Ceux qui défièrent le Seigneur des Ténèbres

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UA. Lorsque Lily part promener son chien ce soir là, elle ignore que cette nuit qui commence va bouleverser sa vie à tout jamais. Aussi, quand elle découvre les corps inanimés de plusieurs hommes vêtus de robes, Lily ne réalise pas l'importance de la rencontre qu'elle vient de faire. Et c'est tout naturellement que la jeune femme viendra en aide à l'un d'entre eux. Mauvais temps pour une moldue qui entre en contact de plein fouet avec un monde magique déchiré par une guerre intestine.

Disclaimer : comme chacun s'en doute, l'univers de Harry Potter n'est pas à moi.

Précisions : Voici une fanfic qui j'ai écrite il y a un moment, en 2009 pour être précise, et que je viens par hasard de retrouver dans un vieux disque dur externe. Elle se divise en 3 parties qui sont intégralement écrites et corrigées (depuis 2009 ^^'). Merci d'ailleurs à Adhafera pour son travail de correction et son aide précieuse pour améliorer cette fanfic.
Pour ceux qui lisent les Maitres des Dimensions, sachez que j'ai quasiment terminé le prochain chapitre. J'essaierai de le mettre vite, mais la préparation du concours ne me laisse pas beaucoup de temps pour écrire…

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Lily donna une dernière caresse à Flèche, sa chienne, en se levant. Elle posa sa tasse vide dans l'évier et s'étira longuement. Elle ne se sentait pas d'attaque pour continuer à travailler. Il était tard et elle n'avait plus la tête à ça. Ce dossier attendrait le lendemain. Elle poussa un soupir en regardant son appartement d'un œil critique. Du rangement s'imposait. Elle attrapa la télécommande et alluma la télévision. Un polar sans grand intérêt mais regardable passait à l'antenne. C'était parfait comme fond sonore pendant qu'elle mettait de l'ordre.

Dans l'ensemble, la jeune femme était satisfaite de sa vie. Elle avait vingt-cinq ans, un diplôme d'avocat et un travail dans un cabinet de taille respectable. Bon, d'accord, pour le moment, c'était plus un boulot de larbin qu'autre chose, mais elle devait faire ses preuves. Elle soupira. Elle était repartie dans une de ces soirées où elle voyait la vie en noir. Ces soirs-là elle se rappelait que même si elle s'entendait bien avec de nombreuses personnes, elle n'avait pas de réelle amie à qui confier ses soucis, ses joies et ses peines et que sa vie sentimentale était plus vide que le désert de Sahara.

Comme si elle sentait le malaise de sa maîtresse, Flèche s'avança, sa laisse dans la gueule.

« Non ! fit Lily, plus amusée qu'autre chose. Flèche, nous avons fait une balade il y a deux heures ! » L'animal lui lança un regard suppliant. Elle était un peu trop maligne… Souriante, la rousse prit la laisse ».

Il commençait à faire sombre lorsqu'elles arrivèrent à Regent's Park. La nuit allait bientôt tomber et Lily se demandait sérieusement si elle ne devrait pas rentrer. Flèche aboya soudain frénétiquement. Sa maîtresse fronça les sourcils, surprise par cette réaction. La chienne était d'habitude d'un calme olympien – elle avait été dressé pour cela, étant un gros chien, Lily devait pouvoir la contrôler qu'elle que soit la situation. L'avocate sentit son bras partir en avant et fut incapable de retenir Flèche. L'appelant à grands cris, elle se mit à courir derrière l'animal, paniquée.

Au détour d'une allée, elle demeura saisie par la scène qu'elle avait sous les yeux. Une dizaine de personnes étaient allongées sur le sol, inconscientes – ou mortes ? Certaines portaient une espèce d'uniforme : une robe rouge avec un blason frappé d'une épée et d'une sorte de baguette magique. Les autres étaient vêtues entièrement de noir. Lily attrapa vivement son téléphone portable, composant rapidement le 999. Alors que l'opérateur lui répondait, Flèche s'approcha d'un des hommes en rouge. Il gémit et se redressa, manifestement surpris de se trouver nez-à-museau avec un chien. Lorsqu'il se tourna vers elle, le cœur de Lily manqua un battement. Le regard chocolat du blessé semblait la transpercer à travers ses lunettes. Captivée par ces yeux, la rousse n'entendit même pas la question qu'on lui posait au téléphone. Un craquement sec mit fin à ce moment. L'homme s'était vivement remis sur ses jambes, titubant.

