Titre : Toscane

Raiting : PG-13

Auteur : Potions et Botanique

Fandom : Harry Potter

Pairing : Draco/Neville


Draco se sent hébété quand la lourde porte s'ouvre devant lui. Cela fait quinze ans qu'il l'a passée dans le sens inverse, quinze ans où son seul lien avec l'extérieur sont les lettres hebdomadaires de sa mère, exilée en France depuis la guerre, lui racontant l'évolution de son jardin.

Il est devenu tel un fantôme au fil des années. Il n'existe plus pour la société sorcière. Son père doit être quelques cellules plus loin dans l'immense forteresse de pierres humides et glaciales. Interdiction à vie de revoir ses parents, comme prix des choix d'Abraxas et de Lucius, comme prix des choix qu'il a fait bien trop jeune sous la terreur de Voldemort.

La lumière est trop forte, là dehors. Il est seul au monde, n'a nul part où aller. Il n'a qu'une seule envie : pleurer.

Il ne comprend pas tout de suite ces bras qui l'enlacent, cette voix qui lui parle, la chaleur d'une cape sur ses épaules, qui couvre la simple chemise qu'il porte et qui a attendu quinze ans dans un casier comme les autres vêtements qu'il portait lors de son arrestation.

Il se rend compte soudain qu'ils sont en plein mois de Décembre et qu'il a froid.

Le son enfin semble atteindre ses oreilles.

- Merlin, Draco, tu m'as tellement manqué. Je t'aime, je suis si heureux. Comme tu m'as manqué. Draco, Draco, enfin, enfin, Merlin.

Et Draco d'éclater en sanglots. Neville l'a attendu quinze ans.

Il ne peut que s'accrocher à l'ancien héros de guerre, jurant qu'il l'aime toujours.

Après quinze ans, son fiancé est toujours là, malgré la prison.

Pour Neville aussi, cela fait quinze ans, cela fait un temps interminable. Quinze ans que Draco a été enfermé, pour ses crimes mais surtout pour ceux de tous les Mangemorts morts, hors de portée désormais, quinze ans que les vieux barbons du Wizenmagot lui font payer les crimes de son père, de ses oncles et tante. Quinze ans de lutte pour Neville et une réputation d'abord d'original, puis d'activiste, puis des murmures affirmant que les tortures des Carrows ont dérangé quelque chose en lui. Hermione et Kingsley Shackelbolt ont eu la peau des Détraqueurs mais dans une démocratie, les pouvoirs d'un Ministre sont limités et les membres de la vénérable institution étaient plus préoccupés de laisser voir leur sévérité face aux Mangemorts que de justice.

Tellement occupé à se battre pour les conditions de vie à Azkaban, pour les lettres qui lui furent refusées années après années, pour une libération anticipée, Neville en a omis de voir ses parents décliner, leur santé si fragile... Augusta a suivi son fils de bien peu.

Quand il a obtenu cette libération anticipée, il savait déjà qu'il voulait consacrer le reste de sa vie à aider Draco à se reconstruire et cela voulait dire couper les derniers ponts qui n'auraient fait que rappeler le passé. Il a vendu le cottage familial, au bord de la Ribble, et acheté avec l'argent restant une fois payé les avocats une maisonnette dans un village de Toscane, loin du froid de la mer du Nord, loin du bruit du ressac et des brouillards.

Lorsqu'il referme ses bras autour des épaules amaigries, il a en poche le Portoloin, promesse d'un futur.

Une toute petite maison, à la façade de pierres jaunes et au toit un peu de travers. Un salon minuscule qui s'ouvre sur une cuisine aux tomettes anciennes et sur un petit escalier tordu menant à l'étage et à une chambre avec des fenêtres donnant sur deux façades, pour le maximum de lumière. Même la petite salle de bains, Neville l'a habillée de tons chauds, oubliant le traditionnel bleu et blanc de ce type de pièces pour des ocres dont il espère qu'ils sauront réchauffer l'ancien prisonnier.

Voilà l'endroit où il entraîne Draco, faisant de son mieux pour l'aider à se réhabituer à la vie d'homme libre. Chaque nuit, il y a ses cauchemars, ses cris, ses pleurs. Le Serpentard rêve qu'il a été oublié au fond d'Azkaban, que jamais, plus jamais il ne va revoir la lumière du soleil. Il a des cauchemars où des sorciers anonymes lui crient, que jamais ils ne le laisseraient ressortir. Pour expier ses péchés.

Il se réveille en sueur et en larmes mais, plutôt que de sangloter seul dans sa couche misérable, Neville à chaque fois est là, caressant son front, séchant ses larmes, refusant qu'il aille dormir ailleurs pour ne plus être réveillé, refusant de l'abandonner face à ses peurs d'enfant perdu.
Chaque nuit, les terreurs de Draco brisent un peu le cœur de l'autre homme. Chaque jour son silence pèse dans la petite maison. Son fiancé de quinze ans a perdu l'habitude de parler à l'isolement mais ce n'est qu'une épreuve à surmonter, pas une fin.

Le fils de Franck et Alice a l'habitude des interlocuteurs muets. Et si parfois il a des sanglots rageurs, nul ne peut le savoir. Sous la douche, personne ne peut voir que vous pleurez un passé perdu.

Alors Neville rassure, Neville réconforte, Neville ne se vexe jamais de répéter les questions. Il remet les mains dans la terre, à la moldue, renouant avec son amour oublié de la botanique et orne leur demeure de grands tournesols et de capucines, petits soleils végétaux.
Les nuits les plus faciles, Draco se rendort pour retrouver le soleil qui entre chez eux au matin. Après sa cellule, tout lui aurait paru luxueux mais Neville fait de son mieux pour rendre les lieux chaleureux et confortables.

L'ancien prisonnier a peur de sortir, peur d'être vu. Il lui a fallu plusieurs semaines juste pour franchir le pas de porte. Un beau jour, il se rend compte d'une chose : Neville ne s'est jamais absenté.

- Pourquoi est-ce que tu ne vas voir aucun de tes amis ? murmure-t-il un soir, ayant rassemblé son courage.

Parce que Draco est le seul à être rayé de leur monde.

Cette toute première question n'a rien de facile mais Neville n'imagine même pas mentir.

- Je ne suis plus très sociable. On s'écrit pour les fêtes… Tout le monde a suivi un chemin différent et quand on se croise, on ne sait plus trop quoi dire.

Difficile de se passionner pour les exploits au Quidditch de James Junior quand on a la tête pleine des souffrances de Draco à Azkaban et même Hermione, son meilleur soutien, la femme qui a fait interdire les Détraqueurs, a fini par trouver ses manies de pasionaria de la cause Malfoy épuisantes.

Draco accepte la réponse sur l'absence de ses proches sans la questionner. Neville ne peut que lui dire la vérité. Il se souvient des yeux brillants de son fiancé quand il parlait d'eux. Et il regrette. Mais il est bien incapable de mettre des mots là dessus.

Alors, un soir, il sort son unique bien, les lettres de sa mère. Une par semaine pendant quinze ans.

- S'il te plait, demande-t-il à Neville.

Quinze années de botanique racontées à son fils, seul sujet autorisé.

Piètre consolation pour la perte de ses amis, mais c'était son unique bien.

