Chapitre 1 : La librairie
L'endroit était plutôt calme. Il était entré un peu au hasard de ses promenades. Le nom de l'enseigne lui avait tiré un sourire. « Le Vagabond ». Il n'avait pas tout de suite déterminé quel service proposait l'endroit.
La vitrine était encombrée de pile de livres (dont on ne pouvait guère lire les titres). Quelques dessins, et des tasses de thé, une machine à écrire.
Il avait poussé la porte, une clochette avait sonné. Le plancher grinçait, et une odeur de thé et vieux cuir embaumait dans les lieux. La librairie (puisque cela semblait être la destination première de l'endroit) semblait accrochée dans la réalité grâce aux pans de murs de livres.
Les étagères débordaient d'ouvrages dont le classement aurait fait fuir n'importe quel bibliothécaire sensé. En face de la porte d'entrée, quelques marches descendaient vers un entre niveau, où quelques fauteuils à l'aspect antiques (mais confortables) attendaient des occupants, deux petites tables, aux napperons presque kitch, et un autre niveau plus bas dont on devinait l'existence par la lumière qui se projetait sur le mur et surtout aux cris qui s'en échappèrent.
« Je vais le tuer c'est décidé »
Les pas énervés, furent vite accompagnés de la trentenaire qui remonta avec deux énormes manuscrits dans les bras.
Ses yeux se posèrent sur l'homme que lorsqu'elle ne put avancer d'un pas de plus.
« Oh, Bonjour ! Euh, excusez moi un instant, je suis à vous tout de suite. »
Il se décala d'un pas et la laissa passer. Quelques secondes auparavant, il avait ressenti l'envie de partir d'ici, ne trouvant rien d'amusant ou retenant son intérêt. Mais cette femme, il y' avait quelque chose de tellement cliché que cela l'interrompit. La trentaine, le chignon, les lunettes et une tenue classique. Ça n'allait pas du tout.
« Que puis je pour vous monsieur ? » Elle le regarda des pieds à la tête. Élégant, sobre, costume trois pièce dans les tons sombres, l'allure mince, des cheveux bruns, peut-être un peu long mais ce n'était pas affreux, ses yeux… Elle détourna le regard, gênée. Elle ne trouvait pas ce qui pourrait convenir à cet homme.
« Cherchez vous un livre pour vous même pour offrir ? Ou peut être avez vous envie de flâner ? »
« Je ne sais pas exactement.
« C'est sans importance, je sais que si vos êtes ici c'est que les dieux vous y ont conduits. »
« Excusez moi ? »
« Ne faites pas attention à elle ma sœur est parfois un peu dérangée. »
La voix sortait d'une pièce dissimulé, derrière un tas de livres. (encore)
Un homme d'un tête de plus que la libraire, et de deux décennies aussi sortit de là.
- Erik, enchanté. Je vous présente ma sœur, Astrid. Voulez vous un peu de thé ?
- Non je pense que je vais y aller., déclina t il poliment.
-Dans ce cas, je ne peux pas vous contraindre à rester. Bonne journée, peut-être que le hasard vous ramènera vers notre libraire.
- Je ne pense pas. Bonne journée. »
Toutefois, il jeta un œil sur les livres, ce fut l'un des deux manuscrits qu'elle avait posait qui attira son regard, une copie ornée de l'Edda. Il sortit de la boutique et rentra chez lui.
Il dormit mal cette nuit là. Il n'avait pas rêvé de son frère ou de son père depuis quelques semaines, et voilà qu'il était tombé sur cette fichue librairie.
Il était bloqué sur Midgard, encore, et le pire de tout sans pouvoir et sans possibilités de convaincre son frère de plaider pour lui. Un, Thor, ignorait tout de sa punition et deuxièmement, celui-ci n'était même pas sur ce monde.