« Vous devez partir d'ici ! » lança-t-il d'une voix pressante.

Sans en tenir compte, la jeune femme s'était avancée.

« Vous êtes blessé. Ne bougez pas, je suis en train d'appeler une ambulance.

- Non ! Ne faites rien, partez et… »

Un froid glacial envahit soudainement le parc. Flèche gémit, se réfugiant dans les robes de l'homme alors que sa maîtresse laissait tomber son téléphone sur le sol, tétanisée.

« Détraqueurs, souffla l'inconnu. Merde. »

Il parut hésiter, regardant les corps étendus puis Lily. Et il prit sa décision en un éclair. Il attrapa la rousse d'un bras, récupérant son portable de l'autre et se mit à courir. Avant qu'elle n'ait pu protester, la jeune femme dut lui emboiter le pas. L'observant devant elle, elle remarqua immédiatement que chaque pas lui était douloureux. Ses vêtements déchirés laissaient apparaître un nombre affolant de plaies. Engourdie par le froid et la peur, Lily n'avait d'autre choix que le suivre. Ils sortirent de Regent's Park au pas de course alors que la pluie se mettait à tomber. Arrivé sur Baker Street, l'homme s'arrêta, tremblant de douleur. Le froid s'était atténué et l'avocate était en train de retrouver ses esprits.

« Vous allez mal, fit la jeune femme d'une voix douce. Je vais appeler une ambulance.

- N-non ! Il ne faut pas. J-je vais récupérer mais ils ne doivent pas me trouver en attendant. »

Lily le regarda. Ses yeux étaient tellement troublants…

« Alors laissez moi au moins vous soigner. Je n'habite pas loin, je pourrais désinfecter vos plaies… »

Pourquoi avait-elle proposé cela ? Elle ne le savait pas… elle ne comprenait pas vraiment.

« C'est dangereux pour vous. Je ne veux pas…

- Il est hors de question que je vous laisse dans cet état ! » se rebiffa la jeune fille, têtue.

L'autre sembla hésiter, mais sa faiblesse se fit sentir. Flèche, qui les avait manifestement suivit, aboya.

« Appuyez-vous sur moi, » ordonna la maîtresse, péremptoire.

L'étranger parut vouloir protester, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Il paraissait si mal… Plus que tout, Lily aurait voulu diminuer sa douleur. Elle ne comprenait pas ses réactions. Elle avait toujours aimé aider les autres, mais là, c'était excessif. Que lui arrivait-il ? Elle se le demandait encore lorsqu'elle pénétra dans son immeuble. Ils entrèrent dans l'ascenseur et elle remarqua que l'homme semblait de plus en plus mal. Flèche se tenait près de lui, manifestement inquiète. Les chiens avaient un sixième sens pour ces choses là, s'était laissée dire Lily.

Entrant dans son appartement, elle regretta de ne pas avoir terminé son rangement. Heureusement, elle en avait suffisamment fait pour que son domicile soit regardable. Elle aida son invité à s'installer sur le canapé.

« Attendez moi ici, fit-elle, je vais chercher de quoi désinfecter les plaies. Il faudrait que vous mangiez quelque chose également pour vous redonner des forces.

- Du chocolat, » murmura-t-il.

Lily fut surprise par cette demande. Elle se retint de demander pourquoi du chocolat et se félicita d'en avoir une tablette dans son placard. Il était au riz, il ne restait plus qu'à espérer que cela convienne. Passant dans la salle de bain, elle attrapa du coton, du désinfectant et des pansements. L'homme était endormi, lorsqu'elle revint. Se mordillant la lèvre, la jeune femme hésita. Devait-elle le réveiller ? Ses connaissances en médecine étaient incroyablement restreintes et elle ne savait comment agir. Posant médicaments et chocolat sur la table basse, elle s'assit près de lui. Il était si séduisant… Elle secoua la tête. Que lui arrivait-il au juste ? Ses hormones lui jouaient des tours ? Agacée, elle trempa du coton dans le désinfectant. Elle hésita encore avant d'écarter les pans de la robe de son invité, dévoilant son torse. Repoussant un certain nombre de pensées tout à fait hors de propos, elle se mit à tapoter délicatement les plaies. Un gémissement douloureux s'échappa des lèvres de l'homme au contact de l'antiseptique.

