Disclaimer : Les personnages et le monde magique sont issus de l'oeuvre de J.K. Rowlings, je ne tire aucun profit avec cet écrit. Toute ressemblance avec une autre oeuvre de fiction est fortuite.

Rating : K+

Pairing : James Potter/Lily Evans

Taille : 9 chapitres, a priori (~50K)

Résumé : Lorsqu'on associe une fortune colossale à une démesure congénitale, le résultat ne peut être que catastrophique. Lily avait toujours su que suivre les délires mégalomanes de James Potter ne pouvait lui apporter que des problèmes et celui-ci était de taille... Par Merlin, pourquoi avait-elle une alliance au doigt exactement ?

N/A : Bonjour bonjour ! Suite à la fin de Picturing Sirius, il est venu le temps de publier une nouvelle fic - le choix a été cornélien entre les trois-quatre en pleine préparation mais voilà, au final, j'ai choisi Way Too Young. Pas besoin que je vous explique de quoi il en retourne, le résumé le fait très bien pour moi. J'en reviens à mes premières amours, un J/L pur et dur, un peu de délire, un peu de drama et des étudiants en uniformes. N'oubliez pas qu'une review, un commentaire ou un mot d'encouragement est toujours le bienvenu.

Bonne lecture !


Chapitre 1

Way Too Young To Go To Vegas

Depuis qu'il était né, James Potter avait toujours vécu démesurément.

Lors de sa naissance, pour la photo souvenir, ses parents avaient convoqué tout un studio de photographie professionnelle. Un magazine sur la naissance du nouvel héritier avait même été publié.

Lorsque James avait demandé à sa mère s'il pouvait s'entraîner à voler sur un balai dans le jardin, ses parents lui avaient fait construire un petit stade au fond de celui-ci et avaient engagé un professionnel pour lui apprendre les rudiments de ce sport.

En rentrant à Poudlard, James n'avait pas une malle mais deux au pied de son lit, remplies des livres les plus incroyables, des tenues les plus onéreuses, de plusieurs baguettes – sait-on jamais – ainsi que d'assez d'uniformes pour vêtir l'ensemble de sa promotion…

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Et bien, parce que ce comportement de ses parents explique sans doute pourquoi il a toujours été un horrible petit prétentieux pensant que le monde lui appartenait … Après tout, il faisait son rôt dans des serviettes en soie.

Qu'y avait-il d'étonnant dès lors que cette démesure congénitale des Potter, associée au caractère de maraudeur toujours prêt à faire la plus idiote des bêtises de James, nous mène tout droit à ce bourbier gluant dans lequel nous nous étions enlisés cet été ?

Et bien je vais vous dire ce qui aurait dû empêcher cette horrible et atroce erreur de se produire : moi.

Moi, Lily Evans, qui jusqu'à cet été avait été la plus sage, la plus studieuse, la plus sérieuse des adolescentes. Moi, qui mettais un terme aux petites fêtes qui voulaient se prolonger après minuit. Moi, qui mettais un point d'honneur à toujours être maître de mes actions, à refuser un deuxième verre après le premier, à détourner la tête pour n'aspirer aucune fumée, à tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler et à tergiverser des heures avant d'agir. Moi, j'aurais pu empêcher tout ça.

J'aurais pu attraper la branche avant que le marécage ne nous avale tous les deux pendant que James ne faisait que se débattre pour nous attirer vers le fond.

Mais s'il était riche, démesuré, sans limite, arrogant, sûr de lui et Maraudeur, il y avait une chose que James était et dont il ne se doutait pas, dont personne ne se doutait : il était la seule personne de ce monde capable de m'empêcher d'être moi – sérieuse, lucide, sensée.

J'ignore pourquoi d'ailleurs, il n'est pas le seul gosse de riche de Poudlard pensant que tout lui est dû, il n'est pas non plus le seul Maraudeur du château (et à bien y penser, il n'est pas le pire des quatre) et il n'est certainement pas le seul sorcier méritant de ne plus pouvoir décoller sur un balai tant ses chevilles sont enflées.

