Et oui, je reprends non seulement du service en temps qu'auteur...mais aussi en temps que traductrice !

Dès sa publication, j'ai complètement accroché à Existence. Cette fic sombre, torturée, m'a complètement prise aux tripes dès le début. Je voulais vous la faire découvrir aussi. Et j'ose espérer que cette traduction sera d'un meilleur niveau que mes précédentes (j'ai vraiment honte de mon travail sur I'm not jealous!...abandonnée, par ailleurs).

Disclaimer : L'univers et les personnages appartiennent à J.K. Rowling. L'histoire appartient à Children of the Shadows. Je ne suis que l'humble traductrice.

NdA : J'ai remarqué que toutes mes fics avaient ce même côté gentillet humour/romance alors je voulais essayer un genre de romance plus sombre. Je ne suis pas sûre d'y arriver alors ceci est comme un chapitre test. Je précise : c'est un UA mais tout le truc de la magie existe toujours. La guerre a eu lieu un peu plus tôt et Voldemort a été défait par Dumbledore mais ces événements n'ont pas beaucoup d'importance dans la fic elle-même.

Chapitre 00 : Feu d'ambre

James ne cesse jamais de s'inquiéter. Il pense que Sirius a besoin d'aide et en effet, c'est le cas. Mais il n'a pas besoin du genre d'aide que James peut lui apporter; pas d'un autre docteur. Un autre avec ses cheveux complètement raides et son expression de marbre. Un autre avec trop de questions et pas une seule réponse.

Pourquoi est-ce que Sirius est comme ça ?

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Pouvez-vous comprendre ça, docteur ? Pouvez-vous dire ce qui ne va pas ? Pouvez-vous ?

« Est-ce que vous vous masturbez, Sirius ? »

Sirius regarde le plafond d'un air froid. « Parfois. Quand ça me prend l'envie... »

« A quoi pensez-vous ? Pouvez-vous me le dire ? »

« A rien en particulier. » Sirius hausse des épaules. Il ne la regarde pas parce qu'elle ne le regarde pas. Non, ce n'est pas ça. Elle regarde mais ne voit jamais. « C'est surtout mécanique. Parfois, il y a des yeux. »

« Des yeux ? Les yeux de qui ? De quelqu'un que vous connaissez ? »

Sirius cligne des yeux quand des tâches commencent à apparaître devant sa vision, à force de regarder trop fixement le plafond. « Ce sont de magnifiques yeux. » explique-t-il, fermant les paupières tandis qu'il rappelle l'image à sa mémoire. « Comme de l'ambre. » Il sent sa respiration devenir un peu plus erratique, la chaleur courir à travers son corps. « Comme du feu venu des profondeurs de l'enfer. »

« Aimez-vous être observé, Sirius ? »

Sirius sent des gouttes de sueur couler le long de sa colonne vertébrale et le sang battre à ses oreilles. « Seulement si ce sont des yeux d'ambre. Seulement si ce sont ceux que je veux. »

« Savez-vous de quelle couleur est l'ambre ? »

Sirius ne répond pas. Il le sait, mais il est bien trop loin pour lui faire ce plaisir. Il veut ces yeux qui le regardent si férocement. Il veut ces ténèbres et il veut ce feu qui calcine le noir de son âme. Il veut brûler.

« Les humains n'ont pas des yeux d'ambre, Sirius. C'est impossible. »

« Peut-être qu'il n'est pas humain. » rétorque Sirius avec un rictus, avant d'éclater de rire.

