One Shot (de 2 chapitres!) sur la rencontre entre Janine Hathaway et Ibrahim, et sur la nuit de la conception de Rose ;)

Pour ceux qui ne connaissent pas Vampire Academy, il faut juste savoir qu'il y a trois espèces : les Moroi (vampires "gentils" qui se nourrissent des sources=des humains accros à leur morsure), les Strigoi (vampires "méchants" dont le but est de tuer tous les Moroi ou encore mieux de les transformer en Strigoi. Ils boivent jusu'à la mort) et les Dhampirs (mi-Moroi, mi humains (ou mi-moroi mi-dhampir) qui ne craignent pas le soleil et sont rapides et musclés, ils assurent donc la protection des Moroi contre les Strigoi).

Attention ! Même s'il y a des choses vraiment empruntées à Richelle Mead (la taille de Janine, Capadoccia etc.) c'est moi qui ai créé l'univers de la rencontre. Les noms (Evan, Michael, Anthony etc.) sont inventés et je suppose que dans l'esprit de R. Mead cela ne s'est sûrement pas passé ainsi. C'est vraiment de la fiction ;)


Le vent fouettait mes cheveux et l'iode piquait ma peau blanche d'une manière désagréable. Je n'aimais pas la mer méditerranée, il faisait trop chaud –même si nous étions en pleine nuit- et l'environnement m'oppressait. Je préférais sans hésiter le climat d'Europe du Nord où j'étais née, même si je n'en avais que très peu de souvenirs. Je respirais un grand coup, et c'est ce moment que choisit une bourrasque un peu trop téméraire pour s'infiltrer dans mes mèches auburn. Je devais ressembler à une folle désormais, mais je n'avais pas eu le cœur de couper mes cheveux. Pas encore, me répétais-je tristement… L'échéance arriverait bien un jour, et j'étais résignée. Je m'étais fait la promesse de passer chez le coiffeur lorsque je tuerais mon premier Strigoï. Pour être honnête, je redoutais autant que j'espérais ce jour. L'entraînement, l'école… cela me semblait loin et futile en comparaison à cette première expérience, bien réelle. C'était une lutte de tous les instants, et encore j'avais la chance de travailler en binôme. Je pensais à Shawn qui était seul pour assurer la protection de la petite dernière des Ivashkov, Sarrah. Shawn, son corps robuste et musclé, ses mains puissantes qui savaient ce qu'elles faisaient, que ce soit lors d'un combat ou lors…

-Hathaway !

Je me retournais pour contempler le royal auquel j'avais été assignée, ma charge, mon boulet. Evan Szelsky. Dire que j'étais ravie de le retrouver après l'école aurait été une antiphrase. Celui qui s'était chargée de répartir les nouveaux gardiens n'aurait pas pu me choisir pire. Ma main se posa ostensiblement sur mon pieu d'argent. Je n'avais aucune intention de blesser le Moroï dont j'assurais la protection, mais s'il s'approchait d'un peu trop près, une arme de dissuasion serait la bienvenue.

- Oui ?

J'étais son gardien éloigné, mais il ne pouvait pas s'empêchait de venir me taquiner.

- Ca te va bien, cette nouvelle coiffure…

J'essayais maladroitement de remettre mes mèches folles en place, mais elles avaient décidé d'agir de leur propre chef aujourd'hui. Evan s'approcha d'un ton assuré, mes phalanges se crispèrent sur mon pieu. Il était plus grand que moi, beaucoup plus grand. Il faut signaler que je mesurais 1m52, et que les Moroï sont grands par nature. Inutile de préciser que, sûrement pour le plaisir de me contrarier encore plus, Evan comptait parmi les plus grands de son espèce. Au bas mot, plus de 40 centimètres nous séparaient. Il n'était plus qu'à un pas ou deux de moi, sa tête se pencha et son sourire séducteur étira son visage. Ses prunelles vertes me jetèrent un regard qui aurait déclenché ma fureur si je n'avais pas dû protéger ce Moroï. Quel malheur que je ne puisse plus le remettre à sa place comme j'avais l'habitude de la faire à l'académie. Son air lubrique me donnait la nausée, ses cheveux bruns savamment négligés, ses fringues de marque… Je rêvais de le baffer et à la place, je devais m'assurer qu'il ne lui arrive rien.

-Tu es muette maintenant ? La vraie vie, ça te change de l'école, n'est-ce pas ? Tu sais QUI a le pouvoir désormais…

Ils passent avant tout. Ils passent avant tout. Ils passent avant tout. Cet abruti ne me ferait pas craquer, il en fallait bien plus que ça. J'étais sans le moindre doute la meilleure novice, à moi de prouver que j'étais également une excellente gardienne. Garder le contrôle était l'une des clés, et ce n'est pas ce clown de près de deux mètres qui me feraient perdre mon sang-froid, de même que la finalité de ma mission. Je ne l'aimais pas, ni lui ni son badinage douteux, mais s'il fallait donner ma vie pour ce garçon, je le ferais sans hésiter. Ils passent avant tout. Je n'avais ni le droit ni l'envie de remettre en question ce credo, j'y croyais sans concession.

Sa main frôla ma joue et il me lança une pichenette.

-Allez, c'était plus marrant quand tu réagissais !
-Il faut croire que l'un de nous a grandi et est passé à l'âge adulte.

Si je ne pouvais pas le frapper et pas réellement l'insulter, je n'allais pas non plus me laisser faire. Sean, un gardien d'une trentaine d'années approchait. C'était mon binôme, le gardien rapproché de l'imbécile qui se tenait face à moi. Il était très compétent, comme le prouvait les nombreux tatouages Molnija qui ornaient son cou et il adoptait facilement une attitude paternelle avec Evan… et moi. Nous venions tous les deux de quitter l'école, Evan avait 18 ans alors que je venais de fêter mes 19. Cette différence d'âge, due à mon entrée tardive à l'académie, le mettait hors de lui, comme il me le rappela à cet instant :
- Ne me fais pas croire que tes quelques mois supplémentaires te donnent une quelconque légitimité. Ici, c'est moi le Moroi que tu dois protéger, c'est moi le maître à bord.
- Le maître à bord aurait-il la gentillesse de nous informer si on accoste ici ou si on continue la croisière jusqu'au petit matin ?

Sean avait interrompu notre discussion qui aurait forcément très mal tournée. Enfin, je serais restée impassible, mais ce grand dadet aurait fini par faire un geste malheureux. Du genre un baiser volé, une main mal placée… Et qu'aurais-je pu faire ? Ma réputation me suivait, mes frasques avec mon grand ami ténébreux, Shawn, me collaient à la peau comme mes bons résultats. Et certains Moroï en avaient déduit que j'étais une fille facile. C'était faux, Shawn était le seul qui ne m'ait jamais touchée, mais dans ce monde d'apparences et de rumeurs, les bruits de couloirs faisaient foi. Et se faire surprendre complètement dévêtue dans la chambre d'un dhampir… c'était assez malvenu.

