Disclaimer: Rizzoli & Isles ne m'appartient pas. Aucun profit n'est tiré de cette fanfiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des affaires existantes est purement fortuite.
Note de l'auteur: Je cherche encore et toujours la raison pour laquelle ce fandom est si peu exploité en français alors qu'il a de fervents défenseurs dans les pays anglophones. Peu importe, je me suis réveillée avec cette histoire dans la tête, qui ne demandait qu'à en sortir et, s'il n'a que deux lecteurs, ce sera déjà ça ;) Ce sera un two-shots.
Avertissements: Cette fiction comporte des scènes de violences graphiques, traitera de thèmes pouvant être dérangeants pour le jeune public. Merci de prendre en compte le rating, qui est élevé pour cette raison.
Bonne lecture!
Chapitre 1
La dernière chose qu'elle entend, c'est le claquement sec d'un Beretta que l'on amorce.
Avant que la détonation n'éclate dans l'air.
Avant qu'une douleur insupportable ne la traverse, ne lui donne l'impression qu'elle n'est plus qu'une immense pièce de chair à vif.
Avant qu'elle ne se laisse glisser dans l'inconscience sans résister, tout, tout pour ne plus ressentir ça.
Une seconde avant que sa tête ne heurte violemment le sol, elle parvient à se demander, vraiment, comment c'est possible que ça ait merdé à ce point.
Tout avait pourtant bien commencé…
OoOoOoO
48H plus tôt
Jane ouvrit un œil et grogna. Sans grand espoir, elle lança un oreiller dans la direction générale du bip suraigu.
Le réveil émit un couinement strident avant de se taire –probablement à tout jamais. Jane grogna de nouveau et se tira avec difficulté de la chaleur réconfortante de sa couette. Grimaça lorsque ses pieds nus touchèrent le sol glacé. Avança à petits pas prudents vers le séjour, soucieuse de ne pas réveiller Jo Friday et ses tendances bien trop enthousiastes pour un petit matin.
« Café, Café, Café, » marmonna-t-elle en farfouillant dans les placards. Elle fronça les sourcils quand elle le trouva caché derrière un paquet de biscottes suédoises périmées depuis environ un siècle.
« Maura Isles, je vais te tuer, » annonça-t-elle au sachet de café. Fort heureusement, celui-ci s'abstint de répondre, et Jane secoua la tête, peinant à retenir un gloussement. Maura avait décidé de mener une croisade contre le café instantané –croisade qui s'illustrait principalement par ses tentatives de cacher le breuvage offensant à chaque occasion qu'elle avait.
Elle pouvait encore entendre la déclaration hautaine de son amie, qui affirmait que « Le café instantané est un blasphème. Une hérésie. Je ne comprends pas que tu boives cette horreur, Jane. » En général, à cet instant précis, elle fronçait du nez, et son expression était si comique qu'elle ne manquait jamais de tirer un sourire à Jane.
Jane secoua la tête et soupira. Elle cajola sa tasse brûlante, laissa la porcelaine réchauffer ses paumes. Rassurée par la sensation si familière, elle profita de ce qui était certainement son dernier moment de détente avant de longues heures.
Comme pour lui donner raison, son mobile vibra contre la céramique du bar, un bourdonnement insupportable qui lui vrilla le cerveau de part en part. Jane soupira et posa sa tasse.
« Lieutenant Jane Rizzoli, » répondit-elle de sa voix la plus professionnelle.
OoOoOoO
Jane claqua la porte de sa voiture et se dirigea vers le petit attroupement qui s'était déjà formé à l'entrée de la ruelle. Elle tira sa carte de sa poche et l'agita sous le nez du policier qui empêchait les curieux de s'approcher de trop près. Passa sous le ruban jaune qui délimitait la scène de crime.
Frost l'accueillit d'un grognement qui lui indiqua qu'elle n'était pas la seule à souffrir de l'heure matinale.
« Qu'est-ce qu'on a ?, » demanda-t-elle.
