Disclaimer : Square Enix, Disney, etc.

Genre : Angst/Hurt/Comfort (my fave)

Pairing : VanVen yooo

Salut ! Ici Crimson-JeN'écrisJamaisDeCanon-Realm pour un nouveau recueil d'OS qui, pour une fois, est déjà terminé avant même d'avoir été publié ! Si si, je vous jure. Je l'ai écrit À L'AVANCE. Et il est fini. Ô, joie.

Pour info, il s'agit donc de 9 one-shots plutôt courts en canon, pour une fois, se déroulant avant, pendant et après BBS. VanVen, on va pas faire semblant de croire que non, lol. Ce premier OS est le plus long de tous. Les autres tournent autour des 1000 à 2000 mots. Publiés les lundi et jeudi, parce que je déteste traîner dans la publication mais que j'ai pas envie de tout faire en même temps. Lul. Puis comme ça j'aurai au moins un truc pour le VanVen day :D. On va dire que c'est un calendrier de l'avent du VanVen qui continue après la date clé, oups.

Pas de VanVen pour ce premier OS vu que Vanitas n'existe pas (trololo).

Merci à Jaymey (oui c'est ton pseudo désormais tg) et à Rosalie24 pour le proofreading :3.


The promised beginning

Il faisait toujours nuit noire quand Ventus se réveilla en sursaut.

Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Étendu dans son lit, il resta immobile et attendit que les battements de son cœur se calment enfin, que les ombres autour de son lit s'estompent pour ne laisser derrière elles que les quelques objets du quotidien étalés dans sa chambre. J'ai peur, pensa-t-il dans l'intimité de son esprit, mais il avait appris depuis bien longtemps que les mots finissaient par se perdre quand on les prononçait dans le noir, aussi garda-t-il les lèvres fermées.

Il respira lentement. Le souvenir de son rêve s'effaça, ne laissant derrière ses paupières que de vagues images informes et grises.

Il sécha la sueur qui coulait sur son front à l'aide de sa couverture, se retourna et s'endormit.

Il ne rêva plus.

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— Quel âge as-tu ? lui avait demandé la femme chez qui il avait trouvé refuge.

Il ne lui répondit pas tout de suite – en fait, il ne l'avait pas vraiment entendue, et le temps qu'il interprète ce bruit de fond comme une question lui étant adressée, elle avait déjà froncé les sourcils et mis les mains sur ses hanches comme si elle s'apprêtait à le gronder. Automatiquement, il se recroquevilla sur lui-même. Le visage de l'inconnue s'adoucit aussitôt. Elle s'attendrissait facilement devant les enfants, plus encore devant celui-là ; elle l'attira à lui et le serra dans ses bras en fermant les yeux. Lui vint alors comme une envie de pleurer qu'elle réprima derechef.

Le gamin, lui, ne pleurait pas. Il restait là, hagard, la regardant comme s'il ne la voyait pas. Elle répéta sa question ; cette fois, il ouvrit la bouche, mais il fallut quelques instants encore pour que sa voix consente à faire une apparition.

— Sept, dit-il, puis il compta sur ses doigts pour vérifier et fronça les sourcils.

— Sept ans ?

— Ou peut-être six ?

Si petit pour son âge, si fragile encore. Elle ne savait même pas comment il était arrivé là, sur le pas de sa porte, à attendre Dieu savait quoi. Il n'avait pas de nom, pas de famille, juste un âge et un visage si pâle et maladif qu'elle en avait le cœur brisé.

L'envie lui prit soudain de s'en occuper comme de son propre enfant. Le garder auprès d'elle n'était pas une si mauvaise idée, à bien y réfléchir ; elle ne ferait pas une plus mauvaise mère qu'une autre. Elle ne serait en tout cas pas pire que la mère qu'il n'avait pas. Puis elle se souvint qu'elle n'en avait pas vraiment le droit, qu'elle voyageait trop, qu'elle n'avait pas tellement d'argent et rien de mieux qu'un toit et qu'un peu d'affection à offrir. Qu'arriverait-il, lorsqu'elle devrait partir ? Ses maîtres ne lui permettraient pas de le prendre avec elle. Comme les autres, il disparaîtrait. Un nouvel enfant perdu.

Elle s'agenouilla devant lui et prit son visage entre ses mains. Elle fit de son mieux pour lui offrir le sourire le plus rassurant dont elle était capable. Ce n'était pas vraiment son point fort. Le petit, cependant, ne sembla pas lui en tenir rigueur. Il la regarda dans les yeux et sourit à son tour.

