Note d'auteur: Bonjour à tous, voilà ma première fic les Petits Meutres d'Agatha Christie mais aussi ma première fic en français alors j'espère qu'elle vous plaira ! N'hésitez pas à me laisser une petite review si vous avez des remarques (ou si vous voyez une faute d'orthographe à corriger) Merci et bonne lecture !

La tête haute, le sourire éclatant, Marlène arriva lundi matin heureuse au Commissariat. Tous les matins, elle se levait avec l'excitation de travailler avec le Commissaire, de le voir terminer une enquête ou de s'atteler avec lui à résoudre une nouvelle.

Pour elle, Laurence était à tous points de vue l'homme parfait.

Intelligent, élégant, charismatique et charmeur quand il le souhaitait, il avait tous les atouts en main pour faire chavirer le coeur de la belle secrétaire.

Mais Marlène savait aussi que le Commissaire n'était pas homme à s'engager de façon durable, Maillol ayant été la seule exception.

Et maintenant que la médecin légiste n'était plus de ce monde, Marlène doutait que le Commissaire veuille un jour s'engager à nouveau dans une relation.

La secrétaire pouvait donc seulement rêver du grand amour, même si pour le moment, son prince charmant avait les traits du Commissaire Laurence.

Elle entra dans le bureau du Commissaire pour voir qu'il était déjà arrivé. Ce n'était pas surprenant, il pouvait lui arriver de venir plus tôt lorsqu'il travaillait sur une enquête et qu'il souhaitait examiner les éléments qui étaient à sa disposition. Mais ce qui était plus surprenant était que Marlene ne se rappelait pas qu'ils fussent sur une enquête.

« Bonjour, Commissaire» dit-t-elle joyeusement, avant d'aller s'installer à table. Elle fit ensuite un café pour son patron et le lui déposa sur son bureau, puis attendit que le Commissaire lui donnent ses tâches du jour.

Son sourire disparut quand le Commissaire, qui fixait son stylo plume depuis qu'elle était arrivée, ne parut pas s'apercevoir de sa présence. Elle l'appela plusieurs fois, sans succès.

Elle devait l'avouer, elle commençait à s'inquiéter. Mais elle voulait aussi respecter l'intimité de son patron, sûrement perdu dans ses pensées. Marlène se mit donc à le surveiller du coin de l'oeil par-dessus le bocal de Bubulle puis à observer sa réaction quand elle décida de taper à la machine, comme si de rien n'était.

Là encore toujours rien. Le grand coeur de la blonde se serra à l'idée que son patron était peut-être retombé dans la drogue.

Elle était si concentrée sur Laurence qu'elle sursauta quand la porte s'ouvrit soudain.

« Eh Marlène, alors quoi de... » La tornade Alice Avril venait d'entrer dans le bureau à la recherche d'un scoop, sachant que normalement elle pouvait trouver la secrétaire seule à cette heure de la journée.

« Salut Laurence, lança la journaliste quand elle s'aperçut que sa chasse aux exclusivités risquait d'être compromise, alors comme ça on a décidé de venir régenter son monde dès le lever du soleil ? »

Le Commissaire qui n'en manquait pas une pour invectiver la rousse, n'avait pipé mot depuis qu'elle était entrée et la fixait avec une lueur étrange dans le regard.

« D'accord... Je vois qu'on s'est levé de mauvais poil, hein » continua Avril profitant de pouvoir l'embêter un peu lorsque que normalement elle se serait déjà faite étriper.

Mais la provocation n'atteignit pas son but et Laurence restait fixé sur elle, comme en état de transe.

« - Il a quoi le Commissaire, Marlène ? Il a fait une attaque cérébrale ou un truc dans le genre ?

- J'en sais rien Alice! C'est très inquiétant, il est comme ça depuis que je suis arrivée. Tu te rends compte, il n'a même pas bu son café…

-Il faut qu'il pète un coup le vieux, il a l'air tout tendu.

-Alice ! Tu vois bien que le Commissaire n'est pas dans son état normal, on doit faire quelque chose pour l'aider »

La journaliste soupira, déjà excédée, mais se rapprocha du Commissaire qui n'avait toujours pas bougé et était retourné à fixer son stylo.

Derrière, Marlène suivait la rousse et, d'une voix hésitante, elle formula sa plus grande inquiétude:

« -Alice, tu crois qu'il… qu'il a replongé ?

- Franchement, j'en sais rien. »

Avril était maintenant juste à côté de Laurence, si proche qu'elle pouvait sentir son eau de Cologne, une odeur familière qui était devenu presque réconfortante avec le temps. Elle ne savait pas trop comment qualifier ses rapports avec Laurence, il pouvait être extrêmement agaçant mais il était néanmoins une constante dans sa vie, une présence dont elle ne pouvait pas se passer.