Ce fut Vince qui lui répondit, un portefeuille dans la main.
« Timothy Klaine, trente-sept ans. Un gardien de nuit qui travaille dans des bureaux pas loin d'ici l'a trouvé il y a une heure. »
Jane observa la scène de plus près. L'homme était affaissé contre un mur, un trou propre au milieu du front. Elle fronça les sourcils. L'homme était vêtu d'un costume trois-pièce élégant et visiblement coûteux. Elle enfila la paire de gants que Frost lui tendait et regarda autour d'elle.
« Ou est Maura ? »
« Ici !,» lui répondit une voix essoufflée. Jane se retourna et sourit en voyant son amie avancer vers la scène, ses talons hauts claquant sèchement sur le sol humide. Comme à son habitude, Maura était sur son trente-et-un, vêtue d'un tailleur bleu ciel et d'escarpins noirs. Elle n'avait jamais vraiment compris le point d'honneur que mettait Maura à ressembler à une gravure de mode même sur les scènes de crimes, mais il fallait admettre que la jeune femme avait du goût.
« Longue nuit, Maura ?, » plaisanta Frost, et Jane ne put empêcher son estomac de faire un volte-face lorsqu'elle vit Maura rougir et hausser un sourcil en direction de Frost. Ce n'est pas de la jalousie, essaya-t-elle de se persuader, Je n'ai juste pas pris de petit-déjeuner ce matin.
Maura s'était penchée à son tour sur le corps et l'examinait, ponctuant son examen de petit « hm » entendus.
Jane se tourna vers Korsak, qui passait en revue le contenu du portefeuille de la victime.
« C'est curieux. Ce n'est pas le genre de cadavre que l'on ramasse dans le coin, en général. »
C'était vrai. Le quartier de Boston dans lequel ils se trouvaient était réputé pour être difficile, et il se passait rarement une semaine sans qu'on ne retrouve le corps d'une prostituée violée ou d'un dealer exécuté. Les costumes trois-pièces et les ongles soigneusement manucurés ne faisaient pas partie du paysage.
« Il y a un badge d'accès dans son portefeuille. Il travaillait en tant qu'ingénieur informaticien chez Boston Security, » répondit Vince d'un ton perplexe. « Qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici ? »
Jane soupira et jeta un coup d'œil au corps désarticulé qui gisait sur le sol.
« C'est à nous de le découvrir. »
OoOoOoO
La petite pièce était silencieuse, excepté les hoquets et les sanglots de la petite femme blonde, recroquevillée dans sa chaise, les bras croisés contre la poitrine. Les néons éclairaient sa peau d'une lueur blafarde.
« Avez-vous une idée de ce que votre mari faisait dans le quartier de Roxbury ?, » demanda Jane d'une voix douce.
La femme leva ses yeux rougis vers elle et secoua la tête.
« Non, » dit-elle d'une voix brisée, « je ne vois vraiment pas. Son lieu de travail est à l'autre bout de la ville, notre appartement aussi. »
« Avez-vous une idée de qui pourrait en vouloir à votre mari ? »
De nouveau, la femme secoua la tête, véhémente.
« Tim est…était un homme adorable. Il s'entendait bien avec tout le monde, ses collègues l'adoraient. Je ne comprends vraiment pas… » sa voix se brisa et un sanglot secoua sa poitrine.
Jane étendit la main à travers la table et saisit celle de la jeune femme. La serra doucement.
« Avez-vous remarqué quelque-chose d'inhabituel chez votre mari dernièrement ? Un comportement différent, peut-être ? »
Mme Klaine parut hésiter un instant. Elle prit une inspiration tremblante.
« Eh bien…il me semblait renfermé depuis quelques semaines, mais j'ai mis ça sur le compte de notre problème. » Au regard interrogateur de Jane, elle poussa un soupir tremblant. « Nous essayions d'avoir un enfant depuis plusieurs mois, sans succès. Je n'ai pas cherché plus loin. J'aurais dû…j'aurais dû savoir que quelque-chose n'allait pas…Lui parler… »
« Ce n'est pas votre faute, » répondit Jane. « On ne s'imagine jamais que ce genre de chose peut arriver. »
Les mots parurent plats, même à ses propres oreilles. Des mots rabâchés, scandés à des milliers de personnes.
