Titre : Is written all over your face…
Pairing : HP/DM
Rating : M
Résumé : Au lendemain de la guerre alors qu'il est plutôt heureux dans sa vie un drame vient bouleverser l'existence d'Harry et remettre en question tout ce qu'il est…
Note de l'auteur : Une nouvelle histoire HPDM (pourquoi changer une équipe qui gagne)… en fait c'est un OS qui a beaucoup grandit … j'ai écrit 6 chapitres pour l'instant, il n'y en aura probablement pas plus de 10… Un grand merci à ma béta et amie qui corrige mes petites histoires et sans qui je ne posterai pas…bizzz à toi.
Avertissement : Cette fic parle d'amour entre messieurs...vous êtes prévenus^^ ...
Prologue
Mai 2019
« Je peux entrer ? »
L'homme assis à son bureau releva la tête des documents qu'il étudiait. Il sourit à la vue du jeune homme aux cheveux clairs qui se tenait sur le pas de la porte.
L'adolescent ne prit pas le temps d'attendre une réponse, il traversa la pièce et vint s'affaler sans cérémonie dans le Chesterfield lui tendant les bras. L'homme ne disait rien, se doutant que la raison pour laquelle son fils le dérangeait en plein travail devait être importante. Il percevait sa tension rien qu'à la posture qu'il avait adoptée en s'asseyant. Il n'eut pas à être patient bien longtemps.
Le jeune homme prit son courage à deux mains puis lâcha d'un trait :
« J'ai beaucoup réfléchi… et je suis sûr de moi à présent, je ne veux pas continuer mes études après Poudlard ! »
Soulagé autant qu'angoissé par la déclaration qu'il venait de faire, il fixa l'homme en attendant sa réaction, il savait qu'elle pouvait être explosive.
A son grand étonnement, il n'eut pas l'air surpris. Il le fixait avec un regard grave.
Il soupira puis murmura :
« On s'en doutait ton père et moi. »
Le garçon se redressa l'air effaré.
« Je… comment pouviez-vous vous en douter ? Je n'ai pris cette décision que depuis ce dernier trimestre et je ne savais pas comment vous le dire ! »
Il repoussa machinalement une mèche de cheveux blonds qui balayait sa joue, ses grands yeux couleur d'amande fixaient avec incrédulité l'homme qui lui faisait face et le dévisageait avec tendresse. Ses pères avaient toujours été une énigme pour lui, ils savaient si bien deviner et anticiper ses désirs avant même qu'il ne les exprime que c'en était parfois très déstabilisant. Il aurait voulu les surprendre, mais c'était peine perdu, ils étaient tellement attentif à son bonheur qu'ils avaient tendance à le surprotéger envers et contre tout, parfois même contre lui-même. Il en ressentait une certaine frustration et avait envie de leur montrer qu'il pouvait survivre sans leur adorable mais étouffante affection
« On savait qu'un jour tu retournerais là-bas, ça a toujours été une évidence pour nous. Il était inéluctable que tu veuilles découvrir l'étendue de tes dons, te les approprier, les cultiver et apprendre à t'en servir, ils sont précieux et nous nous sommes préparés depuis longtemps à ton départ. C'est pour ça que tu as dû nous trouver si envahissants pendant ton enfance et ton adolescence, nous voulions que tu comprennes et acceptes par toi-même ce à quoi tu as toujours été destiné. »
Il se tut un instant ému.
« Nous voulions aussi profiter de toi avant que tu ne t'envoles. »
Le garçon soupira soulagé et ému à la fois.
« Père me laissera partir tu crois ? » demanda-t-il l'air sceptique.
Celui qui lui faisait face sourit doucement à l'évocation de son compagnon.
« Ça ne sera pas facile mais oui je crois qu'il y arrivera. Je l'y aiderai ne t'inquiète pas. »
« Tu vas lui dire ? »
« Non, Nous allons lui dire ensemble que le moment est venu. »
Ils se regardèrent avec tendresse et l'adolescent puisa encore une fois dans ce regard pur la force dont il avait besoin pour continuer à avancer.