« Je suis désolée, murmura la rousse.

- C-ce n'est rien. Continuez, » fit-il en retirant complètement sa robe, ne restant qu'en simple pantalon.

Lily s'envoya une gifle mentale pour rester concentrée sur le problème actuel.

« Comment vous êtes-vous fait cela ? » murmura-t-elle, horrifiée par le nombre d'entailles qui parcouraient le buste de l'inconnu.

Il eut un pauvre sourire, mais ne répondit pas. Elle respecta son silence, continuant à désinfecter.

« Mangez un peu, fit-elle.

- Merci mademoiselle…

- Lily. Je m'appelle Lily Evans.

- James. »

Il n'en dit pas plus, elle ne lui en demanda pas plus. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était si confiante ni pourquoi elle désirait tant l'aider. Elle termina de désinfecter alors qu'il avalait la tablette de chocolat. Il sembla rapidement retrouver des forces, même s'il demeurait faible.

« Pourquoi m'aidez-vous ? murmura-t-il.

- Je me le demande. Je ne comprends pas vraiment… Nous allons dire que c'est parce que Flèche t'apprécie… »

La chienne regarda vers sa maîtresse, demeurant assise près du canapé. James eut un sourire en coin.

« Je me suis toujours bien entendu avec les chiens, » fit-il sur un ton amusé.

Lily sentit un sous-entendu dans ces paroles, mais elle ne dit rien. Récupérant les cotons imbibés de sang, elle se leva pour aller les jeter. Elle ne quitta le salon que quelques instants mais lorsqu'elle revint, James était debout… et complètement guéri !

« Mais… hoqueta-t-elle en s'approchant de lui pour examiner son torse. C-comment ? »

L'homme eut un sourire mystérieux. La jeune femme se sentit soudainement rougir, réalisant la proximité entre eux. James sembla s'amuser de cette réaction alors que son hôtesse reculait précipitamment.

« Comment est-ce possible ? répéta-t-elle.

- Ne cherchez pas à comprendre, je ne peux vous répondre.

- Est-ce pour cela que vous ne vouliez pas de médecin ?

- Entre autre. Je dois partir, maintenant, je ne veux pas vous mettre plus en danger.

- Mais… »

Il posa un doigt sur les lèvres de la jeune femme, coupant la protestation. Elle frissonna sous ce simple contact, se demandant depuis quand elle réagissait ainsi face à un parfait inconnu.

« Je vous remercie pour tout, Lily. Vous m'avez probablement sauvé la vie, ce soir. »

La main de James se décala, caressant doucement la joue de la rousse. Une partie de son cerveau tenta vainement de lui signaler qu'elle ne connaissait pas cet homme et qu'elle n'était pas censée se laisser faire de la sorte. Cependant, elle semblait définitivement déconnectée.

La porte d'entrée explosa, mettant fin à cet intermède. Lily sentit James la tirer violemment vers lui et se retrouva plaquée contre son torse. Il y eut des cris incohérents et l'instant d'après tout était de nouveau calme. Redressant la tête, la jeune femme ne put retenir un hoquet de surprise. Son petit salon avait laissé place au hall d'entrée d'une maison… que disait-elle ? d'un palais.

« Comment… murmura-t-elle sans quitter l'étreinte de James.

- Magie, sourit-il en la relâchant légèrement. Il semblerait que je vous ai beaucoup trop impliquée dans cette affaire, Lily.

- Cette tenue est indigne d'un membre de la famille Potter ! minauda une voix. Un Lord doit savoir…

- Accident en mission, la coupa James. Je vais aller m'habiller, ne vous en faites pas, tante Gertrude. »

La rousse dut se raccrocher à lui pour ne pas tomber en découvrant son interlocutrice : une femme dans un tableau leur lançait un regard désapprobateur.

« Venez, » murmura le mystérieux James en l'entrainant avec lui.