Mme Klaine hocha la tête, mais bientôt, ses épaules furent secouées de violents sanglots.
Jane se leva et salua la femme endeuillée.
Le cœur serré, comme à chaque fois qu'elle voyait quelqu'un perdre un être aimé avec tant de violence.
L'incompréhension, toujours, qui rampait dans sa poitrine comme un charognard cruel.
OoOoOoO
Jane frissonna en entrant dans la morgue, aussi froide que la mort qu'elle renfermait. Maura était penchée sur le cadavre nu, retourné sur l'estomac et pudiquement recouvert d'un drap immaculé.
« Tu as quelque-chose, Maura ? »
« Une seconde, Jane, » répondit la légiste, une expression d'intense concentration sur le visage. Jane observa la petite ride qui apparaissait entre ses sourcils lorsqu'elle travaillait, et sentit un sourire étirer ses lèvres.
« Aha, je te tiens ! » s'exclama Maura d'un ton victorieux en brandissant une petite pince.
« La balle ?, » demanda Jane en s'approchant.
« Exactement. Elle a perforé l'os frontal, a traversé le cerveau de part en part et a été arrêtée par l'os pariétal. Cela suggère que la victime était déjà à terre lorsqu'on lui a tiré dessus. »
Jane s'approcha de la petite forme métallique, si petite qu'elle serait apparue presque inoffensive, si ce n'était le sang qui la maculait.
« Une balle de semi-automatique, » dit-elle. « Il faudra la faire analyser pour en savoir plus. »
En réfléchissant aux différents éléments dont ils disposaient jusqu'ici, elle regarda Maura glisser la balle dans un sachet en plastique stérile, regarda ses doigts précis refermer rapidement le zip.
Un informaticien travaillant dans une des entreprises de sécurité les plus prestigieuses du Massachussetts. Un quartier reculé, connu pour son taux de crimes à l'année, en hausse perpétuelle. Une balle en plein front, un trou bien net, presque chirurgical. L'utilisation probable d'un semi-automatique muni d'un silencieux. Un homme qui n'avait été dépouillé que de sa vie, affaissé sur un mur crasseux, le portefeuille en poche.
« Ca ressemble à une exécution,» dit Jane. Maura se contenta de lui jeter un coup d'œil et de lâcher un « Mm-mh » évasif avant de retourner à son observation.
« Oh, allez Maura, je sais bien que tu n'aimes pas présumer mais même toi, tu peux admettre que c'est évident. Le type a été abattu d'une balle dans le front, abandonné dans un quartier dans lequel il n'avait rien à faire, et il avait son portefeuille bien garni dans la poche. Ce n'était pas un meurtre crapuleux. »
« Je ne crois que ce que je vois, Jane, » répondit Maura d'un ton calme.
Jane sentit monter en elle l'irritation familière qui la prenait lorsqu'elle se trouvait confrontée avec le refus catégorique de pratiquer tout ce qui impliquait de supposer.
Irritation rapidement chassée, comme toujours, lorsqu'elle se rappelait du nombre de fois que cette capacité d'observer les preuves d'un œil pratique avaient sauvées des affaires au point mort. C'était pour cette raison qu'elles formaient une équipe qui fonctionnait : Si Maura était pragmatique et réfléchie, Jane, au contraire, était une impulsive qui aimait à se fier à ses instincts. Ce qui aurait dû être une relation rendue estropiée et dysfonctionnelle par leurs caractères radicalement différents avait été cimenté par une solide amitié.
Née de nulle part, vraiment. Un acte de bonté déplacé, un sourire de Maura, quelques mots de Jane.
Une évidence.
OoOoOoO
Elle sent le froid l'envelopper.
