Disclaimer :
J'emprunte les personnages et l'univers créé par Monsieur Tite Kubo dans son manga BLEACH. Je n'en tire aucun bénéfice autre que celui de me distraire et de faire partager ce plaisir avec d'autres.
Spoilers : tout l'arc de la guerre contre Aizen et les Arrancars (et précédemment, évidemment)
Attention : L'idée et le titre de cette fic peuvent peut-être vous faire croire le contraire mais, croyez-moi, le rating est justifié.
Cette fic n'est pas pour les plus jeunes d'entre vous.
Les situations cocasses peuvent être présentes, mais la violence graphique et verbale l'est aussi ! Jeunes esprits sensibles, passez votre chemin...
La panthère, la grenouille et le vermisseau
Introduction : Voici l'idée de départ de cette histoire. Au moment où j'écris ces mots, je ne sais pas encore comment elle finira...
Durant les événements au Hueco Mundo, lors du sauvetage d'Orihime, Hanatarô accompagnait Byakuya.
Il a été blessé durant le combat de Byakuya contre Zommari. Soigné par Isane, on ne l'a plus revu ensuite.
Que lui est-il donc arrivé ?
1 . Prologue
Le capitaine Unohana inspecta consciencieusement les diverses pressions spirituelles qui lui parvenaient. Elle le fit avec aisance, comme si la confusion spirituelle qui hantait les sables du Hueco Mundo ne pouvait pas altérer son analyse. Isane Kotetsu, sa vice-capitaine, admira sa dextérité. Elle-même était assez douée, mais démêler une signature particulière parmi tant d'autres relevait du prodige. Pourtant, le capitaine Unohana était restée en contact, depuis leur arrivée dans ce monde, avec tous les membres de son équipe. Dès que le reiatsu du septième siège avait donné des signes de blessure, elle avait été prompte à réagir et avait envoyé sa vice-capitaine le rejoindre.
« Les combats se sont calmés. Hanatarô Yamada est en dehors de la zone de danger, à présent. Tu lui as bien laissé les consignes, Isane ?
— Oui, taichô. Il a ordre de soigner tous les Shinigamis et les humains blessés qu'il rencontrera. Les Arrancars hors d'état de combattre qu'il croisera sur son chemin seront laissés à sa discrétion.
— Bien. Rejoignons Ichigo et les autres. Ils ont à nouveau engagé l'ennemi. »
Un ennemi puissant, jugea Isane. Au loin, des explosions furieuses de reiatsu éclataient dans un jaillissement de sable qui occultait l'horizon. Elles ne seraient pas trop de deux à la fin de la bataille pour soigner les blessés.
:COOooo
Le grain de sable
Sous le ciel artificiel de Las Noches, à l'opposé de l'agitation de tous, un Shinigami était allongé sur le sable. Les bandages qu'on voyait par l'encolure de son uniforme étaient la seule preuve qu'il était blessé. Car ce Shinigami dormait du sommeil du juste, la tête contre son bras. Il dormait profondément si l'on en croyait le filet de bave qui coulait de ses lèvres entrouvertes, et si l'on tenait compte du fait que les fracas de la lutte phénoménale qui venait de se terminer au-dessus du dôme ne l'avait pas réveillé.
D'autres déflagrations retentirent. Elles provenaient d'un endroit situé à l'intérieur de Las Noches. La bataille qui s'y déroulait avait commencé peu après la fin de celle du dôme et continuait encore. Les relents d'une onde de choc atteignirent le petit coin de paradis du dormeur. Mais ils avaient épuisé leur puissance en parcourant la distance. Les édifices encore debout s'étaient chargés d'absorber la plus grande partie de la violence de leurs vents, les piliers brisés avaient fendu ce qu'il en restait. Ainsi, ce ne fut qu'un simple courant d'air qui parvint au Shinigami endormi, chargé de quelques cristaux d'énergie spirituelle qui chatouillèrent son nez.
Avec une vivacité qu'on aurait pas soupçonné une seconde plus tôt, il se redressa en sursaut, la main frottant ses narines, maintenant parfaitement réveillé, bien que légèrement désorienté. Ses yeux dardaient de tous côtés. Savait-il seulement ce qu'il cherchait ?
Apparemment, oui, puisqu'il se leva et appela, tournant la tête en tout sens.
« Rukia ? Capitaine Kuchiki ? Vice-capitaine ? Où... Où êtes-vous ? »
Au bout de quelques minutes, il fut bien obligé de convenir qu'il était seul.
« Ah, se rappela-t-il, je me suis endormi, et ils m'ont laissé derrière. J'avais bien dit que je ne ferais que gêner tout le monde, avant de venir ici. Que vais-je faire, maintenant ? »
Il récupéra son bardas, dans lequel se trouvait son nécessaire médical, l'assujettit contre son dos, clipsa la fermeture sur sa poitrine, releva la tête et... se sentit perdu.
