C.E. 75 : Chronique et monuments

Auteur : Tar-Celebrian

Titre : C.E. 75 : Chronique et monuments

Disclaimer : C'est toujours triste à dire, mais les personnages ne m'appartiennent pas.

Note : Voici une fic qui m'est venue à l'esprit il y a un certain temps déjà... Question de ne pas donner de faux espoirs, autant préciser tout de suite qu'il s'agit d'une histoire visant à mettre en scène le couple de Miriallia et de Dearka. Que voulez-vous, quand on est fan... J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire cette fic que moi à l'écrire !


Chapitre 1 : Il suffit d'une présence...

Il est de certaines choses qu'un être humain a beau tenter d'éviter, qu'il jette toutes ses forces dans une lutte interne ou oppose une vague résistance, elles finiront par prendre le dessus sans que rien ne puisse être fait pour y remédier. On a beau être persuadé que certains événements sont loin derrière nous, que certains fait ne se reproduiront jamais, que certains sentiments sont enfouis au plus profond de nous, il suffit parfois de bien peu pour que surgisse à nouveau l'ombre de ce qu'on a si profondément voulu oublier.


Cette journée avait été prédestinée à être le plus beau jour de leur vie. Le soleil brillait, le vent s'était fait doux et apaisant et le ciel était dégagé, comme si la nature elle-même avait voulu accorder une journée de clémence ou de répit. Les gens portaient leurs vêtements d'été. Robes en cotons, pantalons en toile, sandales et lunettes de soleil... sans compter la bonne humeur omniprésente. A croire que le pouvoir d'une simple journée ensoleillée était plus puissant que toute tentative humaine pour redresser un moral faible. Les préoccupations quotidiennes semblaient loin, très loin du tableau idyllique qui prenait corps à Orb. La capitale des émirats était proche, mais pour un souci de simplicité, la fête avait été déplacée dans la campagne avoisinante. La plage était à quelques centaines de mètres, offrant une étendue turquoise à ceux qui prenaient le temps de la contempler. Oui, rien ne manquait aux noces de Kira Yamato et de Lacus Clyne...

Malgré son mandat à la tête des PLANT, la représentante de la faction pacifiste n'avait cédé à aucune pression. Jusqu'au lieu avait été indiscutable. Il s'agissait d'un événement personnel, qu'elle ne voulait en aucun cas confondre avec sa vie politique. Si Lacus Clyne en tant que personne choisissait de se marier à Orb, loin de la patrie qu'elle représentait, c'était un choix que Lacus Clyne en tant que personnalité mondiale n'avait pas le droit de contester. Et elle n'était certainement pas prête à faire des concessions. La jeune femme avait conscience de retourner à son avantage les concepts de vie privée et autres, mais elle avait délibérément choisi de ne pas y penser. Sa relation avec Kira était connue bien avant son élection, et c'était l'argument final qu'elle avait assené au Conseil. De toute manière, la protestation ne s'était pas faite ouvertement : elle s'était jouée en coulisses. Et le jour où, très calme, Lacus avait officiellement annoncé son mariage, personne n'avait songé à intervenir.

Voilà pourquoi plusieurs centaines de personnes profitaient de la température naturelle de la Terre. S'il avait semblé logique que tout se fasse dans la discrétion, ce ne fut finalement pas l'attitude adoptée par le couple. Dans une optique très ouverte, Kira et Lacus avaient décidé d'inviter la majeure partie de leurs connaissances. Comment ne pas vouloir que tous assistent à leur bonheur, que tous soient témoins de leur engagement, que tous puissent faire la fête et se réjouir avec eux ?

Kira était l'âme de la cérémonie. Si le couple était à la base de toutes les décisions, c'était lui qui avait tout pris en charge, à cause de la position de celle qui était maintenant son épouse. Chaque détail des festivités portait une trace, discrète mais positive, de la méticulosité de Kira. Mais cette préparation, bien que longue et remarquable, n'était rien comparée au bonheur qui irradiait du couple. Vêtus l'un comme l'autre avec un faste, assez rare chez Kira, mais tellement habituel chez Lacus, ils ne se quittaient pas et recevaient les félicitations de leurs amis avec joie.

Aucune ombre au tableau. Pas une seule. Or, la liste des invités était longue et relevait en fait du défi. Comme si les époux avaient voulu prouver une dernière fois qu'ils étaient prêts à tout remettre en question pour leurs idéaux, ils avaient tous les deux invité leurs amis proches, Coordinateurs comme Naturels. Le repas était encore à venir, mais les places n'étaient pas censées poser problème. La composition était à peu près parfaite. On y reconnaissait le doigté de Lacus.