Rien n'est facile, désormais. Il lui semble avoir constamment froid. Il ne quitte plus jamais son plaid et les épais pulls que Neville a achetés pour lui. La voix de Neville se fait musique douce à ses oreilles et il oublie bien souvent d'écouter ce qu'il lui dit, tant qu'il lui parle.

Peu à peu, cependant, Draco sort de la maison. Jamais sans Neville, mais… Enroulé dans sa couverture, il passe son temps à le regarder jardiner.

- Qu'est-ce que c'est ? finit-il par demander un jour.

Chaque question, chaque phrase qui n'est pas une réponse monosyllabique, chaque signe de curiosité est une petite victoire pour le Gryffondor, et il cueille une fleur, la tend à Draco comme un joyau précieux.

- Une capucine. Orange, comme celle-ci, c'est une déclaration d'amour.

Et de désir de séduire, mais Draco n'est pas prêt pour entendre ça, peut être jamais.

- Elles sont comestibles. Goûte la ? Si tu aimes, j'en cueillerais pour mêler à la salade…

L'appétit de Draco est celui d'un moineau : Neville s'improvise chef jour après jour et tous les moyens sont bons pour l'éveiller.

Ils prennent l'habitude de lire ensemble. Ou plutôt, Draco empaqueté dans un grand plaid, glissé sous le bras de Neville, écoute l'ancien Gryffondor lui faire la lecture et s'interrompre pour l'inciter à picorer du nougat ou d'autres douceurs italiennes.

Parfois les lettres de Narcissa, dans l'ordre chronologique.

Parfois des traités de botanique.

Parfois des recueils de nouvelles moldues, toujours humoristiques et courtes pour que Draco tâche de suivre l'intrigue.

Jamais la presse, jamais rien de violent.

Parfois, les jours fastes, Draco commente.

Parfois Draco s'endort et Neville n'ose bouger, le laissant prendre du repos.

Parfois Draco n'est pas vraiment là.

Leur vie est bien rangée, ordonnée, avec des horaires réguliers qui rassurent le convalescent. Le matin, il est le premier à se réveiller et il reste là, à attendre que Neville donne le signal du début de la journée en s'éveillant. Rien n'a changé depuis le jour où l'autre homme l'a recueilli au sortir d'Azkaban : passif, il semble avoir perdu le réflexe d'agir par lui-même.

Pourtant, un matin, un matin qui commence comme les autres, alors que les dernières capucines tentent de survivre face au changement de saison, Draco sort de la maison pour les ramasser. Oh, juste quelques unes. Et il reste là à regarder le jardin.

Draco n'a jamais été bon en botanique. Son inclinaison allait vers les Potions. Mais il écoute Neville, autant qu'il en est capable. Il a perdu l'habitude de se concentrer. La lecture de la lettre hebdomadaire de Narcissa est un moment difficile. Draco n'a pas l'attention nécessaire pour ses longues lettres et Neville doit s'y prendre à plusieurs fois.

Il n'a pas non plus l'attention nécessaire pour lui répondre. Depuis Poudlard, il n'a plus tenu une plume. Ce jour-là, cependant, pour la première fois depuis leur arrivée, Draco pousse papier et encre vers Neville.

- Dis-lui pour la salade de capucines, s'il te plaît.


L'automne, un automne méditerranéen, a pris la petite maison. Draco est plus attentif, plus présent. Toujours silencieux, mais les jours où il restait des heures entières absent en lui-même diminuent. Neville écrit à Narcissa chaque semaine désormais, parfois sous la dictée de son fiancé, parfois pour simplement maintenir la tradition quand les mots de Draco se tarissent et les longues lettres reçues en retour sont lues d'une traite. Neville prie que rien ne vienne troubler les lieux et jardine, cuisine, soigne de son mieux.

La maison a même un nouveau nom, peint sur le portail : Le clos des capucines.

Parfois, c'est Neville qui fait des cauchemars.

Il rêve que Draco s'enfonce, que ses yeux s'éteignent, qu'il ne reste qu'un corps à vêtir et nourrir, qu'un esprit absent, brisé par la douleur, comme autrefois les Aurors Longbottom.

Il rêve qu'on vient lui prendre Draco pour le ramener à Azkaban.

Il rêve même d'Augusta, la seule famille qu'il a jamais connue, l'accusant de l'avoir abandonnée pour un sorcier marqué par l'autre camp.

Lorsqu'il se réveille, il passe des longues minutes à compter les respirations de celui qui partage sa couche, à guetter chaque signe qu'il est vivant, que ses forces reviennent, avant de pouvoir se rendormir.

Malgré les températures qui diminuent, Draco est plus souvent dans le jardin. A observer Neville faire, comme un enfant qui découvre. Parfois, il est presque collé à lui, d'autre fois, c'est depuis le pas de porte.

La première fois que quelqu'un approche de la maison, Draco va se cacher à l'intérieur, n'osant pas même regarder à travers les rideaux. C'est une femme. Neville lui parle, avec un sourire.

Il se rappelle que l'autre homme aime aussi les femmes, il lui a avoué, toutes ces années auparavant. Et dans le miroir –le tout petit miroir de la salle de bain- il ne peut s'empêcher de se demander ce qui retient Neville d'aller voir un autre la nuit.

Sans Neville, il n'est plus rien et… Il n'a rien à lui offrir pour le convaincre de ne pas l'abandonner quand il se sera lassé de cette vie de solitude avec lui.

Alors, ce soir-là, quand il va se coucher, Draco reste nu dans les draps, attendant que l'autre sorcier arrive. Il n'a plus grand-chose, mais ça, il peut le donner à Neville. Chez les Sang-Purs, cette virginité valait tant… Aujourd'hui, seul son fiancé peut peut-être encore lui trouver un prix.

- Je suis là si tu as besoin, murmure-t-il juste quand Neville arrive.

Pourtant ses bras cachent son corps.

Il semble terrifié et ça brise le cœur de l'autre homme, une fois de plus. L'ancien Gryffondor interrompt le geste qu'il avait entrepris, retirer son pull. Se retrouver même un peu déshabillé devant Draco lui semblerait agresser son fiancé à cette seconde.

- Je vais juste m'asseoir près de toi, d'accord ?

Et c'est ce qu'il fait, tâchant de son mieux d'avoir l'air inoffensif, tout habillé à côté de la nudité de l'autre homme sur laquelle il tire l'édredon avec un « Tu vas prendre froid… ». Il lui prend la main, un signe de soutien et commence à parler…
- Draco… je n'ai pas besoin de ça. Ce n'est pas… Le sexe n'est pas...

Il soupire et passe sa main libre dans ses cheveux. Il n'a jamais été doué pour les explications compliquées.

- Je n'ai pas besoin que tu me donnes des choses dont tu n'as pas envie. Je suis très heureux d'être ici avec toi, tous les deux, juste comme ça. Je n'ai pas besoin, pas envie, que tu te forces à des choses qui te déplaisent. J'ignore pourquoi tu crois… J'ai fait quelque chose d'inappropriée ? J'aurais du te donner ta propre chambre, je suis désolé…

- Non !

C'est un cri du cœur. L'idée de ne pas dormir avec Neville le panique bien plus sûrement que celle de rencontrer des étrangers. Son fiancé est la stabilité de sa vie, de cette petite vie qu'il lui a construite.

Il s'agrippe au bras de Neville, se cachant presque contre son ventre, refusant tel un enfant de le voir s'éloigner.

