L'auberge était calme. Trop calme. Un mouton se baladait sur le plancher et Prosper le regardait d'un air désabusé. Rien ne l'étonnait plus. Quelques clients étaient là, épars, l'esprit occupé à scruter leur verre d'alcool. La fumée des pipes se mêlait au son d'une flûte jouée par un vieil aveugle dans un coin. Un rire inquiétant s'ajoutait de temps en temps, délivré par un être caché par son fauteuil. Un chat descendit de ses genoux en miaulant tout en déséquilibrant une fille de salle. Une autre tentait de nettoyer la cheminée, sans y mettre trop de cœur. De la suie s'échappait régulièrement et recouvrait un tapis déjà lourdement taché. Plus loin un client échangeait quelques piécettes contre des chandelles. On entendit un cheval hennir au loin. Peut-être un de ceux de l'écurie ? Avec un peu de chance un nouveau client arriverait et avec lui un peu d'animation. Soudain, un client s'affaissa sur sa chaise.
-Elrond, venir, drame.
Prosper appela les filles de salle et celles-ci l'emmenèrent dans une chambre. Prosper, soucieux, alla s'asseoir près du comptoir et se mit à marmonner à voix basse.
-Si cet homme est un Gondorien, cela signifie que le Gondor est en danger. Donc, j'en conclus qu'il faut que j'aille prévenir Elrond pour qu'il rassemble ses armées et qu'il vienne sauver le Gondor. Mais, s'il faut que j'aille à Imladriss, Le Poney Fringant restera ouvert, sans moi. Je ne suis pas sûr de vraiment devoir y aller moi même …
Prosper fut soudain interrompu dans ses réflexions par un nouveau client. Ou plutôt une nouvelle cliente. Et pas n'importe laquelle.
-Dame Galadriel ! Que me vaut cet honneur ?
-Prosper, j'ai besoin de toi, il faut que j'aille voir Elrond, et il me semble que tu as des informations particulièrement importantes à lui confier. N'ai-je pas raison ?
-Euh … si, mais comment le savez vous ?
-Prosper, ceci ne vous regarde pas, il est indiscret de vouloir connaître les secrets d'une elfe.
-Excusez moi ma Dame.
-Maintenant, il est temps. Partons.
Prosper et Galadriel sortirent de l'auberge. Et, heureuse coïncidence (ou pas), un deuxième cheval elfique se trouvait devant le Poney Fringant.
Après des heures de chevauchées dans les plaines et les montagnes de la Terre du Milieu, nos deux cavaliers arrivèrent à destination. Là, Elrond les attendait sur le parvis de sa demeure. L'aubergiste descendit lourdement de cheval et s'inclina très bas devant Elrond.
-Prosper, il paraît que tu as une information de la plus haute importance à me faire passer, quelle est-elle ?
Proper était interloqué, comment Galdriel et Elrond pouvaient-ils savoir quelque chose qu'il ne leur avait jamais dit ? Mais, son dévouement pour les nobles personnes l'obligea à répondre.
-Seigneur Elrond, tout à l'heure, dans mon humble auberge, un Gondorien, s'est évanouï, non à cause du vin et de la bière, mais à cause d'une profonde fatigue. Avant de tober de son siège, il a prononcé quelques mots. Elrond, venir, drame. Je suppose que le Gondor est en danger, Ai-je tort ?
-Non, vous n'avez pas tort. Le Gondor est bel et bien en danger, mais je vous en supplie, ne vous mêlez pas de cette histoire. La créature qui menace les Gondoriens, n'est pas ce qu'elle prétend être. Ceci est un conflit entre le bien et le mal. Le peuple ne doit pas s'en occcuper. Prévenez tout vos amis et vos voisins que la Terre du Milieu est en danger, mais qu'ils ne doivent rien faire, ou plutôt, qu'ils doivent faire comme si de rien n'était. Et maintenant, Prosper, partez, et chevauchez le plus vite possible car la guerre est imminente.
