Mon démon

Il y avait… Une colère monstrueuse et amère qui irradiait. Quelque chose de cruel qui respirait ; sa rage retentissait avec des accents affamés.

Il y avait… Quelqu'un de monstrueusement animal, d'infiniment bestial ; et la voix s'esquissait, sombre et brusque, derrière des volutes opaques.

Il y avait…

Lui.

Le quotidien d'un aspirant ninja

(Naruto)

Je me suis réveillé sans l'aide de réveil. Comme un grand, quoi.

Le frigo était loin mais dès que j'y ai pensé mon ventre s'est mis à grogner. Je me suis levé sans passer par la position assise et j'ai sauté dans mes chaussons. Le frigo m'a bousculé avec son froid quand je l'ai ouvert. Et pour rien, en plus. Il était tellement petit que je pouvais à peine stoker pour deux jours, alors bon, c'était sympa de la part de feu l'Hokage de m'avoir installé et tout ça mais se trimballer à la supérette trois fois par semaine, c'est nul. Il restait quand même un peu de lait mais un homme comme moi, ça se nourrit pas que de lait, alors je suis allé voir combien ma froggy avait réussi à préserver.

En passant devant la fenêtre, j'ai vu mon reflet, celui d'un type pas mal du tout, avec des cheveux blonds comme jamais vous croirez que c'est possible, tellement blonds qu'au soleil on les voit pas ; j'exagère à peine. Trois marques griffaient chaque joue. Les cheveux sortaient par mèches d'un bonnet un peu moins classe, enfin, je vous passe les détails ; surtout, ce type, il avait les yeux tellement bleus qu'on les aurait crûs remplis d'eau claire. J'avais l'air assez sympathique, quoi.

J'ai continué sur ma lancée et je suis vite arrivé au bout de mon appartement. Ca veut dire qu'il est pas grand, vous aurez compris. Il me restait quelques pièces du coup je me suis habillé pour sortir dans les rues de Konoha. Je peux pas dire que ce soit animé, Konoha. Vous avez rien vu de plus mort. Enfin, peut-être que si, mais alors là je vous plains, sans rire. Ils sont tous coincés ici, à un point que vous me croirez jamais ; et commettre le moindre écart de conduite (comme exprimer votre talent artistique) signifie se retrouver avec une escadre complète de Gennin aux fesses. A la longue, ça lasse.

Bon, ça va sûrement pas vous intéresser, mais j'ai pris un ramen pas cher. Il était pas encore neuf heures, si je me souviens comme il faut, et déjà j'étais aussi survolté que si j'avais été sur le point de feuilleter le magazine de pervers qui trône dans toutes les vitrines de libraires, après avoir détourné l'attention du vendeur, je sais au moins faire ça. Faut me comprendre, les cours, j'aime bien. Pour être précis, ce qui me plait, c'est la pratique. Je suis nul en pas mal de trucs, presque tout en fait, n'empêche que ça me plait de jouer au ninja. Un ninja ça s'en fout d'être seul. Un ninja ça se lève le matin même si ça se lève tout seul, ça va tuer ceux qui sont contre lui, même s'ils sont vraiment balèzes, ça se couche le soir en ayant accompli quelque chose qui importe ; ou du moins, avec cette impression.

Comme j'avais rien d'autre à faire je suis allé attendre devant le lycée. Il y avait personne mais je m'en foutais parce que de toute façon, ils m'auraient pas parlé. Personne me parle, et je dis pas ça pour faire comme si j'étais persécuté, juste parce que c'est la vérité. Je vais vous dire, je m'en fous.

On était pas vraiment de retour à l'académie parce que tout ça c'était finit pour nous, mais on devait voir si on avait retenu quelque chose de nos années passées ici. Le premier cours était le pire. Maths. L'angle pour lancer un kunaï, ce genre de notions. Sakura-chan était la plus forte, comme d'habitude. Si vous voulez savoir, je trouve ça vraiment pas intéressant. Je le fais à l'instinct, moi. L'instinct, c'est la petite voix qui me chuchote à l'oreille, celle qui vient du fond de mon cerveau, quoi. Remarquez, maintenant que j'en parle, je l'ai pas entendu beaucoup ces derniers temps.

Bref, y avait pour le moment pas beaucoup de choses qui différaient des autres journées depuis mon retour.

J'ai promené mon regard autour de moi. On pourrait diviser ma classe en deux parties : les douées et les autres. Les Hyuga, par exemple : pas plus doués qu'eux. Shika l'était aussi. Pas Gros-sourcils, qui se remettait de ses blessures à l'hôpital, ni Sakura-chan. Ni moi.

J'ai remarqué une nouvelle tête. Je le reconnais, elle était pas trop moche. Les cheveux longs. Vous allez finir par penser que je juge que là dessus, mais faut avouer que c'est une chose non négligeable ; les siens étaient un peu noirs, un peu bleus, assez longs, disons jusqu'aux épaules, mais pas comme ceux d'une fille, qui semblent tous lisses. Ceux là faisaient comme des lourdes mèches. Assez flippant. Le type disait rien. Tous les autres autours étaient pas mal silencieux. Sur le coup, je me suis senti pas très bien, c'est dur à décrire, j'étais super mal à l'aise au fond des entrailles, et j'ai regretté, pour le lait. Même si regretter ça sert à rien, surtout après. C'est un truc humain, on peut pas s'en empêcher. J'y échappais pas.

Donc, le type était pas le centre d'attraction mais c'était tout comme : à peine il était rentré que tout le monde s'était tut. Ca trompe pas. Je l'ai regardé avec attention pour essayer de me remémorer si je l'avais déjà vu mais pas moyen de m'en souvenir. A un moment il s'est retourné –il était au premier rang- et il avait les yeux tellement noirs que sur le coup j'y ai pas cru.

Tous les autres me regardaient vraiment bizarrement, ça en devenait presque gênant alors pour que se soit justifié j'ai crée un clone et je l'ai fait copier l'apparence du prof. Ensuite je l'ai envoyé dansé sur la table et tout le monde s'est enfin mis à rire.

Bon, d'un rire nerveux, mais j'étais satisfait quand même.

Bon, tout le monde sauf le nouveau, mais je m'en foutais.