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1 er chapitre (14 ans plus tôt)
« Je pars Harry ! Ronald est dehors il m'attend. »
La jeune femme regardait fixement la silhouette recroquevillée dans le vieux fauteuil avec l'espoir vain qu'il tourne la tête vers elle, qu'il dise un mot. Ce qu'il ne fit pas.
Quelques mèches brunes émergeaient du haut dossier. Ce serait la dernière image qu'elle aurait de lui.
Elle n'avait jamais voulu que ça finisse comme ça, mais c'était inhérent à sa volonté, elle ne supportait plus la situation. Peu importe la culpabilité qu'elle ne manquerait pas d'éprouver après. Elle ne voulait pas être malhonnête, vivre dans les mensonges, les faux-semblants, il ne le méritait pas et elle non plus. Elle se fit la réflexion que c'était également son choix à lui, en tout cas c'est ce qu'il lui avait fait croire, pourtant en le regardant se tasser dans les coussins avachis, elle sentait son cœur se serrer.
« Harry ? » tenta-t-elle une dernière fois.
« Pars Ginny ! » murmura la voix lasse du jeune homme.
« Je suis... » Elle se tut, que pouvait-elle dire de toute façon, quelle excuse pouvait-elle invoquer ? Elle balaya une ultime fois le petit salon du regard puis secoua sa crinière rousse, elle ne voulait pas se laisser aller aux regrets, pas encore, comme disait Scarlett l'héroïne d'un roman moldu dont elle raffolait, demain il fera jour !
Elle sortit dans la rue, cligna des yeux aveuglée par la lumière crue puis soupira de bonheur en sentant les rayons du soleil caresser doucement sa peau. Une vague de soulagement l'envahit, il était temps pour elle de reprendre le cours de sa vie.
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Un an plus tard...
A 26 ans, Draco Malfoy se targuait d'être rentré dans le rang, il occupait un poste envié dans une affaire d'import export traitant d'importants marchés commerciaux entre les sorciers et les moldus. La Trade Sorcerers Compagny avait le vent en poupe et malgré son jeune âge le garçon briguait le poste de Directeur Général qui n'allait pas tarder à se libérer.
Il avait eu de la chance.
Les amis de feu son père ne l'avaient jamais abandonné, même lorsqu'il était tombé en disgrâce à la fin de la guerre, chacun l'avait protégé et aidé du mieux qu'il pouvait. L'armée des ombres était un groupe très fermé dont les membres se devaient mutuellement fidélité et protection et par extension aux héritiers de leurs compagnons disparus...
Sa fortune ayant été mise sous séquestre par le Ministère, les anciens amis de Lucius lui avaient donc prêté l'argent nécessaire à la poursuite de ses études dans une école de commerce international se trouvant au Canada. Il en était sorti brillamment diplômé cinq ans plus tard et était revenu dans son Angleterre natale qui lui avait cruellement manqué. Il s'aperçut rapidement que le passé sulfureux de sa famille n'était plus qu'un souvenir dérangeant, les gens de sa génération avides de paix s'étaient empressés d'oublier ce qui avait terni leur adolescence. Il était juste l'héritier déchu du clan Malfoy, un garçon qui avait eu la malchance d'être au mauvais endroit au mauvais moment et qui avait comme excuse son extrême jeunesse.
Pendant son exil dans la belle province, il avait eu peu de contact avec ses anciens camarades. Seul son ami d'enfance lui avait rendu quelques visites aussi agréables que brèves, ce dernier supportant difficilement les rigoureux hivers canadiens.
