Cette fic contiendra certains éléments de mon One Shot : Coexistence même si elle s'attarde avant tout sur l'histoire de Cross. Bien entendu, je ne prétends pas qu'il y ait quoi que ce soit d'exact là-dedans, sans quoi mon compte en banque serait mieux approvisionné...
J'ai entendu, je ne sais où que, comme le Comte Millénaire, Cross avait vécu au Japon. J'ignore si c'est vrai, mais après tout, pourquoi pas...
Rencontre
Tragédie.
Japon, Edo, 1860
Les deux enfants étaient assis devant l'église de l'orphelinat dirigé par les Soeurs de la Miséricorde tandis que le soleil couchant disparaissait à l'horizon. Le plus âgé devait avoir environ 12 ans : Il avait un visage sérieux, encadré par des cheveux noirs, assez courts et bien coiffés. Il portait des lunettes dorées et semblait plongé dans un livre, calme, tranquille, sans prêter attention à l'agitation de son frère de trois ans son cadet. Celui ci semblait fait à l'opposé de son aîné: Ses cheveux longs coiffés en catogan étaient d'un rouge flamboyant qui attirait immanquablement l'attention sur lui, Il avait des yeux verts qui semblaient toujours à l'affût de quelque chose d'intéressant. Il semblait incapable de tenir en place et la perspective de rester assis bien sagement en compagnie de son frère lui était insupportable. Ni le vent soufflant dans les arbres, ni le doux cantique de l'Ave Maria que l'on entendait depuis la chapelle ne semblait lui apporter la paix de l'âme dont il aurait eu grand besoin. Incapable de tenir sa langue plus longtemps, l'enfant s'adressa à son frère.
"Pourquoi on n'a pas le droit de sortir d'ici ? Je m'ennuie, ô grand frère !"
"Les soeurs te l'ont déjà dit, Marian ! La nuit, les monstres commencent à sortir ! Nous sommes dans l'un des rares endroits où ils ne vont pas. Ce serait de la folie furieuse de sortir seul."
Théophile soupira: son frère était devenu un tel casse cou depuis la mort de leurs parents... ça commençait même à l'effrayer.
"Pfff, je parie que ce sont des histoires à faire peur ! Je ne crois pas en ces sornettes sur les démons ou les Akumas, comme ils disent !"
Puis, passant brutalement à un autre sujet, Marian, avec le sourire malicieux d'un chat de Cheshire, demanda à son frère :
"Dis, d'après toi, pourquoi soeur Catherine est-elle devenue religieuse ? Elle est drôlement jolie pour une novice et elle vient tout juste d' les hommes devaient lui courir après ! Moi, je pense que c'est pour oublier un chagrin d'amour ou alors son amoureux est mort et elle a voulu l'oublier. Elle pleure encore, tu sais ? Je me demande si je pourrais la consoler quand je serai plus grand. !"
Théophile marmonna une réponse indistincte ; il ne tenait pas à s'engager dans ce genre de conversation avec son frère : il savait que la discussion perdrait vite tout caractère rationnel. Marian pouvait être un tel rêveur ! Il ne fallait pas non plus oublier de compter avec son intérêt naissant pour la gent féminine. Et il n'avait que neuf ans ! Son frère deviendrait un aventurier, ou alors, il finirait en prison. Les deux carrières étant suffisamment semblables pour que Marian fasse les deux...
Son frère se leva alors et s'étira, puis, il se dirigea en courant vers le portail de l'Orphelinat.
"Où vas-tu ?"
"Faire un tour et prouver à tous que les monstres n'existent pas ! Ne t'inquiètes pas, je suis suffisamment fort pour tous les tuer ! "
Théophile voulu lui hurler de revenir. Il savait, lui, que les monstres existaient. Il en avait entraperçu un, une fois, et cette vision terrifiante continuait à le hanter la nuit, dans ses cauchemars. Mais son frère ne pouvait plus l'entendre, désormais et il le voyait disparaître dans les ténèbres. Alors, prenant son courage à deux mains, l'aîné se leva et couru à la poursuite de son cadet.
Marian marchait d'un pas assuré dans les rues du quartier populaire d'Edo. L'enfant devenait de plus en plus nerveux : quelque chose clochait ici et il ne parvenait pas à savoir ce que c'était. Enfin, il comprit : ce genre de quartiers aurait dû grouiller de vie, les échoppes, en temps normal, ne devraient pas fermer si tôt et les bars où l'on vendait du saké bon marché, eux, seraient restés ouverts toute la nuit dans n'importe quelle ville du monde. Ici, les volets étaient fermés, personne ne traînait dans les rues pas même les mendiants, et les lumières s'éteignaient les unes après les autres. Les rumeurs étaient peut-être vraies, finalement, quelque chose ne tournait pas rond dans cette maudite ville. Marian voulu se saisir de son arme secrète mais jura entre ses dents : Il l'avait bêtement oublié dans une de ses sacoches, où il l'avait dissimulée après la mort de son père.
