Notes d'Alika-Chan:
Bonjour à toutes et à tous, pour débuter j'aimerai vous aviser de certaines parts. Cette histoire est liée en parallèle avec mes anciennes fanfics de Moribito. Vous devez avoir lu les trois tomes pour avoir accès à celui-ci, car il révèle des moments clés de ma trilogie. Il a été conçu pour éclairer certaines parties dont je ne m'attardais pas, car je préférais me centrer sur l'histoire originale.
Ensuite, cette fanfic va aborder les thèmes suivant : paranormal et spirituel. Je ne suis pas médium, mais je continue de m'améliorer sur ce sujet et ma propre spiritualité, encore à ce jour. La plupart de mes connaissances sur ce monde invisible seront éditées dans cette fanfic qui était de base, composée de six chapitres, mais qui au final, en contiendra plus que prévu. Bref, j'espère, toutefois, que vous allez apprécier !
Bonne lecture !
Si jamais vous avez des questions en cours de route, ne pas hésiter, de même qu'une petite review, si le cœur vous en dit.
.
.
.
.
Partie I : Ransa no Moribito
Balsa, quarante-trois printemps à son actif, faisait du ménage dans sa chambre au second lorsque son balai accrocha quelque chose et qu'un live poussiéreux tomba au sol. Elle le regarda attentivement et sur la couverture était écrit :
Journal d'Alika:
L'enfant medium qui communique avec les morts
Le cœur battant, elle osa lire la première page. Elle comprit que sa fille aînée avait mis sur papier toutes ses expériences en tant que personne qui voyait les esprits avant que son don ne soit volontairement bloqué, ou plutôt scellé, par Torogai. Alors elle lâcha ses tâches ménagères, se câla confortablement dans son futon avec les oreillers dans son dos pour commencer sa lecture.
» À celui ou celle qui trouvera ce journal. Si vous le lisez en ce moment, c'est qu'il est sans doute le temps que je vous révèle un de mes plus grands secrets. Je ne crois pas au hasard ni aux coïncidences. Tout arrive pour une raison et il y a sans doute une raison pour laquelle vous tenez mon livre en ce moment dans vos mains. Alors désormais, je peux me dévoiler lentement.
.
.
.
Anges gardiens et enfant médium
» Je suis née d'une mère guerrière et d'un père Yakue métissé. Malheureusement, je ne suis pas née avec un livre guide qui dit : bonjour, je suis médium, je vois les morts voici comment mon don fonctionne. Ç'aurait été trop beau, trop magnifique et tellement plus facile pour mes parents. La première fois que j'ai vu les esprits, j'étais trop jeune pour m'en rappeler, mais d'après ma mère, je riais seule devant un mur vide alors que j'avais dix mois. Je semblais parler à des « amis imaginaires ». À mes deux ans et demi, tout fut un peu plus clair. Je pensais que c'était normal de les voir, eux. L'homme était grand et imposant, il portait la même lance que ma mère. J'ai compris qu'il était destiné à être mon ange gardien, ou simplement gardien, et qu'il s'appelait Jiguro Musa. Il pouvait être sévère mais il était toujours gentil avec moi. Il me protégeait. Je le voyais tout le temps, alors du coup, je n'étais jamais seule. Mes parents trouvaient que j'avais un langage disons, trop « mature » pour mes deux ans et demi, mais ils pensaient aussi que je devais être une enfant précoce.