Complètement perdue, Lily le suivit docilement. Elle ne savait plus que penser ou que dire. Elle remarqua avec surprise et soulagement que Flèche était là elle aussi et leur emboitait le pas.

« Je l'ai prise avec nous, mes poursuivants ne sont pas des enfants de cœur, torturer un animal est dans leur habitude. »

L'avocate frissonna, imaginant ce que ces individus auraient pu faire à la chienne.

« Qui sont-ils ? demanda-t-elle à mi-voix.

- Des mangemorts. Des mauvais sorciers.

- Vous êtes un sorcier ? Oui, évidemment. Ça explique la guérison et la téléportation. Est-ce que je suis en train de rêver ? »

James eut un triste sourire.

« Il vaudrait mieux pour vous. Je suis terriblement désolé de vous mêler à tout cela.

- Vous n'êtes pas fautif. Vous ne vous êtes pas blessé volontairement, que je sache.

- Non. Je ne suis pas désespéré à ce point. »

Ils entrèrent dans un salon qui devait bien faire deux fois la taille de l'appartement de la jeune femme.

« Vous êtes de la noblesse, c'est ça ?

- De la noblesse sorcière, en effet.

- C'est pour cela qu'ils vous poursuivent ?

- Oui et non. C'est compliqué. La société magique actuelle est en guerre. Ce n'est pas le bon moment pour une moldue d'y entrer.

- Moldue ?

- Quelqu'un sans pouvoirs magiques.

- Oh. Comme moi, donc.

- Moui. Les hommes qui me pourchassent…

- Les mangemorts ?

- C'est ça, ils travaillent pour un mage noir qui prône la pureté du sang, c'est-à-dire pour simplifier que pour lui les sorciers doivent rester entre eux et ne pas côtoyer les moldus qu'il considère comme inférieurs.

- Un type charmant, grimaça Lily.

- Je ne vous le fais pas dire. » James s'arrêta et se tourna vers elle, l'air grave. « C'est pour cela que je vous ai amené avec moi. Même si vous ne saviez rien, ces hommes n'auraient pas hésité à vous tuer pour le plaisir. Surtout maintenant que je vous ai rencontré. Le Code du secret magique fait que je devrais vous effacer la mémoire et vous renvoyez dans votre monde, mais si je fais cela, vous risquez de vous faire tuer à cause de moi.

- C'est pour cela que vous ne vouliez pas que je vous aide, n'est-ce pas ?

- Oui. »

La jeune femme se tut, digérant les paroles du sorcier. Si, comme il le disait, elle ne rêvait pas, sa situation était critique. Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle, qui avait une âme non-violente et avait toujours cru dans les vertus de la négociation, se retrouvait poursuivie par des extrémistes. Pourquoi ? Parce qu'elle avait aidé un homme blessé ? Elle croisa le regard de James. Il paraissait sincèrement désolé pour elle. Sans réellement comprendre d'où cela venait, elle eut la brusque envie qu'il la serre contre lui. Elle s'était sentie en sécurité lorsqu'il l'avait fait un peu plus tôt. Mais cette fois, il ne fit rien et elle se laissa tomber dans un fauteuil richement décoré.

« Je ne sais pas quoi vous dire, Lily, » avoua le noble, l'air penaud. Elle releva les yeux vers lui, le regardant sans le voir. Elle était complètement perdue. Flèche s'approcha d'elle, sentant probablement son malaise.

« Ils vont me tuer ?

- Non, assura le sorcier. Je ne les laisserais pas faire. »

Il y avait une telle fermeté dans ces paroles, que Lily le crut. La force dans son regard rassura la jeune femme. À cet instant, tout son être lui cria que James ne les laisserait jamais poser la main sur elle.

« Merci, » murmura-t-elle, tremblante. Cette fois, l'homme l'attira de nouveau vers lui et la serra contre lui. Elle se laissa aller dans cette étreinte sécurisante, portée par la certitude que rien ne lui arriverait.

«… faire ça, James ! » Une voix masculine fit revenir Lily à la réalité. Elle s'était endormie dans les bras du sorcier et se trouvait désormais allongée sur un canapé, une couverture posée sur elle.