À cet instant, elle décida qu'il s'appellerait Ventus et que, quoi que ses maîtres puissent en dire, il resterait avec elle pour un long moment encore.

xxxxx

Ses jambes se balançaient dans le vide, pourtant il n'avait pas peur. Il n'avait jamais été sujet au vertige. Et puis, Ignis pouvait se promener sur les bords du clocher sans craindre de faire le grand saut, alors pourquoi pas lui ?

Elle était assise, pour l'instant, l'air perdue dans ses pensées.

— À quoi tu penses ? lui demanda-t-il.

Elle lui sourit.

— J'ai une surprise pour toi. Une spécialité de cette ville.

Son visage s'éclaira soudain. Il bondit sur ses pieds ; ce faisant, il manqua de déraper mais se fit rattraper juste à temps par sa gardienne qui l'empoigna vivement par le bras.

— Fais un peu attention, Ven, le gronda-t-elle.

Ventus savait très bien qu'elle ne lui en voulait pas. Il sourit de toute ses dents ; elle soupira.

— Pourquoi tu m'appelles comme ça ? demanda-t-il en se rasseyant.

— Ven ? Pourquoi, ça te dérange ?

Il haussa les épaules. Il n'avait jamais eu de surnom. Ce n'était pas que ça le gênait, non. Mais n'était-elle pas celle qui l'avait baptisé ? Pourquoi le raccourcir, dans ce cas ?

— Je trouve ça plus mignon, poursuivit la jeune femme en lui ébouriffant les cheveux. Alors, tu la veux, ta surprise ?

— Oui !

Plantées sur un bâtonnet de bois, deux glaces bleues semblèrent sortir de nulle part. Elle lui en tendit une.

— Comment tu fais ? dit Ven, intrigué.

— Quoi ?

— Faire apparaître des trucs.

— C'est un secret, répondit-elle.

Elle mordit dans sa glace à pleines dents. Ventus grimaça. Après un moment, pourtant, il l'imita. C'était si froid que ça lui fit un peu mal aux gencives. Il n'en montra pas signe.

Au moment où la glace toucha sa langue, cependant, il cessa d'y penser. Il lança à sa voisine un regard surpris.

— C'est sucré et salé en même temps ! s'exclama-t-il. C'est quoi ?

— Une glace à l'eau de mer.

— Hein ?

L'expression dégoûtée qui teinta son visage la fit rire.

— C'est juste son nom. Tu aimes ?

Il en prit une nouvelle bouchée pour faire bonne mesure.

— Oui, j'aime bien, répondit-il simplement.

— J'en étais sûre. Quand j'étais petite, mon maître m'a amenée ici. C'était son parfum de glace préféré, et c'est aussi le mien.

— Tu voyageais entre les mondes ?

Elle lui lança un regard stupéfait.

— Comment tu sais ça ?

Il agita les jambes, un peu gêné. Elle put le voir rougir avant de répondre :

— Je t'ai entendu dire ça, une fois. Et j'ai lu un livre.

— Un livre ? Tu as été dans la bibliothèque ?

— Je m'ennuyais un peu. Et puis, j'étais fatigué de courir tout le temps dehors.

— Que diraient mes maîtres s'ils te voyaient comme ça !

— Ils te gronderaient ?

Elle rit.

— Sûrement. Mais ce n'est rien. Ça restera notre secret. Sauf si tu ne sais pas en garder un, évidemment.

— Bien sûr que si ! s'insurgea-t-il.

Il continua à manger sa glace, heureux de s'être vu confier une tâche d'une telle importance. Il savait garder des secrets. Bon, il n'avait jamais essayé, mais il savait sûrement. C'était presque pareil.

— Comment c'est, de voyager entre les mondes ?

Un sourire tranquille étira les lèvres d'Ignis. Elle répondit :

— Intéressant.

Il était content qu'elle accepte de lui en parler. Ragaillardi, il demanda :

— Pourquoi tu fais ça ? Pour battre les méchants ?

— Quels méchants ? Qui t'a dit ça ?

— Personne. Mais si tu voyages entre les mondes, c'est pour les combattre, non ? Les monstres cachés dans le noir.

Elle sourcilla.

— Il n'y a pas de monstres.

— Si, il y en a.

— Ven...