À l'anniversaire de mes trois ans, deux autres gardiens firent leur apparition dans ma vie. Ou plutôt : je pus enfin les voir. Pas en tant que fantôme, blanc et translucide. Non. Je les voyais en chair et en os, à l'exception qu'être vivants, ils étaient morts. La première, une femme, semblait être une de mes gardiens acquis lors d'une de mes vies antérieures. Elle s'appelait Hana. Elle avait de longs cheveux noirs jais lisses, des yeux bleus azur, une peau mate un ton plus foncé que mon paternel. Elle était grande, 1m77, presque comme mon père, Tanda, qui faisait 1m75. Ce qui me faisait rire : elle était toujours munie d'un bâton plus grand qu'elle, rond et en bois et portait sur son dos des ailes très blanches, soit repliées sur son dos ou tout bonnement, elle les faisait disparaitre quand elle n'avait pas assez de place pour les déployer. Comme habit, elle variait souvent : robe, toge, tunique ou kimono. Elle m'apprit qu'elle avait été une de mes grandes sœurs dans une vie antérieure et avait fait le vœu de toujours me protéger. Dès son apparition, Hana fut là pour rester à mes côtés. En fait, elle était là depuis le début, depuis ma naissance où j'ai pris ma première respiration, mais je ne pus la voir réellement qu'à mes trois ans contrairement à Jiguro. Le second gardien que je pus aussi voir à mes trois printemps, n'était nulle autre que Karuna Yonsa, le père de ma mère, le frère de Tante Yuka, et donc : mon grand-père maternel. Lui aussi avait assisté à ma naissance, mais en comparatif à mes deux autres gardiens, il partait et venait comme bon lui semblait. Alors je ne le vis que rarement durant mon enfance.
Je me souviens aussi que je voulais que Maman et Papa donnent des portions de leur nourriture préparée à Hana et Jiguro. Mais ils me trouvaient drôles et m'ordonnaient de continuer à manger.
« Tes amis imaginaires n'ont pas besoin de manger, avait dit Papa, chose qui m'avait fâchée.
- Si, ils ont besoin de manger.
- Alika, contente-toi de finir ton assiette. »
Je boudai un instant et regardai Jiguro et Hana qui étaient assis à la table. Je n'ai pas besoin de manger maintenant, petite fleur, m'avait-il répondu alors qu'il s'occupait de nettoyer et polir sa lance. Je mange quand je le veux et quand tu ne le vois pas.
.
.
.
Le mystère de la bouchée du biscuit
» Pour preuve, alors que Papa avait fait des biscuits, il venait tout juste de les sortir du four en terre cuite. Ses biscuits étaient intacts et encore très chauds. Et j'étais à l'opposé de la pièce, derrière la table, assise en train de faire une couronne de fleur pour Maman qui s'entrainait dehors. Papa me parlait en même temps qu'il regardait les biscuits. Et je vis Hana prendre une bouchée et ne pus m'empêcher de crier pour l'avertir :
« Hana, attention, c'est CHAUD ! »
Papa s'était retourné où je regardai et il jeta un grand :
« HEIN ?!
- Qu'est-ce qu'il y a, Papa ? demandai-je, alors que je voyais Hana manger rapidement sa bouchée comme un dragon enflammé.
- As-tu... non, tu n'as pas pris de bouchée, n'est-ce pas ? questionna-t-il en levant le biscuit qui avait une jolie morsure bien ronde.
- Non, Papa. Tu en as peut-être prise une sans t'en rendre compte, essayai-je avec un petit sourire narquois.
- Je n'ai aucun goût présent dans la bouche et ta mère est dehors. »
Il se rapprocha de moi avec le biscuit.
« Qui a mangé le biscuit ? répéta-t-il en me regardant comme si je cachais quelque chose.
- Mais c'est pas moi ! continuai-je.
- Ce n'est pas moi non plus. »
Ce fut donc le mystère, du moment, du biscuit jusqu'à ce que je réponde :
« C'est Hana qui l'a mangé...
- J'ai vraiment du mal à te croire. Qu'un de tes amis imaginaires puissent arriver à manger un biscuit... mais il est vrai que tu as crié que c'était encore chaud. Serre les dents, m'ordonna-t-il.
- Pourquoi ?
- Fais juste serrer les dents, s'il te plait, ma puce. »
Je souris forcée et serrai les dents. Il plaça la morsure dans le biscuit à demi mangé sur mes dents fermées et déclara :
« Ce n'est pas ta bouche... ni la mienne... quel était le nom que tu as crié quand c'est arrivé ?
