Prologue : Le Trophée reparait, l'Ordre renaît

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Dans un crac sonore, le Trophée des Trois sorciers réapparut sur le sol de Poudlard. Accroché à lui, Harry Potter, et accroché à Harry Potter, le cadavre de Cédric Diggory. Dumbledore embrassa la scène d'un regard. En tant que Directeur, il devait agir vite. La foule n'avait pas encore compris et hurlait la victoire de Poudlard. Dans quelques secondes, ce serait la panique.

Le Directeur retourna Harry sur le dos. Il était blessé, mais surtout, il refusait d'ouvrir les yeux. Un mal bien commun, en vérité, pensa-t-il en apercevant Fudge qui se dirigeait vers eux.

- Harry !

Un contact visuel et le Légilimens qu'il était saurait ce qui s'était passé.

- Harry !

Harry ouvrit les yeux. Et confirma toutes ses craintes.

- Il est revenu. Voldemort est revenu.

Dumbledore acquiesça en silence. Une heure plus tôt, Severus Rogue lui avait confié avoir ressenti l'appel de la Marque pour la première fois depuis 13 ans.

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Nymphadora Tonks était en train de mettre sa veste, et s'apprêtait à partir après douze heures de perquisitions et de chasse intensive, quand son supérieur, Kingsley Shacklebolt sortit en courant de son bureau.

- Tonks, Dawlish, avec moi !

- Qu'est-ce qui se passe ? fit Tonks.

- Les concurrents du Tournoi sont réapparus à Poudlard…

Deux heures plus tôt, on leur avait appris leur disparition. Le Bureau n'avait donc pas fermé malgré l'heure tardive, en attendant d'obtenir plus d'informations. Que deux des participants du Tournoi disparaissent, c'était une première (« il est impossible de transplaner hors de Poudlard » s'était époumoné leur collègue Gustave Monroe, pendant un bon quart d'heure…). Tout aussi inconcevable que réapparaître dans l'enceinte de l'école sans aide extérieure.

- C'est une bonne nouvelle… non ?

Kingsley baissa la voix.

- Harry Potter prétend que Voldemort est de retour.

Tonks s'immobilisa.

- Tu le crois ?

- Tous mes indics m'ont signalé que les sorciers qu'ils surveillaient avaient transplané simultanément, à minuit moins vingt.

- On sait où ?

- Non, ce serait trop beau… Dawlish, tout de suite! On a besoin de renforts… il faut qu'on aille à l'école… Qu'il soit vrai ou non que Voldemort est de retour, Cédric Diggory a été tué, et nous devons éclaircir la situation. Dans le doute, il faut renforcer la protection de Poudlard et calmer le jeu, ou Beauxbâtons et Durmstrang vont vouloir partir dès ce soir…et le Ministre n'aimerait pas ça du tout…

- Diggory est mort ? murmura Dawlish en sortant de son bureau.

Kingsley acquiesça.

Nymphadora se sentit étrangement touchée par l'annonce de sa mort. Elle avait bien sûr soutenu les deux champions de Poudlard, mais elle avait toujours eu pour favori celui qui était issu de sa propre maison. Sans parler du fait qu'il était beau garçon et qu'Harry Potter était suffisamment célèbre pour qu'une fois dans sa vie on tourne son regard vers un autre. Bon, elle était peut-être injuste envers Potter, elle ne connaissait pas le garçon, et elle n'avait jamais eu aucune raison de croire que la célébrité lui ait donné la grosse tête. Le fait que Rita Skeeter (qui l'avait cordialement qualifiée d' «Auror inexpérimentée, dont l'apparence était aussi aléatoire que l'issue des missions dont elle avait la charge était hasardeuse » dans un article sur la surveillance exercée à Pré-au-lard, du temps où Sirius Black était leur priorité) l'ait choisi pour nouvelle cible, aurait même plutôt attiré sa sympathie…

Les trois Aurors franchirent les grilles du château et remontèrent vers le Terrain de Quidditch, où il voyait déjà plusieurs silhouettes en robes d'Auror diriger les élèves vers Poudlard. Dawlish resta au niveau des grilles, où il fut rejoint par les Aurors en poste dans le village. Cornelius Fudge les salua du coin de l'œil. Tonks salua Maugrey Fol'œil (dont elle avait été la dernière pupille, avant qu'il ne prenne sa retraite… et devienne professeur de Défense), mais il ne la vit pas, trop occupé à ramenant Potter, qui semblait en très mauvais état, vers le château. Le garçon devait avoir vraiment besoin des soins de l'infirmière de Poudlard pour que son ancien mentor ne s'arrête pas pour échanger quelques mots. Il n'avait pas été très loquace dans ses dernières lettres, cela dit. Kingsley se fraya un chemin dans la foule, et elle le suivit.