Et pourtant, j'ai toujours eu tendance à m'en prendre à lui – même quand je savais pertinemment que son cadeau très cher partait d'une bonne intention, même quand je savais qu'une idée aussi stupide ne pouvait sortir que de la tête de Black, même quand je savais que les Serpentards l'avaient cherché et mérité.

Au moment où je le voyais assis dans la salle commune, riant à gorge déployée de ses exploits de la journée, mon sang ne faisait qu'un tour dans mes veines et tout sortait en cris et menaces, sans réfléchir, sans penser.

Moi qui réfléchis toujours avant d'agir – il me rend plus spontanée que la pire des folles.

Moi qui pèse toujours mes mots avant de parler – il me rend plus loquace que la pire des pipelettes.

Moi qui n'ai jamais accepté un deuxième verre après le premier – il m'a fait rouler sous la table… et jusque devant Elvis. Et nous nous sommes enfoncés dans ce marécage à deux, main dans la main, et nous avons dit oui, et sauté à pieds joints et avec consentement, dans ce bourbier gluant dont nous ne pouvons plus nous défaire et qui nous collera à la peau jusqu'à la fin des temps.

Et non, je ne dramatise pas. Car jamais je ne pourrai oublier cette soirée fatidique où j'ai scellé mon destin à monsieur "je suis né avec une cuillère en or dans la bouche et cela me donne tous les droits, même celui de m'approprier Lily Evans, la seule fille qui n'a jamais voulu de moi".

Peut-être qu'il est temps de vous nommer la nature du marécage dans lequel nous sommes tombés : Las Vegas.

Peut-être est-il temps également de mettre un mot sur cette horrible et gluante situation dont on ne pourra jamais se sortir : Mariage.

Voilà, je crois que tout le monde a compris l'idée principale du problème. Même si mes souvenirs sont vagues, je crois pouvoir nommer le responsable de tout cela : Alcool.

Mais revenons en arrière, au moment où tout a commencé. C'était un 3 août et le soleil brillait bien haut dans le ciel pour saluer ma naïveté …

• • • • • • • •

« Lily ! »

La voix qui envahit mes oreilles au moment même où je posai pied à terre fit remonter un léger frisson le long de ma colonne vertébrale. Je n'avais pas besoin de regarder dans sa direction pour savoir qu'il s'agissait de celle de James, même si son timbre était devenu plus grave qu'en juin, avec une rapidité incroyable. Il était le seul, et l'avait toujours été, à prononcer mon prénom de cette façon… D'ailleurs, même si je ne l'avais jamais dit à personne, c'était la raison pour laquelle je tenais tant à ce qu'il m'appelle 'Evans'. Qui pourrait passer sept ans à trembler chaque fois que son ennemi prononce son prénom ?

« Potter, ne crie pas. »

Remettre mes cheveux en place, poser mon sac sur mon épaule, sentir mes jambes plier sous le poids – voilà des éléments concrets auxquels je suis habituée. Et j'aimais les habitudes, ce que James, lui, semblait abhorrer. Ainsi que les coutumes. Et la normalité. C'était sans doute pour ça que, pour fêter son anniversaire, il n'avait pas organisé de grand bal, de fête géniale, de surprise party grandiose. Non, lui, il s'était contenté de trouver une cheminée aux Etats-Unis, louer tout l'étage d'un hôtel et d'inviter ses amis proches à passer le week-end à Las Vegas.

