Un UA dans l'univers de The Witcher plus particulièrement le jeu 3 que je connais. Mais j'ai lu presque tous les bouquins aussi.
Et il s'agit de Fem!England au passage donc d'Alice. Pour l'image, vous pouvez la voir en entier sur mon compte DeviantArt, même pseudo.
Enjoy!
Gilbert fit s'arrêter sa monture devant une belle maison de campagne, il tapota son cou dorée en descendant de la selle et attacha la bête. Gilbird ne bougerait pas même si il n'était pas attaché, bien que têtu, ce cheval était loyal. Comme toujours, elle lui dirait que c'était un nom stupide pour un cheval puisqu'il parlait d'un oiseau. Cela lui importait peu. Il frappa trois fois à la porte, son gantelet émettant un léger bruit de ferraille. La porte s'ouvrit toute seule et il entra, nullement surprit. Elle coiffait ses longs cheveux châtains et bouclés, tournant ensuite vers lui des yeux verts à en faire pâlir les émeraudes.
- Elizabeta.
- Bonjour Gilbert. Tu es là pour le plaisir ou pour les affaires?
- Les sorceleurs ne devraient pas retirer de plaisir à traiter avec des sorcières.
- Mais tu n'as jamais respecté les règles...
Il sourit, se souvenant parfaitement de leur liaison passionnée d'il y avait quelques années. Quand exactement, il l'ignorait. Il approchait à grand pas de ses cent ans mais ne semblait en avoir guère plus que la trentaine. Être un monstre pour le commun des mortels n'avait pas que des inconvénients. Elle lui proposa à boire et il accepta, s'asseyant à sa table. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu Elizabeta? Eux qui s'étaient aimés aussi fort qu'ils s'étaient détestés. Gilbert cligna des yeux. Non. Les sorceleurs sont des monstres, ils ne ressentent pas d'émotions. C'est ce qu'on leur a inculqué. Ne rien ressentir c'était la meilleure façon de faire son boulot. Qu'importait si les paysans qu'on sauvait des autres monstres se ruinaient pour payer le contrat. Il observait les alentours, une maison plutôt coquette et tout ce qui peut s'ensuivre mais...
- Pourquoi as-tu quitté Novigrad? Tu semblais plutôt bien aimer la grande ville.
- Oh pitié Gilbert! Tu pourrais au moins faire l'effort de t'intéresser aux autres. La chasse aux non-humains ça ne te dis rien?
- J'ignorais que l'église du Feu Éternel avait prit tant d'ampleur. Pourquoi as-tu fuis aussi? Les puissants te mangeaient dans la main.
- J'ai fait fuir autant de magiciennes que possible et bon nombre d'elfes et quelques nains. Les autres... Oh Gilbert, la place du Hiérarque sent la chair brûlée du matin au soir...
Ses yeux verts étaient brillants de larmes, il comprit que l'horreur était bien réelle. Sur la route, il voyait les ravages de la guerre entre les royaumes du Nord et le géant du Sud, il était habitué aux villages pillés et aux champs servant de charnier. Il avait aussi croisé des troupes de Scoia'tels, des rebelles majoritairement elfes qui abattaient les humains. Leur férocité renouvelée provenaient sûrement des massacres de Novigrad.
- Je suis heureux de voir que tu vas bien, Eli. Sincèrement.
- Je t'en remercie mais je ne t'ai pas envoyé ma chouette pour cela.
Cela piqua son intérêt. Il bu longuement sa bière puis la fixa à nouveau.
- Pourquoi alors?
- Pour un contrat. Je te payerais la somme qu'il te plaira, j'ai largement assez de couronnes pour ça.
- Avant de parler du prix, parle moi de la mission que tu veux me confier.
Elle soupira longuement, se frottant les paupières. Tout comme lui, Elizabeta ne serait jamais physiquement vieille. Le corps reste intact par la magie mais l'esprit lui, faiblit avec les épreuves que la vie nous fait vivre. Elizabeta se leva, sa longue robe verte suivant son mouvement avec élégance, elle lui tourna le dos et il admira sa chevelure brillante. Sa beauté l'avait toujours intrigué, il se demandait souvent à quoi elle ressemblait avant d'être une sorcière. Elles changeaient souvent leurs apparences, après tout, elles avaient le pouvoir de se rendre magnifiques alors pourquoi se priver?
