Note de l'auteure : L'histoire se passe en 1977. Les Maraudeurs, Lily, Severus & co sont alors en septième année à Poudlard (rappel : année durant laquelle James et Lily commencent à sortir ensemble).
Le chapitre 1 se situe début Novembre.
Il y a bien sûr des spoilers sur toute la série –je précise, au cas où il existe encore quelqu'un qui n'ait pas déjà dévoré tous les livres- et les personnages/lieux/références magiques appartiennent à Jk Rowling.
Ah, oui: désolée pour la mise en page peut-être pas très agréable à lire, mais les alinéas n'ont pas survécu au passage de Word à . Enfin, le lecteur peut jouer sur la présentation il me semble ^^
So.. Enjoy !
How it ends
Chapitre 1
I wish you can accept.
— Hey… Lily... ?
Je sursautai et tournai un peu trop brusquement la tête sur ma droite. Adossé à une fenêtre, dans une alcôve du couloir, Severus Rogue me fixait du regard. C'est du moins l'idée que je m'en fis car le noir profond de cette nuit sans lune s'infiltrait jusque dans le château. Je m'arrêtai, et pinçai mes lèvres de façon réprobatrice.
— Tu ne devrais pas être là, Sev…
Comme je ne bougeais pas, il sortit de sa cachette en affichant un sourire mesquin.
— Ces règles de couvre-feu sont idiotes, je l'ai toujours dit.
Le regard que je lui lançai lui fit reprendre un air sérieux. Il soupira.
— Bon d'accord... J'avais envie de te parler, et je savais que tu étais de ronde ce soir.
Il me dépassa et commença à marcher lentement, ne doutant pas un instant du fait que j'acceptais sa compagnie. Je lui emboîtai le pas.
— Il y a de nombreux autres moments où tu peux me parler sans enfreindre le règlement, Severus.
Les rares torches allumées sur les murs faisaient danser des ombres autour de nous, et, comme à leur habitude à cette heure-ci, les occupants des tableaux étaient tous endormis profondément. La moue qu'afficha Severus aurait suffi à sa réponse, mais il ne se garda pas de ses éternels sarcasmes.
— Ah oui ? Laisse-moi voir… Peut-être au petit-déjeuner, quand tu es assise en face de Potter ?
Un sourire mauvais s'étirait sur ses lèvres, et je fronçai les sourcils.
— …Ou bien entre les cours, quand tu traînes avec Black en faisant les yeux doux à Potter ? Ou encore à midi ? Ah non, suis-je bête, Potter réserve cette heure pour te bécot…
— Tais-toi.
Mon ton était sec, mais quand mon regard croisa le sien son expression était dépourvue de tout remord. Au contraire, ses yeux exprimaient maintenant la colère, et même la haine. Pas contre moi, je le savais bien, mais cela n'empêcha pas le bouillonnement d'enfler dans ma poitrine.
— Tais-toi Severus. J'en ai assez de tes critiques. Plus qu'assez.
Je ne souhaitais pas me plonger une énième fois dans la dispute bornée qui allait suivre inévitablement.
— Rentre dans ton dortoir. Je ne suis pas la seule à être de ronde ce soir. Remus fermerait sûrement les yeux s'il te trouvait avec moi, mais je doute que ce soit le cas du Professeur McGonagall.
Je stoppai net mes pas et ancrai mon regard dans le sien, les sourcils froncés par la colère, plus préfète qu'amie en cet instant. Ses cheveux gras lui tombant sur le visage, il arborait une mine renfrognée.
— Je prends le risque, répondit-il un ton froid. Et je dirai que je ne t'ai pas écoutée quand tu m'as dit de retourner aux cachots, si on se fait pincer.
Il savait très bien que là n'était pas la raison. Il m'avait fâchée, et avait eu conscience qu'il le ferait avant même de prononcer sa tirade. Mais, comme toujours, il ne pensait qu'à lui et à sa jalousie haineuse. Sans prévenir, je repris ma marche à pas rapides. Le connaissant, il ne servait à rien de discuter.
