages, ses fines lèvres qui murmuraient des mots inaudibles à sa voisine, et évidement, sa crinière flamboyante et excentrique qui lui permettait d'être identifié à des kilomètres à la ronde.
Son observation dut malheureusement se terminer assez rapidement, la dénommée Ruby lui lançant un regard suspicieux.
Gêné, le blond baissa les yeux, se maudissant intérieurement.
Alors qu'il lui tendit son gobelet, ses doigts effleurèrent ceux du jeune indépendant, occupé à chuchoter au creux de l'oreille de sa secrétaire, celle qui n'était pas pendue à son téléphone, quelque chose d'apparemment très amusant, au vu de la façon dont elle gloussait. Surpris par le contact, Roxas releva la tête prestement pour croiser les yeux émeraude qui le fixaient étrangement, attendant sûrement que le blond lâche le gobelet qu'il tenait toujours fermement.
Ne pouvant s'empêcher de rougir exagérément, il s'excusa et s'enfuit prestement de la salle de réunion avant même que Rufus n'arrive.
Il arriva essoufflé au poste de Naminé, qui le regarda, inquiète.
-« Est-ce que tout va bien ? Tu es tout pâle...»
Il passa derrière le bureau et s'assit sur une chaise, un peu en retrait, essayant vainement de calmer les battements de son cœur qui déchiraient sa poitrine.
Ses réactions lui paraissaient tellement exagérées, surtout qu'il savait très bien que ses chances frôlaient la barre des zéros pointés.
-« Qu'est-ce que tu crois, Naminé ? Que je vais l'impressionner en lui versant du café ? Et quand bien même ça l'impressionnerait, ce qui est déjà ridicule, encore faudrait-il que je passe au-delà des deux superbes bimbos avec lesquelles il se balade. »
Il enfouit un instant sa tête entre ses mains, essayant de se reprendre.
C'était peine perdue… Il allait encore souffrir à espérer de cette façon. Il allait encore être blessé.
Il avait la désagréable impression de courir après quelque chose qui lui était interdit, comme une punition pour avoir lui-même brisé le cœur de celle qui l'aimait… C'était sûrement ça.
Naminé passa son bras de façon réconfortante autour de son épaule et l'attira à elle, le réconfortant du mieux qu'elle pouvait.
«… Je ne dois pas me faire d'illusions..."
J'ai eu du mal à me remettre de cette prise de conscience.
Cet homme dont j'ignorais tout, jusqu'à son nom, et à qui je n'avais jamais adressé la parole, pourquoi le seul fait qu'il ne me voit pas me faisait-il autant souffrir ?
J'aurais voulu qu'il ne revienne plus jamais, que leurs projets tombent à l'eau, et qu'il sorte de ma vie, ou, du moins, de mon champ de vision.
Mais cela faisait partie de mes rêves irréalisables bien sûr.
Après une journée éreintante de plus, Roxas traversa les rues noires pour rentrer à son appartement où l'attendait Aya, la petite chatte perdue que Naminé lui avait confié.
Il eut à peine le temps de retirer ses chaussures et de s'affaler sur le fauteuil que la demoiselle était déjà en train de ronronner sur ses jambes, réclamant sa nourriture.
Il caressa un instant sa fourrure blanche immaculée et profita de sa douceur, avant de consentir à se lever pour sustenter le petit estomac sur pattes.
Il ne pouvait s'empêcher de penser à l'accident qui s'était produit quelques jours plus tôt.
Naminé avait sûrement dû le trouver pitoyable, de pleurnicher dans ses jupes de cette façon à cause d'un inconnu.
Le pire étant que, si Roxas désirait plus que tout rayer cet homme de ses pensées, il n'avait de cesse de le chercher au détour des couloirs, de relever la tête à chaque fois qu'une personne entrait dans le hall, espérant y voir une chevelure ardente.
Aya poussa un miaulement de contentement quand Roxas lui déposa sa gamelle remplie de pâtée au thon. Mais le blond eut à peine le temps de retourner à la cuisine pour préparer son propre repas, que la sonnerie de la porte retentit.
Il ouvrit la porte pour découvrir une Naminé trempée par la pluie.
- « Il fait froid ! »
Elle se rua dans l'appartement, abandonnant un à un ses vêtements dans sa course, jusqu'à atteindre la salle de bains.
Roxas la suivit, ramassant tour à tour un gilet bleu, une chaussure droite suivie de sa compagne gauche, un tee-shirt turquoise, et pour finir un jean délavé.
Il ramassa la dernière pièce vestimentaire quand la porte de la salle de bains se rouvrit pour laisser apparaître Naminé en long peignoir de bain.
-« A ton aise hein, je t'en prie. »
- « Ca ne t'ennuie pas si je me fais un café ? »
Roxas étendit ses vêtements sur le radiateur en soupirant.
