Yo!
Y'a pas écrit la poste ! Chapitre 1
Masque de Mort
Le Sanctuaire est calme aujourd'hui, comme depuis plusieurs années maintenant; j'arrange un peu l'annexe de la maison du Cancer qui me sert d'appartement. A vrai dire c'est très sommaire, mais n'ayant pas la place que j'aurais souhaité avoir, je ne peux pas m'encombrer de trop de choses. Il n'y a en tout qu'une pièce qui fait office de chambre, meublée d'un sommier puis un coin avec une table ne soutenant qu'un cadre retourné, une salle de bains rudimentaire puis une petite cuisine à côté. Comme je l'ai dis : le minimum. Mais, je m'y suis habitué étant donné que je passe mes journées soit dans la maison même du Cancer, soit aux arènes d'entraînement, ou encore il m'arrive de flâner en ville. Hélas, ces derniers temps j'ai eu peu d'occasion de pouvoir m'y rendre. En effet, malgré le calme apparent du Sanctuaire, le Grand Pope nous a mis en garde contre certaines rébellions qui pourraient éclater à n'importe quels moments. Le Pope a donc besoin de mes services de plus en plus souvent pour étouffer certaines menaces mineures. Cela ne me fait pas toujours plaisir. Pas que je trouve intolérable d'éliminer les troubles fêtes dans l'ombre, mais je m'estime avoir plus de mérite que celui d'être un vulgaire assassin à la solde du Pope. Je suis quand même un chevalier d'Or ! J'entends d'ailleurs les sinistres rumeurs à mon sujet et je provoque ainsi les craintes de beaucoup de chevaliers mineurs et apprentis, ce qui n'est pas pour me déplaire, je dois l'avouer.
Je refais vite le tour de ma cellule d'ermite pour enfin pouvoir profiter du reste de la journée. On ne se rend pas compte de toutes les saletés que peuvent accumuler un endroit si restreint. Pourtant j'aime que les choses soient nettes et sobres. J'enfile vite ma tenue d'entraînement et sors du temple, descendant les escaliers. Je découvre la maison des Gémeaux aussi vide que les jours précédents et cela depuis bien des années. Je laisse paraître un petit sourire fauve. Le Grand Pope semble toujours un peu mal à l'aise quand on parle des chevaliers d'Or manquants, mais il est encore moins apte à parler de la disparition de celui des Gémeaux. On se demande pourquoi…
J'arrive chez le Taureau. Aldébaran reste généralement chez lui, alors j'ai souvent l'occasion de le voir et depuis peu je reste longtemps avec lui, à parler. Avant je le trouvais 'lourd', assez inintéressant, mais j'ai appris à le connaître, et sa lenteur à penser mais à vite comprendre, à sa façon de s'user à la tache avec une patience infinie m'a en fin de compte beaucoup plu. Un peu bavard, il a un peu tendance à aborder des conversations sur des sujets bien trop profonds, des questions existentielles, ce qui est le meilleur moyen pour me faire fuir (mais chut, pas la peine de le crier sur tous les toits), il fait néanmoins des efforts pour me rendre sa conversation agréable, ce dont je lui suis infiniment reconnaissant. J'ai peu de personne à qui parler alors j'en profite quand il y a le chevalier du Taureau.
Aujourd'hui, pourtant, il n'est pas dans son temple. Cela me fait froncer les sourcils parce que peu de choses arrivent à convaincre Aldébaran de se déplacer. Je me dis qu'il doit se passer quelque chose aux arènes, alors je décide de changer de programme. Le petit tour en ville devra attendre, encore. Pff. J'arrive donc à proximité quand j'entends une excitation bien plus vive que dans les jours normaux. Je ressens depuis un certain temps les cosmos d'Aiolia et de Shura et entends des bruits de lutte. Que se passe-t-il donc? Enfin arrivé, l'arène est bondée, des spectateurs assis sur les balustrades criant des encouragements, jurant, et même conseillant. Tout le Sanctuaire s'est donné rendez-vous ici, paraît-il. Et bien sûr, en bas, les deux chevaliers d'Or s'affrontent. J'essaye de me faufiler dans la marrée chevaleresque, en serrant les dents en entendant tous ces cris me harcelant les oreilles. Vraiment je préfère la compagnie des morts de mon temple plutôt que de devoir supporter ces excités plus longtemps. J'ai dû jouer des coudes et des coups de pieds pour pouvoir rejoindre mes compagnons dorés.
