Auteure: Tch0upi
Disclamer: Les personnages appartiennent à Masashi Kishimoto.
Pairing: NaruSasu
Rating: T (pour possibles futurs lemons)
Chapitre 1 : Le roi du lycée
Sasuke Uchiwa était un monstre. Il n'était pas humain. Il était le prince incarné du royaume du mal et prenait son plaisir à tourmenter et torturer le commun des mortels. Avec ses chiens de poche, ses chevaliers de l'enfer, il passait ses journées à embêter les plus faibles et à en rire. En particulier, ceux qui ne faisaient pas partie des « gens cool ». En d'autres mots, ceux qui ne faisaient pas partie de son cercle social très exclusif. Mais ses victimes préférées étaient les petits intellos aux lunettes, trop fragiles pour se défendre.
Je grimaçai de colère tandis que le démon éclatait d'un rire méchant au bout du corridor, entouré de ses sbires. C'était d'ailleurs toute une vision. Sasuke, le roi de la gymnastique, un garçon finement musclé et svelte, d'apparence presque frêle sous ses vêtements (à ne pas s'y méprendre, je le voyais tous les jours dans les vestiaires avant et après les cours de gym, et il était tout sauf frêle), au milieu de sa bande de porcs : les joueurs de l'équipe de basket, les brutes certifiées de l'école, tous plus grands et plus gros que lui.
Ils se tenaient debout devant Hinata Hyûga, une jeune élève de première année. Quelqu'un l'avait visiblement fait tomber, puisqu'elle était étalée au sol, ses livres éparpillés tout autour d'elle. Elle était rouge tomate et avait la tête baissée devant ses bourreaux. La colère me fit serrer les poings. Sans plus attendre, je me dirigeai d'un pas assuré vers le fond du couloir et me plaçai entre elle et ses crétins d'agresseurs.
Je n'avais pas peur d'eux. Pourquoi ? Eh bien, d'abord, parce que je faisais plusieurs centimètres de plus que Sieur Uchiwa, et parce que j'étais bien plus large. Le mystère, c'était que Sasuke ne semblait pas non plus avoir peur de moi. Après tout, il avait ses gardes du corps personnel. Mais je savais que Sasuke était assez casse-gueule pour se jeter sur moi de son plein gré, même si théoriquement il n'avait aucune chance. Lui et moi avions une historique de bagarres, après tout. On se détestait depuis la maternelle. Eh oui, mesdames et messieurs, voilà maintenant près de dix ans qu'on ne s'encadre pas, qu'on n'a qu'une seule envie quand on se voit, et c'est de se refaire le portrait.
Lorsqu'il me vit me planter face à lui, Sasuke parut d'abord surpris, mais un sourire espiègle étira ensuite ses lèvres.
-À quoi tu joues ?
-À rien du tout, c'est elle qui ne sait pas regarder où elle met les pieds.
-Laisse Hinata tranquille, grondai-je.
Il leva les yeux vers moi et me lança un regard de défi.
-Sinon quoi ?
-Sinon, je vais perdre patience.
-Ooooh ! Toi et ta petite-amie ne me faites pas peur. Vous pouvez retourner dans votre petit labo de ringards, qu'est-ce que j'en ai à foutre !
Je croisai les bras sur mon torse et restai là, formant comme un mur devant Hinata, qui je le savais, était toujours par terre, terrorisée. Sasuke fronça les sourcils et finit par lâcher un rire.
-Quoi, elle est vraiment ta copine ?
-Et si elle l'était ?
-Bon ça va, ça va ! s'exclama-t-il avec de la moquerie pure dans la voix. On vous laisse, les amoureux. Pff, quel couple pathétique.
Il se tourna vers ses amis et d'un commun accord, finit par s'éloigner avec eux dans le couloir. Lorsqu'ils furent suffisamment loin, je me retournai et, sous le regard de quelques passants, m'accroupit pour aider Hinata à récupérer ses affaires. La pauvre était encore immobile, les genoux ramenés contre elle, et elle tremblait.
-Ils ne t'ont rien fait ?
Elle leva prudemment les yeux. Bien que nous fûmes des partenaires du club de science depuis le début de l'année scolaire, elle était toujours aussi timide devant moi. Elle marmonna tout bas.
-N-Non. Juste… juste un croche-pied.
-Quelle bande de salauds.
Je pris ses livres et me redressai en l'aidant, d'une main autour de son coude. Quelle bande de crétins, en effet. Qui pouvait bien trouver amusant de s'en prendre à une fille comme Hinata ? Elle mettait tellement d'efforts pour qu'on l'oublie, pour qu'on la laisse en paix, pour se fondre dans le décor. Parfois, c'étaient ceux-là qui étaient les plus visibles dans le radar de mecs comme Sasuke. Je retirai ma main lorsqu'elle fut stable sur ses pieds. Je lui rendis ses cahiers qu'elle serra contre elle.