- « Et il dirait quoi Zexion, s'il te trouvait en peignoir comme ça dans ma cuisine ? Tu essaierais de lui expliquer que tu t'es déshabillée parce que tu étais trempée à cause de la pluie ? » Se moqua-t-il.
- « Parfaitement » Répondit-t-elle d'un air détaché, en saisissant une tasse dans l'armoire, « Il sait très bien qu'il n'y a aucun risque avec toi ».
Le provocant ouvertement, elle lui tira la langue, ne récoltant qu'un soupir las de la part de Roxas.
- « Et qui te dit que je ne changerais pas un jour d'avis ? »
- « Allons, allons… » Naminé agita sa main tenant la tasse, de l'autre farfouillant dans l'armoire à la recherche du paquet de café, « Tu es une vraie fille Roxas, tu ne trompes personne. »
Le dénommé recula d'un pas sous la surprise.
- « Pardon ? »
Naminé soupira, terminant la préparation de sa boisson avant de retourner s'asseoir en face de Roxas, sur la table de la cuisine.
- « Ne le prends pas mal voyons… Tu es très bien comme tu es, tu sais » Dit-t-elle en se relevant juste assez pour pouvoir déposer un baiser sur la joue de Roxas. « Et puis, je ne suis pas venue pour rien… J'ai quelque chose qui devrait t'intéresser… »
Délaissant son café, elle partit chercher quelque chose dans son jean avant de revenir s'asseoir à table, invitant Roxas à faire de même, avant de lui tendre un bout de carton aux couleurs criardes.
Roxas souleva un sourcil interrogatif, ne comprenant pas où Naminé voulait en venir.
- « Qu'est-ce que c'est ? »
- « Quelque chose d'intéressant qu'une personne intéressante a laissé intentionnellement sur mon bureau avant de partir… Juste après m'avoir demandé le nom du jeune assistant qui préparait les salles de réunions… »
Le carton était en fait une carte d'invitation indiquant une soirée huppée dans le courant de la semaine suivante. Un seul nom y figurait, gribouillé à la hâte sur le verso.
- « Axel… ? »
Il se tourna vers Naminé qui sourit tout en buvant son café, sûre que l'information ne tarderait pas à faire son chemin jusqu'au cerveau de Roxas.
Ecarquillant les yeux, il déposa le carton sur la table, le reprit en main, le retourna, effleura l'écriture manuelle, rougit, et reposa le carton rapidement en essayant de ne pas croiser le regard de Naminé.
- « Tu compte y aller ? » Demanda-t-il à son amie, essayant de paraître le plus détaché possible.
- « La question est plutôt : est-ce que tu vas y aller, toi ? » Lui répliqua-t-elle du tac au tac.
- « L'invitation ne m'est pas dirigée. » D'une main, il intima le silence à la jeune femme qui s'appliquait à répliquer. « Je sais, il a demandé mon nom. Et alors ? Peut-être voulait-il juste savoir quel était l'imbécile qui n'est même pas fichu de servir du café aux clients ? Ca lui fera sûrement une bonne histoire à raconter aux charmantes jeunes femmes qui se déplacent avec lui en permanence. »
Il croisa les bras sur son torse, signalant la fin de la discussion. Bien décidée à le faire changer d'avis, Naminé tapota son bras amicalement.
- « J'aimerais quand même bien savoir ce qui te fait penser dur comme fer que tu n'as aucune chance avec lui ».
Roxas soupira, fixant son amie avec lassitude.
- « Ca se voit comme le nez au milieu de la figure ! Rien que le fait de voir la façon avec laquelle il a réagi avec toi, à sa première visite, est largement suffisant… »
- « Ce n'était qu'un baiser sur la main, ça ne veut absolument rien dire, je t'assure ».
Le blond pianota des doigts sur la table en roulant des yeux.
Ce n'était qu'une des raisons qui lui avaient mis la puce à l'oreille, sans compter que même si c'était du pur hasard, il avait quand même nonante pour cent de… risques… d'avoir raison.
- « Qui te dit qu'il n'est pas bi ? » Renchérit Naminé, ne désespérant pas trouver une faille dans ses arguments.
- « Quand bien même il serait… bi, je me vois mal rivaliser avec ce genre de…»
- « Ca, c'est parce qu'il ne te connaît pas encore ! »
- « Que je sache, tous les hommes que je côtoie ne deviennent pas bi quand ils apprennent à me connaître. Ca serait d'ailleurs très fâcheux pour toi si c'était le cas. »
Naminé soupira, à bout d'arguments.
Elle n'avait jamais vu Roxas s'amouracher d'un inconnu de cette façon avant, et le voir, le cœur brisé par un amour à sens unique, lui faisait de la peine.
Ils avaient toujours été très proches, collés l'un à l'autre depuis les petites classes.
Lorsqu'ils étaient adolescents, ils étaient même sortis un certain temps ensemble, avant que Roxas ne réalise qu'il ne pourrait jamais aimer Naminé plus qu'il ne l'aimait déjà, et dut se rendre à l'évidence qu'il était attiré par les hommes, et uniquement par les hommes.