- Hana...
- ... Je vois. Bref, est-ce que tu veux que je lui laisse le biscuit ?
- S'il te plait. »
Trouvant ça comique, Hana n'avait pas retouché le biscuit. Elle avait un plan derrière la tête. Je crois que Papa commençait lentement à me croire. Lorsque Maman revint de son entrainement et vit le biscuit à demi-mangé, elle voulut le prendre pour le finir, mais Papa et moi s'étions vivement écriés en même temps :
« Ne le mange pas !
- Eh... (elle regarda le biscuit dans sa main) pourquoi ? Est-il empoisonné ?
- N-non, balbutia Tanda. Il est pour l'amie imaginaire d'Alika. »
Maman nous regarda d'un air totalement perdu et confus. Il est clair qu'elle croyait que Papa entrait dans mon jeu, qui n'en était pas un, justement. Elle s'attaqua donc à un autre biscuit, complet. Je regardai Papa et retournai vaquer à mes occupations. Le soir venu, alors que Maman était au second étage et que Grand-Mère était dehors en train de parler avec les esprits des eaux, je veux dire, la tête l'eau, je regardai Hana assise à la table devant le biscuit alors que Papa lisait son livre.
« Papa ?
- Oui ?
- Regarde le biscuit. »
Il regarda le biscuit.
« Il n'y a rien de spécial. Hana ne semble pas vouloir y retoucher malgré tout.
- Elle va le manger.
- Alors, fais-moi signe. »
Il retourna son regard sur son livre et Hana mangea le biscuit avec une grande satisfaction. Elle était une gardienne très gourmande. Je tirai encore sur la manche de mon père.
« Regarde la table... »
Papa leva ses yeux et vit que le biscuit avait disparu de la table. Il me regarda, regarda la table et moi à nouveau.
« L'as-tu mangé ? »
Je n'arrivais pas à le croire. Mon père avait bien été témoin de la bouchée inconnue du biscuit laissé par Hana et malgré le fait qu'elle l'ait mangé au complet, il continuait de nier le tout alors que je n'avais rien dans la bouche ! Alors je fis la moue et mon visage se crispa.
« Alika ?
- J'ai rien mangé ! éclatai-je en sanglots avant de me lever et de courir dehors rejoindre grand-mère. C'est Hana qui l'a mangé ! »
En arrivant dehors, Grand-Mère me regardait intriguée. Je me jetai dans ses bras en geignant.
« Qu'est-ce qu'il y a, petite fleur ? me demanda-t-elle.
- Papa refuse de croire que c'est Hana qui a terminé le biscuit mangé... j'ai rien mangé... personne ne me croit quand je dis que je vois des esprits et non pas des amis imaginaires...
- Moi, je te crois.
- Vraiment ?... Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ?
- Pas du tout. »
.
.
.
Torogai-Shi, Guide Spirituel
» Peu de temps après cet événement, seule ma Grand-Mère Torogai, également chamane, croyait réellement en l'existence de mon don. Elle m'expliqua qu'elle aussi les voyait. Elle savait qu'Hana, Jiguro et parfois Karuna m'accompagnaient toujours. Je lui parlais également que j'avais une phobie monstre que la maison prenne en feu ou que quelque chose soit mal éteint. Et elle m'apprit à méditer pour comprendre la source de ce traumatisme. En plus de méditer, je me liais à mon Moi Supérieur. J'ai compris que j'étais, dans une de mes autres vies antérieures, décédée en donnant naissance à mon cinquième enfant. Je m'appelais Amber, j'avais vingt-six ans. Dans une autre, j'avais été noyée, ne sachant pas nager. Je m'appelais Iñaki et j'étais un garçon d'environs sept ans. Je n'avais pas peur de l'eau dans ma vie présente. Peut-être parce que, naturellement, en m'apprenant à nager dès l'âge de deux ans et demi, mes parents avaient apaisé cette peur. Une autre de mes réincarnations avait été brûlée au bûcher, car on m'appelait sorcière à cause de mon don de voir les esprits. D'où ma peur que quelque chose prenne en feu. Ma Grand-Mère a été formidable avec moi et mon don et m'avait fortement encouragé à continuer de le développer. En le développant davantage, quand je lui ai avoué que chaque être humain possédait une étrange couleur qui fluctuaient autour d'eux, elle comprit que je ne voyais pas seulement les morts et les esprits, mais également les auras. Chose qu'elle était incapable de faire.