- Ne m'abandonne pas. S'il te plaît, supplie-t-il doucement, plus près des pleurs que depuis des semaines.

Sans son fiancé, il n'est plus rien et il est incapable de faire face. Draco Malfoy n'existe plus.

- Tu…

Draco est blotti, caché.

- Ça fait un an que tu n'as connu personne. Je veux pas que tu partes. Je… J'ai plus rien à t'offrir. Juste ça. J'ai pas le droit de te demander de me revenir après les avoir connus.

Il y a plus que la peur panique de perdre la personne dont on est dépend dans sa voix. Il y a aussi les raisons qui l'ont poussé à demander Neville de l'épouser pendant la guerre. Draco est amoureux, même s'il ne sait plus comment le vivre.

- Plutôt faire ça que te perdre, murmure Draco.

Neville est un peu embrouillé par le discours, mais il comprend une chose : l'autre homme est paniqué, au bord des larmes et a besoin de soutien. Il glisse maladroitement ses bras autour de lui, chuchote, apaisant.

- Shh, Draco, shhh. Tout va bien. Je ne vais nulle part. Je reste là. Jamais je ne t'abandonnerai. Pourquoi crois-tu que je pourrais faire ça ? Jamais je ne t'abandonnerai, tu n'es plus seul, je te le promets…

Il pose un baiser sur la tête blonde et murmure :

- Je n'ai pas besoin de sexe, juré…

Quand son amant a cessé de trembler, un long moment après, il retire ses chaussures et s'allonge à ses côtés, le gardant enrobé dans les draps, l'édredon et ses bras comme une chenille dans son cocon.

- Je ne veux personne d'autre que toi. Je n'ai regardé personne d'autre que toi depuis dix-sept ans, depuis que tu m'as volé un baiser. Pourquoi crois-tu qu'aujourd'hui, j'aurai besoin d'aller voir ailleurs ? Nous n'avons pas de vie sexuelle ? Et alors ? Tu es là, en sécurité, vivant, près de moi, c'est tout ce que je demande à Merlin… Je t'aime.

Draco regarde Neville intensément. Ils ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Lui, nu sous l'énorme couette. L'autre encore vêtu au-dessus. C'est la première fois depuis qu'ils sont là qu'ils sont aussi proches, tous les deux éveillés.

- Tu n'as fréquenté personne pendant mes quinze ans…

La voix de Draco traduit tout son étonnement, toute sa surprise que Neville l'ait attendu jusque là.

- Je croyais que tu avais vécu, fréquenté d'autres personnes.

Et au fond de lui, Draco se demande s'il a bien fait de le lier par sa demande à sa pauvre existence, à son petit monde étriqué.

Au plus noir de la guerre, il avait pris peur. Si Voldemort gagnait, Neville serait torturé et assassiné. Ils n'étaient ensemble que depuis six mois, mais vivre sans lui était impossible.

Alors, il lui avait demandé sa main, espérant que si le pire devait arriver, personne n'oserait toucher au fiancé du fils d'un important Mangemort. Même s'il était un traître à son sang.

Et Neville avait accepté. Une fois à Azkaban, il avait été convaincu que son fiancé l'oublierait pour quelqu'un de mieux. Personne ne savait ce qu'ils s'étaient promis. Aucun ban à briser officiellement, il aurait pu.

- Je t'aime aussi.

- J'ai eu une vie, des amis, juste pas de liaisons. Je t'ai donné ma main quand tu l'as demandée, tu te souviens ? Pour le pire et le meilleur, pour la guerre et la paix.

Il a un sourire tendre :

- Pour les capucines et pour le temps qu'il a fallu pour t'arracher à leurs griffes. Ne crois pas que ma loyauté n'est que pour les moments faciles. Ne crois pas avoir besoin de l'acheter avec du sexe. Peut-être qu'un jour nous franchirons cette étape, peut-être pas, mais reconnais que maintenant ce serait une mauvaise idée.

Il vient l'embrasser délicatement au front, un geste tendre mais pas chargé de sensualité, plus celui d'un parent ou d'un aîné pour un enfant malade et fiévreux. Il voudrait que jamais Draco ne comprenne la solitude amère qu'il a peu à peu crée autour de lui, obsédé qu'il était par la libération de l'autre homme.

Sans bouger, il demande :

- Je vais aller jusqu'à la salle de bain pour me changer. Je frapperai en revenant, d'accord ? Tu as tout ton temps pour te rhabiller autant que tu en as besoin, juste ton pyjama ou plus de vêtements.

Cette nuit-là, Draco a dormi en pyjama, agrippé à Neville. Et toutes les nuits depuis celle-ci ont été identiques.

On est loin, bien loin des nuits attendues de deux adultes approchants les trente-cinq ans. Cela ressemble bien plus aux nuits d'adolescents de dix-sept ans qui ne seraient pas encore prêts à sauter le pas. Aux rares nuits qu'ils ont eu ensemble à Poudlard pendant la guerre. L'un accroché à l'autre, comme si le monde et leur survie en dépendait.

Azkaban a laissé Draco démuni face aux adultes.


Draco laisse Neville écrire à Narcissa. Néanmoins, les matins où celui-ci descend au village pour une visite à l'épicerie, Draco prend la plume et lentement essaye de se souvenir de comment écrire. Lettre après lettre, il réapprend, les doigts tâchés d'encre, avec une concentration qu'il n'a plus eue depuis vingt ans.

Le résultat est loin des pleins et des déliés d'antan, mais il le glisse avec la liste de course, un matin. L'hiver est moins dur ici, mais le froid arrive quand même. Ce qui n'empêche pas Draco de penser à sa cellule. Un an.

« Je t'aime. »

Un an… Draco n'est pas le seul à y penser. Neville fait de son mieux pour rendre l'occasion aussi joyeuse que possible, avec les moyens que laisse leur vie de reclus soigneusement calibrée pour être apaisante et calme.

Il y a même une bouteille de cidre, seul alcool qu'il ose faire boire à Draco, pour accompagner le cheese-cake à l'orange. D'ailleurs, si l'argent restant des coffres de sa famille ne suffit pas jusqu'à la fin de leurs jours, il pourra toujours devenir cuisinier : ouvrir l'appétit de Draco est un défi qui a grandement amélioré ses capacités dans ce domaine.

Il y a des bougies sur la table, du feu dans la cheminée, le chauffage moldu monté autant que possible et les rideaux bien tirés sur l'extérieur.

Peu importe si malgré la canicule dans le salon, Draco porte un gros pull, s'il oublie parfois le début de sa phrase, s'il mange le quart de ce que Neville voudrait le voir avaler, si le plus grand signe d'affection qu'il peut offrir est un mot d'une écriture d'enfant ou deux mains accrochées parfois à la manche de Neville.

Un an de liberté.

Neville apprendra à être heureux de ce qu'ils peuvent sauver.


Certains jours, Draco ne ressent que de la frustration. Il n'arrive pas à exprimer ce qu'il pense et les choses vont de travers. Ces jours-là, il a tendance à tourner en rond, ne pas vouloir être touché et se terrer.

Incapable d'arriver à formuler sa pensée dans son esprit et plus encore à l'oral, il peine à se supporter lui-même. Alors, il se cache dans leur chambre.