Quand j'ai reçu l'enveloppe, je n'y ai pas cru. Je veux dire, j'ai toujours eu envie de faire des voyages et je m'étais renseignée sur les prix des transports, croyant bêtement qu'un portoloin jusque New-York coûterait moins cher qu'un vol intercontinental… Et bien il n'en était rien ! Et Potter, lui, offrait gracieusement le voyage à plus de dix personnes. Vraiment, j'aurais pu dire non à une petite sauterie dans sa demeure – mais comment résister à un voyage tout frais payés Outre-Atlantique ? Je pouvais bien lui faire le plaisir de ma présence s'il me permettait de réaliser ce vieux rêve, non ?

J'attrapai ma valise et je me rendis vers le petit groupe de personnes qui attendait devant l'accueil de l'hôtel choisi par les Potter. Je ne savais pas combien d'étoiles il avait, mais une chose était sûre : ce n'était pas n'importe quoi. Il y avait de grands lustres au plafond et des sorciers habillés de longues capes rouges sans manche transportant des valises de coin en coin du bout de leur baguette. Les tons de l'endroit me rappelaient quelque peu la salle commune de Gryffondor – beaucoup de rouge, de doré, de carmin et de pourpre, le tout soutenu par d'immenses vitres inondées du soleil brûlant du Nevada. Je ferais bien de ne pas mettre le nez dehors si je ne voulais pas finir carbonisée en trois minutes chrono. Une rousse, ça ne se refaisait pas …

Plus je m'approchais, suivant docilement Potter qui était venu m'accueillir et était étrangement silencieux, plus je me demandais ce que j'étais venue faire ici. Je reconnaissais peu à peu les gens qui nous accompagnaient et le constat n'était pas long : ils étaient bien loin de mes fréquentations habituelles. Voyons voir …

Tout d'abord un couple de personnes, peut-être pas 'âgées' mais grisonnantes tout de même, habillées de vêtements amples et semblant très chers. Si je ne savais pas que ses parents avaient déjà un certain âge, je les aurais sûrement pris pour ses grands-parents mais leur regard couvant James me donnait tort, il s'agissait bien de monsieur et madame Potter, parents de Potter, James.

Ensuite, sans surprise, les Maraudeurs au grand complet. Je suppose qu'ils n'auraient raté ça pour rien au monde. Sirius Black, accoudé au comptoir, ses lunettes de soleil grand luxe sur le nez, draguant la réceptionniste, me sembla sur le coup encore plus insupportable qu'à l'école. Le parfait stéréotype du tombeur venu en vacances se parfaire en 'langue étrangère'. Remus Lupin, quant à lui, me donna une impression différente de celle à laquelle j'étais habituée : il semblait plus sûr de lui, plus à l'aise dans cet environnement. Sa peau était déjà toute bronzée, il se tenait droit et fier, sûr de lui et portait sur le dos une des robes de James. Ou en tout cas, la même que celle de James à la rentrée l'année dernière. Et pour finir, Peter Pettigrow, assis sur sa valise et somnolent, qui me donna l'impression qu'il venait de traverser le désert en courant tant il suait et était rouge.

Un peu plus loin, je repérai Lucinda McFloy – Miss Potin Poudlard – qui vérifiait dans son miroir de poche que son maquillage n'avait pas coulé avec la chaleur. Et juste à côté, sans surprise, Aliyah McFloy, sa jumelle passant plus de temps à tenter de marcher dans l'ombre de sa sœur qu'à construire sa propre vie. Pour l'occasion, les jumelles avaient fait fort : le même ensemble, dans la même couleur, la même coiffure, le même maquillage. Rien ne les différenciait si ce n'était l'attitude un peu garce et sûre d'elle de Lucinda et celle en retrait et silencieuse d'Aliyah.

Assis sur les fauteuils à côté de la réception, très à l'aise et se comportant comme chez eux, il y avait Peter Kozak et Brian Forman – deux garçons un an plus âgés que nous qui faisaient partie de l'équipe de Quidditch de Gryffondor jusqu'à l'année précédente – ainsi que Steven Montgomery, Justin Fay, Gwynette Rich et Charity Smith, le reste de l'équipe de Quidditch de James.

