Paradoxe
I
Fétichisme
Note de l'auteur : Cela fait un moment que je n'ai rien publié et j'ai décidé de me remettre en selle avec le fandom Star Trek, dont je suis une grande fan, et plus particulièrement du Spirk, puisque que je suis une shipeuse irrécupérable.
Disclaimer : Star Trek, ses personnages et son univers ne m'appartiennent pas et je ne touche aucune rémunération pour mes écrits.
Je savais que l'on pouvait faire une fixation sur une partie du corps. Je savais que ça s'appelait du fétichisme et que ça concernait communément les pieds. Mais aussi les mains, les seins ou encore les fesses. Jusqu'à maintenant, ce n'était pas une de mes caractéristiques. Du moins, pas que je sache et je pense me connaître suffisamment et avoir vu assez de personnes défiler dans mon lit, pour l'affirmer. Il n'empêche, je dois l'avouer, que mon attrait pour ses oreilles était en train de virer légèrement à l'obsession. Complètement, en réalité. Pourquoi les siennes ? Eh bien, parce qu'elles sont spéciales. Certes, tous les membres de son espèce ont les mêmes, mais en l'occurrence, je n'avais que lui sous les yeux en permanence et, de ce que j'avais pu constater, c'était le seul qui, à mes yeux, était aussi bien fait de sa personne. Mais évidemment, c'était un Vulcain et, ce n'était qu'un détail, il était plus ou moins engagé dans une relation avec Uhura, si j'avais bien compris. Même si je n'avais pas l'impression que leur couple était au beau fixe ces derniers temps. Je me contentai donc de l'observer, lui et ses oreilles pointues, dans ce que je pensais être la plus grande discrétion. Les excuses ne manquaient pas, après tout, j'étais le capitaine de ce vaisseau et il était normal que je m'intéresse de près au travail de mes subordonnés. Et, non, ce n'était pas ma faute si les activités de Spock me fascinaient plus que celles des autres. Je ne suis pas de mauvaise foi. Aucunement.
C'était une journée comme tant d'autres, calme et sans mission à l'horizon. Bref, ennuyeuse. L'inactivité avait tendance à me rendre dingue et ma fesse droite était engourdie, à force de rester assis dans mon fauteuil. Je décidai donc de me lever et d'aller voir ce que trafiquait mon premier officier, sous un prétexte bidon de curiosité scientifique. Je lui posai une question quelconque, en appuyant mes mains sur le dossier de sa chaise et en me penchant légèrement vers lui. D'un coup d'œil furtif, je m'assurai que personne ne faisait attention à nous, tandis qu'il me répondait sans que j'enregistre un traître mot de son jargon technique. Mon menton frôlait son épaule gauche et j'avais l'objet de ma tentation juste sous mon nez. Littéralement. Je retenus presque ma respiration, faisant parfaitement semblant de l'écouter, tout en observant attentivement ce lobe charnu et ce pavillon de chair et de cartilage qui se terminait par une pointe parfaite, légèrement verte à son extrémité. Et me mis à saliver d'une manière parfaitement obscène et n'avais qu'une envie, pointer ma langue pour en goûter la texture, y poser mes lèvres pour voir si les Vulcains verdissaient au lieu de rougir. J'étais sur le point de perdre tout contrôle, avant de remarquer enfin le silence de mon interlocuteur. Dieu seul savait depuis combien de temps il avait fini sa tirade. M'arrachant difficilement à ma contemplation, mes pupilles dilatées par le désir, je croisai son regard interrogatif. Ses yeux couleur chocolat, m'observèrent avec leur éternelle curiosité scientifique, attendant sans doute patiemment, une explication logique à mon comportement. Sur le moment, je n'en trouvai aucune de valable, et restai donc là, à le fixer, figé telle une statue, pendant une éternité. Jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche, certainement pour me faire part de son incompréhension, par une réplique acerbe qui à coup sûr ferait mouche, quand le communicateur de mon fauteuil sonna. Je m'y précipitai, comme si ma vie en dépendait, ce qui n'était pas loin d'être le cas. C'était Bones, qui m'informait, ou plutôt, vociférait, que je n'avais toujours pas passé ma visite médicale de routine après notre dernière mission. J'acceptai sans rechigner, préférant les instruments de torture de McCoy au regard perçant que me lançait actuellement Spock, et sautai donc dans l'ascenseur comme si j'avais une armée de Klingons à mes trousses, en laissant les commandes à Sulu, avant de demander l'aile médicale.
