Cette fiction est écrite par deux auteurs : Sojiku et moi-même.

Les numéros entre parenthèses correspondent à des notes en fin de chapitre.

Merci mille fois à notre bêta kimi-ebi pour ses bons et loyaux services ;) !

Bonne lecture :) !


Prélude

Point de vue de Piers :

Le jour dont j'ai tant rêvé approche à grands pas. Je vais être diplômé. Major de promotion. Ne vous méprenez pas, je n'ai pas le toupet de me vanter comme un paon. C'est juste que j'ai bossé comme le plus assujetti des serviteurs pour arriver à ce résultat. Sans prétention, je pense avoir un peu de mérite.

J'étudie au centre des hautes études militaires et comme vous pouvez le deviner, à part si vous avez la même capacité de déduction que cet insolent de Muller, je suis en dernière année.

La semaine dernière, les résultats des examens finaux sont tombés. Ils ont été publiés sur les immenses panneaux d'affichage de part et d'autre du salon d'accueil. Je me souviens, je suis resté pas mal de temps devant l'entrée, tétanisé par la peur d'un éventuel échec. Observer les différentes réactions de mes camarades devant leurs résultats m'a donné des sueurs froides. Je pouvais entendre mon cœur battre dans mes oreilles. Certains ont poussé des soupirs de soulagement, d'autres ont carrément éclaté de joie. Plusieurs ont baissé les yeux d'amertume, d'autres encore n'ont pas été capables de retenir leurs larmes.

Les uns après les autres, les étudiants ont quitté la salle. Certains m'ont parlé en sortant, mais je n'ai pas écouté un traitre mot de ce qu'ils m'ont dit. Enfin, quand j'ai compris que le suspense n'arrangeait absolument rien, j'ai marché vers le panneau des admissions comme s'il s'agissait de mon enterrement. À quelques pas du verdict, j'ai aperçu le plus grand inapte que la Terre ait jamais porté, Jake Muller. Il avait l'air subjugué par les résultats. Mais lui seul aurait été surpris s'il avait échoué.

Il s'est retourné et m'a immédiatement jaugé du regard lorsqu'il m'a vu. Comme d'habitude, j'ai pris un air supérieur et je l'ai toisé.

-Alors, heureux le neuneu? a dit Jake d'un ton moqueur.

Il a ensuite pris la direction de la sortie en m'envoyant un soupir de dédain.

Ces paroles ont mis une bonne trentaine de secondes avant d'atteindre mon cerveau en reboot. Mais je n'ai pas attendu une seconde de plus avant de fixer le classement. De bas en haut (j'ai toujours été bon pour me torturer).

Finalement, mes yeux sont arrivés tout en haut de la liste. J'ai laissé échapper un demi-sourire et sans plus, j'ai pris la direction de la sortie.

J'ai attendu d'être chez moi avant de péter un boulon : sangloter de joie et danser avec le balai.


Point de vue de Jake :

Le jour dont j'ai tant rêvé arrive. Je vais enfin être diplômé. Je n'ai pas vraiment à me vanter comme un paon, sachant que j'ai des notes limite-limite. Jusque-là, je m'en suis sorti grâce à ma force et mon physique de Dieu grec. Ouais, la théorie, c'est pour les neuneus. Heureusement, une très bonne condition physique est importante pour ce que je veux faire.

Comment ça ce que je veux faire ? Entrer dans l'armée bien sûr !

Je suis en dernière année dans l'école des hautes études militaires. Logique, si je vais avoir mon diplôme, vous me direz. Mais on ne sait jamais, si dans mon lectorat adoré il y a des gros neuneus comme ce péteux de Piers Nivans. (1)

Quelques jours avant le jour de la remise des diplômes, donc, je me suis levé en me disant que cette journée serait habituelle. En tous cas, tout le début était habituel. J'ai raté mes pantoufles par terre, au pied du lit, j'ai mangé mon petit-déjeuner, je me suis brossé les dents et je suis allé me préparer.

Je suis rentré dans ma deuxième chambre, celle qui me sert de bordel pour ranger mes fringues, quand elles ne traînent pas dans l'appart à des endroits improbables. Sur un meuble situé dans un coin miraculeusement propre, où la peinture murale est restée impeccablement blanche, il y a une photo encadrée de ma mère. La seule personne qui m'importait vraiment dans ce monde de merde. La maladie me l'a enlevée, il y a cinq ans. La saluer fait aussi partie de mon rituel matinal.