Il bénéficiait d'un confort de vie assez agréable, qu'il avait obtenu d'un travail harassant ou plutôt comment arnaquer des hommes d'affaires et en tirer profit. Il s'était installé au royaume-uni, évitant Londres, où il ne descendait que lorsque il avait besoin de refaire ses liquidités. Mais il préférait éviter les quelques super héros locaux, et les touristes New yorkais.
Le rêve laissa une empreinte sur le déroulement de sa journée. Pourquoi avait il rêver de ce jouet ? C'était puéril.
Un cheval en bois que leur père avait offert à Thor, ce n'était qu'un morceau de bois, minuscule même. Mais la main d'Odin décoiffant son aîné avec ce sourire aux lèvres, il s'était senti exclu. Lui même n'était que peu l'objet de fierté de celui-ci.
- Je te le prêtes si tu veux, avait proposé blondinet.
- C'est un présent de Père pour toi pas pour moi. Garde le, je m'en fiche.
- on est frères on doit tout partager, tiens !
Il lui avait tendu le jouet, et Loki l'avait jeté contre une des colonnes, le petit cheval s'était brisé.
- On ne pourra pas le réparer. Loki, tu n'es pas obligé de jeter les choses comme ça, je ne t'ai rien fait. Il est cassé.
Thor était parti, le laissant seul.
Moi aussi j'étais cassé, j'avais cinq ans, je ne demandais pas un vrai cheval, je ne demandais jamais rien en fait. Il ne m'aimait pas je le sais maintenant.
Ses pas le ramenèrent à la librairie, la porte était ouverte, et il y' avait au moins un dizaine de personnes, trois buvaient du thé autour d'une des tables, mangeant un sandwich et échangeant à propos d'un livre, deux discutaient avec Erik (qui hocha la tête pour le saluer en le voyant) et les derniers étaient dans la boutique à choisir ou fouiller dans les étagères.
Il remarqua qu'Astrid était derrière le comptoir, penchée sur le manuscrit qu'il avait repéré la veille. Il s'approcha d'elle, elle ne leva pas la tête.
Il attendit un certain temps, avec patience… Trois minutes. Il n'aimait pas qu'on l'ignore. Surtout pour ce ramassis de niaiseries.
- Je vous ai vu, mais je termine d'abord quelque chose, Erik doit être libre sinon.
Elle n'avait pas levée la tête, quel mande de tact !
- Ce livre m'intéresse. Puis je le feuilleter ?
Elle leva la tête, et posa la loupe qu'elle avait dans la main
- hier, il ne vous intéressait pas. Les nornes vous ont soufflé quelque chose pendant la nuit ?
Il ne répondit pas mais retint sa langue. S'il avait possédé encore une once de magie, il lui aurait montré ce qu'il pensait de ses façons.
- Êtes vous toujours aussi agréable avec vos clients, ou ai je le droit à un traitement de faveur ?
Elle avait une expression perplexe.
- Ce n'est pas de l'impolitesse, je termine juste une vérification sur ce manuscrit. Vous connaissez le mot patience ou voulez vous que je vous indique le rayon dictionnaire ?
- A côté des livres sur les bonnes manières je suppose.
- Ce livre vous intéresse vraiment ? Demanda t-elle sur un ton radoucit.
- Je suis curieux. Il me semble bien plus vieux qu ceux que vous possédez ici.
- Les livres précieux ne sortent pas souvent de la réserve. Mais Edda avait envie de s'aérer hier, dit il comme s'il fut s'agit d'un enfant.
- Intéressant. Puis-je le voir donc ?
-Suivez moi.
Elle l'invita à la suivre dans un escalier en colimaçon caché derrière le comptoir. Il la suivit, tout en profitant de ses formes agréables. Ils arrivèrent sur une mezzanine. Elle posa le manuscrit sur un lutrin près de deux fauteuils semblables à ceux de l'entre étage.
- Installez- vous, je suis certaine que vous serez attentionné. Je tiens beaucoup à ce livre. Mais, il est temps de le partager. La boutique ferme dans deux heures. Si vous voulez du thé , je vous en servirais dans une petite heure.