— Lily, attends !
Non. J'entendis ses pas précipités pour me rattraper.
— Lily…
Il avait posé sa main sur mon épaule, mais sans me freiner, avec douceur. Je gardai le regard au loin, fixant sans vraiment la voir l'extrémité du couloir une trentaine de mètres plus loin. Ne comprendrait-il jamais à quel point il pouvait me blesser en agissant ainsi ? Ne pouvait-il pas s'empêcher de gâcher l'amitié déjà fragile qui nous unissait ? Si James n'avait pas totalement cessé de dire du mal de Severus en ma présence, au moins lui faisait des efforts.
— On peut parler d'autre chose ? demanda-t-il d'une voix si neutre que je tournai enfin la tête vers lui.
— Ca ne marche pas comme ça, désolée. Peut-être que la prochaine fois tu réfléchiras un peu avant de…
— Ouais ouais.
À son tour il regardait loin devant, le visage préoccupé et.. triste. Je n'aimais pas ça. Malgré tout ce qu'il pouvait dire, le voir malheureux me serrait toujours un peu le cœur. Je soupirai profondément et fixai le sol devant moi. Nous restâmes un long moment silencieux, à marcher côte à côte, et nous descendîmes à l'étage inférieur où je devais poursuivre ma ronde. Severus avait sorti sa baguette, qu'il faisait tourner entre ses doigts sans avoir l'air de s'en rendre compte. Il semblait perdu dans ses pensées. Ce silence ne me gênait pas, au contraire. Il était souvent plus agréable de rester ainsi en sa compagnie, en ce moment.
Je repensais à ces derniers jours. Avais-je vraiment été si indisponible pour lui ? Il est vrai que je passais de plus en plus de temps avec James et ses amis, maintenant que nous étions « officiellement » ensemble. Cela me faisait toujours un peu drôle, lorsque j'y pensais et me rappelais à quel point ils avaient pu m'agacer lors de nos premières années à Poudlard. À part Remus. Lui m'avait paru plus sage dès le départ, plus réservé, et s'il n'avait pas passé son temps avec eux nous serions sûrement devenus amis assez vite. Quant à Sirius, que j'avais toujours trouvé trop sûr de lui et un peu crâneur, j'apprenais à présent à l'apprécier de plus en plus. Mises à part ses mauvaises plaisanteries qui, il le savait, ne me plaisaient pas, il était plutôt agréable à vivre. Toujours joyeux, toujours le mot pour rire avec James, toujours prêt à aider ses amis, et de plus en plus galant avec moi. Il y avait aussi Peter. C'était celui dont j'étais la moins proche, malgré mes efforts pour tenter de le connaître mieux. Il était très discret, mais pas de la même façon que Remus. Il semblait en permanence en retrait, recroquevillé dans son coin –et sa petite taille n'arrangeait pas cette apparence-, inférieur. Il me faisait penser au « vilain petit canard » de l'histoire que ma mère nous avait lue, à Petunia et à moi, lorsque nous étions enfants. J'avais une fois tenté d'en parler avec James, mais il m'avait ri au nez et coupé court à notre discussion en répliquant que Peter était comme ça, que c'était dans sa nature d'être plus timide, et qu'il fallait le laisser tranquille.
— Est-ce que tu retournes chez toi pour Noël ?
Je clignai deux fois des yeux, laissant le temps à mon cerveau de revenir au temps présent. Nous étions arrivés à hauteur de la salle d'Histoire de la Magie, devant laquelle nous passâmes sans nous arrêter. J'hésitai.
— Euh... Je ne sais pas encore bien…
La vérité était que James m'avait proposé de passer les vacances chez lui. Sirius y serait aussi, comme chaque année depuis ses douze ans. Moins il passait de temps avec sa famille, mieux il se portait... Cependant, ça n'était pas un mensonge, je n'avais pas encore donné ma réponse à James. J'avais aussi envie de revoir mes parents, ainsi que ma sœur, même nous nous étions quittées en Septembre sur une violente dispute, qui avait évidemment pour cause mon état de sorcière.