Il n'est bon à rien ces jours-là. La frustration de l'esprit fait que son corps le trahit. Tout lui tombe des mains. Il ne peut pas même mettre la table sans casser de verres.

Le plus souvent, ce qu'il n'arrive pas à exprimer, c'est ce qu'il ressent envers Neville. Il se souvient de la joie sincère de Neville quand il lui disait des mots d'amour pendant la guerre. Et aujourd'hui, il peine à savoir comment aligner deux mots. Tout au plus, il y a ce je t'aime qu'il trouve si fade à l'oral. Comme s'il ne faisait aucun effort pour Neville.

Et il a beau essayer d'apprendre par cœur les choses, cela ne retarde que l'inéluctable.

Comment dire que son cœur bat plus vite pour Neville et qu'il veut aller mieux pour lui ?


Cela arrive de façon totalement imprévue, comme toujours. Juste avant Noël. Neville est resté debout tard Après avoir expédié la chouette contenant le paquet de Narcissa, choisi sur catalogue par son fils avec un soin pointilleux, il a rempli une interminable série de cartes de vœux. C'est difficile de trouver quelque chose de différent à dire à tous ceux pour qui une carte à Noël, une pour les anniversaires, constitue le seul contact.

Il y a trois jours que Draco n'a pas mis le pied dans le jardin, rebuté par le froid pourtant léger. Préoccupé, Neville ne voit pas les signes.

La nuit n'a pas été reposante. Sans qu'il comprenne pourquoi.

Hermione lui dirait qu'il doit apprendre à faire plus attention aux indices, que son organisme donne toutes les indications longtemps à l'avance. Elle sait de quoi elle parle. Elle a des crises aussi. Comme Seamus, Luna, Dean. Comme tous ceux qui ont souffert du Crucio. Neuropathie magique chronique. Cela fait des années cependant qu'il n'a pas eu de crise aussi puissante que celle qui le tire du sommeil, tremblant, vers quatre heures.

Il a laissé les potions sous clé dans la salle de bains. Pas malin.

- Draco, réveille-toi… S'il te plaît, s'il te plaît…

La crise de Neville panique Draco. Jamais il n'a vu son fiancé trembler, souffrir ainsi. Il lui faut plusieurs minutes qui doivent paraître des heures au corps souffrant pour comprendre que ce sont les contrecoups des Crucio qu'il a subi à Poudlard.

Il suit les ordres murmurés par une voix crispée administrant les potions, retrouvant les gestes de l'excellent potionniste qu'il était, s'assurant qu'il boit l'ensemble du liquide.

Il se souvient combien Neville avait besoin de ne pas se sentir seul après avoir été torturé ou malmené. Alors il prend sa main dans les siennes et les serre, chuchotant plus qu'il n'a jamais parlé en un an ici.

Draco l'a veillé tout le jour, le réveillant toutes les deux heures pour lui donner la suite de son traitement. Même s'il ne tenait plus debout à 5h du soir lors de la dernière dose, pour la première fois depuis qu'ils sont ici, Draco a eu l'impression de faire quelque chose pour Neville. D'en être capable. De ne pas être uniquement, ce poids mort qu'il devrait laisser.

Et quand Neville émerge au soir, Draco est endormi d'épuisement, sur le dessus du lit, la tête posée sur le ventre de son fiancé, la main dans la sienne.

Le soleil est couché. Les tremblements ont cessé, ne laissant comme trace que les courbatures dans ses muscles, le goût des potions dans sa bouche et un épuisement prononcé.

Peu importe. Neville encaisse bien et les soins et potions ont écourté la crise. Bien différent, donc, des crises après la mort d'Augusta : il a fallu une fois à Neville huit heures pour arriver jusqu'à l'armoire à potions. Une bouffée d'affection lui enfle le cœur en pensant aux mots de réconfort, au linge humide sur son front, à la douceur…

- Draco…

Il secoue son fiancé endormi. L'autre homme aura des courbatures lui aussi à dormir ainsi. Neville n'a en cet instant pas plus de force qu'un chaton mais Draco se plie à la suggestion qu'esquissent ses mains et s'allonge près de lui.

En temps normal, Neville s'inquiète perpétuellement d'un geste mal interprété, que Draco croie de nouveau qu'il va lui réclamer certaines choses, mais il est encore trop épuisé et attire les bras du blond autour de lui, posant sa tête sur son torse, contre son cœur.

En sûreté, blotti dans la chaleur de Draco, il se rendort, ne se réveillant même pas quand Draco quitte le lit au matin.

Celui-ci a la peur au ventre, alors qu'il suit le chemin pour aller au village. Neville lui a raconté plusieurs fois ses propres voyages là-bas.

Il est plus qu'emmitouflé, mais cela ne l'empêche pas de trembler. Le froid le rebute, mais il n'a guère le choix. Merlin merci, le trajet n'est pas long, la neige n'est pas tombée dans la nuit et il n'a pas besoin de voir grand monde, ni de beaucoup parler italien. L'épicerie du village, puis la pharmacie.

A chaque fois, la vendeuse lui demande d'où il vient à cause de son accent. Devant l'air apeuré de Draco, elle n'insiste pas.

Il a laissé un mot, tel un ordre à Neville : dors.

Il retrouve petit à petit des gestes de potionniste. Il a fait cuire les ingrédients comme il peut et les a écrasé avec ce qu'il a trouvé. Et même si elle n'a pas la pureté qu'il aurait pu espérer, le remède contre les courbatures devrait marcher.

Quand Neville se réveille, Draco a réintégré leur lit, épuisé, mais il est blotti contre son fiancé et deux bols attendent sur la table de nuit avec à nouveau un ordre : bois.

Le remède et une tentative de potage.

Il est presque 17 heures. Neville a avalé la potion, la soupe, puis s'est glissé hors du lit sans réveiller l'autre occupant, avec à peine une raideur dans les mouvements. Le temps d'une longue douche brûlante et il se sent un homme neuf. Assez neuf en tout cas pour préparer du thé bien fort, comme l'aime l'autre sorcier, et un plateau de sandwichs, la tête pleine de pensées tournicotantes et ramener le tout dans la chambre… Il a eu besoin d'aide et Draco a agit. Pour la première fois, Neville se demande s'il lui rend service en l'entourant de coton ainsi.

- Draco, réveille-toi.

Les mots de cette nuit, mais Neville a un sourire au lieu d'un rictus de souffrance, une main qui caresse les cheveux blonds au lieu de se crisper sur les draps, un ton affectueux au lieu d'un murmure crispé... Le pique-nique au lit lui semble une bonne idée pour prolonger la bulle d'intimité, le renversement des situations qui les rend plus égaux, et pas soigneur et soigné.

La guerre et quinze ans de séparation l'ont marqué à l'âme mais l'espoir reste au cœur de Neville, une part de son être, et son espoir s'appellera toujours Draco.

L'ancien Serpentard est épuisé durant les jours qui suivent. La peur rétrospectivement est presque plus intense et il couve Neville du regard à chaque pas.

Par moment, il est prêt à s'écrouler de fatigue, mais… pour autant, il ne le quitte pas d'une semelle. Jamais. Pas même quand il doit descendre au village. Le trajet et l'idée de voir autrui l'épuisent, le font tomber dans un sommeil profond chaque soir.

Il est plus silencieux qu'avant. Cette attention lui dévore trop d'énergie pour qu'il arrive à formuler sa pensée en plus que quelques mots. Mais jamais depuis leur arrivée, il n'a paru aussi vivant.