- J'ai besoin que tu ailles à Brokilone.
- Par les Dieux, que veux-tu que j'aille faire chez les Dryades? Elles vont m'embrocher avec leurs flèches dès que j'aurais posé le pied là bas. Si les Scoia'tels ne l'ont pas fait avant.
- Elles te connaissent Gilbert. S'il te plaît, il y a quelqu'un là bas que tu dois retrouver.
- Qui?
- Je ne te dirais pas son nom. Je te fais confiance mais c'est une mesure pour vous protéger, elle et toi. Va jusqu'aux Dryades, dis leur que tu viens de ma part pour chercher la fille. Elles comprendront.
Il secoua la tête en soupirant lourdement. Les Dryades l'avaient soigné il y a longtemps et l'une d'elle l'avait choisi comme partenaire. Malheureusement, elles prennent un mâle pour se reproduire mais un sorceleur ne peut le faire, ils sont tous stériles. Comme les sorcières d'ailleurs, pour tout il y a un prix.
Elle avait lavé, frotté puis rincé et séché ces fins cheveux blancs avant de prendre des ciseaux et de couper minutieusement ceux-ci. Gilbert aimait les avoir courts mais ils repoussaient vite et il n'avait pas toujours le temps de s'arrêter chez un barbier. Quand il eut de nouveau sa coiffure habituel, elle étala de la mousse sur ses joues puis elle le rasa de près. Une fois fini, elle retrouva le visage qu'elle avait tant aimé. Cette nostalgie entre eux était douce amère.
- Cette fille, je la ramène chez toi?
- Non, emporte la à Skellige. Elle y sera plus en sécurité.
- Quel est le danger? Je dois le savoir si tu veux que je la protège efficacement.
- Nilfgaard. L'Envahisseur Noir est le danger, Gilbert.
- Pourquoi Nilfgaard la voudrait-il? Ils ont leurs propres sorcières.
- Gilbert, je t'en dirais plus le moment voulu. En attendant, fais ce que je te demande, par tendresse pour moi ou par amour de l'argent de ton contrat peu m'importe.
Il se sentit profondément vexé par ce dernier argument. Les sorceleurs étaient sans cœur. Peut-être oui mais pas sans honneur. Il la remercia, récupéra ses affaires et se dirigea vers la sortie.
- Gilbert, attends je-
La porte claqua derrière lui. Elle baissa les bras, soupirant lourdement. Elle l'avait encore blessé alors qu'il venait d'accepter de l'aider. Quelle gourde!
Il chevaucha longtemps à travers les bois et les champs, sentant entre ses cuisses la force musculaire de Gilbird. Un très bon cheval, à bien des niveaux. Il avait tué un groupe de Noyeurs sur la route, ces monstres humanoïdes bleus qui tuaient les gens pour les dévorer. Ils étaient nombreux dans les marécages, sur les rives des lacs, des rivières et même de la mer. Au delà pourtant, c'était les sirènes. Elles étaient belles, au premier abord. Terrifiantes quand elles vous tuaient. Il ralentit passant du galop au trot en voyant un village apparaître dans son champs de vision. Il espérait qu'il y aurait un forgeron, ses épées avaient besoin d'être réparées. Il avait récupéré pas mal de choses sur les Noyeurs, des mutagènes, des organes. Il s'en servait pour ses élixirs mais certains marchands lui rachetaient ces choses. Quant à ses épées, elles étaient deux dans son dos.
Une en argent pour les monstres et une en acier pour les hommes.