Alice ne voulait pas le dire mais le comportement de Laurence l'inquiétait autant que Marlène. Elle ne sait pas ce qu'elle ferait si ses aventures avec le Commissaire venaient à disparaître de sa vie. Elles étaient la raison pour laquelle elle se levait le matin et représentaient l'espoir qu'un jour elle deviendrait un grand reporter.

« -Eh ho Laurence ? Il y a quelqu'un là-dedans ? »

Elle posa sa main sur l'épaule de Laurence et commença à le secouer doucement mais, n'obtenant pas de réaction, elle secoua plus fort. Elle tenta alors un hésitant: « Swan ? »

Soudain, on arracha sa main qui était resté sur l'épaule de Laurence et une poigne d'acier vint enserrer douloureusement son poignet.

« -Ne me. Touchez. Pas. » dit Laurence d'une voix glaciale, un éclat dangereux et quasiment animal brillant dans ses yeux.

« -Sinon quoi, vous allez me buter ? » répondit Alice bien décidée à ne pas laisser son trouble et même sa peur un instant transparaître.

Marlène, qui avait poussé un petit cri, vit avec effroi son patron menacer son amie et resta témoin de la bataille de regards qui s'était créée entre les deux. Après un long moment, un rictus mauvais s'installa sur le visage de Laurence.

«- Peut-être bien que oui. J'aurais dû me débarrasser de vous depuis bien longtemps déjà. Toujours là dans mes pattes, à faire ce qui lui plaît. Toujours là en train de me poursuivre, même jusque chez moi où ça vous amuse bien de jouer la parasite. Parce que c'est ce que vous êtes, ce que vous serez toujours pour la société: un parasite ! A peine une femme, bonne à rien abandonnée de tous, vous vous collez sûrement à moi pour trouver la figure paternelle que vous n'avez jamais eu et qui…»

Clac!

Laurence ne put pas finir, interrompu par la baffe monumentale qu'Avril venait de lui donner.

« -Je peux savoir ce qui vous prend ?! »

Elle tremblait à présent, de rage et de haine envers cet homme à la langue si acérée qui avait fait remonter en elle en quelques mots toutes ses incertitudes, toutes ses peurs. Personne n'avait jamais voulu d'elle, elle le savait et se giflait mentalement d'avoir cru qu'il en était autrement.

Le Commissaire se rendit compte de la portée de ses mots mais trop tard. La rousse n'attendit pas sa réponse et partit de son bureau en courant, refusant de le laisser gagner en lui montrant les larmes qui coulaient sur ses joues.

Marlène, légèrement dépassée par la tournure des évènements, hésitait entre courir après son amie et réprimandée sévèrement le Commissaire pour son comportement.

La compassion de Marlène la poussa à retrouver la journaliste et d'un air dédaigneux, accompagné d'un petit hmpf de circonstance, elle quitta la pièce laissant Laurence seul avec les conséquences de ses actions.

xXx

Si Laurence était tout à fait honnête avec lui-même, il était incapable de répondre à la question d'Avril. Ce qui lui prenait ? Tout allait très bien jusqu'à ce qu'elle vienne s'insinuer dans sa vie. Et plus récemment dans ses rêves.

Laurence grogna et vint marteler son front, comme pour faire partir le souvenir d'un rêve en particulier de sa mémoire. Rien n'expliquait pourquoi il avait commencé à avoir des rêves inappropriés de l'insupportable Avril, qu'il ne considérait même pas comme une femme et qui n'était absolument pas son genre.

Ce matin, quand Avril et Marlène l'avaient trouvé, il était en train de se repasser des flashs de son rêve de la nuit précédente. Et franchement, il se dégoûtait d'avoir ce genre de pensées. Il n'était ni en manque de femmes, il pouvait avoir celles qu'il voulait avec son charme habituel, ni un tant soit peu intéressé par Avril, qui n'était sûrement attiré par lui de toute façon. Involontairement, d'autres flashs lui apparurent

Elle était seule sur scène, dansant de manière aguicheuse dans une petite robe rouge qui laissait voir bien plus que de raison de longues jambes blanches. Sa voix chaude chantait une des chansons préférées de Laurence, un jazz langoureux et riche qui créait une ambiance sensuelle.

Alice retira alors très lentement la robe qu'elle portait et ils furent transportés chez lui. Elle courut vers la chambre et il la pourchassa. Il l'attrapa posant des baisers brûlants dans son cou. Un rire clair retentit et l'agrippant par le col de sa chemise, elle le poussa sur le lit.