Les nuits sont semblables, Draco accroché à Neville, mais non plus comme s'il était son Sauveur, simplement comme s'il avait besoin de le savoir là.

Il est trop épuisé pour se réveiller au moindre mouvement, mais il ne s'en rend pas compte. La seule chose qui importe, c'est l'autre homme.

Neville se retrouve plus souvent à se réveiller en premier, avec Draco blotti contre lui, ses bras l'enlaçant presque. Le visage parfois caché dans sa gorge, plus souvent posé contre son torse, sous les couvertures.

Ce que Draco ne peut plus dire le jour, son corps le raconte la nuit.

C'est Neville qui enfin secoue le statu quo. La peur épuise Draco et rien ne semble vouloir le rassurer, alors l'ancien Gryffondor prend des mesures. Une chouette arrive chargée de potions et il installe dans chaque pièce une boîte facile d'accès, en cas de crise. Il explique longuement à son fiancé les tenants et aboutissants de ses séquelles. C'est gênant de tout déballer ainsi, mais tout, tout pour que Draco cesse de trembler de le voir tomber raide mort un jour. Quant au village, Draco devra se contenter de toujours l'accompagner : en plus l'exercice lui fait du bien !

Le printemps arrive. Caché dans les troncs, le sol, dans l'amassement de force de la nature, jusqu'au moment glorieux où le premier crocus se déploie, où les bourgeons paraissent, où les premières feuilles étalent leur vert tendre…

C'est là que Neville est frappé au cœur.

Draco est penché sur un perce-neige dont il lui explique la bravoure (Neville et les plantes, que voulez vous…) et relève la tête, souriant. Quelque chose s'enflamme en lui, un passé ensommeillé, et il esquisse même le geste d'un baiser, avant de balbutier « Pardon, je te demande pardon » et de s'enfuir, horrifié.

Draco reste un long moment, ainsi ne sachant pas quoi faire. Il… C'est la première fois en plus de seize ans que quelqu'un a eu un geste sexué envers lui. Parce qu'il a compris ce que Neville voulait faire : l'embrasser.

Et il ne sait pas quoi répondre à cela. Avant la fin de la guerre, ils n'étaient pas allés au-delà de quelques baisers, relativement chastes, pas allés au delà de nuits à dormir ensemble, tremblants, épuisés, simplement désireux du réconfort de la chaleur d'un autre corps et pas prêts à compliquer les choses en sautant le pas. Et dans les yeux de Neville… Il y avait de l'amour et de la passion qui brûlaient. Il connaît bien le premier, mais la seconde… Ça reste une énigme pour lui.

Il pleut dehors et Neville est coincé à l'intérieur. Depuis « l'incident », il semble vouloir se montrer le plus inoffensif possible pour Draco.

C'est le Serpentard qui provoque leur première véritable intimité. Son fiancé lui lit un ouvrage de botanique sur une nouvelle espèce que Narcissa a entrepris de cultiver. Il a arrêté depuis un moment de l'écouter et…

Il finit par tendre le cou pour déposer un baiser sur la pommette de Neville. Il le détaille avec attention alors qu'il s'est brusquement tu, puis se rapproche à nouveau pour déposer un seconde baiser à côté des lèvres.

- Je peux ? murmure-t-il.

Neville aurait aussi bien pu être frappé d'un Petrificus Totalus. En vérité, il essaye si fort de se faire à l'idée qu'il n'y aura jamais rien de plus entre eux que leurs nuits côte à côte que jamais le fait que Draco puisse prendre l'initiative, même du plus chaste de baiser, ne lui a traversé l'esprit. Tenter de convaincre son corps que oui, la chasteté va continuer, comme pendant ces quinze dernières années, même avec l'objet de son affection contre lui chaque nuit, le tout en tentant d'offrir à Draco chaleur humaine, amour et soutien n'a pas été si facile, car Neville n'est qu'humain.

- Oui, oui, tu peux.

Sa voix tremble, bien loin de l'homme de trente-cinq ans au ton volontairement calme et apaisante sur le modèle ' Tout va bien Draco, pas de panique je m'occupe de tout.' Soudain, il a dix-sept ans et du sang plein les mains de sa dernière retenue avec les Carrows, et Draco lui donne un baiser, lui démontrant que c'est très différent avec un béguin des embrassades féroces 'Merlin nous sommes vivants', seules que Neville avait connues à la fin de sa cinquième année.

Il ferme les yeux, d'instinct, et offre ses lèvres.

Draco est loin de toutes les inquiétudes de Neville. Loin de l'idée de garder un désir sous clé pour son bien. Et loin de la maturité d'un homme de trente-cinq ans face à une relation.

Non, Draco a dix-sept ans et il embrasse pour la première fois depuis plus de quinze ans son fiancé.

Son baiser est d'une chasteté infinie pour leur âge. Draco effleure avec une délicatesse tremblante les lèvres de Neville. Il sent l'attention aiguë de l'autre homme dans ses propres gestes. Un soupir lui échappe, comme un voyageur depuis trop longtemps parti qui retrouve enfin son domicile.
Sans s'en rendre compte, Draco reproduit leur tout premier baiser, en finissant par embrasser le front de Neville.

Il y a des différences. La peau de Neville n'est plus imberbe. Ses lèvres sont moins douces qu'avant. A cause de la vie ici, devine-t-il sans le dire. Il est bronzé, alors qu'il était presque aussi pâle que lui. Plus que tout, il y a une puissance en Neville qu'il n'y avait pas avant. Une puissance contenue.
Pourtant… La magie est là, comme à l'époque. Comme s'il avait dix-sept ans et qu'il n'avait jamais été enfermé.

- C'est comme avant, murmure-t-il émerveillé.

Déjà adolescents, tout était compliqué pour eux. Dans des camps opposés, dans une Poudlard assiégée, Draco était terrifié, Neville était tour à tour suicidaire et rongé par la colère, Draco n'admettait pas encore qu'il aimait les hommes et approchait les relations sentimentales avec prudence, Neville avait envoyé balader sa virginité sans y prêter plus d'attention que ça, avec Luna et Harry en même temps, dans un tourbillon de sexe destiné à les faire se sentir vivants, l'adrénaline et les hormones leur rendaient la vie dure… Compliqué, et ça les avait empêché de sauter le pas. Finalement, rien n'a changé !

Le sourire de Neville est très doux. Pour être honnête, il est infiniment soulagé que ce baiser ait fait battre son cœur si vite : il craignait que quelque chose soit mort, à jouer les défenseurs, puis les soigneurs, qu'il ait égaré les sentiments de l'amant au profit de celui du frère, du soutien… L'étincelle cependant est toujours là. Fragile d'aspect et assez solide cependant pour surmonter quinze ans.

- Tant qu'à embrasser les gens, Malfoy, fais les choses à fond et recommence, cite-t-il.

Autrefois, porté par l'adrénaline et la colère, il avait dit la même chose, comme un défi. Un éclat de reconnaissance brille dans les yeux de Draco. La même provocation. Portée par de l'amour, cette fois-ci.

Et Draco embrasse à nouveau Neville. On est loin de la passion folle qu'il y avait eu à Poudlard, mais le baiser de Draco est un peu moins chaste. Un peu plus adulte. Et cette fois-ci, ses mains se glissent autour de la nuque de Neville, l'attirant contre lui.