Enfin ça, c'était la légende. Certains monstres étaient sensibles au fer et non à l'argent tout simplement. Mais il tuait aussi les humains avec celle d'acier, effectivement. Les bandits, les déserteurs, certains soldats agressifs. Mais il n'était pas tueur à gage, un sorceleur ne tuait pas les hommes par un contrat. Il y avait des assassins pour ça. Gilbird passa au pas quand il entra dans le village, s'avançant jusqu'au panneau d'affichage. Un berger parlait de moutons éventrés, une femme quémandait de la pitié pour nourrir ses enfants... Un papier attira son attention, un homme disait que le puits de sa ferme était hanté, empêchant tout travail et que lui ainsi que sa famille allait mourir de faim si cela persistait. Gilbert décrocha la feuille et remonta à cheval, allant jusqu'à l'auberge indiquée. Quand bien même Eli lui avait donné une mission, il se devait de subvenir à ses besoins d'ici là. Il laissa son cheval manger de l'avoine et entra dans l'auberge. Peu à peu les voix se turent à mesure que les regards se posèrent sur lui. Une armure, deux épées, des cheveux blancs et des yeux de chat. Tout en lui indiquait qu'il n'était pas humain. Il demanda haut et fort si un certain Hérald était là. Un homme dans la quarantaine, maigrichon s'approcha de lui.
- Je suis sorceleur et j'ai vu votre annonce.
- Vous allez nous débarrasser du fantôme?
- Contre une prime, oui.
Le pauvre homme secoua la tête mais accepta au bout de quelques minutes.
- J'ai un coffre caché, si vous le trouvez, mes économies seront à vous.
- Très bien.
Il prit note de l'adresse de la ferme puis après avoir mangé, il partit à la chasse de ce spectre.
La cour de la ferme était calme, le vent soufflait doucement. Il regarda le soleil, bientôt midi. Il saurait bientôt si le fantôme en question était un spectre de midi sinon il serait un spectre de minuit. Pour les plus puissants, si il apparaissait sans heures précises alors il serait un spectre peu dangereux pour lui. Il se souvenait parfaitement des enseignements de son maître.
Les spectres de midi naissent de la chaleur, de la tristesse et de la sueur des laboureurs en plein midi. Ils se rassemblent dans l'air chaud qui écrase les champs pour danser follement, créant des tornades. Les spectres de midi n'aiment pas qu'on les regarde. Ceux qui les épient sont forcés de danser avec eux. Les fantômes de midi, ne cessent de danser qu'au crépuscule, à une heure où leur otage est mort de peur et d'épuisement depuis longtemps.
C'était pour la généralité. Parfois le spectre se baladait tout seul. Il sortit son épée d'argent et couvrit la lame d'huile contre les spectres. Il ne lui restait plus qu'à attendre.
Une fumée verte apparu près du puits et le voilà, le spectre. Une couronne de fleurs séchées sur le crâne où poussent encore des cheveux, la mâchoire arrachée d'où pend une trop longue langue, une faucille dans sa main squelettique, un tissu blanc sale flottant tel une ample jupe. Gilbert s'approche, épée en main et commence à l'attaquer. Le spectre se contente de le fuir, tournant en rond près du puits et comme lassé des attaques, il disparaît. Gilbert abaisse son épée, sourcils froncés.
- Il ne m'a pas attaqué. Quelque chose doit le retenir ici.
Il rengaina puis examina le puits, utilisant ses sens de sorceleur. Une odeur de sang flottait, il en trouva des traces sur la corde. En tirant sur la corde, il ne remonta que le seau mais l'eau dégageait une odeur nauséabonde. Il grimpa sur le bord en pierre puis sauta dans l'eau, après une grande inspiration il plongea. Il chercha longuement puis vit un éclat brillant. Il plongea plus bas encore et récupéra un bracelet sur un cadavre entouré de chaînes. Il chercha dans les courants un moyen de remonter et creva la surface dans une grotte. Il revint finalement au dehors et retourna à la ferme. Il visita la maison principale, fouillant pour trouver des explications et il en trouva, un ordre du Feu Éternel.
«Hérald, votre fille Ethel a été jugée coupable de sorcellerie. Elle sera donc arrêtée et brûlée sur la place du marché afin de sauver son âme et de protéger l'honneur de votre famille.
Que la Lumière du Feu Éternel guide votre chemin et que sa chaleur apaise votre cœur.»
- Ils voulaient la brûler mais le cadavre était ligoté de chaînes et elle a été noyée... Le spectre ne reviendra pas avant demain midi. J'ai des choses à demander à son père.