« Nous n'avons pas le choix, Sirius. Ils ont tué toute mon unité, si Lily n'avait pas été là, les Détraqueurs m'auraient achevé ! Nous devons reprendre le Ministère au plus vite.

- L'Ordre n'est pas assez puissant pour ça ! Nous sommes trop peu nombreux ! Nous sommes en train de perdre cette guerre, tu le sais aussi bien que moi, James.

- Nous ne pouvons pas perdre, Patmol ! Si cela arrive, imagine ce qu'ils feront aux moldus et aux nés-moldus ! Pense à Veena !

- Je ne pense qu'à elle, figure toi ! Chaque jour et chaque nuit depuis que l'Ordre a dû l'envoyer Merlin-sait-où pour sa protection ! Nous aurions dû nous marier le mois dernier. »

La voix du dénommé Sirius se brisa. Les yeux fermés, Lily commençait à comprendre ce que James avait voulu dire en disant que ce n'était pas le moment d'apprendre l'existence de monde sorcier.

« Elle me manque tellement, Cornedrue…

- Je sais. Mais tu pourras bientôt la revoir. Je te le jure.

- Comment peux-tu en être si sûr ? Ton troisième œil a toujours été une catastrophe !

- Qu'est-ce que tu en sais ?

- Je te signale que c'était avec moi que tu faisais tes devoirs de divination !

- Touché. »

Les deux hommes eurent un petit rire.

« Que comptes-tu faire pour cette moldue ? La confier aux Oubliators ?

- Certainement pas ! Même s'ils lui font oublier notre rencontre, elle sera en danger puisque Malefoy et sa bande l'ont vu avec moi. Et puis il y a cette histoire avec les sorts d'amnésie qui poseraient problème…

- Et tu ne veux pas qu'elle oublie, n'est-ce pas ? »

Au grand regret de Lily, James ne répondit pas à la question.

« Nous allons donc reprendre le ministère, dit-il à la place.

- Tu es le pire chef que les aurors aient jamais eu, tu le sais au moins ?

- Merci, vieux frère. Appelle les autres, la mission commencera dans deux heures. »

Des bruits de pas firent comprendre à la rousse que Sirius venait de sortir. Prudemment, elle ouvrit les yeux. À ce moment, James se tourna vers elle et s'approcha.

« Vous êtes réveillée ? Comment vous sentez-vous ?

- Bien, merci. Heu… Et vous ? Vos blessures ?

- Une ou deux potions et il n'y paraîtra plus. Je vais devoir m'absenter pendant un moment.

- Que se passe-t-il ?

- Je suis un auror, un sorte de policier/soldat si vous voulez. Et le mage noir dont je vous ai parlé a pris le ministère de la magie. Nous devons le reprendre.

- Il y a un ministère de la magie ?

- Ouais. Je vous le montrerai lorsque tout cela sera fini. »

Les deux jeunes gens échangèrent un sourire.

« J'ai hâte de voir cela, répondit doucement la rousse.

- Ce sera pour bientôt. »

Le ton de James était chargé de promesses. Le cœur de Lily se gonfla de joie. Comment cet homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures pouvait-il la toucher à ce point ? Elle ne se comprenait plus elle-même, mais préféra se laisser porter par cette impression de plénitude qu'elle ressentait à ses cotés. La main du sorcier se posa une nouvelle fois sur la joue de la jeune femme, la faisant frissonner.

« James, je…

- Chuuut. Ne dis rien. Pas maintenant. Nous parlerons… plus tard. »

Il combla le vide entre eux et l'embrassa avec une infinie douceur. Lily avait connu peu d'hommes, mais elle sut que ce baiser avait quelque chose de différent. Elle se laissa aller dans les bras de ce sorcier qu'elle connaissait à peine, oubliant même qu'elle n'avait pas pour habitude d'être une fille facile. Oubliant qu'elle ne comprenait plus ses propres réactions lorsqu'elle était avec lui.

« Maître James ? » couina une voix.

Délicatement, le sorcier se détacha de la jeune femme, la gardant tout de même contre lui.