Evan répondit qu'on s'arrêtait là, en effet. Il ne voulait pas prendre le risque de naviguer le jour, n'ayant aucune envie d'affronter le soleil en cas d'accident ou d'une mauvaise aventure. Cela ne le tuerait pas, mais je n'avais pas non plus envie de nager avec un Evan Szelsky affaibli sur mon dos. Nous descendîmes du bateau qu'Evan avait loué pour la croisière. Il avait décidé de s'accorder une bonne quinzaine de jours de vacances avant de retourner à la cour royale Moroï commencer ses affaires. La Mer méditerranée l'avait attiré, ne me demandez pas pour quelle raison, j'avais du mal à trouver un quelconque intérêt pour cette région chaude, moite et pleine de moustiques. Nous avions atterri à Athènes avant de prendre le yacht, et Istanbul était notre première étape.

Lorsque je posais le pied au sol, et même s'il était à 5 heures du matin, je sentis la frénésie de la ville s'emparer de moi. Istanbul ne donnait pas l'impression de dormir, le port était loin d'être vide, les pêcheurs matinaux croisaient les touristes qui rentraient de soirée et autres passants dépareillés. La foule mit tous mes sens en alerte. Evan était le seul Moroi de sang royal, mais il avait amené un de ses amis, Michael, qui n'avait pas de gardien. Notre ''équipage'' était constitué de quatre dhampirs qui restaient sur le yacht pour la journée. En fait, ils allaient même surement profiter d'Istanbul pendant que je veillerais Evan avec Sean. Ce dernier se trouvait près des deux Moroï tandis que je marchais quelques mètres derrière eux, prête à intervenir. Ma main était posée sur ma ceinture en prévention d'une quelconque attaque.

Cela pouvait venir de n'importe où, n'importe quand. Je ne connaissais pas le terrain, et cela me rendais nerveuse. Les trottoirs étaient poussiéreux, Evan passait par des endroits que je lui aurais déconseillés. Nous traversâmes un marché qui se mettait en place, des rues étroites et sombres, et enfin nous arrivâmes à un quartier plus huppé. Evan se dirigea sans hésiter vers un hôtel luxueux à la façade scandaleusement blanche comparée aux autres habitations du coin. Une enseigne bleu marine annonçait que nous étions au Blue Nazar.

Les passants marchaient sans se presser autour de nous, je ne détectais aucun mouvement suspect et pourtant, je n'étais pas sereine. Je m'approchais du groupe et demandais à Sean sans quitter des yeux les alentours :
-Tout va bien ?

Il acquiesça sans bruit. J'ajoutai :
-J'ai un mauvais pressentiment.

Il me sourit et répondit gentiment :
-Ca fait toujours ça les premières missions, on a l'impression que tout va nous tomber dessus tout de suite. Mais il y a de grandes chances que tout se passe bien, ne t'en fais pas.

J'aimais bien sa voix rauque et calme, elle m'apaisait par rapport à celle plus aigue et fougueuse d'Evan. Ce dernier s'apprêtait à rentrer dans l'hôtel mais je l'en empêchais:
- Les gardiens d'abord, sombre idiot…

Je relâchais un instant ma concentration pour passer devant lui et pousser les portes à battant et une fois de l'autre côté, je rentrais littéralement dans un homme. Merde, bravo Janine !

Il se retourna vers moi et je m'écartai prudemment, lançant des excuses les plus neutres possibles, espérant qu'il comprendrait l'anglais. Pendant ce temps, le reste de mon groupe m'avait suivi et Sean me lança un regard lourd de reproche. Je lui répondis du même regard que je ne l'avais pas fait exprès, je n'avais pas vu cet homme et les erreurs arrivaient à tout le monde. Cependant, je m'aperçus que quelque chose clochait car l'homme me regardait encore fixement. Je me concentrai alors sur lui et faillit pousser une exclamation en me rendant compte qu'il était Moroï. Evan s'avança à ce moment vers lui et lui tendit la main :
-Ibrahim, que le monde est petit.

Le dénommé Ibrahim devait avoir dans les 23-24 ans. Grand comme tous les Moroï, il était beaucoup plus musclé que la plupart de ses congénères. Sa peau était également plus hâlée, ce qui n'était guère étonnant vu le climat local. Ses cheveux noirs encadraient un visage brut, marqué par une barbe de trois jours étonnante chez un Moroi. L'adjectif qui me venait pour le décrire était bien celui-ci : étonnant. Il portait un costume marron impeccable sur une chemise pourpre, et une écharpe de soie assortie complétait l'ensemble. Mon dieu, comment pouvait-il porter une écharpe par ce temps ? Je mourrais moi-même de chaud alors que je n'avais qu'un pantalon noir et un T-Shirt blanc. Pendant qu'il serrait la main d'Evan, je sentis son regard se poser sur tous les membres de notre groupe, comme s'il pouvait nous juger d'un coup d'œil. Mon comportement dû faire écho au sien car il était entouré de deux gardiens que j'examinais en même temps que les environs, prête à sortir mon pieu en cas d'attaque. La voix de l'homme arriva à mes oreilles tandis que je jetais un coup d'œil à l'escalier enseveli sous un tapis rouge. Il avait à peine chuchoté, mais ses paroles étaient fermes et puissantes. Il avait également un accent me prouvant qu'il était bien d'ici :

-Salut, Evan. Rassure ta petite gardienne, l'hôtel est sûr.

J'écarquillais les yeux de surprise et ripostais :
-Dans ce cas, pourquoi vous promenez-vous avec deux gardiens ?
-Entre ces murs, ce ne sont pas les Strigoï que je crains. Vous par contre, en tant que clients, vous n'avez à vous soucier de rien.

Evan se mit à rire grassement pour se faire bien voir. Je lui lançais un regard noir qui ne passa pas inaperçu aux yeux d'Ibrahim. Il fronça un sourcil et s'apprêtait à faire une remarque lorsqu'Evan lui demanda :
-Je ne te ferai pas l'insulte de te demander s'il reste des chambres dans ton hôtel, Ibrahim.

Il se tourna vers Michael et lui demanda d'aller réserver deux chambres pour la nuit. Puis il se replaça face à celui qui était donc sans doute le gérant de l'hôtel:
-Mais je suis venu ici pour te voir, entre autre. Auras-tu un peu de temps à m'accorder ?

Le turc acquiesça sans un mot, et je ne pus dire s'il était content ou non de devoir passer du temps avec Evan. Personnellement, je l'aurais envoyé balader mais je n'étais pas objective dans cette histoire. Ibrahim allait partir –vaquer à ses nombreuses occupations, cela ne faisait aucun doute- lorsqu'il ajouta en me regardant :

-L'hôtel est vraiment sûr, Evan, tu peux prendre une troisième chambre pour ta petite gardienne si tu le désire.

Mon boulet personnel haussa les épaules et répondit :
-Je préfère l'avoir à portée de main… et d'autre chose si tu vois ce que je veux dire.

Je crois que quelque chose sur mon visage dû trahir mon choc car la main de Sean se posa brusquement sur mon épaule. Sans son intervention, j'aurais peut-être réagi, mais là je me contentais de laisser partir l'homme sans même avoir défendu mon honneur. Nous rejoignîmes notre chambre sans un mot. Evan m'ouvrit la porte et me laissa passer la première en chuchotant ironiquement:

-Après vous, Madame.

Ils passent avant tout. Ils passent avant tout. Ils passent avant tout. Je l'insultais mentalement de tous les noms que je pus trouver tout en inspectant la chambre de fond en comble. Evan posa son petit sac à même le sol, alla vérifier l'herméticité des volets et se coucha. Ses yeux verts se tournèrent vers moi, l'air un peu moins assuré que d'habitude :

-Désolé pour en bas.