Autour de lui, d'immenses dunes de sable l'entouraient, à perte de vue. De larges tours émergeaient ça et là. Sa silhouette se dressait, unique point noir dans un univers de blanc. Lui, d'ordinaire toujours le plus petit dans une foule, soupçonnait qu'en ce lieu, peu importait votre taille si vous étiez seul. Même un géant devait se sentir minuscule face à cette immensité.
Il chercha la trace d'une présence à proximité. Il en trouva deux, affaiblies. Soit elles se trouvaient plus loin qu'il ne pensait, soit les êtres qui les émettaient, quels qu'ils soient, étaient en danger. Il frissonna. Il ne les reconnaissait pas. Beaucoup plus loin, les échos d'une violente bataille parvenaient jusqu'à lui, celle-là même qui l'avait réveillé. Les pressions spirituelles y étaient agressives et violentes, mais il en identifia qui lui étaient familières. Il opta pour celles-là. L'ennui, c'était qu'en suivant leur direction il s'enfoncerait encore plus dans le territoire ennemi, et que les deux premières se trouveraient sur son chemin.
Mais le petit Shinigami était un être spécial. Peureux, certes ; faible, assurément ; insignifiant, de toute évidence. On aurait pu l'oublier facilement. Mais c'était une âme bienheureuse, gentille et têtue. Ni sa peur ni sa faiblesse ne l'avaient jamais fait fuir la mission qu'on lui avait confiée, pas plus que celle qui lui tenait à cœur. Qu'il la réussisse ou non était une autre histoire.
S'il avait été habile, il aurait pu contourner les reiatsus inconnus en utilisant le shunpo, ce pas à la vitesse sans pareille qui permettait d'aller d'un point à un autre l'espace d'un clignement de paupières. Mais s'il avait su s'en servir, il n'aurait pas perdu de vue le capitaine Kuchiki dès leur arrivée ici.
Il n'était pas non plus résistant, et l'unique blessure qu'il avait reçue l'avait déjà obligé à se reposer. Contourner la menace potentielle sur une si grande distance et à son allure lui ferait perdre à la fois l'énergie qu'il venait si péniblement de récupérer, ainsi qu'un temps précieux.
Il se résolut donc à aller tout droit. Il pourrait toujours fuir si le besoin s'en faisait sentir.
Le brave petit Shinigami était un esprit simple, quoiqu'un peu philosophe.
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Ω¨Ω
Le vaincu
Sous le même ciel de Las Noches, un Arrancar était également allongé, inerte, sur le sable. Ses blessures à lui étaient visibles, et vu leur gravité, on pouvait douter que l'habitant du Hueco Mundo fût encore en vie.
C'était son torse qui avait souffert le plus. De profondes entailles, béantes, d'où le sang ne coulait plus guère, zébraient sa poitrine. L'une d'elles, la plus pernicieuse, allait de son épaule gauche à sa taille.
Un vrombissement ébranla l'atmosphère. L'Arrancar subit sans broncher l'assaut de la secousse spirituelle sur ses sens. Puis, comme s'il n'avait fait que feindre la mort jusqu'ici, il ouvrit lentement les yeux. Ses pupilles, agrandies par l'ahurissement reflétaient son état d'esprit. Était-il étonné d'être en vie ? Non. Car il murmura, en serrant les dents, sous l'effet d'une souffrance qui transparaissait derrière son irritation : « T'as pas intérêt à être mort, Kurosaki. Je t'interdis de mourir, toi qui m'a battu ! ». Mais il avait beau chercher, il ne sentait plus la présence de l'humain, ou du Shinigami, ou... peu importe ce qu'il était.
L'accès de clarté du Arrancar survivant fut bref, tant il était affaibli. Il referma ses paupières et replongea dans une torpeur douloureuse.
Il était Grimmjow, puissant Arrancar, sixième espada, né sous le signe de la mort par la destruction. Mais pour le moment, il n'avait conscience que du sable qui pénétrait dans ses multiples plaies, alors il n'était sûr que d'une chose : d'être vivant. Ou pas encore mort.
D'ordinaire, son hierro le protégeait efficacement et se régénérait rapidement, mais sous les coups consécutifs de Kurosaki, puis de Nnoitra, son hierro ne valait même plus l'énergie dépensée pour le maintenir. Les cristaux du désert s'insinuaient dans la petite de ses écorchures, irritant ses chairs jusqu'à ce qu'un brasier s'étende sous la moindre parcelle de sa peau, vrillant ses nerfs, incendiant son cerveau, à tel point qu'il ne pensait plus qu'à une seule chose, le feu qui couvait dans son corps.