Quelqu'un avait fait pousser un labyrinthe dans le terrain de Quidditch (« coool » pensa Nymphadora, en se promettant d'en faire une suggestion aux formateurs d'Aurors) qui commençait à se vider d'élèves. Mais les journalistes, les professeurs, le préfet et la préfète en chef, et quelques spectateurs adultes continuaient de parler sur place. On avait recouvert le corps de Diggory d'un drap noir, et un couple âgé qui devait être ses parents pleuraient, agenouillés à côté de lui.

Shacklebolt alla demander au Directeur ce qu'il pouvait faire dans l'immédiat. Dumbledore leur demanda aussitôt, l'air très agité, s'ils savaient où étaient Harry.

- Maugrey l'a emmené au château, dit Tonks.

Une étincelle qui n'avait rien du pétillement sympathique qui animait le regard du directeur apparut dans le regard bleu vif.

- Minerva ! Severus ! Avec moi ! Accio balais !

Trois balais de la réserve de l'école furent propulsés de la loge de Mme Bibine jusqu'à leurs mains tendues. Les deux Aurors regardèrent avec étonnement le lieu d'où les trois professeurs avaient disparu.

- Je me demande sincèrement si je ne devrais pas me faire muter ici, tenta de plaisanter Tonks. C'est hyper animé, et en plus, il y a l'air d'y avoir plus de mystères à percer et de complots à déjouer que dans l'Allée des Embrumes…

Shacklebolt hocha imperceptiblement la tête pour lui signifier qu'il avait entendu, mais que ce n'était vraiment pas le moment. Tonks le suivit, le visage fermé.

- Mr et Mrs Diggory ? Je vous présente mes plus sincères condoléances, mais malgré les circonstances, je dois vous poser des questions…

Quand il vit qu'ils portaient l'uniforme des Aurors, Amos Diggory, que Tonks avait croisé plusieurs fois dans le réfectoire du Ministère, acquiesça.

- Nous n'en savons pas plus que vous sur la mort de notre fils… Le Trophée aurait été transformé en Portoloin très puissant par quelqu'un, et Vous-Savez-Qui aurait retrouvé sa puissance cette nuit… Il aurait tué notre… enfant.

Il leur lança un regard brûlant.

- Rien de plus ? Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom l'aurait tué ?

Tonks entendit à son ton que Kingsley croyait à son retour. Potter y croyait, donc Dumbledore y croyait, donc il le croyait. Le schéma était aussi simple que cela dans son esprit. Quant à elle… elle devait enquêter. Avoir des preuves tangibles du retour du mage noir le plus redouté depuis un siècle. Travailler au Bureau des Aurors lui permettait de savoir que des choses se préparaient dehors. Trop de disparitions inexpliquées.

Un Patronus en forme de chat apparut alors en face d'elle. Indéniablement McGonagall, pensa-t-elle. Elle se souvenait du chat avec ses marques de lunettes autour des yeux comme si c'était hier. Quand on était la seule Métamorphomage de sa génération, on n'oubliait pas une forme Animagus…

- Bartemius Croupton fils est au château, il a avoué avoir usurpé l'identité de Maugrey Fol'Oeil et tué son père, ainsi que d'autres sorciers au cours des derniers mois… Le Directeur vous attend… il vous expliquera…

Eh bien… voilà qui prévoyait une soirée chargée.

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Dumbledore s'assit dans son fauteuil d'un air fatigué.

Révéler à Rogue que le chien noir qu'il avait trouvé dans le potager d'Hagrid était en fait son pire ennemi promettait de provoquer une nouvelle dispute avec son espion.

Et malgré tout ce qu'il avait fait, malgré le nombre de fois qu'Harry et lui l'avaient affronté, Voldemort était revenu. Plus puissant que jamais. Et il n'avait pas seulement recouvré son corps, mais il s'était approprié la protection que Lily avait donnée à son fils.

Et surtout, contrairement à la première fois, il devrait affronter Voldemort seul.