Le jeune garçon fit aussitôt demi-tour en courant le plus rapidement possible : il en avait assez vu et ce quelque chose que les gens craignaient n'allait sans doute pas tarder à arriver.
Au moment où il aperçut enfin le clocher de l'église, il entendit soudain un "attention !".Une seconde après, l'enfer se déchaîna autour de lui : une "chose" au-dessus de lui, le bombardait à coup d'obus, détruisant tout sur son passage, maisons, arbres, rues. Tout s'effondrait autour de lui et il restait là, pétrifié par la terreur, incapable de faire autre chose que de regarder la monstrueuse machine volant dans le ciel. Il ferma les yeux lorsqu'il vit le canon braqué sur lui, incapable de voir cela plus longtemps. Quelqu'un le saisit par la taille, le forçant à se mettre à couvert. Puis, il se sentit traîné sans ménagement jusqu'à l'intérieur de la chapelle de l'orphelinat, un sanctuaire. Il ouvrit les yeux et contempla le visage de son frère, qui lui souriait faiblement, ses lunettes cassées et couvert de poussière et de sang. Par sa faute. La colère prit le dessus sur sa peur :
"Tu es stupide ou quoi, idiot de grand frère ! Pourquoi es-tu venu à mon secours ! Tu aurais pu te faire tuer ! Sauver un idiot comme moi ! Il faut vraiment être un imbécile complet ! Pourquoi as-tu fait ça ?"
"Idiot. Je suis ton frère aîné et le devoir d'un grand frère, c'est de protéger son andouille de frangin qui pense tout savoir mieux que tout le monde.
Un pentacle noir apparut sur le visage de Théophile, suivi par d'autre qui recouvrit bientôt son visage, l'assombrissant.
"Ce n'est vraiment pas de chance,ce virus est mortel, d'après ce qu'on dit...Je vais rejoindre Papa et Maman là-haut, petit frère. Mais avant cela, Marian, surtout, n'essaie pas de ..."
Mais avant qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase, le corps de Théophile explosa, ne laissant plus que ses vêtements vides ainsi qu'une paire de lunettes dorée tordue.
L'esprit vide, choqué par ce qu'il venait de voir, Marian Cross resta assis sur le dallage glacé, jusqu'au petit matin, serrant entre ses mains les lunettes de son frère, son frère qu'il avait tué par son imprudence. Nul ne lui expliqua exactement ce qui venait de lui arriver. À Edo, ce genre de choses arrivait de plus en plus fréquemment depuis des dizaines d'années. On enterra un cercueil vide, un petit matin, dans le cimetière derrière l'église, silencieusement et l'on n'en parla plus.
Quelques jours plus tard...
Marian était adossé à la tombe de son frère, silencieux, le visage fermé, comme insensible aux choses de ce monde. Il n'avait même pas réagi à l'annonce de l'arrivé d'un visiteur à l'orphelinat, alors qu'autrefois, ce genre de nouvelle l'aurait excité plus que n'importe qui. Ses yeux ne semblaient voir que le nom de Théophile Cross, gravé sur la pierre tombale.
"Quel est cet enfant si malheureux par la mort de son frère ?"
Marian Cross leva les yeux vers l'étrange personnage penché au-dessus de lui. Il était corpulent et certainement pas humain, compte tenu de ses oreilles allongées et de l'aspect grisâtre de son visage. Il portait une redingote et un chapeau haut de forme, avec des citrouilles comme ornements. Il tenait un parapluie bizarre, avec, là encore, une citrouille au bout.
"Veux-tu que je reprenne ton frère à Dieu qui te l'a si tôt repris ? Moi, le Comte Millénaire, avec une marionnette de mon invention, je peux rappeler l'âme de Théophile sur cette terre. Il suffit que tu cries le nom aimé et ton frère sera de nouveau parmi nous."
Marian sentit l'espoir et la vie renaître en lui. Pouvait-il réellement...?
Le jeune garçon regarda le Comte Millénaire faire apparaître comme par magie un étrange squelette noir. Il s'avança lentement vers lui, comme s'il voyait déjà son frère devant lui et au moment où il s'apprêtait à crier le nom de Théophile, une voix cria:
"Tais-toi, malheureux, pour l'amour de Dieu! Ou tu risque d'invoquer un Akuma !"