Après avoir repris possession d'une partie de ses biens, le garçon s'était installé au cœur de la cité et avait mis toute son énergie et sa rage à se construire une nouvelle vie. Il avait commencé par se séparer de la prétentieuse demeure familiale, tranchant dans le vif la dernière attache le liant à des souvenirs qu'il voulait gommer de sa mémoire. Avec le fruit de la vente, il avait acquis un charmant appartement dans une banlieue moldue plutôt chic où il était un parfait étranger aux yeux des voisins. Les anglais ayant cette faculté de rester discrets en toute circonstance, ce que d'aucun pourrait assimiler à une froide indifférence, personne n'était venu frapper à sa porte pour l'inviter à une quelconque fête de quartier ou pour simplement prendre une tasse de thé.
Il s'y sentait parfaitement bien.
Son installation terminée, Blaise avait débarqué un soir traînant à sa suite leurs condisciples de Serpentard. Le jeune homme ne les avait pas revus depuis son départ quelques cinq ans plus tôt. Après un bref moment de gêne, Pansy, la plus exubérante du groupe, s'était jetée à son cou en lui disant combien elle était soulagée qu'il soit revenu. La glace était rompue et malgré son flegme légendaire le blond avait été ému par les manifestations d'affection et l'accueil chaleureux que ses anciens amis lui avaient réservé.
Depuis, ils avaient pris l'habitude de se retrouver chaque quinzaine pour dîner dans un restaurant où ils avaient leurs entrées. Draco aimait cette soirée entre toutes et même s'il ne leur montrait pas, il éprouvait un attachement indéfectible pour ceux qui ne lui avaient jamais tourné le dos.
Ce soir-là était justement celui du repas bimensuel les réunissant.
Alors que leur petit groupe se dirigeait joyeusement vers le restaurant où il devait dîner, son regard fut soudainement attiré par une silhouette lui semblant étrangement familière, une silhouette qu'il n'avait plus croisée depuis de nombreuses années. Il stoppa net. Ses compagnons continuèrent à marcher sans s'apercevoir qu'il restait en arrière.
Il plissa ses paupières pour distinguer de l'autre coté de la rue ce souvenir de jeunesse qui ravivait sa mémoire. Il ne put apercevoir qu'un long manteau au col relevé, l'homme s'éloignait déjà dans la nuit pluvieuse.
« Draco qu'est-ce que tu cherches ? » demanda Blaise qui, revenant vers lui suivait son regard et fouillait des yeux le trottoir d'en face.
Il secoua la tête incompréhensiblement déçu.
« Rien... non rien. »
L'homme qui s'était perdu dans l'obscurité claudiquait. Ça ne pouvait être lui.
Il emboîta le pas de son ami et rejoignit le groupe qui les attendait impatiemment devant la porte du restaurant.
La soirée fut joyeuse. Avant de passer à table, ils burent quelques verres au bar et se remémorèrent d'inoubliables moments de leur jeunesse commune. Les jeunes adultes plaisantaient et souriaient avec indulgence aux souvenirs des adolescents turbulents qu'ils avaient été. Parfois l'ombre sinistre de la guerre flottait le temps d'une phrase ou d'un silence trop lourd, le temps d'une absence douloureuse dont on ne voulait pas se rappeler. Mais ils ne se laissaient jamais aller à une trop grande nostalgie, ils savaient le prix tragique qu'ils avaient eu à payer et n'aspiraient qu'à profiter au maximum des plaisirs que cette nouvelle vie pouvait leur offrir.
Lorsqu'ils quittèrent le restaurant ils avaient tous bu plus que de raison. Ils se séparèrent bruyamment en se promettant d'être là la quinzaine suivante. Draco était resté silencieux ne se mêlant pas à l'au revoir exubérant de ses amis, Blaise Zabini et lui avaient pour habitude de rentrer ensemble à pied en fumant une dernière cigarette. Son ami attendit de se retrouver seul avec lui pour l'interroger sur le manque d'enthousiasme qu'il avait manifesté ce soir-là alors qu'habituellement il n'était pas le dernier à leur faire profiter de ses traits d'humour acérés.