« L'hiver… » Pense-t-elle. Une pensée fugace, vague. Un de ces pensées venues de nulle part, qui se posent comme des feuilles frémissantes dans le vent.
Quelque-chose se brise en elle. Elle n'entend plus ce qui se passe à l'extérieur, elle ne voit plus les murs rendus grisâtres par la crasse et la pollution, elle ne sent plus la douleur dans sa poitrine. Elle n'entend plus le crépitement de la pluie, régulier, rassurant.
Juste le froid, l'odeur nauséabonde du sol sur lequel sa joue est collée.
Et elle comprend.
Elle a frôlé la mort à de nombreuses reprises, elle s'en est ri, elle s'est jetée trop souvent dans la danse. Sans hésitation. Presque avec délectation.
Cette fois-ci, c'est la bonne. Elle sent la vie s'échapper de son corps en même temps que le sang s'écoule de sa plaie sur la poitrine. Son cœur, son fidèle cœur, il ralentit rapidement. Il bat à ses tempes, vibrations erratiques. Affolées.
Les souvenirs assaillent Jane.
Elle pense à sa mère. Si agaçante. Une vraie mère poule, couvant ses enfants jusqu'à leur lieu de travail, bien trop consciente qu'ils pourraient perdre la vie à tout moment.
Elle pense à Frankie. Frankie, le petit frère, le loyal, celui à qui elle en a fait voir de toutes les couleurs et qui, pourtant, est toujours resté là. Avec elle, tout au long des années.
Tommy, le mouton noir, mais aussi son frère adoré. Tommy et sa capacité à se foutre dans les emmerdes en quelques secondes, le temps d'un « service » rendu ou d'une baise déplacée.
Sans qu'elle sache pourquoi, cependant, un visage domine les autres, une voix, un sourire, un souffle.
« Maura…, » s'entend-t-elle gémir. Ou peut-être est-ce dans sa tête. Car l'idée de ne plus revoir Maura lui est insupportable. Elle brise son cœur déjà blessé.
Ses rires, ses confidences, son optimisme sans faille. Son soutien.
Maura, son amie.
« Maura…Maura… »
Maura et ses étranges manies, son accent chic, si déplacé dans le milieu misogyne de la police. Maura la mal-aimée, qui cache ses blessures sous son optimisme de façade. Leurs disputes. Leurs longues discussions autour d'un verre de vin trop cher ou d'une bière trop amère. Les gloussements sous la couette lorsque, après une soirée bien arrosée, elles s'écroulent sur le lit et rient à en perdre haleine. Libres. Ensemble.
Maura, sa sœur.
Maura. Maura pour laquelle les sentiments de Jane sont passés par toutes les métamorphoses imaginables, hésitant sans cesse entre agacement et affection, entre amitié et tendresse. Plus tard, la tendresse s'est mêlé avec le désir, l'affection avec l'envie et Jane s'est retrouvée à devoir gérer cette masse informe de sentiments contradictoires, sans rien y laisser paraître.
Jour. Après. Jour.
Maura, son amour.
OoOoOoO
« Jane, tu es hautement inappropriée !, » lui lança Maura d'une voix qui semblait hésiter entre l'amusement et l'indignation. Jane se tourna vers elle et fit de son mieux pour arborer un visage innocent. Une expression rendue difficile par sa bouche pleine du muffin qu'elle venait de voler à un homme en pleine sieste sur l'une des tables de la cafétéria.
« Quoi ?, » marmonna-t-elle, « ce n'est pas comme s'il allait le manger, de toute manière. »
Maura secoua la tête. Jane vit du coin de l'œil la commissure de ses lèvres tressauter. Quasi-sourire, réprimé. Affectueux.
« Quel est le programme ?, » demanda Maura en acceptant avec gratitude la tasse de thé que lui tendait Angela. Jane avala sa bouchée avec difficulté et vida d'un trait la moitié de son gobelet de café.