« Qu'y-a-t-il, Kelly ? »

Une créature étrange venait de surgir de nulle part – Lily devait-elle réellement en être surprise ? – et se dandinait, manifestement mal à l'aise – à moins que ce soit autre chose ? La jeune femme n'était pas sûre. De petite taille, les oreilles pointues démesurément longues et d'énormes yeux globuleux, ce n'était certainement pas un canon de beauté. La taie d'oreiller ornée d'horribles motifs floraux qui l'habillait ne rehaussait pas vraiment l'ensemble.

« Vos… invités sont dans le grand bureau, maître.

- D'accord. Merci. Va leur dire que j'arrive dans cinq minutes et demande à Loume de venir, s'il-te-plait.

- Bien, maître James. »

Lily regarda le petit être disparaître, comprenant à quel point le monde de la magie lui était étranger.

« C'est une elfe de maison, murmura la voix de James à son oreille, son souffle chatouillant la nuque de la rousse. Elle est au service de ma famille depuis des années. Il faut faire attention de ne pas leur donner l'impression d'être mécontent de leur travail, où les elfes ont tendance à se punir. »

Horrifiée par cette idée, la jeune femme allait protester lorsqu'un autre elfe apparut. Il paraissait plus âgé – ou du moins était plus ridé – et était vêtu d'un torchon au motif écossais délavé. Cela le rendait tout aussi étrange que le précédent. Ou peut-être la précédente, Kelly était un nom féminin après tout.

« Bien, fit le sorcier en se redressant. Loume, je te présente Lily. Elle m'a sauvé la vie ce soir. Je compte sur toi pour veiller sur elle pendant mon absence. Elle est ici chez elle et je te la confie.

- C'est un honneur, maître James. Miss Lily, voulez-vous bien me suivre ? »

La rousse se détacha du noble, quelque peu déroutée par la déférence avec laquelle l'elfe s'adressait à elle.

« Je serais bientôt de retour, » souffla James à son oreille avant de la pousser légèrement vers Loume.

Elle le regarda s'éloigner, le cœur serré par l'inquiétude. Il partait reprendre son ministère et d'après ce que le dénommé Sirius avait dit, ce ne serait pas une mission facile.

« Il est fort, Miss Lily, lui dit l'elfe, comme lisant dans ses pensées. Il reviendra. Rien qu'à la façon dont il vous regarde, Loume sait qu'il reviendra. Loume le connait depuis sa petite enfance…

- Pas moi… Je… A vrai dire, je ne connais ni votre monde ni James…

- Mais vous l'avez sauvé.

- Aurais-je dû laisser un homme blessé sans aide sous prétexte que je ne le connaissais pas ?

- Loume connait suffisamment les humains, sorciers ou non, pour savoir que beaucoup ne l'auraient pas fait, Miss Lily.

- Je ne suis pas de ceux-là. Et inutile de m'appeler Miss. Lily suffira.

- Bien, Miss Lily. »

La jeune femme sourit, comprenant que ce genre d'action était voué à l'échec. Loume l'avait conduite dans une pièce aux dimensions convenables mais pas imposantes. Elle était décorée assez sobrement mais avec gout. La rousse sourit, elle aimait cette salle.

« C'était la pièce que maîtresse Hélène, la mère de maître James préférait dans le manoir. Elle y passait des heures et des heures.

- Je comprends.

- Voulez-vous que Loume vous conduise à une chambre pour vous reposer ? Il est deux heures du matin.

- Non. Si… si ça ne vous dérange pas, je voudrais attendre… Je… j'aimerais que vous me parliez de vote monde. »

L'elfe sembla interloqué.

« Loume, Miss Lily ?

- Oui. Si cela ne vous ennuie pas, évidemment.

- Loume serait honoré. Très honoré. Que voulez-vous savoir ?

- James m'a parlé d'un ministère de la magie… »

C'est ainsi que peu à peu, au rythme des questions, la rousse commença à découvrir le monde dans lequel elle venait d'entrer. La discussion dura longtemps et ne parcourut qu'une maigre partie de ce que la jeune femme devrait savoir. Elle tourna très peu autour des informations personnelles des Potter. Lily apprit simplement, comme elle s'en doutait, que c'était une famille de la vieille aristocratie sorcière, leur famille étant riche et puissante. Et puis, vaincue par la fatigue et par les émotions de la journée, elle s'endormit malgré sa volonté de demeurer éveillée jusqu'au retour de James.