Dans un coin, enfin et avec soulagement, je repérai deux autres personnes donnant l'impression d'être aussi à leur aise et à leur place que moi : Faith Martin et Nelly Kiney, les deux autres filles de Gryffondor avec qui je partageais mon dortoir.

« Tout le monde est là ? » demandai-je en avisant que toutes les personnes de notre année et notre maison étaient présentes. La seule qui semblait manquer à l'appel était la petite amie de James.

« Non. » James se tourna vers moi et, semblant se rappeler tout à coup qu'il avait passé six ans à se prétendre un gentleman, me prit ma valise des mains. « Jersey et Simon doivent encore arriver. »

J'acquiesçai, presque étonnée que Potter ait invité les deux Serdaigles. Je savais que les deux garçons s'étaient liés d'amitié avec les Maraudeurs l'année précédente mais j'ignorais qu'ils étaient encore en contact. Pour dire vrai, les Maraudeurs avaient le chic de s'entendre avec tout le monde mais de n'avoir besoin d'aucun autre ami qu'eux même.

« Et qu'est-il arrivé à Jessica ? » demandai-je innocemment en ne me rappelant que trop bien, l'année précédente, avoir trouvé les deux jeunes gens dans une situation très compromettante lors de ma ronde du soir.

« C'est fini avec Jess, » avoua Potter. Je me tournai vers lui, prête à lui lancer quelque remarque perfide, quand je m'aperçus que ses joues étaient toutes rouges et qu'il gardait obstinément les yeux braqués sur ses mains. Je sentis un sourire naître sur mes lèvres. Ah, c'était sans doute la première fois que je parvenais à le mettre mal-à-l'aise … « Et avant que tu ne me critiques, c'est elle qui m'a quitté pour un don juan espagnol de pacotille. »

« Je suis désolée, Potter, » lui assurai-je, à moitié honnête. Même si j'en avais beaucoup ri avec Faith et Nelly sur le moment, l'image de Jessica agenouillée devant un Potter sans pantalon m'avait poursuivie très longtemps. A vrai dire, je n'avais plus été capable de regarder Jess dans les yeux à partir de ce moment là…. Ce qui était totalement stupide. Je n'étais pas idiote au point de penser qu'aucun élève n'avait d'activité sexuelle dans le château, malgré l'interdiction, mais le fait que je ne pratique pas moi-même m'avait tenue à l'écart de cette réalité. Jusqu'à ce soir-là …

Ce soir fatidique où le mot 'sexe' avait quitté son abstraction pour devenir quelque chose de très concret. Je sortais avec Ben à ce moment-là et l'idée de coucher avec lui, à l'école qui plus est, ne m'avait jamais traversé l'esprit. Puis j'avais vu Jessica et Potter dans cette salle et je m'étais sentie tellement stupide, bête, d'avoir vécu telle une none, réservant ce genre d'activité pour plus tard, me considérant trop jeune, n'envisageant même pas cela comme une possibilité. Et à cause de Potter, j'avais été obligée de quitter Ben parce que je ne parvenais plus à l'embrasser ou le toucher sans que cette image ne vienne me troubler.

Tout d'un coup, j'avais eu l'impression que tout ce que disait ou faisait mon petit ami n'était là que pour aboutir à ça, que tout le monde ne parlait plus de ça, que je ne pensais plus qu'à ça. J'avais été sur le point de coucher avec Ben quand l'image du visage de Potter m'était revenu en tête, sa chemise ouverte, son pantalon à ses pieds, ses yeux écarquillés, son front humide, sa bouche qu'il semblait avoir tellement de mal à tenir fermée… Et j'avais paniqué, complètement, largué le pauvre Ben qui n'avait rien compris du tout puis les vacances étaient arrivées.