« Tu vas bien Dray ? »
Le blond tira sur sa cigarette le regard indécis. Toute la soirée son esprit avait vagabondé, il se surprenait à penser à lui après toutes ces années, la vision fugitive d'une silhouette ressemblant à la sienne avait suffi à faire ressurgir d'innombrables souvenirs.
« Dray ? »
Il sursauta.
Son ami s'était arrêté de marcher, il avait l'air soucieux.
« Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu n'as quasiment pas prononcé un mot de la soirée. »
« Tout à l'heure j'ai cru voir un fantôme. » lâcha-t-il laconique en aspirant une nouvelle bouffée.
« De quel genre ton fantôme ? »
« Lorsque nous sommes arrivés au restaurant, j'ai cru apercevoir Potter sur le trottoir d'en face. »
« Potter ? Tu es sûr ? »
« Non j'ai dû me tromper, l'homme boitait fortement, c'est la silhouette, la façon de se tenir qui m'ont fait croire que c'était lui et j'aurais juré qu'il me regardait... avant que tu n'arrives. »
« Comment aurais-tu pu voir s'il te regardait ? Il était de l'autre côté de la rue, il faisait nuit noire, de plus avec la pluie qui tombait tu n'as dû distinguer qu'une silhouette floue. Ça n'était sûrement pas lui. » assura le jeune homme.
Le blond jeta le reste de sa cigarette sur le trottoir mouillé, le bout incandescent s'éteignit en grésillant. Il fixa fasciné les étincelles qui mouraient noyées par les gouttelettes de pluie.
« Tu as des nouvelles de lui ? » demanda-t-il brusquement.
« Non pas depuis plusieurs années, je crois qu'il était avec Ginny Weasley, mais je ne pourrais t'en dire plus. En fait tout le monde l'a plus ou moins perdu de vue, il me semble qu'ils étaient partis s'installer en Australie ou en Nouvelle-Zélande à un moment donné… Mais c'est tout ce que je sais. »
« La rouquine... évidemment... » murmura son ami.
« Pas surprenant elle a passé toute sa scolarité à lui courir après, elle a fini par l'avoir en fin de compte... et Potter rêvait d'être un membre à part entière de la famille Weasley. Les efforts de Ginny ne pouvaient qu'être couronnés de succès. » plaisanta Blaise.
Le blond se retourna vers lui en fronçant les sourcils.
« Ginny ? »
« Oui une chouette fille en définitive, pendant les années où tu étais au Canada nous avons tous noué des amitiés qui nous auraient révulsé du temps de Poudlard. »
Draco Malfoy se dit qu'effectivement beaucoup de choses avaient changé pendant sa trop longue absence.
Il ne s'était arrêté que quelques secondes le temps de l'apercevoir. Il y avait si longtemps, une éternité à vrai dire. Il avait peu changé, toujours la même silhouette longiligne, le même visage hautain. L'autre avait eu l'air de le reconnaître, il s'était figé et avait dirigé son regard vers lui, alors il avait pressé le pas pour s'enfuir comme à chaque fois qu'il croisait involontairement le chemin d'un ancien de Poudlard. Une sourde douleur naissait au creux de son ventre nourrit de cette honte qui l'obligeait à ne sortir la plupart du temps qu'à la nuit tombée.
Il était heureux d'être de retour dans son appartement, le seul endroit où il pouvait être lui-même sans avoir à se cacher. Il abandonna le manteau trempé sur un siège et mit de l'eau à chauffer pour se faire un potage instantané. Depuis que Ginny était partie, il ne mangeait que des plats lyophilisés et sans saveur, ça n'avait pas d'importance de toute façon à part Colin il ne recevait jamais personne. Avant il aimait s'amuser à cuisiner, le week-end était pour lui une vraie détente, il savait faire à merveille les beignets de pommes ou de cerises. Lorsque c'était la saison, il mélangeait avec art la farine, le lait, le sucre et les œufs, saupoudrait d'un voile de levure, ajoutait les fruits et le tour était joué, Ginny affalée devant la cheminée se régalait jusqu'à l'écœurement en se moquant gentiment de lui, elle disait qu'il était resté tellement traumatisé par les cours de Snape qu'il était incapable de suivre une simple recette écrite dans un livre de cuisine.