— J'en ai vu. J'en ai vu plein. Ils sont petits, ils ont les yeux tout jaunes et ils...

Il s'interrompit soudain, troublé. Puis il secoua la tête et sourit.

— Qu'est-ce que tu fais, alors ?

Le brusque changement de sujet la fit tiquer, pourtant elle n'en dit rien. Elle réfléchit.

— J'étudie, dit-elle.

— Tu étudies quoi ?

— Les autres mondes. Leurs coutumes, parfois. Tu as pris le livre dans la grande bibliothèque du Manoir, non ?

Il gonfla les joues mais acquiesça tout de même.

— Il faut bien que quelqu'un écrive ces livres, tu vois ? Pour que tout le monde puisse savoir ce qui se passe dans les autres mondes. Les porteurs de Keyblade qui y voyagent se doivent d'être un peu renseignés.

— Les quoi ?

— Ce n'est rien. Les gens comme moi voyagent dans les mondes et y amassent toutes les informations qu'ils peuvent avant que ces gens-là s'y rendent par eux-même.

— Alors tu n'es pas une porteuse de... euh...

— Keyblade. Non.

— Quoi, alors ?

Elle lui fit un clin d'œil.

— Je peux te le dire, mais ça reste entre nous.

Il hocha vivement la tête.

— Je suis une éclaireuse.

— Une éclaireuse ?

— C'est ça !

— Comment ça se fait ?

— De quoi ? demanda-t-elle. Que je sois une éclaireuse ?

— Oui...

— Eh bien, j'ai été recueillie par un vieil éclaireur qui m'a simplement initiée.

— Oh ! s'exclama-t-il, l'air de soudain comprendre. Et moi ?

— Quoi, toi ?

— Je peux voyager entre les mondes, moi aussi ?

Elle lui pinça gentiment la joue.

— Alors monsieur nourrissait des projets secrets !

— Pas du tout !

Son regard démentait aisément ses dires. Elle éclata de rire.

— Je ne peux pas te prendre pour apprenti, expliqua-t-elle lorsqu'elle eût repris son souffle.

— Pourquoi ?

Il n'avait pas l'air déçu. Juste curieux.

— Je n'ai pas encore passé ma seconde maîtrise. C'est pas avant vingt-cinq ans. Je peux encore attendre un peu.

— Je croyais que tu avais au moins cinquante ans !

Elle le poussa gentiment. Le déséquilibre lui arracha une exclamation.

— J'en ai vingt-deux, insolent petit garnement ! Je n'ai même pas l'âge d'être ta mère !

— L'âge d'être ma grand-mère, ça oui !

— Non mais !

Ils se chamaillèrent un moment encore, puis elle l'aida à se relever.

— Hé, Ven. Tu sais pourquoi le soleil couchant est rouge ?

Il réfléchit.

— Non, avoua-t-il après un moment.

— Parce que, de toutes les couleurs qui forment la lumière, le rouge est celle qui porte le plus loin.

— Et le vert ?

— Le vert ? Je n'en ai aucune idée. C'est quelque chose que mon maître répétait, parfois. Quand on venait s'asseoir ici, à regarder le coucher du soleil.

— Il ne vient plus ?

— Il est très âgé.

— Plus que toi ? se moqua l'enfant.

— Tu me cherches, hein ? Allez, on s'en va.

Ventus descendit les escaliers du clocher de la gare en courant. En quelques secondes, il fut hors de vue.

L'éclaireuse sourit. Elle ouvrit un portail de lumière et s'y glissa pour surgir devant lui, ce qui ne manqua pas de le faire hurler de terreur.

— Bien essayé ! s'exclama-t-elle.

— Tu triches !

— Les grandes personnes ont le droit de tricher. Mais pour le reste, on va y aller à pied.

Ils parcoururent la ville d'un pas tranquille. Une fois devant le mur qui longeait le circuit du tram, ils s'assurèrent qu'aucun véhicule ni passant ne se situait à proximité. La jeune femme leva alors la main vers les briques et traça des signes dans les airs.

Ventus avait beau essayer de le retenir, il avait l'étrange impression que le signe changeait à chaque fois. Il s'y essaya encore, s'attirant un regard désapprobateur de la part de sa gardienne qui termina son geste pour faire apparaître une grande porte au milieu du mur nu. Derrière, il y avait une forêt peu éclairée et plus loin encore une grille grande ouverte.