Les flammes léchaient les murs, projetant des ombres inquiétantes sur le champ de bataille. Les hommes combattaient férocement, les sortilèges volant dans tous les sens. Leurs vêtements étaient déchirés et le sang tachait le sol… Ainsi c'était cela, la guerre ? Cela n'avait rien de glorieux, magie ou non…

Une grande fontaine trônait au centre des combattants, comme les narguant. Elle continuait à s'écouler, le clapotis de l'eau se perdant dans les bruits de la bataille. La fière construction – bien qu'à l'apparence un peu étrange, mais qu'est-ce qui ne l'était pas dans le monde magique ? – s'ébranla soudainement, touchée par une série d'éclairs noirs. Elle tint bon un moment, luttant dans l'indifférence générale pour rester entière. Les sorciers qui avaient passé tant de temps à la construire, ceux qui la réparaient lorsqu'elle fonctionnait mal, ceux qui l'admiraient… tous semblaient l'avoir oubliée. Ils combattaient avec acharnement, luttant pour quelque chose de plus grand qu'un monument.

Les robes rouges des aurors se teintaient de brun sous l'effet de sang séché. Celles des mangemorts, noires, ne laissaient pas apparaître de taches, mais les adeptes de Voldemort s'écroulaient les uns après les autres. Quant au dernier groupe d'individus, les membres de l'Ordre du Phénix, aux robes aux couleurs divergentes, ils peinaient tout autant que les autres.

La fontaine s'écroula finalement, tuant deux ou trois personnes dans sa chute. Il y eut des cris, mais bien vite le feu s'étendit vers le monument brisé et tout le monde s'en désintéressa. Ils voulaient vivre, protéger ce en quoi ils croyaient – telles étaient les raisons de ce combat, quel que soit le camp.

Des corps chutèrent, provoquant des bruits mats, parfois des cris et des pleurs mais disparaissant finalement dans la masse. Sur un champ de bataille, un soldat, qu'il soit de noir ou de rouge vêtu, n'était jamais qu'un soldat et un combattant mort ne se différenciait finalement pas beaucoup de son adversaire…

Les Âmes-Sœurs, longtemps séparées, se sont enfin trouvées. Les Ombres les encerclent, mais de leur union naîtra la Lumière.

Tant que leurs cœurs demeureront unis, rien ne pourra les atteindre. Leur bonheur sera une force même après leur mort.

La force des Âmes-Sœurs aujourd'hui offrira un premier espoir, faible comparé au suivant, mais un espoir tout de même.

Sorciers, écoutez le chant de la Magie, écoutez le chant du cœur. Aujourd'hui, la Roue du Destin s'est mise en route, les Âmes-Sœurs se sont retrouvées…

Le chant toucha le cœur de Lily. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais toute son âme semblait vibrer à son écoute. Toute cette journée était au delà de sa compréhension. Il arrivait des choses au-delà de son entendement. Pourtant… pourtant il s'était passé quelque chose… Comme si elle venait de retrouver une partie d'elle-même. Quelque chose dont elle avait besoin…

Elle dormait, elle le savait. Cependant, elle était .

Des cris, des hurlements… Les combats faisaient rage. Uniformes rouges ou blancs contre noirs. Alliés de la lumière contre serviteurs du Seigneur des Ténèbres. Le feu se reflétait dans les verres des lunettes de James. Ses yeux brillaient d'une lueur sauvage. Il vaincrait. Parce qu'il le devait. Pour ceux qu'il aimait… Sirius, Remus, Peter, Veena… Lily.

Une silhouette squelettique s'avança vers lui.

Cœurs unis, esprits liés, ensemble défierons le Mal. Amour profond, remontant à la nuit des temps, toujours vaincra.

Il est un pouvoir que les Seigneur des Ténèbres ignorent. Cette nuit, il y sera confronté.

Lily retint un cri. Cet homme… cet être qui menaçait James était dangereux. Elle avait peur. Tellement peur…

« Avada Kedavra ! »

Le jeune Potter évita de justesse l'éclair vert sous le regard horrifiée de la rousse. Elle ignorait tout bonnement comment elle pouvait être à deux endroits à la fois. Assister à ce combat qui se déroulait au ministère de la magie tout en étant endormie dans le manoir Potter. Les chants parlant d'Âmes-Sœurs et Destin résonnaient dans son esprit sans qu'elle n'en comprenne la signification. Elle regarda James se battre avec toutes ses forces. Elle voulait l'aider. Elle se sentait si inutile, si faible.