Sous ses paupières fermées, il accueillait avec reconnaissance l'écho étouffé des bruits de batailles qui lui parvenaient. Cela détournait son attention quelques secondes de l'omniprésence du tourment fiévreux qui lui rongeait la raison.
Bien plus tôt, il avait reconnu l'énergie de Kurosaki, déviée, distordue, si éloignée de la pureté qui l'avait tant irrité lorsqu'ils s'étaient combattus. Il s'était réjoui. Sentir l'humain se perdre dans la soif de sang, lui, si prompt à vous moraliser, si supérieur et si certain d'avoir raison : cela l'avait rempli de satisfaction ! Rien que pour cet instant, il ne regrettait pas d'être encore en vie à cause de la charité de ce même humain.
Peu après, il avait enragé. Parce qu'il avait senti Kurosaki régner de nouveau sur lui-même. Il avait même pu goûter à son énergie : stable, puissante, et terriblement confiante. Oh ! Il détestait cela et n'avait plus qu'une envie : faire céder cette assurance.
À présent, il semblait que Kurosaki avait disparu à l'horizon. Yammy se battait encore, et ses deux opposants étaient de taille à lui faire face, ce qui en disait long sur leur valeur et leurs puissances.
Grimmjow gronda, se rebella et gémit. Présent et passé se mélangeaient dans son esprit enfiévré. Rêves et réalité se confondaient.
Il était à terre. Il était entouré de forces démesurées qui l'écrasaient comme s'il n'était qu'un moucheron. Sa seigneurie Aizen et sa pression spirituelle qui suffisait à elle seule à le mettre à genoux et à l'empêcher de respirer ; l'aveugle, pourri jusqu'à la moelle, qu'on entendait jamais venir et qui vous coupait le bras en traître ; Ulquiorra et son mépris cinglant qui ne se donnait même pas la peine d'utiliser son sabre et espérait vous abattre à coup de mots ; Nnoitra, pire qu'une ordure, une ordure arrogante, qui se disait guerrier mais utilisait sans hésiter tous les coups bas possibles pour se débarrasser de vous ; et pour finir, celui qu'il avait cru à portée de son épée, celui avec qui il avait cru pouvoir rivaliser, celui qui développait sa puissance à une vitesse hallucinante ; le seul qui l'affrontait avec honneur ; le seul à sa connaissance qui devenait fort en protégeant les autres ; celui qui l'avait vaincu, Kurosaki, à qui il aurait voulu plus qu'à tous les autres imposer sa force et son respect.
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2 . Ennemis
L'endroit où avait fini par arriver Hanatarô était ravagé. Il avait ralenti son allure et marchait à pas prudents, car les pressions spirituelles qu'il avait remarquées plus tôt devenaient plus précises. Il était convaincu maintenant que les deux êtres dont il avait capté la présence ne pouvaient être que des ennemis abattus et laissés pour morts.
Il finit par s'arrêter et se concentra sur l'immense champ de bataille qui s'étendait devant ses yeux. « Eh voilà, je m'en doutais. C'est beaucoup trop vaste pour que je puisse le contourner », soupira-t-il doucement, en baissant le ton aussi bas qu'il put.
Il avait bien essayé de rester muet pour ne pas signaler sa présence, mais il avait rapidement abandonné. Il n'avait jamais su garder ses pensées pour lui, et le son de sa voix le rassurait dans cette solitude infinie, où les seuls bruits qu'il entendait étaient les grondements sourds d'explosions spirituelles.
Les preuves de la lutte qui s'était déroulée quelques heures plus tôt étaient évidentes. À présent, le Hueco Mundo avait repris ses droits, le sable blanc s'était déversé dans les moindres tranchées crées par les coups de sabres. Mais il était aisé de deviner la violence destructrice de l'affrontement en regardant simplement le relief tourmenté du terrain.
Hanatarô recommença à marcher. Son esprit vacillait entre l'admiration et l'effroi devant l'ampleur des ravages. Des éclats de pierres gisaient partout. Pas une des hautes colonnes qui se dressaient encore en ce lieu n'était indemne. Il fixa, éberlué, l'une d'elles, fendue en deux sur toute sa longueur. Les deux moitiés de la tour cylindrique s'écartaient l'une de l'autre, leurs bases toujours enracinées dans le sol. Il s'approcha, toucha d'une main hésitante le revêtement extérieur. C'était un geste issu de ses nombreuses heures passées en opérations d'entretien dans les vastes sous-sols du Seireitei. Le Shinigami de la quatrième division, technicien chevronné et habile médecin, ne fut pas long à confirmer la solidité du matériau spirituel. Reculant de quelques pas, il s'avoua incapable d'imaginer ce qui avait pu être assez tranchant, solide et puissant pour obtenir ce type de dégât.