Ses longs cheveux noirs tombaient directement devant son visage et elle replaça ses lunettes.
-M-Merci, Naruto.
-C'est rien. Il faut bien que quelqu'un se lève contre cet imbécile de brute dans cette école.
Elle acquiesça doucement, mais garda ses yeux rivés au sol. Quand je la regardais, sa façon de se tenir, de se recroqueviller contre elle-même, me rappelait douloureusement mes propres expériences de souffre-douleur. C'était quand j'étais plus jeune, à l'école primaire. Quand j'étais petite et mince et une parfaite victime. Quand la puberté ne m'avait pas encore frappé. D'ailleurs, j'aurais cru que cette transformation physique radicale aurait améliorer ma réputation, mais j'étais toujours aussi peu aimé. J'étais toujours un ringard. Un ringard que personne n'osait toucher, mais tout de même…
Après quelques secondes d'un silence assez gênant, Hinata ouvrit soudainement la bouche.
-P-Pourquoi as-tu dit que je… que j'étais ta copine ?
Sa question me prit au dépourvu. Ouais, j'avais dit ça, non ? Je me sentis tout à coup gêné à mon tour.
-Oh et bien, pour que Sasuke te foute la paix, tu sais. S'il pense que tu sors avec moi, il te laissera tranquille. Il fait son dur, mais il ne ferait rien contre moi.
Elle croisa mon regard quelques secondes et hocha la tête rapidement par la suite.
-O-Oh, je vois…
Je n'eus le temps de rien dire de plus. Elle me lança un bref salut et accourut dans la direction opposée, et bientôt elle se fondit parmi les étudiants et je ne la vis plus.
On ne parlait que d'une chose aujourd'hui, au lycée. Ce soir, après les cours, auraient lieu les auditions du club de gymnastique. Une audition qui permettra le classement pour l'Université l'an prochain. Je pouvais sentir la fébrilité dans l'air. Les gymnastes étaient tous très nerveux. Après tout, ce serait la performance de leur vie. Les trois premières positions se mériteraient une bourse. La première année de FAC entièrement payée.
Mais c'était surtout de Sasuke qu'on parlait. Sasuke, le roi du lycée. Le gymnaste prodige. Le meilleur, toutes catégories confondues. Je l'avais déjà vu performer et c'était vrai qu'il avait du talent. Il était souple, endurant, doué pour les figures, et il n'avait surtout pas peur. Il préférait les figures en hauteur et le trapèze. Personne n'avait jamais osé s'attaquer au trapèze. C'était beaucoup trop dangereux. Un simple faux pas et il pouvait se casser quelque chose — la nuque y comprise.
Et malgré le fait qu'il était à temps partiel la brute attitrée du lycée, il était aussi le garçon le plus populaire. Tout le monde l'adorait, tout le monde l'admirait, l'adulait, toutes les filles étaient complètement folles de lui.
C'était d'ailleurs ce que j'étais en train d'essayer de comprendre, ce midi-là, à la cafétéria. Sasuke n'avait pas une once de gentillesse en lui. Et c'était moi qui étais rejeté. Moi que les autres élèves ignoraient dans le couloir, moi à qui la réputation était perdue à tout jamais, moi qui n'avais pas d'amis ou très peu.
J'étais dans mes pensées lorsque Sakura Haruno bondit devant moi.
-Naruto ! s'écria-t-elle.
Je levai le nez vers elle, croquant dans mon sandwich.
Sakura Haruno. L'une des filles les plus aimées de toute l'école. Malgré nos différences flagrantes, et nos réputations respectives, Sakura persistait à vouloir rester mon amie. Elle m'avait toujours encouragé à connaître ses amis (les crétins de l'équipe de basket et les filles les plus superficielles qu'il m'eut été donné de connaître), disant que je m'entendrais bien avec eux. Elle disait que les mecs parlaient souvent de leur envie de me faire entrer dans l'équipe, et que certaines filles disaient que j'étais beau gosse, sous mes vêtements ringards et mes lunettes. Mais je n'avais aucun intérêt à avoir des amis comme eux. Je me demandais même parfois ce que Sakura fabriquait avec eux.
-C'est ce soir que ça se passe !
-De quoi tu parles ?
Sakura parut outrée.
-Mais tu vis sur une autre planète ou quoi ?
