LA FUGUE

Freness Emey


Titre : La Fugue

Personnages principaux : Lissa - Daeneren - Chrom - Daraen (Robin)

Genre : Fantaisie - Aventure - Voyage initiatique - Drame

Résumé : Voilà deux ans que la paix est revenue à Ylisse. Mais malgré la prospérité de son pays, le mariage de son frère et la naissance à venir de sa nièce, Lissa ne parvient pas à ce remettre de la guerre et de la mort de sa sœur. Isolée, éloignée de la politique par son frère, l'idée de s'enfuir germe dans l'esprit de la jeune fille qui ne trouve pas sa place au sein des Veilleurs. Ce projet se concrétise après une étrange rencontre.

Notes

Lissa n'est pas le personnage le plus intéressant de Fire Emblem : Awakening, je suis d'accord, et ce n'est d'ailleurs pas du tout mon personnage préféré. Pourtant, j'ai décidé de me pencher sur le cas de ce personnage dont personne ne parle et qui n'est, malgré son rang, pas très présent dans l'histoire. Plutôt que de présenter une histoire tournant autour du mystère qui plane sur Daraen (bien que j'ai l'intention d'écrire dessus aussi), j'ai trouvé intéressant le petit défi de mettre un personnage qui de base ne m'intéresse pas vraiment et lui donner une histoire qui le mettrait en valeur. Donc, je vous présente cette histoire, dans laquelle je voudrais offrir à Lissa un rôle plus important et une psychologie plus intéressante au travers reprenant les grandes lignes du jeu, mais avec quelques petites touches personnelles.


CHAPITRE I : Les souvenirs

Que suis-je donc par rapport à toutes ses incroyables personnes qui m'entourent ?

Rien. Je suis faible, inutile et je reste dans l'ombre. Peut-être même ne suis-je qu'une ombre ?… Je suis mon frère parce que je n'ai jamais su rien faire d'autre, parce que s'il n'était pas devant moi, je ne saurais pas où aller… Je suis faible, et personne ne semble surprendre personne.

Durant les batailles, je reste à l'écart. Durant les Conseils, je reste à l'écart. Je crois que ma vie n'a jamais été autre chose que de rester à l'écart. Peut-être ne suis-je bonne qu'à ça ? Rester derrière et soigner les quelques blesser. Comparé à ma sœur, à mon frère, même à Daraen… Je ne suis qu'un poids.

Cela va bientôt faire presque deux ans que la guerre contre Plegia est terminée, que la vie a repris son court normal. Durant cette période de bonheur retrouvé, j'ai retrouvé ma chambre isolée au fond du château. Plus aucun bruit ne troublait mes nuits. Plus de ronflements ou de réveils forcés à cause de quelconque urgence. Non, rien. Je me retrouvais seule, et les nuits me semblaient interminables. Je retrouvais les draps moelleux de mon lit, les douces couvertures de soie bleues qui avaient bercé tant de rêves…

Alors que l'obscurité tentait de fermer mes yeux, je fixais le plafond blanc sans dire un mot, pensive. Les couloirs du château étaient silencieux, baignant dans une atmosphère d'amour et de bienveillance. Les pâles pierres blanches des murs donnaient au palais cet aspect de tendre nuage protecteur. J'avais grandi ici, je connaissais chaque recoin, chaque secret qui se cachait dans l'enceinte de ce lieu si mystérieux, et jamais de ma vie l'idée me serait venue de m'y sentir mal. Pourtant, ces nuits là, je n'étais pas à l'aise. Je me sentais comme prise dans un étrange filet de peur et d'incertitude. Le silence me rendais nerveuse.

Alors je jetais un regard vers ma fenêtre, rassurée par les rayons de lumières qui filtraient de part mes volets. Mon cœur s'apaisait, rassuré par la présence, aussi infime fût-elle, de la Lune que je devinais derrière la vitre. J'arrivais alors à fermer les yeux et à m'endormir. Mais à quel prix ? De terribles souvenirs me revenaient alors, et lorsque mes paupières se rouvraient et retrouvaient la réalité, des larmes coulaient de mes yeux. Ses sanglots recommençaient chaque matin, et j'enfouissais ma tête dans mon oreiller blanc, étouffant mes gémissements les mains crispées sur les draps.

Puis le jour se levait, et mon tour venait ensuite. Je relevais mes couvertures, doucement, et posais délicatement mes pieds nus sur le sol de marbre glacé. Je ne frissonnais pas, trop occupée à sécher mes larmes en caressant mes joues rougies. Je m'approchais à pas lent de ma grande fenêtre que j'ouvrais avant de pousser mes volets de bois. La lueur se déclarait enfin à moi après une longue et terrible nuit de réminiscences… La jardin du château s'étalaient à perte de vue avec ses gazons verts fraîchement arrosés par la rosée du matin dont quelques gouttes perlaient encore sur les fleurs. Plus loin, derrière les remparts, venait la ville : Ylisstol, qui s'éveillait elle aussi.

Les jours me paraissaient encore plus long que les nuits. Pire parfois car je devais sourire. On ne me demandait que ça : de sourire. Alors je le faisais. Je riais en déambulant dans les longs couloirs du château, agissant avec la naïveté qui est la mienne. Je ne sortais presque pas, même si j'en mourais d'envie. Mais je savais que si jamais je passais les murs du palais, plus rien ne m'y ferais plus jamais rentrer. Alors je n'osais pas prendre le risque. Je restais dans les jardins à regarder les fleurs pousser, j'aidais parfois le vieux jardinier, ou bien je lisais au soleil.