J'étais fière de mon don, mais désormais âgée de quatre ans, je le cachais à mes parents. Je ne leur parlais plus de Jiguro ou d'Hana. Ils ne me croyaient jamais et étaient trop terre à terre. Mon père avait arrêté ses études en magie pour se concentrer sur ses aptitudes à être médecin, donc il était moins connecté, moins ouvert au monde des esprits et au monde spirituel. Quand je posais la question à Grand-Mère Torogai : « Pourquoi Papa ne me croit pas ? Est-ce parce qu'il a peur de sa propre fille, moi ? » Elle ne me répondait jamais.
.
.
.
Jiguro, maître lancier incontesté
» À mes quatre ans, je regardai parfois ma maman s'entraîner. Elle avait le même style que Jiguro, autant dans la fluidité, que dans les mouvements et les esquives. Elle m'avait enseigné la base des arts martiaux vers l'âge de trois ans et demi. Un matin, je me réveillai très tôt, avant mes parents, et je dénichai un petit bâton en bambou. Je vis mon gardien Jiguro s'entraîner et osai lui demander de m'entrainer.
« ... Au début, je pensais que c'était inutile d'entraîner une femme parce que leur force physique est en général plus faible que les hommes... mais après avoir vu ta mère grandir et progresser, j'ai changé d'idée. Tu voudrais t'entraîner ?
- Oui !
- C'est un entrainement très rigoureux et très demandant. Tu es encore plus jeune que lorsque ta mère a commencé.
- Eh...
- Mais j'accepte de t'entrainer. Je sais que tu auras le talent.
- Vraiment ?!
- Oui.
- Est-ce que tu pourras m'avertir quand mes parents vont se réveiller ?
- Bien sûr. Tu ne veux pas qu'ils te voient t'entrainer, c'est bien ça ?
- Oui...
- Parfait, je t'avertirai. »
Il commença à me montrer comment bien tenir une lance – enfin, avec ma branche de bambou – les positions défensives et le maniement. On put s'entraîner une demi-heure avant que Jiguro ne m'arrête et me dise que ma mère se réveillait, car il le ressentait dans son énergie. Je lâchai mon bâton en bambou et le cachai précieusement avant de faire autre chose : faire des couronnes de fleurs. Quand elle me vit dehors, elle me passa la remarque comme quoi je semblais très matinale.
« Ça arrive, mentis-je alors que je regardai Jiguro continuer de s'entrainer comme si de rien n'était. »
Elle n'en dit pas plus. Plus tard dans la journée, je m'évadai en douce dans la forêt et allai à mon petit refuge secret : une grotte souterraine dont les entrées se situaient dans la base d'une souche d'arbre. Ce fut à cet endroit que je perfectionnai, durant la moitié de mes quatre printemps, mes habilités pour la lance.
« J'avais raison, me déclara Jiguro alors qu'Hana mangeait des petits fruits en me regardant lors de mon entraînement. Tu as également le don des armes.
- Le don des armes ? Je croyais que j'avais un seul don : celui de voir les esprits et les auras.
- En nous voyant, tu as aussi pu développer un second talent, dont celui-ci. Tu es très compétente. Je crois que tu feras une excellente lancière tout comme ta Maman plus tard. »
Je souris face aux compliments...