À l'autre bout de la cafète, Sasuke et sa bande parlaient haut et fort. Je soupirai, déposant mon sandwich.
-Tu veux parler des auditions de ce soir ? dis-je d'une voix blasée.
Remontée, Sakura tira une chaise et s'assit face à moi. Elle regarda à droite et à gauche (je me demandais d'ailleurs pourquoi, elle devait bien savoir que personne ne s'assoyait à côté de moi pour manger), puis se pencha vers moi.
-C'est ce soir que je demande à Sasuke de sortir avec moi !
Et cette révélation me fit presque recracher ce que j'avais encore dans la bouche.
-Tu ne peux pas être sérieuse.
-Et pourquoi ça ? s'offusqua-t-elle.
-Sakura. Qu'est-ce que tu peux bien lui trouver ?
-T'es un mec, tu peux pas comprendre. Il est tellement…
Elle tourna la tête dans la direction où il se trouvait, à quelques tables de là, et se mit presque à baver.
-Il est beau à se damner, fit-elle rêveusement. Il est athlétique, intelligent…
-Et c'est un connard de première catégorie, aussi.
Elle me fit une grimace.
-J'ai le droit d'avoir le béguin pour celui que je veux !
-Tu mérites bien mieux, Sakura. Tu ne l'as pas vu, ce matin, avec Hin…
-Moi qui croyais que tu m'encouragerais. Tu sais pourtant que je suis amoureuse de lui. Il n'y a qu'à toi que je l'ai dit !
Ça y est. Elle me faisait la moue. Reprenant mon sandwich, je poussai un soupir d'exaspération.
-Eh bien bonne chance, Saku. Mais ne viens pas pleurer sur mon épaule quand il t'aura jeter comme une chaussette. Ce gars-là n'aime qu'une chose et c'est sa propre personne.
Sakura parut presque blessée par mes mots. Elle plaqua ses paumes sur la table et me lança un regard dur.
-T'es seulement jaloux parce que lui, il a des amis et il passe du temps avec eux ! Je sais que tu as souffert par le passé, que les autres t'ont toujours pris comme souffre-douleur, que tu as été rejeté longtemps, mais c'est du passé maintenant. Si tu préfères rester terré dans ton coin, tout seul, c'est ton problème Naruto ! Moi je veux vivre ma vie, je veux avoir un petit ami et je ne reculerai pas !
Je regardai Sakura sortir de la cafétéria, la colère la faisant presque courir, puis tournai la tête vers la gauche, vers Sasuke et sa petite bande, au moment même où il se penchait pour embrasser une petite rouquine sur la bouche.
La petite rouquine s'appelait Karin. Elle avait passé toute la période de maths de l'après-midi à fixer Sasuke comme s'il s'agissait de l'une des sept merveilles du monde. Sakura n'était pas dans ce groupe, et j'en fus soulagé. Elle aurait remarqué. Et elle aurait surtout vu cette fille courir dans les bras de Sasuke, dès que la sonnerie annonçant la fin des cours avait retentit, pour l'embrasser et lui prendre la main.
J'étais assis à l'arrière, comme toujours, et ne pus m'empêcher de les regarder. Karin était une rouquine plutôt mignonne, avec des cheveux longs et des lunettes, et elle faisait partie du groupe d'amis de Sasuke depuis aussi longtemps que je pouvais me le rappeler. Elle s'habillait toujours de façon très sexy et avait la réputation d'être une chasseuse de garçons. J'avais même entendu dire qu'elle avait déjà eu six petits copains différents. À dix-sept ans, c'était franchement remarquable, quand même.
Je me levai en espérant que Sasuke et sa bande débarrasse le plancher assez vite. Je rangeai mes affaires en ne me préoccupant pas de leurs voix fortes et de leur façon de s'approprier les lieux comme si ceux-ci leur appartenaient. Lorsque je fus prêt à sortir de la classe, mes choses rangées et mon sac balancé sur une épaule, je me dirigeai d'un pas fatigué vers le couloir. Mais en sortant, Sasuke — que je croyais parti avec ses amis — apparut soudainement et me bloqua le passage.
-Hey, le perdant, s'exclama-t-il simplement.
Il avait un rictus joueur sur les lèvres. Je soupirai.
-Qu'est-ce que tu veux, Uchiwa ?
-Prêt à me voir gagner tous les honneurs ?
Un petit rire me secoua le torse.
-Parce que tu crois que je vais y aller ?
-Toute l'école sera là.
-Et bien, moi j'ai autre chose à faire.
-Comme quoi ? se moqua-t-il. Étudier ?