Je ne suis probablement pas le mec le plus religieux qui soit, mais j'ai le sentiment qu'elle est là, à veiller sur moi. Du moins, je veux y croire. Et comme je le disais, le jour de mon ascension approche, alors…

-C'est pour toi, maman, dis-je à la photo. Ça a toujours été pour toi. À ce soir.

J'ai attrapé mon sac dans l'entrée et je suis parti en cours pour une dernière journée de pur délire. Parce que oui, j'ai l'habitude de bien m'y amuser. C'est peut-être pour ça que j'ai eu mon diplôme juste-juste.

Je suis con, mais j'en profite. Est-ce que ça me rend intelligent ?


Point de vue de Piers :

Aujourd'hui, la dernière conférence est dispensée. Elle n'est ouverte qu'aux futurs diplômés de cette année académique. Il s'agit, en gros, d'une synthèse de tout ce qui a été abordé durant ces années d'étude et surtout, de discuter de la suite.

De nos opportunités, de notre morceau du gâteau…

Malgré toute l'attention que j'essaye de porter au résumé du docteur Rebecca Chambers sur le traitement des blessures par la phytothérapie, je suis parfois distrait par Muller, cet éternel immature. Il s'amuse encore avec sa sarbacane. Mais le pire, ce sont ses blagues stupides qu'on entend à l'autre bout de l'amphithéâtre. J'avoue, certaines d'entre elles m'ont déjà fait pouffer. Mais ça reste stupide.

Ce crétin ferait mieux d'écouter le génie qu'est le capitaine Chambers. Vu le gouffre de compétence qu'il y a entre eux, il en apprendrait plus d'une… Cette grosse tête de l'armée a été diplômée à seulement dix-huit ans. Dès lors, son expertise en chimie et médecine lui a valu sa position dans la légendaire équipe des STARS, (2) directement après son diplôme. C'était inouï et sans précédent. Actuellement, en plus d'être conférencière dans notre établissement, elle opère dans le BSAA. (3)

Personne n'ignore qu'il s'agit d'une des organisations les plus prestigieuses et influentes du monde entier. Mon rêve le plus audacieux serait d'en faire partie. Ça serait, sans doute, l'accomplissement de toute une vie. Normalement, il faut des années de service militaire pour espérer candidater. Mais chaque année, le BSAA organise des épreuves à l'issue desquelles un diplômé des hautes études militaires est recruté.

C'est ma chance.

Une conférence tenue par Jill Valentine, ex-membre des STARS et capitaine du BSAA, est prévue juste après l'intervention du docteur Chambers. Elle va nous parler de la défense contre le bioterrorisme et des rôles que nous allons jouer dans cette lutte. Elle finira par une présentation du BSAA et mettra à disposition les dossiers d'inscription aux épreuves d'admission. Autant dire que je suis sur le coup.


Point de vue de Jake :

Après l'assaut du papier mâché en direct de l'amphi, l'autre représentante du BSAA est entrée. Une brune à l'allure badass qui vient nous expliquer à quel point les armes biologiques, c'est pas bien.

Cause toujours, brunette, moi je veux juste me défouler sur des trucs sans me faire hurler dessus.

La sarbacane cachée sous la table, je décide de jouer le fayot. Elle n'a pas l'air de plaisanter, la miss Valentine et je sais quand m'arrêter. Par contre, je ne suis pas foutu de répondre aux questions qu'elle pose. Mais qui y répond religieusement ? Piers Vraifayot Nivans. Evidemment.

-Mais ferme la, bon sang, je souffle.

Au bout d'une longue demi-heure, le supplice d'entendre la voix d'ahuri de Saint Nivans prend fin. Mais surtout, la dame s'arrête aussi de blablater pour distribuer les dossiers d'inscription à tous les imbéciles heureux qui lèvent la main. Le truc que je n'ai pas vu venir, c'est qu'en me donnant mon dossier, elle s'est penchée furtivement vers moi pour me chuchoter :

-Sympa votre arme, jeune homme.

Puis elle a gloussé et elle est partie. Je suis censé comprendre quoi là ? Je ne savais pas que les lentilles de contact à rayon X étaient sorties parce que, foi de Muller, il n'y a aucun moyen qu'elle ait repéré mon joujou aussi bien dissimulé. Et puis merde. De toute façon, ce n'est pas un délit de posséder une sarbacane si elle m'a pas vu m'en servir. Du coup, elle peut aller se faire cuire un œuf et se le foutre sur la face, la vieille.