Des larmes coulèrent sur ses joues. Une trainée de sang se répandit sur le bras de James. Par réflexe, Lily se précipita vers lui. Elle fut surprise de croiser son regard.

« Lily ? » souffla-t-il.

Elle posa sa main sur celle avec laquelle le jeune homme tenait sa baguette, avec un sourire confiant. Ensemble, ils pouvaient le faire. Elle en avait la certitude. Elle ne chercha pas à le comprendre. Elle ne comprenait plus… Alors elle faisait quelque chose qu'elle n'avait jamais fait auparavant – du moins, avant de rencontrer ces yeux chocolat – elle écoutait son cœur.

L'homme squelettique s'approcha encore. James croisa le regard de Lily.

« Avada Kedav…

- Expelliarmus ! » cria James.

La baguette de Lord Voldemort lui échappa des mains sous le regard horrifié de ses serviteurs. Le temps sembla se suspendre sur le champ de bataille. Lily sut que le combat était fini. Les sorciers vêtus de noir commencèrent à disparaître alors que leur maître récupérait d'un geste sa baguette. Il jeta un regard chargé de haine à James. L'espace d'un instant, la rousse eut l'impression qu'il la voyait. Et puis il disparut et le ministère s'effaça.

Une vaporeuse caresse sur sa joue réveilla doucement Lily. Elle cilla en se réveillant et croisa un regard tendre.

« James, chuchota-t-elle en se redressant.

- Je ne sais pas comment tu as fait, dit-il à mi-voix sans cesser de caresser sa joue. Mais tu m'as encore sauvé la vie, Lily.

- Vous avez gagné…

- Grâce à toi. Qui es-tu ?

- Je ne suis que Lily Evans, une moldue sans intérêt. »

Le sorcier éclata d'un rire doux et cristallin.

« Oh non, Lily Evans. Tu es tout sauf une moldue sans intérêt, crois moi.

- Je… je suis perdue, James. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je… j'ai peur. »

Le jeune homme l'entraina vers lui, l'entourant de ses bras.

« Je sais. Je suis désolé de t'avoir entrainé dans tout cela mais… Mais je suis heureux de t'avoir rencontrée, Lily. Même si moi non plus je ne comprends pas vraiment tout.

- Je… j'ai fait un rêve étrange. Je t'ai vu te battre contre cet homme aux yeux rouges. Et il y avait des chants.

- Des chants ?

- Oui. Ils parlaient d'Âmes-Sœurs, de Destin, d'amour et de Lumière. Je n'ai pas tout compris mais je crois… je crois que quelque chose s'est passé.

- Oui. Tu étais là lors de ce combat, Lily. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais je sais que tu étais là et que tu m'as donné un pouvoir plus grand que celui de Voldemort.

- Que sont les Âmes-Sœurs, James ? Je veux dire, je sais ce que les gens comme moi en disent, mais les sorciers y croient-ils également ?

- Nous y croyions. Les Âmes-Sœurs sont des êtres qui, ensemble, obtiennent une grande puissance. Leurs cœurs, dit la légende, sont liés et peuvent se retrouver partout, du moment qu'ils se sont rencontrés une fois. Ils sont des êtres à part… »

La voix du sorcier se tut alors que Lily mesurait l'ampleur de tout cela. Avait-elle bien compris ? James et elle étaient-ils vraiment des Âmes-Sœurs ? Il la serra plus fort contre lui. Cela expliquait tant de choses…

« Peu m'importe ce que nous sommes, Lily. Tu m'as sauvé grâce à cela. Tu as sauvé toute la société sorcière.

- Je n'ai rien fait de tel. Je voulais juste t'aider. »

Il lui sourit. Un sourire si tendre… Et puis il l'embrassa à nouveau, passionnément, cette fois. Aucun d'eux ne comprenait réellement ce qui s'était passé cette nuit-là, mais ils s'étaient trouvés dans ce monde déchiré et meurtri.

Ils l'ont par une fois défié…