Voici une nouvelle histoire qui sort des sentiers battus, ici pas de magie, pas de Voldemort ni de mangemorts. J'ai voulu essayer un autre genre de fic, j'espère que vous aimerez l'histoire d'un Harry Potter pauvre et d'un Severus Snape en homme moderne et riche.

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Chapitre 1

Lucia descendit dans la rue, laissant avec regret pour quelques heures son petit appartement cossu qu'elle aimait tant. La jeune femme courut, elle était en retard pour son premier cours de la journée. C'est vrai qu'elle avait mal dormi à cause d'un mal de tête épouvantable, mais bon elle ne pouvait pas se permettre de rater l'école surtout qu'elle était en troisième année de préparation en pharmacie, et que les cours étaient difficiles en soi alors si elle les loupait en plus !

Lucia rentrait à l'université pour la troisième année grâce à son oncle Severus qui avait tout prit à sa charge. L'homme était sa seule famille, il l'avait adopté alors qu'elle n'était qu'une enfant de six ans. L'étudiante était une belle fille aux superbes yeux bleus et aux cheveux auburn, elle était gracieuse et élancée mais avec un caractère bien trempé, comme son oncle, disait-elle souvent en rigolant.

La petite fille qu'elle était avait failli se retrouver dans un orphelinat quand ses parents avaient étés tué dans un crash aérien, heureusement que Snape, qui était un ami de la famille, avait refusé cette option et avait fait le nécessaire pour être son tuteur légal. C'est ainsi que Severus lui avait demandé de l'appeler oncle, chose qu'elle oubliait fréquemment mais dont il ne se formalisait pas outre mesure.

C'était lui aussi qui payait en plus de ses études son appartement luxueux, c'était aussi lui qui lui allouait une rente pour lui éviter de travailler pour subvenir à ses besoins et s'acheter du matériel coûteux pour ses cours.

-Consacre-toi seulement à tes études, lui avait-il dit au téléphone quand elle l'avait remercié une fois de plus pour sa générosité.

Lucia lui argua pour la millième fois qu'elle était capable de travailler après ses cours pour se payer ses études.

-On a discuté de ça, tu sais ce que j'en pense !

-Oncle Severus, souffla la jeune femme, la somme est vraiment énorme, que veux-tu que je fasse de tout ça ?

-Profites-en pour t'acheter une nouvelle garde-robe, d'après ce que j'ai vu la dernière fois elle commence à dater. Et puis quand tu verras la liste impressionnante de livres qu'ils vont te demander cette année tu ne diras plus que la somme est énorme.

Severus Snape, célèbre financier de la city de Londres était ainsi, généreux, mais aussi rigide et strict. Il aimait que sa nièce adoptive ait le plus beau mais il exigeait en contrepartie une assiduité dans ses études, elle n'allait pas à l'université pour s'amuser mais pour apprendre.

La jeune femme ferma le col de son long manteau rouge pour se protéger du mauvais temps. On était à la mi-octobre et le vent était glacial, elle frissonna et allongea le pas. Heureusement que l'université ne se trouvait pas très loin de son quartier, et puis avec Thomas et Alex ils pourront aller se réchauffer dans la cafétéria de la cité universitaire en attendant que les cours commencent.

Quelques rues plus loin, dans un autre quartier plus défavorisé celui-là, celui des cinémas, un jeune homme aux magnifiques yeux verts enfonça un horrible bonnet de laine sur sa tête avant de s'assoir sur un tabouret bancale pour siroter une tisane qui allait peut-être, avec un peu de chance, le réchauffer alors qu'il faisait si froid dans sa cabane faite de n'importe quoi.

L'hiver promettait d'être là un peu plus tôt que prévu cette année, il avait eu du nez d'avoir récupéré des planches et des cageots dans les chantiers ou derrière les grandes surfaces pour réchauffer son squat. Car si le temps ne s'arrangeait pas il pourra toujours se faire une petite flambée dans le vieux bidon de fer. En attendant aujourd'hui il allait rôder autour du centre commercial, peut-être qu'il pourra se servir avant les autres et trouver de quoi manger et peut-être même un ou deux morceaux de bois.

Harry Potter reposa sa tasse ébréchée sur la table faite avec un baril qu'il avait trouvé dans un terrain vague. Son petit nid n'était pas ce qu'on pouvait appeler un château, mais c'était son chez lui et il s'y sentait bien même si parfois il se sentait seul.