Il remonta sur le dos de Gilbird et retourna au galop à l'auberge. Quand le paysan le reconnu, il vint vers lui mais l'air peu aimable du sorceleur le rendit mal à l'aise. Gilbert lui mit sous le nez la lettre de l'église. Le père pâlit puis trembla et finalement éclata en sanglots, tombant à genoux. Gilbert le releva par le bras, exigeant la vérité. L'homme en miettes lui avoua que Ethel était une fille un peu étrange, elle parlait dans le vide mais elle n'était pas méchante. Les prêtres du Feu Éternel ont cru que c'était de la sorcellerie et il ne pu se résoudre à la faire souffrir de cette façon. Alors il lui fit boire beaucoup d'alcool et quand elle fut ivre, il l'enchaîna et la jeta dans le puits pour qu'elle meurt en paix.
- Ethel est devenue un spectre, elle n'est pas en paix.
- Elle me hait! Ma douce fille me déteste depuis l'au delà, elle va tous nous faire mourir de faim!
- J'ai trouvé ceci à son poignet.
Gilbert lui montra le bracelet en soie et en perles et le père fondit à nouveau en larmes. C'était le bracelet de sa femme, un cadeau de mariage. Il l'avait passé au poignet de sa fille avant de la tuer en signe d'amour pour l'au delà.
- C'est sûrement pour ça qu'elle est restée là. Ce bracelet la retient dans ce puits.
- Qu'allez-vous faire alors?
- Je vais remonter son cadavre et le brûler avec ce bijou.
Hérald semblait complètement hagard. Lui qui avait tant voulu éviter à sa fille de souffrir... Gilbert revint le lendemain matin afin de pouvoir sortir le corps du puits et le disposa devant celui-ci, déposant le bracelet sur elle. Pauvre fille. Il leva la main et traça un signe.
- Igni.
Le tout prit feu instantanément. Les sorceleurs maîtrisaient l'art des signes, un niveau inférieur de magie. Igni, le feu. Aard, le vent. Quen, le bouclier. Yrden, le piège. Axii, l'hypnose. Il eut tout juste le temps d'huiler sa lame que le spectre apparu, furieux qu'on calcine ses restes. Gilbert se battit vaillamment, frappant le spectre qu'il piégeait loin du puits grâce au signe Yrden. Il se prenait des coups car le fantôme était rapide et en tant que spectre de midi, l'aveuglait avec la lumière du soleil. Il réussit à en venir à bout, à court de souffle et regardant les cendres de ce qui fut Ethel partir au vent. Il médita une heure, ce qui restaura grandement son corps puis il fouilla la maison et la grange, trouvant finalement le coffret dont parlait le paysan. Une centaine de couronnes, bien assez pour payer un contrat de spectre. Il reprit les rênes de Gilbird puis repassa une dernière fois à l'auberge pour prévenir le malheureux Hérald. Au moins celui-ci pourra reprendre sa ferme, si tant était que cela puisse être une consolation.
La route de Novigrad à Brokilone était très longue et périlleuse. Il lui faudrait des semaines pour atteindre la forêt des Dryades. Il se demandait qui était cette fille et ce qu'elle avait de si précieux pour que l'Empire Noir ne la veule. Il aperçu au loin une garnison de soldats... Sa vision acérée lui permit de reconnaître le lys blanc de la Temeria. Et il reconnu l'homme à la tête des rebelles, aussi assiégé leur pays fut-il, ils n'abandonnaient pas leur patrie. C'était aussi courageux que dangereux. Il fit s'avancer Gilbird puis s'arrêta en voyant l'homme blond.
- Salut Francis. Occupé à fomenter un raid sur les Noirs?
L'appelé se retourna, son habit bleu bien que taché et abîmé, attestait de son ralliement à son pays.
- Salut Gilbert. Toujours occupé à vagabonder?
- Je suis sorceleur, je n'ai pas de terres.
- Nous n'avons plus de terres non plus mais nous les reprendrons.
- Vous êtes loin de Wyzima.
- J'ai un informateur à Oxenfurt. Tu as connu notre roi.
- Ouais, le roi qui baisait sa sœur. Leur fille a été maudite et est devenue une strige.