Du moins… sans le Ministère. Il n'avait pas anticipé la réaction de Fudge. Il n'avait pas pensé qu'au fond, Cornelius avait toujours eu peur qu'il brigue sa place de ministre, et qu'il aurait trop peur d'admettre que Voldemort était de retour, le moment venu. Ca changeait la donne du tout au tout. Cette fois-ci, l'Ordre serait seul. Le secret devrait être plus grand que jamais. Ils ne travailleraient pas côte à côte avec les Aurors, mais potentiellement contre eux.

Non, il avait toute la nuit pour réorganiser la résistance. Pour faire renaître de ses cendres l'Ordre du Phénix. Les Weasley avaient déjà répondu présents. La plupart des Anciens aussi, il n'en doutait pas. S'il comptait Remus Lupin, Sirius Black, Severus Rogue, Minerva McGonagall, Emmeline Vance, Maugrey Fol'œil, Mondingus Fletcher, ils étaient déjà une dizaine, sans compter sur ses amis qui ne faisaient pas partie de l'ordre comme Arabella Figg. Les Weasley seraient au moins deux, sans doute plus s'il comptait les enfants les plus âgés. Il faudrait recruter. Quelques Aurors, si possible. Des employés du Ministère, dans l'idéal.

Puis, il pensa à Severus… il était en route pour sa mission la plus périlleuse. Regagner la confiance du soi-disant Seigneur des Ténèbres allait lui en coûter. Il avait bien vu à quel point Rogue avait pâli quand il lui avait fait signe de partir.

On frappa fort à la porte.

Il releva la tête.

- Entrez.

Oh. Il avait complètement oublié son hôte française.

Sauf que Mme Maxime n'était pas seule. Fleur Delacour l'accompagnait.

- Mesdames ? dit-il comme s'il était habituel d'accueillir des invités à quatre heures du matin.

- Dambleudore… nous sommes ici pour repreusenter l'acadeumie Beauxbâtons dans la lutte qui ne va pas manquer d'éclateu, dit la demi-géante d'un ton pompeux.

- Plait-il, Olympe ? dit Dumbledore avec un sourire, les yeux toujours fixés sur Fleur Delacour.

- Monsieur le Directeur, dit-elle avec un accent français marqué. J'aurai mon diplôme dans moins d'un mois. J'attends une réponse de la filiale britannique de Gringotts mais je pense qu'elle répondra favorablement à ma candidature. Si vous avez besoin qu'on vous prête main-forte dans la lutte contre Voldemort (pourquoi s'est-il donné un nom français, celui-là ?), je me porte volontaire.

Visiblement, elle avait longuement répété son texte.

- Pourquoi me dites-vous cela ?

- L'Ordreu du Pheunix, c'est ainsi qu'il s'appelait il y a quinze ans, n'eust-ce pas ? dit Mme Maxime. Nous voulons en faire partie.

Les doigts fins du directeur caressèrent ses lèvres. Il ne doutait pas de l'honnêteté de Mme Maxime, et il lui fallait un émissaire pour les géants. Hagrid serait ravi d'avoir un compagnon de route. Surtout une compagne d'une aussi grande beauté (une compagne aussi grande, tout court, en fait).

Quant à Fleur Delacour… Elle était indéniablement douée, comme en témoignait sa sélection pour concourir au Tournoi des Trois Sorciers, et en particulier pour la Défense contre les Forces du Mal, Maugrey lui avait confirmé. Enfin, le Maugrey imposteur. Mais même de sa part, l'information avait du poids.

- Etes-vous familière de la Légilimencie, mademoiselle Delacour ? demanda-t-il doucement.

- Elle n'est pas enseignée à Beauxbâtons, répondit-elle.

- Ce n'était pas ma question.

- J'en connais les rudiments, admit-elle.

- Cela pourrait constituer un avantage, mais cela pose une difficulté, comprenez-vous… je ne peux pas vous faire entièrement confiance.

La championne de Beauxbâtons releva la tête et rejeta ses longs cheveux blonds en arrière.

- Je n'ai pas d'objection à boire du Véritasérum.

Dumbledore fut tenté. Severus lui avait laissé le flacon qu'ils avaient utilisé sur Barty Croupton.

- Je vous recontacterai, miss Delacour, c'est une promesse, dit le Directeur. Pour l'heure, puis-je vous demander de rejoindre le Carrosse et de prendre du repos ?

- Certainement. Mais sachez que je ferai tout ce qu'il est possible de faire pour gagner la guerre qui s'annonce.

