Un petit OS qui m'est venu à l'esprit un après-midi d'été d'une chaleur suffocante... Ça fait du bien d'écrire de nouveau en français.
Elle était d'une répugnante pureté. Vierge des vices de tous les hommes, Elle était assise sur Son trône de lumière au-dessus de la masse noire et rugissante des pécheurs, intouchable, intouchée, portant Son regard cristallin sur les plus vils d'entre eux avec indulgence et pitié.
Il était Son complet opposé, le plus hideux des Hommes, sali, corrompu par tout ce qu'Elle n'avait jamais voulu toucher. Pour Lui, et pour Lui seul Son regard se remplissait-il de haine lorsqu'Elle Le regardait, une attention qui n'en était pas une, mais le signe d'un lien intangible, indésirable, éternel. Elle ne Le haïssait pas pour Ses actes immondes, non. Plutôt pour ce qu'Elle savait caché dans les plus sombres tréfonds de Son esprit perverti, et ce qu'Elle savait enfoui au fond du gouffre de Sa propre âme.
Un désir partagé, une envie, un fantasme. Un rêve, rien de plus, mais qui les unissait là où rien n'aurait dû les rassembler.
Car l'un sans l'autre Ils n'étaient rien et, ensembles, Ils pourraient enfin Se détruire.
« N'as-tu jamais voulu être reine? Régner sur tous les hommes, les avoir à tes pieds, tenir leurs destins dans le creux de tes mains? N'as-tu jamais voulu sentir leurs cœurs battre, en sachant que tu pouvais les arrêter d'un simple regard? Oui… Oui, je vois dans tes yeux que cela a traversé ton esprit. Mais tu as tout de suite renoncé, n'est-ce pas? Non, ne répond pas, tes yeux parlent pour toi. Bien sûr, toi, toi, tu ne pouvais pas avoir ce genre de pensée. Un esprit aussi… immaculé que le tiens, te disais-tu, ne peux concevoir de telles choses… Mais c'était là, une graine, que tu as sans le vouloir laissée pousser dans ton subconscient, une plante indésirable qui s'est vite transformée en arbre, sans que tu ne puisses l'arrêter, un arbre qui a étendu ses branches, avant de planter ses racines, profondément, trop profondément pour que tu ne puisses le couper, le brûler, et effacer tout souvenir de son existence… Ainsi aurais-tu dans le cœur un soupçon d'avidité, une once de colère, une soif de pouvoir si longtemps tue que ton corps se meurt alors que tu continues à l'ignorer, toi, l'incorruptible, l'inflexible, la pure… »
Le claquement d'une main contre une joue le fit taire, et le silence soudain gronda comme un coup de tonnerre dans la grande pièce vide, assourdissant, étouffant. Pourtant ils refusèrent de plier, l'un comme l'autre refusant de concéder la victoire, les lèvres de l'une compressée en une mince ligne, blanchies de colère, alors que l'autre ne cachait pas son odieux sourire. Finalement, le tressaillement d'une paupière, un soupir, et elle tourna vers lui son regard aussi bleu que l'océan qu'il avait toujours voulu voir, une lueur qu'il connaissait trop bien brillant dans ses yeux de saphir alors que ses lèvres s'entrouvraient pour que quelques mots s'en échappent, fatidiques, impossibles à retenir.
"Oui," murmura Zelda du bout des lèvres. "Je serai ta reine, Ganondorf."