Et ça avait été encore pire. Partout où je regardais, je voyais des gens qui se déshabillaient du regard, qui se pressaient de rentrer chez eux, qui tenaient des propos à double connotation… Même mes parents faisaient des sous-entendus graveleux que je n'avais jamais remarqués avant. Je parvenais même à déceler le regard lubrique de certains jeunes garçons qui ne devaient même connaître la définition du mot 'lubrique'.

Je me sentais un peu comme ces enfants à qui on avoue que le Père Noël n'existe pas et qui se mettent à voir le monde totalement différemment et à penser que tout le monde ment tout le temps. Moi, j'avais été extrêmement naïve sur le sujet du sexe et je me mettais à voir des obsédés dans tous les coins.

Heureusement, depuis, j'avais travaillé sur moi et intégré la sexualité comme un facteur normal et naturel de la vie. Trouver ce couple en pleine action m'avait causé un choc mais cela m'avait permis d'évoluer également, de grandir et de murir. C'est vrai que j'avais toujours été un peu à la traîne et trop manichéenne dans ma façon de concevoir les rapports humains …

« Lily ? » La voix de Potter me sortit de ma réflexion – nouveau frisson dans le dos – et je me tournai vers lui pour m'apercevoir que je me trouvais face aux Maraudeurs, à côté des jumelles McFloy, et que tous me regardaient en attendant visiblement que je dise quelque chose.

« Euh… Salut tout le monde ! »

Quelques petits sourires et embrassades plus tard, les gens reprenaient leurs conversations alors que je me dirigeais vers Nelly et Faith. Elles n'étaient pas exactement mes meilleures amies – celles-ci étant à Pouffsouffle et à Serdaigle et n'ayant sûrement pas été invitées ici – mais je m'entendais bien avec mes camarades de chambre, suffisamment pour traîner dans leurs pattes tout le week-end. Mieux valait que je ne me leurre pas, ce n'était pas aujourd'hui que j'allais pénétrer la bulle des joueurs de Quidditch ou des Maraudeurs…

Les choses s'étaient toujours faites ainsi, naturellement. D'un côté de la chambre, Gwynette, l'attrapeuse de l'équipe, et les jumelles McFloy, toujours fourrées avec les joueurs, et de l'autre côté, moi, Faith et Nelly, quoique je passais beaucoup de temps avec Joyce, Annette et Jeanne, mes amies non-gryffonforiennes.

Comme d'habitude, les conversations banales commencèrent – qu'as-tu fait de tes vacances, où as-tu été, as-tu rencontré des gens, t'es-tu amusée, … Au bout de quelque chose comme une demi-heure, tout le monde était là, nos valises rassemblées en cercle dans le hall de l'hôtel. Les Maraudeurs, l'équipe de Gryffondor au grand complet, les filles de septième de Gryffondor ainsi que les deux Serdaigles ayant réussi l'exploit de se faire intégrer au clan des lions.

« Les clés, » déclara Potter en montant sur sa valise pour faire la distribution. Il se mit à en jeter, presque au hasard, à tout le monde. « Vous avez chacun votre chambre mais on a réservé tout l'étage pour nous. Et certaines chambres sont doubles si jamais l'envie de vous isoler vous venait … » ajouta-t-il avec un sourire en coin. Je pense que tout le monde avait particulièrement remarqué ses yeux allant de Remus à Aliyah la pauvre jeune fille était devenue toute rouge et fixait ses pieds. Je savais que le Maraudeur et la jumelle invisible s'étaient rapprochés à la fin de l'année précédente mais je ne savais pas s'ils sortaient ensemble ou s'ils étaient juste amis. Je ne m'étais jamais vraiment intéressée à leur cas plus que ça.

« Et celle-là, » continua James en descendant de son promontoire pour venir se planter juste devant moi, « c'est pour toi, Lily.»