Dumbledore acquiesça pour lui indiquer qu'il avait tout écouté avec attention.

Madame Maxime se tourna vers le directeur quand la porte se fut refermée.

- J'ai une absolue confiance en ceutte jeune fille, Dambleudore.

- Je n'ai pas d'objections à lui faire, répondit-il. Seulement, la dernière fois, j'ai placé ma confiance dans les mauvaises personnes et nous l'avons payé par de nombreuses vies. Je ne peux pas me permettre de faire la même erreur, alors que le Ministère ne nous soutient plus. Nous serons seuls, cette fois, Olympe.

- Vous ne lui faites pas confiance à cause de ses origines vélanes, devina-t-elle.

- Je ne peux pas faire confiance à mes sens comme avant, Olympe. Si en plus, cette jeune fille dispose de certains pouvoirs de suggestions, comprenez mon embarras...

- Le surhumain vous effraie… et pourtant, je devine que vous vouleu que j'aille voir les géants…

- C'est vrai… je vous en demande beaucoup, n'est-ce pas ?

Mme Maxime releva son nez en bec d'oiseau d'un air fier.

- Rien qu'une femme de ma carrure ne puisse faire.

Dumbledore sourit.

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- Maugrey ? Oï, Maugrey !

Maugrey Fol'œil ouvrit son œil valide. Un grand sourire en-dessous d'une ombre rose chewing-gum accueillirent son réveil.

- Petite ?

Son premier réflexe fut de vérifier qu'il s'agissait bien de sa pupille du Bureau des Aurors, mais l'instant d'après, Nymphadora s'écriait « Salut ! » dans son oreille et le serrait contre elle. Aucun autre de ses collègues n'aurait été aussi familier et tactile (ça frôlait l'insubordination, bon sang de bois !) que la fille Tonks.

- Qu'est-ce que tu fais là… Ah… Est-ce que le fils Croupton est sous les verrous ?

Nymphadora grimaça.

- J'ai bien peur que les Détraqueurs n'aient été un peu trop enthousiasmé par son retour. Il a reçu le Baiser.

Maugrey soupira, pas parce qu'il était vraiment désolé pour le bougre, mais parce qu'il accordait beaucoup de valeur à la Justice.

- Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Si je ne m'abuse, tu devrais être en service…

- Je me suis dit qu'il te faudrait quelqu'un pour te dérider après une nuit à Sainte-Mangouste. Et donc… j'ai pensé à moiiiiii ! s'exclama-t-elle avec son allant coutumier.

Le vieil Auror sentit ses tympans protester.

- Tu te rappelles quand je te disais de travailler sur ta discrétion ? Eh bien, travailles-y à n'importe quel moment de la journée. Comme maintenant.

- Oh. Désolée, Maugrey.

Elle regarda autour d'elle, fouillant la chambre à la recherche de quelque chose de calme à faire.

- Tu as du courrier, dit-elle avec enthousiasme en lui plaquant la liasse de lettres sous le nez.

- Mer…ci.

- Pas de quoi !

Bon sang, sa vitalité à toute épreuve était parfois trèèès fatigante.

Maugrey tourna les enveloppes dans ses mains. Celle qu'il attendait était la troisième du paquet. Le sceau en forme de Phénix et l'écriture élégante trahissait toujours Dumbledore.

Il lut rapidement les deux lignes écrites sur le parchemin à destruction programmée.

- Assurdiato. Petite ?

- Mmh ?

- Tu penses que Voldemort est de retour ?

- Oui, dit Nymphadora sur un air de défi.

Maugrey sourit. Il n'en attendait pas moins d'elle. Après tout, avec Kingsley, elle était la seule du Bureau à avoir jamais appelé le « Seigneur des Ténèbres » par son nom.

- Est-ce que tu aimerais agir contre lui et ses partisans ? En dehors du travail, j'entends.

Elle fronça les sourcils, surprise, mais il savait qu'elle suivait parfaitement la portée de ses paroles.

- Oui.

- Est-ce que tu serais prête à œuvrer contre les intérêts du Ministère, si nécessaire ?

- Pour les intérêts de qui ? dit-elle, soupçonneuse.

- De toute la communauté magique. Sous les ordres de Dumbledore.

- Je ne comprends pas.

- Tu es trop jeune. Je ne sais pas si j'ai le droit de t'en dire plus. Va parler à Dumbledore de ma part.

Il attrapa une plume et griffonna quelque chose sur l'enveloppe.