Ils entrèrent dans le Manoir en saluant les quelques personnes qui travaillaient là. Soudain, la porte du bureau du grand maître s'ouvrit. Ventus attrapa précipitamment la main d'Ignis qui lui caressa gentiment la tête.

— Te voilà, fit l'homme.

Il avait l'air sévère et gardait toujours les mains nouée devant lui. Cette attitude rendait le garçon anxieux. Il évita de le regarder.

— Vous m'attendiez, maître ? demanda la jeune femme.

— Nous avons une invitée.

À ces mots, une femme âgée sortit dans le hall d'entrée. Elle les salua d'un signe de tête.

— Maître Ixen, murmura l'éclaireuse avec déférence.

Puis elle se pencha vers Ventus.

— Tu vas en haut ? Je reviendrai te chercher quand viendra l'heure de manger.

Un peu intimidé, il acquiesça. Il s'enfuit dans les escaliers pour entrer dans la pièce complètement blanche qui leur servait de chambre.

Il y avait des dessins çà et là, vaines tentatives rapidement avortées quelques semaines plus tôt. Il se dirigea vers son lit, calé dans un coin, et sortit de sous l'oreiller le livre « Cartographie des mondes connus » pour passer le temps. Il s'ennuyait néanmoins ; un peu soucieux, il ouvrit les rideaux d'une blancheur éclatante et regarda au-dehors. Il ne voyait pas grand chose du jardin avant. Les colonnades soutenaient un toit pentu qui lui bouchait la vue. Il retint un soupir.

Enfin, on appela son nom. Il ne se fit pas prier ; il sauta les trois dernières marches pour atterrir directement au rez-de-chaussée avec un sourire fier.

Sourire qui disparut bien vite quand il vit que Maître Ixen était encore là, le grand maître et l'éclaireuse avec elle. Il resta interdit.

— Ventus, c'est ça ? demanda-t-elle en s'approchant de lui.

Il interrogea Ignis du regard. Celle-ci hocha lentement la tête.

— Oui, confirma-t-il.

— Approche.

Il n'osa pas refuser. La vieille femme posa une main sur son front.

— Ah, oui.

La façon dont elle avait dit ça lui donna des frissons dans le dos. En un instant, il sut.

Elle va vouloir me prendre avec elle. Mais je ne veux pas qu'on nous sépare ! pensa-t-il. Il était trop poli pour le dire à haute voix, mais il espérait qu'Ignis entendrait son appel silencieux. Il ne connaissait même pas cette femme. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle avait vu et ne voulait certainement pas le savoir.

— Je sens beaucoup de lumière en lui, continua Maître Ixen. Où l'as-tu trouvé ?

— Je ne l'ai pas trouvé, dit Ignis. Il...

— Cet enfant a un grand potentiel, l'interrompit-elle.

— Ven est bien trop jeune pour porter la Keyblade ! protesta sa gardienne.

La vieille femme balaya ses réclamations d'un geste.

— Plus l'élève est jeune, plus il apprend vite. Mais rien n'est encore décidé. Je suis moi-même trop âgée pour prendre de nouveaux apprentis. Mes propres disciples, toutefois, seraient peut-être à même de le former au maniement de la Keyblade.

— Mais...

— Le laisser ici serait du gâchis, reprit Maître Ixen. Tu t'en rends compte, n'est-ce pas ? Le nombre de Maîtres de la Keyblade s'amenuise de jour en jour. Il devient rare de trouver des personnes avec un tel potentiel. Encore que la plupart d'entre eux soient en général trop âgés pour en développer une maîtrise parfaite. Ventus est un diamant brut qui ne demande qu'à être taillé à la hauteur de sa valeur.

Personne ne contesta. Elle hocha lentement la tête, heureuse d'avoir été comprise.

— Je contacterai mes élèves, dit-elle. Rien de tout cela ne se fera sans votre accord, bien entendu. Réfléchissez-y.

Elle se tourna vers Ventus et lui sourit.

— L'entraînement qui visera à faire de toi un porteur de la Keyblade ne sera en rien facile, mais je ne connais personne qui l'ait un jour regretté. Et puis, tu ne seras pas seul. Mon apprenti, Eraqus, est occupé à former ses propres disciples.

Ventus ne dit rien. Inconsciemment, il porta la main à son cœur qui battait la chamade. La vieille femme salua ses hôtes. Enfin, elle s'en alla.

— Réfléchis bien, dit le vieil éclaireur à son apprentie.

