Un rayon de soleil. Sa matinée aurait pu continuer quelques heures ainsi, dans la langueur du presque noir et la danse des grains de poussière. Paresser. Se sentir lourd et léger, voler dans la tendresse de son matelas, « rêver peut-être ? » Rêver à cet homme trop proche et trop loin à la fois, à des mots doux et des doigts aimants. Mais, nous le savons tous, les songes ne rêvent pas à réalité et nos mondes aiment à nous le rappeler. Le monde de John, ce samedi, répète son nom avec plus d'ennui que d'amour, caresse un violon martyrisé plutôt que sa peau. Il n'y a certainement pas urgence - sûrement une envie de tasse de thé ou un portable plus loin qu'un bras tendu – mais assez d'agacement pour que le blond se décide à descendre délaissant son rayon de soleil, titubant jusqu'aux fausses notes.
- Sherlock, que me vaut l'honneur de la mise à mort de ce pauvre violon ?
- Tu dors trop longtemps. Ennuyant.
Un pas, élancement des lèvres vers leurs amantes, toujours cette même petite implosion dans ses poumons.
- Est-ce une manière de me signaler que je te manquais ?
- Où sont passés les meurtres ? Si j'étais bête comme toi je dirai que l'esprit de noël ou autre imbécillité du genre les ont stoppés mais -
Retour des bouches l'une contre l'autre, tentative désespérée de préserver un minimum de romantisme, chose pas facile lorsque votre compagnon s'appelle Sherlock et s'autoproclame sociopathe de haut niveau. La main du brun pose délicatement son violon sur le rebord de la fenêtre, tant de tendresse après lui avoir quasiment arraché les cordes, un peu de sable en plus dans son pot à contradictions, échoue sur sa hanche. Et c'est la danse des souffles mêlés, de l'envie merveilleusement absurde de se fondre totalement absolument dans l'autre, de la peau dévoratrice, de l'indicibilité de je t'aime trop puissants, ce sont leurs cerveaux qui fondent et coulent droit dans leurs cœurs, chaleur humide dans la trachée, os prêts à casser, corps à s'écraser sur le sol.
- Mouais… Peut-être que c'était toi qui me manquais...