- Si tu rejoins Dumbledore ce soir, sois ma digne représentante, Tonks.

Elle prit le message avec un air tout aussi solennel et se mit au garde à vous. Le visage balafré de Maugrey sourit, mais seulement à moitié.

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La nuit de son retour, Voldemort apprenait à Rogue, entre deux Endoloris, que depuis le début, c'était bien Pettigrew, non Black l'espion. Rogue n'avait pas pensé un instant à cela, quand il avait livré Black aux Détraqueurs, un an plus tôt. Tant d'héroïsme de la part de Black et tant d'importance à accorder à un personnage de second rôle comme Pettigrew, il ne l'aurait jamais cru... Black martyr de la justice… quelqu'un là-haut voulait vraiment tout faire pour le contrarier.

Dumbledore l'avait su – Dumbledore savait toujours tout – et il avait dû deviner qu'entretenir Rogue du rôle du parrain d'Harry Potter dans ses affaires ne l'aurait pas enchanté. Non content d'être le tourmenteur de ses années collège, le premier sorcier à réussir à s'échapper d'Azkaban et leur présent hôte, Sirius Black était innocent, le bougre… honnête… et loyal par-dessus tout à Lily Potter, jusqu'au bout. Non, vraiment, cela, il ne pourrait jamais le lui pardonner.

– Qu'est-ce qu'il fait ici ? grogna Black en le regardant avec des yeux plus noirs que noirs.

– Je pourrais te poser la même question, espèce de chien galeux, répliqua Rogue sur le même ton venimeux.

– Il nous assiste dans la lutte contre Voldemort, dit calmement, mais fermement le Directeur, qui n'avait clairement pas pensé que la conduite puérile des deux hommes serait son principal souci ce soir-là.

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12 Square Grimmaurt… Quel genre d'adresse était-ce ? pensa Tonks en transplanant jusqu'au dit square. Dumbledore l'avait prévenu. L'adresse était soumise à un sort d'Oubliettes partiel. Elle n'en aurait souvenir que jusqu'à ce qu'elle soit arrivée à bon port. Pourtant, quelque chose dans l'adresse avait quelque chose de familier, mais elle n'arrivait à pas à se rappeler - ce qui était à peu près aussi utile qu'avoir un Rappeltout.

Il lui fallut moins de cinq minutes pour comprendre comment entrer au numéro 12, qui était invisible. Même les plus puissants sortilèges d'Incartibilité laissaient des traces.

Une tête rousse et avenante lui ouvrit la porte.

- Molly Weasley, la salua-t-elle. Tu dois être Nymphadora.

- Tonks, corrigea-t-elle automatiquement.

La matrone Weasley sembla se demander un instant pourquoi elle ne voulait pas qu'on utilise un aussi charmant prénom que le sien, mais bientôt, un sourire s'épanouit sur ses lèvres.

- On nous attend, Tonks… Et attention à ne pas faire de bruit dans le hall, il y a ... quelque chose que tu ne voudrais pas réveiller, crois-moi…

Charmante entrée en matière… bienvenue dans la maison qui a l'air d'avoir envie de vous manger…

Ce ne fut qu'après sa (première) rencontre douloureuse avec le porte-parapluie en pied de troll et le concert d'insultes que sa chute provoqua qu'elle comprit que la chose en question était sa grande-tante. On ne pouvait pas la tromper. Une Métamorphomage comme elle était naturellement physionomiste : elle aurait reconnu n'importe où le regard gris, les cheveux noirs, le port de tête hautain et les traits nobles de la famille Black.

Alors qu'elle était encore par terre, en train de regarder Molly batailler avec les rideaux qui encadraient la toile, la porte se rouvrit derrière elle. Dumbledore épousseta sa cape de voyage et sourit.

- Bonsoir, Nymphadora, dit le Directeur comme s'ils étaient de vieux amis.

- Tonks, corrigea Molly Weasley pour elle. Dépêchons-nous, Arthur doit prendre une ronde dans une demi-heure.

- Qui est venu ?

- Peu de monde, dit Molly en les conduisant dans la salle située tout au bout du corridor. On est en pleine semaine et ceux du Ministère sont surchargés de travail.

- J'organiserai une nouvelle réunion samedi.