-Et pourquoi pas ? Je n'ai pas de talents de gymnaste qui m'ouvriront les portes des Universités gratuitement, moi. Faut que je bosse pour avoir de bonnes chances d'être accepté où je veux.
Sasuke poussa un petit rire.
-Ouais, peu importe. Enfin, tu sais pas ce que tu vas manquer. Je vais en mettre plein la vue, comme d'habitude.
-Et bien bonne chance à toi ! crachai-je sarcastiquement.
D'une main, je le poussai sur le côté et continuai mon chemin. Mais derrière moi, Sasuke m'appela :
-Ton amie sera là. Tu sais, la fille aux cheveux roses ? Je n'ai pas encore décidé si elle en vaudrait la peine. Elle est assez mignonne, quand même…
Je me figeai sur place. Je revis le visage de Sakura et son désir farouche de vouloir plaire à Sasuke. Je revis celui-ci embrasser Karin sans gêne au milieu de la cafétéria. Et je revis la pauvre Hinata, par terre, tremblante et terrifiée. La colère terrassa toute autre sentiment en moi, et je me retournai brusquement. Je fis deux pas vers lui et lui empoignai le col.
-T'es vraiment qu'un sale type ! sifflai-je entre mes dents serrées. Ça t'amuse de jouer avec les sentiments des gens ?
-Et toi, tu te crois au-dessus de tous parce que tu prends leur défense ? Tu veux qu'on te traite en héros, peut-être ?
Je le lâchai sans douceur et le fusillai du regard.
-Je souhaite vraiment que tu te plantes à ton audition et que tu te casses la gueule, que tu passes le reste de l'année scolaire à l'hôpital. Ça me fera un bien fou de ne plus te voir par ici !
Il me rendit mon regard noir. Tout sourire moqueur avait disparu de son visage. Il pouvait faire peur à qui il voulait, avec ses traits durs et froids. Mais moi j'en avais ma claque de ses manières de terroriser les autres. J'ignorais ce qui m'empêchait de le jeter dans le mur et de lui rendre la monnaie de sa pièce. De lui faire tout ce qu'il avait déjà fait aux autres.
-T'es jaloux, Uzumaki, voilà tout.
Et sur ce, il disparut au bout du couloir.
Malgré ses nombreux défauts, Sasuke avait un don spécial. Il attirait le regard. Sakura avait raison là-dessus, il était beau. Magnifique, même. Quand on oubliait son horrible personnalité, il était gracieux et magique à regarder. J'avais toute ma vie essayer de le nier, et surtout depuis que j'avais découvert ma bisexualité, vers l'âge de quatorze ans, mais j'étais indéniablement attiré par ce crétin. Son corps était tout ce que je pouvais désirer dans mes rêves les plus osés.
Mais mes sentiments pour lui ne changeaient pas. Je le haïssais avec toute ma hargne. Avec tout mon coeur et tout ce que j'étais. J'étais impatient que l'année se termine et que nos chemins se séparent définitivement.
Alors, vous vous demanderez sans doute ce que je faisais là. Après avoir passé quelques heures à étudier à la bibliothèque, je m'étais levé, j'avais quitté l'endroit quasi-désert, et je m'étais dirigé dans les couloirs tout aussi déserts de l'école vers le gymnase, là où la population entière du lycée assistait aux auditions du club de gymnastique.
Je m'étais retrouvé à la porte. M'étais faufilé dans les gradins. J'étais arrivé juste à temps pour voir Sasuke. Il était assis sur la barre horizontale, suspendue à deux cordes elles-mêmes accrochés à des ancrages au plafond, à presque dix mètres de hauteur, et était sur le point de commencer ses figures et sa chorégraphie. La performance de sa vie. Je ne savais pas pourquoi, mais mon coeur battait la chamade. La foule des élèves criaient, l'encourageaient déjà avant même qu'il ait commencé.
J'assistai à tout le spectacle, retenant mon souffle sans même m'en rendre compte. J'observai ses mouvements souples, l'espèce de danse qu'il effectuait dans les hauteurs du gymnase, tel un oiseau sur sa branche, son corps léger sur la barre si mince, se soulevant comme s'il ne pesait rien de plus qu'une vulgaire petite plume.
Et ce fut ce jour-là que l'impensable se produisit.
Ce fut ce jour-là que Sasuke Uchiwa changea.
Ce fut ce jour-là qu'il se transforma en être humain…
…lorsque son corps se brisa après une chute de dix mètres.
à suivre…
Voici le premier chapitre d'une nouvelle fic. J'ai eu l'idée soudainement, et j'ai commencé à écrire, et... voilà. Une school fic, ça faisait longtemps.
Avez-vous apprécié ? :)