« Je pense à rendre visite à Boston Security. Peut-être les collègues de l'homme pourront-ils m'en apprendre plus sur Timothy Klaine. »
« Je viens avec toi, » affirma Maura d'un ton sans appel. Jane hocha la tête, habituée à l'insistance de son amie à participer à chaque étape des enquêtes.
OoOoOoO
Lorsque Jane et Maura demandèrent à parler au supérieur de Timothy Klaine, l'agent d'accueil, efficace, les dirigea vers l'ascenseur. Elles descendirent à l'étage -2 ou elles furent accueillies par des agents de sécurité qui les firent diligemment passer au détecteur de métaux, avant de les escorter jusqu'à un bureau spacieux. Un homme les y attendait.
Sa poignée de main était ferme et, s'il était surpris de se trouver confronté à deux femmes, il ne le montra pas le moins du monde. « Anton Kovak, directeur du Service d'Innovation de Boston Security, » se présenta-t-il d'une voix suave. D'un geste, il les invita à s'asseoir dans de confortables sièges de cuir. Il s'installa confortablement dans le sien, les jambes croisées.
De hautes pommettes, des yeux enfoncés dans leurs orbites, des sourcils broussailleux, il avait un visage assez ingrat. Malgré cela, il se dégageait de lui l'aura charismatique des hommes habitués à traiter avec les journalistes et les forces de police. Il arborait un large sourire, un de ces sourires d'hommes d'affaires, tout en dents, mais qui n'atteignaient jamais ses yeux.
« Que puis-je faire pour vous, lieutenant ?, » demanda-t-il à Jane
« Connaissez-vous personnellement Timothy Klaine ? »
« Tim ? Bien sûr, » répondit l'homme sans se départir de son sourire « C'est un de nos meilleurs ingénieurs. C'est à lui que l'on doit notre toute nouvelle technologie d'alarmes à infrarouges. » Il fronça les sourcils. « Il n'a pas de problèmes, n'est-ce pas ? »
« J'ai bien peur que si, monsieur, » répondit Jane. « Il a été retrouvé mort ce matin. »
Le sourire disparut. L'espace d'un instant, l'homme eût l'air déstabilisé, comme s'il cherchait sur quel pied danser.
« Mon dieu. C'est terrible !, » finit-il par souffler. « Tim me paraissait pourtant en bonne santé... »
« Eh bien, techniquement parlant, il l'était, » annonça Maura d'un ton docte, « il aurait probablement vécu très longtemps si ce n'avait été la balle qu'on lui a tiré entre les deux yeux. »
Jane grogna et ferma les yeux.
« Maura… »
Anton Kovak avait pâli.
« Tim a été assassiné ? »
Jane hocha la tête.
« Comme l'a dit ma collègue avec tant de subtilité, » répondit-elle en fusillant Maura du regard, « Monsieur Klaine a été retrouvé à Roxbury, abattu d'une balle dans la tête. »
« Oh…je…c'est…regrettable…, » balbutia son interlocuteur. Son masque impassible s'était fissuré, et il semblait à présent nerveux.
« Timothy Klaine avait-il des problèmes liés à son travail ? »
« Non…non, pas du tout. Comme je vous l'ai dit, Tim était notre élément le plus brillant. »
« Et ses collègues ? »
« Eh bien…il ne s'est pas beaucoup lié avec eux, mais il est toujours resté aimable. Tim aimait à travailler en solitaire. Cela vient avec le métier. »
« Nous aimerions voir son bureau. »
L'homme se figea. Jane retint sa respiration, attendit avec résignation les mots mandat de perquisition.
« Bien sûr, bien sûr, » dit Anton Kovak en hochant brusquement la tête d'un air décidé. « Je vais vous l'ouvrir. »
Elles suivirent l'homme à travers un dédale de couloirs peu éclairés. L'écho de leurs pas résonnait aux oreilles de Jane, angoissant. Ils arrivèrent finalement devant une porte nue de toute plaque. Anton Kovak passa un badge devant le détecteur situé en lieu et place de la poignée. Un écran s'illumina à la droite du détecteur.