…
J'arrivai à l'infirmerie, mon cœur tambourinant dans ma poitrine, distillant dans mes veines les derniers restes de ma panique, conscient que je n'échapperai pas à une explication en règle. Mais au moins, j'avais gagné un sursis, pour le moment. Léonard m'accueillit, clairement perplexe, face à mon manque de combativité à l'idée de venir me faire examiner. Habitué à mes éternelles excuses pour ne pas le consulter, il renifla l'arnaque à trois kilomètres.
« Raconte. » Fût le seul mot, exigeant, qui sortit de sa bouche.
« Je ne peux décemment pas parler de ça avec toi. » Répliquai-je, en prenant place sur un lit d'examen.
« Jim. On se connaît depuis suffisamment longtemps maintenant. Tu m'as fait part de tes frasques les plus abracadabrantesques, dans les grandes largeurs, jusqu'aux plus infimes détails. Alors maintenant, crache le morceau sur ce qui t'a fait te précipiter ici sans autre forme de procès. »
Ses arguments étaient solides et il attendait donc patiemment une réponse, tout en baladant son scanner médical sur mon torse.
« Je fais une fixation malsaine sur quelqu'un. Enfin, plus précisément, sur une partie du corps de ce quelqu'un. Et cette personne vient plus ou moins de s'en rendre compte, à cause d'un manque de prudence et de discrétion de ma part.» Expliquai-je, vaguement.
« Comme une sorte de fétichisme, tu veux dire ? » Me demanda-t-il, tout en consultant les résultats sur son tricordeur.
« Exactement. Toi qui en connais un rayon en psychologie, c'est normal ce genre d'obsession ? »
« Ça a toujours existé, tu sais. Ça n'a rien de malsain, comme tu sembles le penser. Après, c'est sûr que tout dépend de la partie du corps en question. » M'expliqua-t-il calmement, en continuant son examen de routine.
« Les oreilles. » Murmurai-je, de manière presque inaudible.
« Je te demande pardon ? Les oreilles ? Mais les oreilles de qui ? » S'interrogea-t-il en s'esclaffant.
Mais soudainement, son sourire se figea, pour finalement s'effacer lentement.
« Nom. De. Dieu. » Fût sa réaction première.
« C'est une plaisanterie ? » Fût sa seule question, après de longues secondes de silence.
« J'aimerais vraiment. Autant te dire, que je ne savais plus où me mettre. De plus, maintenant que j'ai attisé sa curiosité, il ne va pas me lâcher, avant d'avoir une explication. » Me plaignis-je, d'un air de chien battu. « Mais j'y pense ! Tu pourrais peut-être aller lui parler ? Tu sais, histoire de tâter le terrain, de savoir ce qu'il pense avoir compris. » M'exclamai-je, armé de mon sourire le plus charmeur.
« Bon sang, Jim ! Je suis médecin, pas marieuse ! »
…
Après de longues négociations, qui furent un échec cuisant, pour convaincre Bones d'enquêter pour moi, je me résignai à retourner sur la passerelle et à affronter mon destin funeste. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et j'embrassai la scène du regard. Sulu se leva à mon arrivée, pour rejoindre son siège, après avoir annoncé mon retour. Spock était toujours derrière son poste. À l'entente de mon nom, je pourrais jurer avoir vu son oreille droite frémir, comme l'aurait fait celle d'un chat à l'affût du moindre bruit. Il ne m'accorda même pas un regard, mais notre quart finissait dans moins d'une heure et je n'étais pas dupe quant à son impatience à me tirer les vers du nez. Je passai donc mes dernières minutes de répit, le cul vissé à mon fauteuil, faussement concentré sur les préoccupations dues à mon grade. En réalité, je m'exhortai à trouver une raison parfaite pour m'éclipser au plus vite. La relativité du temps prit une tout autre dimension, quand je relevai les yeux pour me rendre compte qu'il ne restait que cinq minutes avant la relève. Nous étions passés en phase nocturne depuis quelques heures et la fatigue commençait à se faire sentir. À défaut d'autre chose, je comptais sur mon besoin de sommeil, pour avoir la paix. À la seconde où ce fut l'heure de laisser ma place, je me précipitai, avant tout le monde, entre les portes de l'élévateur pour être sûr de fausser compagnie à Spock.