Elle le laissa tranquille. Il apprécia de pouvoir lire le manuscrit sur place, il avait envie de jeter un coup d'œil mais ne songeait pas à rester. Mais le fauteuil était confortable, la fenêtre donnant sur le parc lui donnait une lumière agréable. Il se cala et ouvrit la couverture.
L'Edda de Snorri, il l'avait lu des siècles auparavant, et avait trouvé la plupart des faits ridicules et irrespectueux envers sa personne ( et même envers son frère)
Loki et la chèvre… (et pourquoi pas Loki et la chenille verte de Hulk). Les humains étaient parfois étranges. Adorateurs de dieux et capables de s'en moquer comme des enfants mal élevés.
«- Loki, quel plaisir trouves tu à tourner des pages ? Tu te plains de ne jamais passer de temps avec Père, et tu rates l'occasion d'aller à la chasse.
Thor était entré dans les appartements de son frère sans frapper, comme à son habitude.
- Un livre t'enseigne ce que la chasse ne t'apprendra jamais, le silence mon frère.
- Je ne suis pas certain que ce fusse un compliment. Père m'envoie te chercher, il a un cadeau pour toi. Et tu connais Père on ne le fait pas attendre. Je t'accompagne
- As tu peur que je me fasse attaquer par un livre ?
-Non, je suis curieux.
Odin l'attendait dans la bibliothèque. Il ne fut pas surpris de la présence de l'aîné.
- Je te ramène ceci de Midgard, il s'agit du livre sur les dieux d'Asgard, je me suis dit que cela pourrait te distraire.
Loki prit le livre, le trouva lourd, épais, brut. Ces hommes n'étaient pas encore très avancés. Il ne comprenait pas toujours l'attachement d'Odin pour ces créatures.
- Merci Père. Je le lirais.
Il restait mal à l'aise, face à son père, ces derniers temps, ses réactions envers son cadet étaient troubles. Comme s'il essayait de le mettre à l'épreuve et d'autres fois tout allait bien.
- Tu nous a manqué à la chasse, Thor s'est encore fait remarqué par son adresse.
(Comme d'habitude, la force de mon frère était glorifiée)
- Ton tableau de chasse s'est encore enrichi, félicitations, ajouta Loki, peu enthousiaste.
- Non, en fait, je suis tombé dans une mare de boue, ma monture a refusé d'avancer. Cette carne m'en fait voir de toutes les couleurs.
Thor s'en amusait, il n'était pas du genre à s'en faire, sauf quand il s'agissait de réelle compétition ou des jeunes femmes.
- Laisse nous, Thor, ordonna Odin.
Il fut un peu surpris par la demande mais ne discuta pas.
- Loki, tu participes moins aux chasses, aux entraînements. Le maître d'armes me dit que tu t'esquives. Je ne doute pas de tes capacités à manier une arme mais tu perdras en efficacité. Tu manies le verbe avec une certaine aisance, ce qui n'est pas le cas de ton frère.
Ce qui m'amène à ce que je vais te demander. Te souviens-tu du Seigneur Arham ?
Loki s'en souvenait, pas pour le personnage en lui-même mais la discussion houleuse entre ses parents après le départ du seigneur nain. Odin avait proposé un marché à son invité, sans consulter son épouse. Frigga s'étiat montrée furieuse que son époux promette la main d'une de ses dames de compagnie sans consulter la jeune fille ou elle même.
- Une délégation doit se rendre en province pour les épousailles du seigneur Ragnar. Tu accompagneras ton frère, vous escorterez dame Aylin, sa fiancée. Je te charge de t'assurer que tout se passe bien.
- Je n'ai jamais effectué ce genre de choses, êtes vous sûr père ? Le questionna t-il, pas certain que ce n'était pas là un piège.
- Vous êtes princes, il faut apprendre à négocier des traités, et mener des jeunes filles à leur promis intactes, affirma Odin. Le sous-entendu était clair, il surveillerait son frère aussi pour cette raison.