Tonks regardait autour d'elle. La maison sentait le renfermé, la moisissure et la vieille magie. Une odeur plus récente se mêlait au combo odorant. Le tabac froid, l'identifia-t-elle. Cette odeur lui communiqua un étrange sentiment d'apaisement. Comme si…

Non, Tonksie, tu commences à travailler du chapeau. Tu n'es jamais venu ici.

La salle sombre n'était, en effet, pas bondée. Elle compta huit personnes autour de la table. Son visage passa de son ancien professeur de potions, à celui d'un petit homme aux cheveux couleurs chaume, à celui d'une femme élégante à la mâchoire carrée et aux longs cheveux noirs qu'elle identifia comme Emmeline Vance (qui travaillait au Département du Sport magique), à ceux d'Arthur et Bill Weasley, et enfin…

Elle sortit sa baguette en un éclair.

- Qu'est-ce que Sirius Black fait ici ?! cria-t-elle en pointant sa baguette entre les deux yeux de son cousin.

- Je ne l'aurais pas mieux dit moi-même, commenta Severus Rogue en portant son verre à ses lèvres, regardant l'échange délectable qui promettait de se dérouler sous ses yeux.

Quelles réjouissantes retrouvailles de famille…

- Auror Tonks ! gronda Dumbledore.

Elle se retourna vers le Directeur, la lèvre inférieure en avant et un air de défi sur le visage. Ses cheveux avaient pris la belle couleur des tomates mûres.

- Me faites-vous confiance ?

- Oui, monsieur, dit-elle dans un souffle.

- Alors je vous demande de me faire confiance sur ce point également. Sachez seulement que Sirius Black est innocent des crimes dont on l'a accusé, et qu'il n'est pour l'heure pas votre priorité. Voldemort est de retour.

Les battements de son cœur se calmèrent. Puis, ses épaules s'affaissèrent et son bras retomba le long de son corps. Elle se laissa tomber dans une chaise éloignée de Black (Molly prit gracieusement la place à côté de lui) et attendit la suite.

Bill lui lança un regard encourageant. Bon, si Monsieur Je-combats-des-Ensorceleurs-maléfiques-tous-les-quatre-matins ne semblait pas considérer Black comme une menace, elle supposait qu'elle pouvait lâcher sa baguette deux minutes. Ce n'était pas sa faute aussi, ça faisait trois ans que Maugrey lui faisait vivre la philosophie « Vigilance constante » 24h sur 24, 7 jours sur 7.

Elle se demanda vaguement si ça ne ferait pas un bon tatouage pour sa fesse gauche (qu'elle n'avait, quoiqu'en dise Maugrey, jamais perdue. Il faudrait vraiment qu'elle lui demande s'il connaissait effectivement quelqu'un à qui il manquait une partie de son arrière-train, ou s'il ne ressortait ce conseil que pour effrayer les petits bleus).

Dumbledore commença par accueillir ses invités et les présenter les uns aux autres. Nymphadora ne put s'empêche de remarquer que ce Sirius Black peigné, en robe de sorcier et mieux nourri que sur les photos qu'elle avait vu de lui au Bureau, ne la quittait pas du regard. Pour l'embêter, elle plissa son nez et prit l'apparence de la femme du portrait de l'entrée. Sa mère, si elle suivait bien.

Il la regarda avec des yeux ronds. Puis fronça les sourcils, comme s'il se rappelait de quelque chose. Quelque chose de triste.

Enfin, tout le monde se calma, et Dumbledore commença.

- Je vous remercie de participer aujourd'hui à la première réunion du deuxième Ordre du Phénix. A son état Bêta, dirons-nous. Remus Lupin est actuellement en convalescence, Minerva McGonagall veille sur Poudlard en mon absence, et Maugrey Fol'œil n'était pas non plus en état de se déplacer aujourd'hui, c'est donc mademoiselle Nymphadora Tonks qui le représente ce soir. Ceux-ci sont les seuls noms que j'oserai vous révéler. J'ai besoin de vos conseils pour reformer une équipe dont on ne puisse pas douter. Arthur ?

- Je vous aurais donné une longue liste il y a encore quelques jours, mais depuis hier, je ne suis plus sûr de personne… Vraiment… Bill a répondu présent, et je pense que Charlie aussi se joindra à l'Ordre avec plaisir.

Bill acquiesça. Nymphadora remarqua qu'Arthur avait l'air fatigué et légèrement déçu.

- Je me porte garante d'Hestia Jones, dit Emmeline Vance.

- Et moi de Sirius Black, dit Dumbledore, comme si sa voix n'avait pas plus d'importance que la leur.