Balsa arrêta sa lecture un petit moment. Il est vrai qu'à ses quatre ans et demi, je me suis réveillée un matin plus tôt que prévu et que j'ai jeté un regard à la porte pour voir ce qui se passait à l'extérieur.
« Toujours en train de parler avec tes am— s'était-elle coupée en apercevant tout un spectacle. »
Sa fille était en train de faire des enchaînements de lance, dans le vide, comme si elle se battait contre une vraie personne. Soudain, Alika avait tourné les yeux vers elle, s'était arrêtée et avait baissé la tête, comme si elle avait commis une faute irréparable.
« Eh bin, tu ne m'avais pas dit que tu connaissais la façon de manipuler une lance, avait-elle dise en s'approchant. »
Elle se mit à relire et fût surprise de voir que la suite correspondait exactement à ses souvenirs. Elle en pouffa même de rire.
.
.
.
Début d'un entrainement à la lance
» Je ne savais pas comment réagir. Je ne désirai pas que mes parents me voient me pratiquer avec Jiguro... bien qu'ils ne le voyaient pas. Maman rentra à nouveau dans le refuge et ressortit avec un bô, un long bâton de bois. Je restai plantée devant ma mère, me demandant ce que je devais faire contre elle.
« À quoi penses-tu ? rit Maman.
- Qu'est-ce que je dois faire ?
- Attaques-moi. Montres-moi tout ce que tu sais.
- Bon… d'accord... (je regardai Jiguro un quart de seconde)
- Vas-y, tu es assez compétente. »
Je lui fis un signe de tête et, aussitôt confirmé, je m'élançai avec confiance vers ma mère en l'attaquant en un grand mouvement ample de haut en bas, qu'elle bloqua avec son bô sur le côté.
« Bien ! »
Je ramenai mon bambou avant de faire un angle de 90° vers la gauche et me fit encore bloquer. J'arrivai à lui faire bouger son arme et faire légèrement travailler ses réflexes.
« Magnifique coup ! »
Je n'étais, certes, pas aussi puissante qu'un adolescent ou adulte lancier de Kanbal, mais je savais comment l'attaquer. Pourquoi ? Car elle avait exactement le même style que Jiguro, j'avais l'impression de me battre contre mon propre maître, qui avait jadis été son maître !
« Maintenant, attaque là en tournant vers elle et touche ses mollets, tu vas la déstabiliser, me conseilla Jiguro. »
Je fis comme il me dit et, en effet, je déstabilisai Maman. Après quelques attaques, Maman décida de m'attaquer lentement avec des attaques douces, chose que je parai facilement, mais elle découvrit que j'en voulais un peu plus.
« Je ne suis plus un bébé !
- Mais si je sors toute ma force, tu ne tiendras pas une seule seconde. Laisse-toi une chance ma chérie, ceci n'est pas un examen ou un combat à mort pour tester ta force physique. Ceci est juste un petit entrainement amical pour voir tes capacités dont j'ignorai depuis le début. Tu n'as que quatre ans et demi. »
Je fis la moue. Maman lâcha son arme et ouvrit ses bras pour que je m'y réfugie. Je ne voulus pas, mais je le fis quand même.
« Je crois que je vais t'entraîner quand même, sourit-elle. Tu as démontré de jolies réflexes et de belles attaques. Je reste convaincue que tu seras une très grande lancière plus tard.
- Tu crois ?
- Oui. Et douée en plus.
- Je veux pas être médecin comme Papa. Je veux être lancière comme toi ! »
C'est ainsi que je commençai à m'entrainer avec Maman tous les jours.
.
.
.
