"Les départs ne comptent pas. Seuls les retours méritent une larme."
PDV LUCY
Je me retournai et posai un coussin sur ma tête. Mais malheureusement, le bruit du réveil ne s'atténua pas. Je tâtonnai la table de chevet à la recherche de ce stupide objet qui m'avait tiré d'un si beau rêve. Une fois l'alarme tut, je m'assis en tailleur sur mon lit, et posai mes mains contre mon visage en fermant les yeux. Un jeune homme, une voix, et un château. C'était mes seuls souvenirs du rêve que je venais de faire.
- Saleté de réveil, grommelai-je.
Je sortis de mon lit, non sans jurons, et observai ma chambre à la recherche de vêtements propres. Ma chambre ressemblait plus à une cave. Ou plutôt à un dépotoir : des cartons étaient empilés partout dans la pièce, les murs avaient retrouvés leur couleur terne qu'ils avaient avant que je ne les colore il y a de cela quelques années, et le matelas qui constituait mon lit était le seul meuble de la pièce.
Aujourd'hui, je déménageais. Mes amis m'avaient dit que j'avais de la chance. Oui, j'allai enfin voir à quoi ressemblait cette école qui avait accueilli mon père et ma mère, mais était-ce vraiment nécessaire ? Je voulais plus que quiconque aller à Poudlard. Mais après avoir passé quatre ans à Beauxbâtons, allais-je avoir le courage d'assumer encore une fois le rôle de la nouvelle élève ?
C'est sur ses sombres pensées que je partis dans la salle de bain, histoire de paraitre un peu plus réveillée et de bonne humeur. J'allumai le robinet de la douche au maximum, l'eau chaude me fit un bien fou. Je me souvins des raisons qui avaient poussées mon père à prendre cette décision. « En vue des événements qui se sont produits cet été, j'ai décidé de retourner en Angleterre pour apporter mon aide au Ministère. Je ne sais pas si les rumeurs de cet été sont fondées ou non, mais j'ai besoin d'avoir des réponses. Ce que je sais en revanche, c'est qu'il n'y a pas d'endroits plus sûrs au monde que là où est Dumbledore, même si on dit de lui qu'il devient fou. »
Pour moi, ce n'était pas des raisons suffisantes, mais j'aimais mon père. C'était la seule personne qui me restait dans ce monde, et jamais je n'irais contredire ses décisions. Sauf que je l'avais fait. Le jour où il m'avait annoncé cela. J'avais essayé de le faire changer d'avis, ou tout du moins, de me laisser étudier à Beauxbâtons. « Pourquoi tu me fais ça maintenant ? Ton poste d'Auror est-il si important à tes yeux ? Plus important que le bonheur de ta fille ? »
J'étais une très bonne actrice. J'avais réussie maintes fois à obtenir ce que je désirais par-dessus tout de cette manière. Mais cette fois avait fait exception. Mon père ne changerait pas d'avis, et au fond, je le savais. Je n'avais quand même pas à me plaindre. Poudlard était une bonne école, une très bonne école même. Mon père m'en avait souvent parlé, quand j'étais plus jeune. Mais je craignais que son point de vue ait été trop subjectif. Il était courant de voir des ex-Gryffondor ne pas tarir en éloges sur leur ancienne maison. Et dans la même mesure, descendre les autres maisons...
Oui, je serais dans une bonne école. Avec un peu de chance, j'irais à Gryffondor, comme mon père. Ou à Serpentard, j'aimais bien Serpentard. Mais je perdrais mes amis, mes repères. Et ça, j'aurais beaucoup de mal à m'y faire. Il ne fallait pas que je me présente comme la petite fille perdue dans l'immensité que représentait ce domaine. Non. Dans une semaine, je rentrerais à Poudlard d'une démarche assurée, et tout irait bien. Ou, tout du moins, je l'espérais de tout cœur...
- Je te présente ton nouveau chez toi, Lucy.
L'ancien manoir familial des Zabini se situait au Sud de l'Angleterre, près de Bournemouth, dans le parc national New Forest. De dehors, il ressemblait à un manoir du 17ème, avec des murs originellement blancs, que les lierres recouvraient sur une grande partie. Mais de grandes baies vitrées atténuaient l'impression d'enfermement qui se dégageait du tout.
