L'action se situe fin saison 3. Il manquait quelque chose pour parfaire cette saison. J'ai tenté de palier cet oubli.
En aucun cas cette fic fait le lien avec la 4. Je me suis inspirée d'un épisode comme point de départ pour ensuite partir… loin, très loin. En live, peut-être. ^^
- Et celui-ci ?
- Il a le regard mauvais, remarqua-t-il. Et vous avez vu cette broussaille de poils à l'échancrure de son tee-shirt ? Il va vous falloir un sécateur. Cet homme ne lit donc pas les magazines de mode ? Le style néandertalien est totalement désuet.
- Parce que vous, vous les lisez ?
- Non… mais disons que j'arrive à suivre la mode par l'intermédiaire des sites de charme.
Cuddy cliqua sur la souris et détailla la photo suivante.
- Celui-là me parait bien. Quarante cinq ans, pédiatre, vit à l'écart de la ville, passionné de chevaux et adore par dessus tout la peinture. Qu'en dites-vous ?
Il s'approcha de l'écran avec un intérêt soudain.
- C'est tout à fait le genre qu'il vous faut.
Pour la première fois, House émettait un avis favorable sur un candidat. Durant deux heures, Cuddy n'avait entendu qu'un tissu de moqueries allant du paumé divorcé jusqu'au violeur présumé. Elle ne méritait pas de payer un aussi lourd tribut. Cuddy n'avait commis aucune erreur ou perdu aucun pari pour en être arrivée à consulter un site de rencontre en sa présence. Elle estimait son bureau comme une propriété privée où personne n'avait le droit d'entrer durant son absence. Ce qui paraissait normal pour tout le personnel de l'hôpital, l'était nettement moins pour House. Appelée pour une urgence, elle avait laissé son ordinateur ouvert sur la page de ce site. Une fois revenue, elle avait eu la mauvaise surprise de le voir assis dans son fauteuil.
Un couple en passe de divorcer n'aurait pas fait mieux comme dispute. Cuddy plaida la violation de son intimité et House fit appel à un sens du devoir bien étrange. L'ayant sollicité récemment pour le choix d'un donneur de sperme, il considérait son aide inachevée. Elle se serait bien passée de son assistance pour choisir l'homme de ses rêves mais il l'avait menacé de dévoiler toute l'affaire au grand jour. Dans la sagesse des vieux couples, les compromis étaient souvent plus appréciables que la rupture. Cuddy ne le croyait pas capable de faire une chose pareille mais la manière dont il l'avait regardée, le doute s'était alors installé. Un regard fixe avec sur les lèvres un sourire narquois étaient des signes avant-coureurs d'une machination prête à se mettre en marche. Elle avait préféré ne prendre aucun risque pour sa réputation et avait cédé à sa demande.
Elle avait laissé House entrer dans sa vie privée où lui seul était au courant de certains aspects de ses désirs. Aujourd'hui, elle regrettait de s'être livrée à lui.
- Son côté chevalin m'emballe déjà, ironisa-t-il. Et puis c'est un artiste. Je vous imagine poser nue dans son écurie les pieds dans le purin. Je vous préviens à l'avance, j'achète la toile.
Prenant un air inquiet, il ajouta :
- J'espère qu'il ne fait pas dans le cubisme.
Cuddy prit son bloc-notes posé sur le bureau.
- Que faites-vous ? Questionna-t-il.
- Il me plait ce Josh Atkins, dit-elle en notant les coordonnées.
- Vous plaisantez ?
- Il faudrait être difficile pour ne pas craquer.
House regarda une nouvelle fois la photo.
- Mais il n'a aucun charme.
- Si vous considérez que Robert Redford n'a aucun sex-appeal alors effectivement ce Josh doit vous paraître bien fade.
- Un beau ravalement peut réparer une devanture pourrie. Regardez ses traits. On ne voit pas très bien sur la photo mais j'arrive à distinguer un étirement de ses pommettes. La bouche et le cou ont également subi un déplissage. Et ça ne m'étonnerait pas non plus qu'il ait fait quelques injections de Botox sur les rides de son front puisqu'il n'en a aucune. Il est factice votre Redford !
Elle déchira la feuille et la plia soigneusement.
- Le jeu est terminé, House. Vous pouvez rentrer chez vous.
Elle regroupa ses affaires éparpillées sur son bureau et se pencha pour prendre son porte-documents.
- Vous n'êtes pas sérieuse, sourit-il. Vous n'allez pas appeler ce gars là ?
- La suite ne vous concerne plus, dit Cuddy en sentant l'agacement monter en elle.
- Et puis c'est un toubib ! Toute la journée vous êtes entourée de médecins. Il ne va pas vous changer de votre train-train quotidien. Vous passerez vos soirées à lui parler de vos cancéreux et lui d'acné juvénile ? Préparez-vous à vivre un amour passionnel, Cuddy.
House était toujours assis alors qu'elle enfilait son manteau. Elle s'arrêta avant de dégager ses cheveux du col.
- Pourquoi êtes vous si négatif ? Vous n'avez pas cessé de démolir tous ces hommes en vous basant uniquement sur leur apparence. Votre objectivité est votre marque de fabrique, House. Où était-elle ce soir ?
Elle s'approcha du bureau et posa ses mains dessus.
- Vous l'avez perdue car quelque chose doit vous déranger, continua-t-elle. Je suis persuadée que vous ne m'avez pas imposé votre aide uniquement pour vous amuser. Et à en croire votre comportement, je dirais plutôt que vous êtes jaloux de tous ces hommes.
- Jaloux ? Vous dites n'importe quoi ! Ce sont tous des ringards !
- Parce qu'ils affichent ouvertement leurs sentiments ? Parce qu'ils osent montrer leur solitude affective et veulent changer cet état de fait ? Je ne vois qu'un seul ringard ici. Vous.
Elle se pencha pour mieux appuyer sa demande.
- Rendez-moi service, House.
Elle avait réussi à lui faire perdre de sa suffisance. Elle perçut même de la gêne dans son regard.
- Pensez à éteindre la lumière lorsque vous sortirez de mon bureau.
Cuddy lui tourna le dos et partit avec sur les lèvres l'esquisse d'un sourire. Pour parfaire sa victoire, elle accentua légèrement son déhanchement en sachant qu'il ne manquerait pas de la regarder. Qu'il était bon parfois de le remettre à sa place, se dit-elle.
