Titre : Miroir, miroir joli, dis-moi …

Auteur : Rieval

Genre : slash – drame – Cycle « Miroir ».

Spoiler : saison 1.

Note : les phrases en italique indiquent des flashbacks.

Résumé : retour difficile à la réalité pour Rodney. John pourra t-il l'aider ?

Ce semi OneShot pose les bases du troisième opus de ma petite série "Miroir" (snif, j'aurais besoin de Teli pour le titre ...), à vous de trouver lesquelles (je suis sûre que vous y arriverez coz' que vous êtes supramégafortes les filles !)

Disclaimer : si je pouvais racheter les droits de SGA, ma première action serait de virer les producteurs, les scénaristes, les créateurs de costumes (beurk !), etc. mais comme mon compte en banque est à sec, je suis obligée de subir épisodes après épisodes, la lente agonie de ma série préférée, snif !

ooOOoo

Rodney soupira pour la énième fois. Il fixait le plafond de l'infirmerie. Etrange, c'était à deux petites irrégularités près, le même que sur … Il ferma immédiatement les yeux. Ok, penser à autre chose comme par exemple, par exemple …

John.

Oui, penser à John, à ses lèvres chaudes pressées contre les siennes, à son souffle rauque contre son cou, ses mains qui …

les mains de Sheppard tiraient sur ses vêtements, le bruit du tissu qui se déchire produisant un son terrible, un son qui emplissait tout l'univers de Rodney. Rodney essaya de repousser les mains ce qui lui valu une gifle magistrale qui envoya sa tête rebondir sur le matelas, il agrippa l'élastique de son pyjama d'une main dans l'espoir de retarder un peu l'inévitable et posa l'autre sur celle de Sheppard, enfonçant ses ongles dans la chair. La réaction de ce dernier ne se fit pas attendre, il secoua Rodney comme s'il était une poupée de chiffon et Rodney lâcha prise, il sentit le pantalon de son pyjama glisser le long de ses jambes …

Rodney poussa un cri et se releva dans son lit, la respiration coupée, le cœur battant et menaçant de s'échapper de sa poitrine. Ses oreilles bourdonnaient et tout autour de lui la pièce dansait une valse endiablée. Il fallait qu'il se calme ou bien il allait encore s'évanouir. Il en avait plus qu'assez de cet état de panique constant. Il fallait que cela cesse !

Il ferma les yeux et força sa respiration à ralentir, les bourdonnements cessèrent et la pièce arrêta de tourner. Bien, maintenant s'il pouvait juste fermer les yeux et dormir, juste dormir … pas de rêves, pas de cauchemars … seulement dormir. Il soupira et se rallongea.

Il comprenait ce qui lui arrivait : PTSD (1) mais il ne parvenait pas à analyser le pourquoi. Lorsqu'il était revenu à lui sur Atlantis bis, il avait été trop désorienté, trop choqué pour ressentir quoique ce soit, et il avait été relâché juste pour assister à la cérémonie funéraire de Carson ; revenu sur Atlantis, son Atlantis, il se rappelait être allé voir John, il se rappelait l'avoir embrassé, il se rappelait de la nuit qu'il avait passé dans les bras de John, juste ça, il s'était endormi dans ses bras et réveillé dans ses bras, mais depuis …

Rodney se retourna sur le côté, rabattant les draps sur sa tête. Depuis cette nuit, tout était allé de mal en pis. Il soupira et aperçu son reflet dans le moniteur cardiaque qui se trouvait près du lit, un reflet déformé donnant à son visage une apparence grotesque.

Grotesque … Rodney savait qu'il n'était pas une « reine de beauté », une peau trop blanche, une chair trop flasque, un peu « trop » de tout et de rien en fait. Alors pourquoi ?