La maison était déjà aménagée dans un style moderne et les elfes s'activaient déjà en cuisine, lorsque je rentrai dans ma nouvelle maison accompagnée de mon père. Je voulais m'affaler sur le canapé du salon, mais si je le faisais, je n'aurais plus la force de me relever et de défaire mes affaires. Je m'effondrerais. Beaucoup trop d'événements étaient venus perturbés ma petite vie de bourgeoise, et j'avais besoin de me laisser aller. Mais pas devant mon père, ça, je me l'interdisais.
Alors je me contentai de visiter les lieux, en passant par la cuisine, et la salle de réception.
- Le deuxième étage est tout à toi.
J'allai voir mon « appartement ». Composé d'une grande bibliothèque, d'une pièce avec juste un piano à queue transparent, et de sept chambres avec salle de bain, cet étage était le dernier de la maison. Il possédait un toit vitré conçu pour laisser passer la lumière, qui devait être magnifique durant l'automne, compte tenu de la couleur que les feuilles des arbres prenaient à cette période de l'année.
J'entrai dans la dernière pièce du couloir. Il s'agissait d'une chambre. Grande, spacieuse et enivrante de par ses couleurs chaudes : rose, marron, et bleu ainsi que par la vue qu'offrait le paysage. A gauche, une grande baie vitrée rendait compte d'une vaste étendue d'arbres traversée en son centre par une rivière qui semblait s'enfuir à perte de vue. A droite, trônait un bureau d'angle, imposant, dont la couleur s'accordait parfaitement avec le reste de la chambre. Au milieu de la pièce, il y avait un grand lit rond avec des draps en soie mauve, et pleins de coussins.
Près de la porte d'entrée, une autre porte donnait sur une magnifique salle de bain et un dressing. La pièce était spacieuse, peinte dans les tons clairs, avec des meubles en marbre. Une baignoire ronde était placée au centre de la pièce, et au fond, une douche qui fonctionnait comme une cascade. Une immense baie vitrée donnait vers l'est. De là, on apercevait le jardin de devant du manoir. Je n'avais pas fait attention tout à l'heure, mais la pelouse était très bien entretenue, et une petite parcelle du jardin était remplie de roses de toutes les couleurs. C'était un des plus beaux jardins que je n'avais jamais vu.
Finalement, le déménagement ne sera pas trop difficile à supporter. Un paquet en papier kraft et une lettre étaient posé sur mon lit, la fameuse lettre de Poudlard. Je décidai d'attendre avant de l'ouvrir et pris le paquet. C'était mon uniforme, constitué d'une jupe noire plissée qui arrivait au-dessus des genoux, d'une chemise blanche, d'un pull avec un col en V, et d'une cravate noire.
- Une cravate, marmonnai-je. Ils veulent me faire porter une cravate... Je hais les cravates.
Je mis de la musique et défis ma valise, tout en songeant que, dans une semaine, je serais à Poudlard.
PDV BLAISE
Je déjeunais tranquillement dans la salle à manger de mon humble demeure, tentant d'apprendre une nouvelle figure qu'un Poursuiveur de l'équipe nationale du Brésil avait mise au point la saison passée. Un soupir poussé par l'homme assis en bout de table me fit lever les yeux.
Zachary, dit Zack, Broomer. Sorcier célèbre de par sa fortune et son poste important au Ministère de la Magie, Broomer est aussi tombé raide dingue de Mme Smith, connue pour sa fortune et ses maris, tous plus riches les uns que les autres.
Avant même que je ne demande ce qu'il se passait, il me répondit :
- C'est désolant. Ce vieux fou de Dumbledore refuse toujours d'avouer qu'il complote avec Potter contre Fudge. Existe-t-il vraiment des gens qui croient Dumbledore ?
La question que je me posai était plutôt : comment les gens pouvaient ne pas le croire ? Eh oh ! C'est de Dumbledore dont on parle ! Du plus grand sorcier de tous les temps. Et de Potter, ce petit coincé de Gryffondor qui a vaincu le Lord Noir il y a 14 ans. Enfin... cette dernière affirmation avait été remise en question dès le moment où Potter avait sorti : « Il est revenu. Voldemort est revenu. »
C'est vrai quoi ! Comment les gens pouvaient penser ne serait-ce qu'une seule seconde, que Potter essayerait de nous manipuler ? Ça c'est désolant ! Mais bon, il était peut-être normal que la population ne voulait pas entendre la vérité. Ou tout du moins, ne voulait pas en être consciente. Le Lord Noir avait fait beaucoup de mort, et le climat de terreur qu'il avait instauré en seulement quelques mois il y a 14 ans, personne n'avait envie de le revivre, ou de le faire vivre à ses enfants...
