Voilà, c'est une mini-fic de quatre chapitres dont voici le premier. Ce n'est pas du tout le même ton que l'Enfance d'un Thain, vous aurez ici peut-être plus besoin d'un mouchoir !

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Merry envers Pippin :

Il dort. Comme un enfant en sécurité dans le Smial de ses parents. Mais est-ce vraiment étonnant à son âge ? Le visage paisible, la bouche à peine entrouverte et la respiration calme. Près de son visage, repose sa main, posée légère et détendue.

Moi, je n'arrive pas à dormir. Comment lui le peut-il ? Se rend-il bien compte que le reste de la Communauté est peut être morte, comme Boromir, et en particulier Frodon et Sam ? Se rend-il compte que ces espèces d' Orques voulaient vraiment nous tuer, ou du moins, nous faire souffrir ? Que nous avons été sauvés par le plus miraculeux des hasards ? Est-il conscient que nous sommes actuellement dans l'antre et à la merci d'un arbre vivant qui est facilement cinq fois plus grand et dix fois plus fort que nous deux réunis ? N'a-t-il pas peur que l'eau que nous venons de boire ne soit que poison ? Non. Il dort le plus tranquillement du monde.

Je crois que je n'ai jamais dormi et que je ne pourrais jamais dormir aussi tranquillement. Les chambres de ses sœurs sont très proches de la sienne. Moi, je me souviendrais toujours de ces nuits d' hivers, tout seul dans ma grande chambre, à l'opposé de celle de mes parents à l'autre bout de cet immense Smial. Tout seul avec la peur de mes cauchemars. Lui, jamais. Un léger sanglot ou une bougie qui s'allume et une de ses sœurs se précipitaient.

Il est imprégné de ce sentiment de confiance et de sécurité. Je voudrais qu'il le garde toujours. Mais est-ce compatible avec notre situation actuelle ? Moi-même, je suis responsable de cette innocence. Dès qu'il a ouvert les yeux, je me suis dit, consciemment ou non, qu'il serait le frère qui me manquait. Moi aussi, je l'ai protégé du moindre chagrin, du moindre souci ou de la moindre peur qui doivent endurcir le cœur des enfants. J'ai fait ce que j'ai pu, ai-je bien fait, finalement ? N'est-ce pas précisément cette innocence qui risque de le perdre, maintenant ?

J'ai le sentiment que tous mes efforts pour le protéger auront été vains. S'il revient à la Comté, ça sera le cœur lourd de tourments et l'esprit rempli de souvenirs affreux. Je le connais, le jour où il prendra conscience de l'horreur de notre quête, il perdra définitivement courage ou alors, au contraire, il le trouvera. Ca sera aussi à ce moment-là qu'il perdra à jamais ce sentiment de confiance et de sécurité. Est-ce un bien ? Un mal ? Je ne sais pas, je ne veux pas le savoir.

En fait, je ne veux même pas y réfléchir. Mon cœur et mon amour pour lui me pousse à continuer de le protéger du mieux que je peux, et je le ferais sans me poser de questions. Ici et maintenant, je suis à la fois son ami, son cousin, son frère et son père. Je suis désormais tout seul pour le protéger. Il n'a plus que moi. Et je n'ai plus que lui. Mais moi, ce n'est pas nouveau.

Nous sommes tout proche. Je le regarde, attendri. L'ai-je jamais aimé plus qu'en ce moment précis ? Je pose doucement mon bras sur lui. Il émet un léger gémissement et puis vient se pelotonner contre moi, le nez dans ma chemise. Je m'immobilise, le cœur battant et inquiet de l'avoir réveillé. Mais non. Comme un chaton qui se serre contre le ventre chaud, doux et sécurisant de sa mère. Je resserre mon étreinte autour de lui et sourit doucement en fermant les yeux, le menton dans ses boucles.

Il est si jeune, si petit. Quand il a vu Aragorn pour la première fois, il m'a pris à part pour me demander d'un ton inquiet ce que le Rôdeur avait sur les joues. Il croyait que toutes les barbes étaient comme celle de Gandalf. Et ce petit regard en coin qu'il m'a jeté quand il a vu les Nains ! Il y a quelques heures, avant de nous coucher, nous avons un peu parlé de la réapparition de Gandalf. Je lui ai dit que ma première réaction avait été de croire voir un fantôme. Lui, il a haussé les épaules en disant qu'il n'avait pas été très surpris. Il m'a dit qu'il n'avait jamais vraiment cru que le magicien était mort parce que Gandalf, il est très très fort, d'abord ! Il peut être si innocent et enfantin, parfois.

Un enfant. Me placer d'instinct devant lui. Un cousin. Tendre mon bras entre le danger et lui. Mon cousin. Mon enfant. L'aimer. Le protéger.

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Alors, vous avez aimé ? Vous voulez le deuxième chapitre ?