…
Une fois dans l'ambiance feutrée et rassurante de mes quartiers, je me détendis enfin et me dépossédai du haut de mon uniforme pour le jeter dans un coin, quand on sonna. Je m'immobilisai, tel un animal qui se sait acculé, et retins mon souffle en espérant que ce visiteur, dont je ne doutais pas de l'identité, pense que je n'étais pas présent.
« Capitaine, je sais que vous êtes là. »
La voix de baryton si reconnaissable de mon premier officier, me parvint étouffée à travers la cloison. Résigné, je lui ouvrai finalement la porte et l'invitai à entrer.
« Que puis-je pour vous, Spock ? » Demandai-je, le plus naturellement possible.
« J'aimerais comprendre ce qui s'est passé tout à l'heure, quand vous êtes venu me questionner sur mon travail. » M'interrogea-t-il comme s'il me demandait l'heure.
Je le fixai pendant de longues secondes, faisant fi de ma semi-nudité, ne trouvant pas mes mots.
« Je suis dans l'incapacité de vous expliquer ceci logiquement. » Capitulai-je, finalement.
« Je vois. Tentez, alors, de me le faire comprendre d'une manière plus… irrationnelle. »
J'essayai vraiment de ne voir aucun sous-entendu dans cette phrase. Sans succès. J'avais un Vulcain en face de moi. Et cette espèce n'était pas connue pour faire des insinuations douteuses. Mais, Spock était à moitié humain et il passait beaucoup trop de temps avec nous pour son propre bien. Je décidai donc, contre toute raison, de le prendre au mot et m'avançai alors vers lui, réduisant la distance entre nous, jusqu'à ce que mon torse touche presque le sien. Les Vulcains tenaient beaucoup à leur espace vital et je sentis que cette intrusion le perturbait. J'évitai son regard pour ne pas perdre courage et approchai mon visage du sien, pour finalement le contourner lentement et emprisonner soudainement la pointe de son oreille droite entre mes lèvres. Je la suçotai doucement, jouant de ma langue, les yeux fermés, un gémissement m'échappant malgré moi. Le souffle de sa respiration se bloquant dans sa poitrine se fit clairement entendre. Je finis par la relâcher, à contre cœur, dans un léger bruit de succion, avant de reculer face à lui. Il avait les paupières closes, la bouche entre ouverte et les pommettes beaucoup plus vertes que d'habitude. Incapable de résister à un tel tableau, je capturai délicatement ses lèvres, pour l'embarquer dans un baiser passionné. D'abord tétanisé, il finit par se détendre dans mes bras, que j'avais noués autour de son cou, pour répondre à cette coutume tout à fait humaine et que son peuple trouvait indécente. Ma langue partit à la rencontre de la sienne et je m'abreuvai de son souffle chaud jusqu'à manquer d'oxygène. Ses mains puissantes vinrent agripper mes hanches, glisser sur mes reins, pour finalement remonter vers mes omoplates, collant mon torse nu contre le tissu synthétique de son uniforme bleu. Je pouvais sentir les battements affolés de son cœur contre mes côtes, tandis que le mien semblait vouloir sortir de ma poitrine, et caressai son cou, ses pectoraux, son ventre plat, pour finalement glisser mes doigts sous son t-shirt. C'est là, qu'il brisa soudainement le baiser, pour se reculer jusqu'à ce que son dos percute le mur, comme s'il s'était brûlé. Sans un mot, il ouvrit la porte et s'enfuit dans le couloir. Tandis que la cloison se refermait, je restai au milieu de ma chambre, incapable du moindre geste et renonçai à lui courir après, n'étant pas sûr moi-même de ce qui venait de se passer.