— Et toi ? lui retournai-je la question en évitant ainsi qu'il ne m'en pose de plus précises.
— Je reste ici.
Il n'ajouta rien et, bien qu'il eut toujours été très discret sur sa famille, j'en avais deviné assez au cours des ans pour ne pas le questionner davantage à ce sujet.
— Qu'est-ce qu'il fait ici ?!
Je sursautai pour la deuxième fois de la soirée. Cette voix n'était pas celle de Severus, qui semblait aussi surpris que moi. Je m'arrêtai et tournai rapidement la tête de droite à gauche mais ne vis personne. Je soupirai. Bien sûr, il était sous sa cape d'invisibilité… Je levai des yeux soucieux vers mon ami, qui, à en voir son visage, avait fait le rapprochement lui aussi. Il serra fermement sa baguette dans sa main, et tendit le bras en avant.
— Raté. lâcha James d'un ton provocateur, apparaissant à mon côté, sa cape à présent en boule dans main gauche, alors que sa baguette était logée dans l'autre.
Je lui lançai un regard sévère, et rabaissai le bras de Severus avant qu'il ne le pointe vers James.
— Wow, stop stop stop ! Il n'est pas question que vous vous lanciez dans un duel ici.
Je me tournai à nouveau vers James.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
Il croisa mon regard, puis toisa Severus d'un œil mauvais.
— Qu'est-ce qu'IL fait là avec toi ? Il n'est pas préfet, à ce que je sache.
— Pas plus que toi, Potter. gronda le Serpentard.
Leur haine était palpable, et je sentais que la bonne volonté que James avait mise à être moins virulent à l'égard de mon ami ces derniers temps n'allait pas tenir longtemps après qu'il l'eut trouvé à onze heures du soir seul en ma compagnie.
— Nous étions simplement en train de discuter, James. dis-je en attrapant son bras avant que sa baguette ne se dirige vers mon ami. Severus n'aurait pas dû sortir après le couvre-feu, je te l'accorde, mais c'est son problème s'il veut prendre le risque de se faire coincer.
— Et ça n'est pas ton boulot, de coincer les trainards dans son genre après le couvre-feu ? me lança-t-il sans le quitter des yeux.
Je trouvai la remarque fort déplacée étant donné qu'il était lui aussi en train d'enfreindre le même paragraphe du règlement. Je ne lui en fis pas la remarque, cependant, soucieuse de ne pas envenimer les choses. Severus restait étrangement silencieux, de mon autre côté.
— Retournez dans vos salles communes, leur ordonnai-je.
Mon regard passait d'un visage à l'autre.
— Et c'est la préfète qui parle.
Mon ton se voulait sévère et sans appel, mais je ne pouvais m'empêcher de penser qu'aucun d'eux ne m'écouterait.
— Alors tu viens avec moi.
Voix autoritaire, James passa un bras autour de mes épaules et m'attira vers lui avant que je ne puisse réagir. Trop tard. Severus, le regard haineux, pointait déjà sa baguette en murmurant. Tout se passa très vite. James me jeta sur le côté d'un geste peu galant pour m'écarter de la trajectoire du sortilège, mais n'eut du coup pas le temps de se protéger et le reçut en pleine poitrine. Propulsé contre le mur avec un bruit sourd, il glissa sur le sol l'air un peu sonné. Je jetai un regard horrifié à Severus, et revenais juste à temps sur James pour le voir tendre sa baguette à son tour. Mes nerfs ne pouvant pas en supporter davantage, je hurlai.
— STOOOP ! ARRÊTER IMMÉDIATEMENT !