XxxxX

James inspira profondément et sourit. « Rien de tel que l'odeur d'un popcorn juste fait pour mettre de bonne humeur ! Depuis combien de temps on a pas été à une fête foraine ? On devrait faire quelques jeux avant d'entrer. »

« Pas intéressé. » répondit Sirius, repoussant ses cheveux de ses doigts. Il avait plu toute la matinée et le réseau de Cheminette avait été encombré à cause du mauvais temps et du trafic. La pluie les avait surpris et malgré de nombreux sorts de séchage, les cheveux de Sirius étaient toujours humides. Même tout le popcorn du monde ne pourrait pas le mettre de bonne humeur avec le froid d'après la pluie et les nuages noirs amoncelés au-dessus de sa tête – malgré le fait qu'il ne soit que trois heures de l'après-midi. « Finissons-en avec ça. »

James poussa un soupir déçu. « Tu sais Sirius...quand on était plus jeunes, t'étais toujours le premier à sauter dans les flaques et à foncer dans la tente de la diseuse de bonne aventure. » James eut un sourire triste. « Les choses ont changé, hein ? Personne croirait que tu es Sirius Black, si je leur disais. Ils se demandent tous ce qu'il s'est passé... »

Sirius haussa les épaules, rabattant la capuche de son manteau sur sa tête pour éviter que le vent ne siffle à ses oreilles. « Tu te le demandes toi-même, non ? » Sirius eut un rire amer quand James garda le silence. « Je te l'ai déjà dit mais tu continues de me poser la question, encore et encore. Est-ce que la vérité est si dure à supporter ? » Le silence de James se fit un peu plus lourd, provoquant un rire hystérique chez Sirius. « La guerre est finie, Jamie-boy, et me battre et tuer étaient les seules choses que je connaissais depuis le début. Maintenant qu'on est de nouveau en paix, j'ai perdu ma raison d'exister. »

Le regard de James était fixé sur la grande roue de Ferris qui s'illuminait petit à petit, rayon par rayon. « Ça fait vraiment mal de t'entendre parler ainsi, Sirius. » Fourrant ses mains dans ses poches, James se tourna lentement vers Sirius et le fixa. « Je te l'ai déjà dit avant mais on sera toujours frères et tu auras toujours ta place avec nous. Je veux... »

« Maîtres Potter et Black ! »

« Fallon. » salua James en serrant fermement la main du nouveau venu.

« Chuis tel'ment content qu'vous soyez v'nus. J'espère que vous avez aimé ce que vous avez vu jusqu'à présent. » Fallon sourit, révélant par la même occasion ses trois dents manquantes. Il ressemblait plus à un clown qu'au propriétaire de la fête foraine, avec son nœud papillon orange flash et son costume jaune. Sirius supposa que c'était son meilleur habit, étant donné que ceci était une réunion d'affaires. Malgré les apparences et un très fort accent cockney, Fallon avait ce que de nombreuses personnes auraient appelé un talent avec les mots. « On a que'ques nouveautés cette année et comme vous pouvez l'voir, malgré l'temps, on a déjà pas mal de monde aux portes. » Il mena Sirius et James dans un coin plus sombre, loin des manèges et jeux brillamment éclairés. « Ça fait un moment qu'on vient à Londres et on espérait bien nous installer ici, 'vec vot' aide. Un cirque ambulant c'est chouette jusqu'à un certain âge, vous savez ? »

« Avez-vous prévu de nous assassiner dans une sombre ruelle, Fallon ? » plaisanta James, tandis qu'ils tournaient sur leur droite, loin des remorques et plus près d'une rangée de larges tentes. Contrairement à celles de la plupart des fêtes foraines, ces tentes n'étaient pas brillamment colorées et semblaient en quelque sorte assombries par l'aura qui les entourait. Il y avait une affreuse odeur de carcasse et d'excréments dans l'air; pas assez forte pour qu'on en étouffe mais persistante comme un mauvais souffle.

« J'vous emmène à not' nouvelle section, Maître Potter. » expliqua Fallen. « On l'a pas encore ouverte pour le public mais on espérait que votre généreuse donation nous aiderait à mener à bien not' projet. Vous voyez, on a découvert y'a un p'tit moment que not' public cherchait le frisson. Que'qu'chose qui fera arrêter leur cœur et leur donner un bon coup d'adrénaline. C'pourquoi on a décidé que c't'année, on ferait un truc spécial. C't'année, on repousse les limites et on leur apporte...ceci ! »

La respiration de Sirius se bloqua dans sa gorge quand Fallon souleva le pan de la tente.

