Note: J'ai commencé à écrire l'histoire sur un coup de tête. Comme Bella et Rosalie sont distantes pendant une partie de la saga, j'ai décidé de précipiter les choses. Le contexte est venu tout seul. J'ai vraiment hâte de les voir interagir (l'histoire évolue seule).
Note 2 : Le rating peut augmenter. Je ne sais pas encore jusqu'où je vais pousser leurs… relations.
Hotel Room
Chapitre 1
POV Bella.
Une journée caniculaire ne tarda pas à pointer le bout de son nez et à se profiler dans les magnifiques rues de Manhattan. Je l'avais sentie avant même que la météo ne l'ait annoncée. La plupart du temps, le planning d'un habitant d'une ville ensoleillée se résume à peu près à ça : jogging matinal dans un parc où il fait frais, midi dans un restaurant climatisé, après-midi shopping le long des boulevards en explosant le plafond de la carte de crédit et pour finir soirée discothèque dans la nuit luxuriante. Sauf que la chaleur dont je vous parle dépasse votre imagination. Une véritable CA-NI-CULE. On est même bien loin des vingt-huit degrés à l'ombre. Dans mon cas, ce serait plutôt trente-huit et je n'exagère pas.
Assise sur le rebord d'une énorme baie vitrée au trente-sixième étage d'un hôtel de luxe, je regardais la vie des citadins défiler sous mes yeux : des enfants se baignant dans des fontaines, des jeunes s'arrosant avec des bouteilles d'eau, des fleuristes rajoutant des glaçons dans leurs vases et optant pour une devanture composée de plantes vertes. Une immense envie de les rejoindre me saisit à la poitrine. J'avais envie de courir dans les rues moi aussi, traverser une avenue de tarmac brûlant, suer sang et eau juste pour savourer le fait de savoir qu'un soda glacé m'attendait de l'autre côté ! Parcourir des allées de boutiques en chaussure à talon et les enlever à la fin de la journée pour apprécier les picotements sur la plante de mes pieds. Je fermai les yeux, imaginant d'autres plaisirs masochistes. Un bain de foule, je rêvais d'un bain de foule ! Pour faire court, je désespérais de trouver du contact… humain.
Les carrosseries éclatantes des voitures en bas de la rue commençant à me donner un mal de tête fou, je quittai à regret mon perchoir et tirai les rideaux non sans un soupir. Le noir se fit dans la chambre. Collée à la vitre depuis trop longtemps sans doute, je n'avais allumé aucune lumière. Avançant à tâtons et pestant contre ma propre stupidité, je cherchai l'interrupteur. Tout à coup, je percutai quelque chose de glacé comme du marbre. Ce contact me donna la chair de poule. J'eus un mouvement de recul et me retrouvai assise sur une table de verre. Fort heureusement, elle ne se brisa pas. J'entendis le petit bruit qu'engendre une pression sur l'interrupteur. La lumière se fit dans la pièce et je me retrouvai nez à nez avec Rosalie.
L'exquise blonde me toisa de toute sa hauteur, les narines dilatées comme si elle avait été une marquise et moi une gueuse, puis m'apostropha vertement :
« Je t'avais pourtant recommandé de t'approcher le moins possible des fenêtres.
Je fronçai les sourcils, perplexe. Je doutais du fait que Victoria puisse me repérer d'une pareille hauteur dans une ville aussi bondée, d'autant plus qu'apparemment ma vie n'était pour l'instant pas en danger. En effet, pour me prémunir contre toute attaque, Edward avait préféré que je disparaisse quelques temps pour que cette furie perde ma trace. De là, tout le clan Cullen partirait à sa recherche pour se débarrasser définitivement d'elle. Et qui d'autre de mieux que Rosalie pour se charger de m'envoyer loin de Forks ? Evidemment : nous n'avions jamais échangé trois mots, ma présence l'insupportait et j'étais persuadée qu'elle me détestait ! Merveilleux !
Je levai crânement la tête vers elle.
« Je ne recommencerai pas.
J'avais la forte impression d'être une enfant de cinq ans grondée par sa mère pour avoir volé des biscuits. Elle parut satisfaite de me dominer et tourna les talons, puis fit à nouveau volte-face.
« Tu n'oublieras pas de te relever. Je ne sais pas pour toi mais je préfère m'asseoir sur un fauteuil.
Je me relevai, bouillant intérieurement. Dans un coin de ma tête je n'abandonnai pas l'idée qu'elle faisait exprès de me tourmenter en m'empêchant de m'approcher de la civilisation, même de loin. Ce n'était bien sûr pas une précaution dont elle usait parce qu'elle tenait à moi. C'était probablement dû à des remarques d'Edward. Dans le doute, évidemment, elle faisait tout pour me rendre la vie impossible. De cette manière Edward était satisfait et moi… je souffrais en silence.
Edward… mon cœur se serra en pensant à lui.
« Bella ?
Sa voix glacée me réveilla.
« Je t'ai commandé le déjeuner. Tu as besoin de te nourrir, toi.
Elle avait appuyé sur le « toi ». Encore une phrase, l'air innocente, destinée à me blesser. Je savais pour une raison ou pour une autre qu'elle ne voulait pas que je devienne un vampire. Elle ne me méprisait pas exactement, mais quelque chose chez moi la dérangeait. Je réalisai quelque chose : quand elle me lançait des piques, elles n'étaient jamais en rapport avec mon caractère. Simplement sur le fait que je sois humaine… et pas elle. Je gardai cette piste dans le coin de ma tête. Plutôt que de me battre contre elle, je préférais encore m'en faire une amie.