- Je comprends.
- Vous partez demain aux aurores.
Ce fut une des premières missions des deux princes au nom de leur père.
La fiancée était bien arrivée chez le seigneur Ragnar, et le contrat fut respecté. Peut être un peu plus du côté de Loki, qui rassura la nouvelle épouse au lendemain des noces, de ses bras et ses lèvres. Mais les hommes et les armes promise par le seigneur nain fut bien livrée.
Pourquoi ne retenait on que les choses désagréables sur lui ? Thor avait fini 4 barils de bières, manger à s'en rendre malade, ce qu'il avait été.
Prince Vomi avait été son surnom quelques semaines au retour. Mais ça personne n'en parlait. Thor le préféré de tous. Odin avait félicité son premier né devant toute la cour et avait hoché la tête en direction de Loki.
La voix de la libraire haussant le ton le coupa dans ses souvenirs.
- Je vais être obligé de le vendre Erik ! Il faut payer les factures ! La voix d'Astrid monta d'un cran.
- Tu n'es pas obligée de vendre l'Edda, tenta de convaincre son frère, plus optimiste.
- Tu crois que l'argent se trouve dans la rue ?
- On trouvera une solution, mais vendre les livres de Mère, tu ne te le pardonnerais pas.
Elle resta silencieuse. Et rangea quelques livres. L'heure de la fermeture était proche. Le bruit du tonnerre se fit entendre au loin, suivit de la pluie.
Elle monta à l'étage.
- Nous allons bientôt fermer. Que pensez vous du manuscrit ? Demanda t elle en s'installant près de lui.
- Il est en très bon état, affirma t-il, je me suis toujours demandé si les monastères employaient des enfants pour dessiner ces horribles illustrations.
Il lui montra une page représentant le dieu Loki.
- je l'aurais plutôt vu bel homme pas avec cet air de bouffon, qu'en pensez-vous ?
- Thor ressemble à une horrible vieille femme ici. Alors je pense que ce sont des moines aveugles qui ont pris le crayon. Nous allons bientôt fermer, dit-elle promptement.
- Nous n'avons pas encore parlé de prix. Si vous le vendez bien sûr.
- Il est à vendre, assura Astrid. Pourriez-vous revenir demain, et me proposer un prix, raisonnable bien sûr.
- demain ? Et si je vous disais maintenant, vous pourriez fermer et nous pourrions marchander devant un verre de vin, je vous invite.
Il s'était emballé. La libraire était jolie et il avait bien envie de la voir sourire. Et un peu d'action le tentait bien, à défaut de conquérir Midgard, pour le moment.
-Non, je ne peux pas. Je ferme. Si vous le voulez nous en parlerons demain.
Elle était ferme. Elle se leva et l'invita à partir.
Sur le pas de la porte, elle s'aperçut qu'il n'avait pas de parapluie. Elle lui en prêta un.
- Je ne crains pas la pluie, assura-t-il
- Si vous attrapez la grippe, vous ne viendrez plus négocier, ajouta t-elle avec un demi sourire.
- Dans ce cas, vous accepterez un thé ?
- Ici, seulement. Et ramenez-moi le parapluie.
- A demain Astrid, je ne connais pas votre nom de famille, d'ailleurs.
- Oak.
- A demain alors Astrid Oak.
Elle le regarda partir, surprise de son invitation.
Cet homme était une énigme qui ne manquait pas de charme, même s'il y avait quelque chose d'agaçant en lui.
Il n'arrivait pas à dormir, ce fichu orage semblait s'être installé au-dessus de son immeuble rien que pour lui gâcher la soirée.
Il prit un verre, et encore un autre.
Il tournait les pages d'un livre qui n'avait aucun intérêt au final. Il sentit que rien ne pourrait le distraire de son humeur sombre, pas ce soir.