Severus me lança un regard encore empli de haine, mais dans lequel je pouvais lire à nouveau une profonde tristesse. Ses sourcils froncés formaient comme une barre sombre au-dessus de ses yeux. Les quelques instants qu'il passa à me regarder suffirent à James pour lui envoyer un sortilège qui fit tomber le Serpentard à la renverse. J'attrapais l'auteur du sort par les épaules alors qu'il se relevait et tentai de lui retirer sa baguette, en vain. Toute bonne résolution s'était évaporée, le James que je voyais devant moi était celui qui, tant de fois, avait pris un mauvais plaisir à se défouler sur Severus avec ses amis. Il se débarrassa de mon emprise facilement, et murmura un nouveau sortilège alors que jaillissait un rayon de lumière rouge de la baguette de Severus. Au même instant, j'entendis des pas précipités à l'autre bout du couloir.
— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?! Il est interdit de sortir des salles communes après…
Le Professeur McGonagall s'arrêta net, le visage figé, exceptés ses yeux qui s'agrandissaient de plus en plus devant la scène qui s'offrait à elle. James et Severus, baguettes pointées vers l'adversaire, ne semblaient pas avoir remarqué sa présence. Je fermai les yeux en lâchant un nouveau soupir et m'adossai contre le mur derrière moi.
— Expelliarmus !
Le désarmement fonctionna sur les deux jeunes hommes, dont les armes volèrent dans la main de la directrice de Gryffondor juste à temps. Ils tournèrent leurs têtes dans un même mouvement brusque pour voir qui était à l'origine du sort. La surprise passée, McGonagall semblait à présent furieuse, et elle avança d'un pas sec jusqu'à nous.
— Potter ! Rogue !
Les deux interpellés se lancèrent un ultime regard meurtrier. James se massait à présent le bas du dos, qui avait dû souffrir de son choc contre le mur, alors que Severus fixait des yeux sa baguette dans les mains de McGonagall. Nul doute que le duel serait allé beaucoup plus loin si personne n'était intervenu.
— J'enlève trente points à Serpentard et à Gryffondor ! fulmina le professeur. Que… Qu'est-ce qu'il vous passe par la tête, bon sang ?!
Aucun d'eux ne répondit. Elle sembla seulement remarquer ma présence.
— Miss Evans !
Outrée et surprise, elle me dévisageait de la tête aux pieds. Je baissai les yeux.
— Je suis désolée, professeur. J'aurais dû les renvoyer dans leurs dortoirs tout de suite…
James sortit de son mutisme.
— Ne dis pas de bêtise, Lily.
Puis, s'adressant à McGonagall,
— Elle lui a demandé, lâcha-t-il d'un ton glacial, mais cette vermine n'écoute rien ! Toujours là à lui tourner autour comme un vautour…
— Et qui est-ce qui se balade en pleine nuit dans les couloirs caché sous une cape d'invisibilité, Potter ? répliqua Severus.
McGonagall avait suivi l'échange les lèvres pincées, son regard passant de l'un à l'autre avec gravité. Elle interrompit les deux jeunes hommes avant que ça ne tourne plus mal. Avec un frisson, je sus qu'ils ne se gêneraient pas pour en venir aux mains, même devant un professeur. La haine qu'ils se portaient mutuellement n'avait pas d'égale à ma connaissance.
— Vous deux, dans mon bureau. Miss Evans, votre ronde s'achève ici, je vous prie de retourner à la salle commune.
Le ton ne laissait place à aucune discussion, et je priai pour que James et Severus n'aggravent pas leur cas en cherchant à tout prix à reporter la faute sur l'autre. Je leur lançai un dernier regard.
— Oui, professeur.
Et m'éloignai sans me retourner, ne m'arrêtant pas avant de m'être affalée dans un fauteuil de la salle commune déserte.
Je crois que j'avais fini par m'assoupir en attendant le retour de James. La douce chaleur du feu qui crépitait dans la cheminée s'était lovée autour de moi et avait chassé de mon esprit tous les tracas qui s'y entrechoquaient, me plongeant dans un état semi conscient avant de m'endormir complètement. Je revins lentement à moi lorsqu'une main se posa sur mon épaule et la serra doucement.
— Hmm... ?
Je me recroquevillai comme pour retenir quelques instants encore le doux confort de l'inconscience, puis me résolus à ouvrir les yeux. Ce n'était pas James qui se tenait devant moi.