« Je ferais mieux de me remettre en route », se sermonna-t-il, souhaitant plus que jamais qu'un de ses supérieurs fût là pour l'obliger à se concentrer sur la tâche en cours. Il reprit sa traversée de la zone périlleuse avec la ferme résolution de ne plus se laisser distraire. Il progressa à pas de loup, espérant ne pas se faire remarquer. De pans de murs effondrés en rochers éclatés, de pylônes brisés en colline sableuse dont le flanc offrait une relative protection, il avançait.
Lorsque le premier signe d'une découverte potentiellement dangereuse s'annonça, la première réaction d'Hanatarô fut de froncer le nez, sous l'effet du dégoût. L'air était lourd de l'odeur métallique du sang.
« Quoi que ce soit, faites que ce soit mort, s'il vous plaît », pria-t-il, avec ferveur.
Quelques enjambées précautionneuses plus loin, il se figea. Le sable avait pris une couleur vermeille, au rouge si profond qu'il en était noir. Au milieu de cette tache sombre, gisait un Arrancar au corps horriblement mutilé.
Hanatarô se pencha prudemment. Les deux mains posées sur les cuisses, il inspecta les blessures d'un œil professionnel.
« Oh, la chance est avec moi ! », s'écria-t-il dans un murmure joyeux.
Rassuré, il oublia toute notion de prudence et examina avec curiosité le cadavre. L'Arrancar n'avait pas été décapité. Il ne rejoindrait pas l'après-vie.
« Hum, peut-être que celui qui l'a battu n'était pas un Shinigami ? », supposa Hanatarô.
En tout cas, le Hollow n'avait pas été jugé. Il ferait bientôt partie du désert blanc. Il servirait de pâture aux autres animaux qui erraient ici. Hanatarô eut un frisson. Le mode de subsistance des Hollows ressemblait trop à du cannibalisme à son goût et la silhouette qu'il avait sous les yeux avait trop de caractéristiques humaines pour sa tranquillité d'esprit. Les traits de son visage s'étaient crispés dans un sourire triste au moment de la mort. Il était tombé sur le dos, la tête tournée de profil. Son œil gauche béait sur son trou de Hollow, son œil droit était grand ouvert. Qu'avait-il vu avant de mourir ?
Hanatarô en éprouva un singulier malaise. « Avec un air pareil, j'ai du mal à croire que c'était une bête féroce et maléfique », conclut-il. Intrigué, il suivit des yeux le regard de l'Arrancar. Et brusquement, l'endroit où il se trouvait et les dangers qu'il recelait lui revinrent brusquement à l'esprit. À quelques mètres de lui, aussi silencieux que petit, un Hollow se tenait debout et le regardait.
« Ah ! cria Hanatarô, en sursautant de frayeur.
— Quoi ? demanda le Hollow, d'une voix curieusement enfantine.
— Un Hollow ! hurla Hanatarô, proprement paniqué.
— Un Hollow ?! », fit à son tour la bestiole, imitant parfaitement l'air alarmé du Shinigami. « Où ça ? », demanda-t-elle, en se retournant et en tournant la tête dans toutes les directions.
Trop effrayé pour noter l'incohérence du comportement du Menos, Hanatarô jeta un regard sur son sabre, pendu à sa hanche, évaluant ses chances. Il secoua la tête avec désespoir. Ses talents en combat étaient quasi-inexistants.
« Fukutaichô, c'était vraiment méchant de m'avoir laissé tout seul. Vous savez bien que je ne peux pas me défendre », geignit-il, abandonnant tout effort de murmure.
« Ze vois rien. T'es sûr ? »
L'innocent zézaiement du Hollow prit Hanatarô au dépourvu. Stupéfié, le Shinigami refoula son premier élan de panique. Le Hollow lui faisait de nouveau face. Il ne l'avait toujours pas attaqué. C'était étrange. Hanatarô examina plus attentivement ce qu'il avait devant lui. Le Hollow était vraiment petit. Il n'émanait de lui aucune sorte d'avidité. C'était encore plus étrange. Il n'avait pas l'air d'un Hollow ordinaire. Il portait un masque sur la tête qui semblait brisé et laissait passer des touffes de cheveux vert-émeraude qui encadraient son visage. Car la chose avait un visage, un visage poupin qui plus est, réalisa Hanatarô, et pour tout dire, cela avait tout l'air d'un bébé, avec son regard plein de candeur et ses petits pieds potelés dépassant à peine de sa tunique trop large.
« Euh... Tu n'es pas un Hollow ? s'enquit Hanatarô, peu sûr de lui.
— Je suis Nell, affirma le supposé bébé, avec fierté.
— Nell, répéta Hanatarô, estomaqué.
— Et toi, qui tu es ? demanda la dénommée Nell.
— Septième siège Hanatarô Yamada, chef de la quatorzième section de la quatrième division de l'armée royale des Shinigamis, s'identifia Hanatarô, en prenant automatiquement un ton officiel.