Il sourit à cette évocation. Il ne ressentait plus d'amertume et dégustait ses meilleurs souvenirs avec délectation comme des petites madeleines appartenant au passé.
Après les longs mois de révolte qui l'avait laissé épuisé et aigri, il s'était raisonné. De toute façon aucun retour en arrière n'était possible, il vivrait donc avec ça, bon gré mal gré, bon an mal an et forcément arriverait bien un jour où il serait vieux et où ça n'aurait plus aucune espèce d'importance.
Il versa l'eau bouillante dans le bol et absorba l'aliment insipide accompagné de plusieurs comprimés qui l'aideraient à dormir. Ginny avait horreur qu'il fasse ça, pendant un temps elle lui avait même subtilisé ses boîtes pour qu'il essaie de se sevrer mais il était entré dans une colère noire, avait saccagé l'appartement et les avait finalement retrouvées. Après il les avait pris en cachette. Il était accroc à ces saletés et refusait de se priver de leur aide providentielle, c'était le seul moment de la journée où il ne pensait plus à rien. Le néant bienheureux qui l'enveloppait lorsque les médicaments commençaient à faire effet constituait à ses yeux la meilleure des thérapies. Sans cela, il resterait éveillé nuit après nuit, ressassant le même cauchemar, revivant le même enfer...
Il n'était plus assez courageux pour ça, il désirait juste dormir à présent.
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Quatre ans plus tôt
« Pourquoi dois-tu encore partir ? »
Les deux poings sur ses hanches, la jeune femme le fixait l'air furieux.
« J'en ai marre Harry on devait avoir un vrai week-end, ça fait au moins un an qu'on n'a pas eu de vacances, deux jours de détente, juste toi et moi, ça n'est pas trop demander non ? »
Il soupira et posa son sac reporter sur le sol, elle avait raison, mais son boulot c'était ça, la gazette et le Ministère le payait des fortunes pour un bon papier, un scoop détonant, en marge d'enquêtes discrètes pour le gouvernement. Officiellement envoyé spécial du journal il était également l'homme de l'ombre du Ministre dans des recherches concernant d'anciens Mangemorts se proclamant les nouveaux terroristes sorciers. En contrepartie, il devait être totalement disponible et oublier sa vie personnelle, il le faisait sans trop d'état d'âme et en ressentait parfois un léger sentiment de honte. Son travail le satisfaisait pleinement, il ne pouvait choisir entre Ginny et le journal, ils avaient une égale importance à ses yeux mais il se serait fait hacher menu plutôt que de l'avouer.
Il fixa sa ravissante silhouette plantée rageusement devant lui, les mèches rousses emmêlées tombaient librement dans son dos et il se fit la remarque inutile qu'elle n'avait jamais eu les cheveux aussi longs.
« Il se passe des événements graves dans une petite ville de l'île du sud, je dois y aller Ginny, je te promets que je lorsque je rentrerai nous partirons deux jours rien que toi et moi où tu voudras... regarde-moi s'il te plaît... » Son ton était légèrement suppliant, il ne supportait pas qu'elle soit en colère contre lui.
La jeune femme le fixait boudeuse, elle trouvait qu'il était beau vêtu de ce vieux jean délavé et de ce tee-shirt noir qui lui collait à la peau et ça l'énerva de penser ça. Il se pencha vers elle et déposa un léger baiser sur ses lèvres douces. Se relevant, il l'interrogea du regard. Elle fronça les sourcils ne voulant pas baisser sa garde si facilement mais il savait déjà qu'il avait gagné... Jamais Ginny ne le laissait partir en étant fâchée contre lui.