Celle-ci serra les poings. Elle n'ajouta rien.

Puis elle attrapa Ventus par la main et ils partirent dans le jardin.

xxxxx

— Où tu vas ?

Ignis croisa les bras derrière la tête.

— Secret, dit-elle.

— Dans un autre monde ?

— Qui sait ?

— Dis-moi lequel !

Elle appuya sur le bout de son nez.

— Tu es un peu trop curieux.

— Mais...

— Je vais à la nécropole. C'est le jour de l'anniversaire, aujourd'hui.

— L'anniversaire de quoi ?

— De la fin de la guerre. Mais ce n'est pas très important. Les porteurs de Keyblade s'y réunissent pour célébrer le retour à la paix. Maître Ixen nous a cordialement invités à nous joindre à elle. Comme mon maître s'y refuse, je suis la seule à pouvoir y aller.

Ventus eut une moue déçue.

— Je suis désolée, dit-elle. Ce n'est pas un endroit pour les enfants.

— La prochaine fois que tu iras dans un autre monde, je pourrai t'accompagner ?

Elle hésita un instant. Puis :

— Bien sûr, sourit-elle. La prochaine fois.

Elle l'embrassa sur le front. Quelques instants plus tard, elle avait disparu dans un portail de lumière.

xxxxx

Elle revint avec le teint hâve. Quand Ventus s'approcha d'elle, elle ne fit rien d'autre que le serrer dans ses bras. Il ne tarda pas à comprendre à ses tremblements léger qu'elle pleurait en silence. Y penser lui donna lui-même les larmes aux yeux.

— On ne va pas être séparés, hein ? demanda-t-il d'une voix faible.

Elle secoua la tête.

— Non, bien sûr que non.

Puis elle grimpa à l'étage et se laissa tomber sur son lit. Quand Ventus la rejoignit, elle avait les joues sèches. Son regard restait fixé sur le plafond, immobile. Elle sursauta quand elle l'entendit entrer.

— Ah, tu m'as suivie ? Comme d'habitude.

C'était une simple constatation, pas une critique. Il ne dit rien. Comme elle s'asseyait sur son lit, il vint s'installer à côté d'elle.

— Tu sais, dit-elle après un moment, Maître Ixen n'avait peut-être pas tort.

Il sentit son sang se glacer dans ses veines.

— Je ne veux pas de la Keyblade, murmura-t-il.

— Tu n'en veux pas ? C'est une arme exceptionnelle, tu sais. Avec ça, tu pourras combattre tous les méchants que tu veux.

— Je veux rester avec toi.

— Je sais. Mais c'est une occasion en or. Tu auras un vrai Maître de la Keyblade avec toi. Il pourra t'apprendre des tas de choses.

— Mais je ne...

— Tu pourras voyager entre les mondes, continua-t-elle sans l'écouter. Et quand tu seras assez grand, tu pourras venir me voir. Je viendrai te rendre visite autant de fois que tu le voudras.

Il ne protesta plus. Il avait envie de pleurer, mais il était grand, maintenant. Et les grands ne pleuraient pas.

— J'ai rencontré l'ancien disciple de Maître Ixen, là-bas. Maître Eraqus... il a deux élèves, tu sais ? Un garçon et une fille. Tu les aimerais bien, j'en suis sûre. Tu n'as pas envie de te faire de nouveaux amis ?

— Si, avoua-t-il à mi-voix.

Elle lui sourit, mais son sourire était si triste qu'il lui fit mal au cœur.

— Alors tout va bien.

— D'accord.

Tout allait bien. Elle s'accouda à la fenêtre. Il faisait clair, dehors. Elle inspira profondément.

— J'ai de la famille aux Îles du Destin, déclara-t-elle soudain. C'est un bel endroit. L'océan à perte de vue. Tu as déjà vu la mer, Ven ?

Il secoua la tête en signe de dénégation. La mer, il ne l'avait pas vue ailleurs que dans les livres. Il n'avait jamais quitté la Cité du Crépuscule.

— C'est magnifique. Il y a du sable partout.

Il renifla un peu. Elle n'en dit rien.

— C'est qui, ta famille ? demanda-t-il pour reprendre contenance.

— Ah ! Longue histoire. Ma sœur, surtout. Elle va bientôt se marier, je crois. J'ai reçu une lettre de sa part. Elle n'a jamais été très enthousiaste à l'idée de parcourir les mondes. On a grandi là-bas, alors elle y est restée.