Un Akuma ? Quand avait-il déjà entendu cela ? Cross se retourna : un jeune homme avec un manteau bleu sombre et un symbole argenté en forme de croix cousu dessus visait le Comte Millénaire avec un arc étrange qui brillait d'une lueur verte. Une capuche lui recouvrait le visage. Marian se désintéressa aussitôt de lui, seul son frère importait pour lui.
"Tu tiens à te faire tuer, ou quoi ? Si tu cries le nom de ton frère, tu mourras, espèce d'idiot !"
Les yeux plein de fureur, la voix brisée par le chagrin, Cross hurla :
"Je m'en fiche de mourir ! Mon frère est mort par ma faute ! La seule chose que je veux, c'est qu'il revive !"
"Et l'âme de ton frère emprisonnée pour toujours dans ce squelette, à la merci du Comte, tu y penses ? Imagines-tu son chagrin quand il sera forcé de te tuer et d'endosser ton apparence ? Le vois-tu en train de tuer des innocents contre sa volonté ? Veux-tu devenir son bourreau jusqu'à la fin des temps ? Si oui, alors n'hésite pas et créé un Akuma !"
Marian sembla se réveiller. Un Akuma... Selon son frère, n'était ce pas le nom de ces monstres, ces machines qui rodaient la nuit en ville ? Ces machines qui avaient tué son frère ? C'était donc ce Comte Millénaire qui les fabriquait et qui maintenant voulait en créer un nouveau avec l'âme de son frère qu'il avait déjà tué ? Le visage de Cross sembla se vider de toute expression, ses yeux dissimulés par ses longs cheveux rouges. Il restait là, immobile, serrant dans sa main crispée les lunettes dorées de Théophile. Les émotions les plus violentes luttaient au plus profond de son âme comme pour s'en échapper.
Autour de lui, un autre combat se déchaînait. L'homme au manteau bleu marine visait le comte Millénaire avec des flèches tandis que celui-ci ripostait avec des boules d'énergie sombre qui ravageaient le cimetière et ses environs. Les explosions projetaient des morceaux de pierres tombales partout. Le bruit était insupportable, semblable à des coups de tonnerre. Mais Cross y était indifférent... Jusqu'à ce qu'il se sentît brusquement saisi par le Comte Millénaire qui s'en servit comme bouclier.
"Et maintenant, Exorciste, que vas-tu faire ? Vas-tu hésiter à tuer cet enfant assez stupide pour croire que l'on peut faire revivre les morts ? Ne t'inquiètes donc pas, Cross Marian ! Je vais m'assurer personnellement à ce que tu retrouves ton frère Théophile dans les plus brefs délais."
Ces paroles balayèrent en un instant toutes les émotions bataillant dans le coeur de Marian, à l'exception d'une seule: la fureur. Il tourna lentement son visage apparemment calme vers le Comte et le fixa quelques instants avec des yeux remplis de haine pure. Puis sa main saisit l'arme coincée dans sa ceinture et qui ne l'avait plus quitté depuis ce jour fatidique où son absence avait causé la mort de son frère. Il pointa soigneusement le pistolet de son père vers la face monstrueuse du Faiseur.
"Pense-tu donc que ce jouet va me blesser, enfant stupide ? Je dois admettre que ta haine et ta colère sont impressionnantes pour un enfant de ton âge... Ton calme aussi, d'ailleurs... Mais, même avec toute ta fureur concentrée, une arme faite par les hommes ne pourra jamais me blesser !"
Cross resta silencieux et tira. Une lueur verte s'échappa du canon du pistolet, entourant une balle. Les yeux du Comte Millénaire s'agrandirent sous l'effet de la surprise et, la crainte apparut dans ses yeux. Une balle d'innocence comme celle-ci, tirée à bout portant avec une telle détermination, même par un enfant si jeune, pouvait causer de gros dégâts. La balle frôla sa joue droite et un mince filet de sang écarlate en coula. Le Comte Millénaire projeta aussitôt le jeune garçon contre une tombe à peu près intacte, comme si son contact le répugnait désormais.
Résistant, complètement insensible à la douleur, l'enfant se releva aussitôt, un de ses bras était cassé, mais ce n'était pas celui qui tenait le revolver... Il dirigea à nouveau son arme, toujours avec le même silence vers le Comte qui le regardait maintenant avec un sourire haineux.