— Désolé de te réveiller, Lily… Mais tu devrais monter dans ton lit plutôt que de dormir ici, hm ?
Remus me souriait de sa façon réservée, apaisante. Je lui retournai un sourire un peu endormi, et m'assis plus convenablement sur le fauteuil de velours rouge bordeaux. En l'observant plus attentivement, je lui découvris des cernes appuyées sous les yeux, et un teint plutôt faiblard.
— Quelle heure est-il ? lui demandai-je d'une voix enrouée, que j'éclaircis en toussant.
— Pas loin de minuit, je suppose, me répondit mon co-préfet.
Je dus afficher un air inquiet car il fronça les sourcils et s'assit sur le canapé qui me faisait face.
— Quelque chose s'est mal passé pendant ta ronde ? me demanda-t-il soucieux.
Je pris quelques secondes à lui répondre, alors que les images de la fin de soirée passée retraversaient mon esprit. Je me demandais pourquoi James mettait autant de temps à revenir… McGonagall devait leur faire un sermon à rallonge.
— James… lui répondis-je. … et Severus.
Pas besoin d'en ajouter plus, il comprit.
— Qu'est-ce qu'ils faisaient là ? m'interrogea-t-il.
— Sev' voulait me parler. On discutait quand James est arrivé. J'imagine que lui voulait me rejoindre pour me tenir compagnie pendant ma ronde.
Je soupirai, et fixai l'âtre de la cheminée.
— Ils ne cesseront jamais, n'est-ce pas ? chuchotai-je.
Remus ne répondit pas à cette question. Nous n'en connaissions tous deux que trop bien la réponse. Après de longues secondes de silence, il reprit la parole.
— Où sont-ils, maintenant ? Comment est-ce que ça a fini ?
— Le Professeur McGonagall est arrivée juste à temps pour les empêcher de s'entretuer, lui répondis-je en levant les yeux vers lui.
J'avais voulu injecter un peu d'humour dans la conversation, mais je n'étais arrivée qu'à prononcer ces derniers mots d'un ton particulièrement fataliste.
— Ça m'étonne qu'elle les garde aussi longtemps, rajoutai-je. Il était tout juste onze heures passées lorsqu'elle les a emmenés…
Un mauvais pressentiment s'immisça alors dans mes pensées.
— Tu ne crois pas qu'ils auraient remis ça une fois sortis du bureau du Professeur McGonagall ?
Remus sembla pensif un instant, puis secoua la tête.
— À mon avis elle y aura pensé elle aussi. Elle fera en sorte qu'ils partent chacun de leur côté et qu'ils rentrent directement. Ne t'inquiète pas, Lily, elle doit juste être en train de les sermonner un bon coup…
— Hm… Tu as sûrement raison.
Je le regardai un long moment, et son regard finit par s'ancrer dans le mien. Aucun de nous deux ne détourna le visage. Il y avait toujours beaucoup à lire dans les yeux de Remus. Beaucoup, mais d'un autre côté beaucoup trop peu. On pouvait y voir les sentiments qu'il n'exprimait pas tout haut, sa tristesse ou sa joie, sa consternation ou sa solitude, mais il savait rester mystérieux, hermétique à toute intrusion plus profonde dans ses pensées. Pas dans le sens où il y prendrait plaisir, jouerait de ses mystères, cependant. Non, il avait cette sorte de carapace invisible qu'il ne semblait laisser tomber qu'avec Sirius, James et Peter. Je lui souris tristement.
— Je vais l'attendre ici. Ne te sens pas obligé de rester, tu as l'air épuisé.
Il me rendit mon sourire, mais secoua la tête.
— Il ne devrait plus tarder maintenant, je peux attendre encore un peu.
Je n'insistai pas. Le silence retomba à nouveau, brisé seulement par les craquements des bûches dans le feu. Je repliai mes jambes sous moi, et cachai un long bâillement derrière ma main.
— Remus ?
— Oui ?
— Qu'est-ce que tu fais pour Noël ?
— Je crois que je vais rester ici. Et toi, tu as décidé ?