— Vous saviez ? Pour les autres mondes ?

— Tout le monde le sait, par là-bas. Enfin, il n'y a pas grand monde qui y croit encore. Mais je me disais que c'était...

Elle s'interrompit soudain. Quand elle détacha le regard du jardin, ce fut pour attraper brusquement les épaules de l'enfant.

— Tu restes ici, ordonna-t-elle d'une voix plus dure qu'à l'ordinaire. Cache-toi s'il le faut. Je reviens tout de suite.

Paniqué, il ne comprit pas tout à fait ce qu'elle voulait de lui ; il resta planté là, figé, et elle dut le lui répéter encore avant de pouvoir partir en fermant la porte derrière elle.

Ventus ne se cacha pas. À la place, il se dirigea vers la fenêtre. Il était à peine assez grand pour y voir correctement ; il l'était toutefois assez pour constater de ses yeux ce qui avait alerté sa gardienne.

De petites bêtes noires aux yeux jaunes allaient et venaient dans le jardin, donnant des coups de griffes aux habitants qui venaient de sortir du Manoir pour constater les dégâts. Soudain submergé par une angoisse telle qu'il n'en avait encore jamais connue, il se cacha sous le lit, les yeux étroitement fermés.

Il attendit.

Il attendit un long moment.

Enfin, la porte s'ouvrit à la volée sur une Ignis essoufflée qui mit un moment avant de le trouver. Sans un mot, elle l'attrapa par le poignet et sortit de la chambre.

Les yeux de Ventus s'écarquillèrent. Du Manoir, il ne reconnaissait plus grand chose. Le lustre était tombé au sol et les petites vitrines qui conservaient les maquettes du grand maître étaient brisées par endroit. Un craquement monstrueux résonna dans la salle à sa droite, mais Ignis n'y prit pas garde. Elle continuait son chemin parmi la poussière et les débris sans regarder autour d'elle.

Quand ils arrivèrent dans le jardin, elle s'accroupit devant lui et le prit par les épaules.

— Écoute-moi, Ven. J'ai un travail très important à te confier. Très, très important. Tu comprends ?

Il hocha la tête, terrifié.

— Bien. Je vais t'amener auprès de Maître Ixen. Tu vas lui répéter un message. Tu es prêt à l'entendre ?

— Oui, confirma-t-il d'une voix tremblante.

— Super, répondit-elle calmement. « Les sans-cœurs ont attaqué le Manoir. Nous avons besoin d'aide d'urgence. » C'est le message. Tu le retiendras ?

D'épaisses volutes noires apparurent non loin d'eux. La prise d'Ignis se resserra.

— Tu le retiendras ? répéta-t-elle.

— Oui... oui.

— Je compte sur toi. Je sais que tu peux le faire. N'aie pas peur, d'accord ? Tout ira bien. Allez, va.

Elle ouvrit un passage dans les airs et l'y poussa sans un mot de plus. Il tenta de se retourner, en vain ; le passage se refermait déjà, et la jeune femme était en train de s'éloigner, les yeux fixés sur un point quelque part plus loin.

Ventus eut le temps d'apercevoir un monstre gigantesque dont les yeux jaunes brillaient parmi les ténèbres, puis le Manoir disparut, tout comme la Cité du Crépuscule, le laissant seul au milieu du néant.

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Maître Ixen s'en était allée depuis de longues heures déjà. Rongé par l'inquiétude, Ventus ne disait rien. Maître Xehanort, assis en face de lui, le regardait sans sourire. Son Maître aussi avait disparu, pensa Ventus, mais quelque chose lui disait que ce n'était pas pareil, que l'homme n'était pas anxieux parce qu'il connaissait déjà les pouvoirs de son Maître et qu'il n'en doutait pas un seul instant.

Maître Xehanort n'habitait pas ici. Il était simplement venu à la demande de Maître Ixen pour le surveiller. Pour être honnête, il avait un petit quelque chose d'inquiétant ; son Maître aussi, maintenant que Ventus y pensait, mais il n'y pensa bientôt plus.

Un planeur atterrit dans la cour. Maître Xehanort le lâcha enfin des yeux. Il sortit.

Ventus fut tenté d'écouter leur conversation, mais il n'eut pas besoin d'entendre les mots qu'ils prononçaient pour comprendre.

Il partit s'asseoir dans un coin, les genoux repliés contre sa poitrine. Il ne pleura pas.