Pourquoi Sheppard était-il si obsédé ? Et même Teyla ! Teyla, une des plus belles femmes qu'il connaisse, Teyla était elle aussi tombée sous le charme. Ok, ce n'était pas vraiment de lui qu'il était question, sauf avec Sheppard. Sheppard avait souvent menacé Rodney bis mais il ne l'avait jamais agressé sexuellement, alors pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il avait que son double ne possédait pas ? Qu'est-ce qui avait fait basculer Sheppard dans la folie ? Il avait tué Carson juste pour le … pour pouvoir le …

« NON ! »

Non. Rodney refusait de se souvenir, il ne voulait pas se rappeler, revoir …

une tâche brune, non pas brune, rouge, une tâche rouge, rouge sur le sol blanc, rouge sur la blouse que portait … qui ? Et quoi ? Qu'était cette tâche ? Rodney avait mal à la tête et était fatigué, il avait du mal à se concentrer. Aller cerveau, un peu de courage … mais il n'y avait rien à faire, rien sauf fixer cette tâche, si rouge, rouge sur fond blanc …

« … non … »

Rodney sentit les larmes couler sur ses joues. Il les essuya d'un revers brusque de la main. La mort de Carson était sa faute. Il était resté là, allongé, incapable de bouger, incapable de réagir, alors que Carson se vidait de son sang sous ses yeux, Carson qui s'était sacrifié pour lui.

Il ne comprenait rien de ce qui s'était passé. Il ne comprenait pas davantage les actes de Carson que ceux de Sheppard. Rodney savait juste qu'il était responsable de tout ce qui était arrivé, il avait du faire, ou dire quelque chose, ou simplement, c'était ce qu'il était. Son regard tomba à nouveau sur le reflet dans le moniteur.

Ce qu'il était … sur Terre, il était un scientifique reconnu, parfois envié, souvent craint, mais certainement pas le genre d'homme pour lequel on devenait fou d'amour, ou fou tout court, et encore moins quelqu'un pour lequel on se sacrifie. Alors qu'est-ce qui avait changé ?

Rodney ferma les yeux et repensa à cette nuit passée avec John, et surtout au réveil désastreux.

Rodney se sentait bien, au chaud, en sécurité à mi-chemin entre sommeil et conscience. Il poussa un petit gémissement de contentement et puis quelque chose le frôla. Juste ça, un frôlement, quelque chose de doux sur sa nuque. Un frisson le parcouru, chassant l'impression de bien-être sans le réveiller complètement. Et le frôlement s'intensifia pour devenir un toucher … Une caresse sur son cou, une autre sur son torse, et plus bas … et Rodney se réveilla, hurlant et frappant la main qui cherchait une fois de plus à le posséder, qui s'apprêtait certainement à griffer et à meurtrir … il frappa à l'aveuglette, son sang jouant au tambour dans ses tempes, nonnonnonnon, il refusait, cette fois, il allait se défendre ! Mais bien sûr, son corps avait décidé de le trahir, une fois de plus, et malgré les coups qu'il donnait, il se sentait faiblir, des mains se refermèrent sur ses biceps, il cria une dernière fois et puis plus rien …

Il s'était réveillé à l'infirmerie, veillé par John. John qui arborait un superbe coquard.

Comment avait-il pu les confondre ? Comment avait-il pu un seul instant croire que c'était Sheppard qui le tenait dans ses bras ?

Sheppard … John.

Il avait été si stupide. Comme s'il suffisait d'appeler le monstre par son nom de famille pour tout résoudre ! C'avait juste été un moyen de défense, prononcer le nom de John le rassurait, lui procurait un sentiment de familiarité, presque d'intimité avec l'homme qu'il aimait alors que Sheppard était un étranger, il aurait tout aussi bien pu l'appeler par son numéro d'immatriculation.

Sheppard, le fou, John, le sauveur.

Jamais plus il n'appellerait John par son nom de famille (2), ce dernier était sali à jamais, il était John, juste John. Rodney sourit, oui, John serait sa miséricorde, son dieu à lui (3). Quant à Sheppard … Rodney frissonna. Devait-il dire à John la vérité sur ce dernier ? Lui révéler que Sheppard était … Non. A quoi cela servirait-il ? Juste à rendre John encore plus malheureux, il culpabilisait déjà assez comme ça. Un énième soupir lui échappa. Il se remit sur le dos et retourna à l'inspection du plafond.

John …

Le pauvre, il lui avait fait une belle frayeur ! Rodney avait eu une crise de panique, incapable de distinguer le passé du présent, les bras de Sheppard de ceux de John. Et on en revenait au PTSD. Carson et Elisabeth avaient bien sûr insisté pour qu'il voie Heightmeyer. Il avait essayé de se confier à Kate mais ça ne venait tout simplement pas, il était incapable de verbaliser ce qui lui était arrivé ou ce qu'il ressentait.