Je soupirai, déjà ennuyée du traitement de faveur qu'il me réservait toujours, et attrapai la clé en espérant de tout mon cœur que je n'allais pas me retrouver dans la chambre la plus luxueuse de l'étage sous prétexte de m'impressionner. Même si c'était flatteur d'être courue comme ça, ça devenait lassant au bout d'un temps de ne jamais être traitée comme les autres à qui on avait simplement jeté un trousseau de clé au visage.

« Oh, merci, Potter, » répliquai-je en tentant de sourire, il m'avait payé le voyage jusqu'ici, je m'étais promis de bien me comporter avec lui, c'était son anniversaire après tout. Tout le monde attrapa son sac et on se mit en route vers les ascenseurs, moi légèrement en retrait du groupe, Potter à côté de moi.

« Je suis étonné que tu sois venue, » m'avoua-t-il en me prenant mon sac des mains il devait sûrement avoir déjà déposé le sien tout comme les trois autres Maraudeurs qui n'avaient pas eu tant d'élans romanesque envers les autres filles.

« Pourquoi ? » Je fis semblant de ne pas comprendre le sous-entendu 'Tu n'acceptes jamais aucun de mes cadeaux'.

« Je ne sais pas… » Il leva les yeux, faisant mine de réfléchir. « Peut-être parce que tu m'as renvoyé deux fois ton ticket de cheminée en m'écrivant à quel point j'étais fou d'inviter une quinzaine de personnes de l'autre côté de la Terre juste pour ma majorité et que je me prenais vraiment pour quelqu'un d'important pour croire que les gens auraient envie de se déplacer si loin pour moi. »

Je souris, me rappelant presque avec amusement les missives choquées que je lui avais envoyées après son invitation. « Et comme d'habitude, » poursuivis-je, « tu n'en as fait qu'à ta tête et tu m'as renvoyé mon billet à chaque fois. Je ne pouvais pas l'abandonner sur mon bureau et le laisser passer de date, je veux dire, je sais le prix que ça coûte ce genre de transport ? C'aurait été un vrai gâchis. »

Ca et mon envie de voir le Nouveau Continent… Je ne l'aurais pas avoué sous la torture mais quand James m'avait écrit que ce billet n'était pas remboursable et que si je ne le voulais pas, je n'avais qu'à le jeter, je m'étais mise à sauter partout dans ma chambre en criant 'Je t'aime Potter' et en serrant le bout de papier contre mon cœur. Non seulement je partais en Amérique mais en plus, je n'avais pas eu à ravaler ma fierté pour accepter l'invitation de Potter. Non, c'était lui qui m'avait presque obligée à venir !

« Au fait, joyeux anniversaire, James. »

« Merci Lily - Frisson dans le dos – Il y a une soirée dans un casino pour nous ce soir. » Je m'apprêtais à dire ce que je pensais des casinos mais il embraya immédiatement : « Il n'y aura que nous, un dispositif sorcier ne permettant qu'aux personnes majeures de commander de l'alcool et mes parents se sont arrangés pour qu'on ne puisse pas jouer trop d'argent. »

Je soufflai. Trop d'argent pour les Potter devait sûrement vouloir dire dix fois toutes mes économies, si pas plus. « C'est bien que tu aies invité tous les Gryffondors de notre année, » murmurai-je en regardant pensivement les gens devant moi éclater de rire. « Il y aura une bonne ambiance. »

« Rien de mieux qu'un groupe soudé pour démarrer notre dernière année sur les chapeaux de roue, » confia-t-il en s'arrêtant devant une porte numérotée 342. « C'est ta chambre. » J'ouvris la porte et il rentra ma valise. « Bon, ben… Je vais te laisser. Fais-toi belle puis on y va. »

J'étais plus que surprise par ce comportement. James semblait tellement calme, presque en retrait. Il ne m'avait pas encore fait de compliment gênant et il n'avait rien fait de stupide.