A la fin de leur baiser, Draco a dérangé les cheveux de Neville et comme autrefois, son souffle est court.

Les yeux gris , ce gris des Black, brillent. Il n'aurait jamais pensé de lui-même à ce baiser, un peu comme si on lui avait retiré toute faculté à se souvenir de comment agir en couple, mais il se rend compte que c'est certainement la meilleure chose depuis longtemps.

- Ne fuis plus, s'il te plait, murmure-t-il. Pas quand tu veux m'embrasser.

Et Draco de se pencher de nouveau, doucement pour embrasser Neville. Il avait oublié combien il aimait ça, combien embrasser et être embrassé est merveilleux. Draco se surprend à espérer la pluie tout le jour, pour continuer à embrasser Neville.

- C'est promis. chuchote son fiancé d'une voix que l'émotion brouille.

Il laisse Draco l'embrasser de nouveau, posant chastement ses bras autour de sa taille, attentif à ne pas l'effaroucher. L'haleine de l'ancien Serpentard sent la mélisse que Neville cultive à pleine brassée pour booster son système immunitaire et quand ses yeux brillent ainsi, les années en trop semblent lointaines. De baisers en baisers ils se réapprennent jusqu'à ce que Neville s'allonge dans le canapé, incitant Draco à reposer contre lui, ralentissant les baisers pour éviter que le sang s'échauffe trop et murmurant un « Merci. »

Les baisers et les jours se succèdent calmement. Draco semble plus vivant, plus tendre, plus confiant aussi, comme ayant conscience de la pérennité de leur lien. Neville ne va pas s'envoler et Draco ne s'accroche plus à lui de la même façon la nuit, se glissant contre lui par soif d'affection et non plus pour s'assurer qu'il ne s'évanouisse pas en fumée comme un mirage.

Cela n'empêche pas les cauchemars, pour l'un ou l'autre, mais quand ils descendent main dans la main vers le village ou quand ils échangent un premier baiser avec le thé du matin, ils ressembleraient à un couple banal.

Draco n'est pas encore capable de converser avec les étrangers, trop effrayé, mais il le suit quand même, donnant son avis sur les achats d'une réponse courte, d'un signe de tête. Ses réponses sont monosyllabiques le plus souvent. Il n'y a que leur voisine la plus proche – Giulia, mais Draco ne retient jamais son nom- qui arrive à lui tirer des phrases quand elle passe voir Neville.
Seulement vient un jour où ce ne sont pas les pas de Giulia que Draco entend et quand il entraperçoit une femme devant le portillon du jardin, il devine immédiatement qui elle est. Elle n'a pas vraiment changé. Elle fait adulte et non pas vieille.
Ce qui n'empêche pas qu'il entre dans leur maison aussi vite qu'il le peut et va s'enfermer dans leur chambre dès qu'il la reconnaît. Hermione a juste le temps de voir la silhouette aux cheveux blancs fuir. Elle sait que Neville vit avec lui, mais elle ne l'aurait pas reconnu. Leur camarade de classe a vieilli, semble trop maigre. Ses traits sont marqués prématurément. Il fait facilement quinze ans de plus que Neville.

Quand elle a reçu la carte de vœux de Toscane, elle a eu envie de venir les voir. De renouer ce qui a été perdu, d'essayer de raviver leur amitié. Vu l'effroi sur les traits de Malfoy, elle se demande si elle a bien fait.

Trois ans qu'ils ne se sont pas vus : dans d'autres circonstances, Neville, lui, serait ravi... si Draco ne venait de partir en courant ! Pour laisser à son fiancé un peu de temps, il propose du thé et les biscuits aux graines de courge qu'il fait lui-même, juste parce que Draco les grignote avec gourmandise. Neville a une sainte horreur de tout ce qui touche aux cucurbitacées, un vrai problème pour un sorcier ! Poliment, il demande des nouvelles. Hermione semble ne pas savoir comment aborder le sujet de l'homme entraperçu, jusqu'à ce que Neville craque.

- Excuse moi un instant, je reviens.

Pour la première fois, la porte de leur chambre lui est fermée. Il hésite à entrer. Est-ce que Draco prendra cela comme une intrusion ? Est-ce qu'il croit que Neville savait et ne lui a rien dit ? Est-ce qu'il sait qu'il n'a rien à craindre d'elle ?

Il lui a raconté comment Hermione l'a soutenu les premières années de dossiers en dossiers, d'audiences en audiences, comment c'est essentiellement grâce à elle que les Détraqueurs ont été chassé d'Azkaban, mais est ce que Draco s'en souvient ? Parfois sa mémoire…

- Draco, c'est moi. Puis-je entrer ?

Pas de réponse.

Il pousse la porte : Draco est caché sous les draps. Là où personne hormis son fiancé ne viendra le chercher. Il est terrorisé, un inquiétant retour en arrière en terme d'attitude.

- Je ne veux pas qu'elle me voit comme ça. Je… Neville…

Draco se blottit contre l'autre homme.

- Je me vois. Dans le miroir. A la salle de bain.

Le retour des phrases trop courtes, trop saccadées, qui avaient disparues entre eux.

- Je ne suis pas… A ta hauteur. Je ne… Mieux que ça pour toi.

Il sait qu'il est décati depuis Azkaban. Il l'a vu dans le petit miroir de la salle de bain. Il fait si vieux à côté de Neville.

Et si ça ne touchait que son physique… Son esprit aussi est plus lent. Quand le sujet est complexe, son fiancé doit souvent répéter. Il oublie. Mais pas au point d'ignorer qu'elle ne le trouvera pas digne de Neville. Et… Si elle venait pour l'éloigner de cette vie étriquée qu'il lui inflige ? Neville est un héros de guerre.

C'est un seau glacé pour Draco. Cette pensée, celle de perdre son fiancé, elle le transit littéralement sur place.

- Tu vas partir ?

Ses yeux supplient silencieusement.

- Draco, non… Calme toi, respire lentement. Tout va bien. Je ne vais nulle part. Je reste auprès de toi, je resterai toujours auprès de toi. Respire lentement, tout va bien.

Neville n'a pas saisi les raisons de la panique de Draco, mais depuis un an et demi, il a appris comment le réconforter. Ses bras assurent un rempart au monde extérieur. Sa voix se fait murmure apaisant. Sa main caresse les cheveux si pâles et il attire autour d'eux d'un coup de baguette tout ce que la maisonnette contient de plaids et de couvertures, créant un cocon de chaleur.

Une heure après, Draco dort enfin, aidé à vrai dire par une potion légère à base de passiflore.

Neville s'extrait adroitement du nid et, sur la pointe de ses pieds nus, descend retrouver Hermione. Son amie l'a attendu sagement, patiemment, sans venir les déranger et Neville se sent une boule dans la gorge à la voir dans la petite pièce, dans leur quotidien.

Elle a des larmes de compassion aux yeux et quand elle enlace spontanément Neville, pour la première fois en un an et demi il laisse l'inquiétude, l'épuisement le submerger autrement qu'enfermé seul dans la salle de bains quand Draco dort et il éclate en sanglots lourds et rageurs.

Elle le laisse pleurer tout son saoul. Elle n'a pas besoin d'explications pour l'instant. Il ne faut pas être médium pour deviner que les séquelles d'Azkaban se révélent bien plus pérennes qu'espéré par Neville.