Au rang des invités les plus fameux, il y avait Cagalli Yula Athla. La représentante d'Orb occupait une place d'honneur, et pas seulement parce qu'elle était la jumelle du marié. C'était grâce à elle que les dispositifs de sécurité étaient au plus bas. Elle-même avait fait l'effort de venir sans uniforme, portant pour l'occasion une robe verte. Le tissu était léger et lui permettait de se sentir plus libre. Loin de tous les tracas que lui occasionnait son mandat. Certes, c'était une battante, mais un moment de détente tel que celui qu'elle vivait était le bienvenu. Il serait bien assez tôt temps de reprendre les responsabilités qui étaient les siennes. Voilà pourquoi elle osait rire aux côtés d'Asran Zala, sur une terrasse de pierre blanche, au milieu d'autres civils qui ne l'importunaient pas. L'uniforme avait également été oublié par l'ancien pilote d'élite. Pourtant, l'usage aurait voulu que tous les militaires se présentent en uniforme et même, forment une haie d'honneur traditionnelle pour les mariés. Mais, à la demande expresse du couple, qui ne souhaitait pas voir défiler tous les grades de l'Alliance Terrienne, d'Orb ou de ZAFT, il n'en était rien. Voilà pourquoi Asran ne portait pas le blanc caractéristique des hautes positions de ZAFT.

Cagalli profitait du temps qu'elle pouvait passer avec lui, temps qui se faisait rare même s'ils s'appliquaient à le préserver, un sourire sincère sur les lèvres. Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pas pu s'empêcher de sourire. Les circonstances étaient bien trop joyeuses. Pourtant, quand elle vit passer une chevelure des plus caractéristiques, elle ne put s'empêcher de s'écrier :

- Miriallia !

Une jeune femme entièrement habillée de rouge se retourna à quelques mètres d'elle, deux coupes de champagne à la main, un air interrogateur sur le visage. Puis, elle aperçut Cagalli et s'approcha en quelques pas, avant de coller une bise sur sa joue, puis sur celle d'Asran.

- Cagalli ! Je me demandais où tu étais... Près d'Asran Zala, comme c'est surprenant...

Cagalli ne rougit même pas et se contenta d'un regard entendu avec Asran. Elle eut même un petit rire et répondit à Miriallia :

- Il faut bien que je profite de lui... il ne vient jamais me voir, termina-t-elle en faisant la moue.

Miriallia ne s'y trompa pas et échangea un regard avec Asran, qui passa un bras autour de la taille de la jeune femme qui était à la tête d'une nation. Il répliqua le sourire aux lèvres, d'un ton calme et tranquille :

- Je ne te ferai pas le plaisir d'une réplique en règle, c'était bien trop bas comme coup...

Miriallia éclata de rire. Le son de son rire, naturel et spontané, fit se retourner plusieurs invités. Il fallait dire qu'elle s'était particulièrement bien soignée. Sa robe épousait parfaitement les formes de son corps, mettant en valeur ce qui devait l'être. Elle portait des sandales blanches, à talon haut, telles qu'elle n'en mettait que rarement. Pour compléter le tout, quelques bijoux simples mais clairement de valeur ornaient son cou. Cagalli regarda Miriallia d'un air amusé :

- Avant de séduire toute la terrasse, dis-nous à qui est destinée cette coupe...

Miriallia sembla se souvenir qu'elle allait quelque part avant d'être interpelée par Cagalli et répondit sans se départir de sa bonne humeur :

- C'est que j'allais oublier ! J'avais été chercher du champagne pour Saï.

En avisant le regard désapprobateur d'Asran, elle s'empressa de terminer, le sourire aux lèvres :

- Kazui s'est bien proposé, mais je voulais aller saluer le commandant Ramius...

- C'est vrai... comment va-t-elle ? Je n'ai plus eu l'occasion de lui parler depuis une éternité.

Cagalli avait l'air de déplorer sincèrement l'état de fait qu'elle venait de constater. Malgré tout, ce n'était pas le sujet de la conversation, et Miriallia la rassura rapidement :

- Ce n'est pas elle qui te dira qu'elle ne va pas bien, mais elle est en pleine forme !

