Hermione était désemparée. Elle qui avait été si fière pendant l'été lorsqu'elle avait reçu la lettre du Professeur Dumbledore lui confiant le poste de préfet en chef pour sa 6ème année, arborant son badge rutilant sur sa poitrine, élaborant un programme construit et consistant pour l'année scolaire, venait d'apprendre que son partenaire n'était personne d'autre que Drago Malfoy.
Elle accrocha le regard dudit préfet en chef qui la regardait sans un sourire, assis à la table des Serpentard. Nonchalant, il était affalé sur son coude. Il n'avait plus rien du Drago Malfoy aux cheveux gominés, un sourire mauvais sur le visage dès qu'il croisait le trio d'or. Il s'était refermé sur lui-même, son regard argenté devenu sombre et froid, comme semblant cacher un monstre dans ses ténèbres. Ses traits s'étaient durcis, plus aucun sourire ne venait déformer son visage, et cela en était d'autant plus inquiétant, car il semblait plus cruel et plus mauvais que jamais.
Hermione, tout va bien ?
Elle papillonna des yeux, sortant de ses pensées, peinant à détourner le regard du blond pour regarder Harry.
Tu disais ?
Tu vas bien ? demanda une nouvelle fois Harry, les sourcils froncés. Si c'est à cause de Malfoy, ne t'inquiète pas, on le remettra à sa place.
De Malfoy ? Mais de quoi parles-tu ? dit-elle en gigotant sur sa chaise, mal à l'aise que l'on ait pu l'apercevoir observer son ennemi de toujours.
Il est préfet en chef avec toi, Hermione, dit Ron avec un air ahuri. Tu vas partager un appartement avec lui.
Oh ! Oui, ne vous inquiétez pas, je saurais le remettre à sa place, cette petite fouine.
Et sans un mot de plus pour Malfoy, Hermione commenta son emploi du temps, qu'elle trouvait bien trop léger, alors que ses deux amis de toujours étaient effarés de l'ampleur des cours qu'ils auraient cette année. Dumbledore frappa dans ses mains, et le banquet commença, laissant apparaitre des mets succulents faisant baver Ron.
Hermione s'apprêtait à planter sa cuiller dans sa compote de pomme, quand quelque chose piqua son crâne.
Aïe !
Elle frotta sa tempe légèrement douloureuse et une note en forme d'oiseau vint papillonner devant ses yeux. Elle l'attrapa avec un air contrit et la déplia.
Miss Granger,
Je vous prierais de bien vouloir me rejoindre à 21h00 précise près du grand escalier, afin que je vous escorte, Mr. Malfoy et vous, à vos appartements.
Bien respectueusement,
Professeur Flitwick.
Elle jeta un œil à son acolyte Serpentard qui lisait une note semblable à la sienne. Elle frotta encore une fois le côté de son crâne. Il fallait qu'elle dise à Flitwick de rendre ses notes un peu moins énergiques, songea-t-elle en regardant la note de papier qui tentait de repartir voler.
Après le somptueux banquet et quelques mots d'encouragement – et de condoléances de la part de Ron – elle rejoignit le grand escalier où Malfoy attendait déjà. Il avait continué de grandir lorsqu'Hermione en avait fini avec sa croissance en quatrième année. Il avait une allure princière, dans ses robes luxueuses, et son teint laiteux. Personne n'aurait pu être surpris de savoir que Malfoy faisait partie d'une des familles les plus riches du monde des sorciers. Les mains enfoncées dans ses poches, il ne daigna même pas accorder un regard à Hermione.
Toujours aussi méprisant et méprisable. Sa haine contre les sangs de bourbe n'avait jamais failli, tout comme la haine qu'elle ressentait envers lui. Le silence était pesant, s'alourdissant de seconde en seconde. Lorsque Flitwick arriva, activant ses minuscules jambes, Hermione ne put s'empêcher d'être soulagée.
Bonjour, bonjour, les enfants, vous avez encore grandi, c'est incroyable ! s'émerveillait-il.
Evidemment, lorsqu'on a arrêté de grandir à 4 ans, on doit trouver cela incroyable d'arriver plus haut qu'un genou, lâcha Malfoy.
Cassant, sifflant. Voilà comment était Malfoy.
Tu pourrais être plus respectueux envers les professeurs, Malfoy, siffla-t-elle avant que Flitwick ne puisse répliquer.
Allons, allons, les enfants, ne nous chamaillons pas en cette belle journée de rentrée ! Allons-y !
Hermione et Malfoy se jetèrent un dernier regard meurtrier avant de suivre le Pr. Flitwick qui marchait très vite pour quelqu'un avec de si petites jambes. C'est au quatrième étage, qu'ils prirent une porte qu'Hermione n'avait jamais remarqué jusque-là.
Je n'avais jamais fait attention à cette porte avant, dit Hermione sans réfléchir.
Peut-être parce qu'elle était dissimulée pour éviter que des fouineuses dans ton genre aille mettre leur nez par là.