« Je vais faire au plus vite et je te promets qu'après mon retour je te consacrerai les jours à venir. »
La jeune femme peu convaincue plongea son regard dans les prunelles émeraude de son vis-à-vis.
« Je ne veux pas passer ma vie à t'attendre Harry, ton job devient de plus en plus envahissant, je ne voyais pas notre vie de couple comme cela, j'aimerais profiter de toi, cesser de te courir après, que nous voyagions, que nous fondions une famille... que... »
Elle se mordit la langue en surprenant le regard effaré du garçon.
« Je... ne voulais pas dire cela, je sais que ce n'est pas vraiment le moment... Mais j'ai parfois l'impression que notre relation n'a pas d'avenir, tu es adorable avec moi, je sais que tu m'aimes je n'en ai jamais douté mais j'ai besoin de bien plus et tu ne veux jamais en discuter... »
Elle se tut à bout d'argument, il la dévisageait et remarquait à présent son air soucieux, le pli qui lui barrait douloureusement le front, le regard plein d'incertitude. Il se sentit coupable, trop négligeant, trop égoïste, il devait y réfléchir sinon il la perdrait... Elle était sa famille, son pilier, elle lui avait permis de ne pas sombrer...
Il la prit dans ses bras.
« Quand je reviendrai, on en discutera je te le promets, et puis on partira en week-end, on va se prendre du temps rien que pour nous Ginny... »
Un petit bruit les fit sursauter.
Ils se retournèrent avec un bel ensemble, sur le bord de la fenêtre un superbe grand duc tapotait doucement la vitre en les fixant de ses yeux perçants, un message était accroché à sa patte. Harry reconnu Médéric le hibou de son contact au Ministère...
La jeune femme se dégagea de ses bras et se dirigea vers la fenêtre pour faire entrer l'animal, elle détacha le parchemin et le tendit à Harry avant de donner un morceau de pain à l'oiseau reconnaissant.
« Tu devrais y aller non ? » dit-elle d'un ton qu'elle voulait enjoué.
« Oui je suis déjà... enfin... ils m'attendent... Ginny ? »
« File, on parlera à ton retour... fais attention à toi… »
Elle ne se retourna pas lorsqu'il déposa un léger baiser sur ses cheveux, elle entendit la porte claquer derrière lui et se dit que oui elle avait besoin de bien plus...
Ils n'eurent malheureusement jamais le loisir de discuter de tout cela.
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« Salut Draco, c'est une surprise pour moi de te voir ici après toutes ces années. Tu désires quelque chose ? » demanda le jeune homme en affichant un sourire aimable. L'ex-serpentard se tenait dans l'embrasure de la porte de son bureau avec l'air de vouloir engager la conversation.
Le jeune Crivey n'était pas ce qu'on pourrait appeler à première vue un bel homme, il était resté trop adolescent, dégingandé, les traits du visage encore flous, mais il se dégageait de lui un tel enthousiasme pour tout ce qu'il entreprenait, une telle gentillesse pour ses contemporains qu'il séduisait sans s'en rendre compte ceux qu'il côtoyait. Sauf Draco Malfoy évidemment. Ce dernier fit pourtant un effort ce matin-là parce qu'il voulait demander un renseignement au gentil mollusque qui travaillait comme photographe à la Gazette.
Il prit un air dégagé.
« Bonjour Crivey, je passais voir ton directeur de publication pour une affaire personnelle et j'ai eu envie de te saluer, alors que deviens-tu ? »
L'autre eut du mal à réprimer un sourire, il n'était plus le gamin naïf de Poudlard malgré ce que son apparence physique pouvait laisser supposer. Il se doutait que le grand Draco Malfoy se fichait comme d'une guigne de ce qu'il était devenu.
