Coucou mes p'tits loups, comment vous allez en ces temps de procrastination ? Moi tout baigne, la preuve, je poste une nouvelle fiction !
Il s'agit d'une histoire écrite dans le cadre de la Gazette de Puissance-Zelda, un hebdomadaire dont je suis l'auteur. L'idée est de poster une partie par semaine et ce durant les grandes vacances, et j'arrive pour le moment à tenir les délais, bien que les parties s'allongent de plus en plus. Je posterais un chapitre toutes les semaines à peu près, pour garder une part de régularité et de suspense.
Et ne craignez rien pour vos yeux, ça a été corrigé. Et n'hésitez pas à me laisser des petits mots doux. J'aime les petits mots doux.
Bonne lecture à vous tous !
Routine Ennuyante
Link regardait la tasse posée devant lui, qui ne fumait plus depuis une poignée de minutes déjà. Il aimait le thé, en boire de temps à autre était agréable, même en été. Bien qu'il préférait des boissons plus fortes, d'ordinaire, il ne refusait jamais une de ces décoctions chaudes qui avaient le don de le revigorer, de lui redonner une énergie nouvelle qu'il gardait la journée entière. Mais, malgré cela, il n'avait pas encore touché à son infusion, pourtant posée sur la table devant lui, et une seule raison l'en empêchait : la tasse. Non, elle n'était pas ornée de piques acérées, ni d'un quelconque être vivant qui puisse l'attaquer si jamais il osait approcher une seule main, elle était joliment décorée de filaments dorés et de motifs fleuris qui la rendaient plus que belle. Une belle tasse qu'il avait peur de casser entre ses mains de bretteur parce qu'elle valait sûrement plus que tout ce qu'il possédait.
C'était la même chose à chaque fois qu'il décidait de rendre visite à la Princesse. Elle le recevait avec plaisir, le faisait s'asseoir dans son petit jardin privé et lui servait du thé dans un service hors de prix, à un tel point qu'il attendait le dernier moment avant de boire, précautionneusement, sous le regard amusé de sa compagne qui riait de sa crainte pourtant infondée.
« C'est toujours divertissant de te regarder hésiter à prendre une simple tasse, commenta-t-elle en croisant les bras, un léger sourire flottant sur son visage.
- J'ai toujours peur de la briser, avoua son interlocuteur en affichant une moue embarrassée. J'ai tendance à ne pas sentir ma force, et manipuler une chose aussi fragile, je n'en ai pas l'habitude.
- Ton ocarina est pourtant une chose fragile, philosopha Zelda d'une voix chantante, et les notes qui en sortent sont magnifiques. Pourquoi avoir peur de casser une simple tasse et non ton ocarina ?
- Question d'habitude, je suppose », répondit Link en haussant les épaules.
Il sourit et décida enfin de se saisir de l'objet pour avaler une gorgée de thé. Il était tiède, pas encore froid, une note fruitée envahissant ses papilles. Tout aussi délicatement qu'il l'avait prise, il reposa la tasse et reporta son regard sur la jeune femme, qui continuait de sourire.
« Tes visites sont plus fréquentes, constata-t-elle pour entamer la conversation. Te languirais-tu de ma présence ? ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.
- Mais toujours, Princesse, répondit le Héros de la même manière, en reprenant une nouvelle gorgée.
- Je suppose qu'il n'y a rien de nouveau. »
Link laissa sa tasse en suspend, quelques secondes, avant de soupirer longuement. Cela suffit à la jeune femme pour comprendre que tout allait bien. En effet, depuis la fin de leur querelle les opposant à Ganondorf, la paix était revenue. Si beaucoup s'en réjouissaient, ce n'était pas le cas du jeune bretteur qui, il devait se l'avouer, s'était muré dans un ennui profond. L'adrénaline qui parcourait ses veines, l'action qui dictait ses journées, ses voyages qui l'emmenaient aux confins du monde, tout ça était fini et ça lui manquait terriblement. Tellement qu'il sillonnait les routes depuis plus de deux ans, en espérant trouver la moindre trace d'une présence maléfique qui puisse nuire, une troupe de Bokoblins qu'il puisse éradiquer ou le moindre petit monstre sur lequel il pourrait se défouler, mais rien. Alors, pour essayer de se divertir, il tirait des flèches sur des arbres situés à de longues distances. Expérimenté comme il était, il manquait rarement sa cible, et cela l'énervait plus que de raison. Alors, inexorablement, il revenait à la citadelle et rendait visite à Telma, qui avait parfois de bons tuyaux pour l'occuper un peu. Mais cela devenait de plus en plus rare, à son grand dam.