« Hm, tu es sûr que ça va ? Tu as l'air un peu ailleurs. »

« Tu t'inquiètes pour moi, Lily ? » Je grimaçai en sentant la sensation habituelle se répandre dans mon dos. Un jour, il faudrait vraiment que je cherche à comprendre la raison de cette sensation récurrente. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de faire 'la paix' avec lui l'année passée et d'accepter qu'il utilise mon prénom ? J'étais condamnée à trembler à chaque fois qu'il m'adressait la parole maintenant ! « Je suis juste à plat. On est arrivé hier avec les mecs et on a fait la fête. Je vais aller dormir une petite heure. »

Je souris. A certains moments, comme maintenant avec ses petits yeux et sa voix enrouée, il me donnait juste envie de le serrer dans mes bras. J'ai toujours eu plus ou moins d'élans d'affection vers Potter, bien malgré moi, tout comme je l'ai toujours trouvé mignon. Mais son caractère m'a toujours empêchée de pousser les choses plus loin. Lui, par contre, ne s'est jamais privé de tenter de mener les choses plus loin …

« La fatigue te va bien, » soufflai-je en tenant la porte pour la fermer derrière lui.

Il fit demi-tour, paraissant totalement effaré que je lui ai fait un compliment, puis répondit à mon sourire. « Lily, tu es cruelle. Pourquoi tu joues à ça ? »

« A quoi ? » De quoi pouvait-il bien parler ? Je m'étais contentée d'être gentille avec lui. Était-ce un crime ?

Il me regarda, me faisant presque me sentir mal-à-l'aise, me dévorant totalement du regard, puis soupira et haussa les épaules. « Rien. A toute à l'heure. »

Je fermai la porte en secouant la tête. James Potter était définitivement quelqu'un que je ne parviendrais jamais à cerner correctement. Chaque fois que je pensais avoir compris quel genre de personne il était, il faisait quelque chose de totalement inattendu qui faisait chavirer ma haine en attendrissement ou mes élans charitables en dégoût.

En fait, 'haine' ou 'détester' étaient des mots bien trop forts pour décrire ce que je ressentais. Globalement du moins, parce que certains jours, je le haïssais du plus profond de mon être. Mais nous avions une de ces relations qui ne sont jamais simples, jamais calmes. Parfois j'avais envie de le frapper jusqu'à ce qu'il ne se relève plus et d'autre, je devais me retenir de ne pas lui sauter au cou pour le couvrir de baisers. Et avoir envie de l'embrasser, de le serrer contre moi m'énervait tellement que je transformais tout ça en colère, sachant parfaitement que quinze minutes plus tard, l'envie serait remplacée par le dégoût d'y avoir seulement songé.

La complexité de ce que je ressentais envers lui m'avait poussée à m'en tenir aux côtés abjects de sa personnalité et je m'étais contentée pendant longtemps de ne tenir compte que de mes mauvais sentiments à son encontre. Je lui renvoyais ses cadeaux, cassais ses compliments, dénigrais ses actions. Mais depuis que je l'avais surpris avec Jessica, je ne pouvais nier qu'il faisait de réels efforts pour qu'on s'entende bien … même si ça ne m'avait pas empêché de lui renvoyer son billet de cheminée avec quelques insultes à la clé. Cependant, j'avais accepté qu'il m'appelle Lily jusqu'au moment où je ne pourrais plus supporter d'avoir la tremblote dans le dos… ou bien sa façon de prononcer mon prénom cesserait de me faire tant effet.

Effets de James sur Lily, je pourrais écrire un livre sur le sujet. On ne pouvait nier que depuis quelques années, il entretenait pas mal de mes fantasmes. A un moment, j'étais même secrètement amoureuse de lui – et donc encore plus méchante avec lui. Mais bon, j'en étais au même point que pas mal de filles. James était mignon, populaire et un merveilleux joueur de Quidditch, il faisait rêver la moitié des filles de l'école, la moitié romantique qui aurait vendu son âme pour recevoir une fleur de sa part. L'autre moitié, celle des filles faciles, garces ou clamant haut et fort que le romantisme et la galanterie leur donnaient des boutons, était aux pieds de Black.

