Il faisait chaud, il faisait beau. Les vacances allaient bientôt se terminer et j'allais reprendre le train-train habituel de l'école. Je venais de fêter mes sept ans. Maman avait organisé un beau petit pic nique pour nous trois et le soir nous avions mangé des marshmallows grillés au feu de bois. Je pense que cela restera mon plus beau souvenir.

C'est maman qui avait eu l'idée d'aller jouer au freesbie cet après-midi. Nous étions partis dans un terrain abandonné où il n'y avait personne. Mes parents étaient des hyppies et là où nous étions, ce n'était pas très bien vu. Il y avait même des gang « chasseur de hyppies » comme ils se nommaient eux-même.

L'après-midi touchait à sa fin. « Dernier lancé ! » sourit maman. Elle jeta le freesbies dans un craquement de bois. Le sphère bleu était déjà dans le ciel quand maman tomba doucement au sol. Son regard se dirigeait vers moi mais ses yeux étaient vides. Elle ne me regardait pas. Elle n'était déjà plus là. Je n'eus pas le temps de réagir qu'un second craquement se fit entendre. Lorsque je me retourna, je vis une flèche en bois avec une pointe métallique juste devant mes pieds. J'osais à peine lever les yeux pour voir mon père allongé sur le ventre. IL baignait déjà dans une marre de sang qui sortait de sa gorge. Je ne savait pas comment réagir ni ce qu'il fallait faire. J'en était incapable. JE suis restée debout, regardant mon père et ma mère sans vie autour de moi alors que quelques minutes avant nous étions tous heureux, souriant et plein de vie en train de jouer ensemble. Je sentis alors un courant d'air contre mon épaule. Je releva la tête et je vis une voiture noir, vitres teintées. L'une d'entre elles était baissée et je pu voir un homme costaud, brun, barbue et le regard noir. Il tenait une arbalette pointée sur moi. Il m'avait raté. Mais la vitre remonta mécaniquement et la voiture partie. Je ne compris pas pourquoi il ne m'emportait pas avec mes parents. C'est seulement une fois la voiture loin que je senti un picotement à l'épaule. Je posa ma main dessus sans regarder. Je senti un liquide visqueux et de la peau déchirée. Ensuite, je ne me souviens de rien.

Je me suis réveillée dans un hôpital entièrement blanc un peu plus tard. Je ne vis personne. J'observais sans trop bouger la tête, de peur qu'on me repère. Le plafond était blanc, les murs était blanc, j'étais presque sûre que le sol était blanc. Il y avait un rideau aussi, et une fenêtre. Tous deux étaient blancs. Une infirmière vint doucement apparaître dans mon champ de vision. « Bonjour » me dit-elle d'une voix douce. « Je suis l'infirmière qui s'occupe de toi, je m'appelle Blue. Et toi ? ». Je savais qu'elle attendait une réponse, mais je ne pouvais pas ouvrir la bouche ni même faire l'effort de sortir un son de ma gorge. « Ca doit être le choc, ne t'inquiète pas, tu parleras quand tu en auras envie, d'accord ? ».

Le choc ? Soudain, je me rappelai pourquoi j'étais ici, ce qui s'était passé, ce qui était arrivé à mes parents.

L'infirmière revint avec un bol. « Il faut que tu manges ma grande, tu as dormi pendant trois jours, tu manquais de sommeil dis moi ! » rit-elle. La manière dont elle parlait et le sourire qu'elle portait sur son visage rayonnant, me donna presque l'envie et la force d'esquisser un petit sourir.

A ma sorti de l'hôpital, j'ai été promené de famille en famille. Personne ne voulait me garder quand ils savaient que mes parents étaient hyppies et en plus assassinés. C'est ainsi que je suis passée de la petite fille sage à l'ado rebelle que je suis maintenant. Je n'ai, pour moi, ni maison ni famille. Juste des amis et la liberté. Parfois elle m'héberge, parfois je dors au foyer, parfois je ne dors pas et j'attends le lever de soleil.