Evan Szelsky qui s'excusait ? Je me grattais les oreilles pour en être bien sûre et en profitais pour remettre quelques boucles auburn à leur place… J'étais tellement heureuse que je me moquais désormais éperdument de ce qu'il avait pu dire dans le hall de l'hotêl à cet inconnu.

-J'ai besoin d'assurer face à Ibrahim. C'est quelqu'un… qui a du potentiel et je ne veux pas passer pour un nul devant lui. J'ai besoin de lui, tu comprends ?
-Je ne suis pas stupide, répliquai-je, avant d'aller m'enfermer dans la salle de bain.

Il n'était pas non plus question qu'Evan se rende compte que j'acceptais ses excuses.

Je ne dormis pas tout de suite, me remémorant quelques instants la rencontre avec le jeune homme turc. Après m'être assurée qu'Evan s'était endormi, je le rejoins dans la pièce principale et m'assis dans le fauteuil près du lit. Au milieu de la nuit –qui correspondait en fait au milieu de la journée pour les humains-, Sean vient me voir pour s'assurer que tout allait bien. Il me demanda si je voulais échanger et passer avec Michael, mais je déclinais son offre. Si Evan voulait faire croire à notre hôte turc qu'il se passait des choses avec sa petite gardienne, et si cela lui permettait d'obtenir ce qu'il voulait, je n'avais pas la volonté de saboter ses plans. Je détestais son côté macho et séducteur, mais je n'avais pas non plus envie de bousiller sa vie, tant qu'il laissait la mienne tranquille. Sean repartit donc vers la chambre voisine. Je jetais un dernier coup d'œil dans le couloir pour m'assurer qu'il n'y avait aucune présence Strigoï. Rien. Le travail de gardien était pénible, mais j'aimais être en permanence aux aguets, prête à intervenir. J'allais refermer la porte lorsqu'un courant d'air me fit hésiter. J'empoignais mon pieu en argent –j'avais compris peu après notre arrivée que nous étions dans un hôtel réservé aux Moroi et aux Dhampirs, et mon arme ne les ferait pas fuir si c'était l'un d'entre eux- et essayais de voir ce qu'il se passait dans le couloir sans me démasquer. Malgré l'obscurité ambiante –l'hôtel protégeait ses clients- je distinguais une ombre dans le couloir, et j'entendis des pas légers. Cela pouvait être n'importe quoi, Strigoï compris. Au moment où l'ombre passa devant moi, je me projetai sur elle et la plaquai contre le mur, un bras appuyé contre sa gorge. Ma victime ne se laissa pas faire, ses deux mains imposantes attrapèrent mon poignet gauche et commencèrent à me retourner le bras. Si cela avait été un Strigoi, il m'aurait déjà plaquée contre le mur opposé donc je reculais pour ne pas être blessée et mit mon pieu en avant pour me protéger, ne sachant toujours pas à qui j'avais affaire.

-Doucement, gardienne.

Merde, encore lui. Je remarquais inconsciemment qu'il avait omis l'adjectif ''petite'' devant ma fonction. Un bon point pour Ibrahim, je m'excusai humblement :
-Pardon, une fois de plus. Je croyais que c'était un Strigoï.

Il n'avait pas l'air énervé et il me répondit d'une voix douce :
-Il me semblait avoir précisé que l'hôtel était sûr.

Je lui lançais un regard qui signifiait que je me fichais de ce qu'il me disait, je ne croyais que ce que je voyais. Cependant, n'ayant pas envie de vexer l'homme à peine plus âgé que moi mais qui semblait à la fois respecté et craint, je me radoucis et répondis :
-Je m'en souviendrais.

Je rangeai mon pieu en guise de bonne foi. Il me sourit. Mon sang-froid seul me permit de garder la bouche fermée. Ce sourire était l'arme la plus dévastatrice que je n'aie jamais vue. J'étais jeune, j'avais à peine vécu, et cette rangée de dents blanches me promettait des choses que je n'osais imaginer. Ce sourire en coin contenait plus de tendresse et de sensualité que ce qu'on ne m'avait jamais témoigné. Ce sourire me disait ''vient vers moi et je t'apprendrai la vie''. Les prunelles d'Ibrahim luisaient, et ses intentions étaient parfaitement claires, nullement cachées. Ses yeux marron, pétillants de malice, me montraient sans aucune honte ce qu'il imaginait. Un flash m'apparut, lui et moi, nus sur un lit. Ouch. Alors qu'avec ce boulet d'Evan, un tel comportement m'aurait fait partir en courant, j'avais plutôt envie de me pendre au cou de cet étranger exotique. Il ne bougeait pas, et je me demandais même s'il respirait, mais en tout cas il me fixait toujours. Je reculais.

Il haussa un sourcil, l'air étonné et me demanda :
-Je te fais peur ?

Non, non, non, non, non. Pas vraiment, non. Janine, garde ton self-control. Je secouais la tête et ajoutais plutôt piteusement :
-Je vais rejoindre Evan. Désolée pour euh… vous avoir sauté dessus.

Il rigola doucement et sa main balaya l'air tandis que je rejoignais la chambre :
-Ce n'est pas grave, gardienne. Rejoins ton… Ami ? Protégé ? Amant ?

Mue par un instinct de séduction, je refis un pas vers lui et demandais :
-Serait-ce un moyen plus ou moins subtil de connaître la nature exacte de mes relations avec Evan ?
-Je ne peux pas risquer de prendre une jolie femme à un ami.

Son regard me balaya de bas en haut. Je rétorquais :
-Je ne pensais pas que ce genre de considérations vous arrêteriez.
-Pardon ?

Je mis ma main sur ma bouche, atterrée.

-Excusez-moi, une fois de plus. Je parle trop vite, je suis fatiguée.

Il me jeta un coup d'œil intéressé.

-Alors, va dormir.

Et l'intonation qu'il mit dans ce dernier mot me fit comprendre qu'il pensait à tout autre chose, également réalisable dans un lit mais beaucoup plus mouvementé.

oOo

Je ne fis pas part des événements de la ''nuit'' à Evan, mais je ne pouvais m'empêcher d'être troublée par cet homme. J'essayais de penser à Shawn pour me raisonner, mais ce n'était pas comme si nous entretenions une relation sérieuse. Lui comme moi ne voulions pas partir inexpérimentés dans le monde des adultes, il me trouvait attirante, je le trouvais sexy, on avait décidé de passer à l'acte, on avait aimé ça, on avait recommencé, on s'était fait prendre. Rien de romantique, rien de faramineux, et surtout rien qui me fasse oublier ce sourire éblouissant de la nuit passée. Je chassais les images de mon esprit, me concentrant sur la protection d'Evan et de son ami. Il faisait nuit –évidemment- et ils avaient décidé d'aller au Bazar Egyptien, le plus grand marché aux épices de la ville, mais dans une partie réservée aux Moroi. Ils passaient sous des tentures bariolées, ne prêtant aucune importance aux étals multicolores qui s'épanouissaient autour d'eux. De mon côté, tout en restant le plus attentive possible, j'essayais de profiter de l'instant, car la température avait baissé et je me sentais bien. J'avais à peine mangé avant de partir et les odeurs me tentaient énormément. Evan et Michael arrivèrent enfin à l'endroit qu'ils voulaient atteindre. C'était une salle des sources, les humains volontaires dont les Moroï se nourrissaient. Je compris rapidement qu'ils avaient adapté le principe du marché aux épices version Moroi. Ici on choisissait sa source en fonction de son nom et de son pseudo : Calicia, pépite du Maroc ; Hypnotica, délice d'Istanbul et ainsi de suite. Je fronçais les sourcils et me rapprochais du groupe, ne me sentant pas en sécurité. Evan déclara à Sean et moi :

-On va se nourrir chacune dans une petite alcôve. Ne nous dérangez pas.