Cagalli faillit répondre que ça ne l'étonnait pas, puis se ravisa en voyant la mine radieuse de Miriallia. Si elle faisait traîner la conversation, son amie ne pourrait jamais rejoindre son groupe. Elles auraient l'occasion de discuter plus tard... Miriallia termina sur un joyeux :

- Je vous retrouverai plus tard. Il faut quand même que j'apporte cette coupe à Saï !

Pendant que la jeune femme s'en allait, pétillante de joie et irradiant la bonne humeur, Asran se pencha vers Cagalli et lui demanda :

- J'ai tenu ma langue... d'un autre côté, je...

Cagalli lui interdit de continuer en lui volant un baiser. Il se voulait simple et tendre, seulement Asran ne semblait pas vouloir s'en satisfaire. Il la regarda sans cacher son désir :

- Si tu crois que ça va suffire à me faire taire...

Cagalli ne fut pas surprise par sa réplique et s'appliqua à prouver le contraire, aussi nul ne fut surpris de ne plus apercevoir le couple parmi les invités profitant de l'air frais de la terrasse...

Miriallia cherchait Saï et Kazui dans la foule de gens. Ils n'étaient pas rares, ceux qui se retournaient sur son passage. En fait, elle était tout simplement radieuse. Si d'aventure quelqu'un lui demandait la raison de cette bonne humeur affichée, elle disait que c'était naturel. Pourtant, elle était incapable de donner une raison à son humeur du jour. Au-delà du mariage de Kira avec Lacus, de la satisfaction de revoir bon nombre de ses amis, du fait de pouvoir parler sans mesurer ses propos de manière à ce qu'ils ne soient pas retournés contre elle... il y avait quelque chose qui lui réjouissait profondément le cœur. Miriallia était tout simplement dans un de ces jours où l'on se dit que la vie est belle, que tout va bien dans le meilleur des mondes et que les méchants c'est pas nous. Aucune raison apparente, ni même cachée. Miriallia personnifiait la femme dont on se dit qu'elle est superbe, pas parce qu'elle a un corps jeune et épanoui, mais parce qu'elle possède une voix qui évoque une gaieté naturelle et spontanée, parce qu'elle arbore un sourire qui fait instantanément oublier que la terre continue à tourner, parce qu'enfin elle a un regard qui exprime tout ce qu'on n'ose imaginer. Une simplicité à toute épreuve, qui aurait mis à ses pieds n'importe quel homme sur lequel elle aurait fixé son choix. Seulement, les pensées de Miriallia étaient à des années lumières de la séduction et des hommes en général. Son cœur était gonflée de cette joie franche qui la caractérisait. Elle ne pensait qu'à la réussite du mariage, et à la superbe nuit qui se profilait. L'après-midi battait son plein, mais elle songeait déjà à la soirée dansante qui promettait beaucoup.

Avec leurs emplois du temps respectifs, Kazui, Saï, Kira et elle se voyaient de moins en moins souvent. Pourtant, quelque chose les liait, bien plus sûrement que n'importe quel lien du sang. Ils avaient traversé la guerre ensemble, à seize ans. Eux qui entraient à peine dans l'âge adulte, ils avaient survécu à tout ce qu'ils espéraient que leurs enfants ne comprendraient jamais. Par choix, en plus. Kira en avait peut-être été la cause, mais ils ne regrettaient pas leur décision. Certes, il avait été difficile de s'adapter à nouveau, de faire le deuil des morts et d'aller de l'avant. Ils n'avaient même pas pu s'empêcher de s'impliquer dans la guerre suivante, mais à une autre échelle. Ils avaient grandi et mûri. À l'époque, ils n'étaient encore que des enfants, se disaient-ils en y repensant. Pourtant, en regardant leur parcours, ils savaient que si c'était à refaire, ils n'hésiteraient pas. Quitte à souffrir à nouveau. Ce qu'ils avaient défendu était bien trop inscrit dans leurs esprits. Bien trop important pour eux.

Miriallia ne ressassait cependant pas d'aussi sombres pensées en cherchant ses amis. D'accord, cela faisait plus d'une demi-heure qu'elle les avait quittés, mais tout de même ! Il n'était pas difficile de constater qu'ils avaient changé de place : la question était plutôt de savoir vers où ils étaient partis. Tout en se disant qu'à force de tenir les verres, elle allait réchauffer le champagne, Miriallia traversa les salles de fête, sans réussir à apercevoir le costume bleu de Saï. Elle n'était pas très attentive à ceux qu'elle croisait, mais elle fut tout de même surprise de sentir que quelqu'un l'agrippait. Elle se retourna pour croiser le regard de Kazui. Ses épaules s'affaissèrent et elle lui fit un grand sourire avant de dire :

- Kazui, je vous cherchais ! Vous profitez de mon absence pour vous enfuir ?