Vous avez raison, Mr. Malfoy, seuls les professeurs et les préfets en chef ont connaissance de cette porte.
Hermione mima une grimace en levant les yeux au ciel. Qu'il pouvait être désagréable ce garçon. La porte ne donnait que sur un escalier en colimaçon, et elle ne put s'empêcher de détailler les murs qui représentaient les nombreuses constellations du ciel. Il semblait à Hermione qu'elle ne parviendrait jamais à reprendre son souffle, quand un tableau apparut à leurs yeux.
Honneur ! prononça Flitwick.
Aussitôt, Louis XIV les gratifia d'un air méprisant et s'écarta.
Un roi moldu ? s'étonna Hermione.
Ce n'était pas une pourriture comme toi, Granger, tais ton ignorance, Louis XIV a réussi à vous asservir mieux que personne, remettant à leur place les sangs de bourbe comme toi, les sorciers valent tellement mieux qu'eux, cracha-t-il avec son habituel air méprisant.
Occupe-toi de tes affaires, Malfoy.
Ses yeux s'assombrirent et un frisson parcourut l'échine d'Hermione. Elle oublia bien vite sa frayeur en découvrant la salle commune qu'elle partagerait avec son acolyte. C'était une pièce douillette, mais neutre. Les couleurs des maisons ne transparaissaient pas dans le mobilier au contraire de la salle commune des Gryffondor, chaleureuse. Il y avait un plafond magique semblable à celui de la Grande Salle en plus petit, mais tout aussi grandiose. Hermione n'avait jamais cessé d'être émerveillée de ce plafond magique.
Flitwick leur répéta vaguement les règles qu'ils devaient respecter leurs devoirs, avant de les laisser rejoindre leur chambre. Quelques marches menaient à la chambre d'Hermione, de forme circulaire, un lit à baldaquin qui semblait douillet, meublait la pièce, ainsi qu'une grosse armoire et un bureau merveilleux aux yeux d'Hermione. Elle rêvait d'un bureau assez grand pour étaler tous ses livres ouverts sans que cela ne la gêne pour écrire. Son rêve était réalisé. Elle avait sa salle de bain personnelle, et était très heureuse de ne pas avoir à la partager avec Malfoy. Il avait quelque chose d'effrayant. Peut-être était-ce dû à ce qu'elle avait vu pendant la guerre. Sa mission pour le Lord ? Torturer pour mieux faire parler.
Lorsqu'elle redescendit dans la salle commune, Malfoy était assis dans un fauteuil près de la cheminée, un verre contenant un liquide ambré dans la main. L'atmosphère était pesante.
Comment tu as pu faire entrer de l'alcool dans l'école ?
Qu'est-ce que ça peut te faire, sang de bourbe ? Je sais me servir de magie contrairement à toi.
Il avait débité ses paroles venimeuses sans même la regarder, et cela la heurta d'autant plus. Il y mettait tellement de haine, de colère, qu'elle avait l'impression que son cœur était réduit en miette à chaque mot. Il se leva soudainement, posant son verre brusquement, se rapprochant, renforçant la gravité qui pesait sur ses épaules.
Excuse-toi, immondice.
Quoi ? Jamais de la vie, Malfoy, cracha-t-elle.
Tu me dégoutes, siffla Malfoy. Ne m'adresse pas la parole, ne me pose aucune question, n'ose même pas me regarder et ne t'avise. Jamais. Plus. De me parler sur ce ton devant quelqu'un. Est-ce que j'ai été clair, Granger ?
Pour qui tu te prends ? siffla Hermione, acculée contre le mur.
Ne me provoque pas, tu sais de quoi je suis capable, souffla-t-il dans l'oreille de Granger.
Il attrapa délicatement son poignet, et son cœur rata un battement en sentant son souffle dans son oreille. D'un coup et d'un seul, il retourna brusquement le poignet d'Hermione qui craqua sinistrement. Elle ne put retenir un cri de douleur. D'un coup de cape, il disparut dans sa chambre. Des larmes de colère mêlé de douleur coulèrent sur ses joues. Elle attrapa sa baguette d'une main tremblante et tapota sa baguette sur son poignet légèrement, tressautant de douleur.
Episkey.
Son poignet se redressa aussitôt, et la douleur s'évanouit peu à peu. Son poignet était raid, mais elle ne voulait pas aller à l'infirmerie, Mme. Pomfresh poserait indubitablement des questions, et pour l'instant elle était trop chamboulée pour réussir à mentir convenablement sur ce qu'il s'était passé. Elle aurait aimé dire la vérité, le dénoncer à Dumbledore, qu'il soit trainé dans la boue, mais en 6 ans, cela n'avait jamais fonctionné et lui avait apporté plus d'ennuis qu'autre chose.
Elle s'endormit laborieusement, le poignet encore douloureux, repassant les évènements dans sa tête jusqu'à ce que le sommeil soit plus fort. Le lendemain, lorsqu'elle se réveilla, il lui sembla être plus fatiguée que lorsqu'elle s'était couchée. Son sommeil n'avait pas été réparateur.