Il n'avait rien dit à John mais il sentait que ce dernier savait, en tout cas, il se doutait manifestement de quelque chose. Ceci dit, la manière dont Rodney avait réagi lorsqu'il l'avait touché ce matin là était une preuve tout ce qu'il y avait de plus concluante. Il suffisait d'additionner deux et deux pour comprendre ce qui lui était arrivé, et John était loin d'être un homme stupide, donc, il avait du faire l'addition. A moins que Carson lui ait parlé ? Non. Serment d'Hippocrate et tout ça, Carson n'aurait pas dévoilé quelque chose d'aussi important, d'aussi intime.

Lorsque le médecin écossais l'avait examiné ce matin là, il avait été difficile pour Rodney de lui cacher la vérité mais il était sûr qu'il n'avait rien dit.

Re-soupir et re-retournement dans le lit.

Rodney en avait assez d'être dans ce fichu lit malheureusement son subconscient avait décidé de jouer les rebelles. Non seulement, Rodney ne supportait plus qu'on le touche, à l'exception peut-être de Carson, mais en plus il avait des flashbacks au moment les plus inopportuns, flashbacks que n'importe quoi, un son, une odeur, une couleur, déclenchaient. Rodney enfonça son visage dans l'oreiller. Il se sentait complètement prisonnier des souvenirs, comme s'il vivait dans un cauchemar permanent, un cauchemar qu'il vivait tout éveillé.

Mais par-dessus tout, il se sentait cassé. Il avait été un jouet pour Sheppard et comme un enfant capricieux, ce dernier avait joué un peu avec lui avant de le briser. Et Rodney doutait que l'on puisse recoller les morceaux, le recoller lui.

Il se sentait si inutile maintenant : il ne pouvait même pas travailler alors à quoi servait-il ? Comment pourrait-il aider l'expédition ? Apporter sa pierre à l'édifice. Il avait toujours vécu pour ses recherches, pour découvrir, comprendre, chercher des réponses, et maintenant tout cela était perdu.

Il était vraiment fichu, bon pour la casse.

Et il allait aussi perdre John. Ce dernier n'attendrait pas éternellement, il finirait par se lasser de le sentir sursauter à chaque fois qu'il le touchait, quant à l'idée d'avoir des relations sexuelles, elle rendait tout bonnement Rodney malade. Oui, il allait perdre John certainement pour la première superbe créature sur laquelle ce dernier poserait les yeux. Rodney tendit la main vers la paroi glacée du moniteur et toucha son reflet. John méritait ce qu'il y avait de mieux, un beau visage, une belle âme. Quelque chose de ... de pur, pas comme lui. Sa main retomba lourdement sur le lit.

Sheppard avait gagné en fin de compte, Rodney lui appartenait, il l'avait marqué comme sa possession, une marque indélébile.

Une nouvelle traînée de larmes roula sur ses tempes et glissa dans son cou. Cette fois, il ne les essuya pas, se contentant de sangloter en silence.

TBC (pfiouyouyou, pas jouasse le Roro, mais Johnny n'est pas loin ...)

(1) PTSD : post traumatic stress disorder (voir explications sur Wikipédia).

(2) Mon Dieu faites que dans la série, Rodney n'appelle jamais Shep, John ! Je trouve génial (quoique je ne m'explique pas pourquoi c'est le cas) qu'il insiste pour l'appeler Sheppard, ou lorsqu'il est un peu contrarié, Colonel, c'est juste que c'est si McKayen, ce refus de l'intimité que j'adore ça ! D'autant qu'il appelle Teyla et Ronon par leur prénom, idem pour Radek, Elisabeth, Carson … c'est juste très révélateur de, bah, je ne sais pas de quoi, mais ça l'est, c'est tout ! LOL.

(3) Jean de l'hébreu Yohänan, « Iavhé (Dieu) est miséricordieux ». Il se décline en John, Jehan, Johannes, Johann ...

Petite explication sur le titre : il y a plusieurs versions du fameux « miroir, miroir » notamment « miroir, miroir en bois d'ébène, dis-moi, dis-moi que je suis la plus belle » et « miroir, miroir joli, qui est la plus belle du pays ? », j'ai fait un mix !