Les minutes passèrent si bien qu'il finit par s'endormir. Il se réveilla en entendant les deux adultes discuter à voix basse.

— ...impossible que ce soit un hasard, disait Maître Ixen de sa voix sèche. On a forcément ouvert une brèche quelque part.

— Une expérience qui aurait mal tourné ? proposa Xehanort.

Silence.

— Peut-être, concéda la vieille femme. Mais je n'y crois pas. Quelqu'un a dû les guider jusque-là. Quelqu'un de profondément enfoui dans les ténèbres. Je dois prévenir Maître Yen Sid.

— Et l'enfant ? Que vas-tu faire de lui ?

— Ventus... Eh bien, je suis trop âgée pour prendre un nouvel apprenti. Depuis quand en cherches-tu, Xehanort ? C'est l'occasion rêvée. J'ai vu son cœur ; j'ai rarement vu une lumière si pure se dégager d'un cœur humain. Il fera un puissant porteur. Ignis était prête à le laisser partir, de toute façon.

— Tu me confies sa garde ?

— Tu n'en veux pas ?

Nouveau silence.

— Lui apprendre le maniement de la Keyblade sera un plaisir, dit-il enfin.

— Vraiment ? Tant mieux. C'est réglé, alors. Pas la peine d'en faire une présentation officielle : je l'ai déjà évalué. Cette génération promet d'être meilleure que la précédente. Voilà un moment que nous n'avions plus eu de potentiels porteurs dignes de ce nom.

— Nous verrons. Nous verrons...

Ventus s'endormit à nouveau.

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Il faisait toujours nuit noire quand Ventus se réveilla en sursaut.

Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Étendu dans son lit, il resta immobile et attendit que les battements de son cœur se calment enfin, que les ombres autour de son lit s'estompent pour ne laisser derrière elles que les quelques objets du quotidien étalés dans sa chambre. J'ai peur, pensa-t-il dans l'intimité de son esprit, mais il avait appris depuis bien longtemps que les mots finissaient par se perdre quand on les prononçait dans le noir, aussi garda-t-il les lèvres fermées.

Il respira lentement. Le souvenir de son rêve s'effaça, ne laissant derrière ses paupières que de vagues images informes et grises.

Il y avait un monstre gigantesque aux yeux jaunes qui le regardait sans la moindre émotion. Des ombres tout autour de lui, l'encerclant dans un paysage désertique.

Il ne pleura pas. Maître Xehanort détestait le voir pleurer. Les larmes, disait-il, étaient signe de faiblesse, et la faiblesse n'était pas tolérée sous son enseignement. Seuls les petits enfants pleuraient dans leur sommeil. Et Ventus n'était plus un petit enfant.

Il sécha la sueur qui coulait sur son front à l'aide de sa couverture, se retourna et s'endormit.

Il ne rêva plus.

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Les années passèrent les unes après les autres. Ignis ne lui rendit pas visite. Ni elle, ni personne.

L'entraînement continua, toujours plus intense, toujours plus difficile. Il ne pleura pas. Il supplia, une fois ; il comprit bien vite qu'il valait mieux garder ses plaintes pour lui.

Xehanort l'avait recueilli, après tout. Il lui apprenait à manier la Keyblade.

La seule arme capable d'éliminer les sans-cœurs.

Il s'entraîna encore et encore.

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Enfin, Ventus eut onze ans.


Ventus eut onze ans ET CE FUT LE DEBUT DE LA FIN thanks BBS.

Oui, c'est plein d'OC, youps. En même temps, pas trop le choix. J'espère que ça vous a pas saoulé, lol, les OC font pas trop l'unanimité, en général. Y en a plus après.

Réutiliser des KH trope c'est ma passion. J'aime bien l'idée que Ven soit originaire de la Cité du Crépuscule, parce que ça me fait feelser sur Roxas. Et je suis perturbée par Roxas disant « il a fallu une force prodigieuse pour faire ça » en regardant la table brisée dans le Manoir Abandonné, donc voilà, explication, yoooo.

PS : je l'ai pas dit, mais Ignis est la tante de Sora qui n'est pas encore né, adieu :D (quoi comment ça j'aime relier n'importe quoi)

Merci pour votre lecture ! Sachez que toute review reçue fait extrêmement plaisir quelle que soit sa taille et son contenu (;)), alors n'ayez pas peur. ❤ À lundi, hihi.