Kazui la poussa galamment sur sa gauche, avant de lancer un mouvement vers l'endroit d'où ils venaient :

- Je suis revenu te chercher, tu devrais me remercier !

Miriallia marchait à sa hauteur, sans se départir de sa mine amusée :

- Venu me chercher ? Mais où diables êtes-vous tous passés ? C'était si dur de rester au même endroit ?

- Pas tellement, mais rien que pour te faire enra...

Il se reprit sans attendre devant l'expression faussement outrée de Miriallia. Tout en retenant la réplique qui lui venait aux lèvres, il osa un sourire.

- Je plaisante. Kira et Lacus passaient près de nous pour aller faire les photos, et ils se sont arrêtés, au final. De toute façon, il faudra encore une bonne heure avant que tout le monde accepte de poser au bon endroit. Coordinateurs ou pas, tout le monde veut profiter du soleil...

Miriallia éclata de rire, puis prit conscience qu'ils étaient arrivés au sein du petit cercle formé par Kira, Lacus, Saï, Yzac et Dearka. Miriallia se rendit compte que Kazui avait omis de dire que Lacus était accompagnée de ses amis Coordinateurs. Elle n'eut pas un geste de recul. Tous les regards convergeaient vers elle, ce qui n'était guère étonnant, et tout ce qu'elle trouva de mieux à dire, ce fut :

- Dearka Elthman.

Son ton n'aurait pu être plus provocateur. Elle le fixait sans vergogne, détaillant le Coordinateur de la tête aux pieds. Sa moue était rieuse, son regard pétillant. Nul ne sait ce qu'il se serait passé si Lacus n'était pas intervenue, avec son charisme naturel :

- Cela fait longtemps que vous ne vous êtes plus vus, n'est-ce pas ? Nul besoin de te présenter Dearka et Yzac...

Miriallia se tourna vers Lacus et répondit avec un petit rire :

- Nul besoin, en effet.

Elle se tourna et avança vers eux d'un pas confiant. Elle fit la bise à l'un, puis à l'autre, avant de tendre d'un geste théâtral la coupe à Saï.

- Elle aura vu du monde avant d'arriver dans tes mains !

- Merci, Miriallia.

Les discussions reprirent là où elles s'étaient arrêtées, sans plus se préoccuper de la venue de la jeune femme, qui s'intégra sans difficulté à la conversation. Voilà longtemps qu'elle avait tourné la page avec Dearka. Leur relation appartenait au passé, c'était aussi simple que ça. L'indifférence qu'elle affichait en était la preuve. Un seul doute subsistait : pourquoi, mais pourquoi donc avait-elle ressenti le besoin de l'impressionner ? Pour lui prouver qu'elle vivait très bien sans lui, contrairement à ce « Je te manquerai » qu'il lui avait lancé à la figure après qu'elle lui ait dit qu'elle ne voulait plus de lui ?


Dearka avait su, dès qu'il avait vu Kira s'arrêter près de Saï, qu'il allait revoir Miriallia. Saï avait beau être tout seul, raison pour laquelle Kira s'était d'ailleurs arrêté, ce ne pouvait qu'être une situation temporaire. Il connaissait la profondeur de son amitié avec eux, mais s'était sincèrement demandé si Kira le faisait exprès ou si c'était un concours de circonstances. Cela faisait un certain temps qu'il ne pensait plus à Miriallia. Il n'avait pas pu conserver son amitié après leur rupture et savait très bien pourquoi. Elle était l'échec sentimental qu'il regrettait le plus, certes, mais ça n'allait pas au-delà. Il n'était pas l'amoureux transi qui attendait le bon vouloir de sa belle. Il ne se serait jamais abaissé à ce rang-là. Pourtant, son instinct lui avait soufflé qu'il faisait mieux de partir, sous n'importe quel prétexte, pour ne pas la rencontrer et générer une gêne certaine. Mais quand il l'avait vue, il n'y avait pas eu un seul semblant de gêne.