Je secouais la tête :
-On ne peut pas Evan. Je ne peux pas te laisser partir seul dans un recoin sombre sans surveillance.

Il haussa les épaules :
- Tu fais le tour de l'alcôve en attendant que j'aille chercher ma source, puis tu te postes devant pendant que je fais ce que j'ai à faire, ok ?

Il me donna une petite tape sur les hanches en partant chercher sa source et ajouta :
-On ne t'apprend pas ça à l'école ?

Exaspérant. Je n'aimais pas du tout l'idée de le laisser tout seul mais je n'avais pas le choix. La démarcation entre la protection et la vie privée était tellement ténue… Il revint avec une brune à la peau mate, déjà shootée aux endomorphines des Moroï. Ca, c'était pour le côté usuel. Ce qui était étonnant, c'était sa tenue vestimentaire, tant est qu'on puisse appeler cela une tenue. Un bikini blanc, le plus petit possible je suppose, faisait ressortir sa peau bronzée et ses formes, sans aucun doute féminines. Je m'empêchais de protester, mais tout cela me semblait d'un coup beaucoup moins attirant.

Tandis qu'Evan et Michael se réfugiaient dans leurs repères avec celles qui allaient leur fournir un réconfort que je savais à la fois substantiel et charnel, j'entendis une série de gloussements. N'ayant pas envie de me laisser distraire, je ne regardais pas d'où venait le bruit. Cependant, lorsque les conversations se firent trop fortes et les rires insupportables de niaiseries, je levais un œil vers la source du son.

Ibrahim se tenait là, entouré de quelques filles et toujours encadré de ses deux gardiens. Les filles étaient toutes en bikini ou minijupe, elles n'étaient pas toutes humaines, et pas toutes sous l'emprise des endomorphines. Visiblement, Ibrahim leur racontait des choses drôles. Il passa sa main droite, ferme et bronzée, sur la hanche d'une petite blonde qui se mit à balbutier et à parler d'un seul coup beaucoup plus aigu. Je levais les yeux au ciel, écœurée, tandis que je voyais ses doigts palper gentiment la peau de la fille.

Sean se pencha vers moi et me murmura :
-Les Moroi aiment profiter de la vie avant de se caser définitivement.
-Tu m'en diras tant, répondis-je, amère.

Je n'avais jamais imaginé qu'Evan prendrait du bon temps avec des filles comme ça, mais cela ne m'étonnait pas plus que ça. Ibrahim cependant, je ne le connaissais pas, mais je ne le voyais pas agir ainsi. Sa présence ici restait un mystère, car il était assez craquant pour que n'importe quelle Moroi s'accroche à lui, et n'importe quelle Dhampir également. C'était sans aucun doute un royal puisqu'il avait deux gardiens, et il avait l'air d'avoir des moyens considérables. Bref, qu'il soit dans ce marché soulevait des questions pour lesquelles je n'avais pas de réponses. Il portait ce soir là un costume entièrement blanc et une écharpe bariolée, mais sans aucune faute de goût. Incroyable.

Son regard se posa enfin sur moi – non pas car j'avais les moyens de rivaliser physiquement avec les bombes qu'il tenait dans ses bras, mais car ses yeux analysaient tout, comme d'habitude- et il éclaira enfin ma lanterne en chuchotant :

-Allez les filles, retournez d'où vous venez.

Elles se dispersèrent sur son ordre, rejoignant chacune des alcôves ou des salles dans l'attente qu'un Moroi les demande. Cette fois-ci, je ne pus empêcher ma bouche de s'ouvrir en grand. J'avais pensé qu'Ibrahim venait consommer, pas qu'il gérait le lieu. Après s'être approché, il salua Sean d'un hochement de tête et m'ordonna :

-Tu devrais fermer la bouche.

J'obéis.

-Ha. Tu es tellement plus jolie ainsi.

Je souris. C'était complètement débile, je n'étais pas jolie, et j'allais l'être encore moins avec mes cheveux bientôt coupés. J'étais petite, mes boucles auburn volaient au vent, ma peau était pâle, mes yeux marrons. Certes j'avais plus de formes que les filles Moroi, mais guère plus au niveau de la poitrine. Mon corps était bien proportionné mais je ne me considérais pas comme jolie.

-Je te laisse sans voix aujourd'hui ?

Oui. Je me sentais bizarre face à lui, un peu pantelante, pas sûre de moi. Cela ne m'empêcha pas de répondre, par fierté :

-C'est que je dois me remettre des émotions de la nuit.
-Je suis sûr que les émotions que je t'ai procurées cette nuit valent mille fois celles qu'Evan aurait pu te procurer.
-Ca c'est sûr, avouais-je en un sourire complice. Mais je ne suis pas sûr qu'Evan soit un bon… mètre étalon.

Il s'esclaffa. Je ne pus m'empêcher de sourire avec lui, détendue. Sean me ramena à l'ordre :

- Hathaway, concentre-toi !

Je me raidis aussitôt, réalisant avec effroi que j'avais presque complètement relâché ma garde. Je me tournais vers Ibrahim et lui demandais :

-Allez voir ailleurs si j'y suis, s'il vous plait. Vous m'empêchez de faire correctement mon travail.
-Tu es trop sérieuse, l'endroit est sûr, tout comme l'hôtel.

Je lui refis le coup d'œil indiquant que je ne croyais que ce que je voyais. Il se mit à marchander :

-Tu me donnes ton prénom, et je te laisse tranquille.
-Janine.
-Ibrahim, ravi de faire ta connaissance, dans les formes cette fois-ci.

Il me tendit la main, je la serrai. Le contraste entre nos deux peaux était saisissant. Sa paume était chaude, englobant toute ma main et répandant une douce sensation de bien être. Il déposa un baiser délicat sur le dessus, et sa barbe naissante picota ma peau. En même temps, ses doigts effleurèrent ma main en une séduisante caresse pour enfin la quitter, et me laisser totalement désemparée.

Il se retourna, et en partant il glissa quelque chose à la fille de l'accueil qui la fit glousser et soupirer. L'écho de ma propre stupidité me revint en pleine figure. Ibrahim était un séducteur, il était hors de question que je me laisse prendre à son petit jeu.

Mais comme d'habitude, c'était sans compter Evan et ses idées stupides.

oOo

Une fois rentrés à l'hôtel, Evan fit donc la proposition la plus débile et choquante qu'on ne m'ait jamais faite :
-Hathaway, je suis sûr qu'Ibrahim t'as remarquée. Je t'emmène avec moi ce soir, nous discuterons affaire lui et moi, et tu te débrouilleras pour le faire accepter. Je te laisserai seule avec lui s'il le faut.

