Titre: Il mourrait pour les femmes.

Disclaimer: Tout appartient à Eiichiro Oda.

Notes: Ce qui suit est inspiré de la chanson "Musulmanes" de Michel Sardou. Bonne lecture !


La température avoisinait les quarante degrés sur cet archipel estival, si bien que nous devions porter des chèches teintes à l'indigo, un peu comme à Alabasta. Laperrine Targa c'était ainsi que les insulaires nommait ces dunes éventées baignant dans du ciel bleu d'outremer.

Sandy surveillait le cap – pause toilettes de Nami – alors notre capitaine voulut en profiter pour chaparder des pommes. Sûr, ça dégénéra : un croc-en-jambe puis une bille tabasco plus tard, Pipo expérimentant à l'air frais, notre médecin accourrait vers les estropiés. Le temps que mademoiselle revienne, un cyclone tropical emportait le Sunny-Go. Trop tard.

Sinon, Tit était un bien joli port, d'après Robin. Moi j'y rêvais les siestes au soleil.
On y siégea quatre jours, pour le Log Pose sauf Chopper parce qu'il y faisait trop chaud et Franky parce que « Tout seul, c'est pas super rigolo ! ». Les lits étaient douillets, la graille pas mauvaise, ça me convenait. Le gouverneur, Tin Bardo, amoureux de contes d'aventures, nous convia un soir. Une immense demeure, des fontaines en or et des parterres de fleurs ; pas que ça m'émoustillât. Mais des liqueurs d'un exotique ! On s'amusait.
Il avait aussi un harem, ce bonhomme au menton pointu. Danseuses, chanteuses, acrobates et plein de couleurs sur leur peau ou leur jupon.
Elles ne souriaient pas, ces dames. Nami et Robin non plus.
Quand Tin Bardo frappa la pucelle lui servant du raisin bleu tacheté – une spécialité locale – je vis notre navigatrice retenir Sandy furibond en se mordant la lippe. Plus tard, on partit.

Je passai le reste du séjour à m'égarer dans la ville portuaire ou à l'Hoggarouge, notre auberge. Les filles rentraient en fin de soirée les bras chargés d'étoffes aux motifs pluriels. Le cuistot ramenait des tas de poissons bigarrés en provenance de West Blue.
Il ne souriait plus.

Au matin du départ, je compris : Sandy ne revenait pas du marché. Le respect infini qu'il portait à toutes les femmes, jeunes mignonnes ou laides vieillardes, cette galanterie chevaleresque qu'il manifestait à l'égard de l'amie et l'ennemie itou ; c'était dangereux ; trop tard.
Je me perdis, effectivement. Au carrefour de Blondelle, sous les palmizags (1), je le trouvai toutefois. On lui avait crevé un oeil, assurément brisé la plupart des os soutenant sa cage thoracique et son bras gauche. Sandy ne me vit pas, juste m'entendit parler. Ou mon cœur chamader, peut-être.
« Zorro… »
Ça sentait le Scaferlati Arancione (2), ce tabac brun aux zestes d'orange.
«Pour All Blue, vous… s'il-te-plait. »
Mes trois pendants d'oreilles tintèrent au bout de ses doigts vermeils, comme lorsqu'on se croisait sous les mandariniers les matins où il les arrosait, puis qu'il m'arrosait avec.
« M'oubliez pas. »
Je n'ai même pas osé l'embrasser comme sous les mandariniers.

De concert, Luffy et moi firent un carnage. La nuit ce fut marée haute : d'eau salée autant que de sang.
Pour toutes les femmes du monde.

Fin


(1) Palmizag : un palmier dont le tronc fait des zigzags.
(2) Scaferlati Arancione : tabac brun aux zestes d'orange, dit dark-cured car séché à l'ombre. C'est une spécialité locale ("scaferlati" car haché de façon particulière, "arancione" signifie "orange" en italien).