Il m'arrivait parfois de voir mon frère et Daraen, côte à côte près d'une grande fenêtre ouverte dans le Grand Hall Sud. Je m'arrêtais derrière la porte entre ouverte pour les regarder discrètement. Ils se tenaient la main et se lançaient de doux regards. Les beaux et longs cheveux argentés de Daraen étaient secoués par le vent alors qu'elles baissaient les yeux en souriant. Elles portaient souvent de longues robes mauves et dorées, et l'on pouvait voir son gros ventre rond, sur lequel sa main et celle de Chrom étaient posées. Je souriais à mon tour, en voyant le bonheur qu'ils vivaient. Je n'avais, pendant la guerre, jamais vu Daraen sous ce jour.

Je ne l'avais connue et appréciée que comme une femme planifiant chacune de nos batailles, forte au combat et très cultivée. Je me souvenais de sa tente isolée dans laquelle elle travaillait sans relâche et passait des nuits interminables. Je ne voyais que la jeune femme gentille mais pas très bavarde, l'amnésique que l'on avait trouvée endormie sur un chemin. Mais à présent, Daraen était la Reine.

Elle me paraissait plus belle, et une tendresse que je ne lui aurais jamais imaginé émanait d'elle, peut-être était-ce parce qu'elle allait devenir mère ? Ses yeux étaient toujours remplis de malice et d'astuce, mais lorsqu'elle regardait mon frère, quelque chose dans son regard changeait. Ses iris ardentes brillaient de bonheur, et cet amour faisait d'elle la plus belle des femmes. Elle faisait une Reine parfaite, une femme admirable et une stratège hors du commun. Chacun de ses mots résonnaient avec force et douceur, chacun de ses gestes étaient gracieux, elle pocédait une grandeur royale. Par sa beauté et sa sagesse, elle me rappelait ma soeur, et à cette pensée, mon sourire s'évanouissait, comme si une ombre m'entourait de ses bras et dérobait ma joie.

L'enfer de la guerre venait me hanter à nouveau, le souvenir des morts et de la douleur me firent frissonner alors que devant moi renaissait l'amour et l'espoir. Ma nouvelle famille : ce couple, représentait la prospérité de mon futur. Pourtant, je ne pouvais imaginer cette famille sans ma sœur. Tendre sœur... Je pouvais presque te voir à leur côté !... Mais tu n'y étais plus. Ton sourire si rassurant qui veillait sur nous autrefois était remplacé par celui de Daraen. Comme si elle avait pris ta place.

Je reculais, les yeux baissés, m'éloignant de la figure du bonheur avec une mine sombre, et je reprenais ma route au travers des longs couloirs brumeux de notre maison sans déranger leur amour. Non, très chère sœur, comment pourrais-je en vouloir à Daraen ? Sans elle, notre frère serait mort de désespoir et de tristesse, peut-être même de honte. Sans elle, cette cause pour laquelle tu t'es sacrifiée aurait été perdue. Sans elle, nous aurions perdu la guerre ! Mais à chaque fois la même question me vient : y avait-il un moyen de te sauver ? Je ne pense pas, car tu avais décidé dès le début que tu mourais ce jour-là, n'est-ce pas ?

Tu vois, je tente de me rassurer...

Pourtant, durant toutes ses nuits, lorsque le repos venait à moi, je te voyais. Tu étais là, si proche et si éloignée à la fois. Tu te tenais au bord de ce précipice, exposée au malheur du monde, à la détresse des Hommes, et à l'horreur de la guerre. J'étais en bas, alors que la bataille faisait rage, alors que j'étais inutile. Chrom se battait en levant ses yeux vers toi après chaque coup qu'il donnait alors qu'il s'élançait dans la horde, pousser par la volonté de te sauver. Daraen le suivait, protégeant ses arrières. Puis venait Frédéric, qui ne l'aurais laissé seul pour rien au monde.

Nous étions pris au piège, nous le savions tous, mais nous devions nous battre !...

Ils devaient se battre ! Alors ils redoublaient d'efforts. Tous prêt à se sacrifier pour toi ! Mais tu en as décidé autrement... C'est alors que tu t'es rapprochée, et fis le pas de trop. Nos souffles se sont coupés, oui, le monde entier s'est figé. Je n'ai alors pas osé comprendre, mais lorsque je t'ai vu chuter... Il était trop tard. Mon cri s'est brisé dans ma gorge alors que notre frère s'est élancé en hurlant. Trop éloignée, je n'ai pu que pleurer en me retournant. Chrom était le seul encore à bouger, il courrait, puis tu es tombée... Lui était à genoux, n'osant pas s'approcher plus de ton corps.

Chrom était finalement parvenu à se pardonner, et peut-être aussi avait-t-il compris. À présent, il était roi, mari et allait avoir un enfant. Je l'aurais imaginé intimidé, effrayé, mais non, il était confiant et plus que tout : heureux. Il avait trouvé sa raison de vivre et de se battre pour le bien de tous. Il était devenu un roi sage et réfléchis, il avait mûri. Il ouvrait les portes du bonheur à son peuple, il le savait.

Mais moi, qu'avais-je fait ? Qu'étais-je devenue après tant d'épreuves ? Je n'avais RIEN fais, je n'étais RIEN devenue car j'étais faible et que je n'avais surmonté aucune épreuve. La seule qui m'ait jamais été réservée, je n'arrivais pas à m'en défaire. Et cette épreuve qui me causait tant de souffrance, c'était ta mort.

À SUIVRE...


Merci d'avoir lu, j'espère que ça vous à plu ! N'hésitez pas à laisser un com' :)

Ferness Emey