Alors il rendait visite à Zelda. Et cette dernière avait parfaitement raison en soulevant le fait que ses visites se faisaient plus nombreuses. Il ne savait pas quoi faire, tout simplement. Un jour, le Roi - toujours ravi que le héros qui avait sauvé son peuple se rende au château - lui avait conseillé de s'engager comme chevalier, mais il avait refusé. Il détestait avoir une routine, bien qu'il commençait à en avoir une, et rien qu'à l'idée d'être coincé à la citadelle des mois durant le rendait malade. Alors il s'asseyait sur une chaise, dans un petit jardin, en face de ce qui constituait son plus grand challenge en deux ans, à savoir une tasse.
Il restait peu de thé, assez pour une dernière gorgée, et Link savait qu'il n'en reprendrait pas. Après tout, il ne restait pas assez longtemps pour prendre une deuxième tasse et, bien que leurs sujets de conversation soient divers et variés, la Princesse restait quelqu'un de très occupée. Mais elle n'en restait pas moins bavarde.
« ... et les débris ont été évacués. La Tour du Jugement est enfin fonctionnelle et ont peut d'ores et déjà transférer les détenus de la citadelle là-bas.
- Il y en a beaucoup ? se risqua à demander le jeune homme.
- De moins en moins, mais leur nombre reste conséquent, soupira-t-elle. Mais ils se tiennent à carreaux, surtout depuis que la rumeur selon laquelle le Héros patrouillerait dans tout Hyrule, se répand. »
Le jeune homme éclata de rire à l'entente de cette phrase. Il savait que sa réputation s'était amplifiée au cours de cette dernière année, mais de là à ce que les gens arrêtent leurs méfaits.
« Il y a une telle rumeur ! s'esclaffa le concerné. J'ignorais que je faisais peur à ce point.
- C'est une bonne chose.
- Qu'en pensent les Sages ?
- Ils sont ravis de se rendre utiles. Ils veilleront sur la Tour tout comme ils ont veillés sur le Miroir. »
Link sentit un long frisson lui parcourir l'échine. Le Miroir des Ombres était un sujet difficile pour lui. Deux ans étaient passés, mais il n'avait pas oublié la trahison de Midona quand elle avait décidé de briser le Miroir pour couper l'unique pont entre le monde de la Lumière et le monde du Crépuscule. Encore aujourd'hui, son coeur se serrait quand il repensait à ce moment, et l'idée qu'il ne reverrait plus jamais cette femme pour le moins irritable - il faut se le dire - le faisait se sentir assez mal. Mais il restait persuadé qu'il la reverrait. Un jour ou l'autre, qui sait.
La dernière gorgée de thé fut avalée, et il fut temps de se séparer. Avant que leurs chemins ne se séparent, la Princesse, comme à son habitude, prit soin de déposer un léger baiser sur la joue de son Héros. Link savait qu'elle espérait un jour qu'il y réponde et qu'il lui avoue ses sentiments, pour le moins visibles. Mais devenir roi reviendrait à devenir chevalier, et ça, pour le moment, il n'en voulait pas.
Alors il quitta le château, toujours au même point, et s'engagea dans les ruelles de la citadelle après avoir salué les gardes, qui lui présentaient leurs respects, comme à chaque fois. Il savait pertinemment quelle était sa destination. Il n'y coupait jamais. Il tourna dans une nouvelle ruelle et descendit quelques volées d'escaliers avant d'arriver.