Je mis un instant à comprendre ce qu'il avait en tête :
-Je te demande pardon ?

Sean m'appuya :
-Tu n'as pas le droit de demander ça à ta gardienne, Evan. Tu n'es pas notre maître, nous assurons ta protection, c'est tout !

Il était visiblement énervé, et un dhampir est une arme mortelle une fois sur les nerfs. Evan leva les mains en geste d'apaisement :

-Hé, du calme les ptits dhamps ! Elle ne doit rien faire si elle ne le désire pas, mais il est plutôt beau garçon, non ? Ce serait joindre l'utile à l'agréable, c'est tout…
-De là à me prostituer pour tes affaires, il y a un pas Evan.
-Ecoute Janine, -le fait qu'il utilise mon prénom montrait à quel point il était sérieux-, tu fais ce que tu veux. C'était une suggestion, dans tous les cas tu viendras en tenue de soirée assurer ma protection rapprochée ce soir. Si par la suite tu veux rester avec Ibrahim et améliorer notre entente à tous les trois, à toi de voir. Sinon nous rentrerons sagement à l'hôtel.
-Je pense que tu rêve si tu crois que je vais donner mon corps juste pour tes beaux yeux !

Sur ce, je claquai une fois de plus la porte de la salle de bain, attendis qu'il se soit endormi puis revint veiller à son chevet. La nuit –le jour pour les humains-, fut calme, mais je ne pouvais m'empêcher de penser à la soirée qui allait venir. A Ibrahim. Ses yeux marrons, son sourire charmeur, sa main chaude… Trois coups frappés à la porte me réveillèrent en sursaut.

Un homme déposa un costume pour Evan, et une robe pour moi. Il y avait un mot sur le film plastique qui l'enveloppait : ''Evan t'en avais choisi une blanche, je suis intervenu à temps, avant que tu payes pour son absence de goût. A ce soir. I.''

Je détaillais la magnifique pièce de soie pourpre très foncé qui pendait au cintre. Elle était tout simplement renversante, des reflets argentés tournoyaient autour du tissu. Dans ma contemplation, je n'avais pas entendu Evan se lever et il me fit sursauter en marmonnant :

-J'avais pas dit blanche ?

Je haussais les épaules en précisant que cette couleur m'irait très bien. Et après l'avoir passée, je confirmais cette phrase. Elle semblait taillée sur mesure. Le décolleté pigeonnait mes seins, mon dos était nu. La robe arrivait au dessus des genoux, mais une large fente sur le côté droit s'ouvrait à chacun de mes pas. C'était à la fois classe et sexy.

Lorsque nous arrivâmes au restaurant où devait avoir lieu la conversation entre les deux hommes, de nombreux regards se posèrent sur moi et suivirent mes pas. Je me crispais sur mon sac à main où j'avais enfoui mon pieu. J'avais beau avoir l'air d'une poupée de porcelaine ce soir, j'étais avant tout une gardienne. Et une gardienne anxieuse qui plus est, dans ce lieu public mal éclairé. Ibrahim nous attendait, il se leva pour nous saluer et me scruta une fois de plus des pieds à la tête pendant qu'il serrait la main d'Evan. Il me fit une fois de plus la scène du baisemain, et même si je m'y attendais je dus me contrôler pour ne pas frissonner. En se baissant, je sentis le feu de son regard s'attarder sur ma jambe droite, à demi découverte par la fente.

Le repas se déroula calmement, les deux hommes parlaient affaire et seuls quelques coups d'œil appuyés et des questions anodines m'inséraient dans leur conversation. Il était question de subventions qu'Evan voulait obtenir pour lancer une sorte de confrérie parmi les Moroï. L'idée n'était pas nouvelle, de nombreux groupes se réunissaient sous des noms tels que la Mana, la Spalle… Ibrahim semblait sceptique :

-Je ne suis même pas royal, Evan. Qu'ai-je à y gagner ?
-Tu n'es pas royal ?

La surprise m'avait fait oublier ma politesse. Ibrahim me lança un regard amusé et demanda :

-Tu me tutoies maintenant ?
-Tu n'es PAS royal ?

Je dévisageais les deux dhampirs qui le gardaient. Comment avait-il pu se les procurer s'il n'était pas membre d'une famille royale ? Nous étions si peu nombreux désormais que seules les familles les plus puissantes étaient protégées. Il haussa les épaules et son sourire charmeur me répondit :

-Non, je ne suis pas royal, je m'appelle Mazur. J'espère que je ne baisse pas dans ton estime, gardienne.

Je secouais la tête. Peu m'importait, mais c'était surprenant. Ses yeux restèrent fixés aux miens l'air de dire : Si tu me rejettes parce que je ne suis pas de sang royal, tu vas le regretter, petite fille. J'avais envie de lui rétorquer à voix haute que je n'étais pas acquise mais cela m'aurait semblait un brin présomptueux. Evan se racla la gorge :

-Revenons à notre marché, Ibrahim. Tu y gagneras en influence aux Etats-Unis.
-Cela ne m'importe guère.
-Que veux-tu alors ?

Ibrahim tourna sa tête, lentement et ostensiblement, vers moi. Non, non, non ! Il était hors de question que je sois une part du marché ! Pourtant ce saligaud d'Evan se leva et déclara :

-J'ai une affaire urgente à régler, je vous laisse.

Il se pencha pour rattraper son manteau et me chuchota ''Si tu ne veux pas, dit le moi et je recommence à négocier''. J'étais tétanisée. Janine Hathaway, la reine du franc parler était terrorisée par les sous-entendus qu'il y avait eu entre les deux hommes, et leur entente tacite de me laisser aux mains du turc. Je voulais fuir, je voulais rester. N'obtenant pas de réponse, Evan partit avec un léger signe de tête vers Ibrahim.

- Détends-toi gardienne, je ne vais pas te faire mal.
- Je sais. Je n'en reviens pas que tu ne sois pas royal. Comme t'es-tu procuré DEUX gardiens ? Même Anthony Badica n'en a pas autant.

Il me sourit l'air de dire veux-tu vraiment savoir ?, et alors qu'il allait me répondre une beauté blonde apparut comme par magie près de la table. Elle me jaugea rapidement du regard tandis qu'Ibrahim la contemplait. Visiblement, elle ne me jugea pas dangereuse car elle salua juste mon compagnon, en turc. Celui-ci répondit en anglais d'un de ces compliments qui semblait lui venir naturellement :

-Tu es ravissante ce soir, Anna.

Elle sourit malicieusement et passa également dans ma langue et me désigna :
-Tu fais affaire ?

Apparemment, je n'étais pas assez bien pour qu'Ibrahim s'intéresse à moi pour autre choses que des affaires. Je réalisais avec tristesse qu'elle n'avait pas tort, je n'étais qu'une simple part du marché. Il secoua la tête, ce qui nous étonna toutes les deux.

- Non, Anna. Je suis sur mon temps libre.
- Oh, laissa-t-elle échapper, déçue. D'habitude tu…

Il la coupa sans ménagement :
-Ce n'est PAS d'habitude.