La vérité dévoilée
» Durant mes cinq ans, il ne se passa rien de très extraordinaire. J'essayai toujours de convaincre mes parents que je voyais les esprits, mais ils les prenaient encore pour des amis imaginaires. Il était vrai, par contre, que certains esprits d'enfants venaient jouer avec moi ou m'accompagnaient quand j'avais de l'école à la maison. Certains très beaux, d'autres parfois me faisaient peur ou m'intriguaient puisqu'ils avaient été marqué par leur mort, j'entends par là : défigurés par un chien, brûlés au second degré (ils se cachaient derrière un masque de théâtre japonais pour ne pas que je sois terrifiée), noyés (ceux-là avaient toujours des vêtements trempés tout comme leur cheveux) ou encore simplement décédés de maladies. Ils ne voulaient jamais de mal à moi ou à ma famille, car Jiguro et Hana s'occupaient de nous protéger et parfois, ils pouvaient les bannir de chez nous comme punition pour avoir osé faire du mal à mon entourage dit « vivants ». C'est également à cinq ans que je pus tenter ma chance de parler de Jiguro à ma mère. Alors qu'elle nettoyait encore sa lance, je la regardai, la tête posée sur la table comme un chien. Elle s'en aperçut et me questionna.
« Qu'est-ce qu'il y a, mon cœur ?
- Maman ?
- Oui ?
- Tu ne me crois pas, hein ? Quand je dis que mes amis ne sont pas imaginaires ?
- Honnêtement, j'ai un peu encore de difficulté. Tu n'es qu'une enfant. Mais désires-tu me parler d'eux ? »
Toute de suite quand elle a posé sa dernière question, je savais qu'elle était ouverte à ce sujet et je tentai ma chance en redressant ma tête et en acquiesçant positivement et vivement. Elle déposa sa lance alors que je me rapprochai d'elle et qu'elle se tourna vers moi.
« Alors ? Qu'est-ce ?
- J'en ai trois. Dont deux qui restent toujours à mes côtés.
- Que fait le troisième ?
- Il vient et part comme il le désir. Mais c'est le premier qui insiste vraiment pour que je te parle de lui.
- Vas-y.
- Il dit qu'il s'appelle Jiguro Musa. Du clan Musa de Kanbal...
- Jiguro Musa ?! s'exclama-t-elle avec surprise.
- Eh... oui... Maman, ça va ?
- Peux-tu me dire me décrire comment il est ?
- Si tu veux ? »
Je regardai Jiguro, prêt à me fournir des preuves.
« Est-ce qu'il est grand ? Im78 ? dis-je.
- Oui.
- Portes-t-il une barbiche foncée et les cheveux courts ?
- Oui.
- Est-il musclé et imposant ?
- Oui.
- Même ceinture que la tienne et une épaulette gauche ?
- Oui.
- Dernière chose : il porte une lance, pas vrai, Maman ?
- Oui... la même que moi.
- Mais le manche est rouge.
- Exact.
- Il a aussi tué huit autres guerriers comme lui, pour te sauver lui et toi des assassins envoyés par le Roi Rogsam. Le même qui a forcé ton père a empoisonné le Roi Naguru pour le trône... »
J'avais confirmé le tout à ma mère qui resta sans mots en me regardant. Son regard était inestimable.
« C'est aussi lui qui a commencé à m'entrainer à la lance, confiai-je. »
Le soir même, alors que je venais de fermer les yeux et dormais – du moins j'essayais – dans ma chambre à l'étage du haut, collée contre Hana, j'entendis Maman parler avec Papa.
« Tanda... j'aimerai te parler de quelque chose...
- Vas-y ?
- Ça concerne Alika...
- Qu'a-t-elle encore fait comme bêtises ?
- Rien... mais est-ce que je lui ai déjà parlé de Jiguro ?
- Non, pas que je me souvienne...
- Elle m'a parlé de ses amis imaginaires, dont le premier qui se dit Jiguro Musa...
- Elle a peut-être imaginé le tout ?
- Tu crois ? Si je te disais qu'elle a répondu à toutes les questions avec exactitude, alors qu'elle ne l'a jamais vu ?
- Balsa, elle a dû dire oui pour t'impressionner, c'est tout.
