Une envie d'écrire, pas d'idée précise...la page word s'ouvre, et finalement en ressort ceci:
SOS d'une terrienne en détresse
Je savais qu'en étant loin de toi je mourrai à petit feu. Je dois avouer que j'espérais me tromper. Mais loin de toi, privée de ta peau, de ton odeur, du son de ta voix et de tes éclats de rire, je me meure. Je n'ai pas le goût de retrouver l'envie de vivre sans toi. Je n'ai pas la force de rencontrer quelqu'un d'autre, parce qu'il n'y a que toi que je désire. Il n'y a qu'avec toi que je vibre et me sens unique. Je t'ai désiré instantanément, je t'ai aimé dès que mes yeux se sont posés sur toi et je crois ne pas me tromper en disant que je vais t'aimer pour le restant de ma vie.
Je sais que l'amour peut faire mal et que rien n'est jamais acquis. J'ai bien conscience que l'amour est un travail de tous les jours et que l'on est jamais à l'abri de voir notre monde de bonheur s'écrouler. Mais je ne m'y attendais pas.
Tu as mis tant de distance entre nous, si vite, si froidement. Je crois que c'est ce que j'ai le plus de mal à supporter. Je ne te connaissais pas comme ça, vide de tout sentiment. Pas avec moi en tout cas, jamais. Pourquoi m'as tu fait ça? Pourquoi avoir mis fin à une si belle histoire? Pourquoi m'avoir évincé de ton cœur du jour au lendemain?
Le pire, c'est que je pense avoir trouvé la réponse. J'aurais préféré que tu m'en parles avant car j'aurais pu te dire que tu faisais fausse route. Dans un couple, tout doit être dit, c'est toi même qui me l'as appris. Pourtant, tu t'es enfermée dans ton mutisme, tu as gardé le silence sur tes craintes, sur tes doutes et ta culpabilité. Tu m'aurais parlé de tout ça, j'aurais pu te rassurer et te dire que tout irait bien.
Oui j'aurais sans doute mis certains de mes rêves entre parenthèses, mais ça c'est parce que je t'aime. Je sais que toi aussi tu as fais ça parce que tu m'aime, mais c'est nul. Tu es partie par amour! Tu te rends compte de l'absurdité de la situation? C'est toi la tête pensante de nous deux, comment as tu pu juger cette idée comme étant la meilleure? J'aurais préféré que tu me quitte pour une autre, j'aurais eu moins de regret. Mettre mes rêves de danse de côté n'était pas un sacrifice. Mettre ma vie avec toi de côté c'est un crève cœur. Je ne sais même pas où tu es pour pouvoir te dire tout ça. Parce que m'éjecter de ta vie n'était pas la solution, bien au contraire et tu dois le savoir. Je veux que tu me revienne et que tu arrête tes conneries. Car ce sont des conneries, des foutaises. Ou bien avais tu peur de quelque chose? Peut-être avais tu peur qu'un jour je te reproche d'avoir abandonné mes projets pour une vie à tes côtés? Mais je le répète, ce sont des conneries. La vie est faite de choix que l'on doit assumé, qu'ils soient bons ou mauvais. Mon choix c'était de t'aimer envers et contre tout. Je voulais juste être avec toi. J'aurais pu danser n'importe où, peu importe le prestige et la gloire, car ça, je n'en veux pas. Alors reviens moi.
Je t'écris ce message comme un appel au secours. Prends le vraiment tel quel car j'ai besoin de toi comme tu as besoin de moi. Je le sais, je le sens. Tu es peut-être à une centaine de kilomètres de moi, peut-être même des milliers, mais je peux sentir ta tristesse et ton manque de moi de là où je suis. Toi et moi nous sommes liées l'une à l'autre pour toujours, je t'ai dans la peau comme tu m'as dans la tienne. Et je sais qu'en lisant ces quelques lignes ton désir pour moi se ravive (ou s'amplifie). Ne pleure pas, contente toi de me retrouver chez nous.
J'espère que tu lis toujours le même journal car c'est ma dernière idée pour te retrouver et crois moi, toutes nos économies auront servi à ça. Je ne pensais pas que c'était si cher de publier une annonce dans un journal. Enfin peu importe, nous méritons bien ça.
Je t'aime.
B
Je replie le journal en essayant de garder un calme apparent. Je lis toujours le même journal, dieu merci. Pourquoi ai-je été aussi bête? Après avoir lu ses mots, je me rend compte qu'en effet mon idée était complètement nulle. Non seulement je ne l'ai pas poussé à partir à Paris, mais en plus je lui ai fait du mal tout en m'en faisant à moi. Quatre mois à la pleurer et à la faire pleurer. Quatre mois merdiques à survivre et à faire des conneries. J'ai failli perdre mon boulot tant je suis incapable d'avancer dans mes propres projets depuis que je l'ai quitté.
Je rassemble en vitesse mes affaires et sort en courant du café.
Je ne suis qu'à cinq minutes de mon ancien appartement. Je ne suis ni à une centaine, ni à des milliers de kilomètres de toi mon amour, je ne suis pas loin. Je suis restée là, au cas où.
J'arrive.
