Roxas : Je n'ai pas trop le choix, il est prêt à me tuer.

PDV Roxas.

Je mis aveuglément des affaires dans mon sac: des affaires de rechange, des provisions, de quoi tenir plusieurs jours seul. Je rangeai mon téléphone, mes écouteurs et mon chargeur dans la petite pochette de devant avant de fermer l'ensemble avec une rage non dissimulée.

Laissez moi vous expliquer comment j'en suis arrivé là. Aujourd'hui, en allant chercher notre café avec mon jumeau Sora avant d'aller au lycée, nous découvrîmes une nouvelle personne pour servir les cafés. Au lieu du vieux grincheux habituel, un jeune homme au cheveux long blanc attendait patiemment les commandes. Quand nous nous approchâmes du comptoir, les yeux de mon frère et celui du serveur s'attirèrent mutuellement. Ils restèrent ainsi plusieurs secondes avant que le nouveau ne demande ce que nous voulions. Je pris les commandes pour nous deux, mon frère ayant visiblement perdu sa langue sur la route. Ce n'est que quand nous allions partir que mon jumeau demanda le nom du mystérieux faiseur de café. Riku, c'était son nom. C'est sur le chemin du retour que nous avons évoqué la possibilité de faire notre coming-out à nos parents, pour être sur de ne pas avoir de mauvaise surprise. Cependant, j'avais un pressentiment. Je proposais donc à mon frère de faire le mien du soir, comme ça, si il y a un problème, mon frère ne serait pas affecté. Je ne supporterais pas qu'il lui arrive quelque chose.

Et j'avais vu juste. Alors que j'annonçais à mes parents que je venais de trouver un petit ami (fictif), ma mère éclata en sanglot en se lamentant, tandis que mon père, après une seconde d'hésitation le temps de comprendre, pris le vase sur la table et me le lança. Je me baissais juste à temps avant de l'entendre exploser contre le mur. Un morceau de vase laissa une éraflure sur ma joue. Je remontais dans ma chambre, voyant que la situation allait dégénérer.

J'effleurais la blessure que m'avais laissé la confrontation, repensant amèrement à la situation. Je sortis de mes pensées en entendant la voix lointaine de mon père demander en criant à ma mère où elle avait ranger son couteau de boucher. L'horreur me tordit le ventre et me poussa à me presser, facilitant ma décision.

- Roxas?

Je fis volte-face. Sur le pas de la porte, mon jumeau me regardait avec tristesse. Physiquement, il n'était pas pareil que moi, malgré le fait que l'on soit jumeau. Alors que j'étais blond, mon frère était brun. Nous avions cependant tous les deux des cheveux en bataille et des yeux bleus océans. Je suppose qu'il avait entendu toute la conversation, à en juger par la tête qu'il affichait.

- Comme quoi j'ai eu raison. Désolé, mais je crois que nous avons des parents homophobes, lui souris-je tristement.

- Qu'est ce que tu vas faire du coup? Tu vas partir?

- Je n'ai pas trop le choix, il est prêt à me tuer.

- Ah trouvé! s'exclama une voix au rez-de-chaussé.

Je tressaillis, de peur qu'il n'ai trouvé le fameux couteau. Je pris mon sac, affolé, et ouvris la fenêtre. J'étais au deuxième étage et ma chambre donnait sur la rue, assombrie par les nuages noirs de l'orage. La pluie tombait sur le macadam dans un vacarme assourdissant.

- Roxas! rugit mon père en bas de l'escalier.

Je mis un pied sur le rebord de la fenêtre, prêt à sauter.

- Tu essayera de venir me voir une fois de temps en temps quand même? s'enquit Sora.

- Au lycée, bien sur.

Les pas dans l'escalier me donnèrent des frissons. Je regardais en bas, hésitant un instant avant de sauter. Choisir entre une mort certaine et une mort possible, le choix est vite fait. La pluie fouetta mon visage tandis que je descendais en chute libre.

Crack

C'est le bruit écœurant de ma cheville en contact avec l'asphalte. Je poussais un hurlement de douleur, masqué par le bruit du tonnerre. J'avais l'impression que mon pied allait se détachait de mon corps.

Des cris provenant de ma chambre me firent cependant revenir à la réalité. Il fallait que je bouge. Et vite.

Je me relevais avec difficulté, me reprenant à trois fois avant de pouvoir tenir debout. Je boitillais le plus vite possible a travers les rues. Je tournais tellement de fois que je ne saurais pas revenir en arrière. Je décidais de m'arrêter dans une ruelle sombre, prêt d'un supermarché. Je m'asseyais lourdement sur le sol, l'adrénaline me quittant après un moment d'attente, où je sentais que j'étais en sécurité. Les larmes coulèrent à flots le long de mes joues tandis que je repensais à tout ce qui venait de se passer. La réaction de mes parents, la tristesse de Sora. J'enfouis ma tête dans mes genoux pour cacher mes larmes. Je remarquais au bout d'un moment qu'il avait arrêté de pleuvoir. Ou, pour être exacte, je sentais une présence qui arrêtait la pluie. Je relevai la tête pour voir un homme au cheveux rouge tendre un parapluie au dessus de moi. Ses cheveux étaient redressés à l'arrière de son crâne. J'étais captivé par ses magnifiques yeux émeraudes ainsi que les tatouages en forme de larmes inversées violettes en dessous.

- Est ce que ça va?