« Identification biométrique exigée » annonça une voix froide et robotique.
L'homme posa son doigt sur un écran. Après quelques secondes, un bip sonore se fit entendre et un nouvel écran fit son apparition, situé à hauteur du visage de l'homme. Anton Kovak se pencha légèrement, et une lumière rouge balaya son œil, de haut en bas puis de gauche à droite. Jane regarda avec une certaine fascination l'iris se dessiner en 3D sur l'écran.
« Autorisation accordée. Anton Kovak. Code d'accréditation : noir » émit de nouveau la voix métallique. Un claquement sec se fit entendre, et Anton Kovak poussa la porte du bureau. Il s'effaça pour laisser entrer Jane et Maura.
« Comprenez-moi bien, j'outrepasse totalement mes autorisations, » dit-il d'un ton où perçait l'inquiétude. « Chaque sujet étudié dans ces bureaux est strictement confidentiel. Vous devrez vous soumettre à une fouille en sortant, comme chacun des employés de Boston Security. »
« Bien entendu, » répondit Maura avec un sourire.
Jane regarda autour d'elle. La pièce était vaste et froide, dépourvue de fenêtre. Les murs étaient recouverts d'écrans plats. Un immense ordinateur trônait sur une table, pièce maîtresse de la salle. Dans un coin, un petit bureau croulait sous les papiers et les tasses vides.
Maura passait déjà les dossiers en revue, marmonnant des commentaires inaudibles. Jane se tourna vers Anton Kovak.
« Sur quoi travaillait Timothy Klaine en ce moment ? »
L'homme leva les yeux vers elle.
« Sur une toute nouvelle technologie de protection corporelle. Un logiciel contenu dans un bracelet. Il se base sur de nombreux facteurs, et permet de déceler si la personne qui porte le bracelet est sujette à une agression, et d'appeler les secours et les forces de l'ordre le cas échéant. Nous étions presque au point de test. » Il soupira. « Maintenant, je suppose que nous allons devoir repousser les dates. »
Impressionnée malgré elle, Jane hocha la tête.
« Et la concurrence ?, » demanda soudain la voix de Maura, quelque part derrière elle, faisant violemment sursauter Jane.
« Nous avons eu quelques problèmes récemment. Des fuites ont permis à la concurrence d'apprendre ce sur quoi nous travaillions. C'est en grande partie la raison pour laquelle je vous ai autorisé à rentrer dans le bureau, car il n'y a rien que vous pourriez apprendre en le fouillant que le monde de la sécurité ne sache déjà. Le reste est dans les ordinateurs. Toujours est-il que depuis, nous avons eu affaire à plusieurs tentatives d'infiltration, notamment par le Massachussetts Safety Center. Fort heureusement, jusqu'ici, elles ont toutes été tenues en échec.»
Maura et Jane échangèrent un regard entendu. L'affaire commençait à prendre une tournure bien trop familière.
OoOoOoO
Jane expire. Un gargouillement lui parvient de ses poumons. L'impression que son souffle balaie sa poitrine d'une langue de feu la fait gémir tout haut. Plus que quelques minutes et tout sera fini, songe-t-elle. Pour la première fois, elle a envie de mourir. Hâte que la douleur cesse, que le temps s'arrête.
Et soudain, tout change. Dans le brouillard de son cerveau endolori par la souffrance, elle entend une voix, tout près de son oreille.
« Jane…Jane je t'en prie, réponds-moi… »
La voix est rassurante, familière, malgré son ton paniqué.
« PAR ICI, JE L'AI TROUVÉE, VITE ! » hurle la voix, plus éloignée.
Elle sent des mains fraîches se poser sur son cou, chercher son pouls. D'autres voix, embrouillées, trop fortes.
Jane bascule, clamée par l'obscurité si attractive, ponctuée d'étoile. La douleur s'efface, peu à peu.
Avant de se laisser glisser dans ses bras brumeux, elle croit entendre la voix crier son nom.
Puis il y a la chute. Interminable.
à suivre...