- Eh bien ! C'est pas trop tôt ! On se demandait quand tu allais te décider à quitter ton tombeau pour nous rejoindre ! Hurla Milo tout en me faisant de la place à ses côtés.
Nous sommes serrés comme des sardines, mais au moins nous sommes assis avec une bonne vue sur le combat. Il y a quand même du bon à être chevalier d'Or, et en plus à être celui avec une réputation plus qu'inquiétante.
- Que se passe-t-il ici ? On a des congés payés maintenant ?
- Pas que je sache, mais c'est Aphrodite et Shura qui ont mis cette fête au point. T'étais pas au courant ? Cela fait presque une semaine qu'ils ne font que parler de l'événement.
Je hausse les épaules. Non, je ne suis pas du tout au courant. D'ailleurs Aphrodite et Shura n'ont jamais été des personnes fréquentables à mon goût, et en générale les ragots ne m'intéressent pas.
Les combats ne sont pas excessivement intéressants. On y voit défiler presque tous les jeunes qui deviendront de futurs chevaliers si la chance leur sourit, et s'ils ne se font pas descendre au premier combat véritable contre des chevaliers expérimentés. En plus du spectacle qui laisse à désirer, il y a un peu trop de bruit à mon goût, mais je ne veux pas partir car on peut toujours s'attendre à une surprise délirante lorsque Shura est l'organisateur. Génralement, à une mauvaise surprise, rien d'étonnant avec une signe batârd que le sien. Et en vérité, je ne me suis pas trompé. Quelque chose d'exceptionnelle s'est bien passée, mais Shura n'y est pour rien cette fois-ci.
C'est au bout de deux heures de ce tintamarre, et j'ai décidé de m'éclipser avant que ma tête ne décide d'exploser.
- Tu pars déjà? Me hurle Aldébaran, ou du moins je crois que c'est lui.
- Oui, j'ai des tas de trucs qu'il faut que je finisse. Je n'ai pas le temps pour ce genre d'enfantillages, ments-je.
- Ah bon ! Tu vas manquuuuuuuuuuuuuuuuuu….
…
- Qu'est ce que c'est? Entends-je quelqu'un s'écrier.
Pour s'entendre maintenant, il faut réellement s'égosiller. Mais, on n'a pas besoin de répondre: il suffit de regarder le ciel pour voir...
Tricha Borgez
- Bon, je m'en vais Trich', je te laisse avec la "bête" et passe un bon week-end si tu peux. Salut!
-Salut Marc, et à lundi.
Allez, encore un week-end à passer en compagnie de la "bête", cette machine qui écoute tout ce qui est 'écoutable' dans l'espace, une petite merveille de la technologie terrienne. Pourtant ça va faire maintenant quatre ans et sept mois que je travaille dans ce service, et je n'ai toujours rien entendu du tout, à croire que j'attends pour rien qu'ils me contactent. Bon, et ben il n'y a plus qu'à patienter jusqu'à lundi; ensuite je passe quelques jours de vacances bien mérités. Cela va faire près d'un an que je n'en ai pas prises, et les "bip bip" continus d ela machine m'ennuient de plus en plus.