Il répondit pourtant avec un enthousiasme non feint à la question. D'un mouvement de la main, il lui montra l'intérieur de son bureau et les centaines de clichés accrochés un peu partout dans un joyeux capharnaüm.
« Comme tu le vois je vis de et pour ma passion. Je n'ai jamais aimé que la photographie, déjà lorsque j'étais gamin c'était une obsession. J'avoue que ça ne marche pas trop mal, je gagne ma vie correctement. Je fais des reportages un peu partout sur la planète, j'ai la chance de beaucoup voyager... Et toi Draco que fais-tu à Londres ? »
Le blond retint un soupir, il n'avait pas vraiment prévu de lui raconter sa vie. Il fit un effort mais resta évasif.
« Je suis revenu en Angleterre depuis presque deux ans. Je négocie des contrats pour la T-S-C. »
Le reporter ne put retenir un sifflement d'admiration, la TSC était une des plus importantes entreprises du monde sorcier, et surtout une des seules qui faisait commerce avec les moldus sans que ça pose le moindre problème.
« J'en suis le directeur adjoint » ajouta-t-il avec suffisance « Enfin pour l'instant. C'estun boulot très prenant... Je me réhabitue à la vie londonienne, ça m'avait manqué… » Il fit une pause prenant un air détaché…
« À ce propos j'ai été longtemps absent et j'ai perdu contact avec la plupart des gens que nous fréquentions à l'école. C'est pour cette raison que j'aimerais te poser une question. »
Il afficha un demi-sourire forcé pour convaincre le garçon qu'il n'avait que de bonnes intentions.
« Vas-y ? »
Le photographe se dit qu'il allait enfin connaître le but réel de la visite pas du tout impromptue du Serpentard.
« Je me demandais si tu savais ce que devenait Potter, j'ai cru l'apercevoir il y a quelques temps mais Blaise me disait qu'il n'était plus à Londres depuis plusieurs années. » interrogea-t-il négligemment, lui tournant le dos et feignant de s'intéresser bien plus aux photos qui ornaient les murs qu'à la réponse de Crivey.
Colin leva un sourcil intéressé, tiens donc Malfoy s'inquiétait de ce qu'était devenu le Griffondor. Dommage, c'était juste un peu trop tard.
« Désolé je n'en sais rien, je n'ai aucune nouvelle de lui depuis très longtemps. »
Harry lui devrait une bouteille de Fire Whisky pour le gros mensonge qu'il venait de proférer et du très bon tant qu'à faire.
« Pourtant tu bosses dans un journal et Potter était quand même une figure emblématique du monde sorcier non ? »
Le jeune homme haussa les épaules et s'appuya sur le bord de son bureau pour qu'il ne voie pas le léger tremblement de ses mains, il tenta d'avoir l'air convaincant.
« En réalité Harry détestait les honneurs, hommages et tout le saint-frusquin qui en découlait, tu sais les médias qui mettent votre vie en pâture pour faire du chiffre, les fans allumés qui vous suivent jour et nuit espérant une hypothétique relation. Il est parti à l'étranger je crois, je n'en sais pas plus... Peut-être voulait-il juste se faire oublier…»
Le Blond ne voulu pas insister, décidément Potter n'avait pas laissé de souvenir impérissable à ses concitoyens. Il ne comprenait pas pourquoi mais constater ça le mettait en rage. Pas qu'il ait pitié du Griffondor non mais tant d'ingratitude le révulsait.
Il prit congé sans voir le regard empreint de tristesse que lui lançait Crivey.
Ce dernier ferma sa porte puis ouvrit le dernier tiroir de son bureau. Il regarda avec nostalgie la photo. La seule qu'il ait gardée de cette époque.
Sur le cliché, un Harry bronzé et souriant jean crotté et tee-shirt en piteux état le chahutait en faisant un petit signe à l'appareil, lui Colin essayait désespérément de ne pas glisser dans la marre de boue où voulait le pousser son ami, un jeune homme brun à la peau dorée les fixait en riant au éclat.