Même sans les Détraqueurs, Azkaban continuait à détruire ses prisonniers. Elle n'a jamais aimé Draco, qui à vrai dire ne lui en avait jamais donné de raisons durant leurs années à Poudlard. Loin de là même ; mais il semble bien loin du souvenir de l'adolescent d'autrefois. Une promesse brisée.

- Viens, raconte-moi, lui dit-elle quand les pleurs se furent calmés. Explique-moi ce qu'il a.

C'est largement emmitouflé, les mains gelées que Draco sort de la chambre. Il entend deux voix, Granger, Neville … Celle de son fiancé est enrouée des larmes qu'il a laissées couler. Draco n'est pas bête, même s'il est devenu plus lent d'esprit. Il sait que la situation est dure pour Neville. Il n'est plus exactement l'homme à qui Neville s'est fiancé.

Alors, il s'assoie en haut des escaliers pour ne pas le déranger. Sauf que Granger a quand même dû l'entendre.
- Tu nous rejoins, Draco ?

Il hésite à la demande, avant de hocher la tête même si personne ne peut le voir là où il est et descendre.

Neville se frotte discrètement les yeux, ne réussissant qu'à les rendre encore plus rouges. Il n'a pas l'habitude de laisser l'autre habitant des lieux voir ses faiblesses et ses doutes. Autrefois, oui, quand ils étaient jeunes dans une Poudlard assiégée… Cependant, maintenant, il ne supporte pas l'idée de charger encore plus le fardeau que porte l'ancien prisonnier.

- Draco, tu vas avoir froid !

Et il tombera malade, et il n'aura jamais la force de s'en remettre et l'idée est trop atroce pour y penser… Quand Draco s'assoit, Neville couvre ses jambes d'un plaid et réchauffe le thé d'un coup de baguette.

La conversation qui suit mériterait le prix de la discussion la plus gênée de l'histoire.

Hermione n'ose pas parler de l'état de l'ancien Mangemort.

Draco ne dit rien.

Neville se demande ce que Draco a entendu.

Draco ne dit rien.

Hermione répond aux questions sur ses enfants mais trouve gênant le sujet de leurs réussites quand les deux hommes vivent ainsi retirés du monde, comme au bord d'un éternel précipice.

Draco ne dit rien.

Neville parle de leurs capucines, du potager, mais il est évident que le sujet ne passionne personne. Pas même lui en cet instant !

Draco ne dit rien.

Malgré une hésitation de sa part, Neville finit par les laisser seuls quelques instants, le temps de refaire du thé.

- Tu veux qu'il parte ? Rentre avec toi ?

Draco butte sur les mots, mais il a besoin de savoir. Neville a promis de ne pas l'abandonner, mais la voir là… Cela rend encore plus visible combien leur vie est étriquée. La vie qu'il inflige à Neville.

Les larmes lui montent aux yeux à cette simple pensée.

- Non, Draco. Je veux juste renouer notre amitié. Pas rendre Neville malheureux.

Draco la regarde intensément, avant de détourner le regard, ne sachant quoi ajouter. Elle a tenu Neville en larmes.

Il est évident que la situation est difficile pour l'un et l'autre. Hermione se rend bien compte que sa venue fait craindre à Draco qu'on éloigne Neville de lui. Que sans lui, il est incapable de vivre. De survivre seul.

Et Neville a besoin de Draco, de sa présence, même si c'est un crève cœur de le voir ainsi. Elle n'a jamais véritablement compris comment Neville pouvait aimer Draco. Mais c'est réciproque.

- Diras rien ? Autres ? Demande Draco.

Il lui fait penser à ses enfants. Et elle comprend l'isolement de Neville : tout pour le protéger.

- Promis.

La sorcière enlace longuement Neville et ordonne :

- Ecris, d'accord ? Ecris-nous.

Elle se tourne vers l'autre homme et hésite.

- Prends bien soin de toi.

Elle a comme un geste pour l'enlacer aussi mais il se crispe et elle renonce. Hermione transplane depuis le jardin, emportant comme brûlée sur la rétine l'image de ces deux silhouettes sur le pas de la porte, dans son oreille une confessions humides de larmes, dans ses bras le souvenir d'épaules courbées tressautant de fatigue accumulée.

- Et bien, qui dira qu'il ne se passe jamais rien ici. tente pitoyablement de plaisanter Neville. Draco semble plus ramassé sur lui-même que d'habitude alors il l'entraîne à l'intérieur, l'installe devant la cheminée, l'enfouit sous un plaid avec les gestes méticuleux d'une mère emmaillotant un enfant, avant de s'attaquer au feu qu'il ravive, nourrit, jusqu'à obtenir une belle flambée rugissante.

- Je vais faire le dîner, tu as des envies particulières ?

Grand silence du côté du canapé.

- Soupe de céleri, alors, et après jambon à l'os. Et de la crème au caramel de Giulia.


Draco est silencieux durant les jours qui suivent. Il regarde, observe, suit Neville au village, l'aide, mais personne ne lui tire un mot.

Malgré cela, il a le front soucieux et s'endort épuisé tous les soirs. Chaque nuit, il est blotti contre Neville et il cauchemarde.

Ses nuits et ses jours semblent épuisants. A l'évidence, il y a quelque chose. Guillia ne s'offusque pas quand il lui répond juste par des signes de la tête.

Et à chaque seconde d'éveil, il regarde Neville. Comme s'il pouvait trouver une réponse en lui, une évidence qu'il cherche. Mais il ne parle pas.

Ce n'est qu'après presque une semaine de mutisme où Draco finit enfin par parler, par aboutir sa réflexion, celle qui l'épuisait, lui coupait tout moyen de communication.

Se concentrer sur un problème et parler est comme impossible, pour son esprit marqué, alors, il s'est absorbé dans le plus important : réfléchir, comprendre.

Et quand il parle, enfin, cela ne ressemble pas vraiment à une question, malgré l'effort évident. Jamais plus parler ne sera simple pour Draco.

Draco est emmitouflé dans ses couvertures et Neville lit à côté, lui lançant des regards soucieux. La voix qui s'élève est rauque de ce silence.

- Tu veux rentrer ? Chez toi ?

Il faut une seconde à Neville pour émerger du volume, un texte moldu abscons sur l'isolement social, envoyé par Hermione, qui craint apparemment qu'ils en souffrent tous deux, et auquel à vrai dire il ne comprend pas grand-chose, manquant de références.

-De quoi tu parles ? J'y suis déjà.

Il repose l'essai pour se tourner vers Draco, lui donnant toute son attention. Il a très vite compris que lorsqu'il accomplissait deux choses à la fois quand Draco était prêt à communiquer, cela stressait l'autre homme. Même éplucher des légumes en même temps semblait une preuve que Neville n'écoutait pas.

- Tu en as marre de l'Italie ? Je sais que j'ai choisi sans ton avis, mais je voulais que ce soit prêt dès ta sortie… Que tu n'aies pas à attendre.

Et puis il craignait aussi que l'habituer à un lieu et le déménager ensuite soit dommageable, mais il ne va pas lui dire ça !

- Draco, je pensais que vivre au soleil serait meilleur pour toi après la mer du Nord, mais si tu veux rentrer, si tu veux qu'on vende ici et achète quelque chose en Angleterre, ou ailleurs, bien sûr. De quoi as-tu envie ?