Le regard qu'il lui lança m'aurait fait partir en courant. Comme elle n'eut pas l'air de saisir le sous-entendu, encore choquée par l'attitude brusque d'Ibrahim, celui-ci se radoucit :
- Anna, laisse-moi te raccompagner à ta table, ma belle.

Le sourire réapparut sur le visage de la blonde, elle rayonnait de me l'avoir ravi. Que grand bien lui fasse, je m'en moquais totalement. Ibrahim se leva, l'attrapa par la taille et l'emmena vers une table. Arrivé à mi-chemin, son visage s'enfouit dans les cheveux d'Anna pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. J'imaginais sans mal, et avec une pointe de jalousie, la caresse de son souffle chaud et le piquant de sa barbe contre la peau d'Anna. Cependant, ce qu'il lui dit ne dû pas être agréable car elle se raidit, et ce n'était pas de désir. Quand elle s'assit, son sourire était forcé. Ibrahim lança un mot agréable et sans doute séducteur à chacune des occupantes de la tablée, puis il revint s'installer face à moi et me sourit.

- Je suis désolé pour l'interruption.
- Pas de problème… Mais tu lui as fait peur je crois.
- Je n'ai pas envie d'avoir des bâtons dans les roues ce soir, lança-t-il d'un ton qui impliquait qu'il n'avait pas l'habitude d'être désobéi.
- C'est un peu extrême de la menacer, non ?

Le visage de la fille était encore tourné vers nous, pâle et effrayé. Ibrahim écarquilla les yeux :

- Comment sais-tu que je l'ai menacé ?
- Tu ne nies pas ?
- Tu bluffes.

La discussion ne nous mènerait nulle part, et un silence s'installa. Il le rompit après s'être massé la tempe :

-Tu veux un dessert ?
-Pourquoi pas.

Son sourire m'informa que j'aurais dû interpréter sa phrase avant de répondre. J'e m'empressai de rajouter :
-Un vrai dessert, je veux dire. J'adore les gâteaux au chocolat.

Je ne sais pas pourquoi j'avais précisé. Il leva la main pour commander. Un seul dessert.

-Tu ne prends rien ?
-Je me suis déjà nourri.
-Ah.

Pendant que je grignotais mon excellent gâteau, une autre femme vint saluer discrètement Ibrahim mais celle-ci comprit vite qu'il ne voulait pas être dérangé. Je demandais sans parvenir à dissimuler ma désapprobation, ce qui sembla le ravir :
-Tu ne côtoies que des personnes de sexe féminin ?
-Je traite avec les hommes plus discrètement, c'est tout.
-Et ce marché avec Evan, il t'intéresse vraiment ?

Il prit le temps de réfléchir.

-Avoir des contacts aux Etats-Unis est tentant en effet, malgré ce que j'ai pu lui dire. Evan est intelligent –je me raclai la gorge, il me sourit-, il est de sang royal, il a de bonnes relations et il a de l'ambition. Je serai bête si je le laissais filer.

Il se frotta le menton, l'air pensif.

-Il t'a demandé de rester pour me convaincre, n'est-ce pas ?
-Oui.

J'étais légèrement désemparée, je ne pensais pas qu'il en parlerait de manière ouverte et franche.

-Et donc, tu restes uniquement car il te l'a demandé ?
-Non. Enfin… ai-je le pouvoir de te convaincre ?

La conception de joindre l'utile à l'agréable me paraissait plus attirante maintenant que je l'avais face à moi. Il répondit :

-Non. Je sais déjà que je dirai oui à Evan.

Il ajouta pendant que je réfléchissais à ses paroles :
-Mais je n'allais pas passer à côté de toi. Tu es une sorte de bonus, ravissant, renversant et surprenant.
-Je ne suis PAS un bonus ! Je suis restée volontairement, Evan m'a laissé le choix. J'ai fait le mauvais, j'aurais mieux fait de partir !

Je me levais, outrée. Il me laissa prendre de l'avance, nullement inquiet. Tandis que je franchissais la porte d'entrée je le vis enfiler sa veste bleu marine, enrouler son écharper blanche et rose, et faire un signe au serveur pour payer. J'allais bifurquer à droite lorsqu'un de ses gardiens me barra le passage. Il était plus grand que moi, évidemment, et plus musclé. Sa coupe courte me rappelait celle d'un militaire et je me mis instinctivement en position de garde.

- Ne m'oblige pas à me battre, me demanda-t-il.
- C'est ton problème si tu te mets sur mon chemin. Laisse moi partir, je n'ai plus rien à faire ici.
- J'ai reçu l'ordre de ne pas te laisser t'éloigner d'Ibrahim.
- Et si je ne VEUX pas rester près de lui ? Tu ne peux pas me forcer à rester contre ma volonté.
- Contre ta volonté, vraiment ?

La dernière remarque venait de derrière moi, de la gorge d'Ibrahim. Je me retournais et ordonnais :
-Je veux retourner à l'hôtel.

Il m'attrapa la main, m'attira vers lui et chuchota avant que je puisse faire quoique ce soit :
- Laisse-moi me rattraper, laisse-moi t'éblouir…
- Prétentieux !

Interloqué mais souriant, il reprit sa phrase :
- Laisse-moi t'éblouir avec les beautés d'Istanbul. Que croyais-tu ?
- Rien.
- Tu es partante ?

Sa main tenait toujours la mienne, il l'enveloppait comme l'une de ses possessions. C'était agréable et je ne me détachais pas.

-D'accord, éblouis-moi, Ibrahim.
-J'aime lorsque tu prononce mon nom, gardienne.

Et sur ce, il m'emmena dans la nuit turque pour découvrir les trésors de la ville. Il me montra le centre historique, la mosquée bleue, le palais de Dolmabahce et autres merveilles. Sa main ne lâcha pas la mienne une seconde, nos discussions étaient éclectiques et passionnantes. C'était un homme cultivé et intelligent. Il ne me dit pas comment il était arrivé à sa position influente ni en quoi consistait ses multiples activités. Mais visiblement il traitait avec des personnalités importantes et brassait de l'argent et des employés. Il était sûr de lui, et n'était pas homme à être contredit. J'aimais cela, j'aimais son assurance, j'aimais ses costumes et ses écharpes, j'aimais son air décontracté qu'il ne fallait pas contrarier.

Nous étions arrivés sur l'une des plages de la ville, déserte à cette heure avancée de la nuit. Nous étions tous les deux perdus dans mes pensées lorsqu'il me demanda :
-Tu as froid ?
-Non.
-C'était un moyen détourné pour t'entourer de mes bras.
-Maintenant que tu le dis, il y a une brise plutôt fraiche finalement.

Il se plaça derrière moi, je frémis. Ses mains se posèrent sur mes épaules et descendirent le long de mes bras. C'était agréable. Je me glissai contre lui et tandis qu'il m'enlaçait j'eus l'impression d'avoir trouvé un foyer. Sa main se glissa dans la fente de ma robe et je me retournais, pour l'embrasser je suppose. Je m'attendais à voir Ibrahim penché sur moi, mais absolument pas à ces deux yeux rouges qui nous surplombaient.