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Un peu plus de deux heures plus tard, je me trouvais accoudée à un bar, un bracelet jaune fluo autour du poignet, un verre de bière en main. Je n'avais jamais aimé l'alcool et les effets qu'il pouvait avoir et pour tout dire, le goût de la bière me donnait quelques hauts le cœur les premières gorgées. Mais Steven m'avait payé un verre et je n'avais pas pu refuser. Il avait décidé de prendre un cocktail, bu deux gorgées pendant que je feignais d'apprécier la boisson qu'il m'avait choisie sans me consulter puis il était devenu tout rouge et des plaques étaient apparues sur sa peau. Il s'était précipité aux toilettes en murmurant quelque chose sur une allergie aux cacahuètes.

Au milieu de la pièce, les Maraudeurs faisaient un Black Jack à renfort de grands cris indignés. Heureusement qu'il n'y avait que nous dans la salle ou on se serait déjà fait virer trois fois. Un peu plus loin, les anciens élèves, ceux qui étaient en septième l'année passée, faisaient un jeu à boire. Jersey, Simon, Kozak et Forman étaient réunis autour d'une table et jouaient à quelque chose s'appelant 'La Pyramide'. Tout ce que j'avais compris, c'est que ça se jouait avec des cartes et qu'il fallait retenir un ordre de je ne sais pas quoi. De toute façon, dès qu'on mêlait alcool et mémoire, ça finissait mal.

Sur la petite piste de danse, Justin Fay, qui était le plus jeune et allait rentrer en cinquième, se déhanchait en rythme avec Charity et Gwynette. Il semblait être aux anges d'être entouré par deux filles plus âgées que lui. Lucinda, sans surprise, avait trouvé refuge sur les genoux de Black et sa sœur s'était vue contrainte de s'asseoir à côté de Remus. A leur place, je commencerais à en avoir vraiment marre. Ca peut être lourd, les amis, de temps en temps…

« Alors, tu as perdu ton compagnon ? » me demanda James en venant s'asseoir à côté de moi. Je terminai mon verre en trois gorgée pour ne pas qu'il se moque de moi en me voyant grimacer face au goût.

« Est-ce que tu sais pourquoi Steven me colle depuis qu'on est arrivé ? » demandai-je en me disant qu'il ne devait certainement pas être innocent dans tout ça. Il n'y avait pas de hasard : James m'avait offert une bière l'année passée et je lui avais dit que je n'aimais pas ça. Résultat, Steven m'obligeait quasiment à en boire une. J'aurai parié ma chemise que James avait conseillé à son pote batteur de m'en offrir une, question de ne pas marquer de points auprès de moi… C'était le genre de choses typiques que faisait James Potter.

« Il m'a prétendu que tu étais amoureuse de lui, » rigola Potter alors que je soupirais. Pourquoi un garçon ne pouvait-il jamais discuter une soirée avec une fille sans avoir une idée en tête ? « Il m'a dit que tu le fixais l'année passée quand il embrassait Abby et que tu étais jalouse. »

Je sentis mes joues chauffer en me rappelant qu'effectivement, je les avais fixés. Mais c'était parce que je venais juste de tomber sur Jessica et James dans cette salle de classe et que je me posais plein de questions sur la vie intime de tout le monde…

« Et tu lui as gentiment glissé de m'offrir un verre que je n'aime pas ? » supposai-je alors que James tapotait ses doigts sur le bar. A son poignet, le bracelet était vert et je me demandais pourquoi. Il y avait une raison qu'on n'ait pas le même ?

James éclata de rire. « Hey, je ne lui ai pas dit de prendre un cocktail qui le rendrait malade ! »

« Comme c'est attentionné, » grognai-je en levant les yeux au ciel. « Alors Potter, je t'offre un verre pour célébrer ton passage à l'âge adulte ? »