"Cross Marian. Tu es décidément un enfant plein de surprises. Mes fidèles Akumas m'avaient averti, en effet de la présence d'une Innocence dans les environs. Mais qui aurait cru que l'Innocence et son compatible s'étaient déjà trouvés ? Mais, je reconnais cette arme, mon enfant. Vois-tu, j'avais entendu parler d'un couple, au Japon, qui possédait une arme légendaire, un revolver tueur de monstres. J'avais envoyé quelques Akumas tuer ce couple pour me la chercher, sachant que l'Innocence n'est jamais loin des légendes...Mais ils ne l'ont jamais trouvé. Ainsi, tu l'avais déjà volé. Oh ! À moins que ce couple n'ait été tes parents ? Dans ce cas, toutes mes condoléances, Cross Marian !"
Le jeune garçon se souvenait de ce jour où il avait pris le Revolver. Comme toutes les armes de collection de la maison, elle était exposée dans le bureau du premier étage, sous une cloche de cristal. Cependant, elle n'avait pas été utilisée depuis des dizaines d'années. Son grand père l'aurait acquise auprès d'un homme mourrant qui venait de tuer des monstres assiégeant la ville. Cependant, son père n'aurait jamais su se servir d'une telle arme : il ne les appréciait que derrière une vitrine, hors de portée des enfants. Du moins le croyait-il... Ce jour-là, l'arme avait brillé d'une façon qui l'avait fascinée: il avait "emprunté" l'arme et s'était réfugié dans une grotte pour l'examiner. Quelques heures plus tard, son frère lui annonçait la mort de leurs parents ainsi que la disparition totale de la collection d'armes de son père. Cross Marian avait donc décidé de ne révéler à personne la présence du revolver, en partie par culpabilité et en partie parce que c'était la dernière chose qui lui restait de son père. À aucun moment, il n'avait songé que c'était peut-être cette arme que recherchaient les meurtriers...
"Qui sait, si tes parents avaient eu cette arme, peut-être seraient-ils encore en vie"
"La ferme, gros tas ! Je n'ai pas envie d'écouter tes sornettes !"
Cross venait de tirer une nouvelle fois en direction du Comte, mais celui-ci para avec son parapluie.
"Sans doute étais-tu prédestiné à être possédé par l'Innocence, Cross ! Je vous laisse, Exorcistes, en compagnie de mes Akumas. Dis toi que si tu survis, jeune Cross, tu auras peut-être un jour l'occasion de te battre à nouveau contre moi !"
Et le Comte s'effaça dans la nuit. Marian se précipita vers lui, sans tenir compte de la souffrance de son bras. Quand il vit que son ennemi avait disparu, cependant, il tomba à genou, dans le cimetière ravagé, agrippant toujours son arme d'une main et la paire de lunette de l'autre. L'exorciste le saisit par son bras intact et le força à se relever. S'ils voulaient survivre tous les deux, ils avaient tout autant intérêt à ne pas prendre racine ici, les renforts du Comte ne tarderaient pas et le combat l'avait épuisé. Pour occuper l'esprit de l'enfant épuisé, il lui racontait tout ce qu'il savait sur le Comte, les Akumas, l'Ordre, l'Innocence. Marian enregistrait chaque information, attentif à tout ce qui pourrait l'aider dans sa lutte.
Enfin, ils arrivèrent près des dortoirs de l'Orphelinat. Ce fut à ce moment-là que les toits se volatilisèrent et de chaque bâtiment sortit plus d'une dizaine d'Akumas. Les orphelins étaient des proies si faciles pour le Comte... L'un après l'autre, l'exorciste les élimina avec son arc.
Au moment où tout semblait enfin terminé, une femme sortit de l'église, en criant et se précipita vers Marian. C'était Soeur Catherine. Lorsqu'elle ne fut plus qu'à quelques pas de lui, elle s'effondra dans la poussière. Cross se précipita vers elle... et se retrouva face à une machine hideuse. Paralysé, il la fixa, se souvenant de cette rumeur qui affirmait qu'elle était entrée dans les ordres pour oublier la mort de son amoureux.
"Tire, gamin, bon sang !"
Cross la regarda avec de la tristesse et pointa rapidement son arme sur la machine et tira, sans hésiter une seconde. S'il voulait revoir le comte, il devait rester vivant. Et tandis que la machine se désintégrait, il murmura dans un souffle:
"J'aurais tellement aimé pouvoir vous consoler..."
Il se releva, silencieusement,son regard s'attardant sur le vêtement de la religieuse et plus particulièrement sur le chapelet de perles noires qu'elle affectionnait. Il s'en empara et l'accrocha à son vêtement. Puis, il plaça les lunettes de son frère sur son nez après en avoir retiré les verres.
"Je suis prêt à partir pour la Congrégation. Plus rien ne me retient à Edo, désormais."
A suivre ...
Je vous remercie d'avance pour les éventuelles reviews.
Le prochain chapitre arrivera soit demain, soit Jeudi prochain (Je pars en voyage pendant quelques jours..)