Je m'attablai et contemplai le repas. Ce qui me semblait être une escalope recouverte de steak haché gisait au milieu du plateau.
« Contrefilet de bœuf à la sauce marchant de vin, me dicta-t-elle savamment.
Je souris de ma première déduction. Décidemment même des années de pratique en cuisine de m'avaient pas familiarisée avec ces fameux noms qu'on pouvait donner à de la viande en sauce.
« Merci.
J'attaquai l'escalope. Mon couteau s'y enfonça comme dans du beurre. Rosalie me regarda manger. A vrai dire, je ne saurai dire si elle me regardait réellement ou si elle ne fixait rien de particulier. Alice m'avait souvent fait le coup. J'en profitai pour l'examiner. Ses magnifiques cheveux d'une blondeur lumineuse avaient été coiffés sur le côté, dévoilant son cou diaphane. Gênée, je ne m'attardai pas sur cette zone. Je remontai vers son visage. Ses traits étaient aussi purs que ceux d'un ange. Ses lèvres, légèrement roses, feraient naître en n'importe quel homme des désirs de baisers. J'eus même l'audace d'un imaginer la texture. Probablement aussi douces et fermes que celles d'Edward mais pas exactement comparables. Je levai légèrement la tête et observai à souhait ses mystérieux iris couleur miel. Sans prévenir, ses pupilles rencontrèrent les miennes. Décontenancée, je détournai vitement les yeux. Elle parut surprise et ses lèvres s'entre' ouvrirent légèrement, dévoilant ses dents blanches et régulières. Cette expression hagarde disparut aussi vite qu'elle était venue. Je m'en étonnai. Elle devait avoir l'habitude d'être admirée.
« A quoi tu penses ?
C'était la première fois qu'elle me posait une question de courtoisie.
− A Edward, me justifiai-je rapidement.
Ce n'était pas vraiment faux. Mais après tout je ne me voyais pas vraiment lui répondre : « A la texture de tes lèvres. »
− Ah.
J'haussai rapidement les épaules, me contentant de cette réponse laconique. Je n'avais vraiment pas envie de continuer sur ce sujet. Je portai rapidement le verre adjacent au plateau à mes lèvres. Un liquide chaud et fruité s'infiltra dans ma gorge. Du vin ! Il avait certes perdu son aigreur depuis longtemps (je n'osais pas vérifier la date) mais l'alcool n'était vraiment pas ma tasse de thé. Pour ne pas ajouter le déshonneur de tout recracher sur la table à celui d'être prise en pleine admiration, je filai rapidement vers la salle de bains.
− J'ai besoin d'une douche froide, moi. Merci pour ce repas. »
Je m'en fus.
(*.*.*)
POV Rosalie.
Les yeux perdus dans le vide, j'écoute le régulier tintement des couverts de Bella. Ca fait vraiment longtemps que je n'ai pas entendu quelqu'un manger. Bien sûr, à Forks il suffit de se rendre à la cafétéria ou de longer un restaurant. Mais elle, c'est différent. Aucun bruit disgracieux ne ponctue ses habitudes régulières. Assurément, elle est assez maladroite. Mais c'est ce qui fait le charme humain, non ? Même si je ne veux pas l'avouer, quelques fois je comprends Edward.
Ayant fini de regarder la chambre sous tous ses angles, mes yeux se posent machinalement sur elle. Ses cheveux, malgré la chaleur assez accablante dont je ne souffre pas, cascadent le long de ses épaules. Ils sont soyeux, ça se voit. Une mèche brune lui brouille la vue. J'ai envie de tendre la main et de la ramener derrière ses oreilles. Elle me gêne et je meurs d'envie d'observer mieux son visage. Une autre occasion ne se présentera pas.
Elle tournicote la mèche entre ses doigts fins plus la replace dans sa crinière. Il était temps ! Ses traits n'ont rien de spéciaux. Son visage est en forme de cœur, ses pommettes son hautes et ses lèvres pulpeuses. Par je ne sais quelle attirance, je m'attarde sur elles. Savoir qu'Edward y a posé les siennes me déconcerte. Moi aussi j'ai envie de goûter les lèvres chaudes d'un humain.
Mes yeux redescendent vers son cou. Fin, blanc. Je descends encore. Elle ne s'en rend sans doute pas compte mais son chemisier est plutôt décolleté. Chez moi, c'est magnifique. Chez elle, c'est sensuel. Ce petit carré de chair pâle donne envie de voir le reste. Je vois sa poitrine se soulever au fur et à mesure qu'elle respire. La chaleur rend sa peau moite. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes. Qu'est-ce qui me prend ?
Mes yeux rencontrent tout à coup les siens. Elle détourne le regard et rougit. J'ai le sentiment d'avoir été observée, moi aussi. Si je le pouvais, je rougirais sans doute. J'ai l'habitude d'être regardée par les autres mais la chose est rarement réciproque. Et là, nous avons toutes les deux été prises sur le fait. C'est la première fois que ça m'arrive. Une drôle de sensation me prend à la poitrine. Il faut que je sache.
« A quoi tu penses ?
Elle répond vite.
− A Edward. »
Je suis déçue. Elle a sûrement menti. Ce ne peut être que ça. Après avoir bu une gorgée de vin, elle file dans la salle de bains. J'entends rapidement l'eau fouetter le carrelage. Pour la première fois, je me prends à imaginer ce qu'il y a sous ses vêtements.
Pas mal pour un début ? Mauvais ? Dites-moi tout et surtout pourquoi.