« Salut Telma ! lança Link une fois qu'il eut poussé la porte de la fameuse taverne.
- Link ! répondit la femme enthousiaste. Dis donc, plus beau chaque jour qui passe ! La boisson habituelle ? »
Un simple hochement de tête suffit pour lui répondre, et la tavernière s'empressa de prendre une chope fraîchement nettoyée et de la remplir pour le nouveau venu. Ce dernier s'assit au bar, farfouilla dans sa bourse et en sortit quelques rubis pour payer son amie. Il échangea sa monnaie contre la bière qu'il attendait, et reçut en plus un magnifique sourire, celui qui voulait tout dire. Retenant un long soupir, le héros feignit de n'avoir rien vu et commença à boire innocemment, alors que son interlocutrice s'accoudait devant lui, une moue curieuse s'étant affichée sur son visage. Puis, elle le demanda enfin.
« Alors, avec Zelda ? Pas d'avancements? »
Link grogna. Il savait qu'il n'aurait pas la paix avec Telma, toujours avide de petits potins, qui s'empressait à chaque fois de lui demander comment s'était passé son entretien. Mais, malgré cela, il ne pouvait se résoudre à ne pas lui rendre visite. Que ferait-il d'autre, sinon ?
« Je te l'ai déjà dit, répondit-il finalement, je ne veux pas devenir roi...
- Mais si tu veux épouser Zelda, tu vas devoir t'y faire, lui répliqua-t-elle.
- J'ai jamais dit que j'allais l'épouser.
- Mais tu l'aimes. »
Le jeune homme ouvrit la bouche pour protester, mais il ne trouva rien à redire. Tout simplement parce qu'elle avait parfaitement raison.
Aimer quelqu'un, c'était quelque chose. Tout sacrifier pour elle, c'en était une autre. Oui, il serait auprès de la femme qu'il aime, mais à quel prix ? Entre sa liberté d'agir et Zelda, le choix était difficile et, bien que beaucoup de personnes, dont Telma et Iria, le poussaient à aller avouer ses sentiments qui devenaient de plus en plus évidents chaque mois qui passait, il ne pouvait se résoudre à dire adieu à ses voyages. Il ne savait pas s'il y arriverait un jour, et la crainte que Zelda se marie à quelqu'un d'autre le tenaillait sans cesse, sans pour autant l'aider à prendre une décision. Et plus le temps passait, plus il avait peur. Peut-être était-ce aussi cela qui l'empêchait d'agir.
Alors qu'il ruminait ses pensées sous l'oeil attentif et amusé de Telma - qui, entretemps, guettait les autres clients et poussait quelques gueulantes de temps à autre, un cri retentit. Ce dernier se répercuta entre les murs de la taverne, tel un écho lorsque l'on criait dans une grotte.
« Regardez ! Dehors ! »
Sans pour autant lâcher sa chope bien fraîche, Link tourna légèrement la tête vers la provenance du cri, non sans être pour le moins désintéressé. Il jeta un rapide coup d'oeil avant de reporter son attention sur Telma dans le but de continuer leur conversation. Cependant, c'est en remarquant l'expression sidérée de cette dernière, les mains en suspens et la bouche grande ouverte, qu'il se fit la réflexion que quelque chose ne tournait pas rond. Il se décida à s'intéresser d'un peu plus près à ce qui se passait. Avalant une dernière lampée, il pivota et regarda dans la direction que tout le monde semblait observer. Sur le coup de la surprise, ses doigts lâchèrent la chope qui retomba sur le bar dans un bruit mat. Comme hypnotisé, le héros se leva maladroitement, sans lâcher du regard la fenêtre, et se précipita dehors, aux côtés des habitués eux aussi sortis pour observer le phénomène.
Le ciel, auparavant dégagé et bleuté, s'était couvert d'épais nuages blancs et cotonneux. Le vent s'était brusquement levé, brise glaciale qui mordit férocement les joues du héros qui fixait, yeux écarquillés, les environs en proie à un phénomène impossible à cette époque de l'année.
Il neigeait.