— Non, pas encore.
Je réfléchissais. Voilà que l'option « rester à Poudlard », que j'avais éliminée en première instance, s'ajoutait aux deux premières. Je ne voulais pas que Remus reste seul à Poudlard, or Peter nous avait déjà prévenu qu'il rentrait dans sa famille. Soupir mental. Encore un problème à régler rapidement.
Remus releva soudain la tête. Je lui lançai un regard étonné, et, voyant qu'il fixait le côté opposé de la pièce, j'y dirigeai moi aussi mon regard. Je n'y vis rien de particulier, mais, quelques instants plus tard, entendis le portait de la Grosse Dame pivoter. À cette heure, il n'y avait aucun doute possible sur l'identité de la personne qui pénétrait dans la salle commune. Je me levai et attendis, debout à côté de Remus qui n'avait pas quitté le canapé, que James nous rejoigne. Il afficha un sourire en nous voyant, posa sa cape et sa baguette sur une table en passant, et attrapa ma taille avant de déposer un baiser sur mon front. Je soupirai en fermant les yeux.
— Salut Lunard, sympa de m'avoir attendu.
Il lui lança un clin d'œil en arborant un grand sourire.
— James… le sermonnai-je d'une voix désabusée, tu serais gentil d'au moins faire semblant de ne pas être fier de ce qui est arrivé, s'il te plait.
Je m'écartai, et m'affalai sur le canapé à côté de Remus. Posant mes coudes sur mes genoux, j'attrapai ma tête entre mes mains et fixai le sol à mes pieds, ne pouvant décemment pas ne pas lui en vouloir.
— Tu n'aurais pas dû, James. entendis-je mon voisin prononcer.
Sans avoir à lever les yeux, je sus qu'il venait de lancer un regard lourd de reproches à son ami. James s'approcha, et je sentis sa main fourrager dans mes cheveux.
— Il n'aurait pas dû être là, ouais. Et puis c'est lui qui a attaqué, pas moi.
Ça n'était pas faux, et je m'en rendais compte seulement maintenant.
— Te connaissant, je suppose que tu ne t'es pas fait prier pour répliquer, hm ? demanda Remus.
J'aurais entendu James sourire.
— Pourquoi est-ce que le Professeur McGonagall vous a gardés si longtemps ? demandai-je.
— Oh, on a rencontré Peeves sur le chemin, en allant à son bureau.
Je me redressai et haussai les sourcils.
— Elle n'était déjà pas de très bonne humeur, continua-t-il avec un sourire, alors elle n'a pas apprécié de le trouver en train de faire un château de chaises dans le couloir. Bien sûr, ce bon vieux Peeves n'a rien voulu savoir, et a trouvé amusante l'idée de faire s'écrouler le tout. McGo' a eu le réflexe d'étouffer le bruit avec je ne sais quel sort, mais Peeves a pris la fuite et elle a dû faire léviter toutes ces chaises dans leurs salles, ce qui lui a pris un peu de temps.
— Et une fois dans son bureau ? demanda Remus.
— Comme d'habitude, répondit James. Je suis en retenue jeudi soir prochain, Rogue aussi.
— Bien. achevai-je, tombant soudainement de fatigue. Je vais me coucher.
Je me levai après avoir délogé les doigts de James de mes cheveux.
— Merci d'avoir attendu avec moi, Remus.
Je lui souris faiblement, luttant pour garder les paupières ouvertes. Je serrai la main de James dans la mienne ;
— À demain.
Et m'éloignai en direction de l'escalier en baillant à nouveau.
— Hey, Lily, attends !
James me rattrapa et me serra contre lui.
— Je suis désolé pour ce soir.
Je plongeai mon regard exténué dans le sien, incapable de savoir s'il était vraiment sincère ou non. Il déposa un instant ses lèvres sur les miennes, puis sur mon front.
— Dors bien.
— Toi aussi, murmurai-je, avant de monter au dortoir et de sombrer dans un profond sommeil dès l'instant où ma tête toucha l'oreiller.