— T'es un Shinigami ? Tu veux tuer Nell ? »
S'il n'en était pas déjà persuadé, la question alarmée de l'enfançonne et ses deux beaux yeux agrandis sous l'effet de l'horreur auraient suffi à convaincre Hanatarô que le minuscule Hollow était aussi inoffensif et aussi démuni que lui.
« Bien sûr que non ! Tout ce que je veux, c'est rattraper le capitaine Kuchiki. Il est encore parti sans moi, se plaignit-il.
— Alors, tu vas pas tuer Nell ?
— Non, je suis médecin. Si tu es blessée, je peux même te soigner.
— J'ai rien du tout. Itsugo m'a protégée.
— Itsugo ?
— Mais vous allez la fermer, oui !? Je m'entends même plus... ouille... penser ! », entendirent hurler Hanatarô et Nell, de derrière un pan de mur effondré.
La voix se tut, dans un effroyable bruit de régurgitations d'humeurs visqueuses, suivies par une toux déchirante, puis par un halètement lourd et pénible.
Nell se rapprocha d'Hanatarô qui, lui-même, n'avait pas l'air très rassuré.
« Il y a quelqu'un d'autre en vie, chuchota-t-il, comme s'il était encore temps de cacher leurs présences.
— Oui, confirma Nell.
— Tu sais qui c'est ?
— Oui, répondit Nell.
— Il est dangereux ?
— Oui, assura Nell.
— Je crois qu'il est blessé.
— Oui, garantit Nell.
— Ah, putain ! jura l'inconnu. Vos gueules ! »
Hanatarô jeta un regard alarmé par-dessus son épaule puis redirigea son attention vers sa petite compagne.
« Il nous entend, rapporta-t-il, comme pour se l'entendre confirmer.
— Oui, fut d'accord Nell.
— On dirait qu'il ne peut pas bouger. Pourquoi il n'a pas été achevé comme celui-là ? demanda Hanatarô, en désignant l'Arrancar à terre. Tu sais qui l'a battu ?
— Itsugo, mais après, celui-là, il a voulu le tuer », répondit Nell, montrant du doigt à son tour le corps sans vie gisant près d'eux. « Et Itsugo, il s'est mis en colère. Il était pas content du tout. Il a dit qu'il pouvait plus combattre, alors qu'il fallait pas le tuer, renseigna Nell.
— Ça ressemble à quelqu'un que je connais. Istugo... Tu veux dire Ichigo ?
— Oui, oui, Itsugo, acquiesça Nell, ravie.
— Eh, les marioles ! Ramenez vos fesses ici ! Que je vous fasse... taire moi-même, grogna l'irrité.
— Je n'ai pas l'impression que ce serait très prudent », conféra Hanatarô avec la bambine.
Nell secoua la tête avec véhémence pour signifier qu'elle était du même avis.
« Bordel... Dès que... je suis rétabli... je... je... j-j... »
Hanatarô et Nell entendirent la voix indignée s'éteindre dans un murmure douloureux.
« O-on... On ferait peut-être bien... d'aller voir ? proposa Hanatarô, avec hésitation.
— Tu veux le soigner ?
— Cela fait partie de ma mission, mais... Il a pas l'air commode. J'hésite. D'un autre côté, Ichigo l'a laissé en vie, alors je crois que... Euh, tu viens avec moi ? »
Hanatarô jeta un regard plein d'espoir sur Nell. Celle-ci lui retourna son regard, puis hocha gravement la tête. Hanatarô lui tendit naturellement la main. Il sentit la paume de l'enfant se glisser contre la sienne, et il referma ses doigts sur les siens. Ensemble, ils se dirigèrent précautionneusement vers l'endroit d'où était venue la voix.
:COOooo
Un sourire vicieux étira les lèvres de Grimmjow. Les deux imbéciles pensaient peut-être qu'ils étaient silencieux, mais il pouvait entendre sans difficulté le crissement de leurs pieds sur les cristaux de sable, le souffle de leurs respirations, et prenait note des marques distinctives de leurs pressions spirituelles. Ils n'étaient pas encore entrés dans son champ de vision, pourtant il aurait pu prédire avec une précision remarquable l'endroit où ils allaient poser leurs pieds. Il pouvait presque deviner les pensées qui s'agitaient dans leurs petites cervelles. Ils le croyaient inoffensif, trop blessé pour pouvoir les menacer.
En cet instant, Grimmjow avait conscience de son ascendance animale plus qu'à aucun autre moment. Tous ses instincts félins s'étaient réveillés avec une acuité jamais encore égalée. Il était sensible à la moindre odeur, il entendait le moindre bruit, mais peut-être était-ce parce qu'il était affaibli, son instinct de survie était le plus aiguisé de tous.