Le jeune homme de vingt ans à peine enfila sa vieille veste à la couleur passablement passée et sortit dans le froid et le vent. Le ciel recouvert de gros nuages noirs promettait une pluie glaçante qui allait le congeler jusqu'à l'intérieur des os. Ne prenant pas le temps de s'apitoyer sur lui Harry traversa la route et prit la direction des centres commerciaux qui se trouvaient dans un autre quartier, presque à la périphérie de Londres, c'est dire le chemin qu'il devait se taper à pied.

En arrivant devant les grandes surfaces le squatteur rencontra John et Crasseux, deux sans-abris comme lui qui avaient été rejeté par la société. Ceux-ci par contre étaient bien plus âgés que lui, ils approchaient tous les deux de leurs soixante-dix ans et agissaient souvent comme s'ils étaient un vieux couple attachant, mais la plupart du temps ils n'aimaient pas se mélanger aux autres.

La confiance dans leur milieu n'était pas offerte facilement, la prudence était toujours de rigueur et Harry l'avait appris à ses dépens, les deux autres hommes aussi.

-Alors, le jeunot ! Le héla celui qu'on surnommait crasseux. Tu as senti le froid toi aussi ? John dit que l'hiver sera vigoureux parce que ses rhumatismes lui font un mal de chien, hein, John ?

-Ouais, mon gars, va faire froid, bougonna l'autre en fourrant ses mains aux ongles noirs dans les poches de sa veste trouée. Et on ferait mieux de se remuer avant que la bande de Harper n'arrive avant nous et ramasse tout ce qu'il y aura de plus intéressant à prendre.

- Il n'a pas tort, si les autres morveux nous voient dans les parages ça va encore barder pour notre matricule.

- Pourquoi on n'aurait pas le droit de se servir nous aussi ? s'indigna Harry. On ne fait rien de mal !

-Lui et sa bande sont les plus forts, gamin, et tant qu'ils seront les plus forts nous on pourra rien contre eux, tout ce qu'on peut faire c'est arriver avant pour ramasser tout ce qu'on pourra, et repartir avant qu'ils n'arrivent au centre commercial et qu'ils nous aperçoivent, contre eux qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, hein ?

-Arrête de pailler, Crasseux, si on veut manger aujourd'hui ce n'est pas en restant ici à tenir le crachoir au gosse, ça va pas nous tomber tout cuit dans le bec.

Julius, appelé aussi le Crasseux, haussa les épaules et suivit son ami vers les containers dont ils pourront tirer quelques nourritures s'ils avaient de la chance. Harry évita de les suivre et partit plutôt chercher du bois pour son squat, et quand il aura faim il pourra toujours traîner du côté des restaurants, il en connaissait certains dont les restes n'étaient pas dégoûtants.

Harry repartit avec cinq cageots, pour ce qui était de la nourriture par contre il n'avait malheureusement rien trouvé, trop de personnes étaient passées avant lui. Crasseux et John étaient partis un peu plus tôt, apparemment ils avaient trouvé ce qu'ils désiraient. Les deux hommes résidaient sous un pont, ils y avaient construit une cabane faite de bric à brac invraisemblable, c'était leur maison, leur chez eux depuis plus de vingt ans.

Le temps ne s'arrangea pas dans l'après-midi, de lourds nuages chargés de pluie recouvrirent un peu plus Londres et vers cinq heures elle se mit à tomber drue, mouillant impitoyablement ceux qui étaient sortis sans leur parapluie et qui se mirent à courir pour se mettre à l'abri sous un porche ou dans le métro.

Le jeune squatteur soupira fataliste, il n'avait pas mangé de la journée et s'il ne voulait pas entendre son estomac gargouiller toute la soirée et toute la nuit il avait tout intérêt à laisser traîner ses guêtres près de l'université, là où se rassemblaient les restaurants les moins radins de la ville.

Le jeune homme renfila son vieux manteau et son bonnet de laine, il prit son sac à dos et sortit de nouveau de sa tanière en prenant soin de bien cacher l'entrée de son squat car il n'était pas rare de se le faire voler, surtout quand l'hiver approchait. Celui d'Harry se situait dans la cour d'un vieux cinéma de quartier fermé depuis plus de douze ans. Jamais personne n'y venait, la ville avait bien pensé à le faire démolir mais jusqu'à présent personne n'avait entamé les travaux, une chose dont Harry Potter ne s'était nullement plaint d'ailleurs.

Le garçon s'était enfui d'un l'orphelinat le jour de ses quatorze ans et il n'avait jamais regretté son geste. Il en avait eu marre des coups et des reproches, du travail de forcené qu'on leur faisait faire pour finalement n'avoir rien au bout. Marre de voir les plus petits se faire battre afin de leur voler leurs nourritures déjà rares. Marre de se faire insulter de parasite de la société alors que les parasites étaient ceux qui les affamaient et les vêtissaient de loques ou de guenilles pour grappiller un peu plus d'argent pour mette dans leur poche.