- Tanda, tu la crois si idiote et si prétentieuse que cela ? me défendit ma mère. Je ne pense même pas qu'une enfant de son âge puisse réfléchir à ce point pour blâmer et tromper les gens. Tu as été apprenti chamane, tu devrais pourtant la croire plus que moi-même sur le monde des esprits...
- Les enfants ont une imagination débordante, ils ne savent pas distinguer le vrai du faux.
- Je ne pense pas que Jiguro Musa fasse partit de son imagination et sache qu'aujourd'hui, elle m'a parlé de lui, et m'a dit des choses que je ne lui ai jamais raconté comme le Roi Rogsam et la mort de mon père. Tanda, elle était d'une exactitude déconcertante ! Tu ne peux pas continuer de nier ça... »
À ce moment, je les écoutai en les épiant du haut et vis Jiguro qui s'assit sur le coussin qui reposait à leur côté. L'objet se déplaça d'un centimètre suite à son poids. Maman et Papa l'avaient vu bouger et en le fixant, se regardèrent, vice-versa ainsi de suite pendant de longs instants.
« Tu as vu... la même chose pas vrai ? déclara Tanda.
- Oui... ne le nie pas toi non plus.
- Tu n'as pas déplacé le coussin ?
- Pas du tout. Toi ?
- Non plus.
- J'aimerai bien demander à Alika, mais elle dort... »
À ce moment, je me suis levée et ai descendu lentement les escaliers. Mes parents me regardaient comme si j'avais une pieuvre sur la tête.
« Nous t'avons réveillé, poussin ?
- Non... j'étais déjà réveillée...
- Pouvons-nous te parler d'un truc ?
- Oui, c'est pour ça que je me suis levée...
- Alors assieds-toi, me convia Papa. »
Je pris le coussin sur lequel Jiguro était assis et je m'assis entre ses cuisses (il était assis en tailleur).
« Pourquoi avoir choisis ce coussin qui a bougé ? demanda Maman.
- Car je me suis assise sur les genoux de Jiguro... ou plutôt : entre ses cuisses...
- Jiguro y est donc assit là ?
- Oui...
- Il a fait bouger le coussin ? questionna à son tour Papa.
- Oui, pour vous offrir une preuve. Vous pouvez me demander toutes les preuves que vous voulez.
- Tout ce que tu sais sur lui.
- ... »
Je réféchis. J'avais dit la moitié des choses que je connaissais de Jiguro à Maman. Je fouillai un instant dans ma mémoire, mais Jiguro projeta son énergie sur moi et j'eus ses souvenirs en tête.
« Jiguro a été l'un des lanciers les plus jeunes choisis de toute l'histoire Kanbal. Il a assisté à la "Giving Ceremony" alors qu'il n'avait que seize ans. Il était aussi le plus compétent des neufs lanciers du roi qui ne servent que lui et lui seul. Il connaissait bien Grand-Mère Torogai-Shi, d'où le fait où vous vous êtes rencontrés, vous deux... (je les regardai avec insistance)
- Je ne t'ai rien dit de tout ça, avoua Maman.
- Jiguro dit aussi que vous m'avez conçu accidentellement deux ans après sa mort... (je regardai Maman : ) parce que tu étais encore triste qu'il soit décédé avec autant de morts sur les épaules. Et il dit que quand il a senti que je grandissais dans ton ventre, il protégerait l'enfant à venir.
- Comme un ange gardien ?
- C'est ça... Il est mon gardien. »
Ils se regardèrent et ne dirent rien d'autre de plus. J'allai devoir les convaincre davantage dans les années prochaines... mais Maman commençait à me croire. Grand-Mère, elle, c'était évident : elle me croyait à cent pour cent. Papa, lui, c'était mitigé. Soit il niait ma réalité ou bien, il n'aimait pas ce sujet de conversation...
.
.
.
Alors, comment avez-vous aimé le premier chapitre ?
Avez-vous des questions/reviews au sujet du monde spirituel ?