Je me précipitais pour jeter Ibrahim au sol sans ménagement. Je sortis le plus rapidement possible mon pieu d'argent du sac à main, mais le Strigoï profita de cet instant pour me sauter dessus. Visiblement, il voulait juste m'écarter de son chemin car il se contenta de me balancer quelques mètres plus loin. Je chutais lourdement sur le sable qui n'amortît pas réellement la chute. Ma robe était déchirée de partout, mais peu m'importait, puisque j'avais désormais plus de liberté de mouvement. Je hurlais en voyant le Strigoï attraper Ibrahim par le col. Je me mis à courir au même moment où le Moroi turc reprit ses esprits et tenta de frapper son ennemi au visage. Je fus étonnée qu'il y arrive, mais cela eut comme seul effet d'énerver le Strigoï qui donna un coup de poing dans l'épaule du Moroï avant de se jeter vers son cou et le mordre.

J'arrivais à cet instant sur eux et me lançais de tout mon poids sur le Strigoï. Il tomba au sol et dans le même mouvement je lui plantais mon pieu dans le cœur. Mes gestes étaient précis et coordonnés, je n'avais pas eu la moindre hésitation. Comme à l'académie, l'adrénaline m'avait guidée et j'avais été plus rapide que le StrigoÏ. Il rendit son dernier souffle lorsque j'enlevais mon arme. Le sang d'Ibrahim coulait encore sur sa bouche, ses deux yeux exorbités me regardaient avec haine. Un crissement me fit me retourner, Ibrahim titubait sur le sable. Je me précipitais vers lui pour l'empêcher de tomber. A ce moment nous aperçûmes ses deux gardiens aux prises avec deux autres Strigoï.

-Assieds-toi, ordonnais-je, je vais les aider.

Je croyais être autoritaire mais il m'empoigna et m'empêcha de partir. J'étais hystérique :
- Lâche-moi Ibrahim, je DOIS les aider. Laisse-moi partir !

Il secoua la tête, l'air drogué. Le Strigoi avait juste pu planter ses canines mais cela avait sans doute suffit à le faire planer un instant.

-Non Janine, tu reste près de moi.

D'un coup sec, il me fit retomber dans ses bras et nous nous affalâmes sur la plage. Il passa distraitement sa main dans mes cheveux.

-Ils s'en sortiront, reste avec moi. S'il te plaît.

Je le détaillais, enfin. Son cou saignait et son épaule était déboitée. Il avait également un bleu sur le visage et ses yeux luisaient, un peu absents. Je me forçais à ne pas regarder le combat entre les strigoï et les gardiens. Si l'un d'entre eux sortait blessé, je ne me le pardonnerais jamais.

-Inquiète-toi pour moi plutôt, gardienne. M'ordonna Ibrahim, vexé que je m'intéresse moins à lui qu'à ses sbires.

Je soupirai, nettoyai son cou à l'aide d'un bout de robe déchiré. Il poussa une sorte de grognement de satisfaction.

-Tu veux que je te remette l'épaule en place ?
-Tu sais le faire ?
-Si je te le propose…

Je l'avais fait à de nombreuses reprises à Shawn lors des entraînements à l'académie. Ibrahim était bien plus mince, cela serait plus simple…

-Mais ça va faire très mal.
-Vas-y, ça sera fait.

Pour un Moroï, sa décision était surprenante. D'abord il frappait un strigoï, ensuite il se faisait remettre l'épaule à chaud…ce n'était pas courant et je l'admirais davantage. J'agis sans qu'il s'y attende, il poussa un cri rauque qui couvrit le craquement sinistre.

-Merci, gardienne.
-De rien. Tu es plus courageux que ce que je supposais.

Il sourit une fois de plus et je m'accrochais à ce sourire comme à une bouée de sauvetage. Le bruit du combat derrière moi m'atteignait et je n'osais pas me retourner. Ibrahim me ramena à la conversation :

- Je te plais un peu, alors ?

J'acquiesçai. Sa paume se plaça dans mon cou et je me détendis. Ses prunelles s'alignèrent sur les miennes.

- Merci, chuchota-t-il, merci de m'avoir sauvé la vie.

Son visage était si proche du mien que je crus qu'il allait m'embrasser. Il n'en fit rien. De sa main libre, il se contenta de tirer sur une des chaînes en argent qui pendait à son cou. Il m'ouvrit délicatement la main et y déposa la chaîne brisée et un pendentif que je n'avais pas remarqué. C'était une perle ronde, représentant un œil bordé d'un large liseré bleu azur.

-C'est un Nazar, précisa-t-il. Il représente la protection. Je ne pourrais jamais faire mieux pour toi, c'est tout ce que j'ai pour te protéger.
-Il est magnifique. Merci... Je…

Et enfin, il m'embrassa. Pour un séducteur comme lui, je me dis qu'il en avait mit du temps. Puis j'oubliai de réfléchir et de respirer, sous l'emprise de mes sensations. Le sable piquant sous mes fesses, l'une de ses mains palpitante sur mes hanches, l'autre délicate dans mes cheveux, mes doigts caressant fougueusement sa barbe, son torse, son cou…

Des bruits de pas interrompirent l'instant. Les deux gardiens se trouvaient désormais près de nous, sains et saufs. Je poussai un soupir de soulagement tandis qu'Ibrahim donnait les ordres :
-Devrim, va chercher un taxi. Gizem, trouve un téléphone et appelle les alchimistes.

Il se leva, se tourna vers moi et me releva d'une main. Je me rendis-compte que ma robe ne cachait plus grand-chose de mon corps. Devrim et Gizem semblaient partager mon avis puisque leurs regards eurent du mal à se détourner de moi. Ibrahim claqua des doigts et les menaça :
-Exécution, et tout de suite. Si vous portez encore un regard sur elle, dites adieu à votre virilité, bien qu'elle ne serve pas à grand-chose en tant que Dhampir.
-Ibrahim !

J'étais choquée par ses paroles, il n'avait pas à rabaisser mes semblables. En plus les hommes dhampirs pouvaient très bien concevoir des enfants avec des femmes Moroi, sauf que cela n'arrivait jamais. Je l'engueulais, mais d'un autre côté j'étais heureuse de la jalousie qu'il exprimait. Ses yeux replongèrent dans les miens :
-Je vais te montrer ce qu'est un homme, gardienne.

Sa phrase flotta dans les airs tandis que nous attendions la voiture. Elle nous tenait compagnie et nous promettait des délices que je n'avais jamais imaginés. En marchant doucement vers le taxi, nous passâmes devant le Strigoï que j'avais tué. Je lâchais la main d'Ibrahim, et celui-ci me laissa voir le cadavre malgré une réticence certaine. La peau de craie du Strigoï s'affaissait, son rictus haineux m'effrayait. Je caressais mon pieu, fière de moi, fière d'avoir défendu Ibrahim. De mon autre main, je pressai le Nazar que ce dernier m'avait donné et j'appréciai à sa juste valeur le contact réconfortant de la perle bleue. Mon premier Strigoï. Mon premier tatouage. J'allais devoir me couper les cheveux. Je passais inconsciemment mes paumes dans mon cou, dans mes mèches. Et je me mis à pleurer tout doucement.

-Viens contre moi, murmura la voix d'Ibrahim.

Il ne me demanda pas ce qui n'allait pas, il se contenta de m'enlacer de ses bras puissants. Je hoquetais, effarée, pendant qu'il essuyait doucement mes larmes:
-Je… je dois aller chez le coiffeur…

Il ne me souriait pas cette fois-ci en répondant :
-Tu iras quand j'en aurais fini avec toi. Pas avant, gardienne.