C'était la fin d'un reportage, la pression se relâchait et ils chahutaient comme des gamins, c'est la dernière photo qu'il possédait du Harry d'avant.
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Quatre ans plus tôt
Après avoir quitté Ginny, Harry s'était rendu au plus vite auprès de son équipe, en réalité équipe était un bien grand mot puisqu'ils n'étaient que trois, lui, son photographe attitré Colin Crivey et Abel Te Ara leur guide, un jeune sorcier d'origine maori qui était devenu indispensable à leur petit groupe tant pour sa débrouillardise que pour son sixième sens concernant leur sécurité.
Sur le parchemin qu'il lui avait envoyé, le patron d'Harry le prévenait qu'un attentat venait d'être perpétré au cœur la petite bourgade de Fairlie sur l'île du sud. Comme d'habitude les moldus s'était emparé de l'affaire mais cette fois le Ministère de la Magie pensait qu'il y avait peut être des sorciers en cause, la gazette étant à sa solde les journalistes servaient d'éclaireurs et d'enquêteurs discrets avant que le Ministre n'envoie l'artillerie lourde.
Ils prirent un long courrier jusqu'à Auckland, puis une ligne intérieure pour se rendre sur le site. La petite ville avait subi des dégâts importants, les bâtiments principaux étaient détruits, peu de pertes humaines à déplorer mais l'école n'en avait réchappé que de justesse. Colin mitraillait les scènes de désolation, récupérant le plus de clichés possibles pour qu'ils soient étudiés et que l'on trouve d'éventuels indices impliquant d'anciens Mangemorts reconvertis dans l'attentat en tout genre. Harry prenait des notes, interrogeait avec tact la population choquée, détaillait tout ce qu'il voyait. Un sombre nuage de poussière flottait lugubrement sur les bâtisses tenant encore debout occultant la chaude lumière du soleil. Il se sentait mal à l'aise, oppressé, cette fois ça ressemblait trop à des scènes déjà vécues. Il avait hâte de s'en aller.
Abel quant à lui affichait un air profondément inquiet depuis qu'ils étaient arrivés sur le site ce qui n'était pas dans ses habitudes.
Il finit par dire aux deux autres.
« Il faudrait partir, j'ai un mauvais pressentiment. »
« Moi j'ai presque fini, et toi Colin ? Ça fait déjà plus de neuf heures que nous sommes ici. J'ai hâte de rentrer... » Annonça Harry « Je vais aller voir une dernière fois les débris de la salle de sport, c'est là que la première bombe a explosé... ensuite si c'est bon pour vous, on pourra partir. »
Il s'éloigna, remontant d'un pas rapide la rue totalement déserte, la majorité des habitants ayant été accueillie par des communes voisines le temps que les policiers et artificiers enquêtant sur les lieux puissent évaluer s'il subsistait le moindre danger.
Ce fut Colin qui le remarqua le premier.
Le camion fou qui déboulait du haut de la rue, sans moteur, sans conducteur, sans freins...
Il se mit à hurler le nom de Harry, celui-ci était déjà loin mais il se retourna l'air interrogatif... Levant la tête en entendant les cris de Colin, Abel le visage horrifié se mit à hurler à son tour mais Harry leur fit signe en souriant qu'il ne les comprenait pas...
Colin aurait pu pleurer de rage de n'avoir pas sa baguette sur lui, il ne sut jamais s'il aurait eu le temps de lancer un bouclier de protection, déjà le camion avait percuté le jeune homme qui ne s'était rendu compte de rien, l'envoyant s'écraser à plusieurs centaines de mètres comme un pantin désarticulé.
Le camion finit sa course dans une façade de maison son moteur explosant sous le choc.
Ce fut lui qui eut raison du plus grand héros du monde sorcier... Un simple camion moldu…
A suivre ….
15
