Hermione renouvelle le souvenir du visage terrorisé de Ginny. La longueur de ses cheveux roux semblait interminable, se mêlant à la bourrasque de poussière et de fumée. Entamant leur disparition, Ron et Harry jetèrent un coup d'œil vers leurs silhouettes éloignées et Hermione comprit qu'il était trop tard. Elles ne pouvaient les suivre.
Le port-au-loin leur était inaccessible. Les hurlements de terreur étouffaient leur appel, ne rejoignant ni Harry ni Ron alors qu'ils disparaissaient, aspirés dans un gouffre circulaire.
Hermione et Ginny demeurent seules, isolées dans le creux des bois. Suite à l'attaque au mariage de Bill et Fleur, elles ont fuit au cœur de la forêt, établissant la tente magique ici et là. Elles ne peuvent se permettre qu'une courte période installées au même endroit, puisque leurs sortilèges de protection s'affaiblissent, tout comme leur courage. Étant dans l'impossibilité de confectionner de la nourriture à l'aide de sortilèges, leurs forces physiques ainsi que leur endurance s'amoindrissent également.
Des craquements puissants, des éclairs mortels, des explosions verdâtres. La marque des Ténèbres visible au plus haut du ciel, Hermione et Ginny ne parviennent à dormir. Elles patientent, elles attendent, sans savoir quoi. Où doivent-elles se réfugier? Où doivent-elles combattre? Où doivent-elles aller pour protéger les partisans de l'Ordre? Ce sentiment d'impuissance face à cette guerre qui s'élabore devient leur sentiment prédominant. Prendre conscience qu'elles se trouvent dans une totale ignorance face à la sécurité des personnes qu'elles aiment pourrait les mener à la folie. Ainsi, silencieuses dans le noir, les deux brillantes sorcières demeurent immobiles, allongées sur le même lit. Au fil des semaines à errer, il leur semblait naturel de dormir ensemble, partageant ainsi de la chaleur et offrant la certitude de la présence de l'autre. Les temps glacial de la fin de l'automne ne devrait pas encourager la sédentarité, néanmoins elles préfèrent réfléchir, cogiter, imaginer des issues, des solutions, des secours. De temps en temps, elles peuvent se fixer longuement, sans prendre la parole. Cette nuit, Ginny s'endort contre l'épaule d'Hermione et son souffle chaud réchauffe sa poitrine. Par la couleur de ses cheveux, elle lui rappelle Ron. Elle ne pense pas à lui comme elle le devrait, depuis leur fuite en forêt. Hermione s'inquiète, se demande où il est, mais elle ne réussit pas à approfondir ses pensées à son sujet. La présence de Ginny lui est suffisante, la calme, la comble, en ces temps de panique. Reconnaissant que son amie est endormie, Hermione pose un léger baiser contre son front couvert de cheveux, et se ravie lorsque Ginny marmonne doucement en collant d'avantage son corps endormi contre celui d'Hermione.