Néanmoins je ne peux pas m'empêcher de gratter ma cicatrice. C'est un réflexe. La honte me colle aux baskets. Alors je me cache derrière mon dossier tout en le lisant en diagonale, mais ça me gonfle déjà. Résultat, je pousse un soupir puis je regarde un peu autour de moi. Je dévisage les pauvres types de ma promo qui n'ont pas du tout le physique de l'emploi et qui, pourtant, sont à fond dans leur truc.

Je suis prêt à parier que la moitié d'entre eux flippe encore à l'idée d'appuyer sur la détente. Non mais il ne faut pas rêver, les neuneus, il y a la police municipale pour vous. Et puis quoi encore ?

Après l'histoire des formulaires réglée, on peut rentrer chez nous. Enfin. Plus jamais de cours. J'ai largement le temps de ne rien glander maintenant.

Je me rends compte que je vois clairement mon avenir pour la première fois depuis un bail. Sûrement depuis toujours.

Ma vie, jusqu'à maintenant, n'a pas été très guillerette, disons. Je n'ai jamais connu mon père. Quant à ma mère, elle était très souvent à l'hôpital entre mes quatre ans et mes douze ans. J'allais à l'école, alors de toute façon, je ne la voyais que le soir et rarement le matin. J'avais de mauvaises notes parce que je n'avais jamais le temps de faire mes devoirs. J'étais trop occupé à me ronger les ongles d'une main et à tenir la main de ma mère de l'autre, à l'hosto, pendant qu'elle essayait de me rassurer. Sans trop de succès.

Résultat des courses, elle est morte quand j'avais treize ans. J'ai été placé à l'orphelinat assez vite et j'ai été voir un psy. Je ne lui disais que dalle au début, mais je me sentais de mieux en mieux en le voyant se décomposer devant mon omerta. J'ai repris peu à peu confiance, mais, sachant que j'avais pris beaucoup de retard dans mon cursus scolaire, j'ai été orienté vers l'école militaire. Depuis, je me défoule pour enterrer mon enfance et ça marche pour moi.

Au final, j'étais tellement dans mes pensées que j'ai fini par piquer du nez. Cette nuit va être paradisiaque sachant que j'ai déjà du mal à pioncer.

Les prochaines semaines risquent d'être musclées avec les épreuves du BSAA au programme. Mais je vais suer autant qu'il le faudra. Après tout, c'est comme ça que j'ai toujours fait.


Point de vue de Piers :

Au final, j'ai été captivé par le capitaine Valentine. Elle possède une présence et un charisme comme on en voit peu. Je dirais même qu'elle n'inspire que le respect, voire la prosternation… Même le retardé de la classe a été muet durant son intervention. Ce qui, en soit, peut prouver que Dieu existe.

Assis à mon bureau, on peut dire que je suis gonflé à bloc. Je suis une personne naturellement volontaire, mais je suis convaincu que je n'ai jamais été autant motivé que je le suis maintenant. J'ai déjà rempli mon dossier d'inscription et il ne me reste plus qu'à le poster. J'ai aussi organisé mon planning pour les prochaines semaines. J'ai dû programmer des séances de tir, surtout.

J'ai hérité ce sens de la discipline de mon père, le capitaine Nivans. Mis à pied suite à une blessure par balle au foie. Bien qu'il n'opère plus aujourd'hui, l'influence qu'il a sur ma carrière est indéniable. En revanche, cette organisation plutôt obsessionnelle me vient de ma mère. Médecin militaire, elle a toujours impressionné ses pairs par son intellect. Après la sévère blessure de mon père, elle a décidé de pratiquer en tant que civil, dans un hôpital de renommé.

La vérité est que je rame chaque jour pour ne pas croupir dans l'ombre de mes parents. Mais il s'agit de la mission la plus difficile qui soit. Voilà pourquoi je n'ai pas d'autre choix que de me donner corps et âme dans le travail. Je ne peux pas laisser passer ma chance et après tout, c'est comme ça que j'ai toujours fait.


(1) Enfin, je n'ai rien contre les neuneus, hein. Seulement celui-là. Je vous aime, vous qui me lisez.

(2) Special Tactics And Rescue Service (tactiques spéciales et unité de secours)

(3) Alliance et sécurité contre le bioterrorisme (Bioterrorism Security Assessment Alliance pour les puritains)

Vous avez aimé ? Ou pas du tout ? Dites le nous ! xx