Je fus arrêté dans ma réflexion philosophique par un gloussement, venant de ma mère. Ne pouvait-elle pas m'épargner la vision d'horreur que j'avais sous les yeux une fois dans sa vie ? Qui avait envie de voir sa mère sur les genoux d'un homme différent de son père, faisant des... trucs avec sa bouche ? BEURK !
- En tout cas, continua Zack en s'adressant à sa nouvelle femme, je suis bien content que l'éducation de ton fils soit enfin prise en main. Dolores est un très bonne amie, et elle a toujours portée une grande attention à l'éducation des jeunes sorciers et sorcières. Son entrée à Poudlard va faire couler de l'encre, c'est moi qui vous le dis ! Ajouta-t-il, fier de son petit effet.
Pff, quel idiot celui-là ! J'avais vraiment hâte de savoir qu'est-ce qu'elle pourrait bien nous faire, nous tuer à force de sourire ? Et puis, quelle idée avait eu Dumbledore de nommer Dolores Ombrage professeur ? C'était de la folie !
Je finis mon café et sortis de table lorsque...
- Oh faite Blaise, dit ma mère, je ne serais pas là pendant la dernière semaine d'août. Ton père serait ravi de te prendre avec lui. Sauf si tu préfères aller chez les Malefoy, cracha-t-elle.
Je ne répondis rien, et montai dans ma chambre après lui avoir adressé un bref signe de tête. Sans ça, ma mère aurait pu penser que je ne l'écoutais pas - ce qui était à moitié le cas - et m'aurait administré une correction que jamais je n'aurais oubliée. Elle détestait les Malefoy, et rien que pour cela, je donnerais tout pour aller chez eux. Mais Drago partait tous les ans chez ses cousins en Italie cette semaine-là. J'allais devoir me coltiner mon père pendant une semaine.
- Super ! Lançai-je ironiquement.
Je m'affalai sur mon lit, en repensant à tout cela. Dans une semaine, je serais à Poudlard. Et dans une semaine, je reverrais ses amis.
- Plus qu'une semaine, et je serais enfin libre,murmurai-je.
Mon père n'était finalement pas si horrible. Plus qu'un jour, et je ne reverrais pas mon géniteur avant... je ne savais même pas quand. Il avait quand même fait un effort en m'accueillant chez lui, alors qu'il était censé travailler toute la sainte journée. Nous avions passé une journée entière ensemble, dans un parc d'attraction sorcier qui venait d'ouvrir, pour rattraper le « temps perdu ». Même si je ne me l'avouerais jamais, j'avais adoré cette journée. J'avais vraiment eu l'impression d'avoir un père ce jour-là, et cette sensation me manquerait.
Le Chemin de Traverse : le meilleur endroit pour rencontrer des amis, et des ennemis. Il ne restait quelques jours avant le départ du Poudlard Express, et il était temps que j'aille chercher mes nouveaux livres. Pansy, qui y allait le même jour, me rejoignit chez Florian Fortarôme vers 10h30.
- Bonjour Blaise, comment se sont passées tes vacances ? Me demanda-t-elle alors que je venais d'arriver.
- Salut Pansy, souris-je.
Je ne pris même pas la peine de répondre à sa question et la pris dans mes bras.
- Alors comme ça, t'es préfète ?
- Ouais, dit-elle en fuyant mon regard.
- Oula, qu'est-ce qui t'arrives ?
Ce n'était vraiment pas normal qu'elle réponde ainsi. Comme si elle n'était pas... fière.
- Mais rien !
- Alors pourquoi tu n'as pas l'air contente ? Préfète, c'est important. Tes parents doivent être fiers, non ?
- Si, bien sûr, mais... moi, ça ne m'intéresse pas. Je ne suis pas une élève modèle, je ne comprends pas pourquoi Dumbledore m'a choisie, moi.
Alors là, j'étais sidéré. Et encore, le mot est faible. Comment Pansy pouvait penser qu'elle n'était pas à la hauteur de ce poste ?
- Regarde-moi Pans'. Dumbledore t'a choisi parce qu'il est certain que tu feras une très bonne préfète. Et tu es la meilleure pour ce poste dans notre année.
Je n'étais pas doué pour remonter le moral des gens, loin de là. Mais ce que je lui ai dit sembla tout de même fonctionner un peu, puisqu'elle retrouva le sourire. Elle se leva, paya sa glace, et m'entraina sur le Chemin de Traverse avec elle.
" La joie est en tout; il faut savoir l'extraire."