Et puis pour tout dire on lui avait aussi un peu forcé la main, il n'était plus le bienvenu là-bas, pas après le scandale qui s'y était déroulé bien malgré lui.

Ici dans son squat il se sentait libre même s'il crevait encore de faim, et qu'il n'avait toujours pas les moyens de se vêtir convenablement et de s'en sortir comme tout un chacun. Car ne croyez pas qu'il n'avait pas essayé ! Il avait trimé dur pendant cinq ans pour gagner une misère et quand il avait vu les sommes considérables qu'il lui fallait pour s'inscrire dans une école, manger, se rhabiller, et acheter des fournitures, il avait vite abandonné l'idée.

Pourquoi tout était-il si cher et compliqué ? Pourquoi les jeunes indigents n'avaient pas le droit à l'éducation quand ils avaient atteint l'âge de dix-huit ans ? Maintenant il en avait vingt et il ne se faisait plus d'illusion, son chemin était tout tracé et n'irait pas en s'améliorant. Quand Harry avait émis le souhait de faire des études auprès du directeur de l'orphelinat, monsieur Lavarice, celui-ci lui avait ri au nez.

-La mauvaise graine n'a pas besoin d'apprendre, avait-il ricané en lui donnant un coup de bâton sur le bras, un de plus.

Evidemment les études coûtaient bien trop chères pour la lie de la société qu'ils étaient.

Harry regarda le ciel et la pluie, puis décidé il traversa la route et s'engagea sur le chemin des restaurants universitaires.

Lucia souffla pour la troisième fois, la journée n'en finissait pas, il lui tardait de rentrer chez elle pour souper tranquillement et réviser ses cours devant un bon feu de cheminée qu'elle allumera aussitôt qu'elle sera dans son appartement. L'année n'allait pas être de tout repos, mais elle adorait son futur métier donc elle n'allait pas rechigner alors qu'elle avait eu l'immense chance d'avoir une place dans cette université de renom.

-Essayez de vous procurer le livre sur la pharmacopée des temps anciens et sur les plantes qu'ils utilisaient dans leurs décoctions, leur demanda un professeur en se levant tout en posant ses lunettes sur son bureau. Nous nous verrons demain matin, les avertit-il en leur faisant signe que le cours était terminé.

Lucia se promit de passer chez le libraire avant de rentrer chez elle, la cheminée attendra bien un peu. La jeune femme salua une amie, embrassa en toute hâte Thomas qui faisait une tête pas possible puis elle s'activa vers la sortie d'où se pressait une foule de jeunes gens qui chahutaient et qui s'interpellaient ou se donnaient rendez-vous pour la soirée.

Quand elle fut sortie de la cité universitaire, elle se rendit dans la petite librairie qu'elle affectionnait tant depuis que son oncle Severus la lui avait fait connaître.

Lucia préférait de beaucoup acheter ses bouquins dans cet endroit chaleureux plutôt que dans une grande librairie de standing où tout était informatisé et sans âme. Ici elle sentait l'odeur des bouquins, ici ils avaient une vie, une histoire, ils n'étaient pas toujours de première jeunesse, on sentait et on voyait qu'ils étaient passés par des centaines de mains mais cela n'avait aucune importance pour elle.

La jeune femme de vingt-et-un ans déambula entre les rangées d'étagères de bois et se dirigea vers les rayons des plantes et la pharmacie à travers les âges. Elle prit son temps pour trouver ce qui l'intéressait vraiment, ensuite elle les retira doucement de leur emplacement, les feuilleta quelques secondes et alla voir le vieux Philibert, l'homme qui tenait la petite bibliothèque et qui enregistrait de son écriture méticuleuse sur un cahier les livres qui sortaient ou qu'il avait vendu.

-La pharmacie des plantes, Les racines dans vos médicaments ! Ils t'en ont donné du travail, Lucia, dis-moi !

-Oui, Phil, la semaine commence bien fort, rigola-t-elle, mais je ne vais pas me plaindre.

La jeune femme enferma ses possessions dans son sac après les avoir enveloppé avec précaution, afin qu'ils ne soient pas trempés par la pluie qui continuait de tomber en gouttes épaisses.

-Bonsoir, dit-elle au vieil homme avant de sortir de la boutique et de se mettre à courir pour cette fois rentrer au plus vite chez elle.

Quelle poisse, pensa-t-elle, elle allait arriver complètement gelée chez elle, elle n'aura plus qu'à allumer la cheminée et se boire un bon thé devant pour se réchauffer les pieds et les mains avant de commencer à réviser.