On arrivait à Tonks.

- Je ne sais pas si je peux…

- Bien sûr.

- Kinglsey Shacklebolt. Maugrey dit toujours que c'est quelqu'un de bien et je le pense aussi. C'est un bon Auror, et il croit au retour de Voldemort. Et… il n'aime pas beaucoup le Ministre. Il le trouve trop influencé par les anciennes familles, souffla-t-elle, plus pour elle que pour eux.

- Il m'a l'air intelligent, alors, dit Black, la surprenant.

Il avait une voix à la fois douce et grave, qui remuait quelque chose en elle.

- Quelqu'un d'autres ?

- Ne recherchons pas la quantité, Albus, dit Sirius en évitant leur regard. C'a été notre erreur la première fois.

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Les chaises raclèrent le sol en annonçant la fin de la réunion. Molly leur indiqua la cuisine, où elle avait préparé une collation et alla dire au revoir à son mari à la porte d'entrée. Sans surprise, Rogue disparut dès que Dumbledore eut levé la séance. Il n'avait jamais été très sociable, même du temps où Nymphadora allait à Poudlard.

Elle s'adossa à la rampe d'escalier et attendit que Dumbledore et Sirius Black sortent de la salle de réunion. Dumbledore était en train de remercier Black de les accueillir. Tonks ne s'était donc pas trompée, la maison appartenait bien à la famille de sa grande-tante. En revanche, elle ignorait toujours pourquoi elle ne devait pas ordonner aux Aurors de faire une descente ici pour renvoyer l'homme à Azkaban…

Dumbledore dut s'en rappeler. Quand il la vit, Sirius lui adressa un sourire incertain.

- Je ne t'avais pas reconnue… Tu es Nymphadora, n'est-ce pas ? J'ai cru qu' « Aurore » était ton prénom, tout à l'heure.

- C'est Tonks, dit-elle d'un air dur.

- Oui, je m'en souviens, sourit-il.

- Tonks, Sirius n'a ni trahi les Potter lors de la dernière guerre, ni tué tous ces gens. Peter Pettigrew a simulé sa propre mort et rejoint le Seigneur des Ténèbres au début de l'année dernière.

Ils lui racontèrent toute l'histoire.

- Je comprends que Rogue ne vous aime pas beaucoup.

Le vouvoiement ne semblait pas plaire à Sirius, mais il n'en dit rien.

- Tu m'avais vraiment oublié ? Harry aussi…

Il n'avait pas l'air surpris.

Oh, Nymphadora se souvenait d'avoir joué avec son cousin, étant enfant. Mais le Bureau des Aurors n'aurait pas voulu de quelqu'un qui avait côtoyé un criminel, même dans sa plus tendre enfance. Elle avait beaucoup travaillé pour oublier ces souvenirs. Et elle avait pensé avoir réussi, jusqu'à ce soir.

- Je me souviens du chocolat chaud aux Dragées surprise. Et de l'odeur de cigarette, avoua-t-elle.

- C'est déjà quelque chose, rit-il en se remémorant le souvenir. Je suis sûre qu'on peut convaincre Molly de nous en faire…

- C'était vraiment atroce quand on tombait sur un sale parfum, observa-t-elle. Je ne suis pas sûre de vouloir réessayer…

- Où est passé ton sens de l'aventure ? rit son cousin.

- Hum… au même endroit que mon sens de l'équilibre, dit-elle.

- Oh. C'était toi l'entrée tonitruante de tout à l'heure ? J'étais étonné que Dumbledore se fasse avoir, aussi…

Elle sourit légèrement. Elle devait avouer qu'il semblait sympathique. Un peu éprouvé par la vie, mais sympathique.

Non qu'elle se laisse tutoyer tout de suite par quelqu'un avait passé douze ans derrière les barreaux. Azkaban laissait des traces.

- Calamity Tonks au rapport, m'sieur !

- Enchanté de vous rencontrer.

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Et c'est reparti pour une aventure fanfictionnelle ! Même si je tente de rester fidèle au canon de J. , sachez que Le Loup et la Fille-papillon peut être considéré comme une suite de ma première fanfiction Odd times (d'où des références à des évènements de cette fanfiction). Donc si vous ne comprenez pas quelque chose, n'hésitez pas à demander ! Bonne lecture et n'hésitez pas à poster des reviews, ça m'est toujours très utile J « Méfait accomplit » !