Il jeta un coup d'œil à son téléphone, pas encore minuit. Il pourrait peut-être rappeler la délicieuse blonde, non. Il avait compris que coucher avec l'hôtesse de l'accueil pouvait passer une fois voire deux. Mais elles s'embrouilleraient encore entre elles. Pas très prêteuses ces humaines.
Une image attira son attention. Un peu plus bas dans la rue, le fils de ses voisins, embrassait sa petite amie, tout en la protégeant de son parapluie. C'était romantique, de ce qu'il en savait.
Pourquoi fallait-il qu'il se rappelle de ça maintenant ?
Il referma les rideaux, agacé.
Son frère, toujours son frère, toujours lui…
…
Thor avait remporté un combat, encore un. Thor accompagné de quelques braves dont Loki.
Ils avaient partagé la gloire de leur retour, but à la même corne, mangé du même pain.
Et fait les yeux doux aux mêmes filles.
Loki avait laissé Thor faire son choix, il n'était pas en reste.
Si le grand guerrier avait son public féminin, (adoré pour ses blonds cheveux, et ses muscles saillants, et cet air gentil, Loki frissonnait d'incompréhension), le ténébreux avait ses propres courtisanes. Il les classait en plusieurs catégories,
Celle qui voulait se rapprocher de Thor et se consolerait du second
Celle qui trouvait son allure sombre pour un mystère à résoudre
Celle qui était attirée par sa personnalité exubérante.
Pourtant quand le lendemain du banquet, il trouva Brynn dans les bras de Thor, il entra dans une colère froide. Il tourna les talons sans un mot et gagna la salle d'entraînement, où il se défoula.
Son frère le rejoignit un peu plus tard, gêné.
Elle ne m'avait rien dit, annonça Thor en guise d'excuse
Parce que vous avez eu le temps de parler sans doute ? cracha Loki, le poing partit dans le mannequin de bois.
Brynn est venue me voir, je ne l'ai pas cherché
Et tu ne t'es pas demandé pourquoi je passe autant de temps avec elle ?
C'est une des servantes de mère, donc non cela ne m'a pas effleuré. J'étais ivre, elle s'est assise sur mes genoux, point. Quand une jolie femme s'assoit sur moi, je ne cherche pas plus loin.
C'est ça ton problème, tu ne réfléchis jamais…
Loki, si elle tient à toi pourquoi c'est avec moi qu'elle a passé la nuit ?
JE NE SAIS PAS ! Pourquoi est ce que le soleil ne se lève que pour Messire Thor, le centre des Neuf Mondes ? Pourquoi tout ce qu'il peut m'arriver de bien, glisse entre mes doigts pour finir dans les tiens ?
Si cette femme n'a pas été fidèle je n'y suis pour rien.
Et si tu me parlais, peut-être ne serait-on pas dans cette situation. Va-t-on laissé une femme, nous séparer, mon frère ?
Thor parlait d'une voix calme, dans une attitude d'apaisement. Il voyait bien à l'attitude de Loki, qu'il n'était pas qu'en colère. Son regard blessé et ses épaules basses, étaient signes d'une blessure bien plus grande. Il se rapprocha de lui.
Je reste ton frère avant tout, on peut se parler. Qu'est-ce qui a changé ? Tu es d'humeur de plus en plus sombre. Je m'inquiète, lui confia Thor.
Brynn, je lui ai écrit des poèmes, je lui fais la cour depuis des semaines, elle me déclare son amour, pour finir sur tes genoux… résuma le brun, avec une colère résignée. Et le trône, crois-tu que le père de tout laissera Loki, monter dessus. Le crois-tu réellement, frère ?
La voix durcie de Loki, fit prendre conscience à son aîné de choses qu'il ressentait déjà lui aussi.
Tu monteras sur le trône, tu as autant de droits que moi. Père ne peut pas te rejeter comme il l'entend pas avec le Sing. (conseil)
Odin fera toujours ce qu'il a envie de faire, c'est lui le grand Dieu, railla Loki.
Comme toi, nous sommes entêtés comme des boucs. Parles à Brynn si tu en as besoin et viens avec moi chez Freya, elle organise un banquet.