Malgré ce que Naminé pouvait supposer, il n'était pas efféminé pour un sou. Mais elle soutenait que la sensibilité de ses réactions faisait de lui une femme, et que c'était pour ça qu'elle l'aimait autant. Il ne sut jamais si c'était un compliment ou bien une insulte.
- « Tes vêtements sont secs, tu devrais y aller. »
Roxas se leva de table et partit chercher les affaires de son amie, voulant mettre un terme définitif à cette conversation.
La jeune femme blonde se leva prestement et le retint par le bras, obligeant Roxas à rencontrer un air sévère.
- « Je t'en prie, Roxas... Essaye au moins. Tu ne dois pas t'avouer vaincu aussi vite, surtout que tu n'as absolument rien fait de mal. »
Il dégagea son bras d'un geste sec, et continua sa route sans dire un mot, ramassant les vêtements encore légèrement humides qui reposaient sur le chauffage.
- « Je ne m'avoue pas vaincu, Naminé, j'essaie juste de me faire à l'idée que je dois me trouver quelqu'un d'autre et arrêter de faire une fixation sur lui. Je n'y gagnerais rien à m'accrocher comme ça. »
Un poids sur son dos, composé de bras l'enlaçant, lui fit lâcher toute pression qu'il avait sur le gilet bleu, qui s'échoua au sol.
Cette douce chaleur humaine qui se répandait dans son corps, la douceur de ses cheveux qui frôlaient son cou, le parfum de lotus qui émanait d'elle…
Il ferma les yeux un instant et caressa son bras blanc qui encerclait ses épaules.
Parfois, c'était juste ce dont il avait besoin.
D'elle.
De légers soubresauts se firent sentir dans son corps fêle collé au sien. Roxas voulut se retourner, mais Naminé l'en empêcha en le poussant un peu plus contre le dos du fauteuil.
-« Naminé… tu pleures ? »
Elle prit une grande inspiration, essaya de calmer les battements de son cœur et de regagner un peu de contenance.
-« Donne-moi… donne-moi juste un peu de temps, et je te prouverais que tu as tort. »
La prise de ses bras se resserra autour de lui, comme une demande de consentement.
Les larmes silencieuses de Naminé coulaient à présent dans son cou, se frayant un chemin dans son dos, faisant frissonner son corps tout entier.
Il ne supportait pas de la voir pleurer, la sentir malheureuse.
Malgré toutes les années qui s'étaient écoulées, il n'arrivait toujours pas à se pardonner de s'être refusé à elle, alors qu'elle s'était si bien occupée de lui, alors qu'elle l'aimait tant…
Et tout ce mal qu'il lui avait fait le suivrait sûrement bien des années encore.
Il se dégagea de son emprise pour se retrouver face à elle, puis prit dans ses mains son visage humide et rougi par le chagrin.
- « Écoute-moi. Tu ne dois pas te mettre dans des états pareils pour moi. Je sais ce que je fais. Ca fait mal, ça brûle, mais c'est moi que ça touche, pas toi. » Ses doigts passèrent en dessous des yeux troublés par les larmes de la jeune femme, et il embrassa doucement ses paupières. « Pense à Zexion, pense à toi. Arrête de t'en faire pour les autres. »
- « Mais… Mais… Roxas… » Elle s'éloigna de lui et rejeta ses cheveux défaits en arrière pour dégager son visage, avant de frotter ses joues mouillées. « Si tu as mal, j'ai mal, Roxas… »
Elle ramassa tant bien que mal ses vêtements par terre et s'installa dans le fauteuil, lui tournant le dos.
- « Je te prouverais que je n'ai pas tort… Sache que je ne pourrais pas être heureuse tant que tu ne le seras pas. »
Son peignoir glissa de ses épaules, découvrant légèrement sa peau. Ayant rapidement compris que Naminé comptait continuer à parler en se rhabillant, il lui tourna le dos par galanterie.
- « Je ne te comprends pas, Naminé. »
Elle enfila rapidement son jean et attacha ses cheveux à l'aide d'un élastique. Une fois prête, elle revint un bref instant vers Roxas, confus et terriblement ennuyé.
-« J'ai besoin, Roxas, que quelqu'un prenne ma place. » Il releva un sourcil, interloqué par la phrase de son amie, qui se contenta de lui jeter un semblant de sourire, encore empreint de mélancolie. « Je suppose que j'ai besoin de ça pour tirer complètement un trait sur toi… »
Et c'est sur ces derniers mots qu'elle quitta l'appartement, laissant son peignoir sur le tapis du salon, et sa tasse de café à moitié bue sur la table de la cuisine.
Roxas resta bien dix minutes à la même place après son départ avant de réaliser le sens même de ces phrases.
Et il se rendit compte qu'il n'avait pas été le seul à être bouleversé par l'arrivée d'Axel à la Shinra…