Draco secoue la tête, fronçant les sourcils avant de trouver les bons mots.

- Ta maison. Manoir Longbottom. Pas ici. Là-bas, ajoute-t-il dans ce qu'il suppose être la direction de l'Angleterre.

Sur le visage de Draco, il y a une forme de couleur, sentant qu'il devient incompréhensible. Trop de mots arrivent en même temps et ils se bousculent, cela ne donne plus aucun sens à ce qu'il dit. C'est un problème récurrent et si Neville s'en accommode et essaye de deviner, habituellement, là, Draco veut être compris. Il veut être clair.

Il lui fait signe d'attendre, alors qu'il se lève.
Il lui faut du temps avant de revenir avec une feuille de papier, les doigts tachés d'encre. Il a écrit tous les mots qui se bousculaient dans son esprit. Certains n'ont rien à voir avec la situation. Ils ne sont pas dans l'ordre, mais Draco les pointe du bout du doigt à Neville dans l'ordre.

- Granger donner envie Neville de rentrer maison, Manoir Longbottom ? Amis Neville Angleterre. Draco sait être pas comme avant. Bête. Draco veut Neville heureux. Pas vie étriquée.

Et Draco de regarder son fiancé, les yeux pleins de l'espoir de s'être fait comprendre.

Il attire Draco contre lui, le hisse sur ses genoux. En cet instant, il a trop besoin de sentir sa présence pour s'interroger en boucle sur la façon dont son fiancé pourrait l'interpréter. - Draco, non, tu n'es pas bête. Juste très fatigué. Azkaban t'a épuisé, c'est tout. Et moi je suis heureux. Je suis heureux si je peux être près de toi. Je ne demande rien d'autre à la vie. J'ai vendu la maison de ma grand-mère. Je n'en avais pas besoin et je voulais qu'on ait assez d'argent de côté pour ne pas avoir à s'en préoccuper.
Il serre un peu plus le corps frêle dans ses bras et insiste :

- Je suis déjà à la maison. A la maison c'est avec toi. Si tu veux rentrer en Angleterre, je reviendrais avec toi. Si tu veux rester ici, ça me va aussi. Si tu veux aller vivre ailleurs, Amérique, Espagne, France, on le fera. C'est à cause d'Hermione que tu t'inquiètes comme ça ? J'étais content de la voir, oui, mais je n'ai jamais voulu te laisser. Jamais. Je ne t'abandonnerai pas. Dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie

Draco se blottit dans les bras de Neville, le serrant fort. Respirant son odeur –la même eau de Cologne qu'à Poudlard- et sans s'en rend compte…

- J'ai peur. Que tu regrettes. D'être parti pour moi. D'avoir vendu ta maison pour moi. De ne plus jamais être celui à qui tu as donné ta main. Que je gâche ta vie. Tu aurais dû avoir mieux. Et je ne sais pas comment te le donner. Je… Je sais pas.

Dans les bras de Neville, les mots se calment et le laissent parler. Un miracle dont Draco ne prend pas conscience.
C'est blotti contre la gorge de l'autre homme, dans l'obscurité de leurs corps et le parfum rassurant qu'il continue.

- Je sais plus ce que tu vois en moi. Granger… Elle avait pitié. Et… Je veux pas que tu penses à ce que je t'ai fait perdre. Je veux juste que tu sois heureux. Tu pleurais avec elle. Ici, c'est pas la vie que tu voulais. Et je sais pas quoi faire pour faire mieux pour toi. Je suis désolé, Neville.

Et pour la première fois des larmes qui ne sont pas issues de cauchemars ou de frustration. Juste de tristesse.

- Je suis heureux avec toi. Tu es différent, oui, mais tu es toujours toi. J'ai changé aussi. Nous avons dû attendre très longtemps…Je m'en veux tellement de n'avoir pas su te faire sortir avant. Il n'y a qu'une seule chose réellement importante pour moi, ce n'est pas l'Angleterre, ce n'est pas mes amis, franchement on n'a presque plus rien en commun et si ça me rend triste, ce n'est pas pour autant la chose la plus importante. Sais-tu ce que c'est ?

Quand Draco secoue la tête, il explique :

- Est-ce que tu m'aimes encore ?

Draco ne sera jamais totalement rassuré, sauf…

- Attends, une seconde… Il soulève Draco, le dépose dans le canapé, disparaît dans leur chambre. Au retour, il explique.

- Je voulais attendre, mais…la vie est courte. Et compliquée. Et je t'aime. Je t'aimais avant Azkaban, je t'aime encore. Même si tu dis non, je serai toujours là, tant que tu voudras de ma présence à tes côtés. Néanmoins, je serai honoré…

Il pose un genou en terre devant le canapé et tend une petite boite à Draco.

- …que tu acceptes que nous complétions enfin nos fiançailles. Épouse-moi…

Draco cligne des yeux, ne sachant quoi faire. Il n'aurait jamais pensé que Neville voudrait… Bien sûr qu'il l'aime. Bien sûr que dans des circonstances normales, il sauterait de joie.

Mais… Ce n'est pas le cas

- Tu sais que je ne peux rien apporter ? Pas de noms, pas de maison, pas de biens.

Rien de tout ce qui est attendu dans chez les Sang-Purs par un époux. Il ne peut offrir que le poids qu'il représente, avec ses terreurs nocturnes et diurnes, ses jours de silence et la solitude que Neville a bâti autour d'eux pour le protéger.

Les mains de Draco se posent sur les joues de Neville, caressantes, avant qu'il ne continue.

- Si tu ne regrettes pas, je t'aime toujours. Je n'ai jamais cessé, même quand je pensais que… tu devais avoir repris ta promesse.

Les mains de Draco tremblent sous l'émotion. Pour la première fois il parle d'Azkaban.

- Là-bas, j'essayais d'imaginer ton bonheur, comment elle était. Si c'était Lovegood. Et ta joie à votre premier enfant. Les vœux que tu lui avais dit. J'étais heureux pour toi, avoue-t-il.

Il se jette au cou de Neville, les larmes aux yeux.

- Oui, oui, oui.

Neville avait quand même une sacrée trouille qu'il dise non, probablement pensant faire le bien de Neville. Un cri victorieux lui échappe, il lui passe la bague à l'annulaire et se redresse, les bras autour de la taille de son amant, tournant sur lui-même en le soulevant sans difficulté, les larmes aux yeux et un sourire solaire aux lèvres.

Il le repose et confie :

- Qu'est-ce que je ferai d'une autre maison, de biens ? Juste ici, notre petit jardin et le soleil italien et toi…Sois heureux pour moi, j'ai tout ce que je désire ici bas !
Oui, Neville aurait aimé que Draco ne lui revienne pas dans cet état, mais il n'y peut plus rien. Il aurait aimé que bien des choses soient différentes mais pleurer sur la potion répandue ne sert à rien, alors il apprendra à s'adapter à Draco, à adapter leur vie aux séquelles de celui-ci et les rêves passés s'effaceront devant la vie présente.

Il lui sourit et l'embrasse, avec la délicatesse qu'il y met toujours désormais pour ne pas l'effaroucher, et murmure ensuite :

-Merlin, on va se marier…

Il faut qu'il trouve un mage marieur qui se déplace…


A suivre dans deux semaines...