Puis il me souleva et me porta jusqu'à le taxi que Devrim avait trouvé. Je m'attendais à voir apparaître l'hôtel au bout d'un moment mais nous arrivâmes à l'aéroport. Toujours blottie contre le corps chaud d'Ibrahim, j'ouvris la bouche pour la première fois du trajet pour demander :
-Ou m'emmènes-tu ?
-Chez moi, à Capadoccia. Istanbul nous a réservé trop de malheurs pour une seule nuit.

Durant la demi-heure de vol en jet privé, nous prîmes chacun une douche. Ibrahim avait un costume de rechange –noir sur une veste blanche et violette- mais pour ma part je dus enfiler une chemise à lui pour ne pas me retrouver nue. Elle sentait les épices et un after-shave musqué. J'essayais d'imaginer Ibrahim en train de raser sa barbe de trois jours mais échouais. Je ne l'imaginais pas sans. Sa maison était immense, mais une seule pièce nous servit : sa chambre, et plus exactement son lit. Je n'eus pas le temps d'admirer les sols de marbres et les somptueux jardins. Je ne vis que les draps de soie blancs et la peau matte d'Ibrahim. Ma vie aurait pu se résumer à cet instant, il aurait fallu qu'il se prolonge pour l'éternité. Il me fit l'amour, je répondis à son corps. C'était une danse avec lui, un ballet éprouvant dans lequel j'épuisais mes dernières ressources. Je sentais l'expérience d'Ibrahim, je n'osais pensais aux innombrables conquêtes qui avaient dû défiler ici, dans ces draps soyeux. Sentant que je me raidissais, il chuchota à mon oreille :

-Tu es la seule à être venue dans cette chambre, gardienne. Tu es la seule.

Et il plongea en moi. J'oubliai mes craintes. C'était si bon. Je soupirais son nom, je hurlais son nom. Je l'aurais répété jusqu'à la nuit des temps. Ibrahim, Ibrahim, Ibrahim. Lors d'un moment de calme, je me penchais sur lui.

-Encore ? demanda-t-il, l'air satisfait d'avance.
-Toujours, répondis-je sur le même ton.

Et je m'occupais de lui, palpant et excitant son corps de toutes les manières. Lors d'un mouvement un peu brusque, je basculai à l'avant, ma gorge se plaqua contre son visage. Instantanément, je le sentis frémir d'une nouvelle envie. Je n'y avais pas pensé jusqu'à maintenant, mais sentant ses canines contre ma peau nue, l'idée m'envahit et mon corps se colla encore plus à celui de mon amant.

-Je ne peux pas te faire ça, Janine.

C'était considéré comme l'acte le plus dégradant qu'un Moroi pouvait faire à une femelle Dhampir. Il était sérieux tout d'un coup, mais j'avais tellement envie qu'il le fasse. J'avais envie d'être à lui de toutes les façons possibles. Un coup de rein lui fit momentanément perdre ses esprits et je lui murmurais sensuellement ce dont j'avais envie. Il ne résista pas longtemps, ses canines percèrent ma peau. Je hurlais de douleur, puis je criais de plaisir. Cela ne dura pas plus d'une minute, puis il retira ses canines de mon cou et lécha les gouttes de sang qui perlaient. Le plaisir avait été total. Je m'endormis encore sous l'emprise des endomorphines, la sensation de l'avoir encore tout entier à l'intérieur de moi.

Lorsque nous nous réveillâmes, il faisait de nouveau nuit. Ibrahim passa sa main sur les marques qu'il avait fait dans mon cou et frotta sa joue contre la mienne comme un chaton. Puis la réalité m'assaillit. Nous devions quitter Istanbul en fin de nuit avec Evan, dés que le marché avec Ibrahim serait passé. Je ne reverrais sûrement plus ce Moroï turc à la peau halée, si ce n'est pour les affaires d'Evan. J'avais tué mon premier Strigoï, j'allais recevoir mon premier tatouage, mes cheveux devaient être coupés. Tant de changement en si peu de temps…

Quand je me tournais vers Ibrahim, je me disais que ce n'était pas bien grave pour les cheveux. Lui, il avait pu les caresser cette nuit, mais nul autre homme n'aurait ce privilège. Il serait le dernier, ma vie de gardienne ne m'autoriserait sûrement plus à ce genre d'écarts. Déjà car le souvenir d'Ibrahim me hanterait un certain temps, ensuite car je culpabilisais déjà d'avoir laissé Evan sous la protection de Sean seul. Je n'avais plus le droit de dévier ainsi à mes obligations. Plus jamais, c'était l'imprudence et la futilité même que j'avais toujours condamnés.

Je me levais, récupérais les affaires que Devrim m'avait apporté pendant la nuit et commençais à me rhabiller sous l'œil scrutateur d'Ibrahim. Je ne pus m'empêcher de sourire en sentant son regard de feu sur mon corps. Je m'assis un instant sur le lit pour remettre mon soutien-gorge. Je sentis alors le torse d'Ibrahim se plaquer contre mon dos comme s'il avait été happé, et ses deux mains se plaquèrent sur mon ventre, possessives :
-Ton cœur est impossible à prendre, n'est-ce pas ?
-Je suis une gardienne, comme tu me l'as répété tant de fois… Ils passent avant tout, tu sais ?

Il acquiesça.

-C'est peut-être mieux ainsi.

J'acquiesçai, peinée. Nous n'avions pas d'avenir, rien que des souvenirs. Des rencontres fortuites et des moments volés, voilà ce que la vie nous réserverait. Il m'avait fallu une nuit pour tomber amoureuse, j'aurais le reste de ma vie pour chérir ces moments passés à Capadoccia. Cela me suffirait pensais-je, sans imaginer un instant qu'Ibrahim me laisserait plus que des simples souvenirs cette nuit-là.

Dans sa cuisine, en me faisant un café et en essayant de ne pas me laisser distraire par son torse bronzé, nu et musclé qui se baladait devant mes yeux, et je lui demandais :
-Serais-je toujours la seule ?
-Dans mon lit, non. Mais dans ce lit, oui.

C'était la réponse que j'attendais. Il me raccompagna à Istanbul, me déposa devant un coiffeur ouvert toute la nuit. Il embrassa une dernière fois mes boucles auburn et me laissa là, face à mon destin. Une larme coula.

-Je DOIS me faire couper les cheveux, murmurais-je pour me donner du courage.

Et j'entrais.


Alors, qu'en avez vous pensé ? Je n'ai pas gardé le fait que Janine aurait cru un instant pouvoir avoir une histoire sur le long terme avec Abe. Pour moi ce n'est pas cohérent avec sa conduite de gardienne... De mon point de vue, Janie et Abe c'est clairement l'histoire d'une nuit qui a eu des conséquences... et qui les laisse tous les deux dans un entre-deux. ils se rappelleront toute leur vie cette histoire, ce sera la seule sérieuse, mais ils sont dans l'incapacité de concrétiser leur amour. Alors ils vivent leur vie chacun de leur côté... et se donnent rendez-vous dans 17 ans ^^

EDIT : je ne pensais pas écrire de suite mais c'est désormais chose faite, alors je vous invite à aller lire le 2eme chapitre :)