Père y va, la cour le suit. Que ce soit chez elle ou ici, cela ne changera pas mon humeur.
Non, que toi moi et quelques compagnons, ajouta Thor, content. (Être invités par Freya était assez rare, et encore plus en petit comité)
Sif en fait partie ? demanda Loki, un demi sourire sur le visage.
Bien sûr qu'elle vient tu as des questions étranges des fois, di- il comme une évidence
Je me demande quand même si tu as les yeux bien ouverts, cher frère. Mais je réfléchis à ta proposition, quand pars-tu ?
Dans deux jours.
Loki laissa son frère préparer son départ et regagna lui-même ses appartements. Il essaya de retrouver un peu de calme.
Ce fut Frygg qui vint le trouver. Les murmures des servantes concernant l'absence de Brynn l'avaient inquiétée. Elle s'était entretenue avec elle. Et comprit que la jeunesse et l'inconstance de cet âge-là en était la cause.
Je sais que tu pensais tenir la bonne personne pour toi, dit-elle en s'asseyant près de lui, posant une main douce sur ses cheveux.
L'amour est mensonge, annonça-t-il décidé
Tu ne peux pas juger l'amour sur un seul événement…
Comment faites-vous pour supporter les infidélités de père ?
Frygg se leva, et lui tourna le dos. Loki la rejoint, et posa à son tour la main sur son épaule, tendrement.
Ceci ne devrait pas concerner mes fils. Toutefois, sache que mon époux m'aime et rien ne le détournera de moi. Tu sais à peine marcher au regard de nos âges. Le temps passera et tu trouveras, la personne qui tiendra ton cœur dans le sien. Celle pour qui tu seras le soleil et la lune.
Vous êtes la déesse de l'amour, nul doute sur ce point Mère adorée. Je n'aborderais plus le sujet. Et je me souviendrais de vos paroles, si ce jour vient, bien que j'en éprouve un sérieux doute.
Loki avait bien profité de son séjour chez Freyja. Même si la déesse n'était pas prête d'inviter à nouveau les fils d'Odin. Sif était repartie brune de chez elle et Loki avec un bras cassé.
Malgré tout ce qui s'était passé, Thor manquait à Loki. Mais la punition d'Odin et du Sing était sans appel. Une vie de motel et seulement au bout de celle-ci, il pourrait plaider de nouveau sa cause.
Il n'avait pas trop à se plaindre de cette vie. Même s'il se sentait amputé de sa magie. Il était facile de séduire, de profiter de ce que les humains offraient, le vin, la nourriture, les livres, la musique, l'argent.
Il suffisait de se montrer malin, ambitieux et d'être discret. C'était sans doute la partie la plus dure de sa nouvelle existence.
Les premiers temps, il avait exprimé sa colère dès que quelqu'un l'énervé, c'est-à-dire trop souvent. Et il fallut se construire une identité. Il avait vite appris à maîtriser la technologie. Cela ressemblait de façon basique à ce qu'il avait connu sur Asgard.
Il était devenu Lucjan Wodansenn, vivait dans un appartement de la banlieue de Londres, Conseiller en technologie pour de grosses sociétés. Connu pour son bon goût, ses discussions littéraires ou même les nuits blanches entre collègues. Il avait des « contacts »et dénichait toujours des petites choses si on savait le payer.
Pourtant rien ne valait Asgard.
Il n'y avait pas l'immense bibliothèque du palais, pas de Bifrost, pas de banquet, pas de magie, pas de Walkyrie.
Il n'y avait pas sa Mère. Personne à qui parler quand il se sentait seul. Il s'inquiéta pour Frygg. Qui la ferait rire, après un sourire triste ?
Loki s'endormit, seul, loin de ce qui un jour fut sa maison, sa famille. Rassuré, en entendant le nom de Thor prononcé par le poste de télé des voisins, qui beuglait toujours trop fort.
Chapitre 2