- C'est vrai. C'était un homme avec ses défauts mais c'était un bon monarque et son peuple l'aimait.
- Il m'a bien payé quand j'ai tué une bête maudite. Fait bonne route Francis et soit prudent. Nilfgaard est partout.
- Tu n'as pas à craindre pour les lys de la Temeria.
- Non mais pour mes amis, oui.
Francis lui fit un chaud sourire et le salua de son épée. Gilbert lui sourit en retour puis lança Gilbird au galop laissant au loin la silhouette bleue et blonde.
Brokilone est une forêt primordiale, autrement dit une forêt magique. Elle est entourée de plusieurs royaumes: Cintra, Brugge, Sodden et Verden. Il était extrêmement difficile d'atteindre Brugge qui était cerné par Nilfgaard et Sodden n'était plus que ruines depuis le rempart des magiciens. Beaucoup étaient morts pour repousser l'envahisseur et ça avait fonctionné, avec le prix du sang. Eli avait bien failli y passer aussi, le souvenir de son corps brisé était suffisamment clair dans son esprit. Il avait enterré des amies sur le mont Sodden. Il donna un grand coup de bride à Gilbird et le cheval doré accéléra.
Après quelques missions afin de se renflouer la bourse et de se remplir la panse, Gilbert prit la décision d'aller jusqu'à Velen, les terres désolées. Il y trouverait sûrement également un forgeron, des marchands et des quêtes. Pourquoi allait-il si loin pour cette foutue magicienne? Les paysans avaient raison: saleté de sorcières!
Le sorceleur comptait s'arrêter au village de Perchefreux, proche de Noirefutaie et de Hautbreuil. Une sorcière habitait à Hautbreuil, une connaissance de Elizabeta. Il lui rendrait visite avant de faire chemin jusqu'à Brokilone. Emma aussi avait fuit la chasse aux sorcières. Le roi de la Rédanie, dernier grand pays du Nord résistant encore au géant du Sud Nilfgaardien, s'était mit en tête de trucider tous les mages. Et vu le résultat à Novigrad, Gilbert ne pouvait que féliciter les magiciennes ayant eut la bonne idée de filer.
En avançant dans les marrais, il fut attaqué par une bande de noyeurs. Dégainant son épée d'argent, il lança un Axii à Gilbird afin que le cheval ne panique pas, puis commença à couper dans le tas. Les monstres criaient et se jetaient sur eux mais il ne perdit nullement son calme. Quand le combat fut terminé, il descendit de cheval pour récupérer son butin sur les cadavres. Il fouilla l'endroit et ne trouva que des herbes et des fleurs à ramasser. Il ne négligeait pas leur utilité pour les potions et élixirs divers. Dans ses pérégrinations, il avait vidé quelques camps de bandits et avait donc pas mal de babioles à revendre. Il s'en chargerait à Perchefreux. Quand il pu enfin atteindre le village, les femmes s'enfuyaient presque, les gosses le regardaient avec de grands yeux et les hommes crachaient à son passage. Ah, les sorceleurs étaient toujours aussi aimés. Il laissa couler puis se rendit chez le marchand pour revendre tout son merdier et se faire du fric. Il y avait l'auberge de la Croisée des chemins mais diverses garnisons y traînaient et il ne voulait pas s'en mêler. Dormir à la belle étoile avec Gilbird lui suffisait amplement. Sur le chemin, il rencontra une paysanne en pleurs et il s'arrêta.
- Eh madame, pourquoi ces pleurs?
- Vous êtes un monstre, vous ne comprendriez pas!
- Je chasse les monstres.
Elle repéra les deux épées dans son dos et sembla être prise de peur.
- Seigneur sorceleur j'ai cru que vous étiez encore un soldat!
Gilbert ne dit rien, sachant que pour ces gens il était tout sauf un «seigneur». La paysanne finit par reprendre la parole.
- Ma sœur est partie dans les bois mais elle n'est pas revenue. Je m'inquiète Messire, des monstres et des démons partout! Les Dames des Bois ne protègent que si on offre des enfants et je n'en ai pas.
- Voilà des Dames très... exigeantes.