Affirmant son contrôle sur lui, Alice lui monta dessus mais lui refusait le droit d'arracher la nuisette de soie noire et dentelle qu'elle portait. Elle s'approcha de ses lèvres, doucement, si proches qu'ils étaient désormais qu'ils partageaient le même souffle. Et elle murmura: "Swan"

xXx

Des larmes coulaient abondamment le long de ses joues et elle se maudissait pour tant de faiblesse. Elle n'était pas différente finalement de la jeune fille qu'elle était au pensionnat. Alice avait beau afficher le visage d'une femme forte, il ne lui était pas rare de craquer lorsqu'elle voyait encore tout ce qui lui restait à faire pour qu'on la prenne enfin au sérieux. La voix de Laurence répétant "Parasite" lui tournait en boucle dans la tête.

L'allusion à son statut d'orpheline avait réveillé en elle une rage sans nom. Elle n'en revenait pas qu'il lui ait renvoyé cela en pleine figure, la ridiculisant et l'humiliant parce qu'elle n'avait pas de famille. C'est pas elle qui avait décidée d'être seule au monde…

En plus, le goujat l'agresse alors que ses intentions étaient bonnes ! Elle avait voulu aider, voir ce qui n'allait pas avec Laurence et, sûrement pour combler elle ne sait quelle frustration, il s'est attaqué à elle. Clairement, elle ne l'avait pas vu venir.

Un toc toc à sa porte interrompit le fil de ses pensées qui lentement mais sûrement avaient commencé à se diriger vers la solution "Meutre de Commissaire"

Marlène lui avait promis de revenir après avoir tenté de la consoler une bonne partie de la matinée. Marlène, qui avait la main sur le cœur, ne voulait pas de conflits entre les deux êtres qu'elle considérait ses amis mais ne pouvait pas non plus expliquer la réaction de Laurence.

Lorsque la secrétaire dut rentrer au commissariat, elle se proposa de revenir dîner avec Alice et qu'elle fasse une petite soirée entre filles pour se remonter le moral. La rousse n'avait pu refusé devant les grands yeux suppliants de Marlène et maintenant qu'elle était habillée de sa plus belle veste, elle ne pouvait plus revenir en arrière.

Elle trouva Marlène sur le palier, habillée toujours à la dernière mode et elles partirent à pied au restaurant où les deux filles avaient l'habitude d'aller quand elles faisaient ce genre de sortie.

Saluant le gérant, Alice se dirigea vers leur table habituelle et s'assit attendant Marlène qui discutait avec l'une des serveuses.

Elle laissa Marlène s'installer tandis que le nez sur la carte, elle demandait si elle avait assez faim ou assez d'argent pour tel ou tel plat. Quand elle eut fait son choix, elle releva la tête pour croiser le regard de Marlène et trouver sur son visage un sourire rassurant. Sauf qu'assis en face d'elle, ce n'était pas Marlène mais malheureusement Laurence et que sur son visage était inscrit tout sauf un sourire.

Laurence avait l'air de détester chaque seconde assis à cette table et faisait tout pour éviter de croiser le regard médusé d'Avril. Il grommela néanmoins:

«- C'est bon, vous avez enfin choisi ? »

Si Alice souhaitait des excuses, elle sentait qu'elle pourrait demander tout sauf ça de la part du misogyne et égoïste Laurence. Mais elle bouillait aussi intérieurement de s'être faite avoir aussi facilement.

« - Marlène!

- Je suis désolée, Alice. C'était la seule solution pour que vous vous reparliez un jour et…

- Parce que tu crois que j'ai envie de lui parler à l'autre con ?! » Marlène avait l'air profondément désolée d'avoir trahi son amie mais elle savait que c'était pour son bien.

« -J'ai pas plus envie de dîner avec vous, renchérit le commissaire, qu'avec un lépreux.

- Ah, parce que ça vous suffit pas d'attaquer les orphelins, il vous faut aussi rabaisser les malades de la lèpre ?

- C'était une image, Avril. Mais vous avez raison, utilisons une comparaison que vous comprendrez mieux. Je préfère avoir la peste plutôt que de devoir supporter votre présence, vos habits miteux et votre dégaine de camionneuse.

- C'est parti, voilà le retour du gros con condescendant qui est incapable de voir au-delà de sa petite sphère de confort bourgeois, né avec une cuillère en argent dans le- »

« -ça SUFFIT ! » les interrompit Marlène, tous les deux sursautant visiblement devant le ton excédé de la douce blonde. « J'en ai assez de vous voir vous chamailler constamment et aujourd'hui c'était le pompon. Alors vous allez maintenant arrêter de vous comporter comme des enfants gâtés et vous parler comme les adultes que vous êtes. »

Laurence s'esclaffa à l'idée qu'Avril puisse être assez mature pour parler un peu sérieusement de quelque chose, et allait le formuler quand le regard noir de sa secrétaire l'en dissuada. Elle poursuivit: « J'ai un rendez-vous mais je compte sur vous deux pour me prouver que vous valez mieux que ça. Surtout vous, Commissaire. »

Et ignorant le visage outré de Laurence, elle salua ses amis avant de quitter le restaurant. Elle espérait de toutes ses forces que son plan réussisse.