Plus les deux inconscients s'approchaient, plus la panthère en Grimmjow s'excitait. Elle parlait à ses sens plus que jamais, comme si elle était une entité vivante en lui.
Tapie dans un coin de son esprit, à l'affût, Pantera grondait de façon menaçante. Le museau entre les pattes avant, les oreilles aux aguets, prête à bondir, elle parvenait difficilement à lutter contre son instinct qui lui dictait d'attaquer le danger potentiel sans attendre, ou de le fuir.
Rester sans bouger devenait insupportable. L'âme féline de Grimmjow anticipait l'assaut, envoyant des images qui s'insinuaient dans ses pensées rationnelles : l'élan qui détendrait ses muscles, le grondement qui naîtrait de son poitrail et roulerait dans sa gueule grande ouverte, ses babines qui se retrousseraient sur ses crocs, prêts à happer... Ses griffes s'enfonceraient dans les chairs, ses mâchoires claqueraient d'un grand coup sur un cou exposé, les os craqueraient dans un bruit sec, ses canines déchireraient les artères, et le sang giclerait sur sa langue et coulerait dans sa gorge, en rigoles onctueuses et infiniment savoureuses...
Grimmjow frissonna, régna sur ses instincts et fit le mort. Les pas s'arrêtèrent, près, très près de lui.
« Ah, là, là ! C'est incroyable qu'il soit encore en vie avec toutes ces blessures, entendit-il dire par celui qu'il identifia comme le Shinigami.
— P'têt qu'il est mort ? demanda la voix fluette qu'il avait reconnu être celle du mouflet qui s'était attaché à Kurosaki.
— Hum, il a l'air d'avoir perdu connaissance », fit le premier.
Aux bruits de froissements textiles et à un vague mouvement d'air, Grimmjow devina que le Shinigami se courbait sur lui. La pression spirituelle du soldat des armées royales de la Soul Society était toujours aussi faible. Il n'avait même pas pris la peine de l'élever pour se défendre. Il ne soupçonnait pas la ruse, et allait tomber droit dans son piège. « Bouffon ! », se dit Grimmjow. Le Shinigami se penchait sur lui à tel point que Grimmjow sentait ses mains effleurer son torse. Il n'avait qu'à tendre le bras et...
« Bouh ! », rugit-il, en happant entre ses doigts crochus la trachée de son soi-disant sauveur et en le tirant ainsi d'une poigne de fer jusqu'à hauteur de son visage, sans réel effort.
Ʌ ,,.-~=~-.,, Ʌ
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) ͜ , (
( _ Ж _ )
! = !
Hanatarô se retrouva allongé de tout son long sur l'Arrancar, et fut obligé de plonger son regard dans deux yeux turquoise à la profondeur envoûtante. Il cligna des yeux, chercha à déglutir. Ses mains attrapèrent le poignet de son agresseur et tirèrent, inutilement. Il se glaça d'effroi lorsqu'il remarqua la lueur sadique qui surnageait à la surface des deux mirettes malicieuses.
« Ah ! Ah ! Ah ! », s'esclaffa Grimmjow devant la tête du petit gnome. Mais son rire moqueur se termina dans un cri de douleur. : « Ah !... Ouille ! ».
Hanatarô se rappela alors que l'Arrancar était censé être mal en point. Un bref instant, il y trouva une raison d'espérer. Pourtant, les plaies qu'il avait remarquées sur la poitrine de son agresseur ne semblaient pas le gêner outre mesure, si on considérait qu'il était étalé sur ces mêmes blessures et que même si l'Arrancar blessé en souffrait, il ne desserrait pas sa griffe sur lui.
Hanatarô connaissait plusieurs personnes qui étaient capables d'ignorer leur douleur quand le besoin s'en faisait sentir et, promptement, il vit sa dernière heure arriver.
« Alors, ça existe, des Shinigamis avec un vœu de mort ? railla le Hollow.
— Ourgl, gargouilla Hanatarô.
— Lâche-le ! Lâche-le ! », réclama Nell, tout en se mettant prudemment à distance.
Grimmjow se disait qu'il serait plus sage de briser le cou de sa victime sans attendre, ou plutôt, Pantera insistait rudement. Mais sa proie était si faible. Quel risque y avait-il pour qu'elle se dégage de son emprise ?
Le destin du Shinigami dépendait uniquement de sa décision. Une simple pression, et sa vie serait terminée. Tant que Grimmjow s'y refusait, il vivait. Cette sensation était exaltante. La puissance coulait de nouveau dans ses veines, et l'Arrancar n'était pas encore prêt à abandonner le délice de cette impression. Il ne résista pas à l'envie d'exulter au dépend de son futur repas.
« On dirait bien que t'as sous-estimé l'instinct de survie d'un Arrancar, Shinigami.