Depuis le temps que je travaille ici, l'endroit n'a absolument pas changé. Une pièce spartiate avec une couchette (légèrement petite pour mon gabarit) une table avec une chaise qu'ils ont dû récupérer dans une décharge tellement on est assis confortablement, un téléphone pour commander à manger, et biensûr la "bête". Comment les gens peuvent-ils vivrent dans ce genre de conditions? Comment MOI je peux y rester? Tout ça à cause de ma fichue mission. Grrrrr; bon, arrête d'y penser, commande-toi un bon repas, et lis ce super livre de Jules Verne.
- Allo?
- Salut "capitaine" Bob, c'est Trich'.
- Encore toi pour garder la "bête"? Ça fait combien de week-ends que tu es sur la touche ?
- Bah, je crois que cela doit être mon cinquième.
- C'est de la folie. Je me demande comment tu arrives à tenir avec tous ces "bips" qui sonnent sans rien dire de plus.
- Ne t'en fais pas pour moi. C'était juste pour commander une pizza.
- Comme d'habitude. Je te la commande et je te la fais livrer. Passe un bon week-end quand même.
- Merci, toi aussi.
Hein? Quoi? Mais qu'est ce qui se passe? La "bête" aurait-elle détécté quelque chose? Mais oui! Quelque chose est en train d'entrer dans l'atmosphère! Youpi, ils ne m'ont pas oubliée, mais comment se fait-il qu'ils m'envoient quelqu'un ? Ma mission ne doit se terminer que d'ici quelques mois.
Mais l'objet est en pleine chute libre ! Qu'est ce qu'il fabrique le pilote ? Et puis cette machine soi-disant la meilleure de la Terre ne peut même pas me dire à quoi ressemble l'objet non identifié de mes deux. Grrrrrr. L'objet va s'écraser… Je rectifie, il vient de s'écraser, en plein océan… non, sur une île que je n'ai jamais remarqué auparavant. C'est bizarre, la "bête" s'est calmée et rien n'a été enregistré… rien dans les données sauvegardées, comme si j'avais rêvé.
- Allô, passez moi tout de suite le secteur Y. C'est une urgence de type bêta.
Qu'est ce que c'est long.
- Oui, ici secteur bêta, qui est à l'appareil?
- Tricha Borgez du secteur B. Je voudrais savoir si vous n'avez rien à signaler car j'ai la "bête" qui me fait des siennes sans rien enregistrer.
Ouf, enfin chez moi. Certes pas pour beaucoup de temps, mais quand même. Je vais pouvoir aller dormir un peu avant de partir pour cette fameuse île qui n'existe pas et que je suis seule à voir. Allez savoir pourquoi ! Ça fait maintenant quarante-huit heures que je n'ai pas dormi avec toutes leurs réunions sur ce sujet. Je me demande bien pourquoi, vu que la "bête" n'a rien enregistré, mais bon. En fin de compte, je me retrouve à avoir des jours de vacances payées, en plu, alors on va pas se plaindre. Il n'y a plus qu'à faire ses bagages et partir pour je ne sais où. Heureusement que Mathilde veut bien m'y amener. Bon aller hops à la douche et au dodo.
- Trich'! On arrive. Réveille toi!
Ah enfin. Je n'en peux plus de cet avion, et en plus il a fallu qu'on ait eu un grain de tonnerre. Enfin, allons voir l'île mystérieuse.
-Wouaw, je ne pensais pas qu'on y arriverait.
- Moi, je pensais surtout qu'elle n'existait pas ton île. Elle n'est répertoriée sur aucun atlas informatique. Bon, que veux-tu faire ? On rentre se vanter de notre découverte?
- Ca va pas ou quoi ? Maintenant qu'on y est, on va aller y jeter un coup d'œil !
- C'est drôle mais je savais ça allait se terminer comme ça. Alors jouons aux explorateurs et allons découvrir l'île au trésor.
- Haha!
Pour ça Mathilde est bien. Elle n'a pas peur de l'inconnu. Mais si elle savait que je cherche quelque chose d'extra-terrestre, je ne sais pas si elle dirait la même chose. En tout cas, elle me manquera quand je partirai, ça c'est sûr.