Il avait été surpris sur tous les plans par son arrivée. Elle avait changé. C'était indéniable. La première chose qu'il avait entendu, avant même de la voir, c'était son rire. Il détestait le ton convenu de la comparaison, mais il devait admettre qu'il avait vraiment pensé au son cristallin d'une cascade. Puis, il avait vu un visage rayonnant et, bien qu'il s'en défende, un corps parfait. Miriallia n'avait plus seize ans. Elle était devenue la femme que ses traits d'adolescente laissaient deviner. Sa taille était plus mince, ses hanches plus pleines, ses seins plus ronds. Pourquoi avait-il fallu qu'elle choisisse une robe rouge ? La couleur lui allait bien, mais... avait-elle conscience des regards qu'elle s'attirait ? Dearka savait qu'il n'était certainement pas le seul à s'attarder sur la manière dont le tissu drapait son corps... Mais il n'y avait pas que ça. Une assurance sans faille émanait d'elle. Ça n'était pas nouveau, parce qu'à ses yeux elle avait toujours été une fille qui allait jusqu'au bout de ses idées, mais il y avait une valeur ajoutée qu'il ne connaissait pas. L'idée qu'elle vivait un bonheur sans faille pour pouvoir arborer un air aussi serein fit rapidement son idée, et Dearka en vint à se demander ce qu'elle vivait.

Quand elle s'approcha pour lui faire la bise, il posa simplement sa main sur son épaule, comme il l'aurait fait avec n'importe quelle autre fille. Puis, il croisa le regard ambigu d'Yzac, ce qui le refroidit instantanément. Il s'était laissé surprendre alors qu'il ne s'y attendait pas. Mais tout de même ! C'était elle qui avait prononcé son nom sur un ton provocant, pas lui ! Il n'y avait rien à répondre, et Lacus était intervenue au bon moment. Yzac n'avait pas à le regarder de travers, il n'allait pas se jeter sur elle sous prétexte qu'elle était un ancien amour ! Enfin, Yzac avait pour sa défense que c'était à lui que Dearka avait raconté ses déboires, et qu'il ne voulait sans doute pas revivre la même histoire...

La conversation reprit rapidement, et l'habituel air suffisant revint sur ses traits. Remis de sa surprise, Dearka se mêla aussi à la discussion. D'un point de vue strictement objectif, il s'agissait de sympathiques retrouvailles entre amis capables de deviser tranquillement. Puis, quand Kira répéta pour la troisième fois qu'il devait aller faire les photos avec Lacus, Miriallia annonça qu'elle avait promis à Cagalli de la retrouver. Un sourire en guise d'excuse, puis elle s'éclipsa.

L'heure suivante fut consacrée au rassemblement lent et pénible de tous les invités de la noce. Heure que les jeunes mariés mirent à profit pour faire leurs photos de couple. Ils choisirent un coin de plage, avant de faire prendre des clichés dignes des plus grands films d'amour. Ce ne fut que grâce aux efforts déployés par Cagalli et son fidèle Kisaka que les invités se retrouvèrent tous sur la dune choisie par les mariés. La dénivellation devait permettre à chacun de pouvoir se reconnaître sur la photo. Miriallia se retrouva du côté du marié, à quelques personnes seulement de Kira, à côté de Cagalli. Les enfants furent invités à s'asseoir devant tout le monde, mais on renonça bien vite à les placer. Le photographe s'arracha les cheveux devant le manque de volonté flagrant des invités, mais l'ambiance bon enfant qui régnait avait quelque chose de vraiment chaleureux. Et au final, le cliché fut une réussite totale.

Le repas comme la soirée qui suivirent furent dans la ligne droite de l'après-midi. La chaleur ne diminuait pas, mais une douce ébriété commençait à se répandre, transformant les invités en personnages hilares et détendus. Les plaisanteries avaient remplacé les sujets sérieux. Les thèmes abordés étaient légers, et entre les diverses interventions orales des proches du couple et les péripéties traditionnelles imposées à Kira et à Lacus, les invités purent profiter d'un buffet des plus raffinés. Mets savoureux, vieux crus, tout y était.

Quand Kira et Lacus se levèrent pour ouvrir la soirée dansante, les applaudissements mirent plusieurs minutes à se calmer. Très vite, de nombreux couples s'ajoutèrent à eux. Saï fut plus rapide que Kazui et emporta la première danse de Miriallia, aussi rejoignirent-ils rapidement leurs amis sur la piste de danse. Dearka, pour sa part, invita une Coordinatrice de sa connaissance.