- Seigneur sorceleur si vous trouvez ma sœur je vous donnerais ce que j'ai.
- Comment s'appelle-t-elle et que faisait-elle dans les bois?
- Natalia et elle voulait chasser. Oh je lui ai dit que ce n'était pas pour les femmes mais notre frère Ivan a été enrôlé de force dans l'armée... Elle n'a que quinze printemps... Et nous mourrons presque de faim.
- Très bien, je vais aller la chercher.
La dénommée Katya le remercia chaudement mais quand il s'éloigna, elle s'effondra de nouveau en larmes sur le seuil de sa maison. Leurs parents morts de maladie, elle élevait son frère et sa sœur du mieux qu'elle pouvait. Ivan allait probablement mourir à la guerre et Natalia maintenant disparue... Que les Dames et les Dieux les protègent et lui accorde un peu de répit!
Peu après l'aube, Gilbert explora les bois grâce à ses sens de sorceleurs. Les mutations, données par l'épreuve des Herbes, lui donnait une ouïe, un odorat et une vue bien plus acérés que n'importe quel humain. Il pouvait repérer des bestiaux même à distance. Lui aussi était un monstre après tout. Lui avec ses cheveux blancs et ses yeux de chat, jaune d'or strié de noir. Il repéra des traces de sang, frais d'un jour ou deux maximum. Des traces de lutte. Des poils de loup et des empreintes... Une meute. Il avança en suivant les indices, se faisant discret mais prêt à dégainer son épée d'acier au cas où les loups attaqueraient. Ils étaient aussi affamés que les paysans crottés. Les goules et autres nécrophages bouffaient tout, ne leur laissant même pas les carcasses à se mettre sous la dent. Alors une paysanne venant directement à eux. Il aperçut au loin un tumulus de roches et en étant proche, il vit des traces de sang. Une main ensanglantée.
- Natalia? Natalia vous êtes là?
Pas de réponse. Il souleva quelques pierres afin de se ménager une vue à l'intérieur mais tout était sombre. Une entrée souterraine, peut-être Natalia s'était-elle perdue dans une galerie. Il sortie de sa sacoche une potion de Chat et instantanément, il pu voir dans le noir. Gilbert avança en suivant les traces de pas, vu la grandeur et la profondeur, celles d'une femme.
- Natalia? Votre sœur m'envoie. Venez, je veux vous aider.
- Vraiment?
Une jeune fille sortit de derrière un renfoncement, son petit couteau toujours en main. Elle sembla l'examiner puis s'avança vers lui mais resta à une distance raisonnable.
- Katya s'inquiète que vous soyez partie à la chasse sans revenir. Elle craint les loups et les monstres.
- Vos yeux brillent dans le noir. Ce n'est pas très humain.
- Je suis sorceleur.
Elle le considéra un instant puis se rapprocha. Elle gardait son bras gauche près d'elle, son bras blessé et sa main droite était ensanglantée d'avoir comprimé tant bien que mal la blessure. Relativement superficiel, une fois désinfectée et recousue, tout irait bien. Gilbert la reconduisit à l'extérieure et la ramena au village, massacrant quelques loups attirés par l'odeur du sang. Katya sauta sur sa sœur et la serra fort contre elle, mêlant des mots de réconfort et des remontrances envers sa cadette. Puis elle se tourna vers le sorceleur et le remercia mille fois, lui donnant une cinquantaine de couronnes. Bien peu pour une mission de ce genre mais Gilbert ne se sentait pas de demander plus d'argent aux deux filles.
- Où allez-vous ensuite Seigneur sorceleur?
- Je vais me rendre à Skellige.
Inutile de leur parler de Brokilone et des lui sourit.
- Notre père, Kievan, était originiaire de Skellige. Il est mort comme vous le savez mais notre oncle, Scandza y vit encore. Vous pourrez le trouver sur Hindarsfjal. Il vous aidera si vous lui dites avoir aider ses nièces.
- Merci. Prenez soin de vous.
Il remonta à cheval puis parti à bride abattue vers Hautbreuil. Il était temps d'aller voir Emma et de se renseigner sur ces fameuses Dames de la forêt.