— Ourgl, continua de baragouiner Hanatarô.
— T'aurais mieux fait de pas t'approcher. Tu vois, mes blessures m'empêchent de bouger. Mais ce problème va bientôt être réglé. Je vais te bouffer, Shinigami.
— Mmm, gémit Hanatarô.
— Putain ! Dire que je vais devoir la vie à un abruti de Shinigami trop stupide pour ne pas tomber dans un piège pareil.
— Argl.
— Comment t'as fait pour rester en vie, jusqu'ici ? T'es un laissé pour compte ? Tu vaux même pas la peine que les autres s'occupent de ton cas ? C'est ça ?
— Argl.
— Enfin, moi, ça m'arrange. Quoique, je sais pas si tu vas y suffire. J'suis salement amoché. Salaud de Kurosaki. Si t'as des regrets, t'as qu'à t'en prendre à lui. S'il m'avait pas laissé en vie, t'en serais pas là, toi non plus. »
Grimmjow avait beau lui parler, Hanatarô n'avait aucun moyen de répondre, car il avait le larynx complètement compressé par la prise impitoyable de l'Arrancar.
« Mais je ne crois pas que cela ait une grande importance. Ce n'est pas comme si ce que j'ai à dire l'intéresse vraiment » se faisait une raison Hanatarô. Il luttait pour laisser passer l'oxygène dont ses poumons réclamaient si urgemment l'apport. Les yeux exorbités et larmoyants, il avait cessé de s'agiter et attendait son funeste destin. « Je savais bien que c'était une mauvaise idée, cette mission au Hueco Mundo », allait être sa dernière pensée.
« Méchant ! Méchant ! Lâche-le ! Vilain... Vilaine tête bleue toute moche et toute horrible ! », hurla Nell, de son côté.
Grimmjow eut un sourire narquois et détacha son regard de celui d'Hanatarô pour fixer des yeux le Hollow immature qui se trémoussait à ras de terre, à plusieurs mètres de lui.
« T'es trop jeune pour savoir de quoi tu parles, mon chaton, et mon nom est Grimmjow Jaggerjack.
— Je suis pas un chaton, je suis Nell !
— Quand j'en aurais fini avec la grenouille, là, c'est toi qu'y passe, prévint Grimmjow.
— Nell est trop petite pour être mangée.
— T'as pas tord, vermisseau, mais je vais pas faire le difficile », grommela Grimmjow.
En toute honnêteté, en dépit des désirs de Pantera, Grimmjow ne se réjouissait pas vraiment à l'idée de dévorer le Shinigami, pas plus que le petit Hollow. Il n'avait pas eu besoin de manger d'âme depuis qu'il avait évolué en Arrancar, et tuer de cette façon, à présent qu'il était un guerrier, et plus seulement un Adjuchas bestial mené par ses instincts, allait à l'encontre du curieux sens de l'honneur qu'il s'était forgé.
Prouver sa force, vaincre avec bravoure, défaire un ennemi en combat singulier, était ce qu'il aimait et recherchait. Malheureusement, ses blessures étaient trop graves et incapacitantes. Il ne pouvait pas bouger. Il ne se régénérait pas. Il avait cruellement besoin d'un surplus d'énergie pour activer le processus de guérison commun à tous les Hollows et Arrancars.
Comme si Nell avait senti son hésitation, elle pointa du doigt le Shinigami et dit :
« Hana, il pourrait t'aider. Il a dit qu'il pouvait soigner Nell si elle était blessée.
— C'est un guérisseur ? », s'étonna Grimmjow.
L'information pénétra dans le cerveau du blessé, et il en saisit tous les avantages. Vu la faiblesse de la pression spirituelle du Shinigami, s'il le mangeait, il récupérerait à peine suffisamment pour bouger convenablement. Par contre, si le médecin le soignait, il serait pratiquement remis à neuf.
Cependant, Grimmjow n'était pas né de la dernière pluie. Il retourna son attention vers son prisonnier à moitié étouffé et l'évalua avec méfiance.
« C'est vrai ?
— Mmm, confirma Hanatarô.
— Tu peux me soigner ?
— Mmm, marmonna Hanatarô, en essayant d'hocher la tête affirmativement avec toute la conviction dont il était capable, dans sa situation.
— Alors, écoute bien. On va conclure un marché, toi et moi. Tu me soignes, et t'as la vie sauve. Ça marche ?
— Mmm, acquiesça Hanatarô, soulagé.
— Pas d'entourloupes ?
— Mmmm ! protesta Hanatarô de sa bonne foi.
— Si je te relâche, tu vas pas t'enfuir ?
— Mmmm ! répéta Hanatarô, en s'escrimant à secouer négativement la tête avec véhémence.