Des bêtes. Des tas de bêtes dans des cages; et Sirius comprit enfin pourquoi l'air était si corrompu, ici. Elles étaient toutes parquées ainsi, empiétant sur le territoire l'une de l'autre, avec à peine l'espace suffisant pour les empêcher de s'entredéchirer à travers les barreaux. C'était comme être dans un asile, entouré par les cris de rage, les hurlements assourdissants des bêtes et les gémissements. Parmi toutes ces créatures, il y en avait que Sirius n'avait jamais vu ailleurs que dans des livres et, de plus, il avait le vague sentiment qu'elles étaient en voie de disparition et protégées par le Ministère. La plupart, Sirius le savait, ne venaient pas de Londres...ou même d'Angleterre.

« On les a rassemblé lors de tous nos voyages, au fil des années. » déclara Fallon, passant en revue le "contenu" de la tente avec fierté. « Nos dragons doivent êt' gardés séparément, bien sûr. Ça fout la trouille d'essayer de les maîtriser. Comme vous pouvez l'voir, chaque bête a été enfermée dans une cage prévue spécialement pour elle. On prend la sécurité très au sérieux et... »

« Bordel, il y a des humains là-dedans ! » s'exclama James, montrant du doigt une des cages qui se trouvait à l'extrémité de la tente. Sirius suivit rapidement James et, en effet, il y avait bien des humains, alignés dans deux cades isolées et habillés beaucoup trop pauvrement pour parer le froid. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« N'vous en faîtes pas, m'sieurs. » rit Fallon. « Les apparences sont trompeuses. Ces bêtes peuvent bien sembler humaines mais ce sont parmi les créatures les plus vicieuses que nous ayons; c'sont des loups-garous. »

Sirius les observa. Il n'avait jamais vu de loup-garou avant. Deux d'entre eux, une femelle et un mâle, étaient gardés dans une des cages. Une famille ou un couple, devina Sirius, à la façon dont ils se blottissaient l'un contre l'autre. L'autre cage ne contenait qu'une seule créature, plus petite que les autres et apparemment plus faible. Son visage était caché par une masse de cheveux trop longs et une barbe, un léger tissu en laine recouvrait son mince corps. Il était presque recroquevillé sur lui-même et, comme le couple dans l'autre cage, Sirius remarqua que lui aussi, évitait les coins.

« Les barreaux sont fait en argent pur, vous voyez. » continua Fallon. « La force d'un loup-garou est inimaginable. Même la femelle que vous voyez là est capable de casser net les barreaux quand elle est transformée. Mais l'argent, ça les brûle comme du feu. Ça nous a pris un peu de temps pour... »

Sirius se demanda s'il y avait la moindre possibilité que Fallon soit conscient du dégoût grandissant qu'exprimait le visage de James. Non pas que James ait vraiment voix au chapitre quant à la décision finale; il avait besoin du consentement de Sirius. Sirius fit abstraction de la voix de Fallon et regarda avec curiosité un des gardiens s'approcher de la cage du plus jeune loup-garou avec un large tuyau. Il faisait tourner sa baguette autour du bout du tuyau, murmurant ce qui devait être un sort, bien que Sirius ne parvenait pas clairement à savoir lequel c'était. Avec une aisance due à la pratique, une fois cela fait, le gardien alluma le tuyau et un puissant jet d'eau en jaillit, quelques gouttes perdues atteignant le visage de Sirius et le prenant par surprise.

« Bordel, mais qu'est-ce que vous faîtes ? » hurla James, pardessus le rugissement de l'eau. « Bordel de merde ! Arrêtez ça tout de suite ! »

« Calmez-vous, Maître Potter ! On est juste en train de le laver, c'est la procédure habituelle. »

Le jet d'eau frappait avec violence la créature, la forçant à sortir de son ancienne position fœtale et la faisant tomber sur le ventre. Ses cheveux brun clair couvraient son visage tandis que ses muscles se tordaient et luttaient pour se relever. Il avait l'air habitué à un tel traitement, pensa Sirius, tandis qu'il bataillait contre le torrent d'eau et se relevait péniblement.