Dearka comme Miriallia avaient déjà oublié leurs courtes retrouvailles, si le terme convenait. La fête battait son plein et toute leur attention était concentrée sur la musique. Le rythme était rapide, mais ils appartenaient aux danseurs d'assez bon niveau pour ne pas se tromper. Il n'y eut qu'un moment où ils eurent vraiment conscience de l'existence de l'autre. Kira avait invité Miriallia et Lacus l'avait été par Dearka. Il s'agissait d'un réel hasard, mais les deux mariés devaient rester au centre de l'attention, donc au centre la piste. Au détour d'une passe où la femme tourne le dos à son cavalier, Miriallia se retrouva face au couple formé par Lacus et Dearka. Elle ne resta dans cette position qu'un très bref instant, mais ce fut suffisant pour que l'image s'imprime dans son esprit. Dearka faisait simplement tourner Lacus et son regard exprimait un amusement sincère. Les faux-semblants qui étaient monnaie courante avec lui semblaient inexistants. Son visage était légèrement luisant, comme celui de tous les danseurs, mais le sourire qui étirait ses lèvres, sans perdre sa moue ironique, avait quelque chose de très viril. Miriallia se sentit ridicule quand elle comprit qu'elle refusait de le qualifier de beau. C'était pourtant très clairement le cas...

Toutes les bonnes choses avaient une fin, et petit à petit, la salle se vida. Le départ du couple s'était fait dans les règles, et la fête avait encore duré plusieurs heures. Miriallia avait quitté la fête avant Dearka, mais le détail importait peu. Ils dormaient dans le même hôtel ? Un autre hasard. Après la journée éreintante qu'ils venaient de passer, ils n'avaient qu'une idée : dormir, et récupérer.


Miriallia lui tournait le dos. Il détestait quand elle faisait ça. Il ne pouvait plus lire ses sentiments sur son visage, il ne pouvait plus passer au peigne fin ses réactions. Pourtant, cette fois-ci, il était ravi qu'elle le fasse. Et pour cause : la demoiselle enlevait ses bijoux devant une glace. Le reste, ce serait à lui de lui enlever... Il s'approcha d'elle sans hâte, en prenant son temps pour la regarder. Rien ne pressait. Pourtant, quand il fut derrière elle, les effluves de son parfum l'obligèrent à changer ses plans. Il n'était plus question de temps ou de n'importe quel autre concept. Avant même de se rendre compte de ce qu'il faisait, il noua ses bras autour de sa taille, la faisant reculer pour la serrer contre lui. Tous deux faisaient face à la glace, mais ils n'eurent pas un instant l'idée d'y retrouver le regard de l'autre. Dearka avait plongé son visage dans son cou, embrassant sa peau sans la moindre envie de s'arrêter. L'aurait-il voulu qu'il n'aurait pas pu. Il avait bien trop envie d'elle... Ce fut toutefois elle qui perdit patience la première. Elle se retourna et chercha sa bouche. Dearka ne songea pas un instant à se dérober et joua longuement avec la langue de la jeune femme. Mais elle ne voulait pas seulement jouer. Elle se plaqua contre lui, puis passa ses bras autour de son cou, l'attirant contre elle, l'obligeant à sentir la pointe durcie de ses seins contre son torse. Sans chercher à se retenir, Dearka arracha plus qu'il n'enleva ses vêtements. Il eut un moment de surprise quand il se rendit compte qu'elle ne portait quasiment rien sous sa robe. Avait-elle prévu que... Il eut un sourire indéfinissable et fit glisser ce qui lui restait de sous-vêtements, se rendant à peine compte que Miriallia lui faisait subir le même traitement. La voir nue décupla son ardeur. Tout ce que le drapé laissait deviner lui était offert, loin de toute pudeur, loin de toute gêne.

Dearka se réveilla en sursaut. Seul. Et en sueur, comme il ne manqua pas de le constater. Elle l'avait donc tellement impressionné ? Il l'avait à peine aperçue, et ne lui avait même pas vraiment parlé ! Et voilà qu'elle revenait dans ses rêves...


Voilà pour le premier chapitre. Quand j'ai vu qu'il n'y avait aucune fic sur Dearka et Miriallia en français, je me suis dit qu'il fallait vraiment remédier au problème !! En ce qui concerne le rythme de parution, je vais essayer de m'en tenir à un toutes les trois semaines. Je sais, c'est lent ! Mais, si ça vous a plu... review !