— Si tu me mens, gare à toi, menaça Grimmjow. C'est pas pour rien que je suis l'espada de la Mort par la destruction. J'en connais tous les secrets, toutes les façons. »
Le regard de l'Arrancar s'était fait hypnotique. Sa voix avait baissé d'un ton. Hanatarô ne pouvait plus détacher ses yeux de son visage. Puis, il sentit les doigts bouger sur son cou, le forçant à tourner la tête pour écouter la suite.
Grimmjow amena sa bouche à son oreille. Il continua de lui parler en chuchotant. Ses lèvres frôlaient de temps en temps son pavillon auditif. Cette présence légère sur sa peau, comme une caresse, multipliait paradoxalement la terreur qu'Hanatarô ressentait en entendant les paroles que l'Arrancar prononçait.
« Si tu me mens, dès que je serais rétabli, je te traquerai où que tu te trouves et je te réduirai lentement en bouillie, un membre après l'autre, un organe après l'autre. Je finirai par le buste. T'as une idée du temps qu'on peut vivre tant que le cœur bat encore et irrigue le cerveau ? Si je m'y prends bien, ça peut durer des heures. J'aurai engourdi la plupart de tes sens. Tu sentiras plus que la douleur. Quand on est comme ça, tous les nerfs sont excités et le cerveau croit encore qu'il a des membres à commander. Tu sentiras la douleur et tu voudras être mort, mais, tu pourras rien y faire. Tu voudras t'enfuir mais t'auras plus d'bras, plus d'jambes. Tu voudras me supplier de te tuer mais t'auras plus d'langue. T'auras plus d'nez, plus d'oreilles, plus rien... Rien que ton cœur qui bat encore, et encore, et encore... Tu saisis ?
— Ourgl. Yurl mmmm, assura Hanatarô, frénétiquement.
— Bien. »
Dès que Grimmjow le relâcha, Hanatarô roula à terre. Trop choqué pour bouger, il resta un moment sur le dos, crachant et toussant. Sa respiration reprise, il retrouva un peu de sang froid et crapahuta à reculons, pour mettre de la distance entre lui et l'Arrancar.
« Oye ! », fit Grimmjow.
Hanatarô continua de reculer.
« J'te dis d'arrêter », ordonna Grimmjow.
Hanatarô recula encore.
« Eh ! J't'ai laissé la vie sauve pour que tu me soignes. Soigne-moi ! »
Les menaces de mort de Grimmjow s'il ne s'exécutait pas ne suffirent pas à empêcher Hanatarô de reculer. Bien au contraire, celles-ci ne le persuadèrent que d'une chose : que l'Arrancar était un prédateur cruel, implacable, brutal, et probablement un peu fou.
« C'est que... Pardonnez-moi, mais vous êtes quelqu'un de dangereux, monsieur Jaggerjack. Q-Qu'allez-vous faire si je vous soigne ?
— Partir à la chasse de Kurosaki. »
À force de reculer Hanatarô avait atteint l'endroit où se trouvait Nell. Lorsqu'il entendit la réponse de Grimmjow, il resta un instant sans réagir. Des images d'effroyables tortures défilaient dans son esprit. Puis, il se leva sur ses jambes tremblantes et regarda Nell. Elle fit non de la tête. Hanatarô n'eut besoin de rien de plus pour être convaincu. Il n'était pas question qu'il remît sur pied un ennemi qui s'en prendrait ensuite à Ichigo. Avec un peu de chance, l'Arrancar mourrait de ses blessures ou sous les crocs du premier Hollow qui passerait par là. Ni une, ni deux, Nell et Hanatarô tournèrent les talons et s'enfuirent en courant.
« Merde ! Moi et ma grande gueule », râla Grimmjow en laissant retomber sa tête sur le sable. « Putain, faudrait que j'apprenne à mentir », soupira-t-il, en refermant les yeux.
ϾϿ
Ω¨Ω
fin de la première partie
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui.
Le prochain chapitre sera : Question de survie. J'ai bien peur qu'Hanatarô et Nell ne soient pas encore sortis d'affaire...
Comme je l'ai dit dans l'introduction, je n'ai que quelques vagues idées de scènes pour cette fic. J'avance un peu à l'aveugle. Mais j'ai eu envie de publier le premier chapitre parce que c'est bientôt Noël ! Pardonnez-moi si la suite se fait attendre.
En fait, je suis en train d'écrire une autre histoire (Un sang bleu à la onzième) qui demande de revenir souvent sur l'intrigue pour être sûr que tout se ficelle bien. Alors, j'ai commencé "La panthère, la grenouille et le vermisseau" pour me changer les idées. Quand je reviens sur "Un sang bleu à la onzième", j'ai l'esprit tout neuf et je vois mieux les défauts de l'histoire...
Bon, passez de joyeuses fêtes de Noël et de fin d'années. Salut !