« Je vous ai demandé d'arrêter ! Tout de suite ! » L'eau fut coupée presque instantanément, tandis qu'un gardien éberlué et Fallon fixaient James. « Putain mais c'est quoi ça ? Vous pensez être en train de faire quoi, bordel ? » grogna James, rangeant sa baguette dans sa poche. « Putain mais comment vous pouvez juste rester là à regarder alors que... »

« Vous confondez vos émotions avec c'que vous voyez, Maître Potter. » interrompit Fallon, faisant signe au gardien de partir. « Souvenez-vous que ce sont des bêtes qu'vous voyez, pas des humains. Des bêtes qui pourraient vous trancher la gorge sans même battre les paupières; surtout 'cui-là. 'Cui-là, c'est le plus imprévisible. On doit encore l'entraîner même pour manger quand on lui donne de la nourriture. Il attaque quiconque s'approche de lui et on songe même à le faire piquer. Alors refrénez votre sympathie, m'sieur ! J'peux vous assurer que... »

Sirius fixa la bête dans sa cage, tandis que son souffle se bloquait dans sa gorge. Il était hypnotisant de façons que Sirius ne pouvait expliquer mais qui l'attirèrent dangereusement près de la cage. Étonnamment, la bête ne lui prêta aucune attention, rejetant ses cheveux humides hors de son visage dans un mouvement rapide, presque animal. Ce ne fut que quand la bête ouvrit finalement les yeux que le cœur de Sirius se mit à battre plus fort dans sa poitrine.

De l'ambre. Comme du feu.

« Je le veux. » murmura Sirius, sentant le sang pulser à ses oreilles.

« Quoi ? »

Sirius se tourna vers James. « Je le veux envoyé à Grimmauld Place ce soir. Signe les contrats et procure-toi tous les documents légaux qu'il faut mais je le veux. »

Fallon et James le fixèrent, choqués. « Sirius, t'as complètement perdu l'esprit ou quoi ? Tu veux vraiment mourir à ce point ? T'as pas entendu Fallon ? Celui-là est imprévisible et dangereux ! »

Sirius haussa un sourcil, soudain irrité. « C'est le cadeau que Fallon me fait, comme un remerciement pour ne pas l'avoir dénoncé au Ministère. » Sirius eut un léger sourire, tandis qu'il laissait une main courir sur une des barres en argent. « Souviens-t'en Fallon, tous les sang-purs ne sont pas tombés dans le même niveau de corruption. Tu pensais vraiment que j'allais prendre part à quelque chose comme ça ? » Sirius éclata de rire, la capuche glissant de sa tête dans son accès d'hilarité. Il jeta un dernier regard à la bête avant de se tourner vers Fallon. « Ne me sous-estime pas. »

Je t'ai trouvé.


Et voici le prologue d'Exister ! J'espère que cette fic vous plaira autant qu'à moi et que ma traduction sera, sinon bonne, du moins correcte =) J'ai essayé de rester la plus fidèle au style original bien que j'ai dû changer quelques petites choses. Le titre "Existence" ne me paraissait pas vraiment beau en français (à mon avis, "Exister" possède un sens beaucoup plus profond) et "Amber Heat" était assez ardu à traduire. Chaleur d'ambre, avouez que ça ne casse rien...j'ai donc préféré "Feu d'ambre" car la traduction ne me permettait pas d'utiliser autant de fois le mot "chaleur" que dans la VO. L'accent cockney étant typiquement "londonien issu des milieux ouvriers", j'ai essayé de rendre ça en un parler moins soutenu plutôt que de m'échiner à trouver un accent français qui correspondrait plus ou moins au cockney (et en plus, je ne suis même pas française XD).

Comme on peut s'en douter...Exister est une fic dark. Comme l'a dit Children of the Shadows, elle change de son registre habituel (royale-de-luxe a brillamment traduit deux de ses fics, allez y jeter un coup d'œil si ce n'est pas déjà fait !) et, bien que ses autres fics soient de toute aussi bonne qualité, Existence a quelque chose de plus, à mes yeux. Peut-être le côté dark qui m'attire immanquablement...

Anyway, n'hésitez pas à commenter ! =)

Sorn